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Critiques de Huy Thiêp Nguyên (25)
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Le coeur du tigre

Un petit voyage au Vietnam ? Bien sûr. Qui n’a pas envie de voir la baie d’Halong, les temples au bord des rizières, les rives du Mékong ?



Remontons un peu le temps. Avant la mondialisation, les plages couvertes de plastique, les murs de béton. Encore avant. Avant la guerre avec l’Amérique, les bombes, l’agent orange. Avant l’arrivée des Français ? On peut rester dans ces eaux-là. Maintenant marchons un peu. Laissons la mer de Chine et les plaines. Grimpons dans les montagnes et les jungles du nord. Là vit (ou plutôt vivait) le peuple Hmong.



Or voilà qu’un tigre a fait son apparition dans les montagnes. Un tigre différent, affamé, furieux. Un tigre dont la seule obsession est de traquer et tuer impitoyablement les hommes. Et une rumeur se répand : le cœur de ce tigre serait de glace. Et il aurait le pouvoir de guérir toutes les maladies et toutes les blessures…



Trois autres nouvelles suivent. Des scieurs de long partent en forêt à la recherche de troncs à abattre. Une jeune mariée débarque dans une famille regroupant cinq frères et un vieux père acariâtre. Un exil se prépare…



Quatre tableaux d’un Vietnam à la fois figé dans ses traditions et profondément bouleversé par la guerre. L’écriture, simple, sans fioriture, raconte un mythe aussi bien que la vie quotidienne dans ses détails les plus triviaux avec le même calme, la même application. Et, même dans les eaux sales et les odeurs de graillon, il y reste une indéfinissable touche de poésie, comme quelques notes de musiques flottant encore au-dessus des déchets un lendemain de fête.
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Un général à la retraite

Plongée dans un Vietnam à la fois modernisé et éternel. A travers quatre nouvelles, nous parcourons un pays complexe, aux apparences trompeuses, que nous croyons pouvoir saisir avec nos esprits d’occidentaux cartésiens, avant qu’un élément radicalement irrationnel ne surgisse.



Deux des nouvelles se déroulent en ville. Dans la première, qui donne son titre au recueil, un vieux général vietnamien vient vivre chez son fils et sa bru. La cohabitation n’est pas toujours simple entre le vieil homme pétri d’idéaux aussi bien nationalistes que communistes, et la jeune génération qui de fait s’est déjà engagée dans le capitalisme, pas particulièrement par choix, mais simplement parce qu’on ne va pas contre son époque. Quand le vieux soldat découvre les ressorts de leur business, tout à fait légal mais tout sauf ragoutant, les choses se compliquent…



La deuxième nouvelle urbaine met elle en scène un jeune homme pauvre, travailleur et studieux, mais ambitieux. Quand il rend un appréciable service à la mère d’un de ses amis, celle-ci lui offre en remerciement un billet de loterie. Mais elle en achète un pour elle aussi, et le fait bénir à grande pompe (et à grand frais) dans un temple pour obtenir la bienveillance des génies de la bonne fortune. Et l’envie s’empare de celui qui jusqu’ici avait toujours mené une vie chiche mais honnête : quel génie résisterait à tant d’attentions ? L’autre billet va gagner, c’est sûr…



Puis, une nouvelle en milieu rural. Très simple, et sans vraiment d’intrigue. Simplement un adolescent qui passe une nuit à chasser les grenouilles dans les rizières, et des tranches de la vie quotidienne des paysans. Et enfin, une histoire qui fait le lien entre les deux. Celle d’un jeune paysan prometteur, gros bosseur, qui attire l’attention du Parti. On l’envoie en ville pour qu’il reçoive une formation en agronomie, en comptabilité, en économie… De quoi transformer un paysan modèle en agriculteur moderne en somme. Bon, c’est un échec total : malgré son enthousiasme, il est incapable de retenir quoi que ce soit – il n’est tout simplement pas fait pour les bancs de l’école. En revanche, il fait la connaissance d’une jeune fille. Elle est baptisée, elle porte un prénom chrétien, et pourtant il en est sûr : c’est un génie des eaux…



Plongée dans un pays entre deux ères, entre deux temps, entre deux mondes. Mais qui n’en est pas pour autant écartelé. On n’écartèle pas un pays comme le Vietnam.
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L'Or et le Feu

