Citations de Hisham Matar (165)
Nul n'est plus capable de mensonges, ni n'en a besoin davantage, que ceux qui veulent que leurs chemins ne se séparent jamais.
On n'apprend pas l'humilité par l'humiliation.
L'idéalisme était pour lui [ndlr Camus] un grand fléau. Car on ne discute pas plus avec un idéaliste qu'avec la peste.
Sels l'amour et l'art ont ce pouvoir : il n'y a que dans un livre où devant un tableau qu'on a véritablement accès au point de vue de quelqu'un d'autre. Et soudain, allongé à Rome comme debout dans la Sala dei Nove, je me suis mis à douter que j'aurais écrit quoi que ce soit, que j'aurais pu écrire quoi que ce soit, si je n'avais pas aimé.
N'est-ce pas là une des définitions possibles du bonheur me suis-je dit : être attendu ?
Notre époque sous-estime l'architecture en exagérant son utilité. Nous pensons souvent les bâtiments non comme des espaces où prend forme la vie humaine, mais plutôt comme des sites dédiés à certaines fonctions et activités. Sienne résiste à cela.
Les révolutions procèdent toutes d'un élan violent et, une fois qu'on a rejoint le courant, il est très difficile de sortir des rapides. Les révolutions ne sont pas semblables à de solides portes par lesquelles passent les nations, elles possèdent une force comparable à celle d'une tempête qui balaie tout sur son passage.
je me rappelle le jour où cet homme qui n'était jamais à court de vers me dit que " connaître un livre par cœur est comme porter une maison à l'intérieur de sa poitrine ".
L'une des choses sur lesquelles l'humanité semble s'accorder est ce à quoi une prison doit ressembler et comment elle doit fonctionner.
Etre un artiste en Libye tenait de l'héroïsme. Le pays, par sa politique et ses dogmes sociaux, contrecarrait tout instinct artistique.
Les pères savent forcément, ayant eux-mêmes été des fils, que la présence fantomatique de leur main restera des années durant et jusqu'à la fin des temps, et que, quels que soient les fardeaux que l'on accumulera sur cette épaule et le nombre de baisers que l'amour viendra y déposer, sans doute attiré par le désir secret d'effacer le sceau d'un autre, cette épaule restera toujours loyale, en souvenir de la main de cet homme qui a eu la bonté d'ouvrir les portes du monde.
J'ai passé la première matinée à déambuler au hasard avec Diana Les ruelles sinueuses serpentaient selon leur propre dessein secret, gouvernées moins par quelques plan directeur d'urbanisme que par un tempérament spontané C'est du moins ce que Sienne laisse croire jusqu'à ce ce que Sienne vous laisse croire , jusqu'à ce que vous parveniez soudain à son apogée, situé en en son cœur même, une place unique en son genre: la Piazza Del Compo, que les siennois appellent simplement Il Campo.
« J’étais dans un endroit familier et, en même temps, profondément inconnu. »
Si les portraits de nos amis absents nous sont doux, (...) combien plus douces sont les lettres.
Daigne nous écrire frequemment.
Je voudrais être le fils de quelque homme heureux qui dût vieillir sur ses domaines- au lieu de cela, sa mort demeure à jamais inconnue.
Le pays qui sépare les pères des fils a désorienté plus d’un voyageur. Il est très facile de s’y perdre. Télémaque, Edgar, Hamlet et d’autres fils innombrables, dont le drame intime égrène les heures de silence, ont vogué si loin et parcouru de si longues distances entre le passé et le présent qu’ils semblent pour toujours à la dérive.
Ce que je savais — et aurais préféré ne pas savoir — ne pouvait pas être dit. Il était impossible de changer l’histoire que nous partagions, impossible d’être mère et fils au grand jour. Et cette impossibilité n’avait rien d’un obstacle — c’était une chance, plutôt.
« Ce qui se passe entre un homme et une femme, nul ne le sait. » Il regarda dehors. « C’est un secret auquel eux-mêmes n’ont pas forcément accès.
Je n’exprimais jamais d’opinion excessivement tranchée ou rigide, sauf si c’était là le seul moyen de ne pas me faire remarquer. Et lorsque quelqu’un critiquait le racisme des Anglais ou faisait subtilement montre d’une certaine autosatisfaction à compter parmi ses amis un Arabe à la peau sombre, je faisais tout simplement semblant, comme quand une personne âgée lâche un gaz, de n’avoir pas entendu.
Je n’étais pas au Caire et l’étroit canal n’était certainement pas le Nil, mais je tentai de m’imaginer vivre ici, face à cette vue, jour après jour.