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Critiques de Hermann Hesse (814)
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Eloge de la vieillesse

La nature, source d'émerveillement, est omniprésente dans les souvenirs d'Hermann Hesse. Ainsi ses poèmes souvent émouvants, établissent-ils un parallèlisme saisons-vie humaine. Ce livre ne fournit pas de recettes pour ne pas vieillir, dont notre époque est si friande. L'idée est de vivre d'un regard bienveillant, tourné vers la nature, vers le mouvement du monde.Le style est fin, l'écriture limpide, le vocabulaire clair. Ce petit livre, pas réductible à son titre, est constitué d'un excellent choix d'écrits. Il garde une valeur inter-âges, gage d'un soleil serein dans nos coeurs.

https://liseclectique.wordpress.com
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Le Loup des steppes

Ainsi je poursuis ma découverte de la littérature allemande avec Herman Hesse. Mais qu'est-ce que ce roman ? Il m'a époustouflé et retourné la cerveau.



Dans ce roman, nous suivons Harry qui est un intellectuel âgé de 50 ans et qui à des tendances dépressifs et suicidaires. Sa vie n'a aucun sens jusqu'au jour où il rencontre Hermine. Cette dernière lui ressemble et par conséquent le comprend mais elle aidera Harry à trouver un sens à sa vie. Grâce à elle, Harry découvrira tous ce que le monde recèle encore et peut lui offrir.



À la fin du roman, une chose m'est venue à l'esprit : « Qu'est-ce que ce foutoire? ». le style du roman paraît simple mais chaque phrase contient une réflexion philosophique.



Tout le monde peut trouver des similitudes entre Harry et lui-même. Harry est finalement un personnage universel.



J'ai quelque peu souris de ces attaques à l'encontre des nazis. Très bonnes punchlines !



En conclusion, j'ai adoré ce roman ! Je n'arrive pas à croire que ce roman à bientôt 100 ans. Ce roman peut raisonner dans l'esprit de tout le monde et pour toujours. Ce roman ne peut vieillir. Hesse est excellent écrivain et un incroyable penseur. C'est le génie allemand ! D'ailleurs Thomas Mann dira : «  Ce livre m'a réappris à lire ». Alors si un roman fait dire au génial Thomas Mann de tels paroles alors foncez le lire!
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Demian

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Siddhartha

Siddhartha d’Hermann HESSE

(Le Livre de Poche – Ed. 1995)





4e de couverture : Un jour vient où l'enseignement traditionnel donné aux brahmanes ne suffit plus au jeune Siddhartha.

Quand des ascètes samanas passent dans la ville, il les suit, se familiarise avec toutes leurs pratiques mais n'arrive pas à trouver la paix de l'âme recherchée. Puis c'est la rencontre avec Gotama, le Bouddha. Tout en reconnaissant sa doctrine sublime, il ne peut l'accepter et commence une autre vie auprès de la belle Kamala et du marchand Kamaswani. Les richesses qu'il acquiert en font un homme neuf, matérialiste, dont le personnage finit par lui déplaire.

Il s'en va à travers la forêt, au bord du fleuve. C'est là que s'accomplit l'ultime phase du cycle de son évolution.



Mon avis : Publié en 1922.

Siddhartha, c’est le récit d’un jeune homme qui cherche sa voie. Il quitte la maison paternelle car il pense que chaque être doit trouver seul son chemin et faire ses apprentissages. Il va donc se confronter plusieurs doctrines, mais aucune ne le convaincra vraiment. Ensuite, il va fonder une famille avec Kamala, mais il va se lasser d’une vie d’opulence qui ne lui donnera pas satisfaction. Il doit continuer à chercher et c’est dans le dénuement le plus total qu’il va trouver la plénitude.

Hermann Hesse n’a pas écrit un livre initiatique sur la religion, mais un texte qui condamne les doctrines, le pouvoir et l’argent ; il rejette la société moderne et fait l’éloge d’une vie plus contemplative.

C’est un roman court, bien écrit dans un langage très simple. Un adolescent peut le lire comme un conte, un adulte comme un récit philosophique.

C’est un roman sidérant par sa simplicité et sa complexité en même temps (je sais ça paraît antinomique, mais il faut lire Siddhartha pour comprendre)

Bref, il serait dommage de ne pas lire ce chef-d’œuvre qui s’adresse à tous les publics.



À lire installé assis(e) jambes croisées (genre bouddha) sur un tapis en buvant un thé d’Assam et en dégustant des Nan Khatai, en fond sonore du Khayal…



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Le Loup des steppes

Malgré la poussière du temps, ce livre de Hermann Hesse conserve à mon sens tout son intérêt, surtout si l'on opte pour l'édition de 2004, qui a fait l'objet d'une nouvelle traduction. J'avais lu, il y a très longtemps, l'édition de 1976, et c'était vraiment pénible.

« Le Loup des steppes », publié pour la première fois en 1927, fut interdit sous le régime nazi, et devint livre culte dans les années '70 pour la génération hippie, souvent par méprise.

Hermann Hesse obtiendra le Prix Nobel de littérature en 1946.

En 1911, l'auteur expliquait :  « La lecture est une occasion, une obligation de se concentrer et rien n'est plus faux que de lire pour se distraire. » Rien d'étonnant donc que ce récit initiatique soit assez hermétique.