L’or et le feu, c’est un petit recueil de nouvelles. Quelques unes portent sur une partie assez troublée de l’histoire du Vietnam, au tournant du XIXe siècle, alors que la monarchie est en crise et que les Français commencent à se pointer. Pour un Occidental qui n’est pas trop familier avec cette période, c’est plutôt difficile à suivre, surtout avec tous ces noms qui se ressemblent. Au moins, la présence du fictif François Perrier aide à fixer quelques repères. Les autres nouvelles relatent des histoires d’amour et de trafic clandestin, de quête de bonheur ou de richesse. Il est assez difficile de les départager et surtout de s’en rappeler. Sur le coup, on ne s’en rend pas compte. On croit même passer un moment agréable de lecture parce que c’est joli et dépaysant. Malheureusement, une fois le recueil terminé, on se demande ce qu’on a lu. Il n’en reste qu’un vague souvenir. Comment est-ce possible ? Étrangement, Huy Thiêp Nguyên, malgré une écriture plutôt ordinaire, réussit à faire dégager une atmosphère surréelle aux qualités charmantes. Dans tous les cas, un bouquin à lire quand il n’y a rien de mieux à proximité.
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Crimes, amour et châtiment

Compilation reprenant plusieurs recueils déjà parus. Avec un gros travail éditorial (bravo !) qui met en perspective quasiment chaque nouvelle, en contextualisant.

Pour quelqu’un qui a une connaissance limitée de l’histoire du Vietnam, c’est très intéressant et très utile.

Nous sommes en présence d'une fresque qui s'intéresse à tous les aspects de la vie du Vietnam, de tous ses habitants, de ses occupants parfois aussi.

En plus, on trouve quatre nouvelles inédites qui raviront les amateurs de l’écrivain.

Le premier de ces textes arrive page 804 : « crimes et chatiments » avec bien sûr un exergue de F. Dostoïevski : « La beauté sauvera le monde. » et qui se termine par la cantilène bouddhique de non-substantialité de Liu Zu Hui Neng qu’un novice devra lire plusieurs fois pour en saisir le sens.

Page 789 « Trương Chi », une des anciennes légendes les plus connues au Viêt-nam (merci les traducteurs et éditeurs) est l’histoire d’amour entre Trương Chi, un pêcheur très laid mais à la voix d’or, et la fille du Premier ministre, Mỵ Nương.

Page 1053 « L’étourneau traverse le fleuve »

Page 1189 : « Les mots d’amour bredouillés » particulièrement troublant sur les rapports maître élève, réels ou fantasmés, et qui est un condensé du style tout en finesse de l’auteur.

Cet ensemble est un vrai bonheur historico-littéraire.
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Mademoiselle Sinh et autres nouvelles

Première incursion dans l’univers de Huy Thiêp Nguyên, deuxième dans celui de la littérature vietnamienne. Les nouvelles qui constituent le recueil « Mademoiselle Sinh » sont quelque chose d’un petit choc, du moins les premières. Des chenilles qui envahissent un village, un citadin superficiel rencontre une trentaine d’années plus tard son fils illégitime devenu un être monstrueux, un orphelin infirme, etc. Beurk ! Ces nouvelles démontrent le meilleur et le pire de la société vietnamienne, celle des campagnes comme celle de la ville. Parfois, j’ai l’impression qu’il s’agit d’une critique sociale. Mais il n’y a pas que des revers, les nouvelles suivantes sont plus poétiques. Une poétesse du 18e siècle, Xuân Huong, se fait courtiser par trois hommes (un chef de canton, un fils de mandarin et un sous-préfet). Elle les soumet à ses charmes et, incidemment, à son supplice. « […] tous trois n’existent que comme témoins de l’existence d’un seul être : Hô Xuân Huong. » Même bien des siècles plus tard, son influence continue à se faire sentir quand on veut recréer son histoire au grand écran. Un hymne à l’amour et à la vie ! Quant à la nouvelle éponyme, à la toute fin, elle ajoute un brin de fantastique à cet ensemble hétéroclite mais duquel il se dégage étrangement une certaine unité. Une sorte de magie du quotidien, presque comme dans un conte. Cette lecture ne fut pas un coup de cœur mais j’ai tout de même apprécié cette brève expérience.
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Conte d'amour un soir de pluie

