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Critiques de Ignacio Del Valle (49)
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Les démons de Berlin

Encore une fois, voilà un livre qui a passé sûrement un peu trop de temps dans ma PAL ! Acheté l'an dernier aux Mots Doubs, dédicacé par l'auteur, après un échange laborieux dans un mélange de français, d'espagnol et d'anglais, je me suis décidée à le sortir des étagères alors que l'édition 2015 du festival du livre du Doubs se profilait. Au-delà du temps passé dans ma PAL, je crois que j'ai tout simplement fait une erreur de casting avec ce choix.



Pourtant, le pitch de départ me semblait coller à mes centres d'intéret : découvrir Berlin à une période cruciale de la guerre pour la ville, le tout avec une enquête policière. Sur le premier point, je ne suis pas véritablement déçue d'ailleurs. En suivant le héros, on découvre une ville qui devient peu à peu un champs de bataille, on retrouve les exactions commises par les Russes et que j'avais découvert il y a quelques années avec Une femme à Berlin, et le lecteur a même la chance d'assister à la mort d'Hitler. Cependant, si les faits historiques sont réels, le roman pêche par un trop plein. Trop de bombes, trop de fils d'intrigue à suivre, trop de situations dans lesquelles Andrade aurait au moins du être blessé si ce n'est mort mais dont il ressort à peine décoiffé !



Côté écriture en revanche, rien à redire : en prenant un ouvrage des éditions Phébus, je ne m'attendais pas à une lecture légère. Le est travaillé, les phrases font preuve d'une certaine complexité de construction, ce qui en soit est plutôt agréable pour un roman noir. Le problème réside toujours dans le rythme de l'intrigue : quand j'espèrais que l'histoire décolle un peu, paf, un coup de bombes, Andrade file entre elles et on repart à zéro.



Lecture en demi-teinte, historiquement intéressante, qui traduit bien l'enfer que dut être Berlin pendant ces jours sombres, l'intrigue policière Les Démons de Berlin n'aura malgré tout pas su me convaincre. Une déception donc, par rapport à ce que j'en attendais.
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Empereurs des ténèbres

El Tiempo de Los Emperadores Extraños

Traduction : Elena Zayas



ISBN : 9782752906519



Peu importe si vous l'on soutient qu'"Empereurs des Ténèbres" est un roman policier : rien n'est plus faux. Il y a assassinats, bien sûr, et froidement prémédités, et bien sanglants dans une guerre qui atteignit des sommets de barbarie mais justement, les thèmes de ce roman, ce sont avant tout la Guerre, la Mort et la Folie.



D'origine asturienne, Ignacio del Valle a choisi de nous faire voir la Seconde guerre mondiale et, plus précisément, le moment où le vent tourne pour les troupes nazies sous l'assaut de l'Armée rouge et du sursaut patriotique impulsé par Staline à toute une nation qu'il déclarait pourtant la veille au soir la plus solide alliée du Führer, avec les yeux des Espagnols, les membres de la célèbre "División Azul" (littéralement "Division Bleue" en raison de la couleur de la chemise qu'ils arboraient), exclusivement composée de volontaires, qu'un Franco bien embêté mais ne pouvant renier l'aide apportée par Hitler et ses aviateurs lors de la Guerre civile, s'était débrouillé pour mettre à la disposition de la Wehrmacht à charge cependant pour celle-ci de les équiper.



Parmi ces volontaires, Arturo Andrade, jadis le lieutenant Andrade mais redevenu simple soldat après une condamnation pour crime passionnel. Son intelligence, profondément analytique, ses facultés de raisonnement hors de pair, qu'il a déjà exercées dans "L'Art de Tuer les Dragons", énigme bâtie autour de la disparition d'une oeuvre d'art, sortie en 2003 aux Editions Agaida, le font désigner presque immédiatement lorsque l'on découvre, dans la rivière gelée, au milieu d'un groupe de chevaux morts de froid en un plein élan qui fait irrésistiblement penser à une scène célèbre du génial "Kaputt" de Malaparte, un soldat égorgé, entièrement vidé de son sang, et sur la peau de qui on a gravé ces mots : "Prends garde, Dieu te regarde." Qu'on puisse entamer une enquête policière alors qu'on est cerné par l'Armée rouge et les partisans et que l'on mène soi-même une guerre où des milliers d'hommes tombent tous les jours, à quelque côté qu'ils appartiennent, peut paraître absurde mais la chose n'en reste pas moins nécessaire. Assurément, la victime n'est pas morte sous une baïonnette russe, les chevaux ne sont pas sortis comme ça pour se jeter dans des eaux glaciales et le mystère, si ce n'est un fou délirant, rôde non pas à l'extérieur de la Division mais bel et bien en son sein.



Andrade reçoit carte blanche de tous ses supérieurs hiérarchiques, espagnols comme allemands, pour mener l'affaire à terme. Il se lance, curieux mais prudent. Doté d'un sens logique que les horreurs vues durant la guerre, civile, puis mondiale, n'ont pas réussi à entamer, il cherche bien entendu un mobile. Mais il y en a-t-il vraiment un ? Ne va-t-il pas s'évanouir au moment même où Arturo y atteindra ?



