Citations de Henry Miller (1056)
On ne naît pas héros, poète, législateur, guerrier, savant ou juge ; c’est nous qui avons créé ces secteurs d’activité particuliers, par notre façon singulière de considérer les choses, par notre mode de vie complexe.
La vie n’a rien d’une affaire mortellement sérieuse ; elle a tout de la tragi-comédie. Vous êtes à la fois l’acteur et la pièce. Vous êtes tout ce qui existe, ni plus ni moins.
La seule chose dont je sois sûr, maintenant que mon rêve s’est réalisé, c’est d’être à même de savourer ce que je ferai désormais, beaucoup plus qu’il ne m’était possible dans le passé.
À la fin comme au commencement, le monde est mystère. Ce mystère existe ou foisonne dans la moindre particule de l’univers. Ce n’est pas une question de taille ou de distance, de grandeur ou d’obscurité lointaine. Tout dépend de la façon dont on considère le monde.
Prenez la vie pour ce qu’elle est, payez-vous-en, et répandez joie et chaos.
Il est encore plus merveilleux de croiser dans la rue un heureux clochard qui ne peut pas plus s’arrêter de chanter que de respirer. Et qui n’attend pas non plus la moindre récompense pour ses efforts. Efforts ! Le mot n’a aucun sens pour lui. Ce n’est pas parce qu’on paiera quelqu’un qu’il rayonnera la joie.
On ne chante pas parce qu’on espère paraître un jour dans un opéra ; on chante parce qu’on a les poumons pleins de joie.
L’artiste ne crée pas ces qualités ; il les découvre, ou les dévoile, au fur et à mesure de son acte. Lorsqu’il prend conscience de la vraie nature de son rôle, il peut continuer à peindre sans craindre de pécher, parce qu’il sait que peindre ou ne pas peindre revient exactement au même.
On apprend à voir, non ce que l’on veut voir, mais ce qui est.
Nous sommes incapables de rester anonymes à la façon de ceux qui bâtirent les cathédrales. Nous voulons voir notre nom épelé en lettres de néon. Et jamais nous ne refusons d’argent en échange de nos efforts.
La décomposition est un art passionné où le temps est passé maître. Création et destruction sont jumelles, comme jadis étaient jumeaux amour et justice.
L’œuvre de restauration n’entraîne pas seulement la destruction du charme, du mystère – l’effet est celui d’un simulacre, d’une rigidité de mort. Rien n’a jamais plus l’aspect d’autrefois.
Les généraux perdus au feu ont droit d’ordinaire à des honneurs extraordinaires. Pourtant, ce ne sont pas eux qui représentent la grande perte pour la société. Ils sont par définition des héros, dont le devoir est de risquer la mort sur les champs de bataille. Non, c’est des artistes et des penseurs que nous pleurons la perte. Des généraux et des amiraux, on peut en faire quand on veut, où l’on veut – mais non des individus créateurs.
L’ironie veut que les fautes que l’on fait soient tout aussi importantes, voire plus importantes, que les bonnes découvertes.
La parole et les actes mènent des vies séparées. La parole peut toucher l’esprit ; seul, l’esprit répond à l’esprit. Quant aux actes, autant dire poussière.
Qu’est-ce que l’Histoire, sinon une fiction qui nous berce et nous endort, ou qui aiguise nos peurs ?
L’absurde est l’antidote de la monotonie et du vide nés de notre quête perpétuelle et forcenée de l’ordre – notre ordre – l’antidote de nos efforts acharnés pour découvrir un sens et une fin là où il n’y en a pas.
Au royaume de l’amour, tout est possible. À l’amant ardent, rien n’est impossible. Qu’il s’agisse d’un sexe ou de l’autre, l’important c’est d’aimer.
Quel malheur d’arriver au bout de ses forces avant d’avoir vraiment commencé !
S’il y avait eu un homme pour faire rire Hitler, peut-être eût-il sauvé des millions de vies. Je ne plaisante pas. Les faiseurs de bien, saints ou monstres, font plus de mal que de bien.