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Citations de Hélène Dorion (224)


Entendrais-tu 2


Extrait 4

L'histoire soulève une pierre, soulève la houle
incertaine d'ombres qui descendent
le long du fleuve apparaît l'étrangère
que je fus pour moi-même.

Ce corps, comme une géométrie du souvenir
— un tourbillon de brume, une branche malmenée —
remonte à la surface
de sa vie.

Une saison décline
comme se brise la lame des illusions.

Pour connaître la lumière
et son empreinte, un visage
s'abandonne à la nuit qui le lèche
le mord, le pousse
dans le jardin dévasté.

Plus loin que le feu, que la cendre
ce visage ne sait rien encore
qui s'étonne de la pluie
d'un brin d'herbe qui fait signe.
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Entendrais-tu 2


Extrait 3

Et si tu écrivais la chambre des ombres
entendrais-tu

la voix que menace
son propre écho, un murmure dressé
contre le silence
s'engouffre dans la nuit
et s'étonne du vent qui écorche
la fenêtre, entendrais-tu

tes mots au bout de l'aube
si tu écrivais
ce qui brûle en toi ?

La voix halète, étouffe presque
la parole sans écho, l'amour
sans amour, le désordre
planté dans le temps
qui s'obstine jusqu'à demain.
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Entendrais-tu 1


Extrait 2

De hauts oiseaux griffent la surface
écaillent le bleu, éparpillent
la beauté de la fête.

Leurs ailes labourent les secondes
frissonnent sous le courant
et pointent des horizons
encore invisibles, des passages
que le feu bientôt révélera.

Sans prévenir, ils s'inclinent
vers la terre
fragments de rien
qui se détachent
à la porte des heures.
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Entendrais-tu 1


Extrait 1

Et si tu écrivais l'arbre des mémoires
entendrais-tu

ces voix proches
qui te racontent
comme des feuilles frêles
dans la chambre du passé
un murmure que tu confonds
avec les vagues, entendrais-tu

ces voix qui soulèvent les décombres
pénètrent la forêt de saisons
pour empoigner tes mots
entendrais-tu

cette voix blottie contre la tienne
qui connaît le ciel, connaît la falaise
trace devant toi de patientes aurores ?
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I - Étrange comme la lumière


HORIZONS 2

Tout ce qu’il faut de lumière, tout
ce qu’il faut d’ombre pour tenir au faîte
de soi-même, être libre, crois-tu, être vraie
pour autant que cela veuille toujours dire
quelque chose, aujourd’hui que soufflent
sur tes pas les vents durs
ta main s’agrippe où persiste l’éclaircie.

C’est en haut, tout en haut qu’est ta vie
tu entres par le feu, tu sais
désormais le mensonge, désormais la trahison, l’orage
a secoué le navire, arraché les mâts, le choc
t’a projetée si loin — soudain tu n’entends
ni ne vois d’horizon, ne touches
ni l’amour ni l’oubli de l’amour.

Mais la rive, tu devines une rive au milieu de nulle part
une voix creuse et affouille l’obscurité
le temps bientôt remuera de nouveau
— chaque heure contient ta destinée.
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PAR TANT DE VISAGES, J’ENTRE...


Par tant de visages, j’entre
en mon visage.

Lente figure des ans
que nous révèlent les lunes
- lentes cavités des heures.

L’argile entre mes mains
peu à peu se liquéfiait, mon visage
se mettait à naître.

La rive déjà disparaissait
loin derrière, et loin, l’espace
bref où le rêve surgit.

J’assistais au paysage,
je commençais à voir.
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LA PLUIE DESSINE DES OMBRAGES…


La pluie dessine des ombrages, tu vois le lac se dénouer,
la saison a comblé le vide, parmi les ondes,
les années s’émiettent, devant toi, chaque trace
que tu croyais transparente s’embrouille
et se dissipe dans le présent.
Les feuilles s’arrachent à l’infini, aveugles de l’intérieur,

et alors qu’il ne reste plus un bruissement dans le décor,

une histoire glisse au fond des eaux,
pareille à une gare où il n’y aurait que des départs.

Où vas-tu, effrayée d’être avec ta vie qui se retourne, seule

avec des bagages éreintés, une vie
qui s’effrite, un dernier voyage au bout de l’absence ?

Du haut des falaises, tu imagines un chemin qui pointe
vers l’aube certaine, la figure enfin épuisée de la douleur.
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Extrait


Tu entends soudain la pulsation du monde,
déjà tu touches sa beauté inattendue.
Dans ta bouche fondent les nuages
des ans de lutte et de nuées noires
où tu cherchais le passage
vers l’autre saison

et comme résonne étrangement l’aube
à l’horizon, enfin résonne ta vie.
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SANS GRAVITÉ


Je n'ai pas dit que je vous aimais
ou désirais que vous habitiez ma vie.
Je n'ai rien dit
suivant du regard ces pas sans gravité
qui ressemblaient un peu à vos paroles
sans gravité.

p.78
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SANS GRAVITÉ


Toute lumière, vous marchez près de moi
ne cessez d'échapper à la noirceur ; votre corps
se penche légèrement et se redresse aussitôt.
Je ne sais ce qu'est pour vous la distraction
ni la présence ou même l'attrait.

