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Citations de Hisham Matar (165)


Ce qu'on laisse derrière soi se dissout. Si l'on y retourne on se confronte forcément à l'absence ou à la défiguration de ce que l'on a chéri.
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Rien ne semblait pouvoir le réjouir davantage que la présence de la poésie. Un beau vers le réconfortait, remettait le monde en ordre un instant. Il était à la fois ravivé et encouragé par le langage.
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La culpabilité est la compagne éternelle de l'exil. Elle entache chaque départ.
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Et je me rappelle le jour où cet homme qui n'était jamais à court de vers me dit que "connaître un livre par cœur est comme porter une maison à l'intérieur de sa poitrine".
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La mémoire littéraire de mon père était semblable à une bibliothèque flottante. Il aurait été impensable pour lui de ne pas être capable de se souvenir d'au moins un des poèmes de chaque poète arabe ayant compté dans l'ère moderne.
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Les invités partirent. Oncle Mahmoud et moi nous retrouvâmes seuls à nouveau. Son énergie redoubla. Il était très joueur avec ses enfants et riait bruyamment à leurs plaisanteries. Il était plus rapide que ses fils: le premier à rapporter les assiettes à la cuisine après le repas, le premier à détecter qui n'avait pas encore eu de fruits, bondissant pour approcher le compotier. C'était seulement en coulisse, dans quelque compartiment celé de son être, que semblait régner un retrait calme et résolu, une timidité peu différente de celle du croyant qui, ayant vu sa foi contestée, s'est résigné à honorer ses convictions en secret. A certains moments, au milieu de la conversation, ses pensées le plongeaient soudain dans le silence. Lorsque l'appel à la prière retentissait, il se dirigeait vers un coin de la pièce, sans se livrer à la pratique aujourd'hui populaire dans le monde arabe religieux consistant à encourager les autres à se joindre aux dévotions, déroulait un tapis sur le sol et, discrètement, disait ses prières. Sa posture alors -- silhouette mince, agilité juvénile des mouvements -- semblait constituer une tentative contre l'effacement. C'était un geste spécifique mais aussi l'illustration plus générale de la lutte immémoriale que mène l'homme contre sa propre mortalité. Il établissait une distance entre lui et le monde qui, comme la trace en forme d'éventail que laisse le filet du pêcheur lorsqu'il touche la surface de l'eau, n'était perceptible que momentanément.
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Le pays qui sépare les pères des fils a désorienté plus d'un voyageur. Il est très facile de s'y perdre. Télémaque, Edgar, Hamlet et d'autres fils innombrables, dont le drame intime égrène les heures de silence, ont vogué si loin et parcouru de si longues distances entre le passé et le présent qu'ils semblent pour toujours à la dérive. Ce sont des hommes qui, comme leurs semblables, sont venus au monde par le biais d'un autre homme, un mentor, qui leur a ouvert la porte, et qui, s'ils sont chanceux, l'a fait avec douceur, en leur adressant peut-être un sourire rassurant et en posant sur leurs épaules une main encourageante. Les pères savent forcément, ayant eux-mêmes été des fils, que la présence fantomatique de leur main restera des années durant et jusqu'à la fin des temps, et que, quels que soient les fardeaux que l'on accumulera sur cette épaule et le nombre de baisers que l'amour viendra y déposer, sans doute attiré par le désir secret d'effacer le sceau d'un autre, cette épaule restera toujours loyale, en souvenir de la main de cet homme qui a eu la bonté d'ouvrir les portes du monde. a chaque jour qui passe, le père s'enfonce plus profondément dans sa propre nuit, dans le brouillard, laissant derrière lui des lambeaux de ce qu'il a été et cette vérité monumentale et portant simple, à la fois frustrante et bénéfique -- car comment le fils pourrait-il continuer à vivre s'il ne lui est pas donné d'oublier à mesure --, cette vérité qui tient en une phrase: quels que soient nos efforts, nous ne pourrons jamais connaître pleinement nos pères.