« Le Loup des steppes » nous parle de Harry Haller (aux initiales identiques à celles de l'auteur), écrivain désenchanté d'une cinquantaine d'années (comme l'auteur en 1927), qui loue une chambre à une dame petite-bourgeoise.

Le livre commence sur la (fausse) préface de l'éditeur. Il s'agit du neveu de la logeuse, qui a découvert le manuscrit de Harry Haller, et s'est décidé à le publier. Le neveu occupe une chambre voisine et converse à l'occasion avec l'auteur.

Après cette brève introduction, l'histoire va se conjuguer à la 1ère personne. Nous suivons d'abord Harry Haller dans ses pensées oppressantes et contradictoires. Il explique se sentir tiraillé entre sa personnalité de « Loup des steppes », et son goût du bourgeoisisme.

Hermann Hesse va dérouler son intrigue en plusieurs parties.

On suit l'écrivain misanthrope dans ses réflexions sur le sens de la vie, mais aussi dans ses virées nocturnes, où le personnage frôle la schizophrénie.

Un inconnu lui remet une petite brochure appelée « Traité du Loup des steppes. Pas pour tout le monde. » Cet essai philosophique et psychologique nous permet de mieux cerner la pensée de Harry Haller. Il est accablé, perdu, malheureux, jusqu'à ce qu'il soit invité à pénétrer dans « le Théâtre magique. »

Partagé entre l'humain et le loup, il va rencontrer Hermine, jeune libertine, et va contre toute attente devenir son disciple. Elle va lui offrir un parcours initiatique à rebondissements.

« Le Loup des steppes » est un roman singulier à la construction atypique. Le lecteur est pris au piège de ces « labyrinthes de l'inconscient. »

Au final de cette lecture déroutante, voire oppressante, on peut laisser Hermann Hesse conclure :

« Il ne suffit pas de souligner un peu de valeur que l'on attache à des choses telles que la guerre, la technique, la passion de l'argent, le nationalisme, etc. Il faut pouvoir remplacer le culte des idoles contemporains par une croyance. Dans « Le Loup des steppes » cette croyance est remplacée par Mozart, les Immortels et le théâtre magique. »
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Le Loup des steppes

C’est un contact Facebook qui m’a, en commentaire et au détour d’une conversation, conseillé ce roman. Si je ne suis pas toujours les recommandations de lecture que l’on me fait - parce que j’ai été trop souvent bien déçue - je suis plus disposée à tenir compte des avis d’individus qui m’ont déjà démontré qu’ils lisaient vraiment. C’est donc environ immédiatement que j’ai commandé l’ouvrage.

La préface de l’éditeur fait partie intégrante du roman. C’est une manière efficace d’entrée en matière à la façon du faux avertissement écrit par l’auteur lui-même mais qui sert habilement au récit. L’éditeur, donc, loge chez sa tante, qui loue également une chambre au personnage principal : Harry Haller. Fasciné par ce locataire peu commun, cet éditeur se met à l’observer, en loin d’abord puis de manière plus soutenue et jusqu’à l’approcher. Cet homme impénétrable lui est un mystère. Il le captive par sa solitude et ses raisonnements autant qu’il lui inspire une sorte de pitié car il semble souffrir de ce statut de loup isolé, quasiment retranché.

Et puis un jour Haller s’en va comme il était venu, sans laisser ni adresse ni dettes, et sans prévenir. Il laissera seulement un manuscrit : le récit préfacé.

Écrit à la première personne, ce texte est une sorte de journal intime ou plutôt d’étude psychologique que seul un Individu froid et intègre est capable de réaliser en prenant sa propre personne pour objet d’observation et de travail. Harry Haller est une sorte de génie, ou peut-être pas : il est certes au-dessus, mais selon quel mètre étalon ? Peut-être est-il d’une intelligence tout à fait moyenne dans un monde qui est en deçà de ses capacités intellectuelles. Voilà : le seul normal dans une société de léthargiques. Je dis « le seul » comme je dirais « l’un des rares », en ce que cela ne fait aucune différence pour celui qui n’a jamais rencontré ses semblables.

Homme très cultivé, propre sur lui et aux comportements d’un misanthrope, Haller est pourtant d’une sensibilité exacerbée. Il n’a sans doute pas souhaité cette retraite, cette vie de loup de steppes au commencement. La société lui a comme imposé cette retraite et à la fois il la doit à sa propre volonté. Étrange paradoxe : quel choix reste-t-il à un humain qui serait entouré seulement de poissons rouges ? Comment avoir encore de constructives interactions sinon se mettre au niveau du poisson rouge et donc se travestir et déchoir ?

