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Critiques de Hermann Hesse (808)
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Le Loup des steppes

Le roman – mais s’agit-il d’un roman ou d’une œuvre à la croisée de la littérature, de la philosophie et de la psychanalyse ? – se présente, formellement, comme la publication d’un manuscrit, d’une sorte de journal intime, remis par son rédacteur, Harry Haller, à celui qui se présente comme « l’éditeur ». Ce dernier, jamais nommé, est le neveu de la logeuse chez qui Harry Haller a passé plusieurs mois. Ceci est précisé dans la « Préface ». Ce neveu, qui est bien sûr, tout comme Harry Haller, un double de l’auteur, met en perspective les circonstances dans lesquelles Harry Haller a vécu chez sa tante, comment il se comportait, les quelques échanges qu’ils ont eus lors de rencontres fortuites, notamment à l’opéra. Il en donne donc un premier portrait, vu de l’extérieur. Ce qui offre une sorte d’introduction à l'histoire.

Ensuite, nous passons au journal intime proprement dit, dans lequel Harry Haller donne un portrait de lui-même, vu de l’intérieur, cette fois. Il rend compte de ses activités quotidiennes, de ses rencontres, de ses aventures nocturnes et, surtout, de ses tourments. Car il est viscéralement mal dans sa peau, tiraillé entre deux tendances irréconciliables, tendances entre lesquelles il oscille sans jamais réussir à choisir définitivement et donc, sans jamais parvenir à être durablement heureux.

Plus précisément, Harry Haller, la cinquantaine environ, érudit, intelligent, sensible, solitaire, souffre, de plus en plus en vieillissant, de ne jamais être à l’aise, de n’être nulle part à sa place. Il voudrait, pourtant, être comme ses contemporains, se sentir partout dans son élément, notamment vivre pleinement une vie de bourgeois, alors qu’il ne les supporte plus. Il abhorre leur suffisance, leur prétention à être supérieurs, il déteste en particulier ce qu’il estime être chez eux un optimisme fallacieux, une certitude non fondée. Le bourgeois est, selon Harry, celui qui affiche avec délectation ses penchants pour le médiocre, le normal, le passable.

Il lui arrive, certes de moins en moins souvent, d’éprouver une soudaine attraction envers le mode de vie qu’il a autrefois mené, et dans ces moments-là, il essaie de se prouver qu’il peut retrouver une certaine sociabilité, partager leur existence. Il se mêle à eux, accepte une invitation à dîner – par exemple, chez un professeur d’université avec lequel il avait eu des échanges intellectuels –, il apprécie l’ambiance propre et raffinée de l’immeuble où il loge. Mais cela ne dure pas, il éprouve rapidement une irrésistible répulsion envers l’univers clos de cette bourgeoisie haïe. Leur mode de vie lui apparaît comme un insupportable conformisme, résultat d’un compromis abject, d’une abdication inexcusable vis-à-vis de ses exigences d’absolu, de perfection. Son intransigeance lui fait considérer les bourgeois comme un peuple décadent, se vautrant dans le médiocre, le normal, le passable, et s’en revendiquant. Comme on peut s’y attendre, lui qui était si brillant en société, a fini par décourager tous ses anciens amis, et a conduit sa femme à le quitter.

Il se retrouve seul avec lui-même et ses contradictions, comme une bête féroce, tournant en rond dans un espace clos, se heurtant aux murs qu’il a lui-même dressés.

Ainsi, quand il lui arrive de faire un pas timide vers le monde exécré, pour échapper à sa dépression, il ressent rapidement du dégout, se demande ce qu’il fait là, et le trouble causé par cette dissonance entre attraction et répulsion l’amène à commettre une bévue, qui naturellement provoque chez les autres des réactions légitimes de gène, de rejet, ce qui alors renforce son impression d’étouffement, d’écœurement, de répulsion. Il réagit en se montrant encore plus désagréable, s’enferre, l’atmosphère devient délétère, il s’enfuit, marche au hasard dans les rues sombres, souvent pluvieuses, mal éclairées et, après quelques hésitations, entre dans le premier bar, avant d’en ressortir encore plus déprimé.

