L'écriture d'
Han Kang me fascine et m'émeut à chaque fois. Cette façon de décrire l'innommable, le quotidien glauque ou le petit bonheur est magnifique. Cette nouvelle longue d'une quarantaine de page, écrite en 1999 a comme préambule une petite fille qui regarde par la fenêtre d'une chambre d'hôtel. Rien de bien spectaculaire. de plus, à ses côtés, son père ronfle et cuve l'alcool bu la veille. Encore là, rien pour rameuter les chiens… au soleil couchant…
La surprise de ce récit se situe dans le quotidien coréen actuel, où la désillusion prend toute la place, la vie de couple est mise à mal, la paternité difficile à assumer et que dire de la boisson et du suicide…
L'art d'amener des sujets lourds dans des gestes simples,
Han Kang maitrise cela très bien. Tae-ryeon voit la mer depuis la fenêtre de l'hôtel sordide où elle attend que le temps passe, que son père cuve son soju ou qu'il rentre tard après l'avoir laissé enfermée toute la journée. La mère les a quitté. Elle monte sur des oreillers empilés et rêve de se rendre à la plage. Elle voit des gros chiens. « Où vont-ils quand la nuit est tombée? Retenant son souffle et frissonnant d'horreur, elle imagine leurs crocs pareils à ceux des bêtes sauvages, luisant dans les ténèbres. »
L'enfant se remémore des événements joyeux pour passer le temps. On apprend très peu de sa vie avec ses deux parents. le temps a peu d'importance. On est dans la sensation brute d'une séparation qui tourne mal. Une vie fermentée au goût de kimchi.
Cette histoire est courte, peut-être heureusement pour nous car elle ne peut que mal finir. de Séoul à une province anonyme, c'est beau et triste malgré les bijoux précieux que sont ses barrettes à fleurs!
Pour le reste, faut lire car je risque de divulgâcher…