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Critiques de Hugo Paviot (32)
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Les oiseaux rares

J'ai achevé la lecture du livre Les oiseaux rares d'Hugo Paviot il y a déjà quelques jours et je garde bien en tête les personnages de cet ouvrage aux thèmes multiples – et tellement d'actualité – qui ne laissera pas le lecteur indifférent.



Les chapitres, assez courts, sont composés de phrases également courtes. Il n'y a pas de dialogues, chaque conversation ou émotion étant relatée par les personnages respectifs. Ce style indirect peut surprendre le lecteur au départ, mais une fois happé par l'histoire, celui-ci n'en fait plus cas. Au contraire, il peut ainsi mieux appréhender ce qui se passe réellement dans leur tête.



On découvre ainsi Sihem, jeune Franco-Algérienne de 23 ans, décrocheuse scolaire, qui tente de reprendre ses études dans un microlycée. Son enfance difficile l'a laissée particulièrement cabossée et mal dans sa peau. Cette fois elle veut y croire, car dans ce lycée heureusement, « on considère les enfants comme des personnes. On a le droit de parler comme on veut. On a le droit de rêver ».



Le hasard faisant parfois bien les choses, elle est hébergée dans une résidence pour seniors autonomes. C'est là qu'elle croise Émile, un octogénaire surnommé Zapata. Dès leur première rencontre, quelque chose les attire l'un vers l'autre. Peut-être est-ce leur parcours difficile ou leur solitude ? Zapata le résume ainsi : « Toi et moi on est pareil. Moi aussi je suis métis. Moitié vivant, moitié mort. Alors je te comprends. » Peu à peu, ces oiseaux rares vont s'apprivoiser, chacun aidant l'autre à avancer.



À Alger, de l'autre côté de la Méditerranée vit le jeune Achir. Malmené par la vie lui aussi, il travaille chez son oncle et vit de petits trafics. Son existence est morose, ses nuits peuplées de cauchemars et il sait qu'il devra sans doute s'exiler comme tant d'autres l'ont fait avant lui pour prendre enfin son destin en main.



L'intrigue se noue doucement et le lecteur se demande comment l'auteur va pouvoir rapprocher des êtres à la fois aussi ressemblants et aussi éloignés.



Deux autres personnages clés vont aider Sihem à prendre sa vie en main. Pour Hélène, sa professeure de français, les élèves « sont des oiseaux qui ne savent pas encore qu'ils peuvent voler ». Dans l'anarchie organisée du microlycée, son but est de redonner confiance à ces jeunes déscolarisés, même si « elle a parfois l'impression d'être Don Quichotte qui se bat contre des moulins ». Grâce à elle, Sihem va reprendre le goût des études et découvrir et aimer la littérature. Hélène saura aussi trouver les mots pour la faire revenir au lycée lorsqu'elle reçoit son appel à l'aide.



Toute aussi généreuse et bienveillante, Rose, la directrice de la résidence chouchoute ses pensionnaires, venus de tous les horizons : Zapata, Raymonde, Madeleine, Monsieur Ving et tous les autres. Chacun est arrivé avec son vécu et ses souvenirs ou, comme Zapata, toute sa vie dans quelques cartons empilés dans son appartement.



Peu à peu, naît une amitié improbable mais réelle entre Zapata et Sihem. Le lecteur ne peut que sourire lorsque Zapata fait découvrir la géographie de la France à Sihem grâce aux cartes de restaurant qu'il a accumulé pendant des années dans une boîte à chaussures. Il la motive, la pousse lorsqu'elle doute ou se trouve nulle : « Toi tu n'a pas peur de te montrer comme tu es. Tu peux encore rêver de rester toi-même. C'est le plus beau des talents. »



Avec l'aide d'Hélène et de Rose, Zapata lance l'idée d'un voyage en Algérie et parvient à convaincre une Sihem réticente : « Pour avancer il faut deux jambes. Tu en as une ici, et une là-bas. » Et c'est ainsi que les destins d'Émile, de Sihem et d'Achir vont se croiser sur l'autre rive de la Méditerranée.



