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Critiques de Hélène Jousse (42)
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Les mains de Louis Braille

Si j’accroche nettement moins aux récits autobiographiques (pour le côté auto-centré ou thérapeutique), je prends par contre beaucoup de plaisir à lire un récit biographique qui recèle souvent une mine d’informations sur des personnalités ayant souvent changé le cours de la vie.



Louis Braille naît en 1804. Il ne le sait pas encore, mais sa venue sur terre va changer le destin d’enfants et adultes plongés dans le noir. À l’âge de trois ans, c’est le poinçon de travail de son père qui par accident, va lui crever l’œil droit. L’infection va se généraliser jusqu’à l’autre œil. Louis deviendra aveugle quelques mois plus tard. Étrangeté de la vie, si Louis perd la vue avec un poinçon, il va la retrouver avec ce même poinçon lorsqu’il inventera son alphabet braille à seulement dix-huit ans. Les hasards n’existent pas, le destin se met déjà bien en place. À dix ans, il rejoint l’Institut des jeunes aveugles. Lui qui aura été bercé par l’amour de ses parents dans un monde édulcoré de gentillesse et de bienveillance, il découvre à l’Institut que la gentillesse n’est pas généralisée, la méchanceté et cruauté des enfants sont pour Louis une rude épreuve.



Dans son apprentissage de la vie, Louis grandira avec la frustration de ne pouvoir avoir accès aux livres. Aucune méthode n’existe dans ce courant du XIXe siècle. Il sera marqué par sa rencontre avec le militaire Barbier, inventeur d’une machine qui grave sans qu’on y voie, une méthode d’écriture et de lecture nocturnes utilisée par l’armée pour transcrire des messages dans le noir complet.



Louis Braille n’aura jamais qu’une seule quête : donner des yeux aux doigts. Que ceux-ci permettent de voir les mots. Car avant l’alphabet braille, chaque lettre était poinçonnée, ce qui rendait fastidieux la lecture. Souvent l’enfant oubliait le début de la phrase avant d’en arriver à la fin. Louis veut une lecture fluide pour tous les aveugles, que son invention soit telle que le doigt « capte » les lettres si vite qu’il lise le mot d’un coup.



Louis Braille sera l’inventeur de la cellule de six point à la base du braille.



La biographie est ici particulière mais pertinente. On suit Constance, une jeune femme veuve de quarante ans à qui le producteur et ami Thomas lui demande d’écrire un biopic sur la vie de Louis Braille afin de l’adapter au cinéma.

Constance part alors dans des scénarios inspirés de la vie de Louis. Bravo déjà pour tout le travail documentaire qu’a fourni l’auteure.

À côté des scénarios, on retrouve les carnets rouges de Constance qui sont en quelque sorte le miroir de Louis Braille sur la vie de la jeune femme. Elle prend en effet son travail très à cœur, elle s’implique émotionnellement et on ressent, nous lecteurs (du moins, moi) combien la vie de Louis Braille est fascinante. J’ai été particulièrement sensible à la façon très visuelle et lumineuse que l’auteure s’emploie à mettre en exergue. Comme si dans un monde privé du sens de la vue et de lumière, se dessinait un monde clair et coloré, rythmé par le battement de l’âme. Cela se ressent très fort dans cette biographie.



C’est donc un très beau roman biographique qui m’a beaucoup émue, qui m’a renseignée sur la personnalité et les talents multiples de Louis Braille, dans un style lumineux, profond, et extrêmement sensible. Hélène Jousse « entremêle les vies et les époques, elle explore la force de l’amour sous toutes ses formes ». Oui, je suis d’accord ! Une réussite pour moi.



Qu’est-ce qu’un destin, sinon une vie qui fait basculer celle des autres ? 



#LesMainsDeLouisBraille #NetGalleyFrance
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Les mains de Louis Braille

Comment mettre à l’honneur un homme qui a contribué à l’amélioration du sort de ses semblables et dont on ignore à peu près tout? C’est le risque que prend Hélène Jousse en nous proposant de nous pencher sur le destin de Louis Braille, grâce à qui les aveugles peuvent accéder à la lecture et à l’écrit.



Point n’est besoin d’en rajouter dans le pathos, pour décrire l’accident qui a privé l’enfant de la vue à l’âge de trois ans. Ni d’exagérer la misère des internats parisiens, hébergeant des enfants handicapés. Le Paris du 19è siècle n’avait rien à envier au Londres de Dickens. Insalubrité ambiante, tuberculose, l’internat auquel est confié le jeune enfant, et qui représentait dans l’imaginaire de ses parents le seul moyen de le faire accéder à la lecture, est un lieu de souffrance mais aussi d’émulation. La vivacité et la pugnacité du jeune garçon aura raison de la routine stérile tuiles fait explorer de formes de bois à l’image des lettres de l’alphabet, et qui font des livres de lourds objets qu’il faut porter à quatre!



Prenant le parti de mêler l’histoire du jeune prodige et la démarche de création, puisque la narratrice est sollicitée pour écrire le scénario d’un film sur Louis Braille, l’auteur alterne les récits, et l’on perçoit la fascination qu’exerce sur elle le prodige.



C’est instructif, et même si l’on perçoit que l’intrigue autour de la création est là pour compléter le peu d’informations dont on dispose Louis Braille.



