AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Hemley Boum (91)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Le Rêve du pêcheur

Une petite merveille ❤. Lisez ce chef d’œuvre qui vous fera devenir africain de cœur. J’ai adoré l’écriture poétique, l’histoire, les surprises, la psychologie. Tout me parle et pourtant je suis aux antipodes de ce récit. L’auteur m’a embarqué et je n’ai plus lâché ce magnifique livre jusqu’à la fin.
Commenter  J’apprécie          20
Le Rêve du pêcheur

Lumineux est le bon adjectif pour qualifier ce roman. Il raconte une histoire, plusieurs devrais-je dire. Un pays, le Cameroun, nous est conté au travers de la vie d'une famille, des bouleversements sociologiques et économiques, à la source des problèmes à venir, de ceux qui construiront les destins de trois générations de Camerounais. L'acculturation y est décrite de l'intérieur, l'irruption d'une marchandisation de la vie casse le tissu social, broie les âmes et les repères ancestraux. Un enfant de ce chaos cherche dans sa vie d'adulte une issue, poussé par les circonstances, en France où il se révèle, épousant en creux les valeurs de son nouveau pays. Miné de l'intérieur, il retourne en son pays d'origine, y cherchant des réponses, assemblant les pièces d'un puzzle identitaire.

Les passerelles s'établissent entre les deux mondes, la filiation intérieure permet une fusion, magique miracle très au delà de nos rationnelles certitudes.

Beau livre d'une humanité multiple dont nous avons besoin aujourd'hui, à l'heure des exclusions multiples et des tabous liés à l'ignorance crasse de nos contemporains.

A lire de toute urgence.

Merci.
Commenter  J’apprécie          80
Le Rêve du pêcheur

Une bien jolie pépite que voilà.

Je découvre ce livre grâce au "café-lecture" de mon village et j'en suis bien contente! Hemley Boum tisse ici un récit très poétique et très émouvant avec une finesse d'écriture incomparable.

Ce roman sait être très cruel et très violent également sans en faire trop afin de comprendre les enjeux du racisme, de la "colonisation", de l'abandon de soi et des autres. Comment faire pour construire ou reconstruire sa vie à des milliers de kilomètres de chez soi alors que le poids de notre histoire pèse sur nos épaules? Comment oublier les ravages de la colonisation, vendue au départ comme un progrès, qui va complètement anéantir les espoirs et les vies d'êtres humains jusqu'ici plutôt heureux mais qui vont finir par tout perdre?

Ce roman est vraiment poignant et parfaitement abouti. À découvrir sans hésiter!
Commenter  J’apprécie          10
Les jours viennent et passent

J'ai rencontré l'autrice grâce à la sortie de son dernier roman ("Le rêve du pécheur") que j'ai adoré. L'entrevue c'est extrêmement bien passé, je ne voulais pas m'arrêter là. Déjà parce que l'écriture m'a énormément plu mais aussi parce que l'autrice aborde des sujets qui me touchent.



Dans "les jours viennent et passent", il y a trois femmes dont les vies sont très différentes. Elles ne sont pas rentrées dans la vie par la même porte. Mais, le lien qu'elles ont construit entre elles va leur permettre d'appréhender les évènements auxquels elles font face (que ce soit a pré ou posteriori).



Le regard qu'elles portent les unes sur les autres est profondément touchant, sans jugement. L'autrice dépeint une précieuse solidarité mais, aussi une grande authenticité. Chaque personnage se scanne, reconnait ses torts, se montrent tels qu'ils sont. Elle nous parle du Cameroun, de culture, de la recherche de la réussite, de nos origines, de nos familles, ... Elle nous parle de tout ce qui fait nos vies.



J'aime le travail psychologique de l'autrice, elle arrive toujours à faire émerger le passé de chaque personnage sans en faire trop. J'ai le sentiment de lire l'amour qu'elle a pour ses êtres fictifs. Je crois que c'est cela qui m'accroche. Je les aime aussi.
Commenter  J’apprécie          10
Le Rêve du pêcheur

Un traumatisme intergénérationnel tissé de blessures liées à l'exil, et analysé à travers trois générations et deux personnages dont les destins se répondent en porte-à-faux. Ce roman réussit des prodiges narratifs, tout en donnant l'impression que tout cela est facile. L'autrice témoigne d'une grande tendresse pour des personnages qui ont pourtant de nombreuses aspérités, et qu'on finit par apprécier malgré leurs pas de côté, parce que grâce à elle on les comprend de l'intérieur, parfois mieux qu'eux-mêmes. La langue est belle et simple, souvent les deux en même temps.