Tout est poisson rouge pour lui : la vie qui grouille et remue n’est qu’un conformisme vulgaire auquel il ne peut adhérer. La médiocrité ambiante le sidère et le dégoûte. La norme est en-deçà du niveau acceptable auquel il ose encore croire. Voilà pourquoi il n’a pas ou peu d’amis. Voilà pourquoi il n’a même plus de femme et que sa maîtresse aussi le fuit. Il « gâche » tout, c’est-à-dire qu’il ne peut s’empêcher d’être sincère et de dire ses vérités aux gens qu’il côtoie et qu’il croit, aux premiers instants, à son niveau d’exigence et d’esprit. Il est toujours à la fois surpris puis déçu de ne recevoir que des reproches, des consternations, des mines courroucées et des froideurs en retour de ses opinions aussi neutres que tranchées. Il a dit son fait sans vouloir le mal, point. Seulement les gens reçoivent ses mots comme autant d’insultes. Et il regrette un temps, au fond : pourquoi donc avoir dit le fond de sa pensée ? Quelle importance, au fond, qu’un professeur avec qui il aurait pu être ami ne voit pas Goethe comme lui le perçoit ? Un loup de steppes n’est pas complaisant envers ses amis, qui d’ailleurs ne le sont que le temps du bénéfice du doute.

On sent derrière ce personnage la vision de l’auteur lui-même, Hesse, sa propre pensée et ses propres idées, lui qui admire Nietzsche et Goethe, qui a du respect pour Mozart en ce qu’il fournissait un effort pour son art. Hesse, tout comme Haller - ils partagent les mêmes initiales- ne se sent pas à leur place dans la société. Il sont comme nés au mauvais siècle, n’admirant que des morts et ne trouvant aucune grâce aux yeux de leurs contemporains en tant qu’intellectuels. C’est que le temps de la philosophie et de la réflexion est passé. Ne reste que la vie d’ermite pour qui ne peut supporter cette décrépitude générale.

Haller est un intransigeant, ou ce que la masse prend pour un intransigeant. C’est un individu tout simplement, resté droit quand ses semblables se sont tous vautrés, l’un de ceux qui n’a jamais cessé d’être vraiment un homme.

Hesse sait définir un vrai individu, un loup de Steppes, « Un animal égaré dans un monde qui lui est étranger et incompréhensible », même de manière implicite. C’est qu’il en est probablement un, de sorte qu’il peut sans difficulté faire preuve de la plus fine psychologie. Haller vit donc isolé, retiré dans sa chambre la plupart du temps, où il noircit des carnets dans lesquels il analyse entre autres sa solitude. Hesse sait qu’un individu, un homme d’esprit, a cela de particulier que sa vie intérieure est plus riche que ses interactions sociales. Pour ne pas toujours citer Nin, je pense notamment aux journaux intimes respectifs de Jules Renard et de Julien Green. Ils étaient une sorte d’éternelle conversation avec eux-mêmes, comme une correspondance profonde et sensée entre soi et soi. Les gens qui s’enivrent de compagnie puis de séries n’ont guère de temps pour ce dialogue interne, ces introspections que les communs aiment à dénigrer et à qualifier d’autocentrées, au sens péjoratif du terme. Bien sûr elles le sont (« La solitude est synonyme d’indépendance (…). Elle était glaciale, oh oui, mais elle était également paisible, merveilleusement paisible et immense, comme l’espace froid et paisible où gravitent les astres ») parce que l’écrivain alors est son propre sujet d’étude, mais comment prétendre étudier et connaître un petit peu l’Homme, comment s’occuper de psychologie et de philosophie sans s’être d’abord étudié soi-même ? Et même ceux qui, érudits, écoutent comme des automatismes la radio ou des podcasts en conduisant ou en marchant ratent l’essentiel : le silence et la vraie solitude qui permettent de réfléchir, d’avoir ces dialogues profonds et infinis avec soi-même. La solitude n’est pas toujours et n’est pas que misanthropie. Elle est le moyen de réflexion le plus efficace et peut-être le seul possible.

Le Loup des Steppes se sent et se sait supérieur. Pourquoi le nier quand on est intègre et droit ? Il est snob, aussi, et boude ce qui est de son siècle, qu’il rejette en entier. Il est aussi exigeant que dégouté par la paresse et l’immobilisme ambiants : « Tu es bien trop exigeant et affamé pour ce monde simple et indolent, qui se satisfait de si peu. Il t’exècre : tu as pour lui une dimension de trop ». Une dimension de trop, voila une formule juste et percutante. À moins que la masse, plutôt, ait une dimension de moins.

Tout à fait asocial et seul, il n’en n’éprouve pas moins de souffrance qu’entouré mais seulement plus d’intégrité. C’est environ insoluble : on ne peut être heureux avec tant de lucidité. L’intelligence, la hauteur, sont autant de fardeaux pour qui décide d’être fidèle à lui-même. Que reste-t-il ? La mort.

Un soir où il allait se donner la mort - et ce passage me rappelle étrangement une excellente nouvelle lue il y a des années - le loup des steppes entre au hasard dans une taverne et y rencontre Hermine. La jeune femme, légère et frivole, virevolte et pétille sous ses yeux comme une enfant. À la fois terriblement sensuelle et tout à fait innocente d’esprit, elle aime danser, sortir, se faire inviter par les hommes et rire. Quel contraste ! Leur relation ressemble un peu à celle de Coleman Silk et de sa maîtresse illettrée dans « La Tâche » de Roth.

Le personnage d’Hermine me plaît assez en ce qu’il est assez finement décrit, contrairement à ce qui en est dit généralement. C’est une fille simple, sans grande culture. J’ai d’ailleurs lu une critique dans laquelle il était écrit que l’auteur avait été peu méticuleux à son sujet, la rendant peu crédible parce qu’elle est capable de tenir une conversation philosophique, avec ses mots. Je pense que c’est aussi bête que faux. Hermine réfléchit à voix haute, et de manière très logique et pragmatique, trop pour une fille de la rue visiblement ? Non. Hermine est de ces gens qui manquent d’instruction mais non d’intelligence. Elle a appris de la vie et par expérience. Elle sait penser, et bien penser.