Troisième lecture de l’auteur vietnamien Huy Thiêp Nguyên, troisième déception. Les nouvelles qui composent ses recueils se ressemblent beaucoup, tant par le style que les thèmes abordés. J’ai l’impression de relire toujours les mêmes histoires d’un livre à l’autre. La vie difficile dans les campagnes, des intrigues amoureuses, sociales ou politiques, portées par des personnages dont les noms se ressemblent. Vinh, Nguyên, Lê, Tham, etc., je vous laisserai le soin de les démêler, si l’envie vous en prend. On pourrait croire que tous les Vietnamiens descendent des mêmes dix familles… Pourtant, les nouvelles ne sont pas sans qualités, Nguyên réussit toujours à capter mon attention dès les premières lignes. Il a un talent certain pour situer l’action, décrire les lieux, créer une atmosphère. À chaque nouvelle, je me disais : « Ça y est, je vais accrocher à celle-là ! » Mais non… le désenchantement n’est jamais très loin. Même le style poétique, empreint d’onirisme, parvient à peine à me garder accroché. Si j’ai apprécié quelques histoires, c’était très fugace comme impression. Une fois le bouquin refermé, j’éprouvais de la difficulté à les différencier tellement elles ne se démarquent pas, exception faite des plus longues, l’éponyme Conte d’amour un soir de pluie ainsi que La fille du génie des eaux. Il faut dire que suivre un personnage sur une cinquantaine de pages (au lieu de vingt) permet de mieux s’y attacher et de mieux s’intéresser à ses aventures. Mot de la fin : joli mais éphémère.
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La Vengeance du loup

Le titre La vengeance du loup m'avait attirée. Ainsi que l'occasion de découvrir la littérature vietnamienne au-travers de nouvelles.



Force est de constater qu'une dizaine d'années après cette lecture, il ne m'en reste quasiment aucun souvenir. Je me rappelle surtout que l'auteur y parle du quotidien rude mais solidaire des paysans du nord du pays. Que l'ensemble est mâtiné de magie, superstitions et de possibles créatures issues du folklore. C'est bien peu et ça m'attriste car ça ne tient pas à un caractère ennuyeux de l'auteur ou de piètres qualités d'écrivain. Je pense plutôt qu'il m'a manqué les clés de compréhension de cette société dont les codes me sont restés inconnus.



Au moins aurai-je essayé. Et puis, cette non rencontre avec ce livre-ci ne m'a pas définitivement détournée de la littérature vietnamienne. J'ai apprécié quelques années après Terre des oublis et Sanctuaire du coeur de Huong Thu Duong, ou encore Riz noir d'Anna Moï.
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Un général à la retraite

Un intéressant recueil de 1987 qui fut l'un des signaux du renouveau littéraire vietnamien.



Publié en 1987, ce recueil de quatre nouvelles, et tout particulièrement la nouvelle-titre, "Un général à la retraite", fit scandale au Vietnam, et établit Huy Thiep Nguyen parmi les intellectuels du "renouveau littéraire vietnamien" après la longue éclipse des guerres de libération et l'étouffoir du réalisme socialiste des années 1970.



Rien pourtant de tonitruant dans cette écriture, qui accumule les petites touches d'apparent "quotidien" pour construire doucement un paysage de cynisme, de corruption, d'ennui et d'absence de perspectives, insistant au fond sur les "déconnections sociales", qu'elles soient persistances de la société traditionnelle ou au contraire développements du régime socialiste, à l'image de la faille entre hauts responsables militaires et leurs familles restées paysannes ("Un général à la retraite"), de l'abîme pouvant séparer citadins et campagnards, telle que la compréhension en apparaît chez un adolescent ("Leçons paysannes"), les obsessions de la lignée et de l'argent, et leur pouvoir paradoxalement profondément délétère ("La dernière goutte de sang"), ou encore l'impossible attachement à une nature qui échappe désormais au citadin moderne ("Le sel de la forêt").