Toute lumière, vous avancez
comme avance le bleu sur la mer.

p.77
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SANS FIGURE


Tu voles en nous et nous volons
à travers toi
reviennent ces ailes
perdues, oubliées, devenues
invisibles sur la terre.

Toujours l'équilibre maintenu
et aussitôt rompu
pour définir l'équilibre.

p.74
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SANS FIGURE


Tu regardes
tu es regardé
par le ciel, offert
à la gravité
de ce silence bleu.

Tu retiens l'ombre
et la lumière
sous tes ailes
puis les redonnes à la terre.

Très loin dans le vide
tu vas
unir ton passage
à l'éternité.

p.71
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SANS BOUT DU MONDE


Vient le jour où l’on quitte la gare.
Enfermé depuis toujours, on cesse soudain
de chercher des abris.
On lâche les amarres.
Tout s’allège et le ciel s’entrouvre.

Alors, plus nue de n’avoir jamais été nue
notre âme écoute pour la première fois
son silence intérieur.

p.116
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SANS BOUT DU MONDE


Vient le jour où la vie ressemble enfin à la vie.
Où l’ombre et la lumière jaillissent
du même instant d’éternité
que délivre l’éphémère.

Vient le jour où la joie et le tourment
la grâce et la détresse, l’amour et l’absence
font un.

Vient le jour qui arrête l’attente.

p.114
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SANS BOUT DU MONDE


Vient le jour où il n’y a pas de plus grand jour.

Le jour où nous pouvons aller de l’autre côté
de la faille, avancer
dans le noir
trouver une éclaircie.

Vient le jour où l’on entend
le chant du monde, où l’amour
arrive à quai.

Vient le jour où un visage nous ramène
aux autres visages.

p.113
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Hélène Dorion
Nous résistons si fortement à ce qui nous invite à renaître, alors que nous appartenons à ces recommencements comme la vague à l’océan
(dans L’étreinte des vents)
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Dans la plupart des vies, il n'y a rien d'extraordinaire. Simplement des maisons, des visages, des pas qui les relient. À la fin on dit ma vie, on raconte les passerelles, les forêts, les points d'eau qu'il a fallu trouver pour que se poursuive le voyage. On essaie de lire mais les chemins sont flous, trop loin ou trop proches,
- dès lors que l'on pose le regard surgit une autre fenêtre. Alors il ne reste qu'à avancer, d'abord deviner quelques lettres, un mot peut-être, tenir le fil ténu entre le pouce et l'index, le tirer jusqu'à soi, puis recommencer, recommencer jusqu'à ce qu'apparaisse enfin le filet plus dense sur lequel s'appuieront nos histoires. Et chacune nous inventera un visage, autre et même visage que dessinent en nous les milliers de petites histoires que nous vivons, gouffres qui nous aspirent, souffles puissants qui nous projettent,
et dont notre corps porte trace.
Un train s'arrête et repart sans que personne n'en soit descendu. Des milliers de gare, de trains, d'attentes
que l'on retourne en tous sens, - on appelle cela une vie.
Et parfois quelqu'un attend aussi sur le même quai, et ce n'est plus la même histoire.

Tout dire n'est jamais qu'un bord dessiné pour que les couleurs de nos vies paraissent plus nettes, mais l'ombre les rejoint, en sculpte les contours, désigne tantôt le bleu, tantôt le rouge, et l'on entend leur résonance dans le vert qui tout à coup se faufile...

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« on est ailleurs, on croit être ici. On ne touche peut-être jamais qu’un nulle part, une ombre sous nos pas s’efface à mesure, la terre bouge dans tous les sens. Et avec elle, notre vie, ce sentier qui creuse devant nous,invente des mondes petits, des mondes d’éternité.
Le livre nous porte d’un mot à un autre, imagine des ailleurs qu’il transfigure en ici. Mais la phrase s’achève, et sans quitter l’ici, on est de nouveau ailleurs. Lié à l’inconnu qui nous révèle. Qui nous enserre en nous-mêmes et aussitôt nous délivre. »
page 25/26
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Effrayée par ma solitude
comme l’oiseau par le reflet de son vol
je cogne ma tête contre la vitre. Le jour
se déchire, laisse s’avancer la blessure à guérir.
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Loin d’être linéaire, la mémoire se construirait plutôt dans la circularité, et procéderait, passée comme présente, par couches successives qui se superposent et créent une figure où tout s’enchaîne, où tout n’est qu’un seul lien ininterrompu.
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