Grâce à Hermine qui prend soin de lui à la façon d’une mère, lui procurant même une maîtresse, le loup des steppes goûte à des plaisirs aussi humains qu’éloignés de ses habituelles considérations philosophiques. Il sort, boit, danse et baise à l’extrême, découche et s’enivre de cette vie de poisson rouge qu’il fuyait avec l’acharnement d’un homme plus que résolu. Il reste néanmoins quelque chose à prendre du monde de la nuit par contraste avec la bourgeoisie commune et la vie bien rangée des gens de bureaux et des vies des maisons bourgeoises : c’est qu’il n’y règne aucune règle, aucun conformisme. Au fond, le pire est toujours à la surface, trop lisse et trop conforme, en somme trop fausse et hypocrite : lui qui est d’ordinaire seul dans les hauteurs se plaira mieux dans les bas-fonds que dans la vie normale.

Mais est-ce suffisant pour un loup des steppes ? Peut-on totalement et définitivement renoncer à ses pensées quand on a atteint des sommets, à sa belle et noble intégrité d’esprit et à l’enivrement de la plus profonde solitude au profit de drogues, de danse et de sexe ? Tous les génies deviennent-ils fous ou le sont-ils autant qu’ils sont intelligents ? Les références à Nietzsche tout au long du récit laissent présager l’étrange fin. (Je garde aussi en tête le fou du roman « La fenêtre panoramique » qui était sans doute le plus sensé de tous).
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Siddhartha

Je ne connaissais Hermann Hesse que de nom (et le titre de son célèbre roman "Le loup des steppes"). Je ne m'attendais pas du tout à ce genre de récit !



Ici, on est immergé dans une expérience spirituelle. Il s'agit d'un récit initiatique.



Ce fut donc une lecture particulière, mais pleine d'enseignements et j'ai refermé ce court roman complètement subjuguée !



Un exemple (je vous le raconte tel que je m'en souviens) :

Quand on demande au jeune héros quelle est sa qualité, il répond "Le jeun". Son interlocuteur incrédule lui demande en quoi est-ce une qualité, il répond : de savoir jeûner me permet de ne jamais souffrir de la faim.



Tout le récit est sur ce ton. C'est une véritable leçon de vie et d'humilité. J'ai vraiment beaucoup aimé et je continuerai à découvrir les œuvres de cet auteur ❤



J'ai retrouvé dans ce récit une intelligence de cœur et d'esprit que l'on retrouve chez certains auteurs appréciés pour leur spiritualité avec ici encore plus de profondeur et d'intelligence et une plume superbe ! À lire, relire ou découvrir ❤❤❤
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Le Loup des steppes

~ Miroir, mon beau miroir ~



Ceci est un roman qui fait cogiter, qui pousse à l'introspection à travers Harry Haller. C'est aussi une véritable initiation à la vie pour atteindre la plénitude à laquelle chacun aspire. Un voyage fort intéressant dans l'esprit du protagoniste, à travers une plume travaillée, philosophique & poétique, réservé uniquement aux insensés !



Harry Haller est un quinquagénaire tiraillé entre besoin de solitude & besoin de contact, tourmenté entre sa nature primaire & la délicatesse dont il doit faire preuve en société ! Il est aussi un perpétuel questionnement sur l'identité, le désespoir, le mépris qu'on peut éprouver pour l'époque dans laquelle on vit.

Ainsi, Harry est contraint à vivre avec cette dualité, ou se suicider, jusqu'à ce qu'il croise le chemin d'Hermine, celle-ci entreprend de lui apprend qu'il est vain de se prendre trop au sérieux, que l'on peut jouir des plaisirs simples, tel le rire, l'alcool, le sexe, la danse qui sont autant d'éléments qui permettent de rendre la vie plus douce, plus poétique & plus joyeuse.



Dans ce récit, chacun peut trouver son compte. J'ai beaucoup aimé les trois premières parties, par contre, j'ai trouvé la dernière, qui traite du théâtre magique complètement barrée, ça m'a même gênée. Harry Haller part dans un délire ou une espèce de rêve onirique que j'ai eu du mal à suivre.



En somme, un livre où chacun trouvera son reflet, un écho, quelque chose à en tirer !

A lire, à découvrir, à savourer & à annoter !



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La leçon interrompue

De ce qu'on sait de ce recueil de nouvelles, c'est qu'il a été écrit à des moments très espacés de la vie de Hesse (périodes allant de 1896 à 1949). Il relate, dans un suc d'extrême candeur, plusieurs épisodes de son enfance dans la splendeur verdoyante de Calw, sa ville natale, ainsi que dans les pourtours chatoyants du Neckar. Des faits qui, de surface, paraissent légers, mais à travers lesquels on peut entrevoir et entendre le feu qui crépite dans l'âtre de son écriture.