Commenter  J’apprécie          30
Le Rêve du pêcheur

Il arrive qu’un livre comble toutes vos envies de lecture, « Le rêve du pêcheur « est de ceux-là.

A cinquante ans de distance , un grand-père et son petit-fils camerounais vont faire l’expérience d’un exil intérieur et d’un exil géographique.

Le texte explore avec beaucoup de finesse le mécanisme de la transmission, le vertige de la dépossession, le retour aux sources, illusion, désillusion.. 

Il y a Zack et Zacharias, deux Dorothée ; les histoires de familles sont faites de chagrin, d’amour, de pertes, de retours.

Le souffle romanesque est très fort et nous fait voyager entre les époques et les pays.

Un bien beau roman.
Commenter  J’apprécie          234
Le Rêve du pêcheur

Avec ce roman, la romancière camerounaise Hemley Boum nous permet de suivre deux histoires habilement enchâssées l’une dans l’autre. Un coup de cœur.
Lien : https://www.journaldequebec...
Commenter  J’apprécie          00
Le Rêve du pêcheur

Le cinquième roman de Hemley Boum est une magnifique fresque familiale camerounaise sur trois générations. Elle brosse des portraits nuancés d'hommes et de femmes, nous transportant tour à tour au Cameroun, à Campo et à Douala, et en France, à Paris.



Zacharias mène une vie paisible à Campo, un petit village de pêcheurs, zone frontalière située à l'extrême sud-est du Cameroun, face à l'Atlantique. avec son épouse bien-aimée Yalana et ses deux filles, Dorothée et Myriam. La famille connaît une vie simple, se contentant des produits de la terre et de la pêche. Ce quotidien tranquille est bouleversé par l'arrivée d'une compagnie forestière et la création d'une coopérative de pêcheurs, qui vont bouleverser l'économie locale et déstructurer la vie du village. Au début, le progrès semble être une bénédiction, offrant aux pêcheurs les moyens d'améliorer leur quotidien en leur permettant de s'endetter sur leur salaire, mais bientôt les chalutiers remplacent les petites embarcations des pêcheurs qui ne sont plus compétitifs. Ce métier ancestral ne leur permettra bientôt plus de rembourser les dettes accumulées ni de vivre décemment.



Parallèlement, nous suivons la vie de Dorothée, désormais mère d'un garçon auquel elle a donné le nom de son père. Tous deux vivent de façon précaire dans un quartier de Douala et s'aiment d'un amour inconditionnel. Enfin, le destin de Zachary, devenu Zack.



Zacharias va commettre un crime, un acte presque réflexe et non prémédité qui aura de graves répercussions. Son petit-fils, Zachary, répétera cette erreur de jugement. Hemley Boum met en scène ces deux hommes à la croisée des chemins, qui ont le choix de leurs actions, mais qui feront le mauvais choix. Elle construit son récit en mettant en miroir leurs histoires : chacun d'eux commet un délit qui change sa vie et celle de son entourage, et sera confronté à ses responsabilités personnelles.



L'un des thèmes explorés dans ce roman est celui de l'exil, à travers celui de Dorothée à Douala et celui de son fils Zack à Paris. « L’exil est un bannissement et une mutilation, il y a là quelque chose de profondément inhumain. Les terres lointaines ne tiennent pas leurs promesses. » Mais ce roman est très riche et aborde aussi les questions de la transmission, des différences entre la vie au village et à la ville, du racisme ordinaire, et dépeint les travers humains de manière très subtile.



L'écriture de Hemley Boum est belle et émouvante, et je suis tombée sous le charme de cette fresque familiale qui, comme un opéra, se termine en apothéose. Ligne après ligne, en véritable artiste, elle a construit un récit qui plonge le lecteur, sans le perdre, au cœur d'une histoire où de nombreux personnages aux noms similaires évoluent dans des temps et des lieux différents. Après avoir refermé ce livre à regret, je n'ai qu'une envie : mettre la main sur ses précédents romans !



