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Critiques de Ian Manook (1553)
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Ravage

Pour échapper au nouveau dôme de chaleur qui s’est installé sur nos pays, je vous propose de vous rafraichir avec ce roman qui va vous emporter dans le Grand Nord Canadien, par des températures négatives de -30° à -40°… Même des -50° ! Tempêtes, blizzards, neige, glaces sont au menu.



Prévoyez des fourrures, des petites laines et des thermolactyl, ça va cailler sévère et vous geler les miches. Oubliez aussi les nouvelles technologies, nous sommes en 1932 (et fin 1931). Pourtant, ce récit est intemporel, vieux comme le monde.



Ce roman d’aventure est basé sur une histoire vraie : celle de la traque d’un homme. Les moyens mis en œuvre sont colossaux : gendarmerie royale, trappeurs, chiens de traîneaux, armes à feu, dynamite et même un avion qui, hélas, n’était pas équipé, comme l’aurait souhaité l’inspecteur Walker, de mitraillettes et de bombes… Heu, sérieux, là ??



Oui, vu l’armada mise en place, on peut dire que ces hommes vont chasser une mouche avec des bazookas… Si nous étions dans le registre du burlesque, on pourrait croire que ces types sont un rassemblement déchaîné de Wyle E. Coyote, prêts à tout pour traquer et tuer le Road Runner à coup d’armes à feu ou de dynamite. Hélas, nous ne sommes pas dans une comédie légère. Mais dans la réalité.



Quel crime a bien pu commettre cet homme, pour que tout le monde le traque de la sorte, dans des températures polaires et veuille lui faire la peau ? Un truc tout con, tout bête, une connerie de contrôle de paperasse qui dégénère bêtement, car un gendarme a fait usage de son arme, de manière inappropriée.



Oui, ça rappelle des mauvais souvenirs. Ici, les jeunes ne foutront pas le feu aux villes, mais des trappeurs, engagés pour retrouver le mec taciturne, vont allumer le feu de leur rage et l’entretenir. On se doute que lorsqu’ils tomberont sur le râble du fugitif, ce sera l’hallali, la curée. L’effet de meute est là, comme chez les loups. Sauf que les loups respectent la stratégie de l’Alpha. Toujours. Dans cette meute humaine, c’est juste une somme d’individualités.



Problème : Jones ne se laisse pas attraper et joue avec eux, rusé qu’il est, malin aussi. Comme un carcajou. Mais qui est vraiment ce Jones ? Nul ne le sait vraiment.



Ce roman, qui sent bon l’aventure des trappeurs dans le Grand Nord, est aussi un roman qui parle de la folie des Hommes, de la haine, qui se mue en quelque chose de mauvais, donnant envie aux poursuivants de massacrer le poursuivi. D’un côté, ils le vénèrent, vu les exploits que ce type va accomplir, seul contre toute cette meute, mais ensuite, la légende s’écrire et les poursuivants vont le diaboliser.



Si j’ai cru, pendants un moment, qu’un des gendarmes allait virer à la caricature, il n’en a rien été, l’auteur ayant été assez intelligent que pour donner de la profondeur à ses personnages, même aux trappeurs. Des êtres frustes, qui vivent en solitaires, qui passent leur vie dans les bois, avec leurs chiens. Et qui survivent dans cette Nature hostile, qui la connaissent.



Le seul dont on ne saura rien, c’est Jones, le fugitif, et si cela m’a ennuyé de ne pas avoir passé du temps en sa compagnie, durant sa traque, j’ai ensuite compris qu’il fallait qu’il en soit ainsi, afin de garder intact, le mystère autour de son identité, comme il en est dans la réalité. Purée, quel type, ce Jones ! Il m’a subjuguée et j’ai réussi à oublier sa faute à lui, quand il était visé par des policiers à sa poursuite.



Ce roman, c’est du nature-writing à la testostérone, ou la masculinité se déploie, s’affirme, où les tensions montent, où les petites phrases assassines sont de sorties, notamment sur le poste de chacun durant la Grande Guerre. Ce n’est pas que de l’aventure et du froid, c’est aussi de l’humanité qui fout le camp, tandis que d’autres tentent de calmer les choses.



Un roman qui se lit facilement, qui n’est pas simpliste, qui montre combien l’être humain peut vite redevenir un animal, être pire qu’un animal, même ! Un roman tiré d’une histoire vraie, bourré de suspense, même si ce n’est pas de la course-poursuite, mais plus de la ruse et de l’intelligence d’un seul homme.



Un roman noir dans l’immensité du grand blanc. Avec des traces de rouge… Terrible, mais beau. Même si la folie humaine n’est jamais belle à voir.



PS : au Québec, un ravage, c’est un endroit qui sert d’abri pour les cerfs pour leur permettre d’affronter les températures glaciales au cours de l’hiver. C’est aussi un réseau de pistes tracé dans la neige lors des déplacements des cervidés.


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L'oiseau bleu d'Erzeroum

Ian Manook fictionne ses racines. Celles de la famille Manoukian, ses grands-parents. Celles du peuple arménien aussi.



Raconter le passé à travers un récit romancé n’est pas chose aisée. Le lecteur doit se retrouver dans l’équilibre recherché par l’auteur.



Au sortir de cette lecture, je peux vous assurer que vous n’en oublierez pas l’expérience.



Le 24 avril est la journée commémorative du génocide arménien perpétré dès 1915. Une tragédie trop peu connue, durant une période sombre de l’Histoire mondiale.



A cette époque-là, Araxie, dix ans, et sa petite sœur Haïganouch, six ans vont vivre l’enfer. L’aînée est la grand-mère de l’auteur. Deux gamines qui vont brutalement perdre leur innocence, comme des millions d’arméniens. Comme également Haïgaz, gamin des rues. Et d’autres personnages basés plus ou moins librement sur des personnes bien réelles. Ils sont plusieurs qu’on va suivre de près.