Cette personnalité déchirée amène Harry Haller à errer de dégoût (de lui-même et des autres) en déceptions, d’incompréhensions en élans éphémères, de solitude insupportable en isolement désiré, mais chaque fois un peu plus malheureux. D’autant plus que l'alcool, consommé chez lui ou dans les tavernes, ne lui est finalement d’aucune aide.

Un soir d'errance et de mal-être, Harry voit surgir un homme muni d'une pancarte où l'on peut clairement lire « Soirée anarchiste ! Théâtre magique ! Tout le monde n'est pas autorisé à entrer ». L'homme possède aussi de petites brochures intitulées « Traité sur le loup des steppes. Tout le monde n'est pas autorisé à lire ». Puis l'homme disparaît en laissant simplement une brochure à Harry. Évidemment, ce dernier va retrouver dans cette brochure son portrait complet, mais avec des allusions et des dérisions qui vont l'amener à s'interroger sur lui-même, à se sonder intimement et à se remettre en question.

Il songe de plus en plus sérieusement au suicide, envisagé comme unique issue, délivrance. Mais de cela, il n’est pas capable non plus. C’est ainsi qu’à la suite d’une soirée bourgeoise affligeante, ne pouvant plus supporter cette inexistence, il se retrouve devant un nouvel estaminet où l’on danse, où l’on s’amuse, où règne une ambiance endiablée : ce qui à la fois l’attire et lui fait horreur. Il y rencontre Hermine. La jeune femme, qui, on ne sait trop pourquoi, s’intéresse à lui, identifie rapidement la personnalité d’écorché vif d’Harry et, avec la fermeté d’un gourou ou d’un « coach » professionnel, lui donne des objectifs à atteindre, lui fixe des exercices à accomplir. Elle l’amène ainsi à accepter de lui obéir, elle lui demande de se laisser guider, voire gouverner, par elle. Telle une psychanalyste chevronnée, Hermine l’aide, par petites étapes, à se remettre en cause, à se faire plus « sociable », en obéissant à ses directives, en surmontant ses doutes, en dépassant ses premiers faux-pas. Il accepte d’apprendre à danser, il achète un phonographe, des disques, persévère de leçon en leçon.

Tout compte fait, il ne se suicide pas, quitte l’appartement qu’il louait, laisse le manuscrit au neveu et disparaît, sans que l’on sache quels effets aura eu sur lui la thérapie d’Hermine.

On pourra noter au passage que, si le lecteur est supposé découvrir cette errance dans le journal intime d’Harry Haller, cela signifie que ce dernier est capable, a posteriori, de se souvenir, avec une précision d’orfèvre ou d’entomologiste, de ce qu’il a vécu, pensé, commis, chaque jour, alors qu’en principe, une partie de ces actes ou sensations devraient lui avoir échappés. C’est un peu comme s’il pouvait avoir enregistré les faits, simultanément, de l’intérieur et de l’extérieur, et qu’il les consultait tranquillement pour pouvoir les noter dans son journal.

Enfin, et plus fondamentalement, si l’on peut voir dans cette personnalité duale l’autoportrait de Herman Hesse, on peut aussi y voir la métaphore de l’Allemagne – et sans doute de beaucoup d’autres pays. En effet, d’un côté, l’Allemagne est une civilisation qui porte une grande culture, tant littéraire, philosophique que musicale, capable de faire avancer les différents domaines de connaissances scientifiques, ainsi que, à certaines époques, certains champs artistiques, en formulant des hypothèses originales, en proposant des interprétations très personnelles. D’un autre côté, la face « loup des steppes », avec son rejet violent de la bourgeoisie et des religions – condensés d’hypocrisies –, avec son agressivité destructrice, sans concession, son goût du secret et de la dissimulation, ne préfigure-t-elle pas les « pulsions » qui vont conduire au colonialisme en Afrique, aux guerres en Europe, au génocide des Juifs qui, sous l’angle des antisémites, incarnent cette bourgeoisie honnie et enviée ? Et si Hermine semble pouvoir apporter la réconciliation des deux extrêmes, devrait-on y voir le symbole de l’intervention d’une puissance étrangère, à la fois bienveillante et sévère, seule option envisageable pour mettre un terme aux guerres intestines qui déchirent l’Allemagne? Ce sont les Alliés qui ont empêché qu’après la seconde guerre mondiale, le pays ne renoue avec ses vieux démons, et lui ont imposé une constitution démocratique, tout en l’aidant à redémarrer économiquement, en finançant sa reconstruction. C’est aussi grâce au soutien de plusieurs pays européens – et peut-être des États-Unis –, qu’après la chute du mur de Berlin, la réunification ait pu avoir lieu. Ajoutons que dans les années 2020, l’insolente et irrésistible montée de l’extrême-droite un peu partout dans le monde, semble montrer que le démon est toujours là, qu’il n’a pas été terrassé et que de futures crises de grande ampleur sont à craindre.


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Siddhartha

Comment parler de ce roman, lu il y a une quinzaine d'années et relu la semaine dernière — roman plutôt court (autour de 150 pages) et cependant si grand dans le style et le contenu ; contenu très éloigné de l'époque où il a été écrit (les années 30), éloigné des inquiétudes de l'entre-deux guerres et du monde moderne. Loin de Sartre, loin De Beauvoir, loin de Camus, loin de Céline, loin de Proust, loin de Kafka, loin de la sociologie, loin de la psychologie, loin des philosophies, loin des idéologies.

Mais alors... ce roman, qu'a t-il à nous dire ?

Certes ce n'est pas un roman à thèse, il ne cherche à rien nous enseigner. Mais tout de même, pour nous autres modernes, il peut bien, indirectement, nous interroger sur nous-mêmes.

Car de notre côté, nous avons une idée de la liberté, que nous pouvons peut-être définir ainsi : avoir le droit de choisir ce qu'on aimerait faire de notre vie et être libre de contester ce que l'on pense contestable, tout en étant capable d'agir pour cela. Et d'un autre côté, dans le roman de Hesse, ce n'est pas cette liberté que recherche son personnage Siddhartha. C'en est presque le contraire. Car pour Siddhartha (personnage principal du roman en question) notre conscience aurait justement la possibilité de s'affranchir de ces choses qui déterminent nos actions (telles notre psychologie et nos orientations spéculatives, systèmes de pensées de toutes sortes) et ainsi d'atteindre à une profonde liberté intérieure, une liberté qui ne cherche à être ni ceci ni cela, ni contre ni pour quelque chose, une liberté qui ne veut rien mais qui, comme on le dit de Dieu, est.

Et cette sorte de liberté serait apparemment la plus grande et la plus profonde de toutes les libertés, elle nous apporterait un bonheur d'exister constant, tout entier dans le présent, jamais à ressasser le passé, jamais à se projeter dans l'avenir, elle ne connaîtrait pas la peur, ni l'envie, ni la jalousie, ni la frustration, elle ne serait que beauté, joie et amour.

Utopie spirituelle ?

Peut-être pas. Pensons par exemple à cette demoiselle hollandaise, Etty Hillesum, laquelle, dans son inoubliable journal (intitulé : Une vie bouleversée) et dans ses non moins inoubliables lettres (rassemblées sous le titre : Lettres de Westerbork ), nous parle de cette liberté intérieure, qu'elle commence un jour par éprouver, et que rien ensuite ne semble entamer, pas même l'enfer nazi où elle finira par périr à l'âge de vingt sept ans.

L'incroyable transformation intérieure qu'a vécu Etty Hillesum est assez semblable à ce que vivra le personnage d'Hermann Hesse, bien que lui ne sera confronté à aucune horreur. Lui traversera une toute autre histoire, et se retrouvera un jour, après de multiples expériences de vie, devant cette difficulté : que faire de l'amour qu'il éprouve pour son enfant qui refuse son amour.

Toute son histoire est divinement bien raconter. Et pour nous autres lecteurs d'aujourd'hui, trop souvent enclin à penser que tout est politique (n'est-ce pas cela qu'on nous rabâche ?), le livre de Hesse est à l'opposé de la doxa de notre temps, laquelle prend trop de place et tend alors à atrophier la dimension spirituelle de l'humain. Un personnage comme Siddhartha irait-il jusqu'à penser que dans un monde qui croit tout est politique, la liberté est de moins en moins possible ? Je crois qu'il le dirait, et je crois bien qu'il aurait raison.

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Le Loup des steppes

Voici un roman que j'ai eu du mal à commencer, et encore plus de mal à finir ! Les états d'âme d'Henri Heller, dit le Loup des steppes, m'ont réellement paru ennuyeux, à tel point que je l'ai laissé au terme d'un de quelques dizaines de pages. J'avais pourtant beaucoup apprécié la lecture de Siddharta, du même auteur. Je vais redéposer celui-ci dans une boîte à livre.
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Le Jeu des perles de verre

En me promenant dans une librairie, je suis tombé sur ce roman dont le titre m’a interpellé : la quatrième de couverture qui évoquait Bach et la Bible m’a poussé à l’acheter. Un an plus tard, je suis tombé sous le charme de ce roman si original qui donne vie à une patrie d’intellectuels où tous les amateurs de lecture aimeraient vivre.
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Siddhartha

Je m’apprêtais à partir randonner seul sur 2 jours en itinérance. Une amie m'a demandé "Tu vas faire ton Siddartha ?". Ne connaissant pas du tout, elle m'explique que c'est un roman philosophique sur la quête de soi.

Parfait, je cherchais justement un livre léger a emporter pour cette aventure, ce sera donc celui-ci !



Me voilà donc le soir dans ma tente à lire ce récit de Herman Hesse à la frontale. Dans l’Inde bouddhiste, le jeune Siddartha cherche la sagesse absolue. Pour cela il entame une longue quête spirituelle où il va s’exerçait à diverses manières de pratiquer son bouddhisme.

Un récit riche de sagesse, surprenant par moment, avec une pointe d’exotisme. Malgré la courteur du récit, j’ai tout de même trouvé quelques passages un peu longuet. Je ne suis sans doute pas encore assez sage pour apprécié pleinement chaque phrase de cet ouvrage.

J’ai quand même passé un bon moment de lecture.

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Siddhartha

Paru en 1922, ce roman est profondément inspiré par sa connaissance de la religion ou philosophie bouddhique, connaissance transmise par sa mère née en Inde et par son séjour à Ceylan en 1911.

Siddhartha, le personnage principal du récit porte le même prénom que Siddhartha Gautama, le fondateur du Bouddhisme, ce qui peut prêter à confusion pour le lecteur distrait !

Les jeunes années heureuses de Siddhartha, issu d'un milieu aisé et cultivé, sont instruites dans l'idéologie Hindouiste, son père étant brahmane. Désireux de s'émanciper de la contrainte doctrinaire du père, il impose à celui-ci son choix de rejoindre les Samanas (moines ascètes errants), à la recherche de l'illumination et de la sagesse. Cette expérience sera la première phase de son parcours d'autodétermination. Assuré d'une pensée personnelle, son libre arbitre l'entrainera vers une autre direction quand il rencontrera le Bouddha Gotama (homophone de Gautama). Fervent admirateur de sa doctrine, il refusera cependant de se joindre à son groupe de fidèles, déclinant les contraintes du dogme et le mimétisme du groupe. Il adopte alors la vie terrestre, celle de l'humain. Il découvre la passion amoureuse, le jeu, le commerce, la propriété, le tout associé à des sentiments de jalousie, de plaisir et de cupidité. Après bien des années, enfin lassé du personnage matérialiste qu'il est devenu, il décide à nouveau de retrouver une vie intérieure sereine et réelle en se dépouillant de tout bien matériel. Ses dernières années de vie seront celles de l'acquisition de la sagesse qui n’est pas apprise, ni transmise par un maître, mais lentement et consciemment accueillie.

Un roman conte, qui pourrait s'apparenter à celui de la vie de chacun d'entre nous, humain, qui souhaite connecter son âme avec ses actes ; qui souhaite donner un accord philosophique à son parcours de vie ; qui malgré les tentations matérielles et égotiques, demeure humble dans ses actes et ses relations ; qui tend vers une certaine forme de quiétude, de conscience de soi, de son environnement et de ses opinions. Quel chemin pour arriver à la sagesse ! ?


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Siddhartha

Siddhartha - Hermann Hesse



Paru en 1922, le livre met en scène la quête spirituelle d’un personnage du nom de Siddhartha : un personnage qui se pose de multiples questions sur son existence, des maîtres qui sont côtoyés et des doctrines enseignées.



Siddharta, né brahmanes, puis devient samanas, mais souhaite encore évoluer et fera la rencontre de Bouddha. Il aurait pu suivre son enseignement, mais préfèrera se guider seul et jamais n’avoir de maître.



Ce roman initiatique à l’écriture simple et bien pensée fait écho et complète d’une certaine façon « L’équilibre du monde » de Rohinston Mistry.



L’écrivain exprime dans ce livre son amour et sa sensibilité pour la culture, les croyances, les religions et les philosophies orientales avec lesquelles il s’est familiarisé dès son plus jeune âge par sa mère indienne et pour avoir séjourné en Inde avant d’écrire ce livre.

Ce roman m’a fait également penser à « L’alchimiste » de Paulo Coehlo. Bien évidemment, Siddhartha l’a écrit avant et, les deux protagonistes de l’histoire vont poursuivre un chemin, rencontrer des personnes pour se parfaire une existence. L’écriture de ce livre est très agréable et tout aussi accessible que celle de L’alchimiste et la morale philosophique réfléchie.



Un coup de cœur.
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Knulp

Lu en 2021. J'avais beaucoup aimé retrouver la signature littéraire de l'auteur, une écriture fluide, délicate et introspective. Un bon terreau de réflexion philosophique, pour nos lycéens entre autres.

Un récit divisé en trois parties, qui relate les principales étapes de la vie d'un vagabond prénommé Knulp... À travers la quête identitaire et spirituelle de son héros, l'intime et l'universel se mélangent (profondeur des sentiments, rapports humains) : individualisme, opportunisme, liberté, désir, attachement, abandon, errance, solitude.



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Siddhartha

Lu lycéenne. Bel ouvrage sur la quête existentielle, spirituelle et la recherche de l'harmonie intérieure.

L'on ne ressort pas indemne de cette lecture, elle reste ancrée dans ma mémoire émotionnelle. Le jeune Siddhartha cherche la voie de la sagesse et du bonheur en ce monde, mais le modèle des brahmanes ne lui convient pas. Son voyage initiatique passera le renoncement aux biens matériels, l'oubli de soi, le jeûne, la solitude et la méditation... (niveau lycée)
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Le Loup des steppes

Lu lycéenne. Bien loin d'être une lecture des plus aisée, j'avais été marquée par la force humaniste et psychanalytique de ce roman, malgré le pessimisme et la noirceur de certains passages.

Harry Haller, c'est un peu notre double désenchanté : tantôt un indécrottable utopiste, tantôt un misanthrope invétéré, tout dépend des combats intérieurs menés. Les idées morbides rôdant les jours de profond désespoir, le loup solitaire préfère regagner sa tanière, se morfondre ou méditer à l'abri des regards. Mais sur le terrain de l'amour, il peut baisser les armes... Pour combien de temps ?
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Siddhartha

Un des grands romans d’Hesse, un récit initiatique et introspectif qui m’a moins marqué que ce que j’aurai pensé, et que j'ai souvent trouvé long. C’est l’histoire de Siddhartha, un jeune homme en quête de soi et de l’éveil.



Une recherche de soi qui s'accompagne par de multiples questions et sacrifices pour atteindre le bonheur. Cela entraîne une multitude d’évolutions chez un être. Siddhartha s’interrogera alors sur l’intérêt matériel et rituel, il essaiera d’abord de supprimer son “soi” afin que nulle passion ou tentation ne viennent envahir son cœur, et pour qu’ainsi se réveille un nouvel être en lui. Puis ses expériences, ses observations l’emmèneront vers d’autres chemins, vers la compréhension de soi, la volonté de vivre comme les autres hommes. La vie est longue et semée d'obstacles. Mais chaque expérience qu’il parcourra, positive et négative, lui permettra de s’approcher davantage vers lui-même, de ses réponses, de son éveil. J’ai aimé cette pensée, car il s’agit en partie d’une philosophie que j’emprunte au quotidien. Il n’existe pas de regrets, pas de mauvaises expériences. Il faut se détacher des mauvais moments passés ou qui adviendront. Mais plutôt les intégrer comme un passage nécessaire, une pierre qui pave notre chemin vers la compréhension de qui nous sommes et de notre futur. Chaque expérience, chaque moment de notre vie est important, et il faut tous les intégrer comme bénéfique pour nous, et notre développement.



Hesse aborde un sujet en particulier, le matérialisme, qui est quelque chose d’assez décisif dans la construction de chacun. Il touche tout le monde et peut agir comme un venin. Une des expériences de Siddhartha montre d'ailleurs ce passage de l'intérêt de la matérialité le plus total à la volonté absolue d’en gagner toujours plus. Un cercle vicieux qui peut changer les personnalités et les individus.



Siddhartha est d’ailleurs un héros assez hors du commun. Il s’exprime par son extrême humanité à travers ses “erreurs” humaines, sa sensibilité, sa façon d’apprendre au rythme de sa vie. Mais il paraît également très loin de nous, par ses connaissances, sa sagesse, son calme et ses réflexions. Un personnage au final assez ambivalent, mais dont nous pouvons tous nous reconnaître, d’une manière ou d’une autre.

Au final, le roman met en avant le caractère de chaque période d’une vie. Un récit initiatique qui nous plonge dans le besoin de se comprendre soi-même afin de connaître le bonheur, et ce, grâce à des expériences uniques, variées, parfois mauvaises ou bonnes, mais qui ont tous un caractère primordial et bénéfique pour nous.

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Demian

Lu en 2017. Une lecture prégnante, qui demande une certaine attention et concentration. Un roman d'apprentissage, initiatique et introspectif, d'une portée universelle et intemporelle.

C'est un récit sur les questionnements de l'enfance, des tourments de l'adolescence, jusqu'aux prémices de l'âge adulte, d'un garçon qui cherche sa place et sa voie dans le monde. Un texte qui mériterait une relecture, du moins d'être médité...
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L'ornière

Lu lycéenne. Un livre marquant de mon adolescence, que je conseillerai vivement de mettre entre les mains de ces parents qui "poussent" à outrance leurs enfants sur la voie de la réussite, afin de réaliser la leur par procuration (!)

Cultiver le génie naturel chez l'enfant ou l'adolescent, c'est tout à fait louable tant que le sujet est réceptif et surtout demandeur.

Dans cette fiction, notre jeune héros devient une véritable "bête à concours", une véritable machine à apprendre, mais ce sera sans compter sur sa volonté propre de penser, d'agir par lui-même et son caractère instable...

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Le Loup des steppes



Difficile de donner un avis définitif sur ce Loup des steppes. Une seconde lecture serait nécessaire à mon sens. En tout cas, il m’apparaît aujourd’hui comme un travail introspectif de Harry Haller, personnage habité par ses questionnements, le sens de la vie, le crédit accordé finalement à l’inanité ses savoirs et la conscience croissante de passer finalement à côté de la vie dans toute sa légèreté. Le Loup des steppes c’est un empilement de mille identités, la remise en question de la certitudes bourgeoises au profit de la légèreté des doutes qui contribuent à voir le Loup se muer en créature multiple et vivante.





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Le Loup des steppes

Harry se considère comme un loup des steppes, mi-loup mi-homme. Il se sent par conséquent inapte à la vie en société, malheureux, anxieux, vivant une vie vide de plaisirs, remplie de solitude et de mal de vivre. On découvre la vie de notre loup des steppes à travers la vision de celui qui l'héberge, par ses propres carnets, et par un feuillet analysant son comportement.



La première moitié du livre m'a vraiment plu, vraiment très touchante et impactante, car c'est celle où le loup des steppes exprime son mal-être et ses ressentis quant à la société bourgeoise, des émotions qui semblent très actuelles.



Cependant, il va vers la moitié du livre faire une rencontre qui va changer sa vision des choses et son quotidien. À partir de ce moment-là, j'ai trouvé le tout un peu plus brouillon, long voire ennuyant tellement je ne comprends pas ce qu'il se passait. Le livre reste malgré tout une bonne lecture, avec un personnage principal touchant.
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Demian

« L’oiseau cherche à se dégager de l’œuf. L’œuf est le monde. Celui qui veut naître doit détruire le monde. »



Une plongée dans le cœur de la philosophie Nietzschéenne. Conte initiatique, roman d'apprentissage, les nombreuses questions que soulève ce livre incite à la réflexion.



La rencontre soudaine avec Demian va ébranler les certitudes d'Émile Sinclair, faisant s’écrouler la compréhension du monde qu’il avait jusqu’alors. Par ses phrases sibyllines, Demian va apprendre à Sinclair à s’émanciper, sortir du troupeau, à refuser les sentiers tout tracés pour prendre les chemins hors champ. Les petites graines que Demian va semer derrière lui, plongeront le jeune garçon dans une torpeur existentielle jusqu'à l'illumination. Mais pour cela, il faudra qu'il côtoie les ténèbres, danser avec les ombres, pour pouvoir avoir enfin cette chance de remonter et d'apercevoir la lumière.



C'est une leçon de liberté, et une ode à la quête de soi qu'Hermann Hesse nous livre ici.
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Narcisse et Goldmund

J'ai un peu tardé à découvrir (lu en 2017) ce chef-d'oeuvre, alors que je lis Hermann Hesse depuis mon l'adolescence.

Ce roman d'apprentissage est d'une extraordinaire profondeur psychologique, au-delà de sa portée spirituelle et philosophique : c'est le récit d'une magnifique amitié entre deux êtres aux caractères et aux aspirations très différents. J'ai beaucoup aimé le juste équilibre entre la réflexion introspective et le récit aventureux, mais également tout ce qui tourne autour de l'affect, de l'éducation, de l'art, du profane et du sacré.

La plume de H. Hesse est d'une rare puissance, et d'une irrésistible sensualité. Je suis passée par de telles émotions, de telles fulgurances, de telles évidences... Bref, la magie des GRANDS !!

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Knulp

Un joli conte adressé aux grands enfants. Ce roman parle d’un homme libre, un homme aimé par ceux qui le connaissent. C’est l’histoire d’une confrontation, entre le choix d’une liberté physique et morale et le rappel social dans les chemins conventionnels.



Le style est doux et poétique, il est à l’image du personnage: un être vital, bienveillant et rayonnant qui cache en lui un vécu parfois triste et cru.



Ce roman est en fait comme la vie, pour ceux qui la voient avec poésie malgré les aléas d’une vie vécue totalement.
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Le Loup des steppes

Roman inclassable, histoire atypique, chroniquer et noter ce roman parait aussi absurde que de juger ou de comparer des destinées humaines. Chaque lecteur y trouvera un écho (ou non) avec son état d'esprit, sa philosophie de vie. Je pense même que selon où vous en êtes dans votre vie, le récit du personnage principal prendra un sens profond, quasi spirituel, ou sera perçu, à l'inverse, comme totalement délirant, voire psychédélique à la limite de l'absurde. Son impact sur le lecteur sera sans doute très différent selon sa manière d'appréhender son quotidien et selon le sens qu'il donne à son destin.

De mon côté, j'ai d'abord trouvé plutôt étrange l'histoire de cette homme, Harry Haller, rongé par sa solitude et son caractère totalement misanthrope, ce côté « Loup » qui finit par l'isoler du genre humain et provoquer, au fond de lui, un rejet de sa propre personne au point d'envisager sa fin. Et ce alors même que, sous un autre visage, qu'il reconnait dans une lucidité assez brillante, il est également un homme sensible et cultivé totalement imprégné des valeurs de cette société bourgeoise que son côté sauvage exècre de toute son âme. Mais, alors qu'il est au bord du désespoir devant l'inéluctabilité du geste qu'il envisage pour se libérer de ses maux, il va faire La rencontre qui va bouleverser sa vision de la vie. Cette rencontre, c'est celle d'une femme qui, en lui inculquant (ordonnant) le lâcher prise, va lui faire gouter à l'insouciance et à l'état d'ivresse provoqué par une danse ou un son mélo-dramatique. J'ai trouvé cette partie assez puissante dans la leçon que cette homme prend de la Vie tout simplement, comme s'il ouvrait enfin les yeux et voyait pour la première fois la couleur de son âme.

Puis, le récit bascule peu à peu et prend une tournure plus délirante, à l'image du comportement du personnage principal dans les expériences qu'il vit, qui semblent petit à petit le déconnecter de la réalité. J'avoue que, dans cette dernière partie, je me suis senti un peu perdu dans la tête du héros, comme si je cheminais dans les méandres de l'esprit d'un être schizophrène qui imagine sa vie et ne sait plus délimiter le réel de l'imaginaire. Ce petit côté fantastique qui m'avait aussi attiré en début de récit m'a plutôt éloigné sur le dénouement.



Au final, cette lecture me laisse un goût étrange comme si j'avais été privé de la « morale » que l'auteur a voulu retranscrire mais je reste assez admiratif de sa plume imagée et très spirituelle à la fois qui permet de rendre quasi réelles les pensées sortant de l'esprit de Harry Haller. Au delà de l'histoire, la richesse et la douceur des mots rendent cette lecture à part, finalement à l'image de chaque vie humaine, quels que soient les choix et la destinée des êtres qui l'incarne. C'est peut-être d'ailleurs cette forme « d'essentialisme » supérieur que l'auteur a voulu mettre en avant et même « au dessus », des choix de son personnage principal H.H., essentialisme qui voudrait que chaque battement de coeur ait sa valeur à part entière sans préjugé du sens que lui donne celui qui l'éprouve durant toute son existence.
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Le Loup des steppes

Le loup des steppes n'est pas un roman. Parfois essai philosophique, souvent pamphlet incendiaire sur l'époque moderne, cette œuvre est surtout une introspection très profonde de l'auteur.

On accroche ou pas. Moi j'ai été emporté par cette œuvre dont le "théâtre magique" représente pour moi un coup de maître et un des plus grands moments de littérature que j'ai connus.
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