Retrouvez ma critique complète de ce roman magistral sur mon blog
Lien : https://lavaliseauxlivres.wi..
Commenter  J’apprécie          50
Le Rêve du pêcheur



Le rêve du pêcheur de Hemley Boum

Quelle découverte !!! Cette auteure camerounaise m’a laissé pantois. Au Cameroun comme presque partout en Afrique voire dans le monde, les enfants portent souvent le nom de leur grand-père ou grand-mère. Nous allons donc suivre la vie de deux Zacharias et de deux Dorothée. Nous sommes dans un petit village du Cameroun en bord de mer ; Zacharias a perdu son père pêcheur dans l’océan, il est élevé par son oncle qui l’accueille dans sa famille vu que sa mère, Dorothée, est partie dans la capitale avec son nouveau mari. En Afrique, il n’est pas rare d’être élevé par un parent proche, cousine, tante ou autre parentèle car l’organisation familiale est souvent clanique, loin de nos foyers à deux, voire souvent un seul parent. Le premier Zacharias vit au début du XXème siècle dans le dénuement mais heureux comme peut l’être un des meilleurs pêcheurs de la région, sa femme décrit leur vie simplement. Il pêche, donne une partie de sa pêche à qui de droit dans la coutume du pays, sa femme cultive un champ, ils ont deux filles dont une Dorothée qui aura un petit Zacharias… et l’on suit les deux générations avec un drame qui va se répéter comme un secret de famille que le dernier Zacharias va comprendre et analyser pour en faire une force et un destin. C’est intelligent, alerte, intéressant, de la bonne littérature…

Commenter  J’apprécie          10
Le Rêve du pêcheur

Magnifique roman.

Zack, psychologue clinicien à Paris, a construit sa vie en laissant de côté son enfance et sa famille camerounaises. Les aléas de la vie l'obligent à s'y replonger.

En parallèle, on suit le destin de son grand-père, pêcheur traditionnel camerounais dont le destin sera bouleversé par la mondialisation de l'économie.

Un roman sublime.
Commenter  J’apprécie          50
Les jours viennent et passent

A la fin de sa vie, Anna se remémore les évènements importants de sa vie : son enfance, ses études, son mariage...

Abi, sa fille, accompagne sa mère à la fin de sa vie tout en tentant de résoudre ses conflits familiaux et amoureux...

On suit également le destin d'une jeune fille enlevée par Boko Haram mais qui est également liée aux deux premières femmes.

Une belle découverte.
Commenter  J’apprécie          40
Le Rêve du pêcheur

J'ai connu Hemley Boum, il y a des années à Lille lors d'un salon, elle publiait à La Cheminante. Je la retrouve avec plaisir avec ce livre qui me parle car l'appauvrissement des pêcheurs est le même et pour les mêmes raisons qu'au Sénégal que je connais mieux. Au début, on salue le progrès puis on déchante.

La pêche n'est plus artisanale qui se faisait en fonction des besoins: avec les gros bateaux et la congélation, il n'y a plus de limite.

Au niveau des personnages et de leur filiation, je me suis un peu perdue: il y a deux Dorothée et deux Zacharias?

J'ai aimé le livre comme j'aime la plupart de ceux qui parlent bien de l'Afrique.
Commenter  J’apprécie          130
Le Rêve du pêcheur

Boum ! Mon cœur fait boum !

Il a fait boum boum même dans ma poitrine, il a palpité impatient, parfois joyeux, souvent triste ou en colère.

Il a vogué dans la pirogue du pêcheur qui regarde l’horizon, aimanté par les flots. Pieds dans l’eau à Campo, le pêcheur rêve d’ailleurs, d’une vie meilleure pour lui, sa femme Yalana et leurs deux filles.

Alors Zacharias travaille avec acharnement, lui qui n’était pas suffisamment bon à l’école pour espérer pouvoir faire des études. Quand une société forestière vient s’installer dans la région, riche de belles promesses pour les habitants, il y voit la possibilité de changer de vie. Il achète à crédit le confort, de beaux vêtements pour ses filles. Mais la poudre aux yeux va vite s’estomper et ses rêves s’effriter.