Avec eux, nous partons en voyage et prenons grand plaisir à découvrir Alger la Blanche, son front de mer, sa Casbah et ses dédales de rues. Achir, leur guide et ange gardien, est trop heureux de leur faire découvrir les lieux qu'il affectionne par-dessous tout, comme le petit port de la Madrague et les magnifiques ruines romaines de Tipaza. Une soirée avec des amis d'Achir leur fait réaliser à quel point les jeunes Algériens « sont pleins de rêves pour leur pays mais semblent résigner à ne pas les voir se réaliser ». Sans vouloir divulgâcher le dénouement, ce voyage se révèle être un tournant pour Sihem, Zapata et Achir. Zapata a pu se décharger de ses secrets et il est prêt pour le dernier acte de ses aventures sur cette terre. Sihem, enfin apaisée, sait qu'elle va pouvoir voler de ses propres ailes. Elle n'est plus l'animal blessé qu'elle était lors de leur première rencontre.



Ce roman est un ouvrage qui fait du bien, sans mièvrerie aucune selon moi. Les personnages sont attachants et pleins d'humanité. Au fil des chapitres, nous partageons leurs moments difficiles, leurs peines, leurs doutes mais aussi leurs petites victoires ou joies quotidiennes. Et nous nous disons que finalement, avec plus de bienveillance et d'entraide et moins de préjugés, il devrait être possible à chacun de trouver sa place dans la société.



Merci à Babelio et aux Éditions du Seuil de m'avoir permis de découvrir ce beau premier roman d'Hugo Paviot.



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Les oiseaux rares

Je remercie Babelio pour l’envoi de ce roman. Le roman m’intriguait beaucoup, le résumé également alors je suis ravie de l’avoir trouvé dans ma boite aux lettres le mois dernier! J’ai vraiment été contente d’avoir pu lire ce roman! J’ai passé un excellent moment, bien que j’ai eu parfois un peu de mal, je vous expliquerais pourquoi ensuite, mais j’ai vraiment beaucoup aimé cette histoire que j’ai trouvé vraiment très touchante!



Commençons par le point « négatif » qui n’en ai pas vraiment un au final. J’ai juste eu un peu de mal par moment avec le style de l’auteur, son écriture. J’avais surtout du mal avec le fait qu’il n’y a aucun dialogue. Ça m’a quelque peu déroutée au début bien que j’ai fini par m’y faire au fil de ma lecture, à force ça ne m’a plus dérangé. Mais je vous avoue qu’au début ça m’a vraiment perturbé. J’avais l’impression de ne pas avancer, de lire des gros blocs à chaque page. Mais comme je vous le dis juste au dessus, à force d’avancer dans ma lecture ce point a fini par ne plus me déranger.



Les oiseaux rares est un roman extrêmement touchant. On va suivre Sihem, jeune femme de 23 ans en décrochage scolaire total qui va reprendre ses études dans un micro lycée, Emile, un vieux grincheux qui va se prendre d’affection pour la jeune Sihem, Achir, jeune algérien mais aussi Héléne, professeur dévoué à son métier et Rose, directrice du foyer où Sihem et Emile réside. Tous ces personnages ont leur histoire et tous ces personnages m’ont touché à leur manière. J’ai eu un énorme cour de coeur pour Emile, alias Zapata et Sihem. Cette amitié entre les deux était si belle et touchante qu’il est dur de ne pas les apprécier. Ils se sont parfaitement bien trouvés.



J’ai vraiment été touchée en plein cœur avec cette lecture. Et surtout à la fin, évidemment je ne vous raconte pas pourquoi sinon ça serait du spoil, mais j’ai même versé une petite larme ne finissant le roman. Je n’ai pas l’habitude de lire ce genre de roman. Mais ce fut vraiment une belle découverte et je ne regrette pas d’avoir pu le découvrir!