D’une écriture simple et enthousiaste, l’auteur nous propose un récit très agréable.
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Passage à l'acte

4 km 930

Je l’ai repéré, ce bel homme. Pourquoi ? Parce que, l’air de rien, il la suit. Qui suit-il ? Mais cette magnifique brune, voyons ! Elle s’arrête. Il s’arrête ! Elle pénètre dans une librairie. Il en fait de même. Moi, je les observe ! Je ne les lâche pas…



Je suis une tombe

Son fils la décrit. Une femme. Une mère. Celle qui semble dans une perpétuelle attente sans jamais prendre son envol…



La vendeuse de bijoux

Vendre des bijoux dans une des plus fameuses bijouteries parisiennes demande de la tenue, de la classe, de la sobriété aussi, mais avant tout, cela exige une discrétion absolue. La plupart des hommes qui s’y présentent comptent, presque toujours, une épouse… Et une ou plusieurs maitresses… Généralement, quand ils font un cadeau à l’une, vieille trace de culpabilité, ils en font cadeau à l’autre…



Le bol de lait

Constance est arrivée bien trop tôt dans la vie de sa maman… si jeune… si amoureuse… Il fallut marier la très jeune maman avec le garçon qu’elle aimait pour éviter le scandale… Constance était attendue, souhaitée, mais pas si tôt… Non ! Vraiment ! La petite est arrivée bien trop vite



L’homme bleu

Nicole. Elle s’appelle Nicole et s’affaire derrière le bar de son wagon-restaurant sous les regards moqueurs des contrôleurs. Il faut dire que Nicole est arrivée juste avant le départ, et que rien n’était prêt à temps. Un client, un homme en bleu, attend patiemment pendant qu’elle souffre sous les quolibets…



La boulangère

Comme d’habitude, c’est la file dans la boulangerie. Une file qui s’étend d’autant plus que les clients sont indécis…



Bonne année 2102

Bienvenue dans le métro parisien du XXIIe siècle ! Tout le monde a le regard attiré par cette jeune fille assise sur son strapontin : elle lit un livre ! Un livre en papier… au XXIIe siècle ! Vous rendez-vous compte ? Tiens ! Qui est cet étrange individu qui vient de pénétrer ? Que cherche-t-il dans sa besace d’aventurier d’une autre ère ? Un… Un livre ! Plus personne ne pianote ou ne jette un regard à son smartphone ou tablette. Les passagers n’ont d’yeux que pour le surprenant individu…



Ces pages qu’on ne tourne jamais

Elle patiente dans la salle d’attente son tour pour passer chez l’ophtalmologue. Soudain, son regard est attiré par un article dans le magazine dont elle tourne distraitement les pages : « Être un bon père aujourd’hui ». Et puis, cette photo de lui, lui, son ex-mari, avec cette légende : « j’ai élevé seul mes trois fils » …



L’agent immobilier

Me voilà assise à la terrasse de ce café, en plein hiver, face à cet agent immobilier. Cet appartement, c’est celui dont j’ai rêvé toute ma vie. Comment faire pour l’obtenir, pour que les propriétaires me choisissent plutôt que d’autres potentiels acquéreurs ? On m’a dit qu’il fallait toujours envisager un petit arrangement avec l’agent immobilier…



La course

Me voilà devant vous. Dans le box des accusés. En accord avec mon avocat, je vais parler. Lui, il va se taire. Vous avez devant vous une fille moche, vraiment moche, et maigre. « Patate » ! C’est ainsi que l’on m’a surnommée dès l’école. J’espère que vous allez me condamner et m’envoyer à l’ombre. Une ombre d’où je n’aurais jamais dû sortir !



La lettre de motivation

Alice a terminé le droit. Elle est jeune, brillante, a un bagout qui pousserait un Inuit qui a déjà dix congélateurs à en acheter vingt autres. Elle a un sens inné de l’improvisation… Oui, mais voilà, autant elle ne manque pas de qualités à l’oral, autant elle se sent incapable à l’écrit. Alors, comment rédiger cette « lettre de motivation » destinée à un des plus grands cabinets d’avocats ?



Le correspondant anglais

Chez les Barnes, le sentimentalisme n’a aucune place. L’enfant de la famille, à la parfaite éducation british, n’a que onze ans et est en avance d’une année. Sa scolarité est remarquable. Ses parents l’envoient chez son correspondant français, un garçon de treize ans, affichant un retard scolaire d’un an, fort peu intéressé par les leçons prodiguées par ses professeurs…



La clé

Emmanuelle est une copine. Elle habite Nantes et moi Paris. Mon amie s’est prise d’amitié pour un jeune SDF roumain au visage bien sympathique qui s’est installé devant la pharmacie au bas de ma rue. Elle me demande en quelque sorte de veiller sur lui…



Passage à l’acte

Marine est invitée à l’anniversaire de son ami Antoine, un comédien qui attend son heure de gloire et qui sait que, tel un Louis de Funès, il lui faudrait patienter. Son mari a décidé de ne pas l’accompagner. Après quinze années d’un mariage heureux, c’est une première. Comme pour le lui faire regretter, Marine décide de se pouponner…



Petit-cœur

J’ai toujours manqué de courage préférant, par exemple, laisser toute la classe se faire punir plutôt que de me dénoncer. Personne n’a cafté. Je n’ai jamais osé dire à une jolie fille qu’elle me plaisait. Pour moi, il ne restait que les autres. C’est avec une de celles-là que je me suis marié. C’est elle qui m’a choisi. C’est peut-être par manque de courage que je me réfugie dans les livres, en particulier ceux que les patients abandonnent sur leurs tables de chevet lorsqu’ils quittent l’hôpital où je travaille comme brancardier. Je suis terriblement lâche. Pas question pour moi d’emmener un macchabée à la morgue. Je préfère me planquer et attendre que d’autres le fassent…



Critique :



Hélène Jousse nous entraine dans quinze nouvelles dont nous pourrions être les héros tant les situations de départ sont banales. Son style, très agréable à lire, presque musical, et les tournures que prennent les événements donnent toute leur saveur à ces courts textes que je déguste comme autant de pralines. Un à la fois. Puis, j’accomplis une tâche domestique, avant d’estimer, qu’ayant bien travaillé, j’ai droit à une petite pause bien agréable en découvrant une nouvelle histoire.

Au risque de me répéter, je ne comprends pas le peu d’intérêt du public francophone européen pour les nouvelles, un genre considéré comme mineur par bien des lecteurs et des éditeurs. Heureusement, les éditions Quadrature sont là pour nous donner à lire ces petites perles. Qu’elles en soient remerciées.