Les faits sont avérés, mais le livre est un vrai roman. Son souffle, porté par le réel, vous emportera. Vous brûlera aussi.



Les 60 premières pages sont terrifiantes. Épouvantables, au-delà des mots. Elles m’ont mis à terre, j’ai cru ne plus pouvoir me relever. Elles m’ont fait souffrir comme jamais en lisant un livre (et pourtant je suis un grand lecteur de romans noirs). La déportation vue de l’intérieur, au plus près, à travers ces deux gamines et leurs proches. L’horreur à l’état pur. Certaines scènes abominables resteront gravées en moi pour toujours. Inqualifiables et pourtant vraies.



Accrochez-vous, c’est un passage obligé pour comprendre. Et s’attacher « à la vie, à la mort » à ces personnages. Ils sont sublimes dans toute cette laideur, dignes face à toutes ces inimaginables ignominies. L’homme est pire qu’un animal, mais certains savent garder leur humanité. Il y a aussi de la lumière dans les ténèbres parfois, au bout de ces pages-là.



Ce récit est habité. Par des fantômes, des âmes, des émotions. Il a maturé durant 50 ans avant que l’écrivain ne nous le livre, et nous fasse vivre des sensations inoubliables. Qui viennent du cœur et des tripes.



De 1915 à l’avant de la seconde guerre mondiale, Manook nous conte une grande saga familiale, qui s’entremêle avec les soubresauts de l’Histoire. C’est un voyage auquel il nous convie, à la fois intérieur, mais aussi à travers le monde secoué par les conflits. La diaspora arménienne, son cœur et ses ramifications, pour survivre, juste vivre.



L’environnement est historique, riche d’enseignements, car bien intégré dans le récit. Je suis de ceux qui sont convaincus qu’on peut mieux s’imprégner de la réalité par la fiction. L’auteur nous en fait une magistrale démonstration.



Un roman qui raconte des destins extraordinaires, de personnes qui n’ont pourtant rien demandé, à part vivre. Parfois la folie de quelques hommes construit la bonne ou la mauvaise fortune de millions d’autres. Les plonge aussi dans des aventures humaines incroyables.



L’oiseau bleu d’Erzeroum tient donc autant du devoir de mémoire que du roman d’aventure familial. Des destins pour ne pas oublier, tirer les leçons et non pas nier. Oui, apprendre de ces femmes et hommes qui ne perdent pas espoir malgré les vicissitudes d’une existence tourmentée.



Ce livre est un enrichissement, autant émotionnellement qu’intellectuellement.



Par cette émotion qui pulse à travers des personnages mémorables et grâce à une écriture enlevée. Une plume alerte et expressive au possible. L’écrivain travaille sans plan, c’est bluffant, même si la construction du livre décontenance parfois. Mais c’est sans doute aussi ce qui fait que le récit pulse ainsi.



Ses lecteurs habituels ne doivent en aucun cas se détourner de cette fiction du réel. Bien au contraire, je suis convaincu qu’ils y trouveront tout ce qui leur plait chez l’écrivain jusqu’à présent, de manière exacerbée. Ceux qui le découvriront ne pourront que s’attacher à lui dorénavant. Ce livre est universel.



Ian Manook est un formidable raconteur d’histoires, même quand il exprime des faits authentiques. L’oiseau bleu d’Erzeroum est un roman tortueux, perturbant, mais surtout profondément humain malgré les atrocités qu’il décrit. Cette saga familiale est une lecture essentielle, qui reste gravée en nous.
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Yeruldelgger

Je viens de terminer « Yeruldelgger » et franchement, j’ai adoré ! Je ne vais pas faire un énième résumé de l’intrigue, au nombre de critiques déjà présentes je ne m’attacherai qu’à une seule chose : Ce livre a quelque chose de plus qu’un polar ! Ce plus, pour moi, c’est cette plongée dans l’univers mongol.

L’auteur sait nous donner une vision de ce pays, ni idéalisée ni complaisante, qui donne à son propos une singularité et une originalité bien particulière. Sans avoir l’air de développer plus que cela, il aborde ce qui fait la spécificité de la Mongolie actuelle : la corruption, la main mise des chinois et des coréens sur les ressources de ce pays, la sédentarisation de ces populations nomades, contrainte et forcée, faute de terres où pouvoir transhumer... et cette survivance de la tradition (incarnée par Yeruldelgger et Solongo) qui tente tant bien que mal de renaître de ses cendres et d’insuffler un souffle nouveau à la population. Entre capitalisme et modernité, la tâche est rude...



Les personnages sont bien ciselés et certains attachants : mention spéciale pour Solongo et Gantulga – un gamin comme cela, dans une histoire pareille, tu signes tout de suite ! !



Je reprendrais bien une petite tasse de thé brûlant au beurre de Yak, rance et légèrement salé, avec le second volet des aventures de Yeruldelgger. Et vous ?

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Yeruldelgger, tome 2 : Les temps sauvages

D’un Truc glacé en Laponie vers un Manook sauvage en Mongolie…



Sans avoir encore eu la chance de lire « Yeruldelgger », le premier roman couronné de succès de Ian Manook, mais ayant bien apprécié « Le dernier lapon » d’Olivier Truc, je ne pouvais que craquer quand Babélio m’a proposé de découvrir le tout nouveau tout chaud « les temps sauvages ».



Une couverture au regard hypnotique d’une femme venue du froid, ce roman de plus de cinq cent pages débute sur les chapeaux de roue en combinant plusieurs histoires paraissant indépendantes les unes des autres.