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sa voix, qui était toujours douce, s'élevait aussitôt qu'il apprenait qu'un domestique avait renvoyé une personne dans le besoin ou éloigné d'un coup de pied un chat errant. Le règle était simple : ne jamais refuser de l'aide à quiconque, même à une bête. "Ce n'est pas ton métier de lire dans leurs cœurs" me dit-il après que j'avais déclaré dans un mélange de certitude et de honte que mendier était une profession. "Ton devoir n'est pas de doute, mais de donner. Et ne pose pas de questions sur le pas de la porte, Ne leur demande ce qu'ils désirent qu'après leur avoir servi du thé et quelque chose à manger".
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Ce qu'on laisse derrière soi se dissout. Si l'on y retourne on se confronte forcément à l'absence ou à la défiguration de ce que l'on a chéri.
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Elle tenait à tout laver à la main, parce que « les habits savonneux, c’est mauvais pour la peau ».
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« Prends une douche froide. C’est ce que faisait le Prophète — la paix soit sur lui — à chaque mauvaise nouvelle. »
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Ma condamnation silencieuse de ces frères d'exil qui ne désiraient rien tant que de s'assimiler - autrement dit, ma passion de fou furieux pour le déracinement - constituait mon serment misérable de fidélité au pays que j'avais quitté, ou, j'y pense, peut-être pas tant à la Libye qu'au petit garçon que j'étais au moment du départ
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Dans la voiture, alors que nous nous éloignions d'Ajdabiya pour gagner Benghazi et la côte, je me rendis compte que, durant toutes ces années, j'avais gardé en moi cet enfant que j'étais autrefois, son langage particulier et les détails de sa personnalité, l'impatience de css jeunes dents assoiffées de mordre dans la chair fraîche d'une pastèque, sa première pensée au réveil étant : Comment est la mer aujourd'hui ? Est-elle lisse ou agitée, avec des crêtes d'écume blanche au sommet des vagues ?
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Les pères savent forcément, ayant eux-mêmes été des fils, que la présence fantomatique de leurs mains restera des années durant et jusqu'à la fin des temps, et que, quels que soient les fardeaux que l'on accumulera sur cette épaule et le nombre de baisers que l'amour viendra y déposer, sans doute attiré par le désir secret d'effacer le sceau d'un autre, c'ette épaule restera pour toujours loyale, en souvenir de la main de cet homme qui a eu la bonté d'ouvrir les portes du monde.
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Cela, je crois, fait parti de l'intention, du processus. On fait disparaître un homme pour le réduire au silence, mais aussi pour racornir l'esprit de ceux qui restent, pour pervertir leur âme et limiter leur imagination. Lorsque Kadhafi enleva mon père, il m'enferma dans un espace pas beaucoup plus grand que la cellule dans laquelle il l'avait jeté. J'allais et je venais dans cet espace, mû par la colère d'un côté, puis par la haine de l'autre, jusqu'à ce que je sente mes entrailles se rassembler et se durcir. Et parce que j'étais jeune, et que la colère et la haine sont des émotions de jeune homme, je me fitscroire à moi-même que la transformation était pour le mieux, que c'était une forme de progrès, un signe de vigueur et de force.
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Le mot d'ordre du journal était le suivant : "L'éducation permet à la nation d'acquérir sa dignité, sa souveraineté, sa fierté. Là où le savoir se répand, la prospérité, le bonheur et la sécurité règnent. L'éducation est aussi nécessaire à l'homme que l'eau ou l'oxygène."
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Il faudrait que je me lève et que je marche un peu, me dis-je à moi-même. Mais mon corps demeurait rigide. Jamais je ne m'étais senti aussi doué pour l'immobilité.
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A l'époque, je lisais des passages des livres appartenant à mon père ou des articles de journaux dont j'étais certain qu'il les avait lus, parce que je voulais mettre mes pas dans les siens. (p. 33)
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"Ne transfère pas le poids du passé sur ton fils, lui avait-elle dit un jour.
-On ne peut pas vivre hors de l'histoire, avait-il rétorqué. Nous n'avons à rougir de rien(...)
Après un long silence, elle avait répondu: "Qui a parlé de rougir ? Ce n'est pas la honte que je veux lui épargner, c'est la nostalgie. La nostalgie et le fardeau de tes espoirs. (p. 33)
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Mon père était l'un des trois rédacteurs en chef, et il considérait clairement l'art de la fiction comme partie intégrante de l'effort national pour favoriser l'alphabétisation et l'éducation. (p. 161)
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