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Les mains de Louis Braille

J'ai aimé la tendresse avec laquelle Hélène Jousse dresse le portrait de ce petit bonhomme de trois ans enjoué, curieux qui aime regarder son père travailler à l'atelier de bourrelier de Coupvray. Sa mère, aimante, drôle, courageuse qui tel le roseau plie face aux difficultés de la vie mais ne rompt pas. Comme lorsque les soldats qui occupent sa maison, lui ordonne de la décorer pour une fête, elle force l'admiration en disposant dans toute la modeste maisonnée des fleurs bleues, blanches et rouges, une bravade qui force l'admiration.



Lorsque Louis perd la vue, son père se replie dans un mutisme total et son sentiment de culpabilité. Pourtant, il aura la force de saisir la main que les notables lui tendent pour permettre à Louis d'entrer dans l'institut qui lui permettra d'étancher sa soif de savoir.



Louis y découvrira l'injustice, le sadisme, la peur, l'humidité, l'insalubrité des lieux, mais aussi Gabriel son alter ego musicien. Enfin, un coup de pouce du destin en 1821 avec l'arrivée de M. Pignier le directeur qui le prendra sous son aile, Claude, le régisseur protecteur qui contrefaisait les ordres pour préserver les pensionnaires.



Constance, son carnet rouge, sont le fil conducteur de la découverte de l'amour au sens large, de la pugnacité de Louis à accomplir son rêve : lire enfin seul, acquérir le savoir et le répandre pour que les aveugles soient libres.



L'auteure donne vie à Louis Braille par la voix de Constance. L'inconnu dont le monde a retenu le nom, mais si peu de la vie, sinon pour dire que 100 ans après sa mort, il a fait son entrée au Panthéon. Jolie idée que ce biopic, joli roman cinématographique que j'irai regarder avec plaisir. Tant cette vie est riche, belle et triste à la fois, emplie de tendresse et de partage.



Constance et Louis, deux cécités qui ne peuvent se rencontrer que par la recherche d'absolu de ces deux êtres frappés par le malheur.



Un roman touchant, captivant qui embarque jusqu'à son épilogue.



Hélène Jousse redonne vie à Louis Braille, nous donne à voir ses frustrations, ses joies, ses peurs, lui qui est le concepteur d'une méthode universellement connue sous son simple nom : BRAILLE. Une fenêtre ouverte sur le savoir, la musique et le plain-chant, une liberté nouvelle ! Inconnu pourtant.



Joli pied-de-nez au destin qui devait faire de Louis un homme plongé définitivement dans l'obscurité, mais qui, par sa volonté d'apprendre, de partager, lui a permis de changer la vie d'aveugles et mal-voyants en leur donnant un accès fluide à la lecture et à l'apprentissage.



Un véritable coup de coeur !


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Les mains de Louis Braille

Hélène Jousse résume parfaitement son premier roman en disant qu’il s’agit de l’histoire «d’une scénariste qui se met à l’écriture d’un film sur Braille et qui, en découvrant la vie de cet enfant, va voir sa propre vie transformée.»



Ce qui est formidable avec le premier roman d’Hélène Jousse, c’est qu’il nous offre plusieurs portes d’entrée, toutes aussi passionnantes les unes que les autres. Il y a d’abord celle qui nous fait découvrir Constance, la narratrice. La vie ne l’a pas épargnée puisqu’elle se retrouve désormais seule après le décès de son mari et va tenter d’apaiser sa douleur dans le travail. Une situation particulière qui va lui permettre, presque inconsciemment, de développer une sensibilité très particulière pour le sujet du film qu’elle prépare, un biopic consacré à Louis Braille, l’inventeur du système d’écriture pour aveugles qui porte aujourd’hui son nom. Et dont Thomas, le réalisateur, va profiter.

Car Constance est scénariste. En la suivant, on va pouvoir découvrir comment se construit un film, comment un scénario s’étoffe, quel travail de repérage est nécessaire et comment on tente de remplir les lacunes d’une biographie. Aurélien, jeune recherchiste, va ici s’avérer d’un précieux secours. C’est notamment lui qui va apprendre à Constance le curieux marché passé entre l’État et la commune natale de Louis Braille: son corps est au Panthéon, ses mains sont à Coupvray.

Hélène Jousse a eu la bonne idée de nous offrir un roman dans le roman. Il nous ramène au tout début du XIXe siècle, à ce jour funeste où le petit Louis s’amuse dans l’atelier de bourrelier de son père et se crève un œil avec un poinçon. Une blessure si vive qu’elle va entraîner la perte de son œil et, quelques jours plus tard, la perte de sa vue. Mais Louis est un garçon curieux, avide de savoir et à six ans, au fond de la classe, son instituteur ébahi découvre qu’il a enregistré les fondamentaux de l’arithmétique, de la grammaire, de l’histoire et de la géographie. Avec l’aide du curé, puis d’un nobliau de province, il est accepté à Paris, dans le seul établissement accueillant les jeunes aveugles. En fait, il s’agit d’un endroit insalubre où les élèves tombent comme des mouches. Mais là encore, Louis résiste aux difficiles conditions de vie et à la cruauté de l’équipe dirigeante.

Il trouve d’une part du soutien auprès de Gabriel, un collègue avec lequel il s’entend à merveille – «Les deux forment un tandem incroyablement performant. Ils se sont trouvés.» – et d’autre part auprès du concierge qui brave le règlement et sa hiérarchie pour venir en aide aux pensionnaires. Il s’arrange par exemple pour donner de l’argile à Louis lorsqu’il est mis au cachot pour qu’il puisse passer le temps en façonnant la Terre (quand on sait qu’Hélène Jousse est aussi sculptrice, on imagine le plaisir qu’elle a dû éprouver en imaginant cette scène). Mais ces petites lueurs d’espoir ne peuvent enrayer l’inexorable déclin d’une institution si mal gérée. Le miracle va se produire en 1821, avec l’arrivée d’un nouveau directeur.

Ce dernier va transformer le système éducatif en place et notamment proposer à Charles Barbier de La Serre de faire un exposé sur son système de codage par points mis au point pour l’armée.