Pour un premier roman l’auteur nous offre un roman plein d’espoir, avec des personnages qui ne voit que le bien chez l’autre, à faire des actions pour rendre le monde plus beau qu’il ne l’est, qui soutiennent les autres. Il est clairement impossible de rester insensible aux différents personnages qu’il nous propose. Des personnages qui s’illuminent au fil des pages et au final on se rend compte que chaque personnage est un véritable oiseau rare.
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Les oiseaux rares

L'histoire croisée de Sihem jeune étudiante un peu perdue, habitant Vitry sur Seine ; un vécu déjà compliqué et un avenir compromis. Sauf qu'elle intègre un lycée qui lui permettra d'envisager un futur plus souriant. Des rencontres opportunes notamment avec Émile qui lui donnera le p'tit coup de pouce qui lui manquait, en plus des sentiments d'un grand'père qu'elle n'a pas.

De l'autre côté, Achir : jeune Algérien qui rêve d'un autre monde.

Beaucoup de personnages dans ce roman qui nous emmène alternativement de Vitry vers l'Algérie. Un récit simplement écrit qui évoque avec justesse les émotions, les difficultés, les craintes et les envies de chacun.e. Un dénouement un peu étonnant, empreint d'humanité et qui pose question....peut-être l'objet d'une suite ?

Un agréable moment de lecture et une découverte intéressante grâce à Masse critique de Babelio. Merci
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Les oiseaux rares

Les oiseaux rares

Sihem est une écorchée vive, elle est fragile, non pas comme une orchidée mais plutôt comme une grenade dégoupillée, elle pourrait te peter entre les doigts sans sommation. Émile dit Zapata est un vieux monsieur qui vit dans une résidence. Fatigué par la vie, il n’a plus rien à en attendre. La rencontre de ces deux-là va les changer de façon inattendue.

Autour d’eux Helene la prof, Rose l’infirmière et beaucoup plus loin Achir qui rêve de la France et de la liberté.

J’ai apprécié ma lecture, les phrases sont belles et justes. Le ton est tendre malgré la dureté de la vie. Rien n’est facile. Chacun mène sa barque comme il peut, avec le peu de chance qu’on leur a laissé. Ensemble, ils seront plus forts, ils apprendront à se connaître l’un l’autre mais c’est surtout eux-mêmes qu’ils vont découvrir. Qui ils sont vraiment, tout au fond. Bas les masques, avant d’aimer quelqu’un, il va falloir apprendre à s’aimer soi-même.













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Les oiseaux rares

son roman avec ce microlycée de Vitry pour décors, où il intervient régulièrement.

Ce roman est une petite bulle de savon s’évaporant dans les effluves sentimentaux de deux écorchés vifs, marqués au fer rouge de leur solitude et d’une vie sans complaisance. Lorsque les mots défilent avalés avec ferveur et curiosité une note de musique tinte une lecture passée, Les heures souterraines de Delphine de Vigan, cette ambiance lourde d’une société pesante, où les personnages errent dans un marasme les noyant, pour se perdent. Certes Les oiseaux rares dessinent des contours différents de ses acteurs, l’atmosphère lourde s’illusionne d’un oasis perdu, proche à portée de mains, d’avoir ce choix de le trouver pour le garder au plus près de leur cœur. Hugo Pavot s’entoure de ces individus qu’ils côtoient au fil de sa vie, ce filagramme s’installe naturellement dans ce roman avec ce duo improbable, cette jeune femme de 23 ans et de ce vieil homme de 82 ans, tous deux emprisonnés dans un passé tumultueux, Sihem et Emile, dit Zapata vont se percuter pour une fusion anticonformiste.

