AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Haruki Murakami (4500)


La scène, qui durait environ dix secondes, lui revenait sans avertissement
dans toute sa clarté.
Sans aucun présage et sans sursis non plus.
Ni toc-toc-toc.

L'image rendait soudain visite à Tengo quand il prenait le train,
quand il traçait des chiffres sur le tableau,
quand il mangeait,
quand il parlait avec quelqu'un
(comme c'était justement le cas en ce moment).

Comme un raz-de-marée silencieux
qui déferlait rapidement sur lui,
le laissant groggy après son passage.

Le cours du temps se figeait.
L'air environnant se raréfiait, il respirait mal.
Il perdait tout lien avec les gens et les choses alentour,
tout lui devenait étranger.
Cette paroi liquide l'engloutissait tout entier.

Malgré sa sensation que le monde s'était fermé et assombri,
sa conscience ne s'était pas diluée.
Simplement un aiguillage avait été changé.
Sa conscience était même partiellement plus aiguisée.
Il n'avait pas peur.
Mais il ne pouvait pas ouvrir les yeux.
Ses paupières étaient étroitement scellées.
Les bruits environnants se faisaient lointains.

Et l'image familière ne cessait de se projeter sur l'écran de sa conscience,
encore et toujours.
Commenter  J’apprécie          00
Vous êtes sûrement incapables d'imaginer qui je suis,
où je vais aller et ce que je vais faire.

Aomamé prononça ces mots sans bouger les lèvres.

Vous êtes tous prisonniers du lieu, vous n'irez nulle part.
Vous ne pouvez même pas reculer.
Mais moi non.
Moi, j'ai un travail à achever.
Une mission à accomplir.

C'est pourquoi je me suis autorisée à avancer.
Commenter  J’apprécie          00
- Et puis, poursuivit le chauffeur en la regardant avec attention dans le rétroviseur,
j'aimerais que vous vous souveniez d'un point,
c'est que les choses et l'apparence, c'est différent."

Les choses et l'apparence, c'est différent,
se répéta Aomamé mentalement.
Puis elle fronça légèrement les sourcils.

"Qu'est-ce que vous voulez dire par là ?"

Le chauffeur répondit en pesant ses mots :

" Eh bien, qu'en quelque sorte vous allez accomplir des choses _pas ordinaires_, n'est-ce pas ?
Comme de descendre en plein jour un escalier de secours depuis une voie express.
Des gens normaux ne le feraient pour rien au monde.
Et encore moins une femme.

- Non, sans doute pas..., dit Aomamé.