Gabriel et Louis s’enthousiasment, mais doivent bien vite se rendre à l’évidence: «celui qui voit ne peut avoir la moindre idée de l’île noire dans laquelle ils vivent, ni des passerelles nécessaires pour rejoindre le continent des voyants.» Quelques mois plus tard le «procédé pour écrire les paroles, la musique et le plain-chant au moyen de points, à l’usage des aveugles et disposés pour eux» est créé.

Constance parviendra-t-elle à vendre son histoire? Le film Les Mains de Louis Braille verra-t-il le jour? Je vous laisse le découvrir, tout comme le destin réservé à Louis Braille à la suite de son invention. Attendez-vous à quelques surprises!




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Les mains de Louis Braille

****



Louis a quatre ans quand sa vie bascule. Il est seul dans l'atelier de son père, bourrelier à Coupvray, debout sur un tabouret, quand il perd l'équilibre et se plante un poinçon dans l'œil. Très vite pris en charge, Louis n'échappera pas à l'infection qui suivra, atteindra l'autre œil et lui fera perdre la vue. Entouré par l'amour de ses parents, soutenu par leur force et leur foi, Louis va croire en son destin, combattre ce coup du sort et mettre sa vie au service des autres...



Hélène Jousse signe ici un très beau premier roman. Je ne sais pas qui de sa passion pour la sculpture ou son admiration pour le personnage lui permettent de nous immerger dans la vie de Louis Braille, mais on pourrait très bien imaginer nos mains toucher doucement le visage de ce garçon hors du commun.



Mais si Hélène Jousse nous fait découvrir ce personnage malheureusement très peu connu, elle réussit habilement à mélanger les époques et à rythmer le récit avec Constance, cette jeune veuve qui se voit confier la lourde tâche d'écrire un scénario pour un futur film sur le jeune aveugle.



Le roman prend une autre dimension et on peut sentir la force et la volonté de Louis quand il comprend qu'il peut inventer une méthode pour lire et écrire. On le ressent car Constance, dont la perte douloureuse de son époux la laisse vide et triste, renaît doucement à la vie aux côtés de Louis.

L'amour, la foi et la générosité de cet homme, va l'aider à revenir parmi les vivants, accepter le vide de l'absence et croire encore en l'avenir...



Merci à NetGalley et aux Éditions J-C Lattès pour leur confiance, ainsi qu'aux 68 premières fois pour la découverte...
Lien : https://lire-et-vous.fr/2019..
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Les mains de Louis Braille

Avec » Les mains de Louis Braille « j’ai été surprise, comme j’aime l’être en littérature. Publié en cette rentrée littéraire 2019 aux éditions J.C. Lattès, c’est un premier roman d’une grande sensibilité et d’une puissante humilité. Certes le titre dévoile le contenu, mais Hélène Jousse a su me captiver par la petite histoire dans la grande Histoire. Deux héros, deux époques, mais une persévérance commune. C’est à travers les yeux de Constance que le lecteur découvre Louis Braille.

Constance, la quarantaine est veuve depuis peu. Sans enfant, le manque de l’autre se fait d’autant plus douloureux. Auteure de théâtre à succès, l’écriture est désormais une épreuve, comme un vide impossible à combler. Lorsque Thomas, son producteur la contacte, il sait qu’il va devoir user de persuasion pour réveiller en Constance le désir de mener à bien son projet.

p. 13 : » Constance, faites-moi un scénario de la vie de Braille. «

Ils se connaissent si bien tous les deux! Ils s’agacent autant qu’ils s’adorent, et c’est de cette complicité que va naître le projet de ce film. Mais pour ce faire, l’ambitieux Thomas engage Aurélien, un jeune étudiant en histoire, pour assister Constance dans ses recherches.

C’est donc ainsi que Constance se plonge dans la vie du célèbre Louis Braille…

p. 9 : » Qu’est-ce qu’un destin, sinon une vie qui fait basculer celle des autres ? «

1812. Simon Braille est bourrelier dans le petit village de Coupvray. Louis l’assiste souvent dans son atelier, pour la plus grande fierté de son père. Mais un jour que celui-ci doit s’absenter en ville, le jeune garçon se rend seul dans l’atelier, qui recèle de mille trésors. Mais à trois ans, que sait-on de la dangerosité des outils qui jonchent l’établi ?

p. 9 : » […] le tabouret vrille et emporte son corps. Dans sa chute, la pointe qu’il serre encore dans sa main se plante dans son œil. «

L’infection touche rapidement son autre œil et, en quelques mois, il devient aveugle.

Anéanti par la culpabilité, Simon ne mur dans le silence. Sa mère, quant à elle, reste forte malgré son sentiment d’impuissance. Elle emmène son fils aveugle partout, et découvre ainsi que le jeune garçon développe ses autres sens de manière déconcertante. L’école du village ne suffit pas à Louis qui a une soif inextinguible d’apprendre. Mais lorsqu’on est aveugle en 1819, on ne peut espérer réaliser de grandes études. Si l’éducation se fait principalement à travers les livres, le jeune Louis en est privé. Cette frustration contraint ses parents à prendre une douloureuse décision.

S’imprégner de la vie de Louis devient une révélation pour Constance. Comme si en faisant renaître ce prodige, elle se révèle à elle-même. Bien-sûr Thomas n’est jamais bien loin, et s’assure de l’avancée de l’écriture du scénario. Thomas est pragmatique et veut du sensationnel ! Il veut des informations inédites, quitte à bousculer Constance.

Louis a dix ans lorsqu’il arrive à Paris, à l’Institut royal des jeunes aveugles, il est le plus jeune des pensionnaires. Dirigé par une poigne de fer et de sadisme par l’effroyable Monsieur Guifau, Louis va y découvrir ce que l’être humain a de plus monstrueux. Bizutage, enfermement, privation, etc… Louis va alors puiser au plus profond de lui pour trouver la force de résister.

p. 32 : » Il ne mesure pas encore à quel point là est sa force, celle qui va finalement le conduire à inventer ce qu’il ne trouvera pas au bout de cette route. «

Et l’amitié naissance avec Gabriel va être décisive dans cette quête. Ensemble, ils vont faire front puis force.

p. 113 : » Gabriel est fait du même bois, de cette consistance rétive à la fatalité du destin, de cette nature résolument résolue. «

L’arrivée d’un nouveau directeur à l’Institut, le docteur Pignier, va bouleverser la vie de Louis. Enfin soutenu dans ses recherches sur un système de lecture adapté aux aveugles, il va y consacrer tout son temps libre. Et sa persévérance et sa ténacité auront raison de tous les obstacles rencontrés. Il n’a que seize ans lorsqu’il invente la méthode de la cellule à six points, dit le procédé braille.

p. 278 : » Louis a confiance dans quelque chose de plus grand que lui, qui se porte sur lui mais dont il n’a aucune part. Il n’a jamais cessé de le croire. Sa foi est sa force. «

Constance a à cœur de retranscrire le plus fidèlement possible le récit de la vie de Louis. Mais pour Thomas, insensible à l’invisible, il est temps de finaliser le projet. Constance sera-t-elle prête à céder et à faire renaître un personnage dont elle se sent désormais si proche ?

p. 194 : » Louis, je l’aime aussi de l’avoir fait. De le faire. Chaque jour. Chaque jour, il sort de moi davantage. «

La vie de Louis Braille nous est contée au fur et à mesure des découvertes de Constance. Mêlant ainsi le passé et le présent, le lecteur prend conscience de l’héroïsme de chacun d’eux, à échelle différente bien entendu. L’un consacre sa vie à rendre accessible la lecture aux aveugles, tandis que l’autre y voue un biopic, pour ne surtout pas oublier. Les deux personnages principaux sont attachants et tellement humbles ! L’écriture est sensible et presque fragile. J’ai adhéré dès les premières lignes. Mon seul petit bémol, le passage sur le spiritisme ; j’y suis restée hermétique. À la fois romanesque et instructif, ce livre est à mettre entre toutes les mains, nous, lecteurs chanceux aux yeux inaltérés et avides. LISEZ ce roman de Hélène Jousse, c’est une majestueuse leçon d’humilité et de résilience.
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Les mains de Louis Braille

« Louis est un héros malgré lui, dont personne n’a mesuré en son temps l’ampleur de la découverte, ni aujourd’hui encore, excepté les aveugles dont les doigts tendus parcourent chaque jour les milliers de petits points braille ».

Hélène Jousse répare cet oubli, en mettant à jour et par écrit cet évènement qui a éclairé et qui illumine encore le quotidien des personnes non voyantes qui peuvent accéder à la lecture grâce au système du braille, du nom même de son inventeur, Louis Braille.

Son roman est rédigé sur deux axes : la mission confiée à Constance, dramaturge à succès, qui se voit confier l’écriture d’un scenario sur la vie de Louis Braille. Cette quadragénaire, veuve depuis peu, tente de se reconstruire en se plongeant dans cette mission qui lui a été confiée par Thomas, son producteur attitré. Pour aider Constance dans ses recherches, celui-ci va embaucher un étudiant en Histoire, Aurélien. A eux trois, ces personnages vont faire avancer le récit de la vie de Louis Braille, l’autre axe de ce roman.

L’essentiel de l’histoire va être concentré sur la période durant laquelle Louis Braille est scolarisé dans l’Institut royal des jeunes aveugles. Il y est intégré à l’âge de dix ans, sous les recommandations de son instituteur du village de Coupvray. Louis a perdu la vue suite à un accident domestique à l’âge de trois ans, mais il a toujours gardé une curiosité intellectuelle conséquente. Et surtout, il a toujours rêvé de savoir lire : « Même si on sait tous que la vie n’est pas dans les livres, il y a dans les livres quelque chose qu’on ne trouve pas ailleurs dans la vie ».

C’est donc à l’Institut royal des jeunes aveugles que la possibilité d’accéder à la lecture va lui être permise. Un capitaine va venir parler d’un système de codage permettant de communiquer en temps de conflit aux élèves de l’Institut. Louis va s’en emparer, le redimensionner et le développer afin de codifier sous forme de points les vingt-six lettres de l’alphabet. Le braille était né.



Un premier roman très bien documenté et très bien écrit. Les personnages sont suffisamment bien construits pour avoir « une âme » et toucher le lecteur. L’écriture est elle aussi efficace et par moments poétique. Le seul point négatif réside dans certaines longueurs liées aux passages introspectifs de Constance. Mais pour un premier roman, c’est clairement une réussite.



Lu dans le cadre des 68 premières fois.

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Les mains de Louis Braille

Lorsque le petit Louis, âgé de trois ans, jouait avec un instrument de son papa, bourrelier à Coupvray (près de Meaux), il ne pouvait pas se douter qu'en une seconde il allait faire basculer sa propre vie dans l'horreur de la cécité et transformer totalement celles de milliers d'aveugles et de mal-voyants. Nous sommes au tout début du 19ème siècle, la médecine est encore balbutiante et la perte d'un œil va s’avérer irrémédiable, provoquant l'infection du second œil. Ainsi, le petit garçon va voir s'effacer progressivement tous les contours, tous les repères.



Mais Louis est un sacré petit bonhomme : il apprend à l'école, rien qu'en écoutant et mémorisant, les fondamentaux de l'enseignement primaire. Puis il décide (à 10 ans!) d’intégrer l’Institut royal des Jeunes Aveugles de Paris, dans la ferme intention d'y apprendre à lire. Nous le voyons découvrir le monde rude du pensionnat, avec ses petits bourreaux, ses personnels peu formés, très éloignés de la notion d'aide, ses énormes livres aux lettres en relief, qu'il faut porter à deux tant ils sont lourds. Une quarantaine d'ouvrages pour tout l'internat ! C'est à partir de là que Louis va créer son ingénieux système de points en relief - ironie du sort - à l'aide d'un poinçon semblable à celui qui l'a mutilé.



