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Citations de Hélène Lenoir (52)


«  J’avais tout à apprendre et mon orgueil ,,ma vieille bête noire……


J’étais une mauvaise religieuse, je priais mal, je ne savais plus me recueillir , taraudée par le froid, la faim , le manque de sommeil , les maux de tête de plus en plus fréquents, autant de déficiences que je m’efforçais de dissimuler au quotidien. » …
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Si j'avais cette force, ce tout petit courage de l'interrompre avant qu'elle ne m'empêtre dans ces mensonges tellement bien tournés que personne ne met ses histoires en doute...Mais c'est trop tard. Elle est toujours si rapide. Elle parle, elle invente, sans aucune hésitation, sachant condenser, se limiter à l'essentiel, tout en restant très courtoise, sans du tout faire sentir que le court laps de temps qui lui est imparti entre les deux signaux sonores la bouscule, la force à accélérer son débit :
-Mon mari a dû s'absenter et n'a pas pu vous joindre. Bien entendu, il est très intéressé par votre proposition ! Il sera de retour après-demain...
Page 58
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Maintenant, c’est drôle comme ça m’émeut d’en parler — je revois le visage de certaines… oui… et je pense… je pense à l’Ange au sourire de Reims… Ah…
C’est, j’avais, je, je voulais dire… Je ne sais plus. La petite Sœur Nicole, peut-être, quand je l’ai regardée accrocher le linge au fond du potager, un matin où on m’avait désignée pour la cueillette des haricots verts ? Et je dis petite, je ne sais pas pourquoi, elle devait bien avoir mon âge… C’était l’été, oui, l’été 49 à Saint-Omer, pas d’enfants, le calme, plusieurs sœurs étaient parties — ah, voilà, c’était ça, la récréation de la mi-juillet où j’ai soudain entendu notre Supérieure prononcer deux fois le nom de Grenoble et juste après celui de Grandbourg. 
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«  Quelqu’un enfin qui osait crier, gueuler et y aller, cogner , déborder, exploser et se répandre dans l’extrême démesure , comme si elle le faisait pour lui, trouvait les mots à éructer avec le coffre puissant d’une voix plutôt basse , rauque, rouge sombre pensait - il, excité par son soudain silence » ….
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«  …..Si tu avais vraiment envie d’en finir hier soir, pourquoi ne pas l’avoir fait discrètement ?
Pourquoi enquiquiner encore les gens, les forcer à jouer spontanément les sauveteurs , leur en vouloir après de l’avoir fait ?…..
Parce que tu t’imagines peut- être maintenant que c’est moi qui t’ai empêchée d’aller jusqu’au bout ?
——-Bon, ça suffit ! »
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On avait l'impression que la maison était pleine de monde. J'imaginais des bonnes astiquant mollement des couverts d'argent à l'office, repassant en sueur des chemises à jabot dans la lingerie mansardée, un homme assoupi sur sa lecture dans le bureau voisin, un autre déchaussé, ronflant sur le divan de la bibliothèque...
Page 8
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On a le temps.
Vous, je ne sais pas, mais moi oui, même si j'ai pour la première fois la sensation que c'est très court, qu'il faut faire vite, je vais avoir quarante ans...
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Il essaya de suivre ce bruit jusque dans la rue peu passante le dimanche à cette heure, songeant que ça pourrait être une belle fin, qu'il suffisait maintenant, au cas où elle n'aurait pas encore compris, de le lui dire, de ne pas avoir peur de le déclarer, je t'aime bien, j'aime bien te tenir de temps en temps dans mes bras mais te regarder, non, et t'entendre non plus...
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Elle garda longtemps les yeux ouverts dans l'obscurité, allongée sur le dos, formant avec ses lèvres des embryons muets de mots pour crever ses pensées constamment déportées loin de son désir de faire enfin le vide en elle et se remémorer en détail chaque moment, chaque sensation, chaque étreinte.
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Dans la salle à manger. Longue tablée. Elvire arrive au milieu du repas et se dirige aussitôt vers Gisèle.
ELVIRE (se penchant pour l'embrasser) : Bon anniversaire, mère. Je suis désolée...
GISÈLE : Oui, mais vous n'allez pas embrasser tout le monde. Quand on arrive en retard...
ELVIRE : Je n'embrasse que vous, la reine de ce grand jour !
JEUNE FEMME : On vous a mise en bout de table parce qu'on ne savait pas trop...
ELVIRE : Très bien, parfait, je ne veux surtout pas perturber...
SIBYLLE (à Bernard) : Je vais changer de place. En fait, c'est elle qui devrait être à votre gauche, je viens seulement de comprendre que vous m'avez donné...
BERNARD (posant sa main sur la sienne) : Non non, ne bougez pas. Elvire est tout à fait au-dessus de ces histoires de protocole.
