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Citations de Hubert Selby Jr (215)


Harry prenait le métro deux fois par jour maintenant. Pas seulement pour se prouver qu'il pouvait s'abstraire au milieu des hordes qui l'entouraient, mais parce qu'il aimait le frisson et le sentiment de puissance qui s'emparaient de lui lorsque la rame pénétrait à toute vitesse dans la station ; il la regardait approcher, hypnotisé, attiré par elle, les oreilles pleines du vrombissement qu'elle faisait et, tandis qu'elle passait devant lui dans un bruit de tonnerre, il sentait le vent lui fouetter le visage. Ses narines étaient pleines de l'air qu'elle déplaçait devant elle, et il pouvait presque distinguer la couleur des yeux du machiniste.
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Harry continua de travailler, enfermé dans son bureau, son oasis, son havre de paix, son refuge.....
..... mais il savait qu'il ne pouvait s'empêcher de sortir de temps à autre, qu'il ne pouvait renoncer à ses virées dans ces bars dégueulasses où il levait quelque loque humaine répugnante pour y déverser son poison et ensuite essayer de vomir la pourriture infernale qui lui rongeait les tripes...
Oh, Seigneur, quelle pourriture !
Cette pourriture noire et suppurante qui le dévorait, et cette puanteur qui se dégageait de ses propres entrailles et lui emplissait les narines.
Et plus il passait de temps sur le canapé du Dr Martin, plus les choses empiraient. La noirceur qu'il sentait en lui remontait peu à peu, enveloppait sa tête dans un carcan qui se resserrait toujours davantage, jusqu'au moment où, croyant devenir fou, il sortait dans les rues et allait baiser une autre connasse pleine de boutons.
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Oui, cette foutue pluie. C'est toujours au mauvais moment qu'il pleut. On se propose de faire quelque chose ou d'aller quelque part et il pleut. C'est toujours comme ça. Tiens ! Le Quatre-Juillet on me permet d'acheter des pétards et il pleut toute la journée. Quel temps de merde. Un seul jour de fête à pétards dans cette putain d'année et il pleut justement ce jour-là. C'est peut-être la seule fois où il a plu le Quatre-Juillet. En tout cas la seule fois que je me rappelle. Toujours ma putain de malchance, quoi. Pas commode de garder la mèche au sec pour pouvoir allumer les pétards. S'il avait plu un grand coup, comme vache qui pisse et qu'après il eût fait beau, passe encore. Non, c'était une petite pluie fine, pendant toute la journée. Et puis, bien sûr, le lendemain il a fait un temps radieux. Un gros cochon de soleil brilla toute la journée, comme un gros cochon de soleil.
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Est-ce qu'ils sont heureux parce qu'un innocent n'est pas condamné à tort. Diable non. Vous pouvez parier votre trou de balle qu'ils ne le sont pas du tout. Krist ils s'en foutent. La seule chose qui compte pour eux c'est qu'ils ont raté leur coup. En rentrant chez eux ils foutent sans doute une tatouille à bobonne et aux lardons. Puis ils se demandent ce qu'ils auraient dû faire pour obtenir une condamnation. Le cave était innocent. Et alors ? Et leur carrière ? Qu'un prévenu soit libéré, ça leur nuit, même s'il est innocent. C'est pas avec des échecs comme ça qu'ils s'installeront dans le manoir du gouverneur. Quant à ces messieurs les avocats de la défense, qu'est-ce qu'ils font. Rien. Ils lèchent le cul du juge. Ils ne se contentent même pas de fermer les yeux. Ce serait inutile. Ils agissent sans se soucier de personne. Ils ne prennent même pas la peine de faire semblant. Rien ne les y oblige.
aaaaaaaah merde ! Qu'ils aillent tous au diable. Je m'en vais les liquider tous. Tout ce système pourri. Quand j'en aurai fini avec ces gonzes tout le monde saura combien le système est pourri.
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On finit toujours là où a commencé. Quoi qu’il arrive. On revient tout droit au cloaque. Même quand on dort vingt-quatre heures, on revient exactement à son point de départ. Pendant les vingt-quatre heures suivantes on se morfond en attendant le sommeil. Assis au bord de sa couchette, ou n’importe où, on regarde le mur devant soi. Cette foutue veilleuse clignote et on a les yeux ouverts.
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Et ces vieux dingos qui passaient toute leur foutue existence à regarder les étoiles et toutes ces conneries pour deviner leur avenir(..)
Et à quoi ça leur a servi ? A calculer ou serait Mars dans dix mille ans. La belle affaire. Krist, quelle perte de temps imbécile. Et à quoi ça leur a servi ? à quoi donc ? Quand ils ont calculé toutes ces conneries ils étaient morts ou encore assis sur leur cul, la tête en l'air et l'oeil rivé au ciel. ils en revenaient là où ils avaient commencé.