Plus que l'intrigue policière, dont on comprend très vite qu'elle n'ait qu'un prétexte, c'est la guerre et tout ce qu'elle renferme en elle, aussi bien de parfois comique que de franchement atroce, qui retiennent ici notre attention. On en apprend beaucoup par exemple sur les rivalités qui s'exerçaient, au temps de la Phalange, dans le camp de Franco. On découvre, si on ne le savait déjà, en parallèle des dissensions favorisées par les Staliniens au sein des Républicains espagnols, la haine que portaient Phalangistes et Franquistes aux francs-maçons alors que ceux-ci conservaient leur sphère d'influence. Et, très vite, la haine et le mépris des Phalangistes purs et durs envers Francisco Franco. Même après ce que l'on voit de nos jours, en particulier sur le Net, on reste stupéfié par le fanatisme, religieux, politique, pour ne pas dire les deux, inextricablement mêlés à la soif du pouvoir, de certains. Quant à l'arrivisme, froid et qui ne se pose guère de questions, des autres, il parvient encore à nous ahurir. Dans le fond, rien ne change ... Une fois ou deux, apparaissent, hallucinants et eux-mêmes zombifiés par leurs credo d'hygiène raciale, deux S. S. - un homme et une femme, celle-ci, Hilde, n'étant pas sans évoquer, en tous cas par son physique, Ilse Koch, surnommée "la chienne de Büchenwald". Il n'est pas sans un malheureux berger allemand, dressé pour la haine et l'attaque, qui ne tienne ici son rôle de monstre parce que la Guerre et les hommes rendent monstrueux.



Des lecteurs mieux au fait en matière d'Histoire de la Guerre civile espagnole et de la "División Azul" repèreront peut-être pas des invraisemblances mais certaines libertés prises par la fiction sur les faits. Le récit n'en reste pas moins hypnotique tant il déborde à la fois d'humanité désespérée, d'inhumanité formatée, de cruauté dictée par le seul instinct de conservation, et de folie, une folie absolue qui hante à peu près tout le monde, qu'elle se dévoile lors d'un crime, d'une séance de "violeta" (variante espagnole de la roulette russe qui confère au roman l'une des ses scènes les plus fortes), d'un corps-à-corps entre deux hommes ou entre un chien et un homme, ou même de simples rapports sexuels (Zira et Arturo).



A l'issue de ce livre, on serait tenté de conclure : "La Guerre rend fou." Mais, à bien y regarder, n'est-ce pas notre folie à tous qui provoque la Guerre ? ... Certes, Hitler, Staline, ... furent des "Empereurs des Ténèbres". Mais n'en portons-nous tous pas un au plus profond de notre être, qui ne demande qu'à se révéler si le Destin et la "Chance" s'en mêlent ? L'assassin que traque Andrade se veut un justicier mais, finalement, n'est-il, pas lui aussi, qu'un "Empereur des Ténèbres" qui s'est longtemps ignoré et qui, quand il le comprend, n'éprouve plus le besoin de survivre ? ...



A lire mais avec l'esprit reposé et porté à la réflexion. "Empereurs des Ténèbres" est un roman plus complexe que ne le laisse supposer sa quatrième de couverture. ;o)
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Les démons de Berlin

Le crépuscule de ceux qui se sont pris pour des dieux.

C'est sur le front de l'est, près de Leningrad, qu'on avait laissé le soldat Arturo Andrade, un espagnol de la Division Azul qui fut envoyée par Franco pou prêter main forte aux allemands durant la dernière guerre.

Après les Empereurs des ténèbres, voici donc : Les démons de Berlin du même Ignacio del valle.

Le Reich vit ses derniers jours et comme tant d'autres, Arturo erre dans un Berlin qui courbe l'échine sous les bombes, en espérant que les américains arriveront avant les russes, les Ivans, les terribles Ivans qui réussirent à terroriser les nazis.



[…] Le Reich offrait son visage le plus terrible dans le chaos des routes, bloquées par un flot gris de véhicules et de réfugiés faméliques, exténués et terrorisés par les cris de Der Iwan kommt !



Dans le bunker de Hitler, un haut gradé est assassiné, Arturo enquête. On parle d'espionnage. Les américains seraient à la recherche de mystérieuses WuWa, les WunderWaffe, les armes miracles que les nazis seraient sur le point de lancer ... Délire SS ? Propagande nazie ? Ou réel danger atomique ?

Arturo et quelques rescapés de la division Azul se lancent sur les traces des espions Alliés, des scientifiques allemands et d'une mystérieuse confrérie nazie, ...



[…] - Stratton en a-t-il dit plus ?

– M. Stratton est décédé ce matin, répondit Bauer avec une froideur notariale. Arturo écarquilla les yeux.

– Que s’est-il passé ?

– Crise cardiaque. C’était un homme sain et robuste, et ceux qui étaient chargés de l’interroger étaient des gens compétents… C’est un coup de malchance.

Un sentiment diffus de solidarité crépita dans le sang d’Arturo à l’évocation du corps du commando américain roué de coups, couvert de plaies et électrocuté : ce n’était pas une mort pour un soldat.

– Toutefois, il nous a livré une dernière chose intéressante avant de nous quitter.



Comme d'habitude, Del Valle convoque tout un ensemble de personnages et de faits réels, même si c'est sans grand souci de vraisemblance, pour les mélanger habilement, ici dans le chaudron infernal de Berlin en 1945 : l'ordre de Thulé par exemple a bel et bien existé, tout comme le baron Von Sebottendorf ou encore la division Charlemagne, l’équivalent français de la division Azul.

Tout cela est instructif mais les quelques dérives qui parsemaient l'épisode précédent prennent ici une importance beaucoup trop grande. Dans cette ambiance de fin de règne, de déroute militaire, la fin du monde est si proche, Berlin ressemble tellement à l'enfer, que Del Valle se laisse emporter par ses propres démons. Ses envolées philosophiques ou lyriques, ses digressions romantiques ou mystiques, prennent beaucoup de place et de pages, pour finir par dévorer l'intrigue policière.