Les personnages sont multiples, derrière les quatre principaux, Rose directrice de la résidence pour personnes âgées, Hélène, professeure de français et nos deux sauvages s’apprivoisant sans oublié ce jeune Algérien Achir, égaré dans cette Algérie de Kamel Daoud avec Mes indépendances Chroniques 2010-2016. Nous pouvons rencontrer Mounia, une artiste Algérienne courant le monde avec ses photos, Norbert, un ami d’Émile, ancien serrurier devenant sénile, monsieur Ving, un pensionnaire de la résidence, fantôme d’un Pol Pot lui volant sa vie, Jeanne, une ancienne pensionnaire, morte, Selma, institutrice, amoureuse d’Achir, Kenza, une camarade de Selma au microlycée, Madeleine faisant partie de la choral, c’est l’Émile en féminin, Talis, conteuse se produisant dans le cadre du Festival des mots à Oran, une amie à Achir comme Zineb, créatrice de ce festival et Djamila militantisme féministe, luttant contre le code de la famille, Mame Diarra, une élève de ce lycée en proie à un avis d’expulsion, elle est l’injustice d’une France bureaucrate, Julia une nouvelle professeure de philosophie intérimaire et Aïcha, une jeune fille étonnante, voilée mais buvant de l’alcool et fume, disant « pourquoi la religion serait incompatible avec la cigarette et l’alcool. ». Tous ses acteurs de ce roman offrent à Hugo Paviot une farandole cristallisant la pluralité de notre société, ce monde qui construit l’histoire nouvelle, ce combat de tous les jours, celui d’une jeunesse s’éloignant de ses aïeux, de l’échec scolaire, de l’origine avec Sihem franco-algérienne de ces parents, nait en France, se considérant aux yeux de tous, algérienne en France et en Algérie aussi lors de sa visite sur ses terres de ses ancêtres.

Cette jeune fille se bat avec son passé, et son manque de confiance en elle, cherchant un appui un soutien, qu’elle trouvera avec Hélène et surtout l’amitié d’Émile, dit Zapata. Ne cesse de fuir, de combattre ses démons, cette impatience, cette fièvre qui coule dans son veines, cette brulure, cette fracture familiale, elle n’a plus de repère, juste l’instinct animal de survit et ce feu bouillonnant sa chair pour devenir ce volcan incontrôlable avec l’ami de Kenza Gaëtan, pour une punition de soumission et de vulgarité.

Émile ressemble au personnage du roman, Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire de Jonas Jonasson, avec une vie digne d’un roman d’aventure, des parents et des grands parents côtoyant des écrivains, participant à des événements importants historiques. Cet homme est touchant, vivant dans cette résidence avec ces cartons remplissant une vie et son appartement, son verre de rouge à chaque repas, son charme, ses petites histoires, ses cartes de restaurants à la mémoire de cers plats de ses villes, de ses rencontres culinaires, les partageants avec cette jeune fille Sihem, lui apprenant la géographie. Mais les apparences sont souvent trompeuses, Zapata cache un passé trouble et sombre que va découvrir Sihem dans une confession d’un condamné.

Hélène est une femme happée par sa passion des oiseaux, deux enfants, héroïne de Sihem, elle donne beaucoup à ce microlycée, comme Rose, directrice de la résidence, lieu de rencontre entre ses deux êtres que tout oppose, divorcée avec eux filles, leur offrant son amour, un chat aussi , complice pour ce lien qui s’étire vers l’infini, pouvoir aider ses deux filles.

Achir, jeune homme élevé par son oncle, l’aidant dans son garage, vivant dans un pays rongé par les hommes en uniformes et les inégalités, amoureux silencieux, entourée d’amies en résistance, se perd dans les paradis artificiels de Baudelaire, faisant de temps à autre des courses pour un ami plus ou moins légale, pour arrondir ces fins de mois.

Hugo Paviot d’une écriture nerveuse, des phrases courtes, aucun dialogue, un style fluide où chaque chapitre narre un personnage, ses émois, sa vie, son présent, ses humeurs, ce style indirect emporte le lecteur vers des tableaux en mouvements, bousculé par ses dialogues qui s’infusent dans la narration, pour un regard extérieur plus littéraire.