Ceci aurait pu faire l'objet d'une biographie romancée mais l'auteure a choisi de tresser l'histoire de Louis avec celle, actuelle, de Constance, femme encore jeune, bouleversée par la mort de son mari, dramaturge reconnue. Son producteur lui demande de créer un scénario pour raconter l'histoire de Louis, en vue d'en faire un film. Et c'est là que l'auteure me perd un peu, car la vie de Constance ne m'intéresse pas beaucoup, l'écriture de son scénario me semble fade, trop axé sur l'émotion, dans une invention plus ou moins vraisemblable des détails de la vie de Louis. Quant à la bluette qu'elle va vivre, alors qu'elle se croyait hors jeu pour ce qui est de l'amour, franchement, cela vient là de façon bien peu naturelle.



Tout l’intérêt de ce roman pour moi se porte sur le travail acharné d'un enfant pour inventer, à seize ans, un procédé de lecture utile, rapide, qui va radicalement changer la vie des non - et mal - voyants, ce avec patience et humilité.



Ce livre m'a intéressée pour le thème central : la prise en compte des non-voyants. Ayant eu à approcher l'association Valentin Haüy et l'Institut des Jeunes aveugles de Paris, j'avais un intérêt pour le sujet. Il me semble que le livre aurait gagné en force en se limitant à la vie et à l'action de Louis Braille, en évoquant ce qui en découle encore aujourd'hui et tout ce qu'il reste à faire dans ce domaine, sans s'encombrer d'une romance venue là un peu inutilement.



En revanche, l'idée que les petits aveugles soient secrètement invités par le concierge Claude à sculpter la terre lors de leurs séjours dans l'infect cachot vient en contrepoint avec le métier de sculptrice d'Hélène Jousse ce qui me semble judicieux.



Un premier roman prometteur, lu dans le cadre des 68 1ères fois.

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Les mains de Louis Braille

Autre roman découvert grâce à J.C. Lattès, via net galley : Les mains de Louis Braille de Hélène Jousse.

Veuve depuis peu, Constance, la quarantaine, auteur de théâtre à succès, se voit confier l’écriture d’un biopic sur Louis Braille par son producteur et ami Thomas. Assistée d’Aurélien, mystérieux et truculent étudiant en histoire, elle se lance à cœur perdu dans une enquête sur ce génie oublié, dont tout le monde connaît le nom mais si peu la vie.

Avec elle nous découvrons comment Louis Braille a inventé une méthode permettant aux aveugles de lire et communiquer.

Ce système a révolutionné la vie de milliers de gens, et il est fascinant de découvrir comment cela a été imaginé.

Les mains de Louis Braille est un très bon ouvrage, à la fois roman et récit de vie. J'apprécie le genre même si je suis parfois méfiante avec ce genre d'ouvrage. Certains sont plus réussis que d'autres.

Ici, rien à dire, j'ai été captivée de la première à la dernière page. J'ai apprécie que l'on parte de Constance, d'une préparation de biopic, pour découvrir la vie d'un homme qui a changé la vie de tant d'autres.

Bravo à l'auteure pour le travail de recherche, on sent qu'elle a beaucoup travaillé son sujet et c'est d'ailleurs ce qui en fait sa réussite.

C'est un livre touchant, captivant, qui m'a passionné et que je vous recommande sans aucune hésitation.

Ma note : cinq étoiles.

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Les mains de Louis Braille

Avec Les Mains de Louis Braille, je termine ma huitième lecture de cette session des 68 premières Fois…

Ce roman m’intéresse et m’intrigue à deux niveaux : la biographie de l’inventeur du code de lecture et d’écriture des aveugles et la mise en abyme de l’écriture.



Hélène Jousse mêle habilement deux itinéraires : une scénariste, veuve depuis peu, retrouve goût à la vie en travaillant sur un biopic de Louis Braille. La narration passe alternativement de la vie de Constance aux scènes écrites pour le film.

L’ensemble est très vivant, très visuel… Le jeu de mot est intentionnel de ma part car la vision et la non vision sont au cœur de ce livre au sens propre et au sens figuré ; il est question de cécité et de vision intérieure, de la vue et du ressenti.

C’est très bien écrit, à la fois précis, fluide et ouvert sur des possibles.



La narratrice qui écrit à la première personne dans son carnet s’approprie la vie et le destin de Louis Braille et nous le donne à lire au travers de son prisme personnel. C’est une version de Louis Braille, celle d’un personnage et celle de l’auteure du roman. Et, c’est là que le bât blesse en peu, peut-être, entre le roman de Constance et la vie romancée de Louis…

Hélène Jousse nous livre de beaux portraits, fait réellement vivre ses personnages sous nos yeux, ceux du roman et ceux du biopic, principaux et secondaires. Tous sont finement ciselés.

J’ai apprécié le côté didactique de ce roman ; je me suis procuré un alphabet braille/français pour essayer de déchiffrer les signes en relief de la couverture, pour me mettre à la place des aveugles. J’ai regretté cependant que cette couverture ne fasse pas davantage sens.



La cécité est un sujet qui me tient peut-être trop personnellement à cœur…

Ce roman m’a plu et m’a un peu dérangée en même temps. L’histoire de la narratrice est très belle ; le destin de Louis Braille est exemplaire… Mais fallait-il mêler les deux ?

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Les mains de Louis Braille

Désolée pour les lecteurs et lectrices qui ont aimé ce livre. Je suis plus que mitigée sur la forme. Plus qu'une banale biographie, il s'agit de l'écriture d'un scénario biopic sur Louis Braille. La construction de l'ouvrage était pourtant attrayante : une alternance de chapitres entre la biographie de Louis Braille et la scénariste, Constance; le producteur Thomas et Aurélien, l'historien chargé des recherches sur Braille servant de base à l'écriture du scénario.

Malheureusement, j'ai trouvé que Constance a volé la vedette à Braille. Je n'ai pas du tout compris ce que ses états d'âme et son parcours personnel venaient faire dans ce livre. L'histoire d'amour entre Constance et Thomas est tellement téléphonée et n'a pas du tout sa place dans l'évocation d'une personnalité telle que Braille.

Dommage, tant pis.
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Les mains de Louis Braille

J'ai adoré ce bouquin!