[…] Et partout, des cadavres atrocement déformés, tordus dans les flaques de leur propre graisse, réduits à un tiers de leur taille normale, et sur certains, de petites flammes de phosphore bleutées et tremblotantes.



Tel un Néron pyromane, l'auteur se perd (et nous avec) dans les descriptions flamboyantes de la ville en proie aux bombes et aux flammes.

Il faut dire que tandis que les allemands courent après l'arme atomique, les américains quant à eux peaufinent encore, quelques mois seulement après les terribles bombardements de Dresde et Hambourg, leurs techniques d'extermination massive. Et l'artillerie russe est toute proche.

Tout cela est décrit avec une fascination morbide et disons-le, parfois trouble et inquiétante, pour la folie suicidaire des soldats du Reich : le crépuscule de ceux qui se sont pris pour des dieux.

Pour celles et ceux qui aiment les fins du monde.




Lien : http://bmr-mam.blogspot.fr/
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Derrière les masques

On pourrait imaginer que d'une œuvre à l'autre, un auteur se perfectionne, gommant les éventuels petits défauts dont pâtissaient ses précédents romans...

C'est pourquoi "Derrière les masques", dernier roman en date de l'écrivain espagnol Ignacio del Valle, a été source de déception. J'y ai retrouvé, en plus accentué, ce qui m'avait empêchée d'apprécier pleinement "Empereur des ténèbres" : un style parfois ampoulé, et des circonvolutions philosophiques qui plombent le récit...



Le synopsis est bâti à partir d'une enquête a priori banale. Un attentat à la bombe perpétré dans restaurant russe de New York, a occasionné la mort de son propriétaire, puissant mafieux notoire.

Sur les lieux, se trouvait Erin, reporter photographe qui, suite à un traumatisme vécu lors d'un reportage dans la Yougoslavie en guerre, a délaissé les champs de bataille pour se sédentariser et exercer son métier dans conditions plus sures. Mais les réflexes demeurent : avant de perdre connaissance, sonnée par l'explosion, elle prend quelques photos. Sur l'un des clichés alors réalisés, elle reconnait le célèbre Viktor, chef de guerre serbe. Le hic, c'est que l'individu en question est censé être mort et enterré.

Après avoir confié sa découverte aux deux agents du FBI chargés de l'affaire, elle-même ne peut s'empêcher de partir en ex Yougoslavie, pour retrouver la trace de Viktor, et l'explication de sa présence sur le sol américain.

Quant à l'enquête menée sur place par les agents new-yorkais, Daniel Isay et Sailesh Mathur, elle nous fait naviguer dans les eaux glauques d'un nouveau banditisme qui ne connaît pas les frontières, la contrebande et le racket ayant fait place aux magouilles financières de haut vol, et aux trafics internationaux d'armes et d'êtres humains.



En réalité, l'intrigue policière n'a ici guère d'importance. Elle n'est qu'un prétexte que l'auteur utilise pour étoffer ses personnages, mettre en exergue leurs obsessions, tester leurs faiblesses, et nous livrer le détail de leurs questionnements parfois métaphysiques...



Ses héros sont rongés, chacun à sa manière, par les manifestations de la cruauté, de l'injustice, dont ils sont les témoins récurrents. Mais les motivations qui les poussent à combattre, à leur petite échelle, ces fléaux, se révèlent plus complexes qu'il n'y parait de prime abord. Derrière la volonté de rendre le monde plus équitable, moins violent, se dissimule une quête plus personnelle, qui consiste à découvrir ce qui se cache derrière leurs propres masques...

La figure de Viktor prend une dimension quasi mythique. Nimbé d'une aura de mort, propre à susciter la terreur, le serbe sert lui aussi de symbole, de faire valoir à ceux qui le traquent, et qui ce faisant, partent aussi un peu à la recherche d'eux-mêmes.



Le propos de "Derrière les masques" est donc très intéressant, mais j'ai trouvé que son traitement manquait d'une certaine maîtrise. Le rythme s’essouffle au fil de réflexions philosophiques qui semblent parfois sans rapport avec le contexte du récit, et je me suis régulièrement ennuyée au cours de ma lecture.

De même, l'écriture souffre par moments d'un excès de lyrisme inapproprié au ton de l'ensemble.



Dommage, parce que ce roman peut se prévaloir de belles qualités (je pense notamment à la façon dont l'auteur dépeint la ville de New York, nous faisant ressentir sa frénésie), que ses défauts finissent par occulter...


Lien : http://bookin-ingannmic.blog..
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Derrière les masques

Le récit commence sur l'explosion d'un restaurant tenu par un propriétaire russe. Sur le lieu de l'accident une photographe, Erin, prend instantanément des clichés. Des clichés qui vont tout changer. On reconnaît clairement dans la foule en panique un visage dur et froid : celui de Viktor, un criminel de guerre qu'on croyait bel et bien mort. Que fait-il ici, à New York ?

Vont alors se mêler les investigations de la photographe et de deux autres enquêteurs. Erin partira seule en Europe pour en découvrir plus sur l'identité et le passé de Viktor. Elle devra se confronter au silence et poser des questions insistantes voire dangereuses.

Elle collaborera avec deux enquêteurs new-yorkais : Daniel et Sailesh. Ils se chargeront de démêler cette sombre affaire en naviguant entre clans et réseaux de prostitutions toujours en essayant de démasquer les trahisons, les menaces.



Dès le début on est plongés dans une ambiance sombre et très dure. On se demande immédiatement comment les choses vont évoluer pour les personnages car les trois "enquêteurs" nous sont décrits de manière intime, et on découvre qu'ils sont tous en souffrance et cherchent un moyen pour surpasser celle-ci. Ils semblent être tourmentés, particulièrement Erin qui, pour décrocher la photo marquante de sa carrière, a connu la violence gratuite et ne s'en remet pas. Ils cachent tous une partie de leur vie qui leur déplaît.

Le personnage de Viktor m'a tout de suite plu puisqu'il apparaît comme un fantôme, on l'aperçoit, on entend beaucoup parler de lui mais il reste insaisissable. Sa personnalité reste très mystérieuse et tout au long du roman, nous lecteurs, sommes en quête de réponses à son sujet.

J'ai eu l'impression d'être cloisonnée dans un univers violent, avec beaucoup de moments d'agressions, de crimes, d'attentats et ça m'a légèrement étouffée, comme s'il n'y avait pas d'échappatoire à un monde aussi cruel.

Les gros points négatifs ont été pour moi les répétitions des mots : "apparence" et "masques". Comme si l'auteur voulait justifier le titre de son ouvrage, et j'ai horreur qu'on me répète une chose évidente : que tout le monde porte un masque dans ce roman. On a bien compris puisque c'est le titre !

Les introspections des personnages m'ont parues trop longues, trop philosophiques, quelques fois ça allait trop loin à mon goût. Le roman est centré sur les pensées des personnages principaux, la faculté qu'ils ont de se pardonner et de pardonner aux autres.

Néanmoins la fin est très frappante et reste la meilleure partie du livre.
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Derrière les masques

Une bombe explose à Manhattan: attentat terroriste ou criminalité expéditive?



L'enquête favorise rapidement un règlement de comptes et un témoin fait un constat bien étrange par l'oeil de son appareil photo.



Mais qu'y a-t-il de commun entre une explosion dans un bar new-yorkais tenu par des mafieux russes et un criminel de guerre serbe passé pour mort?



Deux flics et une photographe de guerre vont se pencher sur cette improbable affaire, les premiers en faisant leur métier d'enquêteurs, tenaces et impliqués, la seconde en retrouvant les fantômes d'un travail de terrain dans le bourbier de l'ex-Yougoslavie. Cette quête violente et mouvementée va les affecter dans leur vie personnelle, sur fond de trafic d'armes, de drogues, de femmes et de prostitution, de blanchiment d'argent et de corruption.



Ignacio del Valle dépasse le simple exercice du polar pour une réflexion plus intime sur les fêlures des individus, sur leur aptitude au bonheur, sur leur capacité de violence innée à assouvir, quand elle n'est pas canalisée par les légalités sociétales. C'est donc un thriller, violent et rugueux, un brin lymphatique, aux êtres solitaires et tristes, à l'ambiance oppressante, car la trame narrative policière laisse souvent le pas aux introspections des personnages.



J'ai particulièrement aimé l'évocation des villes, New-York frénétique, Sarajevo résistante dans la guerre... Elles sont des personnages à part entière, et l'auteur les met en scène de façon photographique.

En revanche, j'ai eu parfois du mal à suivre la pensée de l'auteur dans les digressions philosophico-psychlogiques. Cela donne une opacité au récit qui finit par lasser et perdre le lecteur, sans apporter de force au contexte policier.



Au final, un livre parfois hermétique, élégamment écrit, hors champ du modèle policier classique, mais construit en rebondissements et points de vue variés.

Je referme pourtant sans être convaincue. J'avais vraiment préféré "Empereurs des ténèbres"et "Les démons de Berlin".



Remerciements à Masse critique et aux Editions Phébus.



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Derrière les masques

Un attentat à Manhattan, dans le restaurant d’un mafieux russe connu du FBI « et pas précisément pour l’excellence de ses blinis » fait ressurgir le spectre de Viktor, un criminel de guerre serbe censé avoir été assassiné quelques années plus tôt. Deux policiers et une photographe de guerre qui a perdu (vendu ?) son âme en Bosnie et dans cet « asile balkanique » tentent d’organiser la traque de ce tortionnaire. Au fil de cette quête ils vont certes découvrir le parcours de Viktor mais aussi se découvrir eux-mêmes dans ce jeu de piste pervers où la victime s’identifie au bourreau qui en fin de compte la façonne. On ne sort pas complètement indemne de toute cette violence exposée, de cet univers dans lequel « l’horreur est devenue routine », des répétitions obsédantes.



Derrière les masques peut donc être qualifié de polar métaphysique et psychologique. En effet, l’enquête est un prétexte à l’introspection, à une réflexion sur l’identité, sur le pardon, sur la monstruosité (et la fascination qu’elle suscite). L’ensemble est très psychologique mais malgré des passages très réflexifs le rythme est vif car l’auteur nous tient en haleine avec un suspens donné par l’action et par la construction : comme dans une série télé ou les polars américains les chapitres s’interrompent très souvent à des moments cruciaux et font alterner les points de vue des différents personnages. L’auteur est évidemment très loin d’un Harlan Coben tant son style est travaillé ( un peu ampoulé parfois diront certains).

Merci aux éditions Phébus et à Babelio.

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Empereurs des ténèbres

Quand les dieux détournent les yeux …

Empereurs des ténèbres de l'espagnol Ignacio del Valle, est la deuxième enquête du soldat Arturo Andrade, après L'art de tuer les dragons [pas traduit en français] et avant Les démons de Berlin [pas encore lu] .

Effet de mode, intérêt cyclique ou fascination étrange pour les démons de cette période ?

Philip Kerr et son inspecteur Bernie nous promenaient dans les milieux nazis, Maurizio di Giovanni et son étrange commissaire Ricciardi nous faisaient défiler les quatre saisons sous l'Italie de Mussolini.

Il manquait donc un chaînon : et c'est Del Valle qui se charge de nous emmener voir du côté des franquistes.

Pour cet épisode, habillez-vous chaudement : on ne part pas pour Madrid et on accompagne la division Azul sur le front de l'Est en plein hiver 1943.

La division Azul on l'avait déjà croisée avec La tristesse du Samouraï. Ce sont ces phalangistes envoyés par Franco soutenir la Wehrmacht et affronter le général Hiver sur le front de l'est lors de l'opération Barbarossa, l'invasion de la Russie qui se transformera bientôt en déroute napoléonienne. Nous voici donc près de Leningrad pendant l'hiver 43, près d'un monastère orthodoxe.

Et ça commence fort justement par une image toute napoléonienne (ou digne de Guernica ça marche aussi), avec une cavalcade de chevaux saisie dans la glace. Au milieu un soldat. Évidemment gelé mais égorgé aussi, c'est moins évident et, là c'est de moins en moins évident, avec une inscription gravée soigneusement au couteau sur la poitrine : Prends garde, Dieu te regarde.

Et donc même si :



[...] Ici les vivants ne comptent plus , alors les morts...vous imaginez ...



Ça fait quand même désordre et le soldat Arturo Andrade est donc chargé de mener rondement l’enquête, histoire de restaurer le moral des troupes et un semblant de discipline. Et il se demande où il met les bottes : au sein de l’État-major les rivalités sont grandes entre phalangistes romantiques et militaires franquistes purs et durs, réunis par la force des choses sous la bannière du Caudillo et maintenant sous celle de la Wehrmacht qui scrute tous ces espagnols débraillés d'un œil comment dire, bienveillant ? oui, c'est cela : bienveillant.

Arturo va donc enquêter sur ce crime mystérieux pendant que les russkofs pilonnent les positions et tandis que les généraux de tous bords s'impatientent. Et comme il fait moins 30° dehors, autant dire que c'est cool.

Et ça se complique encore quand on découvre que la victime était devenue adepte de la violeta (terrible variante de la roulette russe.

Voilà pour l'ambiance : riche et passionnante, violente et dure, inhumaine et surtout glacée.

Ensuite, il y a le style. Celui de Del Valle est parfaitement adapté à l'ambiance : pas de sentiment inutile et d'empathie superflue. On ne voit pas trop comment on arrive à s'intéresser au soldat Arturo qui n'a même pas la gouaille cynique du susnommé Bernie : l'ami Arturo a quand même donné dans les renseignements franquistes et son passé n'a rien à envier à celui de ses collègues, franquistes, phalangistes, SS, que du beau monde aux environs de Leningrad.

Mais ça marche. Peut-être parce qu'on est sur le front de l'est, c'est-à-dire en enfer et qu'en enfer peu importe d'où vous venez.

Les dialogues sont riches, doubles ou triples, et se révèlent souvent des affrontements durs, cyniques, violents : chacun épie l'autre et cherche à deviner le coup suivant. Le lecteur, lui, se régale d’une langue riche et recherchée.

De temps à autre, on regrette une envolée un peu trop lyrique, au style un peu ampoulé : pendant quelques lignes, Del Valle se laisse emporter par le souffle romantico-mystique de l’Histoire, mais ça ne dure pas.

Sur le front de l’est, le siècle a basculé, le monde est en train de se désagréger : meurtres en série, folie dégénérée, sexe déréglé, hécatombes militaires, même les dieux détournent les yeux.

Et c’est Jack l’Éventreur qui est mis en exergue.
Lien : http://bmr-mam.blogspot.fr/
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Les démons de Berlin

Berlin, avril 1945. Dans une ville placée sous le feu incessant des bombes, le soldat espagnol Arturo Andrade retrouve le corps d’un scientifique allemand, Ewald von Kleist, dans la chancellerie du Reich. Deux ans après son enquête sur le front russe, le Haupsturmführer Friedrich Möbius charge Arturo de résoudre l’énigme.



Les Démons de Berlin est un roman policier qui nous plonge dans la fin de la Seconde guerre mondiale avec des descriptions très justes d’une cité à l’agonie, d’une dictature qui se délite. Comme dans Empereurs des ténèbres, Ignacio del Valle n’épargne rien à son lecteur et parvient à rendre de manière saisissante l’atmosphère d’une ville peu à peu anéantie mais où la plupart des gens cherchent moins à se battre qu'à continuer à (sur)vivre. Plus que l’enquête, à l’intérêt au final assez anecdotique, c’est bien cette peinture très réussie de la fin de la guerre qui fait tout l’intérêt de cette nouvelle enquête d’Arturo Andrade. Et la personnalité très ambiguë du soldat espagnol, homme pragmatique mais pas dénué de sentiments ni de valeurs.



Même si l’intrigue comporte de nombreuses longueurs, on ne peut donc s’empêcher d’être emporté par l’écriture d’Ignacio del Valle, qui vous plonge véritablement parmi Les Démons de Berlin.

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Empereurs des ténèbres

En exergue:

"Un jour les hommes se tourneront vers leur passé et diront que le XXéme siècle est né avec moi." Jack L''Eventreur 1888



Et la première phrase:

"- Ici les vivants ne comptent plus , alors les morts...vous imaginez ..."

Ce roman commence par une image , celle d'une vingtaine de chevaux morts, pris dans les glaces d'une rivière gelée près de Leningrad. C'est l'hiver 1943, et les Russes commencent à résister sérieusement .. A côté de ces chevaux, le corps d'un homme , également pris dans la glace, auquel on a tranché la gorge . Sur son torse, écrits au couteau , ces mots: « Prends garde, Dieu te regarde ».

