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Critiques de Ilaria Tuti (359)
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Sur le toit de l'enfer

Dernier jour pour donner ton avis ! Mais qu'as-tu fichu pendant tout ce temps Hannibal, ça fait un moment qu'il est lu et apprécié ce livre, alors ?



Alors ! Happée, gelée, oppressée je fus par ce livre. D'ailleurs j'en frissonne encore, mais plus que la neige et la montagne, c'est un tout, une ambiance, des personnages, un village quasi autarcique qui m'ont le plus frigorifiée...



Un thriller bien construit, rythmé, réfléchi, pudique, crédible, sans effusion de sang, aux personnages fouillés et attachants, un thriller qui m'a laissée avec un sentiment d'ambivalence...



Si vous avez lu et apprécié Dolores Redondo, je ne peux que vous inviter à découvrir Ilaria Tuti.
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Sur le toit de l'enfer

Jamais ils n’auraient du s’aventurer dans cette partie de la forêt…En créant un nouveau domaine skiable dans ce petit village de Travenì ils allaient réveiller la monstruosité d’un tueur en série. » Sur le toit de l’enfer « de Ilaria Tuti est un roman publié aux éditions Robert Laffont dans la collection La Bête Noire en 2018, véritable révélation italienne !

En 1978, aux abords de la frontière italo-autrichienne, dans une école transformée en orphelinat, Magdalena, une nouvelle infirmière, découvre l’insoutenable quotidien d’enfants livrés à des expériences médicales… La règle y est pourtant simple : « Vois. Observe. Oublie. »

p. 12 : » Elle plongea la main dans la poche de son uniforme. Ses doigt effleurèrent le tissu rêche de la cagoule. Elle la sortit et se l’enfila sur le visage. Une fine résille protégeait aussi les yeux, voilant le monde extérieur. C’était le règlement. «

Aujourd’hui. Lorsque la commissaire Teresa Battaglia, la soixantaine, arrive sur les lieux d’un nouveau crime, dans les montagnes sauvages du Frioul en Italie, elle ne peut que constater la singularité de la scène : la victime, dépouillée de ses vêtements, a été méticuleusement entourée de pièges pour empêcher les animaux de s’approcher, et est gardée par un épouvantail recouvert des vêtements ensanglantés de la victime. Le profil psychologique du tueur s’avère complexe, et laisse la commissaire Battaglia – dont le professionnalisme n’est plus à prouver – perplexe.

p. 47 : » – Je ne réussis pas à le cerner, et c’est la première fois que cela m’arrive. Je ne parviens pas à me faire une idée de l’individu auquel je suis confrontée. «

Après identification par le médecin légiste, la victime se nomme Robert Valent. Il était ingénieur civil et responsable du chantier de création d’un nouveau domaine skiable à Travenì…

À la difficulté de cette nouvelle enquête vient s’ajouter l’arrivée maladroite d’une nouvelle recrue : l’inspecteur Massimo Marini. Investi dans sa nouvelle mission, il enchaîne les bourdes auprès d’un commissaire acariâtre et exigent ! Mais au fur et à mesure, Teresa se confit sur les raisons de son mal être.

L’événement qu’elle appréhendait se produit pourtant. Un deuxième corps est retrouvé, mutilé mais vivant ! Pourquoi ? À la fois brouillon et méthodique, désorganisé mais lucide, l’enquête semble se tourner vers un tueur en série. Mais la dimension rituelle de son mode opératoire semble totalement inédit et balaye toutes les études psychologiques quant à son profil.

p. 84 : » La criminologie […] c’est de l’interprétation. C’est de la probabilité, de la statistique. Jamais une certitude. «

Ils devaient trouver au plus vite l’assassin et arrêter la traînée de sang qu’il laissait derrière lui. C’est alors que le témoignage des enfants du village va se révéler déterminant quant à l’avancée de l’enquête en délivrant la pièce manquante au macabre puzzle. Car ces enfants constituaient une entité, une famille les uns pour les autres. C’est pourquoi ils protégeaient leur secret.

p. 238 : » – Je crois que ce que les victimes ont en commun, ce sont eux, dit-elle finalement. Les enfants. «

Si l’intrigue est intelligemment menée, je mets un petit bémol sur la longueur de certains passages. Les allers-retours entre passé et présent constituent la base de ce roman. La commissaire Battaglia est sans conteste le personnage à part entière de ce thriller psychologique. À la fois détestable et attachante, elle mène le lecteur comme elle mène son équipe d’enquêteurs : sans concession. Cependant, ce brin de femme si forte en apparence se confie dans un journal qu’elle décide de tenir pour parer à l’évolution de sa maladie. Sa carapace se fissure, laissant place à une détermination et une humanité bouleversantes ! Les faits historiques mentionnés dans ce roman ont été une réelle découverte pour ma part. En effet, l’expérience menée en 1945 par un psychanalyste autrichien Spitz, dont le but était d’observer les effets de la privation affective sur des nouveaux-nés, est édifiante et décrit une fois encore l’atrocité du nazisme.
Lien : https://missbook85.wordpress..
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Fleur de roche

Peu à peu, les exploits de femmes remarquables font l'objet de récits qui les sortent enfin de l'ombre , et c'est tant mieux.



En 1915, le conflit entre l'Italie et l'Empire austro-hongrois s'étend dans la région montagneuse du Frioul et les combats font rage.

Un officier fait une demande pressante auprès des femmes du petit village de Timau, près de la frontière autrichienne pour apporter des vivres et des munitions aux différents campements dans la montagne.



Agata, Viola, Lucia, Maria, Caterina et les autres , chargent leurs hottes et grimpent livrer le matériel aux soldats.

Les trajets deviennent quotidiens, montant équipements, explosifs, lettres et descendant linge sale et même les corps des soldats pour leur offrir une sépulture décente dans le cimetière du village, tombes qu'elles creusent elles-mêmes.

Entre temps, elles se consacrent à leurs tâches habituelles : enfants, parents malades, travaux des champs et soins aux bêtes ...



Leur courage et leur endurance font l'admiration des officiers et des soldats et elles sont surnommées " les porteuses ".



Au sein de ce véridique épisode Ilaria Tuti a inséré l'histoire romancée d'Agata , une jeune femme célibataire, lettrée , qui devient amie avec le commandant de la compagnie qui la traite rapidement en égale , elle met par ailleurs sa vie en péril par conviction pacifiste acquise lors des chocs vécus sur le champ de bataille et ses lignes arrières .



Elle aime les mots et les livres et transforme parfois la violence des combats , l'effoi des blessés et la froideur de la mort en poèmes épiques, une illusion qu'elle offre à son père mourant et à elle-même pour supporter l'indicible et repousser le désespoir.



Ilaria Tuti fait une description sobre mais suffisamment précise des tranchées, des champs de batailles, des combats, des interrogations des officiers devant la barbarie et devant certains ordres discutables venus des hautes autorités .

Comment peut-on rester humain, comment peut-on imaginer revenir à une vie dite normale ?



Et la colère d'Agata prend parfois le pas devant les décisions absurdes des hauts gradés , que reste-t'il en dehors de l'honneur ?



"Brisez vos fusils, rentrez chez vous . Que les lames servent à retourner la terre et que les mains des hommes caressent les joues des enfants et des femmes amoureuses , si fatiguées de tenir sur leurs épaules le poids d'un conflit. "



Son récit est illuminé par la beauté de la nature à travers les différentes saisons , une antinomie entre la noirceur de la guerre et le cycle immuable de la vie.



"La nature palpite de vie, continue de germer et d'engrosser des ventres, tandis que l'homme succombe à son frère. L'aujourd'hui semble être dans l'ignorance de soi. "



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Sur le toit de l'enfer

Italie/Petit village de Traveni. Roberto Valent, père de famille, est retrouvé mort, sans ses yeux, déshabillé sur un sentier. Un peu plus loin, les policiers retrouvent un épouvantail créé avec les vêtements de la victime, du cuivre et du bois. Le commissaire Teresa Battaglia est mise sur l'affaire. Elle est bien décidée à trouver le tueur avec son équipe. Elle va mettre à compétence ses dons de profiler et essayer d'entrer dans la tête du tueur car elle en est sûre ce n'est pas terminé... Très vite, des événements étranges continuent... Rituel, mise en scène, mutilation... Dans ces bois une ombre rôde et observe. Est-ce l'oeuvre d'un tueur en série? Qui est-il? Pour chasser le tueur, c'est surtout ses propres démons que Teresa va devoir chasser et essayer de continuer son métier avec sa mémoire qui commence à lui faire défaut...



Autriche 1978. Et quel est le secret de cette institution appelé l'Ecole? Des enfants, un étrange sujet 39 et un mot d'ordre: "Vois. Observe. Oublie"... Les deux affaires seraient-elles liées?



Le plus de ce thriller est clairement le personnage de Teresa (Je pense qu'on va la retrouver dans une série de livres qui lui sera consacrée.) Elle a un caractère bien trempé et n'a pas la langue dans sa poche. D'ailleurs, le petit nouveau de son équipe, Massimo, va en faire les frais. Mais, c'est aussi un personnage torturé et j'ai hâte d'en savoir plus. Elle fait preuve d'une grande empathie, que l'auteure arrive à nous transmettre par son biais. L'intrigue est bien menée, l'ambiance dans ce petit village est très vite pesante, les sujets abordés sont graves... Ici pas de chaleur italienne mais plutôt les montagnes enneigées et glacées du Frioul qui donnent une atmosphère énigmatique, mystérieuse à l'histoire. Bref, un thriller qui remplit toutes ses promesses et dont on n'a pas encore fini de parler de l'auteure, j'en suis sûre...



Ma page Facebook au chapitre d'Elodie
Lien : http://auchapitre.canalblog...
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Sur le toit de l'enfer

Déjà lors de sa première publication en français, le résumé de ce livre m’avait séduite. Il a pourtant fallu que je participe comme jurée pour le Prix Nouvelles Voix du Polar pour que je l’ai entre les mains. Ma première idée qui était qu’il allait me plaire fut la bonne car j’ai été séduite par ce thriller italien.



Tout d’abord, j’ai aimé l’atmosphère de ce coin sauvage au milieu des montagnes du Frioul que je ne connaissais pas. Cette ambiance feutrée d’endroit perdu et cloisonné où les « étrangers » ne sont pas les bienvenus est remplie de mystères.



Ensuite, le personnage de la commissaire Battaglia est très travaillé par l’auteure et malgré ses failles et ses faiblesses, on ne peut que s’y attacher et poursuivre l’enquête à ses côtés. Alors que souvent les personnages bourrus sont de sexe masculin, cet originalité d’avoir choisi une femme comme enquêtrice principale, loin du stéréotype de la jeune, belle et sympathique policière m’a bien plu.



L’enquête est rondement menée et les chapitres courts permettent une lecture facile avec beaucoup de suspens. En deux jours à peine, je l’avais dévoré. Les pages défilent et on se retrouve tellement porté par l’enquête et les mystères qu’on ne peut s’empêcher de vouloir connaître la suite. L’ensemble pour moi était cohérent et bien ficelé.



Autant j’apprécie énormément la littérature américaine, autant je me rends compte que sur notre propre continent européen, il y a aussi beaucoup de talents même si ceux venant du Sud sont parfois oubliés. Après mon gros coup de coeur il y a deux ans pour Antonio Lanzetta, la plume de Ilaria Tuti m’a aussi séduite en matière de thrillers.



Si vous avez l’occasion de le lire et que ce livre vous plait autant qu’à moi, sachez que le personnage de la commissaire Battaglia revient dans une nouvelle aventure : « La nymphe endormie » également publiée chez Robert Laffont, dans la collection « La Bête Noire ». Pour ceux qui ne connaissent pas cette collection mais qui sont fans de thrillers et de polars, foncez car il y a de nombreux petits bijoux!



En lice pour le Prix Nouvelles Voix du Polar, sélection littérature étrangère, des éditions Pocket en compagnie de « 1793 » de Niklas Natt Och Dag.
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Fleur de roche

1915. Sur les cimes de la Carnie, dans le Frioul italien, les soldats alpins affrontent l’armée autrichienne. Les femmes restées au village 1000 mètres en dessous montent sur les pentes escarpées les lourdes charges de munitions, de ravitaillement et descendent sur des brancards blessés et cadavres.

S’inspirant de faits et de personnages réels Ilaria Tuti met à l’honneur les Porteuses qui, avec courage et abnégation, sous les bombes et au péril de leur vie, ont soutenu le front.

Là-haut, c'est la guerre des hommes au prix du sang et du sacrifice, sous le commandement d’un capitaine exemplaire.

En bas, dans des conditions précaires, les femmes tiennent comme toujours leur rôle de mères, de soignantes, de paysannes. Elles sont le lien de vie et de réconfort.

Quand la jeune héroïne rencontre un tireur d’élite ennemi blessé, elle pose un nouveau regard sur la guerre : l’adversaire n’est-il pas lui aussi digne de compassion ?

Le roman évite le sentimentalisme et se montre à la hauteur de cette communauté solidaire.

La montagne est belle, sauvage et souvent dangereuse.

Ces femmes nous donnent une magnifique preuve d’engagement : aussi terrible soit-il.

Tous les personnages sont magnifiques et parfaitement décrits.

Au fil des pages on ressent la peur, le froid, le doute qui jamais ne les empêchent d'avancer.

Une lecture magnifique.

Il est dommage que l'on ne parle pas davantage de ce roman.

Merci à NetGalley et aux Editions Stock.

#Fleurderoche #NetGalleyFrance !

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Sur le toit de l'enfer

Jury Nouvelles voix du polar 1/4



Bonne pioche pour ce polar psychologique qui, sans révolutionner le genre, remplit largement son contrat du début à la fin, sans temps mort ni faiblesse.



Dans le petit village de montagne de Traveni au Nord-Est de l’Italie, le temps semble figé, ou en tout cas, les habitants aimeraient bien qu’il le reste. Pour oublier les histoires sombres du passé autour de L’École ou d’une abbaye bien secrète. Pour protéger leur vallée des promoteurs venus y construire une énième station de ski. Et pour rester entre eux à ruminer leurs secrets. Mais quand un cadavre énucléé est découvert entouré d’une mise en scène codée, ce fragile équilibre vole vite en éclats.



Dans Sur le toit de l’enfer, Ilaria Tuti – traduite par Johan-Frédérik Hel Guedj – alterne une écriture dynamique, imagée et punchy avec des passages plus sombres et distanciés, en créant une alternance réussie de rythme, signe d’une auteure prometteuse.



Elle réussit surtout à parfaitement développer son personnage principal, Teresa Battaglia, commissaire ombrageuse, cassante et ourse, mais psychologue, fine et attachante. Tentant de dépasser sa maladie naissante, Teresa apparaît aussi faible et paniquée dans ses moments de lâcher prise, que dure et injuste dans ses rapports avec les autres. Un personnage complexe appelé à devenir récurrent qui fait tout l’intérêt de ce thriller réussi.



Et donne envie de se plonger rapidement dans La nymphe endormie, suite des aventures de Teresa…
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À la lumière de la nuit

Le beau projet de tétralogie d’Ilaria Tuti se poursuit ici avec À la lumière de la nuit.

T.1 Sur le toit de l’enfer, T.2 La nymphe endormie, T.3 À la lumière de la nuit et finalement T.4 Fille de cendre.

Petite mise en garde, je vous vous convie à lire en ordre les tomes soit de commencer avec Sur le toit de l’enfer sinon vous risquez de vous voir divulgâcher des éléments importants du premier tome dans cet opus.

Cela dit, la commissaire Teresa Battaglia et l’inspecteur Marini se rendent chez les Lepan où leur petite fille Chiara, atteinte d’une maladie très rare et contrainte de vivre dans l’obscurité totale, dit voir des choses des plus troublantes du genre un cœur d’enfant enterré au pied d’un arbre marqué d’une lune et d’une étoile.

Toutefois, face à rien, sauf les dires de la petite, il n’y a pas d’enquête formelle ouverte. Mais connaissant la commissaire Battaglia, on sait bien qu’elle ne laissera rien tomber. Elle ne laissera surtout pas tomber cette petite fille. Elle la croira et elle prouvera que ce n’était pas que des rêves. Et elle aura bien raison.

Encore une fois, Ilaria Tuti par le biais d’une enquête, nous fera revivre un pan de l’histoire, histoire plus contemporaine cette fois. Elle saura nous rappeler, avec les mots justes, ce qu’est le sort des migrants qui passent à l’ouest, de ces passeurs sans scrupules et de la cupidité de ceux qui accueillent ceux qui se sauvent.

Et la relation entre Battaglia et son inspecteur Marini prendra une autre tournure, la maladie de la commissaire, celle qu’elle deviendra l’obsède bien sûr et c’est raconté avec émotions, authenticité et finesse.

Je suis reconnaissante à Ilaria Tuti qui a su créer Teresa Battaglia que j’adore. Ce personnage de femme blessée, malade, débordante d’humanité, commissaire atypique s’il en est. Et pour tout ça, il m’est facile de pardonner certains raccourcis, le trop plein de bons sentiments et parfois, le fait qu’ on se promène en équilibriste sur le fil de la vraisemblance mais bon, je ne suis pas objective et j’assume. J’assume aussi vous dire que ce tome n’est pas le meilleur de la série.

Ilaria Tuti mettra supposément fin à ce personnage avec Fille de cendre. Il me reste à le lire…avec un petit pincement au cœur pour ces adieux à venir.

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La nymphe endormie

J'aurai mis plus de temps à lire ce deuxième épisode. Moins touché par le fond de l'affaire, avec ce privilège que nous fait notre autrice à nous apprendre quelques petites choses. Ici, on découvre le Val Resia, au nord de l'Italie, et ses habitants les Résians, qui ont une spécificité génétique qui leur est propre. L'autre sujet central de ce polar est évidemment ce tableau peint avec du sang humain. Qui est la victime ? Qui est le criminel ? Quel rapport avec cette vallée ? On se laisse embarquer. Un (tout) petit bémol : vous le savez j'apprécie peu quand on tourne autour du mal être ou des malheurs des enquêteurs. Et ici, il y a en a deux. Ça pèse sur la trame sans grand intérêt.
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Sur le toit de l'enfer

Il y a Walt Longmire, le shérif très charismatique des romans de Craig Johnson, que j'ai toujours plaisir à retrouver, il y aura à présent Teresa Battaglia, une commissaire d'un certain âge, une tenace, une "titilleuse" au coeur tendre, dont je suivrai assurément les prochaines aventures (une fois traduite en français ... avis aux éditions La Bête noire ;-)).



Une commissaire attachante, un bourreau atypique pour lui donner du fil à retordre et sur qui les instruments normaux de la psychologie d'investigation ne fonctionne pas, un décor sauvage, un charmant petit village qui abrite des secrets et son chef de la police qui oublie de collaborer et laisse les victimes aux mains du bourreau, un petit groupe d'enfants solidaires, une famille les uns pour les autres, protégeant eux-aussi leur secret « Un secret innocent, qui pourtant mettait tous les jours à l'épreuve leur capacité à exclure le monde de leur groupe.», du suspense, des rôles qui s'inversent en cours de route, une fin "presque" inattendue...les ingrédients clés pour passer un excellent moment.

Quand j'ouvre un polar et que je n'ai plus envie de le lâcher avant d'en connaître le dénouement, c'est que ça fonctionne...et bien là, ce fût le cas, Ilaria Tuti m'a embarquée.



Merci à Babelio pour ce masse critique privilégié et cette belle découverte, aux éditions La Bête Noire pour leur confiance et à l'auteure pour cette dépaysante aventure et son mot très appréciable en fin d'ouvrage pour nous éclairer sur son écriture, le cheminement de cette histoire et son décor.
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Sur le toit de l'enfer

On l’aura compris, le commissaire Teresa Battaglia est une sacrée bonne femme. Et l’on apprend, tout au long du livre, à la découvrir, ce qui est en cohérence avec l’idée que ce livre soit le premier d’une série consacrée au commissaire. Et non seulement on la découvre, mais on apprend aussi à l’apprécier ! Car si elle a facilement la dent dure et le verbe acerbe, elle est aussi profondément humaine.



L’histoire, elle, prend ses racines dans des paysages âpres, ceux des Alpes orientales, et se déroule d’ailleurs, à des moments différents, des deux côtés de la frontière qui sépare l’Italie de l’Autriche. La vie rude et la pauvreté n’épargne pas les populations, qui vivent en communautés resserrées et – il faut bien l’avouer – assez peu ouvertes aux touristes, que ceux-ci viennent pour profiter du ski ou des festivités, comme le défilé des Krampus, créature mi-chèvre, mi-démon, qui occupe une place proche de celle du Père Fouettard, et dont le défilé se déroule à la Saint-Nicolas.



Le point fort du livre, c’est, sans conteste, Teresa Battaglia. Elle est drôle, elle est piquante, elle est brillante, elle est aussi terriblement dure, notamment, ici, avec le pauvre Massimo qui semble toujours tout faire à l’envers. Mais elle est également profondément émouvante, à la fois parce que son passé, qui nous est révélé par bribes, est loin d’être tout rose, mais également parce qu’elle lutte contre les premiers signes d’Alzheimer.



C’est, d’ailleurs, peut-être le seul point qui m’ait un petit peu dérangé, dans sa psychologie. On sent bien, et on peut tout à fait le comprendre, qu’elle ait du mal à affronter ce qui lui arrive, étant entendu que son métier est toute sa vie. Pourtant, elle l’évoque beaucoup dans ses pensées – que nous partageons -, elle consulte pour savoir ce qui l’attend, mais elle ne parvient pas à nommer la maladie. Je ne sais pas si cela se retrouve chez les patients qui souffrent de cette pathologie, mais on a envie, au bout d’un moment, qu’elle mette une étiquette dessus.



Un autre petit regret – mais qui, là, est un vrai compliment pour ce livre – : je regrette déjà que ce tome soit le premier de la série. Depuis que je l’ai terminé, je me dis que j’aurais aimé commencer la série justement en la comprenant moins, cette Teresa Battaglia, et la rencontrer alors qu’elle ne souffrait encore d’aucun symptôme. Du coup, on aurait pu découvrir avec elle ses premiers troubles, et nous aussi, probablement, ne pas y mettre de nom. En plus, cela aurait permis de tester notre perception de cette femme capable d’être brutale et cassante, sans le côté adoucissant de sa détresse. Ah, je crois que j’aurais adoré une première aventure un an plus tôt !



En revanche, je dois avouer que j’ai eu plus de mal avec les passages sans Teresa, sans Massimo et sans les enfants (bon, la majorité du livre se passe avec eux !). Ces fameux paysages, ne les connaissant pas, j’ai eu de la peine à me les représenter, malgré la verve de l’auteure. Les parties qui se déroulent quelques années plus tôt m’ont semblé sans âme, ce qui, naturellement, est en partie voulu, mais ne m’a pas aidé à m’intéresser à cette dimension-là de l’histoire.



Au total, cela nous donne quoi ? Une très bonne lecture, avec quelques petits défauts, mais, surtout, une question lancinante : Teresa, quand reviendras-tu ?
Lien : https://ogrimoire.com/2020/0..
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Sur le toit de l'enfer

Meurtre sous la neige, dans des montagnes où règne un silence mortel...



Le cadre est absolument splendide, les chapitres assez courts, permettant un certain dynamisme à la lecture.

Mais j'ai eu beaucoup de mal à rentrer dans ce roman à cause de la narration très inégale et sans grande originalité - en dehors des chapitre en Autriche.

La faute à une trop grande impression de déjà vu, avec des bouts de dialogues qui semblaient repiqués dans toutes les séries télé qu'on peut voir aujourd'hui, et des personnages d'enquêteurs assez peu travaillés - souvent caricaturaux...

Finalement j'ai tout de même apprécié cette enquête et l'intrigue devient elle aussi intéressante à suivre - quoi qu'un peu tardivement à mon goût.

De là à dire que je me précipiterai sur les prochaines enquêtes... rien n'est moins sûr.



Je remercie donc Babelio et les éditions Robert Laffont pour ce partenariat Masse Critique.
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Sur le toit de l'enfer

POUR CEUSSES QUI SONT SERIAL KILLER

Il faut l’être peu ou prou ou être comme moi, addicte congénital, en un mot ou en deux, pour lire celle-ci.

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Elle la tient la route, surtout au début, sa Commisaire Battaglia, moins sur la fin.

Tout se passe dans une vallée profonde, frontalière, des casi indigenistes, des problemes cardio-persos, de la pataphysique.

Cela vous rappelle t’il quelque chose ? Non ? Rien ? Vraiment ?

.

Batzan. Dolores Redondo. Oui ? Non ? Les ressemblances ne sont elles pas bouleversantes ?

.

J’avais apprécié la trilogie de Dolores dans la vallée de la Batzan/Bidassoa. Je la remontais souvent pour de Pamplona revenir et prendre un Air-Inter pas en grêve à BAB.

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Enfin tout ceci pour vous dire que vous pouvez y aller. L’une après l’autre. Dans l’ordre que vous voulez. Leur troisième opus vous pouvez éviter. Mais si elles en sortent un quatrième vous serez finté.

.

Ne dites pas que je ne vous aurais pas prévenu.







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La nymphe endormie

C’est grâce à un coup de coeur posté sur le blog de "Collectif Polar" (TAG de l’été) que j’ai eu envie de lire ce cold case, même s’il n’y avait pas la bande-son de la série, ni Lilly Rush.



Par contre, Teresa Battaglia, madame la commissaire, est un personnage fort, haut en couleur, sans verser dans la caricature, même si elle est remplie de secrets, de blessures et possède un mauvais caractère. Je l’ai adorée.



Contrairement à une lecture précédente (Une libération) où l’enquête policière était négligeable par rapport à la partie Historique, ici, c’est tout le contraire : l’enquête est importante, elle se taille la part du lion, tandis que ce qui s’est passé en avril 1945 sera limité.



Dommage ? Oui, mais non… Ce que l’autrice nous offre est déjà important puisque centré sur les évènements qui ont eu lieu dans un petit vallon dont je ne vous dirai rien de plus, si ce n’est que je suis allée au lit moins bête qu’avant.



Ce qui fait la force de ce gros pavé, ce sont ses personnages, assez emblématiques, forts, travaillés, possédant une présence, de la profondeur. Ils sont touchants, chacun ayant ses secrets, ses fêlures.



Le rythme n’est pas rapide, et pourtant, je n’ai jamais souffert d’ennui durant ma lecture. Faut pas chercher docteur. Je suis entrée directement dans le récit, appréciant les personnages, l’énigme autour de la toile peinte, de son peintre, enfermé depuis 1945 dans un mutisme total, et cette enquête dans un petit vallon oublié où l’on a écrasé, effacé la culture, les assimilant à un autre peuple.



C’est assez noir, comme roman, le passé n’est pas rose, les nazis sont passés, les soldats allemands aussi, les partisans de Tito de même, il reste des blessures, des non-dits, des regrets, des gens qui ont lutté pour la liberté et que l’on accuse d’avoir été des assassins. Le passé a beau avoir de la barbe, il est toujours présent dans ce vallon.



Une fois de plus, c’est un pavé que j’ai dévoré en deux jours, prenant le train en cours, puisque je n’ai pas lu le premier, où les personnages étaient présentés. Cela n’a posé aucun problème, je me suis coulée dans cette équipe comme si j’en avais toujours fait partie. Ils sont ambivalents, ils progressent, ils ne sont pas figés.



L’enquête progresse à petits pas, tout doucement, car le passé est enseveli sous les non-dits, sous les secrets de famille, du village, des morts, des bâtons mis dans les jambes de la commissaire, sans oublier sa maladie handicapante (je n’en dirai pas plus). Une réussite, tant au niveau du scénario que de l’écriture (traduction).



Un thriller passionnant, intéressant, intriguant et qui m’a aussi permis de découvrir le compositeur, