Citations de Gyles Brandreth (367)
- Je pense que vous devriez écrire une histoire qui se vendra mieux que tout ce que vous avez publié jusqu'à présent - et de mon côté, j'ai besoin d'une pièce qui attirera les foules au théâtre.
- Et vous comptez sur votre inspecteur principal Macnaghten pour nous fournir les deux ?
- Oui, murmura mon ami, ronronnant presque de plaisir à cette perspective.
- Et comment, exactement, va-t-il s'y prendre, mon cher Oscar ?
- Tout simplement en nous aidant à identifier le plus célèbre, le plus abject, le plus répugnant et le plus populaire de tous les criminels de notre époque : Jack L'Éventreur. Avez-vous jamais commencé une année sous de meilleurs auspices ?
L'histoire vous apprend que ceux qu'on traite de charlatans sont toujours des pionniers. L'astrologue est devenu l'astronome, l'alchimiste le chimiste, le magnétiseur le psychologue. Le cancre d'hier est le professeur de demain. Mr Wilde n'est en rien absurde. Il est simplement en avance sur son temps.
Quand je suggérai au deuxième classe Luck de suivre l’exemple de son maître et d’écrire son propre récit de voyage, en lui disant qu’il en tirerait une fortune capable de rivaliser avec celle de Conan Doyle, il me répondit avec le plus grand sérieux :
— Écrire prend du temps et c’est très difficile. Tuer est beaucoup plus facile et nettement plus lucratif, je l’ai constaté.
Toute l'horreur de l'existence d'un homme en prison réside dans le contraste entre la bouffonnerie de son aspect et la tragédie de son âme.
(...) La tenue des prisonniers est un costume, pas un vêtement. Elle fait d’eux un personnage tout à la fois de tragédie et de comédie – un pierrot triste, un clown dépenaillé qui, comme on le sait, a le cœur brisé.
Il n’y a qu’une seule tragédie dans la vie d’une femme. Son passé, c’est toujours son amant, et son avenir, c’est invariablement son mari.
L’expérience m’a appris qu’au cours de sa vie personne ne change jamais. On ne fait que tourner en rond dans les limites du cercle de sa personnalité.
Née vieille, l’âme rajeunit. C’est la comédie de l’existence. Né jeune, le corps vieillit. C’est sa tragédie.
— Il me faut des cigarettes ! En auriez-vous, Arthur ? Turques, de préférence. Ou algériennes. Américaines, à la rigueur. N’importe lesquelles feront l’affaire.
Je le contemplai, interloqué.
— Des cigarettes ? Pour quoi faire ?
— Mais pour les fumer, pardi ! s’écria-t-il.
— Vous ne voyagez pourtant jamais sans vos cigarettes, Oscar.
— Je suis arrivé avec une douzaine de boîtes, gémit-il. Mais j’ai épuisé mes réserves et on ne trouve aucun débit de tabac dans ce trou perdu. Le bourgmestre les a interdits.
[...]
— Je dois avoir du tabac pour ma pipe, lui dis-je en riant.
[...]
— Vous êtes mon sauveur, Arthur. Il y a une bible luthérienne dans ma chambre. La traduction est médiocre, mais elle est imprimée sur un papier de riz des plus délicats. J’emploierai ses pages pour rouler mes propres cigarettes.
— C’est du tabac brut, l’avertis-je en m’excusant.
— Ça ne fait rien, c’est du tabac et je ne vais pas faire le difficile. Je commencerai par Osée et je m’en tiendrai strictement aux petits prophètes.
— Comment le cardinal Tuminello a-t-il été assassiné ? A-t-il été poignardé dans le dos ou bien l’a-t-on empoisonné ? Le révérend fut secoué d’un rire nerveux.
— Le cardinal Tuminello n’a pas été assassiné, Mr Wilde. Il a eu une crise cardiaque.
— Poison, donc, fit tranquillement Oscar.
Mon ami a l’âme sensible, Miss English, ce que ne laissent pas supposer sa féroce poignée de main et sa moustache fournie.
Un classique est un livre que tout le monde veut avoir lu mais que personne ne veut lire.
Il lâchait épigramme sur épigramme – certaines de son cru, cela ne faisait aucun doute, d’autres, je le soupçonne, empruntées à Montaigne ou à Mark Twain. (Oscar soutenait qu’il avait conclu un accord avec ce dernier : de son propre côté de l’Atlantique, chacun d’eux pouvait s’approprier les bons mots de l’autre, en toute impunité et sans qu’il fût nécessaire de le remercier. Oscar se plaisait à dire que le plagiat est le privilège de l’homme de goût.)
Ils ne vivent pas. Ils existent. Et puis ils meurent.
Le but de la vie, s’il y en a un, est de rechercher en permanence les tentations – et je trouve qu’elles sont loin d’être assez nombreuses. Il m’arrive parfois de passer une journée entière sans en apercevoir une seule. Cela m’inquiète beaucoup pour l’avenir.
— Y a-t-il quelque chose de pire qu’un mariage sans amour ? m’interrogeai-je.
— Oh oui, répliqua Oscar. Un mariage dans lequel il y a de l’amour, mais d’un seul côté.
J'adore les secrets des autres. Car, bien entendu, les miens ne m'intéressent pas. Il leur manque le charme de la nouveauté.
Il n'y a rien de tel que la jeunesse. Les personnes d'âge mûr ont contracté une dette envers l'existence, et les vieillards sont remisés dans son garde-meuble. Mais la jeunesse, elle, est maîtresse de la vie. [...] Il n'y a rien que je ne ferais pour retrouver ma jeunesse, excepté faire de l'exercice, me lever tôt, ou me rendre utile à la société.
Le rêveur est celui qui ne peut cheminer qu'à la clarté de la lune et sa punition est de voir l'aurore avant les autres.
La tragédie des filles, c'est qu'elles deviennent toutes comme leur mère. Celle des garçons, c'est que cela leur est impossible.