De Vitre sur Seine, à la plage de Prat, de la forêt de Rambouillet jusqu’en Algérie, cette ronde de paysage illumine nos personnages principaux, des oiseaux qu’épient Hélène, ce va et vient entre la résidence pour personnes âgées et le microlycée, cette amitié forte entre Zapata et Sihem, pour une réconciliation générationnelle et ce voyage en Algérie, ce lieu magique pour ne pas oublier Albert Camus et son livre L’été et ses inspirations face à ce décor que foulent notre jeune Sihem, Zapata et Achir comme un clin d’œil de l’auteur à notre prix Nobel de littérature, parlant aussi de ce personnage Le Mythe de Sisyphe.

Ce style l'épanadiplose sublime encore plus ce roman, ce rêve animant au début la fièvre nocturne d’Achir, d’une fuite par bateau pour se libérer, comme Sihem à la fin d’une chute en pleine mer, cette boucle referme l’intrique sur elle-même.





Un plaisir certain, magnifique

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Les oiseaux rares

Lorsque l'on m'a proposé de découvrir ce roman dans le cadre de la masse critique Babelio, j'ai tout d'abord été séduite par les thèmes présentés dans le résumé et abordés dans ce roman. A ma lecture, j'ai été séduite par les thèmes, bien sûr, mais aussi par l'ensemble du roman.



J'ai ouvert ce roman à tâtons, et c'est à tâtons que j'ai entamé ma lecture. En effet, il faut le dire, j'ai tout d'abord eu du mal à me plonger dans le récit haché menu de l'auteur. Des phrases très courtes, une ligne narrative particulière et un enchaînement tout aussi particulier des idées, c'est ce que nous offre "Les oiseaux rares" au premier abord. Hugo Paviot passe d'une pensée à une autre sans s'aider une seule fois du découpage en paragraphes "classique" ; de même, la mise en page n'offre aucun dialogue. Tout est intégré à la narration. Si cela a pu me déstabiliser au début, j'ai vite su apprécier ce positionnement de l'auteur ; finalement, il n'aurait pas pu mieux raconter son histoire.



Son histoire, par ailleurs, a su capter de façon progressive mon attention. Si j'ai été intriguée, au début, par le récit de vie de ces différents personnages - de ces différents destins -, je suis parvenue à m'attacher à eux au cours de ces 200 et quelques pages. Ce roman m'a parlé, m'a dit des choses. M'a apporté des réflexions. Je savais que ces thématiques résonneraient en moi si elles étaient bien traitées : ce fut le cas.



Les oiseaux rares nous parle de la société, de sa division et de l'acceptation de soi. Il nous rappelle que la reconnaissance des autres et de soi-même est importante, qu'elle peut transformer une existence. Sihem, Emile, Hélène, Rose, Achir remettent tous leur existence en question à leur manière. Qui suis-je ? Qu'est-ce que j'apporte au monde ? Pourquoi se battre ? Qu'est-ce que la vie dans ma condition ? Ces introspections mènent à de très beaux passages, de très beaux sentiments, de très belles citations. J'ai été fascinée par la beauté des pensées que l'on peut retrouver dans ce roman. Chaque mot nous invite à mener notre introspection à notre tour.



L'histoire de Sihem, son caractère et ses réactions m'ont parlé. Son évolution au cours du roman est remarquable et touchante. Emile m'a touchée à sa manière, doucement, délicatement puis brusquement à la fin. Hélène et Rose ont suscité mon admiration. Ce sont deux femmes fortes, dévouées, qui peuvent se vanter d'avoir changé des vies (mais ne le font pas, par humilité, et parce que chaque expérience a changé leurs vies également). Achir est sûrement le personnage le plus intéressant de par son ambivalence, ses deux facettes. On le sent profondément humain, pourtant, il est victime de sa propre existence. C'est le personnage pour lequel j'éprouve les sentiments les plus contrastés, et à propos duquel je me pose le plus de questions.



Finalement, Les oiseaux rares, c'est le récit de destins qui s'entremêlent, d'amitiés qui se tissent, d'amours naissantes. Je le qualifierais presque de roman initiatique, de roman d'apprentissage. Et même si certaines réflexions nous donnent une vision sombre, négative, pessimiste du monde, elles nous révèlent aussi que l'espoir est toujours là. Qu'il suffit de l'attraper. Que ce ne sera pas tous les jours facile, mais qu'il faudra persévérer car c'est ça, la vie.

***

"Au fond, c'est ça, la vie. Une partie de cache-cache avec soi-même, où on ne se trouve jamais."

***

Un grand merci aux éditions du Seuil et à Babelio pour l'envoi de ce roman et cette très belle découverte que je recommande à tous !
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Les oiseaux rares

Vous avez lu le résumé, je ne vais pas revenir dessus.

Ce qui m'a plu dans ce premier roman : les personnages, leurs galères, leurs fêlures, leur humanité.

Ce qui m'a moins plu : l'écriture un peu fouillis , parfois trop dense, comme s'il fallait vite dire et dire encore.

En bref : un bon sujet, des personnages attachants, c'est tout...
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Les oiseaux rares

Dans un premier roman tendre, le dramaturge Hugo Paviot dresse le portrait d’écorchés de la vie. Au centre, la jeune Sihem, une décrocheuse scolaire, qui reprend ses études dans un microlycée et lutte pour s’en sortir.
Lien : https://www.francetvinfo.fr/..
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Les oiseaux rares

Paviot Hugo, les oiseaux rares, Seuil

A lire la mention des différents écrits de Hugo Paviot, (roman, théâtre, poésie), puis les éditions du Seuil, et le soutien de la région Île de France aux « résidences d’écrivain », on se prépare au plaisir d’une bonne lecture. On accepte donc un style pour le moins inhabituel qui consiste à écrire systématiquement avec des indépendantes, sans une seule subordonnée, et sans la fluidité musicale qui plaît tant à l’oreille.

Tour à tour défilent des personnages, eux aussi isolés, de milieux et d’origines différentes, qui ont tous en commun de rêver d’un ailleurs, d’autant que leur quotidien est compromis : l’un s’ennuie sans amour et sans avenir à Alger, les autres dans une résidence en banlieue parisienne. S’y côtoient, sans vraiment se connaître, une jeune fille déscolarisée, un vieux militant avec ses souvenirs, des acteurs du présent sensibles aux actuelles misères et discriminations.

Ces parcours différents suffiront-ils à créer des solidarités communautaires ? On en doute, même si on voit venir le projet de l’auteur. A vrai dire l’amitié quasi immédiate entre le militant septuagénaire et la lycéenne déscolarisée, malgré le fossé des générations, et via l’aide informatique, paraît bien invraisemblable, à moins de vouloir y croire, comme l’auteur.

Il faut beaucoup de générosité pour tisser des liens dans des conditions difficiles, et être efficace. Voyons Madeleine, 74 ans, après une suite de deuils et de déceptions.( p. 64) « Elle a passé un diplôme d’assistante médicale et psychologique. C’est là qu’a commencé sa seconde vie. Au lieu d’aider les marginaux et les artistes qui jouaient dans le métro, elle s’est mise à faire la manche avec eux. […] Elle continue de côtoyer les marginaux et les musiciens du métro. A vrai dire elle ne côtoie qu’eux. Pour elle les gens normaux sont fades. C’est le message qu’elle affiche avec son leggings léopard, ses bottes de rockeuses, son perfecto et ses nombreux tatouages. » Avec un tel passé et un tel look, elle vitupère les jeunes voyous et le laxisme ambiant !

Le défilé mécanique des personnages individuels comporte souvent l’introduction de nouveaux acteurs. Au lecteur attentif de retrouver, qui parle et de qui il est question, s’il le peut !