Des cinq nouvelles de ce recueil, je retiens 'Mon enfance’, 'L'histoire de mon Novalis' et ‘Le mendiant’. Je suis même heureuse qu'elles aient été placées au-devant, jugeant les deux autres d'un fond médiocre et d'un ennui terrible. En ce sens, j'érigerai mes appréciations sur celles que j'ai citées.



La vie interrompue...



Dans 'Mon enfance', Hesse nous offre des errances bucoliques à perte de vue. Il dresse l'expression du Soi dans un décor sublime de verdure avec des descriptions eurythmiques qui enchantent le cœur par tant d'allégresse et de quiétude. Une sorte de pays de Cocagne qu'on visite au fil des pages et qu'on ne voudrait jamais quitter. Il me semble justement que l'un des talents de cet écrivain est de nous plonger dans une capsule temporelle propre à lui ; dès lors, on se retrouve comme détaché de notre vie, notre subjectivité va à la rencontre de l'auteur d’un espace textuel vers un espace littéraire qui transcende la matérialité du livre, des phrases et, voire même, des mots.



« Maintenant encore, lorsque de temps à autre, je me sens ému par le souvenir de mon enfance, c’est une image encadrée d’or, aux couleurs intenses, qui m’apparait distinctement, image où je distingue avant tout une abondante frondaison d’aulnes et de châtaigniers dans l’éclat d’une lumière matinale impossible à décrire et sur un arrière-fond de splendides montagnes. Je ne saurais évoquer en des termes plus heureux toutes les heures de mon existence au cours desquelles, oublié du monde, j’ai joui d’un bref repos, toutes mes promenades solitaires par monts et par vaux, tous les instants de bonheur inattendu ou d’amour libéré du désir qui me faisaient perdre la notion du temps, qu’en les comparant à cette verdoyante image de mon enfance. »



Pour moi, ces nouvelles constituent le creuset, le centre gravitationnel, des œuvres existentialistes de Hesse. C'est à travers l'autobiographie rétrospective, ce retour vers l'enfance, qu'il décrit si bien le magnifique état dans lequel la flamme des souvenirs jaillit dans la combustion de son écriture.



La littérature est jalonnée par des poètes et des écrivains qui font de la nature, le tremplin, ou la condition nécessaire de la prise de conscience de leur propre Moi et Hesse n’y échappe pas. A cet effet, les descriptions des paysages de sa région natale sont comme des météores tombées du ciel, elles disposent en nous des impressions, à la fois, vivaces et très légères. C’est une délectation enivrante pour les adorateurs du lyrisme romantique.



L'air de la mère-patrie embaume le style de Hesse d'une volonté prompte à s'enflammer pour consumer notre ardeur littéraire et ses mots traversent l'espace de notre subjectivité esthétique comme une trainée de lumière. Je m'abandonnais alors à lui, sans réserve, dans sa contemplation intérieure, son rêve méditatif pour un retour vers Soi, ce que l'Être fût. À cela s'ajoute sa quête identitaire ; il n'a d'autre matière que lui-même pour mieux comprendre ce qu'il est devenu à travers les différentes séquences de sa vie.



Dans 'L'histoire de mon Novalis', l’auteur exprime son penchant de bibliophile, sa « véritable spécialité » comme il l’a souligné.



« L’intérêt et la joie que me procurent mes livres ne tiennent pas seulement à leur contenu, à leur présentation ou à leur rareté, mais à l’envie et au plaisir singuliers que j’éprouve de connaitre aussi, dans la mesure du possible, l’histoire de ces ouvrages. Par là je n’entends pas l’histoire de leur origine de leur diffusion, mais bien l’histoire particulière de l’exemplaire unique alors en ma possession »



En ce sens, Hesse raconte comment un volume de Novalis s’est retrouvé entre ses mains. L’histoire, en soi, n’est pas extraordinaire, mais l’auteur a su lui extraire une certaine beauté, un charme peut-être ? Un je ne-sais-quoi qui nous donne envie de poursuivre la lecture. De plus, il fait un travail de fin critique en citant quelques écrits de Novalis en décrivant aussi son style d’écriture : « Depuis quelques jours, il était subjugué par la force pleine de douceur que dégage le plus profond et le plus suave d’entre les romantiques, celui [Novalis] dont la langue aux tonalités sombres, saturée d’essences et d’intuitions subtiles, l’avait soumis de son plein gré à ses rythmes mélodieux. C’était une harmonie mystique, semblable au bruissement lointain d’un grand fleuve au plus profond de la nuit, dominé par une voute où fuyaient les nuages dans la lumière bleuissante des étoiles, une harmonie pénétrée d’allusions à tous les mystères de la vie et à toutes les tendresses secrètes de la pensée. »





(Critique en cours)
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Le Jeu des perles de verre

Il guico delle perle di vetro. En italien, la musique des mots semble différente, plus légère? Faut le dire vite. Avais demandé ce livre en septembre 1989 quand je quittai Berlin. En allemand. Je l'ai toujours, c'est une lecture sérieuse comme certains adolescents aiment avoir en guise de mantra inspirant ou protecteur. Écrit par le vieux sage de Montagnola, on y parle de mathématiques, de musique, d'un jeu dont on se garde bien d'expliquer les règles. Roman à clefs avec des clefs à trouver soi-même. Ce livre aurait plu à Bach. La musicalité y est pures mathématiques. De la pureté on passe à l'humilité et une certaine compréhension de l'âme humaine, notion spirituelle par excellence. Une belle âme. Eine schone Seele. Finalement, en allemand, la musique est partout présente. Aussi.
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Knulp

N°1717 – Février 2023



KNULP – Hermann Hesse – Calmann-Lévy

Traduit de l’allemand par Hervé du Cheyron de Beaumont.