"Sur ce, il s'étendit voluptueusement sur l'herbe tendre. "Fais-en autant" m'invita-t-il. Puis, dès que je fus allongé : "Toi qui es citadin, est-ce que tu éprouves du mépris pour les paysans ?" "Non" dis-je. "Tu as raison de ne pas les mépriser. Tous autant que nous sommes, gens des villes et gens instruits, nous avons de grands torts envers la classe paysanne. Nous les avons contaminés avec nos plaisirs matérialistes, avec notre pseudo-éducation et notre pseudo-science. Et nous continuons à les opprimer au nom de la supériorité de notre système avec son poids de paperasses et ses notions creuses du progrès... Est-ce que tu comprends ce que je veux dire ?". " ("Leçons paysannes")

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Mon oncle Hoat et autres nouvelles

C'est un petit livre : à peine cent pages, un recueil de quatre nouvelles traduites du vietnamien. C'est écrit avec humour et beaucoup de sensibilité.

Chaque nouvelle est très réussie quoique j'aie une préférence pour la dernière intitulée "Quan Am montre le chemin". L'auteur s'y révèle un peu plus. Il nous parle du sens de la vie, et de son métier d'écrivain. C'est très poétique et si léger et profond à la fois.



Les quelques vers d'un poète dont l'auteur ne cite pas le nom :



D'homme aventureux ne restait plus que moi

En terre étrangère, la fumée est amère, âcre l'alcool

[...]

Pas sûr que je puisse rentrer pour ce Têt

Je t'envoie tout ce qu'enferme mon coeur.

[...]

Pourquoi le sort vous asservit-il à l'écriture

Quand la vie a ses hauts et ses bas ?

Tous cherchent la plus grande opulence

Je ne rêve qu'aux choses illusoires.

Malheur ! Aimer eût été un problème

Ne pas aimer est beaucoup trop facile!



Combien d'hommes de lettres ont connu une vie tranquille ? Leur douleur morale, qui d'autre peut la comprendre.
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A nos vingt ans

De retour du Vietnam, j'ai retrouvé dans ce livre toutes les saveurs et les lieux rencontrés.



Qu'est-ce qui n'a pas fonctionné ? Tout d'abord, le style pour lequel le traducteur a opté. Le traducteur livre une très longue note expliquant qu'il y a dix modes entre le tu et le vous en vietnamien et que la grammaire de la langue est intraduisible en français. Il n'y a pas de conjugaison par exemple. Pour reproduire le style de l'auteur, le traducteur a dès lors opté pour un style cru, qui est fatigant à lire.



Par ailleurs, l'auteur est ce que je qualifie un donneur de leçon, pourtant censuré dans son pays. Il faut dire que la corruption, la drogue et la prostitution font bon ménage dans son livre et que nous sommes très loin du monde idéalisé de Ho-Chi-Min.
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Conte d'amour un soir de pluie

Je découvre Nguyên Huy Thiêp par la lecture de ce premier ouvrage, un livre de huit nouvelles. La première, "Conte d'amour un soir après la pluie", lu d'un seul trait, a été un moment de surprise et de délice : une écriture d'une grande qualité, précise, mystérieuse et délicate; la traduction est certainement très réussie.... Jusqu'à présent, dans mon souhait de connaître la littérature vietnamienne, je n'ai lu qu'un livre de Duong Thu Huong "Sanctuaire du coeur" et un autre de Kim Thùy "Ru" : aussi ce troisième ouvrage, d'un auteur non exilé, m'apparait-il tout particulièrement d'une belle érudition nourrie d'amour pour la littérature vietnamienne et d'une richesse, exigence et qualité littéraires qui me touchent beaucoup. Je poursuivrai mes lectures de cet auteur. Dans cette première nouvelle, comme dans celles qui suivent, l'espace mental est large et laisse aux personnages comme l'instituteur, le "voleur" Thài Bac Ky Sinh ou la jeune Muôn une place à la fois précise socialement mais indéterminée, mystérieuse et secrète dans leur personnalité. Celle-ci reste ouverte. Comme le blanc dans un dessin ouvre l'espace imaginaire et aussi une liberté. Nous connaissons ou appréhendons ces personnes aussi peu qu'elles se connaissent elles-même. Elles échappent. Il en est de même pour Chrong dans la nouvelle "la fille du génie des eaux"....J'apprécie de la part de l'auteur cette non prise de pouvoir, cette non maîtrise de ses personnages. Nous somme loin de l'illustration codifiée d'un personnage.

Cette écriture est une écriture très plastique.