A travers les steppes glacées mongoles, l'inspectrice Oyun débarque accompagné de Gourian, un jeune militaire de faction dans la région, sur la scène plutôt surprenante d’un accident ou d’un crime: un cheval et son cavalier écrabouillés sous un yak, complètement congelés comme de la pierre.



Dans une autre région montagneuse de Mongolie, Yeruldelgger, le supérieur hiérarchique d’Oyun, répond à l’appel du professeur Boyadjian, d’origine Arménienne et gardien d'un petit musée archéologique. En examinant les gypaètes (espèce d’oiseaux), Boyadjian a cru déceler un cadavre dans le creux d’une falaise.



Et pour couronner le tout, Solongo, la femme de Yeruldelgger et médecin légiste de profession, examine avec stupeur le corps d’une femme que tous les deux connaissent parfaitement, une certaine Colette au surnom français comme vous l’aurez remarqué.



A partir de ces trois histoires, l’auteur va faire monter sensiblement la température à la fois au sens propre et au sens figuré, afin de dénouer le fil de ces trois histoires dramatiques.



De la Mongolie en passant par la Russie, ce roman va même faire escale au Havre de manière surprenante, brouillant les pistes jusqu’à la toute fin du livre.



Contrairement à un polar classique, Manook ajoute à ses récits de nombreuses références politiques et historiques.



Ainsi, j’ai été très curieux de vérifier que Mardai (1), ville minière d'uranium située en Mongolie mais exclusivement peuplée de russes jusqu’en 1990 à la suite de la chute du mur est désormais une ville fantôme.



Dans un autre registre, plusieurs articles de presse confirment effectivement que l’ancien milliardaire Khodorkovski avait été emprisonné comme d’autres opposants politiques durant une dizaine d’année dans la ville de Krasnokamensk, entièrement polluée par l’uranium et dont l’espérance de vie de ses habitants est à peine au-dessus de 40 ans. Bon courage Khodorkovski…



Ayant terminé le roman, j’ai été très surpris d’apprendre que l’auteur Ian Manook était le pseudonyme de Patrick Manoukian, natif de Meudon. Le style de cet écrivain et ses connaissances approfondies de la Mongolie et de la Russie m’ont plutôt bluffé et rendu curieux. Néanmoins, les scènes du roman qui se situent en France ne m’ont pas vraiment convaincu et paraissaient décalées par rapport au reste du livre.



En guise de conclusion, « Les temps sauvages » mélange à la fois le plaisir d’un bon polar avec la curiosité aux nombreuses références croustillantes sur la Mongolie et à son ancien grand frère la Russie. Une belle réussite à ne pas manquer, souvent un peu trop complexe à suivre (surtout en France) … mais à lire assurément après « Yeruldelgger ».



Faites ce que je dis… et non pas ce que j’ai fait.





Ps : Et merci à Babélio et aux éditions Albin Michel pour cette lecture !







(1) « Les ruines du communisme : une mine d'uranium abandonnée en Mongolie »



En octobre 1989, le Président de la République Populaire de Mongolie, alors un satellite de l'URSS, révèle au public l'existence d'une mine d'uranium secrète dans l'Est du pays. Depuis 1981, celle-ci était exploitée par des mineurs soviétiques, pour le profit exclusif de l'URSS. La ville de Mardai, secrète également, accueillait les mineurs et leurs familles, en complet isolement du reste du pays et de la population mongole. Écoles, magasins, clubs de travailleurs, infrastructures sportives: tout était aménagé pour recevoir au mieux cette population secrètement expatriée. Ceux qui l'ont connue se souviennent de Mardai comme d'un joyau de la modernité soviétique, offrant des merveilles de technologie et de confort auxquelles même les Moscovites n'avaient pas droit. Quelques années après la révélation de son existence au grand public, la ville est pourtant subitement désertée de sa population, lorsque la mine cesse d'être exploitée, et que les ouvriers sont soudain rapatriés. Mardai devient alors l'objet d'un démantèlement méthodique de la part de la population mongole, qui s'empare de tous les éléments métalliques de la ville afin de les revendre de l'autre côté de la frontière chinoise. En quelques années, ce monument du socialisme devient une ruine, ce symbole du pouvoir colonial soviétique est changé en ville fantôme.

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L'oiseau bleu d'Erzeroum

Je commence à découvrir l'œuvre de Ian Manook non par ses polars mais par son cycle arménien, véritable ode à sa culture familiale, témoignage érudit de l'histoire du peuple dont il est issu, enfin poignant cri d'amour et d'attachement à ses racines profondes. Cette rencontre fut un vrai coup de cœur.



J'ai dévoré ce premier tome, aidée en cela par le style impeccable, le rythme enlevé, le lexique soigné, l'équilibre respecté entre dialogues et descriptions, le chapitrage cadencé. Les personnages que nous propose l'auteur - qui ne cache pas en avant-propos le filigrane autobiographique du récit - sont fascinants de par leurs personnalités et leurs parcours.



1915, Anatolie. La Turquie ottomane organise le génocide du peuple arménien et déporte tout un peuple pour le faire mourir de soif, de faim, d'épuisement et de désespoir dans les déserts levantins. Plus d'1,5 millions de victimes... parmi lesquelles Araxie, grand-mère de l'auteur, et sa jeune soeur Haïganouch. Les deux fillettes de dix et six ans voient leur monde basculer en quelques secondes. Enfin, seule Araxie peut voir les atrocités perpétrées autour d'elle puisqu'un coup de sabre kurde a rendu Haïganouch aveugle.



Le lecteur, lui, assiste à tout - et encore l'éditeur a mis son veto sur deux scènes de massacre. Les descriptions du génocide, de la violence militaire et politique, des exactions de tout ordre sont difficilement soutenables, et c'est comme un geyser qu'on ne peut arrêter et qui exige du monde une reconnaissance officielle - le génocide arménien n'étant pas encore reconnu universellement. Près de trente ans avant le traumatisme de la Shoah, le massacre ethnique des Arméniens fait pourtant l'effet d'un sel brûlant sur une plaie à vif. Rétroactivement.