- Et une fois que vous aurez agi de la sorte,
il n'est pas impossible qu'ensuite le paysage vous paraisse,
comment dire,
assez différent de celui de tous les jours.
Moi aussi j'ai eu ce type d'expérience.
Mais il ne faut pas se laisser abuser par les apparences.
Il n'y a toujours qu'une réalité."
Commenter  J’apprécie          00
« Quand on a le courage de reconnaître ses erreurs, on peut les réparer. Or l’étroitesse d’esprit et l’intolérance sont des parasites qui changent d’hôte et de forme, et continuent éternellement à prospérer. »
Commenter  J’apprécie          00
M'allonger sur le canapé, et manger du chocolat en tournant les pages d'Anna Karénine.
Commenter  J’apprécie          00
Il est d'ailleurs rare que des gens vêtus de pardessus sombres, qui marchent tête baissée, aient l'air heureux.D'un autre côté, est-il illégitime de qualifier de malheureuse une société dans laquelle il faut chaque matin s'inquiéter de ne pa perdre une chaussure ?
Commenter  J’apprécie          00
Autour de lui, à perte de vue, s'étendait une contrée sauvage, hérissée de rochers. Il n'y avait pas une goutte d'eau et pas une herbe ne poussait. Pas de couleurs, pas de lumières vives. Pas de soleil, pas de lune ni d'étoiles. Sans doute pas de direction non plus. A heure régulière seulement, se produisait une alternance entre une obscurité sans fond et un crépuscule énigmatique et inconnu. Une région située aux limites extrêmes de la conscience. Mais en même temps, c'était aussi un lieu d'opulence. Au crépuscule, arrivaient des oiseaux au bec aussi acéré qu'un poignard, qui tous perçaient la chair sans pitié. Pourtant, dès que les ténèbres envahissaient la Terre et que les oiseaux s'en allaient, ce lieu comblait avec quelque substance les vides qui s'étaient creusés dans son corps.
La nature de cette nouvelle matière de substitution, il ne pouvait la concevoir, pas plus qu'il ne pouvait l'accepter ou la refuser. Telle une nuée d'ombres, elle demeurait dans son corps et y donnait naissance à d'innombrables oeufs d'ombres. Puis, lorsque les ténèbres se dissipaient et que ressurgissait le crépuscule, les oiseaux réapparaissaient et becquetaient violemment ses chairs.
Dans ces moments là, il était à la fois [lui] et pas lui. [...] Lorsqu'il sentait que la souffrance devenait insupportable, il se séparait de son corps. Et, depuis un lieu sans souffrance, situé légèrement à l'écart, il s'observait en train de résister à la douleur. S'il se concentrait suffisamment, ce n'était pas quelque chose d'impossible à accomplir. Même à présent, cette sensation lui revenait encore parfois. Se séparer de soi. Contempler sa propre souffrance comme s'il s'agissait de celle de quelqu'un d'autre.
Commenter  J’apprécie          00
La jalousie est la prison la plus désespérée du monde. Parce que c'est une geôle dans laquelle le prisonnier s'enferme lui-même. Personne ne le force à y entrer. Il pénètre de son plein gré, verrouille la porte de l'intérieur puis jette la clé de l'autre côté de la grille. Personne ne sait qu'il s'est lui-même emprisonné. [...] Telle est la vraie nature de la jalousie.
Commenter  J’apprécie          00
C'était pour lui quelque chose de fascinant : que le monde d'ici n'ait plus d'existence, que ce qui était considéré comme de la réalité n'en soit finalement plus. Qu'il n'ait plus d'existence dans ce monde et que pour la même raison, ce monde n'ait plus d'existence pour lui.
Commenter  J’apprécie          00
Je gagnerai ou bien je serai battu, mais je ne vous abandonnerai pas.
Commenter  J’apprécie          00
Les règles et la doctrine ne sont que des commodités. L'important n'est pas le cadre mais ce qui est dedans.
Commenter  J’apprécie          00
Ne laisse pas échapper quelqu'un de précieux à cause de la peur ou d'un stupide orgueil.
Commenter  J’apprécie          00
Les hommes privés de liberté en viennent toujours à haïr quelqu'un. Tu ne crois pas?
Commenter  J’apprécie          00
... c'était comme si la composition de son corps avait été totalement renouvelée. Toutes les choses qui lui étaient familières jusqu'alors avait pris des teintes différentes, comme s'il les voyait à travers un filtre spécial.
Commenter  J’apprécie          00
Tu n’es plus toi-même, dit-il d’une voix sereine, comme s’il savourait chaque mot. Ça, c’est très important Nakata. Le moment où les gens deviennent quelqu’un d’autre.
Commenter  J’apprécie          00
- Je ne comprends pas ! tu peux très bien fantasmer sur moi sans rien me dire, et sans me demander la permission, non ? Je ne peux pas savoir à quoi tu penses, de toute façon.
- Justement, ça m’ennuie. L’imagination, pour moi, c’est important. Je me suis dit que je ferais mieux de te demander l’autorisation.
- Tu es drôlement poli, dis donc, dit-elle d’un ton admiratif. Tu as peut-être raison, c’est mieux de demander. D’accord, je t’autorise à m’imaginer toute nue.
Commenter  J’apprécie          00
« Voltaire le réaliste disait que l’originalité n’était rien d’autre qu’une imitation judicieuse. [...]
Pour chaque chose, il faut un cadre. Pareil pour la pensée. On ne doit pas craindre le cadre exagérément, mais il ne faut pas non plus craindre de le casser. C’est ça le plus important pour trouver la liberté. Respecter et détester le cadre. Les choses qui comptent le plus dans la vie d’un homme son toujours ambivalentes. Voilà à peu près tout ce que je peux dire. »
Commenter  J’apprécie          00
Une porte derrière laquelle s'étendait le monde d'une Kumiko que je ne connaissais pas. Je me promenais dans cette pièce seulement armé d'un minuscule briquet, qui ne me permettait d'en voir qu'une infime partie. Est-ce que j'arriverais un jour à la distinguer en entier ? Ou est-ce que je vieillirais, puis mourrais sans en avoir fait le tour ? Si c'était le cas, quel sens avait la vie conjugale ? Quel sens avait ma vie, si je vivais et partageais le lit d'une inconnue ?
Commenter  J’apprécie          00
Le jeu de son père était très fluide, élégant et doux. Pas vraiment de l'art, mais une musique habile de professionnel, qui plongeait ses auditeurs dans un état agréable. (...) Cependant au fil de la soirée, à la manière d'un tube très fin qui s'encrasse lentement mais sûrement, quelque chose dans cette musisque se mit à l'oppresser...
Commenter  J’apprécie          00
LE VASTE LOBBY DE L’HÔTEL ÔKURA, avec son plafond élevé et son éclairage tamisé, faisait penser à une immense et fastueuse caverne. Les voix des visiteurs assis sur les canapés et qui bavardaient entre eux résonnaient dans le vide comme des soupirs d’êtres vivants éviscérés. Les tapis étaient moelleux et épais, évoquant les luxuriantes mousses anciennes qui recouvrent les îles du cercle polaire. Combien de générations de pas avaient-ils absorbés au cours du temps ? Les hommes et les femmes qui allaient et venaient dans ce lobby ressemblaient à des fantômes liés à ces lieux par suite d’une antique malédiction, et qui devaient répéter sans relâche le rôle qui leur avait été attribué. Comme s’ils avaient revêtu une armure, les hommes étaient sanglés dans leur costume impeccable d’hommes d’affaires, et les femmes, jeunes et minces, portaient d’élégantes robes noires, en vue de quelque cérémonie organisée dans l’un des salons. Les bijoux dont elles s’étaient ornées, discrets mais précieux, briguaient les faibles reflets lumineux, tels des oiseaux vampires en quête de sang. Sur un canapé dans un coin trônait un couple d’étrangers âgés, imposants et épuisés, semblables à un très ancien couple royal à la gloire révolue.
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs de Haruki Murakami Voir plus


{* *}