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Citations de Hisham Matar (165)


Les révolutions procèdent toutes d'un élan violent et, une fois qu'on a rejoint le courant, il est très difficile de sortir des rapides. Les révolutions ne sont pas semblables à de solides portes par lesquelles passent les nations, elles possèdent une force comparable à celle d'une tempête qui balaie tout sur son passage. (p. 136-137)
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À cause du peu d'informations et de récits datant de cette période, les creux dans l'existence de Grand-Père Hamed sont en partie liés à l'histoire plus large de l'occupation. La manie du silence a perduré. Encore aujourd'hui, être libyen c'est vivre avec des questions.
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Je le reconduisis jusqu'à la porte, le regardai enjamber la flaque d'eau qui stagnait en permanence au pied des marches devant l'hôtel. Je reconnaissais le corps par la prison. Cette démarche légèrement rigidifiée que tous les prisonniers politiques partagent. Comme si l'oppression était un sédiment toxique qui demeurait dans les muscles. Cela s'exprimait par une certaine réticence. Et le grief ne semblait pas s'adresser au destin, pas plus qu'à l'idéologie, il était destiné à l'humanité en général.
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Je raccrochai et me rendis au pub du coin, commandai une pinte et m'assis à côté d'inconnus pour voir le match. À la vingt-cinquième minute de jeu, l'arbitre accorda un penalty aux Rangers. Mark Walters devait le tirer. Je le regardai prendre quelques pas de recul par rapport au ballon. Je me mis à réciter la sourate Al-Fatiha. Voilà qu'un Arabe musulman de dix-huit ans priait dans un pub anglais pour une équipe écossaise parce qu'elle avait un joueur noir dans ses rangs, qui n'était peut être pas africain, pendant que sa famille libyenne, exilée au Caire, encourageait une équipe allemande. Dieu merci, Mark Walters marqua. Deux minutes plus tard, le Bayern égalisa. Score final 3-1 pour les Allemands. Pas grave; ce n'était pas la faute du joueur noir.
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a condamnation silencieuse de ces frères d'exil qui ne désiraient rien tant que de s'assimiler - autrement dit, ma passion de fou furieux pour le déracinement - constituait mon serment misérable de fidélité au pays que j'avais quitté, ou, j'y pense, peut-être pas tant à la Libye qu'au petit garçon que j'étais au moment du départ
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J'appréciais l'indifférence de New-York. J'avais toujours considéré Manhattan comme le ferait un enfant en songeant à la mère qui l'aurait abandonné sur le seuil d'une mosquée : elle ne signifiait rien pour moi, mais elle était aussi tout. Cela représentait pour moi, dans les moments de désespoir, une issue possible, bien que fausse, vers la fin tant attendue de l'exil. J'avais les pieds lourds. Je remarquai à quel point j'avais vieilli, mais j'étais également conscient d'une juvénilité persistante, comme si une partie de mon être avait interrompu son développement au moment où nous avions quitté la Libye.
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Etre un artiste en Libye tenait de l'héroïsme. Le pays, par sa politique et ses dogmes sociaux, contrecarrait tout instinct artistique.
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Ne jamais retourner en Libye, je m'en rendais compte, revenait à m'interdire d'y repenser, ce qui ne conduirait qu'à une nouvelle forme de résistance, et j'en avais assez de la résistance.
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Je me suis toujours demandé si l'on pouvait perdre son père sans vraiment ressentir le moment exact de sa mort.
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Tous les outils qui me permettaient de sentir un contact étroit avec mon pays étaient devenus obsolètes. La rage, comme une rivière empoisonnée, avait coulé en travers de ma vie depuis que j'avais quitté la Libye. elle avait creusé son lit dans mon anatomie, dans les moindres détails. Le chagrin comme un virus. Mais, à présent, je distinguais les murs, si anciens que je ne les avais jamais remarqués avant, ces murs qui me séparaient de tous ceux que j'avais toujours connus; tous les livres, les tableaux, les symphonies et les oeuvres d'art qui avaient compté pour moi m'apparaissaient soudain comme éphémères, flottants.
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Les révolutions procèdent toutes d'un élan violent et, une fois qu'on a rejoint le courant, il est très difficile de sortir des rapides. Les révolutions ne sont pas semblables à de solides portes par lesquelles passent les nations, elles possèdent une force comparable à celle d'une tempête qui balaie tout sur son passage.
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Seul le temps peut finir par combler ce vide. Le corps de mon père est parti, mais sa place est là, occupée par quelque chose que l'on ne peut se contenter d'appeler le souvenir.
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Nos maisons inachevées sont, en d'autres termes, le reflet de notre présent. Dans le même esprit que nous les avons façonnées, elles en sont venues à nous définir.
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L'une des choses sur lesquelles l'humanité semble s'accorder est ce à quoi une prison doit ressembler et comment elle doit fonctionner.
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L'éducation permet à la nation d'acquérir sa dignité, sa souveraineté, sa fierté.Là où le savoir se répand, la prospérité, le bonheur et la sécurité règnent. L'éducation est aussi nécessaire à l'homme que l'eau ou l'oxygène.
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Le régime lybien avait interdit à presque tous les membres de la famille de mon père de sortir du pays.Il était presque impossible pour n'importe lequel d'entre eux de trouver un emploi ou de recevoir une bourse d'études. Ne voulant pas leur causer de problèmes,nous ne leur téléphonions ni ne leur écrivions jamais.
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Il faudrait que je me lève et que je marche un peu, me dis-je à moi-même. Mais mon corps demeurait rigide. Jamais je ne m'étais senti aussi doué pour l'immobilité.
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Les pères savent forcément, ayant eux-mêmes été des fils, que la présence fantomatique de leurs mains restera des années durant et jusqu'à la fin des temps, et que, quels que soient les fardeaux que l'on accumulera sur cette épaule et le nombre de baisers que l'amour viendra y déposer, sans doute attiré par le désir secret d'effacer le sceau d'un autre, cette épaule restera pour toujours loyale, en souvenir de la main de cet homme qui a eu la bonté d'ouvrir les portes du monde.
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Dans la voiture, alors que nous nous éloignions d'Ajdabiya pour gagner Benghazi et la côte, je me rendis compte que, durant toutes ces années, j'avais gardé en moi cet enfant que j'étais autrefois, son langage particulier et les détails de sa personnalité, l'impatience de ces jeunes dents assoiffées de mordre dans la chair fraîche d'une pastèque, sa première pensée au réveil étant : Comment est la mer aujourd'hui? Est-elle lisse ou agitée, avec des crêtes d'écume blanche au sommet des vagues?
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Ma condamnation silencieuse de ces frères d'exil qui ne désiraient rien tant que de s'assimiler -- autrement dit, ma passion de fou furieux pour le déracinement -- constituait mon serment misérable de fidélité au pays que j'avais quitté, ou, j'y pense, peut-être pas tant à la Libye qu'au petit garçon que j'étais au moment du départ.
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