Ian Manook explique que par ce cycle arménien, il souhaite retranscrire l'histoire de sa grand-mère déportée, léguée par tradition orale à ses descendants ; et au-delà de ce devoir filial, on ressent bien le besoin plus large d'un devoir de mémoire en quête de réhabilitation.



Je me suis énormément attachée aux personnages du roman et j'ai beaucoup appris sur l'histoire, la culture et le patrimoine arméniens. Je ne regrette pas une minute d'avoir entrepris cette lecture commune avec sylvaine, tomsoyer et catherineCM et il ne se passera pas longtemps avant que nous entamions le deuxième tome ; le temps, peut-être d'apaiser nos cauchemars...





Challenge PAVES 2023
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A Islande !

Ian Manook vient de m'embarquer à la pêche à la morue et ça n'a pas été de tout repos, croyez-moi.

Je suis parti de Paimpol, cité bretonne, pour me retrouver dans les eaux glacées à Islande, c'est ainsi que l'on dit, dans le milieu.

Si vous connaissez l'expression, "les forçats de la mer", elle prend, ici, tout son sens.

Les conditions de vie à bord du Catherine sont quasi inhumaines.

Ces hommes, pour faire vivre leur famille, se sacrifient littéralement, au profit d'armateurs qui les exploitent.

Lequéré et Kerano sont de ceux-là.

Sous la plume du romancier, le lecteur est plongé (croyez-moi, là aussi, le terme est approprié) dans le coeur et dans le corps de ces marins.

Les ordres du capitaine, le roulis, les vagues, le poisson qu'on remonte avec peine, la sueur, la crasse, la fatigue que l'on doit oublier, la maladie, les hommes harassés et soudain la tempête, vicieuse, mortelle.

Marie Brouet, jeune infirmière,  est envoyé pour reprendre, aux religieuses, les institutions françaises établies sur l'île pour prendre en main les soins des quelque cinq mille marins qui, chaque année, se retrouvent dans la région pour ces grandes pêches.

Ce sont ces personnages que vous allez suivre tout au long d'un roman captivant et d'un réalisme incroyable, comme sait les écrire Manook.

Avec lui, vous allez vivre des moments de folie, celle des hommes et celle d'une nature qui a souvent le dernier mot.

À Islande, vous sentirez le vent, le crachin, vous allez vous perdre dans la brume, mais vous allez aussi être tenté de vous baigner nus dans les fameuses sources d'eau chaudes.

Parce que l'écriture de Ian, c'est tout cela qu'elle vous fait vivre et ressentir et vous allez vous attacher à ces personnages aux destins tragiques.

Après la Mongolie (Yeruldelgger) ou le Brésil (Mato grosso) je ne regrette pas ce voyage à Islande, même si, la mer agitée, je ne suis pas très fan...











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Heimaey

Un polar d’Islande, mais pas une histoire écrite par un Islandais, plutôt la version d’un touriste qui visite le pays.



En effet, on raconte le périple d’un Français venu visiter le pays avec sa fille pour tenter de renouer les liens avec elle en revivant la visite du pays qu’il a fait dans sa jeunesse. Comme il s’agit de touristes, on aura droit à de jolies descriptions de beautés du paysage, mais parfois assaisonnées de clichés sur l’Islande et ses habitants.



Et puis, une intrigue policière échevelée où se mêle le trafic de drogue et une vengeance ancienne, des motifs rocambolesques piqués sur la trame du parcours touristique de l’île.



Une lecture récréative, pour se remémorer le plaisir de l’eau chaude et l’odeur de soufre ou pour rêver de ce pays où il est normal de passer la nuit de Noël à lire.

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Yeruldelgger

L’avenir du polar français passe t-il par un élargissement des ses frontières ? Après Caryl Férey ou Olivier Truc ("Le Dernier lapon"), voici venir Ian Manook et son étonnant roman se déroulant en Mongolie.



Si l’esprit voyageur de Manook le rapproche de ses condisciples cités plus haut, le moins que l’on puisse dire c’est qu’il impose sa patte et sa griffe dès ce premier polar (il a publié des autres bouquins, dans d’autres styles, sous d’autres pseudonymes).



Car Yeruldelgger est une véritable et magistrale claque, de celles qu’on ne prend que rarement (et encore moins de la part d’une nouvelle voix).



Ce roman, d’une richesse rare, vous plongera au plus profond de la Mongolie d’aujourd’hui, un pays qui se modernise mais où les traditions sont ancrées, consciemment ou non, dans chacun de ses habitants. Un voyage totalement dépaysant, loin de beaucoup de nos certitudes occidentales.



Concernant le contexte, Manook fait très fort : non content de décrire finement le paysage et la société de ce lointain pays, il nous plonge au plus profond de l’âme de ses habitants.



Une richesse immense, mise intelligemment en perspective. L’exemple le plus frappant étant la méconnaissance de la population locale concernant la Shoah, mise en parallèle avec notre propre méconnaissance des massacres perpétrés par millions à travers les âges dans cette région du globe.



Sous ce titre étrange, se cache le nom du personnage principal, impressionnant, atypique et d’une étonnante densité. Un personnage meurtri par son passé et en quête identitaire. Mais se focaliser sur lui serait faire injure aux personnages "secondaires" de cette intrigue, tous plus profonds et étonnants les uns que les autres.



Le tout est mis en mots et en images avec maestria par l’auteur, grâce à son style très riche et expressif. Tantôt cynique ou poétique, tantôt drôle ou cinglant, ce roman est une claque tant dans la forme que dans le fond.