Et, dans ma recherche d'une meilleur connaissance du Vietnam, ce livre que je suis en train de lire m'apporte-t-il quelque chose? Oui, pour la première fois, j'ai l'impression de rencontrer la littérature vietnamienne, dans une épaisseur qui me parait lui être propre. Peut-être j'aborde pour la première fois un ancrage dans une tradition (que j'ignore totalement pour l'instant) et qui fait appel à elle; Nguyen Binh (XX°siècle), le philosophe Nguyen Trai (1380-1442) etc... je perçois également, en terme de contenu le monde d'un imaginaire à la fois propre à l'auteur mais certainement un peu collectif, également un monde de croyances de superstition ....
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A nos vingt ans

Jeunesse enflammée du Vietnam des années 2000. « Personne ne capte rien ». Cinglant.



Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2015/08/27/note-de-lecture-a-nos-vingt-ans-nguyen-huy-thiep/


Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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L'Or et le Feu

Intéressant à lire, assez onirique par moments mais finalement assez décevant une fois le charme de la lecture passé. Non pas que le moment fut moins plaisant que prévu, puisque je n'avais aucun a priori sur l'auteur et son oeuvre, mais simplement on oublie assez rapidement qu'on a lu ce livre. Ce qui, vous en conviendrez, n'est pas la marque des grands classiques.
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Un général à la retraite

De jolis contes et nouvelles, réalistes et surprenants, d'où ressort la cruauté de la vie ou de la société. Les pires attitudes sont souvent décrites, mais le meilleur point aussi. Le général à la retraite, par exemple, est un idéaliste. La réussite, à travers la filiation masculine, ou la toute puissance sur ses contemporains, agitent les protagonistes de "La dernière goutte de sang" (plus longue nouvelle). En contraste, les conditions féminine et enfantine apparaissent peu enviables. "Le sel de la forêt" mêle avec absurde la succession de bêtise et de tendresse qui peut animer d'un instant à l'autre la même personne. Le sens de l'honneur confine tantôt au ridicule, tantôt au sublime. L'auteur sait croquer en peu de mots le sens de la vie et l'essence de la société vietnamienne. Nguyên Huy Thiêp était aussi dessinateur.
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Le coeur du tigre

"Le cœur du tigre" est un court recueil regroupant quatre textes seulement.



Le premier est celui qui a donné son nom à l'ouvrage. L'histoire, portée par un lyrisme exhaussant la luxuriance d'un environnement naturel omniprésent, a de franches allures de conte, bien que présentée comme véridique. Les protagonistes qu'elle met en scène sont morts depuis longtemps, mais leur âme continue de planer au-dessus des toits des maisons sur pilotis du hameau de Hua Tát, village H'mông. Parmi ces protagonistes, une jeune fille à la beauté sans égale mais que sa paralysie des jambes prive de tout prétendant, et un jeune homme très laid, déterminé à capturer le tigre féroce imposant la terreur dans le village, et surtout à lui extirper son cœur, que la rumeur prétend semblable à une amulette magique capable de guérir toutes les maladies...



"Il n'y a pas de roi", ma nouvelle préférée, nous immerge dans le foyer où vivent Kiền, un veuf acariâtre, ses cinq fils et son unique bru, mariée à Cấn, l'aîné. Ce dernier, invalide de guerre, tient un salon de coiffure. La fratrie est complétée de Đoài, fonctionnaire, qui se montre d'une familiarité grossière avec sa belle-sœur, de Khiêm, dont le caractère brutal et taiseux impose une crainte respectueuse, de Khảm, étudiant rigolard, et du benjamin Tốn, simple d'esprit au corps difforme, qui ne supportant pas la saleté, passe son temps à faire le ménage. Sinh, seule femme du foyer, peu cultivée mais d'esprit ouvert, gentille, a tempéré un climat familial houleux, et imposé avec douceur un semblant de tenue parmi ces hommes dont la tenue et le comportement accusaient un sérieux laisser-aller. Le récit de leur quotidien, truculent et vivant, évoquent des relations rendues tumultueuses par le mépris, la jalousie, le ressentiment qu'éprouvent les uns pour les autres ces frères aux caractères si différents, pourtant indéfectiblement liés par des liens familiaux jugés sacrés et incontestables.