J'ai aimé découvrir Louis Braille, son enfance, ses frustrations face au savoir et enfin sa découverte. J'ai aimé la construction du livre avec en parallèle l'histoire de Louis et celui de Constance la narratrice, un vrai plus qui permet de bien mettre en perspective la narration de l'auteure et de faire la part des choses entre ce qui est de l'ordre du roman et ce qui est de l'ordre de la biographie.

Un vrai coup de coeur!
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Les mains de Louis Braille

Sans le prix des lecteurs corréziens 2019-2020, je n’aurais jamais posé les yeux sur ce livre (jeu de mot douteux du soir, bonsoir). Pourtant c’est une petite pépite, disons plutôt une belle surprise.

Début du XIXe siècle, Louis (Braille), 3 ans et demi, se blesse à un œil entraînant peu à peu la cécité totale qui l’emmènera vers le destin qu’on lui connait. Enfin pas tant que ça, et c’est déjà un bon point pour ce roman qui nous apprend beaucoup de choses sur le traitement des aveugles au XIXe siècle et sur l’élaboration d’un langage propre.

Hélène Jousse se concentre sur l’acceptation du handicap, mais surtout sur ce qui le conduira à créer l’alphabet qui permettra à tous les non-voyants de lire et d’écrire « comme tout le monde ».

Loin d’être une simple biographie romancée, l’auteure nous narre l’histoire de Louis et celle de Constance chargée de faire le scénario d’un film sur la genèse de ce futur grand homme.

La force de roman, c’est l’oscillation entre les scènes issues du scénario du film consacré à Braille et les Carnets rouges de Constance, chapitres où elle évoque à la première personne sa vie et ses recherches. La transposition de la biographie de Braille dans une fiction contemporaine nous amène à en apprendre plus sur cet homme. Ces deux destins finissent par s’entremêler ; Constance utilisant ses propres expériences de vie et fêlures pour combler les vides historiques et reconstituer les moments de la vie quotidienne.

A l’exception de certains rebondissements, à mon sens inutiles, ce texte est prenant. C’est une belle réflexion générale sur le rôle de la lecture et de l’écriture, mais surtout sur la souffrance d’en être privé.

C’est si bien écrit que l’on en oublie que Louis est aveugle (et finalement, est-ce si important qu’il le soit ?) et qu’en refermant le livre, nous avons l’impression d’avoir vu le film décrit au fil des pages.

A lire !


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Les mains de Louis Braille

Hélène Jousse est sculptrice. Un jour, un jeune homme aveugle lui demande de lui apprendre à sculpter. Pour elle, un monde s'est ouvert et elle a écrit son livre sur Louis Braille et son invention qu'il créée à seize ans et qui le fera connaître dans le monde entier ultérieurement.

Donc Constance, dramaturge à succès se voit confier l'écriture d'un biopic sur Louis Braille. Elle se lance avec avidité dans ce projet pour combler le manque de son mari, suite à son décès et ne pas trop y penser.

Les chapitres alternent entre le carnet rouge de Constance où l'on suit ses réflexions et l’évolution de ses pensées, sa relation avec le producteur sur la mise en place du projet et les conditions d'écriture, et les chapitres consacrés au script et à la vie de Louis Braille.

Ce premier roman est agréable à lire et son écriture est fluide et rythmée. Le personnage de Louis Braille est attachant.

Dans ce livre, on découvre le Paris de cette période avec son insalubrité et les conditions d'hygiène déplorable dans cet institut pour aveugle. La ténacité dont va faire preuve Louis Braille pour créer cet alphabet et surtout cette écriture qui permettra aux aveugles de lire. Ce langage, est d’ailleurs toujours valable à notre époque.

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Les mains de Louis Braille

Beaucoup de tapage autour de ce livre. Enthousiasmée par l’idée d’en apprendre davantage sur le célèbre mais méconnu Louis Braille, je me suis fait un devoir de m’en faire une idée par moi-même. Louis Braille est né, Louis Braille a perdu la vue, Louis Braille a inventé le système de lecture pour aveugles qui a bouleversé la vie de tous les non-voyants, à un âge où ta seule préoccupation était de convaincre tes parents d’avoir un scooter. Respect au jeune homme, devenu ensuite professeur humble et modeste qui se dédiera à l’instruction des petits aveugles. Je ne sais pas toi, mais moi je trouve que ça donne une vie déjà bien remplie, même si elle ne comporte ni rebondissements à foison, ni tourments amoureux. A priori, ce n’était pas l’avis de l’autrice qui, sur 350 pages de livre, en a peut-être rempli 150 sur le sujet qui m’intéressait. Pour le reste, elle nous sert le roman d’une scénariste de quarante ans en manque d’enfant, récemment veuve, qui reprend goût à la vie au fur et à mesure qu’elle creuse celle de Louis pour en faire un film, entre un assistant excentrique et un producteur branché sur 100 000 volts. Pourquoi?! Pourquoi noyer le sujet principal du livre, intéressant et documenté, au milieu d’une histoire à l’eau-de-rose bourrée de psychologie de comptoir? Sûrement pour vendre un livre plus gros et plus cher… La déception l’emporte, passe ton chemin l’ami (et lis "Louis Braille, l’enfant de la nuit" de Margaret Davidson, un roman jeunesse qui se concentre sur l'essentiel et t’en apprendra tout autant sans te faire perdre ton temps).
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Les mains de Louis Braille

Braille, le braille, un nom propre devenu commun. Mais qui connait vraiment l’homme caché derrière cet alphabet inventé pour les personnes atteintes de cécité ? Qui sait la vie du petit garçon, Louis, à l’origine de ces points en relief, utiles pour lire avec les mains ? Pas moi, en tout cas, qui viens de faire vraiment sa connaissance à travers le premier roman d’Hélène Jousse "Les mains de Louis Braille".



Je l’avais pensé bien avant mais c’est écrit à la page 330, "Braille ne se sera plus dans les esprits qu’un simple nom commun, il sera le petit garçon génial que tu vois". "TU", c’est Constance, dramaturge à succès à qui Thomas a confié l’écriture du scénario d’un film sur ce fameux Louis Braille. Aurélien, celui qui s’adresse ainsi à Constance, lui a été adjoint pour l’aider dans ses recherches sur cet homme finalement peu connu.



