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EAN : 9782253174967
224 pages
Le Livre de Poche (13/11/2013)
3.76/5   48 notes
Résumé :

Sa vie durant, Hermann Hesse écrivit des nouvelles : les cinq ici rassemblées - la première date de 1896, la dernière de 1949 - sont emblématiques d'une quête toujours poursuivie par l'écrivain, celle de la vérité. Et de Mon enfance, exploitant le thème de la nature, à Mon camarade Martin et la Leçon interrompue, évoquant les amitiés scolaires de la première jeunesse, en passant pa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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De ce qu'on sait de ce recueil de nouvelles, c'est qu'il a été écrit à des moments très espacés de la vie de Hesse (périodes allant de 1896 à 1949). Il relate, dans un suc d'extrême candeur, plusieurs épisodes de son enfance dans la splendeur verdoyante de Calw, sa ville natale, ainsi que dans les pourtours chatoyants du Neckar. Des faits qui, de surface, paraissent légers, mais à travers lesquels on peut entrevoir et entendre le feu qui crépite dans l'âtre de son écriture.
Des cinq nouvelles de ce recueil, je retiens 'Mon enfance', 'L'histoire de mon Novalis' et ‘Le mendiant'. Je suis même heureuse qu'elles aient été placées au-devant, jugeant les deux autres d'un fond médiocre et d'un ennui terrible. En ce sens, j'érigerai mes appréciations sur celles que j'ai citées.

La vie interrompue...

Dans 'Mon enfance', Hesse nous offre des errances bucoliques à perte de vue. Il dresse l'expression du Soi dans un décor sublime de verdure avec des descriptions eurythmiques qui enchantent le coeur par tant d'allégresse et de quiétude. Une sorte de pays de Cocagne qu'on visite au fil des pages et qu'on ne voudrait jamais quitter. Il me semble justement que l'un des talents de cet écrivain est de nous plonger dans une capsule temporelle propre à lui ; dès lors, on se retrouve comme détaché de notre vie, notre subjectivité va à la rencontre de l'auteur d'un espace textuel vers un espace littéraire qui transcende la matérialité du livre, des phrases et, voire même, des mots.

« Maintenant encore, lorsque de temps à autre, je me sens ému par le souvenir de mon enfance, c'est une image encadrée d'or, aux couleurs intenses, qui m'apparait distinctement, image où je distingue avant tout une abondante frondaison d'aulnes et de châtaigniers dans l'éclat d'une lumière matinale impossible à décrire et sur un arrière-fond de splendides montagnes. Je ne saurais évoquer en des termes plus heureux toutes les heures de mon existence au cours desquelles, oublié du monde, j'ai joui d'un bref repos, toutes mes promenades solitaires par monts et par vaux, tous les instants de bonheur inattendu ou d'amour libéré du désir qui me faisaient perdre la notion du temps, qu'en les comparant à cette verdoyante image de mon enfance. »

Pour moi, ces nouvelles constituent le creuset, le centre gravitationnel, des oeuvres existentialistes de Hesse. C'est à travers l'autobiographie rétrospective, ce retour vers l'enfance, qu'il décrit si bien le magnifique état dans lequel la flamme des souvenirs jaillit dans la combustion de son écriture.

La littérature est jalonnée par des poètes et des écrivains qui font de la nature, le tremplin, ou la condition nécessaire de la prise de conscience de leur propre Moi et Hesse n'y échappe pas. A cet effet, les descriptions des paysages de sa région natale sont comme des météores tombées du ciel, elles disposent en nous des impressions, à la fois, vivaces et très légères. C'est une délectation enivrante pour les adorateurs du lyrisme romantique.

L'air de la mère-patrie embaume le style de Hesse d'une volonté prompte à s'enflammer pour consumer notre ardeur littéraire et ses mots traversent l'espace de notre subjectivité esthétique comme une trainée de lumière. Je m'abandonnais alors à lui, sans réserve, dans sa contemplation intérieure, son rêve méditatif pour un retour vers Soi, ce que l'Être fût. À cela s'ajoute sa quête identitaire ; il n'a d'autre matière que lui-même pour mieux comprendre ce qu'il est devenu à travers les différentes séquences de sa vie.

Dans 'L'histoire de mon Novalis', l'auteur exprime son penchant de bibliophile, sa « véritable spécialité » comme il l'a souligné.

« L'intérêt et la joie que me procurent mes livres ne tiennent pas seulement à leur contenu, à leur présentation ou à leur rareté, mais à l'envie et au plaisir singuliers que j'éprouve de connaitre aussi, dans la mesure du possible, l'histoire de ces ouvrages. Par là je n'entends pas l'histoire de leur origine de leur diffusion, mais bien l'histoire particulière de l'exemplaire unique alors en ma possession »