VIOLAINE (à la cantonade) : C'est moi qui ai décidé des places. Je tiens tout de même à le dire. Sachant qu'Elvire était retardée et que Claire s'était allongée, j'ai pensé que, quand Claire descendrait, elles seraient heureuses toutes les deux d'être assises l'une à côté de l'autre.
GISÈLE : Je reconnais là toute ta délicatesse
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Les petites filles sages vont au ciel, disait le proverbe les petites insolentes vont partout, arrivent...
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Comme si elle prenait en moi la substance,l'énergie,je ne sais pas,je ne peux pas dire exactement...Dans mon lit,hier soir,je pensais à l'histoire des vases communicants,mais le jour où elle aura tout pris,qui me rendra ou me donnera?
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Et alors, je vois tout ce qui n’est pas, n’a pas pu être, mais c’est plus que voir, je sens ou plutôt ça me traverse comme un torrent, l’eau vive qui dévale le lit de cailloux et je me penche, j’y mets la main, ça m’éclabousse, je m’écarte, toute mouillée de ça, ce savoir désormais : quand et à quel endroit du parcours j’ai dévalé dans ce lit asséché ou débordant au contraire jusque sur l’herbe des prés.
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Quelque chose en moi refuse d'avoir tant souffert et tout donné pour rien. Neuf années d'immenses efforts, de renoncements, de luttes, de sacrifices pour rien. Tendue de tout mon être vers la perfection d'une fille de Sion, mais ce n'était pas assez. Trop d'orgueil. Ma bête noire invincible. Réduite à rien.
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Les coulpes, c'était une sorte de confession publique, enfin non, pas publique puisqu'on était entre nous dans la salle de communauté. Chaque religieuse baise le sol et fait sa coulpe à genoux, on dit : " Ma Mère, je m'accuse de mes fautes, afin de m'en humilier et de me corriger", puis on énonce en peu de mots des fautes qui regardent la Règle, la charité, l'obéissance et les fonctions dont on est chargée. Par exemple qu'on a tourné la tête vers une porte ouverte en passant dans le couloir, oublier de raccomoder l'ourlet de son tablier ou laissé la médaille qui pensait tout au bout de notre chapelet - le long chapelet était accroché par un anneau à notre ceinture, on avait donc la médaille à peu près à la hauteur de la cheville; donc, si en se penchant on l'avait laissée heurter la rambarde de l'escalier par exemple, il fallait s'en accuser les coulpes. Les autres choses, dispositions personnelles ou pêchées sont réservées au confessionnal.
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il y avait dans cette explosion du printemps quelque chose de blessant, un reproche insidieux, comme si elle avait dormi pendant des semaines, bestiole ronflant dans son terrier, flâneuse indolente aux yeux bandés dont la mère avait été le modèle le plus effarant, sa mère....et son frère, le couple odieux déambulant plus bas de l'autre côté de la pelouse.....
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Marcher bien droit, ne pas regarder ni à droite ni à gauche, se concentrer sur les panneaux, ignorer les gens quels qu'ils soient et l'odeur, les portes ouvertes dans les couloirs, prendre l'escalier plutôt que l'ascenseur, mais d'abord le hall, ça recommence, chaud, froid, respire, Elvire, respire....
Réanimation. Accés interdit au public. Oui, mais je suis la mère. Attendre ? Attendre que quelqu'un bouge cette porte ?....
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Je ne sais rien.Je ne sais pas qui est ma fille.Depuis longtemps.Ca fait plus de trois ans qu'elle a quitté la maison.Sa vie,comment voulez vous?...Je ne sais rien d'elle.Sauf qu'elle a voulu mourir deux fois,elle a essayé,mais pourquoi je ne sais pas.
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" C'est chaque fois la même chose : impossible parce qu'on espère des miracles, fidèle au poste pendant neuf ans, une santé de fer, je n'en doute pas, mais le corps lui tout d'un coup, on a beau le redresser tous les jours à coups de trique, le corps refuse d'obéir, et ce ne sont pas les Rosaires ni la farine d'avoine qui sauront le faire plier, croyez-moi !"
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L'orgueil. Je m'en sens tellement dépouillée à force d'humiliations. Mais on me le reproche encore, comme mon plus grand crime.Incorrigible et irréparable. Il me dit qu'il y a deux manifestations de l'orgueil : l'esprit d'indépendance et l'esprit de critique, le jugement. L'humilité obéissante et l'humilité de charité ne peuvent le combattre efficacement et durablement que si on les exerce avec sincérité. Une fille de Sion, dans l'idéal des pères Fondateurs, renonce totalement à elle même , on vous l'apprend au noviciat. Persuadée que tout ordre vient de Dieu, que toute obéissance remonte jusqu'à Lui, elle se soumet aveuglément et s'abstient de tous jugement.
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