Quant au style, froid au profit d’intentions chaleureuses, il peut surprendre (p.34) : «  comme d’habitude, il a claqué la porte en prenant soin de ne pas faire de bruit. »

On appréciera, enfin, des références naïves, estampillées style Pierre Rabi : «  Elle [Rose] pense au colibri qui pour éteindre l’incendie transporte des gouttes d’eau dans son bec. Et les déverse sur les flammes. Comme lui elle fera sa part. »

Bienvenue aux hommes (et femmes) de bonne volonté, c’est pas gagné…

Merci aux éditions du Seuil, via Babelio, pour cette bouffée d’optimisme foncier.

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Les oiseaux rares

De quoi parle-t-on aujourd’hui ? Je vous le donne en mille : le premier roman de Hugo Paviot, dramaturge et metteur en scène de son état, et apparemment auteur de talent également ! C’est avec plaisir que j’ai accepté la proposition de Babelio & des éditions Seuil de découvrir Les oiseaux rares paru début janvier, et je dois dire que ce fut une excellente surprise, doublée d’une très belle découverte !



Dans le livre d’Hugo Paviot, on rencontre plusieurs drôles d’oiseaux. Des oiseaux cabossés, un peu voire beaucoup maltraités par la vie, des oiseaux qui résistent coûte que coûte… et d’autres qui perdent pieds. Ces oiseaux se nomment Hélène, Sihem, Rose, Emile et Achir.



Sihem est une jeune franco-algérienne de 23 ans, et on la découvre alors qu’elle fait sa rentrée en première au microlycée de Vitry. En première à 23 ans vous vous dites sûrement ? Sihem est une élève décrocheuse. Elle ne manque pas de capacités, ça non, mais voilà, la vie est passée par là, et la colère l’a emporté sur l’envie. Le microlycée, elle le prend comme une dernière chance. C’est aussi un défi qu’elle se lance à elle-même. Elle se défie d’arriver enfin à aller de l’avant.

Pour l’aider dans sa démarche, Sihem peut compter sur Hélène, sa prof de français. Ce genre de prof qui donne tout pour ses élèves, au risque de s’oublier elle-même parfois, et de faire passer sa famille au second plan. Hélène sait/sent que Sihem a un bel avenir qui lui tend les bras, si seulement la jeune femme acceptait l’idée que le bonheur, ça peut aussi être pour elle.

Sihem habite à la résidence autonomie Auguste-Blanqui. C’est Hélène qui l’a aidée à trouver ce logement. Là-bas, elle fait la connaissance d’Emile, un vieux révolutionnaire de 82 ans que tout le monde appelle Zapata.

Sihem est un porc-épic, prête à lancer ses aiguilles à qui s’approche trop près. Emile est un vieil ours mal léché qu’il ne faut pas trop chercher. Forcément, ces deux-là était fait pour s’entendre, ils étaient destinés à se trouver. Ensemble ils vont s’apprivoiser, s’aider mutuellement à marcher sur le chemin sur lequel ils n’ont que trop trébuché.



Rose, la directrice de la résidence, regarde se faire les choses d’un œil amusé, avec tendresse et curiosité. Elle qui s’est retrouvée seule avec ses deux filles après que son mari l’a quittée, voit la rencontre entre Sihem et Emile, deux solitaires dont rien ne semblait pouvoir percer les carapaces, comme une bouffée d’air frais et comme une échappatoire à sa propre solitude.



Et puis de l’autre côté de la Méditerranée, en Algérie, il y a Achir.

Achir est jeune, il est aussi désabusé qu’il a de rêves dans la tête. Il veut du changement, il veut être libre. Il veut partir.



Avec Les oiseaux rares, Hugo Paviot dresse les portraits lumineux, honnêtes et tendres de tout ce petit monde. Ce premier roman est une ode à la seconde chance, une ode au pardon et à l’espoir de voir les choses (et les gens) devenir meilleur. C’est un livre qui, je trouve, nous réconcilie un peu avec l’humain, sans pour autant occulter la noirceur tapie en chacun de nous.