Quant à l’intrique, on en ressort secoué et marqué au fer rouge. On s’attache aux personnages et Manook nous les malmène rudement. On s’accroche à cette histoire digne des meilleurs polars, on se prend des uppercuts au foie lors de passages d’une rare violence, on s’extasie devant la richesse de cette intrigue sans aucun temps mort, passant de surprises en surprises à chaque chapitre sans qu’il ne soit jamais possible d’anticiper ce qui va nous tomber sur la tête.



Bref une expérience de lecture qui nous ouvre l’esprit, nous chahute au plus profond et nous tord les tripes. Tout ce qui, pour moi, fait un grand, un très grand roman noir.



Éblouissant et inattendu, noir et touchant, éprouvant et intelligent, original et dépaysant, avec ce roman Manook s’impose dès son arrivée dans le milieu du polar comme un Khan. Ne passez pas à côté de ce qui est, pour moi, l’un des tous meilleurs romans de l’année.
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Ravage

Qu’est-ce qu’il fait froid ! Je suis congelée, moi qui suis très frileuse, je peux vous assurer que je suis cryogénisée pour des décennies, par des moins quarante et moins cinquante, vous n’avez pas fini de me voir sur Babelio…. Je sais qu’il en faut plus, mais c’est un essai…



Red Artic, hiver 1931, dans le Grand Nord Canadien, le 23 décembre, deux Loucheux, viennent se plaindre au poste de la police montée de la Gendarmerie royale, qu’un homme inconnu trappe sur leurs terrains de chasse, ils en ont peur.



Suite à la dénonciation, deux gendarmes vont aller rendre visite à ce monsieur, vérifié son permis de trappe et son identité. Mais tout ne se passe pas aussi facilement, un des policiers est blessé et il faut revenir très vite au village.



« Quatre heures du matin. Moins cinquante. Douze heures qu’il les mène dans la tempête, et la vitesse des chiens, n’a pas faibli. La même endurance. Il admire ses bêtes. Lui est perclus de douleurs. Les chutes et le froid lui tétanisent les muscles du dos. Les efforts pour sortir le toboggan des bassins de slutch, des congères ou des taillis lui ont déchiré les autres. Le froid lui a fendu les lèvres. Ses doigts gèlent malgré les sous-gants dans ses moufles. Tout son corps s’est raidi, mais les chiens, eux, roulent encore des épaules et s’enfoncent dans leur harnais avec la même énergie qu’au départ. »



Suite à ce fiasco, l’inspecteur Walker, pense qu’il n’a pas d’autre choix, que d’aller déloger ce sinistre individu nommé Jones ? Personne ne sait vraiment d’où il vient, quel est son nom, ce qu’il fait là.



Janvier 1932, une immense chasse à l’homme s’organise, personne ne cherche à savoir qui a tort ou raison, il faut arrêter cet homme, tout est de sa faute. Une meute d'une trentaine d'hommes armés, équipés de traîneaux, d'une centaine de chiens et d'un avion de reconnaissance pourchasse un être humain. Un seul. Tout seul.



« Triste matin, songe-t-il en regardant par la fenêtre. Il connait ces cieux de neige, prompts à ensevelir le monde et à l’étouffer dans un silence de ouate qui rend fou. Il connait le grand blanc, traître et sournois. Il connait les racks de glace qui bâclent de barricades, les rivières qui se gèlent, et le tonnerre de leur débâcle. Il connait les montagnes, les collines, les bois. Il connait les lynx, les ours et les loups. La martre, le pécan, le vison, la fouine et la belette. Il connait les Indiens. Les Loucheux, les Cris, les Mohwaks. Et il connait surtout les trappeurs. Les coureurs de bois et leurs cabanes. On n’enfonce pas ces portes-là d’un coup d’épaule. Une porte de trappeur, ça ne s’ouvre que vers l’extérieur, de sorte que les ours ne la force pas en s’appuyant de tout leur poids dessus et que le trappeur ne se retrouve pas piégé dans sa cabane face à un fauve en furie et affamé. »



Durant six semaines, à travers blizzards, tempêtes de neige, ces hommes assoiffés de vengeance se lancent sur la piste d'un fugitif qui les fascine, il est beaucoup plus malin qu’eux, plus de résistance aux intempéries, il déjoue tous leurs pièges, n’a peur ni des hommes, ni des bêtes. Juste parce qu’il a envie d’être seul, de se fondre dans la nature, qu’on lui foute la paix, malheureusement, la loi doit être respectée, même au fin fond de l’enfer.



« Le vent est tombé d’un coup, un froid glacé a figé la nuit. Les hommes restent engoncés dans leurs vestes épaisses, bottes aux pieds et moufles aux mains, le nez dans un foulard de laine ou dans la fourrure de leur capuche. C’est l’heure critique des solitudes où la froidure saisit les âmes, à se demander ce qu’on fait, par moins quarante, à quatre jours de traîneau de chez soi, à se geler en attendant de donner l’assaut à la cabane d’un fou qui n’hésitera pas à canarder. »



Une course-poursuite de folie, qui tourne à la curée, des tensions mettront certains d'eux face à leur propre destin. Car tout prédateur devient un jour la proie de quelqu'un d'autre.



Vous savez déjà que j’aime cet auteur donc Ravage de Ian Manook, a été un pur bonheur de lecture, les descriptions grandioses des paysages, une écriture fluide qui vous emporte et que vous n’avez pas envie de lâcher. Le seul reproche, parfois ça tourne un peu en rond, mais la traque est longue. D’après un fait réel, un récit à couper le souffle.



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A Islande !

