Même si le titre et l'auteur ne l'indiquent pas forcément (c'est en fait le pseudo d'un certain Patrick Manoukian, ancien journaliste de 65 ans qui a déjà écrit sous d'autres pseudos) Yeruldelgger est un polar fançais, mais qu'on pourrait rapprocher des excellents Dernier Lapon d'Olivier Turc ou de Zulu de Caryl Férey .
En effet, dans ces 3 polars récents, ni les personnages ni les décors ne sont franco - français et tout nous immerge au contraire dans un pays et une civilisation radicalement différente de la notre, et qu'on est ravi d'appréhender un peu mieux, d'autant plus que l'intrigue policière particulièrement solide nous fait passer les passages plus documentées comme une lettre à la poste.
L'auteur tenait visiblement, si l'on en croit ses itws, réunir dans ce roman à la fois son amour pour les polars Nordiques celui pour ce pays qu'il a visité et dont il trouve l’atmosphère minérale et qui a conservé la spiritualité d’une civilisation nomade.
Et à la lecture de ces 550 pages prenantes et envoutantes, dire que le pari est réussi est un doux euphémisme.
On y suit l'inspecteur Yeruldegger (qui donne donc son titre au livre), qui, après le décès de sa petite fille 5 années avant le début de l'intrigue , a vu sa vie personnelle se désintégrer totalement.
Et lorsque des mongols découvrent le cadavre d'une petite fille enterré dans la steppe, son cœur chavire, et il fait de son enquête une affaire personnelle. En même temps, trois chinois et deux prostituées sont retrouvés morts et mutilés. Destitué par sa hiérarchie, il devra pourtant résoudre ces deux affaires très certainement liées.
L'intrigue est classique mais parfaitement menée, laa plume est très belle (« Les rêves n'appartiennent ni à ceux qui les font ni à ceux qui les lisent. Ils sont juste un lien invisible entre les âmes et les cœurs. »), mais ce qu'on admire le plus dans ce polar, c'est le décor particulièrement dépaysant.
Et ce décor exotique est également très instructif pour le lecteur occidental lambda. On y apprend en effet qu'en Mongolie. , il existe encore pas mal de yourtes, de traditions et de superstitions ancestrales, chamaniques toujours dans les moeurs, et on y voit des protagonistes osciller entre leurs coutumes séculaires et une volonté de s'ancrer également dans une certaine modernité.
Bref, Yerudelger est un roman haletant, original et parfaitement dépaysant, qui vu le succès critique et public, devrait certainement être suivi par d'autres suites... Et à noter que le livre fait partie de la sélection des lecteurs Quais du Polar/20 Minutes et que l'auteur sera en dédicace samedi et dimanche . Il fait également partie des 3 auteurs finalistes du Prix SNCF du Polar (catégorie « roman »).
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