Subitement nous voici à Paris bien des années plus tard avec Zack le petit-fils du pêcheur qui n’a pas pris une pirogue mais l’avion pour partir en exil, loin du Cameroun, de sa mère et de ses amis dans une fuite éperdue.

Grace à une construction savamment orchestrée, Hemley Boum m’a tenue dans ses filets.

J’ai beaucoup aimé découvrir une partie de ce Cameroun complètement inconnu pour moi, avec son histoire, ses traditions, ses croyances. D’un côté la vie de ceux qui restent au pays, de l’autre ceux qui le quittent et construisent leur vie ailleurs, jusqu’au jour où il faut rentrer et se confronter à ceux qu’on a laissés derrière soi, avec quelques fantômes en prime.

L’autrice dépeint avec justesse les difficultés économiques du Cameroun, avec en toile de fond des sociétés étrangères qui viennent puiser sans vergogne dans les ressources du pays, ne laissant que quelques miettes de leurs bénéfices colossaux aux habitants et un pays dévasté.

Je me suis laissé porter, j’ai dérivé dans les méandres de la vie avec les deux Zack, leurs doutes et leurs secrets.

Un voyage riche, foisonnant de sujets (parfois un peu trop, surtout sur la fin) au pays des âmes solitaires, des prisons mentales, des femmes fortes et des transmissions entre les générations. Transmissions parfois fortuites, parfois cycliques comme des gouttes de pluie à la surface de l’eau qui vont jouer à se retrouver en un enchevêtrement de cercles concentriques.

Je n’ai pas envie d’en dire plus pour vous laisser le plaisir de la découverte du chant de la sirène Hemley Boum, dont je lirai avec plaisir d’autres ouvrages.

N.B : Attention, cette dernière phrase reste tout de même sous réserve que la susdite sirène révise un peu ses classiques, car ce n’est pas possible de dire (cf.p.224) que Crying in the rain est une chanson idiote ! alors que c’est une superbe chanson de mon groupe fétiche des années 80 ! non mais !

Commenter  J’apprécie          6314
Le Rêve du pêcheur

Le roman de Hemley Boum est extrêmement riche et diversifié comme souvent la littérature africaine

J'ai beaucoup apprécié la partie africaine avec la vie de Zacharias, avec ses rêves, ses envies, ses déboires. J ai aimé les portraits de femmes fortes qui portent a bout de bras la famille, les enfants.

L'écriture est poétique .

Mais , j'ai moins aimé la vie de son petit fils en France qui a fuit le Cameroun a dix huit ans.

Les récits entremêlés des générations , des différentes époques et des différents personnages donnent un rythme intéressant au roman
Commenter  J’apprécie          20
Le Rêve du pêcheur

Au Cameroun, Zacharias est pêcheur comme son père et tous les hommes de sa famille. Dorothée sa fille, s’est perdue, elle s’est enfuie, elle est devenue alcoolique et se prostitue, son corps est sa seule monnaie d’échange pour survivre et élever son fils.



Hemley Boum nous raconte les destinées d’une famille camerounaise sur trois générations. Récit d’un déracinement, de la perte des cultures ancestrales, de la recherche de son identité sur fond de colonialisme et de racisme latent. Ce récit décrit la fragilité des hommes face à la force des femmes. D’une génération à l’autre, d’un continent à l’autre un roman d’amitié et d’amour. Lorsque le récit quitte les rives où le fleuve épouse l’océan, il perd de son intensité et de sa poésie. Heureusement Zack revient sur la terre de ses ancêtres pour un final éblouissant, où s’expriment Mbombo Yala, Mama Do’ et Nelly, les voix de toutes ces femmes et de leur amour inconditionnel pour leurs enfants. Une fois de plus, je suis tombé sous le charme de la plume d’un auteur africain.





Commenter  J’apprécie          372
Le Rêve du pêcheur

Coup de coeur tant pour l’écriture et le style, que pour l’histoire sur l’exil joyeux.