Inspiré de faits réels, ce livre nous conte l’histoire des pêcheurs paimpolais se rendant près des côtes nord-est de l’Islande pour la pêche à la morue. Nous sommes en 1904. Fervents catholiques, les français consomment beaucoup de poissons, seul met synonyme de jeûne lors des très nombreuses périodes de carêmes annuels. Auparavant présente près des côtes bretonnes, la morue s’est déplacée vers des eaux plus froides et c’est près du port de Fàskrùdsfjördur que l’histoire se passe.



En même temps, la France, république laïque et sous l’impulsion du ministre de la Marine, Camille Pelletan, décide de supprimer toutes subventions accordées aux curés et religieuses qui assistaient dans les hôpitaux et dispensaires maritimes, depuis 400 ans, les marins-pêcheurs victimes de naufrages ou de maladies.

La mise en place d’un nouvel hôpital français et la venue d’un chirurgien et d’infirmières bretonnes, attirés par des primes alléchantes, aurait pu susciter rancoeurs et jalousies dans ce petit port situé au bout du monde. Il n’en fut rien, face à l’étendue de malheurs que vivaient les pêcheurs. Gangrène, typhoïde, pneumonie, dysenterie, dues aux conditions de vie déplorables sur ces goélettes, véritables cloaques de merdes et de puanteurs propices aux pires maladies. En effet, les armateurs et capitaines étouffaient la honte de leurs hommes à grand renfort d’alcool emportés sur les bateaux en lieu et place de l’eau. Des hommes qui embarquaient, déjà malades, en l’absence de visites médicales obligatoires, attirés par la seule paye du retour ou de la prime de veuve ou d’orphelin pour leur famille, mais seulement quand l’armateur acceptait de payer la prime d’assurance avant le départ. Des hommes que l’on qualifiait de héros de la mer parce qu’ils étaient le chaînon indispensable à l’expansion économique du pays mais qui n’étaient en réalité que des forçats de la mer en raison des conditions infâmes dans lesquelles on les forçait à se maintenir tant qu’ils étaient utiles.



Ce livre est écrit comme un roman, avec des personnages plus qu’attachants et des histoires d’amour magnifiques. J’y ai vécu des naufrages, j’ai survécu à une tempête et aux bris des mâts, je me suis perdue dans un brouillard laiteux et opaque. Je me suis réchauffée aux sources chaudes, j’ai contemplé les fjords du haut des montagnes, j’ai bravé les sentiers escarpés, accrochée à la crinière volante de mon cheval. J’ai souffert et espéré avec les personnages et je me suis émerveillée devant cette nature rude que l’auteur décrit de manière flamboyante.

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L'oiseau bleu d'Erzeroum

Génocide arménien, un roman d’autant plus violent que ce qu’il raconte n’est pas le fruit de l’imagination, mais repose sur des événements historiques.



Je connaissais le Ian Manook de Yeruldelgger, ses polars qui font voyager en Mongolie, en Amérique du sud ou en Islande. Mais c’est tout un tout autre registre, le périple des Arméniens emmenés dans le désert pour y mourir n’a rien de touristique. C’est plutôt l’horreur, les cadavres empilés au point de bloquer le cours de la rivière, les femmes violées et les enfants qui meurent de faim.



C’est l’histoire de deux petites filles, Araxie et sa sœur aveugle Haïganouch. Les fillettes seront vendues pour devenir les esclaves d’une petite Turque dont ils deviendront l’amie. Les sœurs seront séparées et Araxie s’enfuira avec sa maîtresse à la fin de la guerre, alors que sa sœur deviendra poète en Arménie soviétique. Avec la vie de ces réfugiées ballotées par l’Histoire, on observera aussi la montée du nazisme et du régime stalinien.



Une lecture éprouvante qui raconte comment des tyrans arrivent à transformer les frustrations d’un groupe en haine meurtrière. C’est arrivé en Turquie, en Allemagne (et à la fin du siècle au Rwanda…). J’ai toujours du mal à comprendre. Je conçois qu’un soldat qui se fait tirer dessus tire aussi sur son ennemi ou qu’on puisse appuyer sur le bouton pour lancer de loin un missile destructeur. Mais je trouve tellement désespérant qu’un homme puisse battre des enfants innocents, décapiter des hommes et violer des femmes…



Heureusement, le roman montre qu’il y a des bons chez les méchants, le médecin qui a recueilli les sœurs, l’officier turc ou le camarade russe qui leur viendront en aide. Il rappelle aussi que le mal engendre la vengeance qui donne raison aux bourreaux en une spirale infernale.



Une lecture éprouvante, oui. Peut-être suis-je une mauviette de m’attrister pour ces victimes du passé, mais j’espère ne jamais perdre cette sensibilité qui permet de considérer mon voisin comme un être humain et de voir des personnes souffrantes plutôt que des statistiques.

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L'oiseau bleu d'Erzeroum

Un livre merveilleux et difficile. Une nuit noire de laquelle percent malgré tout quelques étoiles... Le roman le plus personnel de Patrick Manoukian, alias Ian Manook, alias Roy Braverman. À l'heure où de nombreux pays, l'État Turc, le premier, ne reconnaissent pas le génocide Arménien, ce roman nous permet d'en apprendre plus et nous prouve que plus que l'État Turc, c'est l'humanité qui est à montrer du doigt.

Des personnages touchants, une saga familiale époustouflante. Un chef-d’œuvre.
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Storia 2020

Encore une initiative louable et utile que ce recueil de nouvelles dont les droits sont reversés à l'association Ela pour les enfants malades ( atteints de leucodystrophie) .



Dix sept auteurs de thrillers se sont essayés, avec plus ou moins de bonheur, à l'exercice suivant: revisiter les contes. Ceux-ci, dans leur forme originale, sont déjà souvent cruels et dérangeants: inceste dans Peau d'âne, cannibalisme dans le petit Poucet, crimes et abandons d'enfants, bref que du bien effrayant et malsain! Eh bien, certaines de ces nouvelles font dans la surenchère...