Dans "Les scieurs de long", un narrateur relate une expérience vécue quelques années auparavant, alors qu'il avait suivi un groupe de scieurs de bois partis chercher du travail en Haute Région. Issu d'une famille de neuf enfants, il venait de terminer ses études. Il décrit lui-même le jeune homme qu'il était comme arrogant, soupe au lait, insolent et indiscipliné. Les scieurs étaient sous la direction d'un certain Bường, vague cousin du narrateur, ancien chef de bande redouté ayant fait de la prison avant d'être soldat dans un commando de marine, puis de tenir une gargote où il servait exclusivement de la viande de chien... Des jumeaux de dix-sept ans, et Dĩnh, le fils de quatorze ans de Bường, chargé de faire la cuisine, complétaient le groupe. Au cœur de la forêt, ils ont dû affronter la dureté d'un travail dangereux, l'arrogance d'employeurs prompts à les exploiter, et les dissensions couvant au sein de leur propre équipe.



Sa construction un peu chaotique m'a laissée en dehors du dernier texte du recueil ("Des chansons..."), dédié à la thématique de l'exil, et que j'ai trouvé confus.



J'ai dans l'ensemble apprécié cette lecture, notamment pour le dépaysement procuré par l'évocation des mœurs et des protocoles régissant les relations entre les individus, empreintes d'une énergie et d'une rudesse surprenantes, voire parfois d'une misogynie assez choquante. L'alternance de crudité et de lyrisme dote par ailleurs ces textes d'un ton singulier et très plaisant.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Conte d'amour un soir de pluie

Bonjour, je fais ici une petite présentation, mais si vous désirez lire la critique complète, il convient de suivre l'adresse de mon blog.

Nguyên Huy Thiêp est, dit-on, un écrivain ayant participé à la renaissance littéraire du Viêt-Nam dans les années 1980. Renaissance effectivement, les pages de l’histoire du pays ne cessèrent de brûler sous le napalm et autres fioritures, dont les Américains et les Français gardent jalousement le secret, qu’à partir de 1975. On sent dans ces nouvelles le désir aussi bien de renouer que de reconstruire, une histoire poétique d’un pays qui s’en est pris plein la gueule. On trouve alors une force à l’œuvre dans ces pages, belle de mélancolie et puissante arborescence, qui croît dans le cœur et l’esprit du lecteur pour y déposer une sincérité poignante et crue. Dans cette poétique historique s’avance aussi un constat social, celui de la pauvreté, de la violence conjugale, de l’exploitation au travail, ce qui donne assez souvent au lecteur d’être pris dans les brisures du texte, balloté de l’un à l’autre en un sentiment de folie réaliste et très figurative.
Lien : http://lecturescritiques.fr/..
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La Vengeance du loup

Nouvelles exotiques où se mélangent les légendes asiatiques (génie des eaux) et le côté satyrique voir un certain cynisme dans certaines situations. Facile à lire. De plus, l’édition de l’Aube nous offre des auteurs de qualité.
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Regards croisés

Deux pièces de théâtre.

Je suis entré dans la première avec une jouissance rare. Un quarteron de politiques discutent comment gérer l'héritage du fondateur du régime. J'étais en présence d'une satire politique rappelant à la fois les dialogues antiques et l'absurdité de la langue du totalitarisme, ou simplement de l'opportunisme politique érigé en système. En avançant, le texte perd de puissance, avec des petites histoires secondaires comme greffées au hasard. Je relirai sans doute les 30 premières pages avant de rapporter le livre à la bibliothèque.

La seconde pièce est une tragédie familiale, divertissante et sans concession pour les valeurs traditionnelles, souvent mises à mal par l'ambition et les sens.
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Un général à la retraite

Ces quatre nouvelles se passent au Vietnâm entre le 19 ème et le 20 ème siècle. L'une d'entre elles se déroule sur cinq générations. Toutes les histoires, très succintes, sont relatives à l'argent. Il y a de la cruauté, des croyances. Les femmes sont malmenées et si elles ont à peine de l'importance, elles sont alors peu sympathiques. Je n'ai pas été marquée par ce livre trop rapide car je n'y ai pas trouvé d'humanité et encore moins de crédibilité même si cela se lit bien sur le moment.

Pudeur de l'auteur ? Décalage de civilisation ? Problème de traduction ?
Lien : http://objectif-livre.over-b..
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L'Or et le Feu

Un des premier livre de littérature vietnamienne que je découvre,

peu de souvenir malheureusement sur cette lecture, pourtant je me souviens d'autres lectures plus lointaine.

Un livre assez rapide à lire, mais à lire tout de même pour découvrir cette littérature..

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