Ce livre aurait pu être un coup de foudre. J’ai tout de suite été emportée par l’histoire et la découverte de Louis, petit garçon à l’intelligence précoce, devenu accidentellement aveugle à l’âge de trois ans et qui intègre à dix ans l’Institut royal des jeunes aveugles. Son combat, celui de sa vie, sera de permettre à tous les non-voyants l’accès aux livre et à la culture.



L’écriture simple, fluide, limpide, la lecture facile, étaient faites pour me plaire. La construction, composée de chapitres courts alternant la vie du héros et les réflexions de Constance dans son carnet rouge, m’a d’emblée intéressée. J’ai abordé avec beaucoup de plaisir ce roman dans le roman où le temps, les personnages, les pensées se mélangeaient. Et puis, petit à petit, je me suis posé des questions sur le besoin de revenir régulièrement à Constance. L’envie m’est venue de sauter les chapitres pour retrouver au plus vite le petit garçon qui me fascinait par sa maturité, sa vivacité d’esprit, sa détermination. Je n’ai pas tout compris de cette nécessité incessante de parallèle entre deux vies. J’ai pensé lire l’ouvrage en deux fois : toute l’histoire de Braille d’abord, et celle de Constance ensuite. Mais ce n’était pas possible. Des précisions sur la vie de Louis Braille côtoyaient des bribes de celle de Constance. J’ai fini par me perdre un peu et mon plaisir s’est émoussé au fil de la lecture jusqu’à une fin au parfum d’eau de rose peu en rapport, à mes yeux, avec l’histoire initiale. Peut-être n’ai-je pas saisi le sens de ce double récit ?



Mais, même si le regret est là de n’avoir pu savourer plus profondément le parcours extraordinaire d’un enfant qui de son handicap a fait une force universelle, la lecture de ce roman fut un plaisir indéniable.



"Les mains de Louis Braille" : un fabuleux destin à découvrir.


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Passage à l'acte

Il se pourrait que bientôt je puisse ouvrir une librairie dédiée aux ouvrages édités par les Editions Quadrature. Quand on aime, on ne compte pas, je ne saurais donc dire exactement combien de recueils j’ai lu. En tous les cas, le plaisir est toujours le même et "Passage à l’acte" n’y fait pas exception. J’ai adoré.



"Passer à l’acte", voilà qui n’est pas toujours facile. Tergiverser, réfléchir et puis se décider…Chacune des quinze nouvelles décortique cet instant de bascule où le personnage principal saute le pas. Il y a, dans "Je suis une tombe" cet homme qui sollicite une artiste pour réaliser une sculpture à mettre sur la tombe de sa mère, "juste une mère"…intime, triste, émouvant, est le choix qu’il fait de cette statue en mouvement "…le vent tout autour de sa maison, le vent dans sa maison, le vent dans sa robe, le vent dans ses cheveux…elle est là la vie qui semblait faire défaut, dans cet abandon au vent." Et puis il y a aussi, drôle, aux quiproquos bourrés d’humour, l’histoire de "L’agent immobilier" et de sa cliente. Je ne vais pas, naturellement vous raconter chacune d’entre elles. Ce serait édulcorer le plaisir de déguster ces petit bonbons sucrés ou acidulés mais tellement bons. Mais peut-être que la nouvelle éponyme montre encore mieux ce moment fatidique et ses conséquences. Belles réflexions sur les choix de vie.



Le plaisir de ces nouvelles tient dans l’écriture d’Hélène Jousse, précise, presque musicale et tellement fluide qu’on s’y glisse avec bonheur et facilité. Il tient aussi dans chacun des personnages attachants, simples et pleins de surprises. Il vient encore de ces passages du rire aux larmes, du côté décalé de certaines nouvelles, comme "Bonne année 2102" où "…ces deux-là, qui étaient faits l’un pour l’autre, sans aucun doute, pour lire encore de vrais livres en papier, des livres comme on n’en voyait plus depuis cinquante ans." Et puis, bien sûr, le plaisir de choisir l’ordre de lecture, sauter de la première à la dernière, revenir en arrière…



Et si, vous aussi, vous passiez à l’acte et lisiez ces petites merveilles. Il vous suffit de piocher dans le sachet et de vous laisser transporter.


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Les mains de Louis Braille

Rédigé d’une très jolie plume, ce livre rend hommage à l’enfant (car il n’avait que 15 ans) qui ouvert les yeux des aveugles sur la littérature et l’écriture en inventant le braille. Si l’on connaît tous l’invention, en revanche peu connaissent l’homme derrière celle-ci. Ce livre fût ainsi, pour moi, la belle rencontre d’un personnage humble et déterminé. Mais aussi (et surtout) de sa famille, de ses amis et de tous ceux qui l’ont accompagné tout au long du chemin ; des personnages lumineux (à quelques exceptions près). Et je crois que c’est finalement ce que je retiendrais de ce livre : sa lumière.

La seule difficulté que j’ai rencontrée avec cet ouvrage a été de distinguer la réalité de la fiction. En effet, les scènes de vie du petit Louis Braille sont en fait celles d’un scénario rédigé par Constance (personnage principal du roman) à notre époque au fur et à mesure de ses découvertes. Le parallèle avec l’histoire personnelle de la scénariste est d’ailleurs intéressant. Il donne du rythme au roman, ménage un certain suspense, et paradoxalement apporte de la fluidité à la lecture. Il rappelle également comment de parfaits inconnus, morts des années auparavant, peuvent continuer d’inspirer et de transformer nos vies.
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Les mains de Louis Braille

J’ai beaucoup apprécié ce livre et ce destin hors du commun. L’alternance entre des scènes du livres et la vie de Constance ou plutôt son cheminement dans la découverte de Louis et dans la création de son œuvre.

Je dois avouer qu’avant ça, je ne m’étais jamais demandé qui était Braille qui avait donc inventé cette invention majeure. J’ai aimé apprendre à le connaître et aimé également le parcours intérieur de Constance qui évolue au long de son écriture et de sa découverte de Louis.

Très beau moment.
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