Mention particulière , à ce propos, pour " Dur à cuire" de Victor Guilbert, s'inspirant du bonhomme de pain d'épice, on plonge dans le gore... La première" La fille aux allumettes" est tout aussi poignante que le conte. Certaines ne m'ont pas tellement plu , par exemple celle de Jérôme Loubry, auteur que j'apprécie pourtant . D'autres ont un côté étrange envoûtant comme " L'arbre de glace" de Mo Malo. Et Nicolas Beuglet nous amuse bien avec " Sangdrillon"...



Mais qu'importe mon ressenti très inégal, d'une histoire à l'autre, ce qui compte avant tout, c'est la démarche accomplie à travers ce livre. En tout cas, cela m'a donné envie de lire un essai qui m'attend depuis longtemps" Psychanalyse des contes de fées " de Bruno Bettelheim...
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Heimaey

Avec Yeruldelgger. Ian Manook (pseudonyme de Patrick Manoukian, ancien journaliste de 65 ans qui a déjà écrit sous d'autres pseudos) prouvait qu'il était particulièrement doué pour trousser un roman haletant, original et parfaitement dépaysant,puisqu'il avait pour décor la Mongolie, un pays peu usité par la littérature, policière ou générale.

Après trois volets en Mongolie et un autre roman se déroulant au Brésil, le voilà maintenant près à nous faire voyager en Islande avec son dernier roman en date, Heimaey.

Il se met donc parfaitement au diapason de quais du polar - qui met en avant la littérature du Nord et fait souffler à son intrigue un puissant vent du Nord, pour nous amener dans une Islande que l'on connait forcément un peu avec les polars d'Indrinason et Ragnur Jonasson (présent aussi à Quais du Polar, on en parle rapidement).



A travers une intrigue qui voit un père, Jacques Saelnizz et sa fille, Rebecca adolescente particulièrement rebelle et tête à claque, tenter de se rapprocher avant que les démons d'un passé enterré depuis 40 ans revienne à la surface, Manook tisse un road movie crépusculaire qui nous plonge dans l’Islande des légendes et des croyances, des villages de pêcheurs aux pistes caillouteuses,



Les descriptions de cette Islande dont le feu brûle sous la glace sont toujours chez Manook particulièrement réussies, et le roman est traversé par de passionnantes réflexions géopolitiques et scientifiques, et on sent que l'auteur aime particulièrement une culture islandaise auquel il rend un si bel hommage.



Comme souvent chez Manook, l'intrigue, parfois un peu cousue de fil blanc, est moins importante que le décor, mais celui ci était bien rendu que personne ne songera à bouder son plaisir devant cet excellent Heimaey.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Mato Grosso

Je suis triste de ne pouvoir dire du bien de ce roman. J'ai adoré la trilogie Yeruldelgger et trouvé passionnant de me plonger dans un roman qui s'éloigne de ce qui a fait le succès de son auteur.

Je suis perplexe. J'ai failli moultes fois lâcher ce livre et pourtant l'intrigue est excellente, portée par une structure narrative de mise en abyme peu explorée dans le roman noir : 2006 voit le retour d'un écrivain au Brésil, rattrapé par un meurtre qu'il a commis 30 ans auparavant ; 1976 le temps de son roman dans lequel il raconte son crime.

Tout tombe à plat alors que tout aurait du être poisseux et archi tendu. Les dialogues de ce pokeur menteur sonnent complètement faux. Restent quelques belles pages sur la jungle amazonienne et sa faune.

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Yeruldelgger, tome 2 : Les temps sauvages

Suffit-il de transposer en Mongolie un polar tout à fait improbable pour en faire un pur plaisir de lecture ? Peut-être... car, même si j’ai été effarée par les méchants plus caricaturaux que caricaturaux, les rebondissements délirants et sans frontières et l’intrigue aussi cousue de fil blanc que les chemises de James Bond, je dois avouer que je me suis régalée !



C’est donc le tome 2 des aventures du commissaire Yeruldegger à Oulan-Bator et environs (larges, les environs). Tout commence sous un dzüüd si terrible que les cadavres d’hommes, de chevaux et de vaches qu’on retrouve sont complètement gelés, compliquant le travail de la police mongole. Tout se poursuit dans une ambiance de barbouzes et de conspirations rendue acceptable par les gentils yaks et les beignets tout chauds dégustés sous les yourtes. Et tout se termine dans une confrontation épique entre gentils et méchants sous un nouveau dzüüd.



Malgré les apparences, je ne me moque pas : l’intrigue est prenante, les personnages attachants et la Mongolie apporte la petite touche de couleur locale qui fait sortir ce polar du lot. En bref, c’est une lecture détente parfaite pour les soirées d’hiver, sous un plaid et avec une tasse de thé (même sans beurre rance !)
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L'oiseau bleu d'Erzeroum

Il est noté sur la 4 è de couverture ceci:



"C'est autour de l'enfance romancée de sa propre grand-mère que Ian Manook, de son vrai nom Patrick Manoukian, a construit cette inoubliable saga historique et familiale. Un roman plein d'humanité où souffle le vent furieux de l'Histoire, une galerie de personnages avides de survivre à la folie des hommes, et le portrait poignant des enfants de la diaspora arménienne."



Tout y est dit en quelques mots ou presque. ..



Je connais Ian Manook comme romancier de polars, de thrillers, je l'ai suivi aux U.S.A , en Mongolie , mais je ne connaissais pas son immense talent de romancier.

Il nous embarque dans la grande histoire sur les pas de Haïganouch et d'Araxie deux soeurs , d' Assina, de Agop et Haïgaz, de Christopher, d'Hovannes et de tous les autres. de 1915 à Erzeroum alors en Arménie turque à 1939 à Moscou en passant par Alep, Beyrouth et Paris , leurs destins se croisent, s'unissent, les séparent mais leurs coeurs ne les oublient pas.