On finit toujours là où on a commencé.
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Pendant des semaines Tyrone avait cru mourir d'une minute à l'autre, ce qui ne l'empêchait pas, souvent, d'avoir peur de ne pas mourir.
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Quand quelqu'un en avait trouvé il lui fallait la ramener sain et sauf à sa piaule, quelque part où il pourrait se shooter sans qu'un inconnu enfonce la porte et lui fauche sa came, ou le tue, ou qu'il le tue, s'il ne voulait pas perdre quelque chose de plus précieux, en l'occurrence, que la vie, car la vie, sans cette came était pire que l'enfer, pire que la mort, laquelle constituait plus une délivrance qu'une menace, tant cette lente agonie était effroyable.
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les drogues et les électrochocs de toute façon avaient effacé de sa mémoire jusqu'au mot Dieu.
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La seule fois qu'il avait vu quelqu'un de si emballé, de si excité c'était quand on avait parlé à un vieux camé d'une merde de première et qu'il avait assez d'argent pour s'la payer.
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Quand tu connais la rue, et qu't'évites les dingues les cinglés d'poivrots qui s'promènent vec des couteaux d'boucher et des flingues c'est qu'une ballade, mais t'as quequ'chose qu'un aut'a envie t'as des ennuis jim. C'est pus seulement l'bitume et l'goudron... c't'avec tous ces putains de loufs qu'la rue vous fabrique qu'tu dois t'colleter. Un tout seul ça vah. Mets-les ensemb' et t'les a tous su'l'doh ces culés d'loufs jim et faut faire gaffe à tes fesses. Quand t'as quequ'chose qu'un aut'a envie t'es dans les ennuis, et quand c'est avec d'la merde qu'tu t'ballades t'es dans d'sérieux ennuis. Meerde. C'est chiant jim, mais la seule façon d'les avoir ces rues c'est d'les faire bosser pour vous. Faut les talonner ces culées mec.
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Il se dégagea rapidement et s'étendit sur le côté, en lui tournant le dos, il agrippa l'oreiller des deux mains, le déchirant presque, le visage enfoui dedans, prêt à pleurer ; l'estomac soulevé par la nausée ; le dégoût semblait s'enrouler autour de lui comme un serpent, lentement, méthodiquement et retirer douloureusement toute vie de son corps, mais à chaque fois que cela approchait du moment où une simple petite pression mettrait fin à toutes choses : la vie, la misère, la douleur, cela cessait de le serrer, mais la pression subsistait et Harry était là, le corps seul vivant par la douleur, l'esprit malade de dégoût.
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La gloire d’avoir connu quelqu’un qui s’était fait descendre par les flics pendant un casse était le plus grand évènement de sa vie et un souvenir qu’il chérissait comme le ferait un invalide vieillissant, à la fin d’une vie décevante, pour un but décisif marqué au cours du dernier match de la saison.
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Pour continuer à vivre, il lui fallait prendre conscience de la réalité et s'y résigner à contrecœur, non sans déchirement d'ailleurs, et cette prise de conscience l'obligeait à mentir, ce qui entraînait d'autres mensonges, d'autres accommodements et d'autres réévaluations. Ce n'était pas avec la morale généralement admise que Harry se voyait contraint de faire des compromis, mais avec son éthique personnelle.
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La gloire d/avoir connu quelqu/un que la police avait abattu pendant un braquage était le plus grand événement de sa vie et un souvenir qu/il chérissait comme un vieil impotent, au bout d/une vie décevante, chérirait un essai gagnant marqué à la fin du dernier match de la saison. (p. 33)
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Il savait qu'il n'avait pas à se soucier de vomir. Plus maintenant. Il en avait fini désormais...
... désormais, la nausée était plus amie qu'ennemie. Elle était persistante, constante, mais ne menaçait plus de lui jaillir par la bouche. Elle était là, c'est tout, en lui, à travers lui, partout.
Il savait qu'elle serait toujours là.
Qu'elle ne le quitterait jamais.
Quoi qu'il lui arrivât, où qu'il fût, où qu'il allât, quoi que le monde fît, il pourrait se fier à cette compagne aussi constante que l'étoile polaire.
Oui, voilà au moins une chose sur laquelle il pouvait toujours compter.
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_Quels sont vos projets, maintenant que cette affaire est réglée ?
Continuer ma...notre croisade.
_Quelle sera la prochaine phase de cette croisade ?
Déterminer pourquoi on remet des armes à de tels individus avec la permission de s'en servir. En d'autres termes, il s'agit d'étudier dans tous ses détails, la procédure suivie actuellement pour juger si un homme offre les qualités requises pour faire un fonctionnaire de la police.
Nous espérons ainsi éviter que des incidents de ce genre se produisent de nouveau.
Voyez-vous, messieurs, l'affaire d'aujourd'hui n'est qu'un élément superficiel. D'abord, nous ignorons totalement ce que ces deux malades mentaux ont fait d'autres pendant qu'ils appartenaient à la police.
Ce que nous savons est déjà assez accablant : la destruction d'une mère. Et ça ne s'arrête pas là. Pensons à la famille de cette jeune femme. Pensez à la tragédie qui la frappe. Et les familles de ces deux hommes eux-mêmes ?...
... rien ne nous permet d'évaluer les dégâts que ces deux malades ont faits. C'est tragique. Extrêmement tragique.
Mais si on s'en donne la peine, on peut empêcher que cela se produise de nouveau.
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Quand le quatuor de mouches cessa de voleter, se reposa et se rafraîchit en suçant le miel succulent, il observa, fasciné, la torsion spasmodique des muscles accompagnés constamment par un halètement de plus en plus sonore et profond.
Puis il perçut un nouveau son qui ponctuait le halètement ainsi que le bourdonnement lyrique subsistant dans sa tête.
C'était le staccato des battement du cœur. Puis les muscles se crispèrent et le plus beau de tout les sons l'emporta sur cette musique : des hurlements.