Cinquième roman pour cette camerounaise habitant Paris et diplômée en anthropologie mais aussi en marketing. Même si son premier prix littéraire n’était que discret, il se pourrait bien qu’elle s’avance vers du plus lourd. Ce livre sera un tremplin, je n’en doute guère. La maturité de l’écriture et la maitrise du récit sont en place.



Les thèmes du livre sont essentiels dans une vie : la liberté, l’amour, l’émerveillement, l’identité, la perte, la transmission et finalement la vie.

Comme disait Musset « d’abord il y a la liberté, après l’amour, après la vie et en dernier la fortune.



A l’extrême sud du Cameroun, nous allons suivre la vie d’une famille sur trois générations. Le début du roman nous plonge dans la première génération. Elle est incarnée par Zacharias le pécheur qui est marié à Yalana. Ils ont deux filles, Dorothée - prénom de la mère de Zack et à laquelle il voue un amour immodéré - et Myriam. « En état de veille ou de sommeil, les siens l’habitaient ».

Ayant été orphelin de père à l’âge de cinq ans, et ensuite (dé)laissé par sa mère. Il sera élevé dans la famille d’un oncle et ne n’aura connu qu’une vie très simple voire affectivement rugueuse. La rudesse, il l’a donc bien connue et s’en contenterait.

Lorsque qu’une société forestière s’installe dans sa région, il va profiter de l’occasion pour essayer d’avoir une vie plus facile, donner une meilleure vie à ses trois femmes. "J'essayais de devenir quelqu'un d'autre, mais je ne savais pas qui, ni comment faire. »

Dès le début du livre on est plongé dans une luxurieuse nature entre torrents, cascades, mangrove, forêts, palétuviers, sable et Océan Atlantique.

Cette génération est celle qui m’a le plus touchée.



Puis l’autrice laisse tout cela en plan et nous embarque aux pieds des Champs Elysées. Nous nous retrouvons aux côtés de Zach, le petit-fils qui a voulu sentir ce qu’est une authentique liberté, celle où personne ne vous connait, où vous pouvez laisser couler vos émotions dans vos veines. Là encore on a un enfant qui adule sa mère, une mère qui était pourtant alcoolique et prostituée. Cette mère c’est Dorothée la fille du pêcheur. Elle n’a pas eu une vie facile après son immigration en ville mais cela n’empêche pas Zach / Zacharias de l’aimer par-dessus tout. Elle est son monde.



Les vies sont enchevêtrées par une formidable maîtrise de la construction. On vit avec eux des impressions ambivalentes ; à la fois celle de se sentir au bord d’un abime par la perte de l’ancrage mais aussi celle de l’émerveillement de la liberté.

J’ai trouvé une force dans chacun des personnages dépeints par Hemley Boum.

On éprouve leurs émotions un peu comme un effet miroir ; effet de l’autrice a certainement recherché. Malgré l’âpreté de leur quotidien, ils ont cette intime conviction que la liberté et l’amour sont au bout du tunnel. En perdront-ils leur ancrage ? Que transmettons-nous aux générations suivantes ? L’autrice y répondra à sa manière, et quelle belle manière !



Citations :

« J’avais appris à reconnaitre la vague de nausée, le tremblement intérieur qui annonçaient les assauts de ma mémoire, quelque chose en moi se recroquevillait d’avance. »

Concernant de Dorothée sa mère « Un jour, en rentrant de l’école, je l’aperçus marchant dans la rue. Le contraste entre sa silhouette évanescente, l’indolence de son pas et la foule excitée me sauta aux yeux. Elle rentrait chez nous bien sûr, elle était sur le chemin de la maison, pourtant on aurait dit quelqu’un qui va à reculons vers nulle part. Je m’approchai et la hélai doucement :

Ma’a

Elle se t’orna vers moi, une lumière s’alluma dans son regard, une onde d’énergie. Par le miracle unique de ma présence, ma mère s’éveilla au temps, à l’espace, à l’instant. 