Je demande à la lune

D'avaler cette triste nuit

Et au soleil lui aussi

de brûler cette infortune.



le Chant d'Haïganouch m'attend déjà .





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Ravage

Depuis ses premiers romans, Ian Manook n’a pas son pareil pour décrire la nature et ses interactions avec l’homme. D’une écriture expressive et imagée, il immerge comme personne le lecteur qui se retrouve à ressentir les affres climatiques.



Un exemple pris un peu au hasard :« Curieusement, la nuit a été de cristal. A moins quarante-cinq degrés, le noir devient cassant. Cette curieuse impression que le monde entier se fige dans un bloc de menthe translucide. Que les rondins des cabanes, vitrifiés par le froid, pourraient voler en éclats au moindre choc ».



Les éditions Paulsen sont spécialisées dans les récits d’aventure et d’exploration, au plus près de la nature. Ils lancent une nouvelle collection appelée La Grande Ourse qui propose du roman basé sur des histoires vraies. Ravage de Ian Manook inaugure cette collection, parfait ambassadeur pour ainsi fictionner des histoires vraies.



L’histoire raconte une traque, qui fait perdre un peu la raison à chacun. Qui prend des proportions démentielles. Plusieurs dizaines d’hommes qui parcourent les étendues du grand nord canadien, dans des conditions climatiques terribles, pour tenter de retrouver un seul homme. Qui se déjoue de tous les pièges et de cette horde durant des semaines… Nous sommes en 1932.



Personne ne sait qui il est, tous les fantasmes se mettent à coller à cette ombre évanescente.



Ne vous attendez donc pas à un livre de nature writing contemplatif, vous seriez loin du compte.



Évidemment que cette nature est l’essence-même du récit, un personnage à part entière. Mais cette histoire se révèle virile. Bourrée de testostérone.



C’est aussi un peu le sens de ce roman, à voir des hommes poussés dans leurs derniers retranchements, à perdre une part de leur humanité, à se rapprocher de leur animalité. A en engendrer des tensions dans le groupe.



La traque est davantage un révélateur des tempéraments de chacun, des vrais, ceux enfouis au plus profond d’eux-mêmes. A mettre en lumière leurs fêlures aussi.



Cette chasse à l’homme a réellement eu lieu, Ian Manook a repris le peu d’informations connues sur cette histoire assez incroyable, pour broder ensuite autour, en construisant ses personnages et leurs réactions.



Un récit rugueux et tempétueux sur 340 pages, avec une petite tendance à la redite. Il ne se passe pas tant de choses, mais l’auteur arrive à rendre dynamique cette aventure (sur)humaine.



Ravage est un roman de l’extrême, par son environnement autant que par ce que cette traque va déclencher chez ces hommes confrontés à des conditions terrifiantes. Ian Manook est décidément un écrivain qui sait teindre le blanc immaculé de noirceur, un vrai raconteur d’histoires.
Lien : https://gruznamur.com/2023/0..
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Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

J'ai enfin lu Nous sommes Charlie, après (déjà!) Toutes ces années.

Je me souviens...

Ces soixante textes, certains brefs et d'autres plus longs, me ramènent encore à ce jour funeste, cette matinée maudite du 07 janvier 2015. Matinée de mort, cauchemar éveillé, et ce chagrin, ce chagrin!

Philippe Lançon, Chloé Verlhac, Riss et Patrick Pelloux sont passé avant.

J'avais laissé ce poche collectif noir sur l'étagère huit années entières avant d'enfin, tout de même, de l'ouvrir et de l'enfin lire.

Toute la sidération, l'incompréhension, la colère et la réaction me sont revenues intactes car à peines enfouies et toujours prêtes à ressurgir.

Ces soixante-là ont unis leurs voix, leurs mots, leurs cœurs pour parler et dire... Dire NON à la peur et à l'indicible. Tous.

Soixante voix qui, au final, n'en font qu'une riche et variée dans une cantate à la Liberté.

Horusfonck est Charlie, encore et toujours, à jamais.
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Storia 2020

Un recueil de nouvelles au profit de l'association ELA (Association européenne contre les leucodystrophies). 17 auteurs de thrillers ont détourné des contes populaires pour en faire des nouvelles noires. Comme toujours dans ce genre d'exercice, il y a du bon, et même du très bon, et quelques déceptions ; Globalement, le résultat est ici plutôt satisfaisant.



Mais c'est d'abord l'intention des auteurs, et le geste d'achat solidaire qui comptent. On ne peut donc jamais être totalement déçu !



- J'ai beaucoup aimé : Dur à cuire, de Victor Guilbert ; Le joyeux Noël d'Otto, de Thomas Enger ; Paradise, lost and found, de Christophe Dubourg

- J'ai bien aimé : La fille aux allumettes, de Roy Braverman & Ian Manook ; Nico le petit saint, de Damien Eleonori ; Blanche et les sept assassins, de Jérôme Loubry ; Au bois dormant, de Armelle Carbonel ; Once upon a time... in L.A., de Nicolas Duplessier ; Rouge, de Ivan Zinberg ; Les trois petits porcs, de Ludovic Miserole ; Le "Barbe-Bleue", de Vincent Hauuy ; Le tout petit Pousset, de Jacques Expert ;

- J'ai moins aimé : La peau que j'habite, de Johana Gustawsson ; L'arbre de glace, de Mo Malo ; Sangdrillon, de Nicolas Beuglet ; Boucle d'Aur, de Loraine Letournel Laloue.



Un livre à acheter sans hésitation.
Lien : http://michelgiraud.fr/2020/..
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