Il écouta avec joie pendant plusieurs minutes puis ramassa lentement les aiguillons électriques et marcha vers ses bêtes en les regardant droit dans les yeux.
_Allons, allons, moins de bruit. Qu'en dirait les voisins ?
Un ricanement le secoua.
_Ce Rembrandt, combien de millions l'a-t-on payé ?
Quels que fussent le prix et la beauté du tableau, il ne pouvait pas être plus passionnant que cette scène-ci.
Que pourrait-il exister de plus beau que ces yeux terrifiés ?

Il hoqueta, nageant dans l'extase, se dorlotant de ce spectacle en écoutant la divine musique des mouches qui suçaient le miel sur leurs dards, la douce cacophonie de leurs gémissements étranglés, les battements affolés de leurs cœurs en panique.
Rien n'est plus beau que dans les yeux de celui qui regarde, vous ne savez pas ça ?
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Pan, pan. Je t'ai eu.
Non, t'as raté.
Menteur, je t'ai eu en plein entre les yeux
Il sourit, ricane bruyamment, s'allonge sur la couchette, court dans le parc en se tapant la cuisse et en faisant claquer la langue, à la fois cheval et cavalier.
Il reçoit une balle au sommet de la colline, la dévale en roulant sur lui-même, rampe derrière un arbre ou un buisson, tire sur les sales Peaux-Rouges, sur le shérif ou sur quiconque le poursuit.
Caché derrière l'arbre ou le buisson, il se sert du fusil qu'il a décroché de sa selle en tombant de sa monture. Il tire sur les poursuivants, rate de temps en temps et parfois la balle ricoche sur un rocher. L'autre cavalier met pied à terre et riposte coup pour coup. Bientôt tout le monde rampe, court, se cache, tire.
Chaque jour, avant le début du jeu on braille tous "je suis un mauvais gars --- je suis un bon gars". En quelques secondes il s'est formé deux camps, on court, on trotte, on tire. Les balles sifflent. On se tape sur les cuisses, on claque la langue, les chevaux galopent, leurs fers écrasent l'herbe autour des buissons et des arbres.
De temps en temps on saute par-dessus une taupinière ou on franchit d'un bond un arbre abattu. On tire brusquement sur les rênes pour éviter la piqûre d'un serpent à sonnette. Finalement on s'allonge dans l'herbe, près d'un ruisseau, d'une mare, et on regarde le ciel pendant que le cheval apaise sa soif. L'herbe chaude embaume l'été. Monture et cavalier reprennent des forces pour recommencer la poursuite ou reprendre une fuite éperdue.
Et ces batailles dans la 72e rue, des centaines de gosses grouillaient dans cette rue, semblait-il, tous armés de pistolets faits avec du bois de cageots d'oranges. On ajustait deux morceaux de bois à angle droit et on tendait un élastique d'un bout à l'autre du plus long. Avec ça on tirait des bouts de carton pliés en deux...
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[ Maria, à l'hôpital, défigurée par un Jet d'acide, le visage bandé.]

La femme devinait que Maria était au bord des larmes, Eh faut pas t'en faire, t/es une brave gosse. Y vont t'arranger ça impeccab. Vraiment, tu verras, tu seras comme neuve.
Je sais pas pourquoi jsuis si mauvaise. Ma maman elle pleure, ma grand-mère elle pleure...y ont cassé la figure à mon copain et -
C'est pas ta faute, t/as rien fait, jt'assure. Jsais bien juger la nature humaine moi et jsais que t/as rien fait.
Mais tout le monde pleure-
Eh, qu'est tu crois, c'est sûr ça, une mère ça pleure quand ses gosses y sont à l'hôpital. Sûr qu'elle pleure. Y a deux ans mon dernier y a eu les amygdales, juste ici, l'étage en dessous, tu crois que j'ai pas pleuré ? Eh comment que j'ai pleuré. C'est normal petite.

(écrit tel quel...)
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