Rien en Dorothée n’était solide, pérenne. ..Elle marchait, parlait lentement, toujours un peu ailleurs. Elle veillait sur moi, elle m’aimait, je n’avais aucun doute là-dessus, mais je pris conscience qu’elle pouvait m’égarer moi aussi : je devais veiller à ce que cela ne se produise pas. »

« Le jour qui suivit le trajet de l’école avec un Achille inquisitorial, après la crise de larmes de Dorothée la veille au soir, je me convainquis que cela ne faisait rien si ma mère était tout ce que mon ami disait et que je ne comprenais pas bien. Puisqu’elle traversait la vie telle une ombre, je serais là pour rallumer la flamme en soufflant tant qu’il fallait sur les cendres. Cela ne faisait rien si elle avait perdu tous ceux qu’elle aimait, elle m’avait gardé moi, c’était tout ce qui comptait.»
Commenter  J’apprécie          4221
Le Rêve du pêcheur

Une trés belle fresque romanesque nous est offerte par Hemley Boum.

Avec une écriture généreuse et gourmande , dynamique et percutante, les mots choisis par l'auteur nous entrainent au Cameroun et en France à travers une histoire de famille sur trois générations.

Elle dit beaucoup des deux pays: des lieux, des odeurs , de la gastronomie, des plantes, les conditions de vie, les cultures, l'immersion est essentielle et totale pour accompagner et comprendre la vie de ses personnages dont elle ne nous cache rien.

Elle dit les conséquences des bouleversements sociétaux sur la famille, les tragédies, les joies, le poids du passé, la difficulté de la reconstruction, de la résilience, du pardon.

Richesse du coeur et de l'écriture, une pépite qui ouvre l'esprit !
Commenter  J’apprécie          30
Le Rêve du pêcheur

- ELEGANT ET POETIQUE -



"Que deviennent les vies que nous n'avons pas vécues? Où vont les aurores qui nous trouvent endormis? Tu le sais, toi?".



Quelle poésie! Quelle beauté! Quel puissance de récit! Quelle élégance dans le tissage des mots! Je manque d'adjectifs pour dire combien ce livre m'a transportée et émue.

Longtemps que je n'avais pas été aussi touchée par une écriture, mais quelle délicatesse! Digne d'un Mohamed Mbougat Sarr ou d'un Eric Chacour, ce roman est délicieux, je l'ai savouré page après page, suivant le destin tragique de cette famille camerounaise à travers les générations.



Si vous aimez les récits authentiques et émouvants mais surtout pas "neuneus" ou clichés, les personnages à la psychologie aussi fine que de la dentelle de calais et la sagesse de pensées philosophiques venues du fond des âges de l'Afrique noire, alors foncez, mais foncez!: vous ne serez pas déçus!
Commenter  J’apprécie          116
Le Rêve du pêcheur

Très touchée par Le Rêve du pêcheur de Hemley Boum. J’ai été très émue par Zacharias et Yalana, c’est la partie de l’histoire qui m’a ramené loin dans mes souvenirs.



Tout comme ce couple qui vivait simplement mais heureux, lui, pêcheur comme son père et ses ancêtres, elle, elle travaillait aux champs et s’occupait des enfants. Le surplus vendu au marché ou dans des petites boutiques. Du jour au lendemain, leur vie change complètement avec l’arrivée d’une compagnie forestière. Une coopérative se met en place, les pousse à s’endetter de choses inutiles dans leur vie traditionnelle, tout en leur achetant leur pêche pour une somme modique, les poissons étaient revendus à des prix qu’ils n’imaginaient même pas, aux villages alentours, restaurants, hôtels. Petit à petit ils se sont faits manger par des chalutiers beaucoup plus modernes, avec leur pirogue, impossible de rivaliser. « Les chalutiers ratissaient littéralement les bancs de poissons et de crustacés. Un seul d’entre eux produisait dans des proportions auxquelles une dizaine de piroguiers aguerris ne pouvaient prétendre. » Les dettes, les disputes, les incompréhensions minèrent à jamais ce village idyllique.



De mon côté, pas de forêt, mais pas mal de petits commerces, des pêcheurs, une mer frétillante de poissons et de crustacés, le bonheur, les pieds dans l’eau. Puis sont arrivés des grosses boîtes, des commerçants avec des moyens très importants. Tous les petits négoces ont fermé et les pêcheurs ont dû se trouver un autre travail. Je referme la parenthèse.