Les oiseaux rares est un livre simple et bienveillant, un livre qu’on lit vite, avec beaucoup de plaisir. Un livre qui fait du bien en somme 🙂



Alors belle lecture !

Le Joli
Lien : https://lesjolischouxmoustac..
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Les oiseaux rares

C’est avec une tempête que les Oiseaux rares débute. Une tempête qui agite les rêves d’Achir en Algérie et qui, de l’autre côté de la Méditerranée, remue aussi l’existence de Sihem. Sihem a arrêté l’école, elle reprend les cours dans un Microlycée, un établissement destiné à accueillir les jeunes comme elle. A les recueillir, pourrait-on dire. Car la prof de français, Hélène, et tous ses collègues, prennent soin de veiller sur ces oiseaux tombés du nid qui n’ont plus vraiment d’adultes de confiance vers qui se tourner. Peu à peu, le roman nous fait découvrir aussi Émile, star des seniors, et Rose, directrice du foyer-résidence où il habite et où vit aussi Sihem. L’auteur connaît bien son sujet. De Vitry-sur-Seine à Alger, il nous donne à voir, avec beaucoup de justesse, la vie de ces héros du quotidien et, grâce à son écriture fluide et pleine de poésie, Hugo Paviot nous immerge pleinement en chacun d’eux.

Au fil de ma lecture, je me suis retrouvée dans la rage de Sihem et l’envie de liberté d’Achir, dans la tendresse d’Emile et l’amour de Rose pour ses filles. J’ai vibré avec Hélène pour la passion de son métier. J’ai partagé leurs doutes. Leurs espoirs.

Cette lecture m’a bouleversée. On ne sort pas indemne des Oiseaux rares. L’humanité profonde des personnages est rare. Rare comme l’empathie que l’on sent de la part de l’auteur pour eux.

Un roman magnifique et résolument tourné vers l’espoir !

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Les oiseaux rares

Un premier roman pour cet auteur plus habitué des traductions ou des scènes de théâtre.



Ce n'est pas la première fois que je le constate mais dans ces auteurs qui ont fait leurs premiers pas au théâtre (dans l'écriture), on ressent l'ambiance théâtrale. Difficile à expliquer.



On suit d'un côté Achir, jeune algérien qui vivote dans son Algérie natale, et de l'autre côté on va avancer au rythme de Shihem en décrochage scolaire qui va s'attacher à un pensionnaire de la maison de retraite, peu enclin aux discussions et peu sociables.



L'auteur va surtout appuyer son récit sur les personnalités diverses des personnages et surtout sur leur sensibilité et leur caractère.



Deux personnages de sexes opposés écorchés par la vie, dont dès le départ on se doute qu'ils vont se rencontrer et vivre une relation amoureuse.



J'ai cependant apprécié la relation entre Shihem et Emile, ce personnage peu affable mais remplie de tendresse à revendre. Cette relation complémentaire où chacun à sa manière va apporter un petit plus à l'autre.



Malgré une écriture fluide et une plume agréable, je n'ai pas été emballée par le sujet du livre qui pourtant s'annoncer très intéressant. De phrases trop courtes en longueur des paragraphes, j'ai trouvé le roman un peu plat sans réel sujet dominant. Une narration très monotone sans dialogues pour moi qui suis une fan des dialogues.



L'auteur va parler de nombreux sujets mais il n'y a pas de fil conducteur et j'ai été un peu perdue dans cette lecture.



Une couverture et un titre magnifiques qui attirent l'oeil.



J'attends de voir le deuxième roman pour me forger une réelle opinion.



C'est vrai que lorsqu'on sort de sa zone de confort on est quelque peu perdu et surtout on attend trop de choses.



Mais je pense sincèrement que ce livre peut plaire au plus grand nombre.







Un grand merci à Babélio et aux éditions Seuil pour ce livre.



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