Bref extrait de Spartacus, de Stanley Kubrick, d'après le livre de Howard Fast
J'écoutais cette description sans vie et sans âme, tellement conventionnelle, qui correspondait à l'idée que Summers se faisait d'une femme : ces lieux communs qui ne décrivent rien, qui ne suggère rien, qui s'accumulent ; tous ces mots et tous ces préjugés, comme du linge empilé dans une armoire déjà trop pleine et qu'on ne déplie jamais. J'écoutais, tout en observant Summers ; et je devinais presque ce qu'il allait dire.
Les émigrants n'avaient pas du tout conscience du rôle qu'ils jouaient. Ils ne rêvaient pas l'histoire, ils ne se voyaient pas comme appartenant à l'histoire. Ils participaient à une certaine mythologie du pays où ils allaient, mais de la réalité de ce pays, ils ne connaissaient pas grand chose. La misère les absorbait. La nausée aussi. Et l'angoisse qui leur serrait le ventre.
Le mot freedom - liberté-, savez-vous d'où il vient? Du vieux saxon, free (libre), et doom (mort). Alors, songeons à ce qu'il a signifié: le droit pour tout homme de choisir la mort plutôt que la servitude. Ainsi aucun homme ne pouvait être réduit en esclavage, puisque le pouvoir de mourir demeurait entre les mains de chacun. Même si on lui confisquait tout le reste, il restait maître de son destin.
Au fond de sa conscience réveillée, le général Wessels comprenait vaguement la faillite de sa politique : il avait non seulement failli à l’exécution des ordres reçus, mais laissé s’échapper des prisonniers dont il avait la charge. Vision intérieure qui réduisait en miettes tout le délicat édifice de sa discipline, de son éducation, de ses connaissances, de sa maîtrise de soi, et le laissant en proie à une fureur d’aliéné.
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Samedi 27 septembre. Levé tard, je me suis habillé sans me presser et je suis allé me promener dans Central Park. Il faisait un temps merveilleux, une de ces journées comme New York en connaît exceptionnellement et surtout, à ce qu'on m'a dit, aux mois de septembre et d'octobre. De l'ouest, soufflait une brise sèche et délicieuse. Et dans l'air, il y avait un goût de miel, d'amour et de jeunesse. Un jour comme celui-là, l'homme seul se sent triste, perdu et l'âme maladive. Cela m'atteignit comme un coup de poignard, que je ne désirais qu'une seule femme au monde et n'en désirerais jamais d'autre - sans que rien puisse la remplacer. Je ne l'esquivais pas, j'osais me l'avouer, le reconnaître pleinement. Car dans mon indigence, alors que je n'avais ni dignité, ni fierté, ni aucun don, qu'au moins j'aie cela : d'aimer. Dans un univers où la saleté nous encroûte et l'honnêteté se fait rare, c'est un bien précieux, croyez moi, même s'il a fallu attendre trente six ans pour l'avoir.
Une arme est pourtant une chose anormale, M. Morgan. Un instrument de meurtre. Nous ne la considérons plus ainsi, parce que l'arme est devenue le symbole du monde où nous vivons.
Qu'est-ce que l'humanité? A-t-elle la moindre signification, n'est-ce pas un simple accident de la nature, un bouleversement de la structure moléculaire? Je sais que tous, vous vous êtes posé la même question. Qui sommes-nous? A quoi sommes-nous destinés? Quelle est notre raison d'être?
L'un prétendait que, tôt ou tard, il y aurait trop d'hommes sur la terre; un autre disait que nous finirions par nous massacrer mutuellement, et la bombe atomique rendait cette prédiction très plausible.
- Est-ce si difficile de s'en apercevoir, Mack ? Vous êtes amoureux, mais pas d'une manière saine, comme pour la plupart des gens. Non, chez vous c'est une maladie de l'âme.
- Et qui est-ce que j'aime, Irma ?
- Sylvia, me répondit-elle. Et je m'en suis aperçu, la première fois que vous avez prononcé son nom.
Avec les bisons disparaissait tout ce qui avait été l'Indien des Plaines