« Les pêcheurs n’avaient aucun moyen de résister, les autorités fermaient les yeux à condition de recevoir leurs enveloppes. A terme, les villageois seraient expulsés à moindre coût de cet endroit paradisiaque dont ils avaient hérité par les caprices du destin, parce qu’ils n’auraient tout simplement plus les moyens d’y vivre. »



J’ai été moins touchée par Zach, le petit-fils de Zacharias, lors du départ et dans l’avion. Personnellement, j’ai ressenti tout le contraire, mais c’est une autre histoire…Par contre j’ai été bouleversée par Sunday, ceux qui l’on lut comprendront.



« L’exploitation anarchique de la forêt, la coopérative, tout cela était une question d’argent, de beaucoup d’argent. »



Je ne suis pas contre le changement, malheureusement, tout se fait toujours au détriment des plus malheureux et non pour les aider à avoir une vie meilleure ou pour mettre leur pays ou île en valeur. Tout ce qui compte c’est de se remplir les poches et tant pis pour les autres. Ce qui me répugne le plus, c’est leur suffisance et la façon dont ils traitent ces pauvres pêcheurs. C’est eux les rois, tout leur est dû, du moment qu’ils paient.



On n’oublie jamais, même si on ne laisse pas derrière soi Dorothée, Nella, Achille….



Une très belle lecture, de beaux personnages, une écriture magnifique. Les très belles critiques de mes amies, amis, m'ont poussé vers ce livre et je les en remercie.









Commenter  J’apprécie          4141
Le Rêve du pêcheur

Dans le village de Campo, au Cameroun, Zacharias est un pêcheur aux doigts d’or qui manie avec agilité son filet pour nourrir son village et les femmes de sa vie, son épouse et ses deux filles. L’arrivée de la Compagnie au sein de leur famille, lui procure beaucoup d’espoir et de rêves d’enrichissement. Il s’imagine vendre plus de poisson et gâter sa famille. Cette arrivée est bien un changement de vie dans celles des pêcheurs comme Zacharias, c’est aussi une source de tension. Zacharias ferme les yeux jusqu’au drame, …

A Doula, Zachary, surnommé Petit Pa’ par sa mère, est un enfant sage et studieux. Il ne veut pas aggraver la peine qu’il lit dans les yeux de sa mère, qui pour ne plus voir les démons du passé, les noient dans l’alcool bon marché. Aux côtés de son ami, Achille, il grandit dans l’insouciance malgré la pauvreté et les conditions précaires de vie. La fin du lycée et l’entrée dans la vie d’adulte marquent la fin de cette légèreté. Il faut trouver de l’argent, un travail plus ou moins convenable. Achille et Zachary ont des rêves qui vont de l’autre côté de la mer. Alors ils tentent le tout pour le tout…

A Paris, Zachary est devenu Zach. Il a fui le Cameroun pour l’Université de Nanterre. Le voilà, assis sur les bancs de la faculté de psychologie, puis psychologue pour enfants, marié à la courageuse et audacieuse Julienne, puis père de deux adorables jumelles.

Zacharias, Zachary, Zach. Trois prénoms. Trois parcours. Trois histoires qui nous sont contées dans ce très beau roman.

Des allers-retours entre ces personnages et au fil des pages, des histoires qui s’emboîtent. Deux époques avec silences et secrets qui vont finir par se réunir et dénouer les liens d’amour et familiaux. Des hommes qui portent le poids de leurs erreurs et des secrets, des femmes fortes et résistantes.

Un roman dense, aux thèmes multiples. Une histoire qui emporte et qui nous berce des paysages du Cameroun, aux rues parisiennes, des places de marchés bruyantes aux murmures de l’océan.

Du rythme, de la lumière et des émotions.

Un bel instant romanesque.


Lien : https://www.quandleslivresno..
Commenter  J’apprécie          30




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Hemley Boum (303)Voir plus

Quiz Voir plus

Vendredi ou La Vie sauvage, Michel Tournier

L'aventure de Robinson et Vendredi se déroule:

Au XVIe siècle
Au XVIIIe siècle
Au XIXe siècle

20 questions
3554 lecteurs ont répondu
Thème : Vendredi ou La Vie sauvage de Michel TournierCréer un quiz sur cet auteur

{* *}