Citations de Ilaria Tuti (259)
Ils avaient du mal à sortir, alors que le fil de sa pensée était fluide. Parfois, il détestait les mots.
Page 132, Édition Pocket
La forêt n'était que mort silencieuse, combat inégal.
Page 66, Édition Pocket
Ce roman est aussi dédié à toutes les Teresa Battaglia qui, tous les jours, se réveillent un peu plus fatiguées, qui luttent contre la solitude, la maladie, celle qui mine le corps, mais aussi l'esprit, afin qu'elles ne cessent pas de vouloir se faire du bien.
Elle avait les victimes qu'elle avait aimées comme une mère, en quarante années de travail. Un amour aussi puissant doit forcément laisser quelques fruits, mêmes chez ceux qui ne s'en étaient pas sortis. Elle le sentait l'envelopper, la nuit. Elle sentait leur protection.
Le temps camoufle même les crimes. Enfouie sous des années, des décennies d'une vie grouillante, la mort paraît moins monstrueuse, elle ne fait plus peur. Elle perd ses couleurs, se dépouille de toute émotion et finit par être oubliée, et les victimes avec elle.
Le temps cache toujours quelque chose. Un secret, un souvenir, une promesse jamais tenue, une douleur. Il s'étend sur les pensées et les sentiments, il les recouvre de sa langueur, de la brume aimable de l'oubli. tout en les dévorant sans même que leur propriétaire s'en rende compte.
Une fois l'impossible éliminé, tout ce qui reste, aussi invraisemblable qu'il puisse paraître, doit être la vérité.
Tuer une femme qu’on prétend aimer.
Effacer de sa vie celle qui l’illumine, c’était une contradiction dans ses termes, et pourtant cela se produisait tous les jours. On célébrait trop souvent cet amour qui se transforme en drame. C’étaient toujours les femmes qui mourraient.
Ce n’est pas de l’amour, c’est de la possession.
Un besoin de contrôle.
— Jusqu’à quel degré es-tu un policier ? Jusqu’à quel degré es-tu disposé à remonter ces pistes avec nous ?
— Jusqu’à n’aboutir nulle part ? C’est ce que vous me demandez ?
Elle éclata de rire.
— Nulle part, c’est fréquemment là qu’on aboutit, inspecteur, et c’est seulement maintenant que tu t’en aperçois ? Mais notre travail n’est pas de trouver : c’est principalement de chercher. Et si en fin de compte nous constatons qu’il n’y avait personne à prendre en chasse, tant mieux ! Maintenant, réponds à ma question.
'est la différence, Marini. Qui perturbe et qui éloigne. Ne la laisse pas en faire autant avec toi.
page 60.
Les lieux respiraient la mélancolie, comme si la douleur des familles demeurait attachée aux corps conservés dans les compartiments frigorifiques, et comme si les larmes et les sanglots restaient collés au mur.
- Personne ne m'a prévenu de chercher une femme, commissaire.
Elle le dévisagea comme on avise une crotte collée à sa semelle.
- Oui, enfin, vous n'avez même pas fait l'effort de l'imaginer.
Carmen Mura était son médecin depuis vingt ans et Teresa lui accordait toute confiance, mais elle n'avait jamais compris pourquoi Carmen utilisait le pluriel quand elle parlait de malheurs.
Ne sont-ils pas au chaud? N'ont-ils pas d'excellents repas?
Une légende pesait sur cet endroit. De celles qui accrochent aux lieux, comme une odeur persistante. On racontait qu'en plein automne, avant que les pluies ne se transforment en neige, le lac de montagne relâchait de sinistres exhalaisons.
Elles s'échappaient de l'eau comme de la vapeur et remontaient les pentes avec la brume matinale, aux heures où le ciel se reflétait dans le bief. C'était le paradis qui se reflétait dans l'enfer. ...
La solitude enveloppait Teresa comme un vêtement trop étroit, un corset d'une autre époque, qui vous faisait redresser le dos en public mais qui, dans l'intimité, vous coupait le souffle.
Elle avait appris à s'en guérir comme un antidote contre le poison : elle en absorbait à petites doses, chaque jour. Elle ne s'y soustrayait pas, ne cherchait pas de diversions : elle restait immobile et se laissait mordre. Ainsi son âme avait appris à produire des anticorps et avait cessé d'en mourir.
L'âme en proie à la confusion, elle referma la porte.
Les coups frappés à l'entrée se firent plus violents: ils cherchaient à abattre le panneau. Elle sentait que maintenant out était perdu, mais peut-être lui restai-il un peu d'espoir. Elle serra dans sa main le trousseau de clefs qu'elle avait en poche et se précipita en bas des marches. Elle allait tenter de rejoindre les sous-sols et, de la , le tunnel qui conduisait aux anciennes écuries. Elle avait conscience de l'abandonner à son destin, mais elle savait aussi qu'il ne s'agissait pas d'un enfant comme un autre.
Car le berceau sur lequel l'homme s'était penché en plongeant les mains n'était pas n'importe quel berceau. C'était le berceau N° 39.
Maintenant qu'elle pouvait apercevoir l'École de plus près, Magdalena comprenait la signification de cette rumeur: ce bâtiment était une anomalie, complètement incongru en pareil endroit. Le caprice d'une noblesse qui n'acceptait aucune limite.
Les enfants savaient se montrer impitoyables comme seule la nature pouvait l'être. C'était leur extraordinaire pulsion de vie qui les rendait ainsi. Cela semblait une aberration, mais pour Térésa, il n'en était rien : ils savouraient chaque instant comme s'il s'agissait de la plus incroyable des aventures et ne pouvaient se permettre de gaspiller leur temps dans des formalités stériles qu'ils ne comprenaient même pas. Ils étaient vivants. Dès lors, que pouvaient ils faire sinon que de vivre pleinement ?