En ce sens, Hesse raconte comment un volume de Novalis s'est retrouvé entre ses mains. L'histoire, en soi, n'est pas extraordinaire, mais l'auteur a su lui extraire une certaine beauté, un charme peut-être ? Un je ne-sais-quoi qui nous donne envie de poursuivre la lecture. de plus, il fait un travail de fin critique en citant quelques écrits de Novalis en décrivant aussi son style d'écriture : « Depuis quelques jours, il était subjugué par la force pleine de douceur que dégage le plus profond et le plus suave d'entre les romantiques, celui [Novalis] dont la langue aux tonalités sombres, saturée d'essences et d'intuitions subtiles, l'avait soumis de son plein gré à ses rythmes mélodieux. C'était une harmonie mystique, semblable au bruissement lointain d'un grand fleuve au plus profond de la nuit, dominé par une voute où fuyaient les nuages dans la lumière bleuissante des étoiles, une harmonie pénétrée d'allusions à tous les mystères de la vie et à toutes les tendresses secrètes de la pensée. »


(Critique en cours)
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Je me glisse comme je peux, où je peux. Entre les pages, entre deux mots. Je peux être encre, plume, chat, chapeau de paille, paillasson...
Voilà toute la force d'évocation d'Hermann Hesse au service des souvenirs. de l'enfance. de la nostalgie.

Et il fait ça si bien.
Narrer.
Ne pas vous laisser le choix.

Vous voici devenu son ami, l'un de ses premiers amis, souffrant, ou l'un des derniers, comme un symbole de ces belles années. Ce qu'il lui reste de vous, ce sont des lettres, parfois même moins que ça. Un parfum, une couleur, un contact. Et l'ami vit. Une page, dix pages, mais il vit !

Puis vient le père, et la silhouette ne grandit pas. C'est vous qui rétrécissez, jusqu'à loger tout entier dans la pupille d'Hesse enfant. Vous êtes la tartine abandonnée, la poussière sur la main du mendiant. de si petites choses.

Oui, pourquoi si petites ?
Parce qu'Hesse invoque des choses très fortes par de toutes petites choses. A la manière de Proust, ces souvenirs tiennent à des sensations. Et déclenchent des images, des mots à vif.

Hesse fut la découverte majeure de cette année pour moi.
Je ne comprends toujours pas comment on a pu se manquer tout ce temps, lui et moi...
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Hermann Hesse nous conte ici 5 récits puisés dans ses souvenirs qui s'étalent sur une longue période (1896 à 1949) et qui, toujours, reflètent l'interminable quête de l'homme à la recherche de sa vérité,
ici autour des thèmes de la nature, l'amitié, la jeunesse, la solitude, le savoir...
Le thème de la nature domine le premier récit « mon enfance »
Le deuxième récit « Histoire de mon Novalis » nous parle du monde des livres, de ceux qui les possèdent, les aiment ou les convoitent.
« Le mendiant » 3ème récit, pose la question de la charité où l'on voit se révéler à l'adolescent Hesse, mais à l'adolescence en général, les conflits entre richesse et pauvreté.
Les deux autres récits, « mon camarade Martin et « la leçon interrompue » évoquent la camaraderie, l'amitié, l'apprentissage à l'adolescence.
Mon préféré restera « Histoire de mon Novalis » ayant beaucoup aimé ce voyage d'un livre chez ses différents possesseurs.
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Les cinq nouvelles furent écrites lors de deux périodes différente de Hesse les deux premières entre 1896-1903 et les trois dernières 1948-1949 mais elles se lient de leur esprit du passé ou la mémoire recherche les traces de notre enfance ....Il flâne dans son esprit pour dans sa première nouvelle Mon enfance glaner des paysages de son enfance au gré de ses envies qu'il distille avec un regard lointain mais tendre et délicat....On découvre la pudeur des sentiments nobles qui l'accompagne dans ce vestige de Nature ....Hesse narre son camarade perdu dans le lointain abyme pour un dernier Hommage ....
Dans l' Histoire de mon Novalis cette mémoire celle d'un livre parcourt de main en main ces lecteurs avec force et nostalgie ...On perce la valeur de cet ouvrage de ces lecteurs de cette force qu'elle puisse dans ces pages se diffusant en nous avec plaisir ....
Le Mendiant semble revenir vers un souvenir plus particulier celui de son père face à une situation nouvelle ....Hesse aime ce détail qu'il raconte avec précision pour enfin se rapprocher de son géniteur son papa qu'il dévoile avec ses yeux d'enfants 50 ans plus tard ....on découvre ce sentiments de mémoire qui nous gravite vers des lieux des odeurs des scènes insignifiantes des émotions immuables resurgissent tel un rayon de soleil à travers la masse sombre d'un orage .....
Mon camarade Martin reste une nouvelle simple sur un moment futile d'une mémoire capricieuse ou une situation explose un souvenir lointain ..celle d'un ami perdu puis retrouvé dans les profondeurs de l'âme .....
Enfin la leçon interrompue belle fable de poésie de retenue de douceur de tristesse légère celle de ce garçon au coeur légers flânant vers une course de délation dans cette grâce d'enfant innocent ....
Merci Hesse Hermann
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Pour ceux dont la fréquentation de l'oeuvre d'Hermann Hesse est familière, ou renvoie aux années soixante ou soixante-dix, périodes qui correspondent au sommet de sa popularité littéraire parmi les publics d'Europe et d'Amérique du Nord, la lecture du recueil de nouvelles intitulé : « La leçon interrompue » sera le prétexte d'un ressourcement.

On y découvre au long des cinq nouvelles composant le recueil les fils conducteurs et obsessions de Hermann Hesse : Mon enfance ,L'histoire de mon Novalis ,Le mendiant, Mon camarade Martin ,La leçon interrompue , décrivent des souvenirs personnels relatifs à des tranches de vie bien précises de l'auteur : des traces laissées par une édition précise des oeuvres de l'écrivain Novalis, une rencontre fortuite entre son père et un mendiant, la description d'un camarade de classe ,Martin, et pour finir une leçon interrompue par un professeur qui charge Hermann Hesse de lui révéler une imitation de signature par l'un de ses condisciples sur son carnet scolaire .

Certes, le style des récits pourra paraître suranné à des lecteurs contemporains, excessivement guindé. Pourtant, l'auteur nous émerveille, comme il l'a fait dans toute son oeuvre avec simplicité, fraîcheur, curiosité. Hermann Hesse souligne dans ces récits la puissance du souvenir comme source d e création littéraire, la déformation de ce matériau, lorsque nous le soumettons à l'épreuve de la confrontation, à la vérification de sa véracité. L'auteur du Loup des steppes dénonce aussi, même si c'est entre les lignes , l'éducation autoritaire génératrice de peur et de conformisme qui régnait alors dans les établissements scolaires allemands :

« Je sais qu'il faut tenir compte du comportement particulier des garçons à un moment particulier de leur existence(…) néanmoins, je ne puis m'abstenir de m'affliger et de dénoncer certaines choses ( …)Toute ma vie, j'ai conservé une vive prédilection pour les petits écoliers et j'ai retrouvé sur leur visage rougissant l'expression de mes angoisse d'autrefois . »

Il s'inscrit parfaitement dans la tradition de la littérature allemande, des Bildungsromane, ces romans d'apprentissage popularisés par Goethe, Jean Paul. Il revendique l'influence de ce courant littéraire ; l'actualité de son oeuvre est intacte : comment vivre sa vie avec spiritualité sans se noyer dans le matérialisme ? Quelles sont les clés de la tolérance, comment trouver son alter ego amoureux ? Comment découvrir les autres pleinement ? Toutes ces questions sont évoquées avec beauté dans ses oeuvres. Un grand auteur à découvrir, ou à relire avec un plaisir inentamé.


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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Chaque fois que mes pensées remontent le cours de mon existence, je me sens envahi par une tristesse douce en songeant aux innombrables moments dont j'ai perdu le souvenir. Il n'y a plus personne qui puisse me parler de moi et la plus grande partie de mes années d'enfance repose, hors d'atteinte, dans l'insaisissable félicité de l'âge d'or, comme une chose merveilleuse dont je garde la nostalgie. Il faut ranger parmi les imperfections et les carences de la vie humaine le fait que notre enfance doive nous devenir étrangère et tomber dans l'oubli comme un trésor qu'on laisse échapper en jouant, qui passe par-dessus la margelle d'un puits et disparaît dans l'eau profonde (page 15).
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A part cela, je possède quelques volumes dont je connais le passé, soit entièrement, soit sur une période de quelques décennies. Je connais les noms de ceux qui les ont lus autrefois et de celui qui les a reliés en son temps ; grâce aux commentaires et aux notes qui y figurent, je connais leur provenance, ainsi que la date de leur acquisition. Je sais tout sur les villes, les maisons, les chambres et les bibliothèques dans lesquelles ils ont séjourné , je sais qu'ils ont fait pleurer et je connais le pourquoi de ces larmes.
Ces livres-à je les apprécie plus que tous les autres. Leur commerce a illuminé bien des heures mélancoliques de mon existence ; car le solitaire que je suis, au milieu de la société silencieuse de ses vieux bouquins, succombe aisément à la tristesse lorsqu'il voit avec quelle rapidité tout ce qui fut un jour nouveau, moderne et important ne rencontre plus que la froideur et le mépris souriant d'une nouvelle génération, ou même l'oubli pur et simple... (Histoire de mon Novalis)
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Il n'y a plus personne qui puisse me parler de moi et la plus grande partie de mes années d'enfance repose,hors d'atteinte,dans l'insaisissable félicité de l'age d'or,comme une chose merveilleuse dont je garde la nostalgie.
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Les mois et les saisons perdent leur profondeur insondable,la vie n'existe plus dans la plénitude;les fêtes,les dimanches,les anniversaires ne se présentent plus à nous comme des surprises,leur date et leur retour ont la même fixité que les chiffres des heures sur le cadran d'une montre et nous savons combien de temps il faudra à l'aiguille pour les atteindre.
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C 'est une chose délicieuse et rarement réussie que des laisser glisser jusque-là,de respirer l'air et matinal de sa prime jeunesse de contempler une fois encore,pour un instant,l'univers tel qu'il sortit des mains du Créateurs et tel que nous l'avons tous vu quand le miracle de la force et de la beauté se déployait à l'intérieur de nous-mêmes.
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