Knulp est un vagabond, un homme libre mais correct , poète, un peu profiteur, instruit, sans attache mais peu respectueux des conventions sociales, un peu séducteur aussi. A sa sortie de l’hôpital il trouve refuge chez son ami, le tanneur Rothfuss qui l’invite à s’installer chez lui pour quelques temps. L’épouse de son hôte ne lui déplaît pas et cette attirance est partagée. Un autre épisode de la vie de Knulp évoque, à travers un témoignage d’un autre vagabond, la fuite du temps, l’amour, la politique, la vanité des choses, les remords, la solitude, la trahison, l’amitié, la mort… Dans la troisième partie il est atteint de tuberculose et va mourir. Il avait été un brillant élément et ceux qui le rencontrent et se souviennent de lui, évoquent ce qu’il aurait pu être au lieu de privilégier l’errance et le dilettantisme.



Petit roman paru en 1915 qui se lit rapidement et se caractérise par le romantisme. Il se décline en trois moments qui sont, sous la plume de Hesse un hymne à la liberté. Sentant sa fin Knulp entame avec Dieu un dialogue qui ressemble au jugement dernier, où il se justifie de ses fautes, ressasse ses blessures intimes, entre liberté et destiné, dans une sorte de bilan, ce qui correspond à une des obsessions religieuses de Hesse (1877-1962).
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Narcisse et Goldmund

Narcisse et Goldmund, ce sont deux facettes de l'existence : la spiritualité d'un côté et les passions triviales de l'autre. "Hesse aspire à une civilisation idéale où règnerait un équilibre entre spiritualité et animalité" peut-on lire en 4ème de couverture. Et c'est exact. Mais ne peut-on pas retrouver ces deux aspects de personnalité dans un même individu ? La vie se résumerait-elle à ce choix avec les regrets du manque de l'autre facette qu'éprouvent nos deux héros ? Je pense pour ma part que Narcisse peut se retrouver dans Goldmund et inversement. Une existence humaine pleine doit se confronter aux contingences, aux passions, mais aussi trouver en soi une force mystique qui les transcende et aboutit à un accomplissement. La problématique de Hesse me touche personnellement. A chaque livre quasiment, je retrouve ce questionnement qui m'amène à ces réflexions stimulantes pour l'esprit et trouver un sens à ma propre existence. Un livre que je recommande bien évidemment à tous ceux que cette réflexion intéresse, surtout en nos temps troublés.
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Knulp

Ha ! quel fainéant, pique-assiette, vagabond, ce Knulp. Ce pourrait être un sentiment bien légitime, après tout, dans un premier coup d’œil ; et après quoi, finalement, comment ferions-nous d’un seul l’amalgame d’un tout universel quand on nous dit que l’âme n’est pas à l’échelle du constructeur et qu’à chacun tient sa légende. Ça fait penser à la feuille blanche où naît, au fur et à mesure, le trait sous l’impulsion, la naissance, l’enfance et la finalité figurant l’état adulte. Knulp ne donne-t-il pas l’essentiel de sa personne si l’on considère comme évanescente, l’humanité, exclusivement employée à produire ? Altruisme et bonhomie cheminent en son cœur et nous attachent, un bel après-midi, dans un temps très court, en quelques cent pages seulement.
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Rosshalde

Rosshalde est l’un des premiers romans publiés de l’auteur puisqu’il paraît en 1914, alors que l’auteur vient de s’installer en Suisse, après un séjour de deux ans en Inde et en Indonésie, en quête d’une spiritualité qui lui échappe. Un séjour dont on voit l’influence dans ce roman, alors que l’auteur traverse une crise durable dans son couple.



Rosshalde c’est le nom d’un immense domaine, quelque part en Allemange au début du siècle. C’est là que vit le célèbre peintre Johan Veraguth avec son épouse Adèle et leur petit garçon Pierre. Cela pourrait être la présentation idyllique d’un bonheur parfait. Mais il n’en est rien, Johan s’est fait aménager un atelier à l’écart de la grande demeure et y passe le plus clair de son temps, ne rejoignant sa femme et son fils qu’à l’heure des repas. Le couple est désuni et ne communique qu’au travers de banalités glaciales. La seule chose qui les unisse encore est leur fils, le petit Pierre. La venue d’un ami du peintre va faire basculer ce fragile équilibre ou plutôt ce fragile déséquilibre et amène Johan à réfléchir sur sa vie et sur l’orientation qu’elle pourrait prendre.



Un roman à l’atmosphère glaciale, pour ne pas dire glaçante. Les descriptions de la vie du couple avec leurs échanges polis et vides, uniquement destinés à maintenir un lien illusoire pour leur fils cadet donnent une impression de malaise froid. On devine que le cours du roman ne pourra être que tragique. Le peintre se réfugie dans la création, il s’absorbe dans sa peinture pour combler le vide affectif de sa vie et sa solitude. Sa souffrance devient la source de sa créativité. La venue de son vieil ami lui donne l’espoir d’un nouveau départ, la possibilité d’une renaissance à une forme de bonheur. Mais dans cette histoire, l’éventuel bonheur aura un prix.

C’est un beau roman au ton froid qui sied parfaitement au récit. Hermann Hesse y introduit un contraste résolu entre la somptuosité de la nature autour du domaine et le vide de la demeure. Seule l’amitié parvient à rendre supportable cette atmosphère et seulement pendant un bref moment.

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Siddhartha

Deuxième œuvre de de Herman Hesse que je lis, et, malgré la réputation de classique et de chez-d’œuvre, je n’accroche toujours pas. Est-ce parce que je ne connais pas le bouddhisme ? que j’ai peu de connaissances philosophiques et psychanalytiques ?

Peut-être oui, forcément. Peut-être aussi parce que je ne m’attendais pas à ça, je pensais lire un conte philosophique ou une fable dans un contexte merveilleux, du moins exotique. Or, le dépaysement n’est pas présent, l’Inde n’est qu’un décor très lointain, à part un fleuve et quelques manguiers, nous n’avons pas d’éléments de contexte ni de décor. Les personnages sont réduits à des rôles sociaux, des types, que l’on retrouve partout dans l’histoire : le prêtre, le travailler (marchand ou paysan)… Ce qui peut sembler surprenant, c’est qu’il n’y ait pas la troisième figure classique, celle du dirigeant politique, du guerrier.

Et le personnage ne m’a pas semblé intéressant, il s’analyse trop, en réfléchissant sur lui-même, ce qui exclut le lecteur qui ne suit pas le même cheminement introspectif que lui. Il ne nous laisse pas entrer dans ses pensées, ce qui empêche de ressentir de l’empathie pour lui. Au contraire, j’ai éprouvé plus d’émotion lorsque Kamala lui déclare à sa façon son amour, ou que Siddharta souffre du départ de son fils, des sentiments plus humains, plus classiques finalement.

J’ai donc trouvé ma lecture très longue, alors que les idées peuvent sembler assez simples : il faut se connaître soi-même, chacun doit se forger sa propre doctrine au lieu de suivre aveuglement un maître, les enfants quittent leurs parents, la nature nous apaise...

Sans avoir donc les clefs de lecture, je n’ai rien trouvé à quoi m’accrocher : pas de poésie de la nature, de sensualité dans les relations amoureuses, de chaleur dans les relations amicales...
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Knulp

Une très belle et douce lecture. Ce court roman en trois parties met en scène un vagabond, ou plutôt un voyageur inspiré par la liberté.

Liberté de penser, liberté de vivre sa propre vie vertueuse et sans façons.

Une ode à l'authenticité et à ce qui vient de la nature.

L'envie impétueuse désormais de lire Demiam, afin de rester dans la même atmosphère...
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Narcisse et Goldmund

Un roman génial de Hermann Hesse. Le troisième que je lis de cet auteur et chacun de ces ouvrages m’a bouleversé.

On y suit les aventures de Goldmund, un jeune élève rentré dans un monastère et destiné aux ordres qui fait la rencontre de Narcisse.

Narcisse est déjà présent depuis quelques années dans ce monastère et c’est le plus brillant de tous les aspirants moine. Leur rencontre va changer leurs vies et nous allons suivre les aventures de Goldmund suite à cette rencontre.

Cette histoire est le prétexte pour l’auteur de nous faire réfléchir sur beaucoup de sujets qui sont toujours d’actualité tels que notre rapport à la nature, à l’art ou à la sensualité. Et ce sans jamais que ça ne devienne ennuyeux.

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Siddhartha

Hermann Hesse - Siddhartha -1922 : Ce livre est un voyage, un road movie sur les routes de la sagesse dans une Inde en pleine ébullition spirituelle. Contrairement à ce que le lecteur peut penser de prime abord ce Siddhârta n’est pas le Bouddah en personne ni même un condisciple de cette grande figure mystique critiquée d'ailleurs par le personnage principal qui décide de ne pas suivre ses préceptes après l'avoir rencontré. L'histoire de cet homme pourrait être celle de chaque être humain car nous sommes tous confronté au cours de notre vie à des crises existentielles qui interviennent lorsque nous nous retrouvons devant un croisement de chemins sans savoir lequel suivre pour le reste de nos jours. C’est le fameux crossroads et la possible rencontre avec le diable, une ancienne allégorie reprise dans le sud des États-Unis qui résonne beaucoup dans les chansons des vieux bluesmen. Alors quelle voie choisir ? Celle qui permet de jouir des biens matériels et d'être heureux si on réussit ou alors de ne pas l’être lorsque le manque de moyens amène la frustration à dominer sa propre vie. Ou une autre dénouée de toute ambition matérielle qui pourra apporter le bonheur mais après bien des sacrifices. Siddartha qui se voit en hermite ne tient pas l’engagement qu’il s’est fait à lui-même en faveur de l'introspection et du dénuement. Pour l'amour d’une princesse il va goutter lui aussi à une vie de luxe et d'opulence. La jeunesse est là avec ses besoins, ses envies, ses rêves aussi car la sève bouillonnante qui coule dans ses veines entraîne plus souvent l'être humain au début de son chemin à tenter de jouir des éléments plutôt que de tomber dans la contemplation d'une existence qui s'écoulera sans joie et sans passion. Mais Siddartha a en lui ce questionnement vital qui le pousse à tout abandonner y compris un fils nouveau-né pour continuer sa quête d'absolue de spiritualité. Il va tout faire pour se détacher d'un matérialisme qui pour lui entrave toutes les émotions et tue les sentiments bienveillants et primaires des hommes. C'est auprès d’une rivière et de son courant paisible qu'il va trouver cet apaisement, dans la vie austère qu'il partage avec un compagnon dénué de biens terrestres qui l'accompagne dans ses longues heures de recueillement et de méditation. Siddartha est en connections avec les esprits de tous ceux qui l'ont précédé sur terre au rythme d’un cosmos qui poursuit sa lente révolution depuis des milliards d'années. Herman Hess donnait par sa compréhension du bouddhisme et des autres religions qui pullulaient dans l'Inde moyenâgeuse un livre incroyablement sincère et précis. Jamais le temps d'une vie n'avait été aussi bien rendu que dans ce petit roman qui abolit le poids des semaines, des mois et des années jusqu’à rendre l’instant présent absolument essentiel. Herman Hess donnait là son travail le plus abordable, bien loin d'un roman comme "Le loup des steppes" qui enfermait par son aridité le cerveau du lecteur dans une cage de fer entourée de barbelés. "Siddartha" offrait à ses lecteurs une véritable liberté de conscience un peu comme la vie nous en offre pour peu qu'on sorte des dogmes reçus en héritage dans notre enfance. Le message transmis par "Siddartha" pourra ne pas plaire aux cerveaux cartésiens et sa lecture rapidement abandonnée mais il ne laissera pas indifférent les esprits humanistes et ouverts très souvent torturés par l’inconcevable temporalité de leur âme... une belle profondeur
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Contes

Hermann Hesse reste fidèle à lui-même à travers ces contes. On retrouve la fragilité de l'humain ainsi qu'une certaine morale. Dieu n'est jamais très loin. On sent bien que l'auteur éprouve une immense tendresse pour son prochain. Certains de ces récits font référence à l'Allemagne et à la guerre de 14/18. Hesse nous invite alors à une réflexion sur le sens de l'existence individuelle mais aussi collective. Ces contes sont de longueur et d'importance inégales mais raviront ceux et celles qui apprécient cet auteur.
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Le Loup des steppes

Même après une deuxième lecture (avec environ 15 ans d'intervalle), ce livre reste pour moi une affaire mitigée. Contrairement à la première fois, je vois maintenant absolument l'importance documentaire de ce roman. D'abord comme un portrait et une analyse de la grande division de l'homme (européen) dans les années qui ont suivi la Première Guerre mondiale. Avec cela, il a certainement sa place parmi des œuvres telles que - entre autres - Mann Ohne Eigenschaften (Musil, 1930), Berlin Alexanderplatz (Döblin, 1929) et La Nausée (Sartre, 1938). Stylistiquement, j'ai été particulièrement impressionné par la seconde moitié du livre, dans laquelle le personnage principal, Haller, est entraîné à un rythme effréné dans le monde du divertissement, des escapades sexuelles et des drogues hallucinatoires, et Hesse adapte le style en conséquence (c'est presque littéralement prose ‘on speed’). Et enfin, c'est aussi une example solide de roman de développement, avec Haller traversant différentes phases de sa vie, et finalement le message qu'il doit et peut faire son propre chemin (un thème qui revient dans presque tous les romans de Hesse).

Dans ce roman, Hesse montre absolument ses capacités. Une grande partie de l'histoire est en fait une version retravaillée du célèbre Faust de Goethe. La prostituée Hermine joue clairement le rôle de « Gretchen » de Haller, et dans son petit ami Pablo, il est facile de reconnaître le diabolique Méphisto. Des scènes comme celle du bal masqué ressemblent beaucoup à l'orgie de Goethe sur le Brockenberg. Ce n'est donc pas avec les plus petits que Hesse rivalise, et avec succès.

Mais surtout au début, ce roman est vraiment un dragon. L'introduction très recherchée de l'éditeur, par exemple, sur le manuscrit laissé par un excentrique (c'est-à-dire Haller). Les premiers chapitres de l'histoire démarrent très lentement, se noyant dans des constructions de phrases horriblement compliquées, culminant dans le ‘traité du loup des steppes ‘ trop insistant. Ce n'est qu'alors que l'histoire (littéralement) prend de l'ampleur. De l'autre côté, à la fin, des scènes surréalistes se succèdent, quand Haller se retrouve dans le monde hallucinatoire de l'enfer. Ici aussi, Hesse m'a perdu, à cause de la profusion d'éléments fantasmatiques, qui peuvent bien se prêter à une analyse psychologique approfondie, mais dont le sens est absolument ouvert à de nombreuses interprétations différentes. Bien sûr, les références aux religions orientales ne manquent pas, après tout, c'est Herman Hesse qui a écrit ce livre. Mais pour moi, c'était un peu trop compliqué. Un livre qui intrigue, stimule (le contenu érotique de nombreuses scènes me semble très élevé pour la date de parution – 1927), interpelle, mais aussi déroute et déraille. Donc, comme dit, un sac mélangé.
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