Citations de Hugh Howey (453)
De temps à autre, un fruit-bombe sifflait au dehors et nous nous crispions tous de peur. Même si nous avions un toit sur la tête pour nous protéger.
Ca lui évoquait une cérémonie inaugurale, un grand tralala où l'homme venu couper le ruban avec ses grands ciseaux se voyait remercier pour le dur labeur d'autres personnes.
Qu'est-ce qui passe par la tête d'un homme qui attend là son bannissement ? Ce ne pouvait être seulement de la peur, car Juliette avait déjà goûté à ce sentiment-là. Non, ce devait être au-delà de la peur, une sensation absolument unique, le calme par-delà la douceur, ou la torpeur par-delà l'épouvante. L'imagination nétait tout simplement pas de taille à comprendre des sensations étrangères et uniques en leur genre, se dit-elle. Elle ne savait qu'atténuer ou accentuer ce qu'elle connaissait déjà. Ce serait comme d'expliquer à quelqu'un ce qu'on éprouve quand on fait l'amour, ou qu'on a un orgasme. Impossible.
Il avait dans ce regard comme le reflet de tous les ennuis qui allaient bientôt se produire.
[...] Juliette se demanda si elle allait se mettre à parler aux objets. Si elle allait devenir folle. Absorbée par les ténèbres, elle s'aperçut que son état d'esprit changeait à vue d’œil. Résignée à mourir la veille, elle craignait désormais de perdre la tête. C'était un progrès.
Elle se tourna à demi, arborant un sourire amer :
- Et qu'est-ce qui te fait croire que nous sommes le bon camp ?
2110
Silo 1
Troy faisait une partie de solitaire lorsque le silo 12 s'effondra. Ce jeu avait quelque chose de merveilleusement abrutissant. Son aspect répétitif tenait la dépression à l'écart avec plus d'efficacté que les pilules. L'absence de capacité requise l'entraînait au delà de la distraction, au royaume de l'hébétude la plus complète. La vérité, c'était que le joueur perdait ou gagnait dès l'instant où les cartes étaient distribuées. Le reste ne consistait qu'à découvrir ce qu'avait choisi l'ordinateur.
Des années de pilotage et de pratique des ordinateurs lui avaient appris au moins une chose : il y avait toujours une machine qui déconnait. Toujours.
Mais on ne vous dit pas ce qu'il en est de vivre avec les cliquetis et les grincements et les petits bruits en arrière-plan.
Des pas matinaux résonnèrent dans l'escalier en colimaçon, lui permettant de faire une pause, et ils se tournèrent tous deux vers le bruit de la vie, le bruit du jour qui s'éveillait. Et là, elle sut qu'il était temps de commencer à chasser les images de mort de son esprit. Du moins de les enterrer pour un moment.
Aucune règle ne stipule combien de temps il faut fréquenter les gens pour savoir qu'on les aime.
Mourez sans bruit et vous êtes un chiffre. Mourez de façon spectaculaire et vous êtes un nom.
Quel Dieu créerait tant de pierre au-dessous, tant d'air au-dessus, pour ne placer qu'un misérable silo dans l'entre-deux?
On peut hair au moment où on met en joue et aimer à la seconde où on baisse son arme.
Je sens le recul de mon fusil quand il prend une vie.(...) Je sens l'odeur métallique du sang des soldats qui espèrent encore et appellent de leurs cris un médecin, j'entends ceux qui n'y croient plus et hurlent après leurs mères tandis que ceux qui ont une arme font pleurer dans l'autre camp.
Les types de la NASA se comportent bizarrement avec les trucs qui leur font peur. Les formes de vie inconnues les rendent vraiment nerveux et pourtant, ils ne parlent que de ça. Comme les ados avec le sexe.
J'aurais aimé savoir ce que traversait mon père ce jour-là. Je l'ai haï de s'épancher sur le mauvais objet. Mais je comprends à présent qu'il pleurait pour tout ce qui arrivait. Il pleurait pour moi. Parce que je partais à la guerre. Parce qu'il était plus que probable qu'il ne me revoie jamais.
N'était-ce pas ce que les gens faisaient? Chercher chez les autres ce qu'ils espéraient ou craignaient de trouver en eux-mêmes?
P.532
p.402.
[…] parce qu’une vie passée dans l’enfermement devient intolérable, et alors gravir une colline, même si on se dirige vers sa propre mort, est un besoin urgent.
Mieux valait rejoindre un fantôme qu'être hanté par lui. Mieux valait mourir que vivre ce vide…