Cet homme appartient à la division Azul , un corps de volontaires ( ou non...) espagnols intégrés à l'armée allemande à partir de juillet 41 .



Va commencer une enquête pour retrouver l'assassin , car même si les morts ne manquent pas en ces temps et lieux, c'est le moins que l'on puisse dire, justice doit être faite .

Elle est confiée à un ex- lieutenant, Arturo Andrade , qui semble être un personnage récurrent des romans de cet auteur. Le problème est que les romans précédents ne sont pas traduits, et que l'on sait simplement qu'Arturo Andrade a été lui-même condamné à mort, finalement gracié et envoyé se rafraichir dans la division Azul.



C'est évidemment beaucoup plus qu'un polar, mais un roman d'ambiance -et quelle ambiance.. -, touffu, très noir et passionnant. On peut sans doute lui reprocher quelques envolées métaphysico-lyriques un peu longues , mais l'ensemble est de qualité.

Ah, j'ai découvert un jeu encore plus amusant que la roulette russe, la violetta, c'est la même chose, sauf qu'à chaque tour, les participants restants ont une chance de moins( et même plus de chance du tout, caramba, encore raté!) jusqu'à ce qu'il n'en reste qu'un pour gagner la mise..



Viva la muerte sur le front russe était le titre de la critique de Libération, c'est tout à fait cela.

Adapté au cinéma ( Silencio en la nieve), mais j'ai trouvé le film bien inférieur à ce très puissant roman.



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Empereurs des ténèbres

L’hiver 1943, sur le front russe, la División Azul, composée de militaires espagnols, se bat aux côtés de l’armée allemande. Un matin, le cadavre d’un soldat assassiné est découvert pris dans les glaces d’une rivière. L’ex-lieutenant Arturo Andrade est chargé de l’enquête.



Premier roman traduit de l’auteur espagnol Ignacio del Valle, Empereurs des ténèbres met en valeur un aspect peu connu de la Seconde guerre mondiale : la participation de soldats espagnols volontaires à la lutte nazie pour le contrôle de l’Europe. Le cadre rude et tourmenté du front russe, où l’histoire se déroule est férocement traduit dans les descriptions impitoyables de l’auteur. Les personnages eux-mêmes sont tous ambigus, voire désespérés, à commencer par l’enquêteur, le troublant Arturo Andrade. Le style d’Ignacio del Valle, précis, parfois teinté d’humour noir, rend l’intrigue, elle-même bien construite, tout simplement fascinante malgré quelques longueurs.



Au fil des pages, Empereurs des ténèbres s’affirme comme un excellent roman policier qui nous plonge dans la noirceur du front russe avec un angle d’attaque inédit.

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Empereurs des ténèbres

J'ai aimé me plonger dans l'univers particulier d'Ignacio del valle. Les enquêtes sont bien "ficelées" et le contexte historique riche et, à mon humble avis, bien documenté. Le héros est toujours sur le fil et doit s'arranger avec sa conscience. Un Philipp Kerr hispanique. Ce roman vaut largement le détour.
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Les démons de Berlin

Nous voilà plongé en plein cœur de la bataille de Berlin où déambulent les fantômes des anciens dignitaires nazis. Un jeune enquêteur ni du bon côté, ni du mauvais tente tant bien que mal d'élucider un meurtre et de se mettre en paix avec sa conscience. Très bon roman policier où le décor est un personnage à part entière.
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Les démons de Berlin

J’avais particulièrement bien accroché à son roman précédent alors je me suis laissée tentée cette fois encore par un roman d’Ignacio del Valle et du coup je passe du Berlin de 1933 à celui de 1945



J’avais laissé le héros, Arturo Andrade avec la Division Azul dans le froid de l’hiver Russe.

Les Allemands ont fait retraite et le voilà dans Berlin qui ne va pas tarder d’être assiégé par les Russes. Le Reich vit ses dernières heures et c’est à une peinture de l’apocalypse que l’auteur nous convie.

Sujet difficile qui pourrait être même scabreux sans le talent d’Ignacio del Valle

Berlin 1945, chacun cherche à survivre, le commandement allemand se délite et le danger est partout. Un chercheur allemand E Von Kleist a été trouvé assassiné. Arturo Andrade est sollicité pour expliquer ce meurtre et mettre la main sur son auteur.

Très habilement on voit émerger le programme de recherche allemand vers l’arme atomique et la bataille des alliés pour le récupérer et mettre la main sur les savants qui en sont à l’origine.

Arturo va devoir piloter à vue pour éviter tous les pièges. Toutes ses recherches se font alors que les alliés sont aux portes de la ville et qu’Hitler vit enfermé dans son bunker.

« Les Anglais progressaient vers Hambourg, les Américains avançaient vers la Bavière, les Français étaient arrivés dans le haut Danube, les Russes cernaient Berlin et menaçaient Vienne »



C’est habile, intelligent, le tableau de la ville et de ses dernières heures est saisissant et j’y ai pris le même intérêt que dans le polar précédent.

J’ai aimé les clins d’oeil littéraires comme celui là « A l’instar des familles heureuses, toutes les armées en déroute se ressemblent » qui permettent d’esquisser un sourire alors que l’atmosphère est lourd.

je vous recommande le dernier chapitre qui est assez somptueux, un mélange de terreur et de beauté.
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Empereurs des ténèbres

L’hiver 43 est rude sur le front de l’Est parmi les volontaires franquistes de la division Azul. Et ce qui domine, c’est le froid, un froid polaire, le froid partout, et le froid toujours, jusqu’aux os.



Glacée l’atmosphère. Seul le café chaud paraît salvateur : « Il but une gorgée stimulante, et retint le liquide sur sa langue ; la chaleur du café mélangé à l’alcool le conforta dans son opinion que n’importe quel coin de l’univers était un peu plus fréquentable avec une tasse à la main. » Les Espagnols de la division Azul n’y sont guère accoutumés à ce froid. C’est lui pourtant qui conserve le corps atrocement mutilé d’un jeune soldat vraisemblablement assassiné, par un meurtrier qui a gravé « Prends garde, Dieu te regarde » dans la chair de son cou. Arturo, dont la présence sur le front russe demeure mystérieuse mai paraît relever de la punition, est chargé d’une enquête plus que délicate dans le contexte militaire du moment.



Glacial ensuite le cul de sac dans lequel se trouve piégée la division Azul. Ignacio del Valle entraîne son lecteur dans un voyage halluciné, sur un champ de bataille de l'absurde, au coeur de l'enfer du siège de Leningrad. « Sous son emprise, entouré d’un halo glacial se détachant sur un ciel clair, Mestelevo patientait, tendu par l’attente ; on parlait d’une concentration de plus de quarante mille Russes, de centaines de pièces d’artillerie, d’orgues de Staline, et de nombreux chars d’assaut T-34 et KV-1 dans le saillant de Kolpino près de Krasny Bor, prêts à les dévorer corps et âmes. L’imminence de l’attaque et la proportion de trois contre un se reflétaient dans l’activité incessante de la Division dont la sérénité était cependant impressionnante ; des hommes extraordinairement jeunes renforçaient les tranchées et nettoyaient leurs armes avec tout le calme dont avaient fait preuve les Spartiates au défilé des Thermopyles, du moins tels qu’Arturo les imaginait. » C’est la fin du monde ou presque, comme dans l’excellent Deux dans Berlin, mais c’est une apocalypse qui se joue dans un registre différent. Outre un contexte historique passionnant (l’enlisement des troupes alliées aux Nazis sur le front de l’est, et le début d’un retournementde situation en faveur des Russes, un de ces instants où l’histoire semble basculer), on trouvera dans Empereurs des ténèbres de vraies qualités d’écriture, empreintes d’une certaine poésie qui sait éviter avec finesse l’écueil d’une hypothétique esthétique de la violence.



Glaçante enfin la confrontation avec l’horreur de l’extermination par balles sur le front oriental. « Tant de morts en si peu de temps … cela restait toujours aussi incompréhensible, sans pour autant exclure une fascination maladive. » Car Empereurs des ténèbres est bien plus qu’une enquête policière : celle-ci apparaît rapidement comme le prétexte d’une réflexion éthique, lucide et exigeante, envoûtante et en même temps assez terrifiante. « Dans la bulle de temps qui se forma, Arturo les observa tous, Kehren, Hilde, les SS : l’indolence de leurs regards, qu’il avaient déjà remarquée chez l’Einsatzgruppe, donnait l’impression que leur cerveau était toujours en retard sur leurs mains. Et il comprit que c’était eux, les nouveaux empereurs. Etranges pour eux-mêmes et pour le monde, n’ayant aucune notion du passé ou de l’avenir ; des enfants égoïstes et solitaires jouant sous le cil infiniment pur de la cruauté, tuant sans haine, sans raison, inaugurant ainsi pour le monde une époque implacable. »



Pas loin d’être magistral, avec une envie certaine de lire le second volet, Les Démons de Berlin.
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Empereurs des ténèbres

On assassine. Même en enfer. "Tant que nous portons un enfant en nous, nous pouvons échapper au mal sous le manteau de l’innocence ". C’est cette conviction qui fait tenir et avancer le héros, Arturo Andrade, de cet excellent roman noir.



1943. Campement espagnol de Mestelevo, à quelques kilomètres de Leningrad. Le froid est insoutenable (il fait – 30°), la propagande allemande cache les victoires soviétiques à ses troupes, la faim et le doute sont des maux quotidiens. Et pourtant la souffrance et la barbarie engendrées par la guerre ne semblent pas suffisantes à l’Homme. En effet, le sergent Espinosa et le soldat Andrade viennent de découvrir le cadavre d’un homme égorgé et dont l’épaule scarifiée délivre un inquiétant message : " Prends garde, Dieu te regarde". Suite à cette macabre découverte, Andrade est convoqué par les hautes autorités de commandements espagnols et allemands. Dans une ambiance tendue, rythmée par les bombardements russes, il sera chargé de mener l’enquête. Les jours sont courts, la neige et le froid collent aux semelles et à l’âme, mais cet homme, au passé obscur, décide de mettre à l’épreuve son sens aigu de l’observation. Hanté par cette phrase désespérée entendue dans la bouche d’un officier "Ici les vivants ne comptent plus, alors les morts… vous imaginez… ", le ténébreux sergent Espinosa accepte de lui prêter main forte. Ce duo étrange, à la fois digne et cynique, devra affronter les remords et la folie des hommes et se demander ce qu’un mortel rituel maçonnique peut bien vouloir signifier alors qu’une guerre sans pitié bat déjà son plein.



Empereurs des ténèbres aborde un épisode dérangeant de l’histoire espagnole : la division Azul, ce détachement de 18000 soldats espagnols, tous volontaires, franquistes et phalangistes, que Franco avait dépêchés en Union soviétique pour appuyer l'armée allemande sur le front de l’est dans son offensive face à l'Armée rouge. De Valle utilise avec talent ce fond historique pour planter une intrigue minutieuse portée par des personnages authentiques rongés par leur passé. Empereurs des ténèbres est un roman crépusculaire, à plus d'un titre. Le froid extrême, la faim, l'exaltation et la folie sont palpables à chaque page. Plus que les détails de l'intrigue, c'est son côté irréel qu'on retient : la guerre est en train de basculer, la défaite du Reich presque consommée, l'armée rouge campe à quelques centaines de mètres des lignes, et pourtant Andrade et sa hiérarchie s'acharnent à découvrir un (des ?) coupable(s) qui pas plus que les autres n'échappera(ont ?) aux massacres. Empereurs des ténèbres n'est pas un de ces romans policiers qui se dévorent en quelques heures, c'est un livre âpre, un voyage aux tréfonds de l'âme humaine. Un roman captivant, passionnant et remarquablement bien écrit.

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Les démons de Berlin

Un faux polar qui tient plutôt du documentaire. La fin de Berlin est bien documentée, mais un peu trop car on en perd souvent le fil de l'intrigue. Après avoir lu la chute de Berlin d'Antony Beevor, j'ai eu la désagréable impression qu'Ignacio del Valle n'avait fait que reprendre ce très bon documentaire en y ajoutant une intrigue un peu tirée par les cheveux. Un travail laborieux mais manquant de créativité. Pour découvrir Ignacio del Valle, il vaut mieux lire Empereurs des ténèbres.
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Empereurs des ténèbres

1943 L’armée allemande affronte l’hiver russe, à ses côtés la Division Azul et ses volontaires franquistes qui croyaient ainsi lutter contre le communisme.

Hommes et bêtes meurent de froid parfois même de faim.

On découvre le cadavre d’un homme égorgé dans la rivière prise par les glaces et l’homme porte gravé dans sa chair « prends garde Dieu te regarde »

Pour le moral des hommes et la discipline il faut trouver l’auteur de ce meurtre, le lieutenant Arturo Andrade est chargé de l’enquête.

Ce n’est pas un enfant de choeur, il a perdu ses galons et même s’il ne partage pas le fanatisme des hommes de la division il a derrière lui un passé très trouble.

Il va se faire aider du sergent Espinosa, n’accorder sa confiance à personne et tenter de comprendre où se trouve l’ennemi : côté russe ? parmi les SS qui assassinent Juifs et Tziganes ? ou dans la division même ?

Son enquête va se révéler longue, difficile.

Des scènes hallucinantes de folies et de cruauté, le froid, la neige, la nuit pendant laquelle les partisans de l’Armée Rouge attaquent sans relâche, la folie ambiante, la débâcle de l’armée allemande, tout est rendu avec un réalisme impressionnant.



Un polar qui choisit une période sinistre de l’histoire et qui parvient à nous intéresser au sort de ses hommes qui sont en proie à la haine, à la violence, à leurs démons intérieurs, où le mot civilisation est balayé pour le chaos de l’Histoire.

Un polar que je trouve réussi même si l’intrigue est un peu trop tortueuse, je le rapprocherais de La tristesse du samouraï, des romans qui mêlent réalité et fiction avec beaucoup d’efficacité.


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Les démons de Berlin

Comme je l'avais déjà dit, les policiers, c'est pas ma tasse de thé. Ce que je recherchais c'était plutôt une ambiance, un climat de ce Berlin de fin de guerre. Et là, honnêtement, je n'ai pas été déçu. En tournant les pages des démons de Berlin, j'avais l'impression que l'auteur (que je ne connaissais pas) avait vécu cet enfer. Mais né en 1971, je me suis rangé à ceux qui reconnaissent le talent d' Ignacio del Valle. Magnifiques scènes, descriptions qui forment ce décor d'apocalypse toujours justes, sans déborder.

Arturo le personnage principal, espagnol est attachant, mais le Komissar Krappe, son "compagnon" reste le personnage le plus baroque dans cette chute. Je regrette qu'il disparaisse un peu trop vite à mon goût, le livre perd en intensité. L'enquête passe très bien, mais ce n'est pas vraiment ce que je retiendrais des démons de Berlin. Moi, en tous les cas, j'étais à Berlin en 45...Et je suis né en 62. Mais qu'importe, j'y étais. Merci Mr del Valle
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Les démons de Berlin

Déjà très impressionnée par le premier livre de Ignacio del Valle "Empereurs des ténèbres", j'ai retrouvé avec grand intérêt, dans cette nouvelle enquête, Arturo Andrade, officier espagnol de la division Azul démantelée, sorti indemne de l'enfer du front russe. Le voici en nouvelle affectation, guère plus confortable, dans une ville de Berlin exsangue sous les bombes des fronts russe et alliés, à l'agonie du régime nazi.

On est en 1945, une quinzaine de jours avant le suicide d'Hitler.



Entre disparitions de savants, course à l'armement nucléaire, espionnage et querelles de boutiquiers des différents services de l'Etat allemand en décomposition, c'est un contexte quasi documentaire qui illustre le roman, dans une vision d' enfer et de violence : Berlin en ruines, couleur sépia, fumées des incendies et bombardements, cacophonie et fureurs des armes, odeurs pestilentielles dans l'air calciné, misère et famine des berlinois. Des images très fortes!



Si l'enquête soulève de façon improbable l'existence de sociétés occultes et une trame policière un peu incongrue et compliquée, le contexte de guerre citadine est impressionnant de réalisme.

Et comme en cadeau, l'amitié et la confiance entre combattants, la douceur d'une femme aimée, la compassion envers les plus damnés, la survie possible malgré toute l'horreur, par ce que la Vie apporte de plus lumineux.

C'est un thriller historique, nihiliste, au plus près d'une réalité brute et âpre, aux envolées lyriques wagnériennes pour décrire l'Apocalypse.
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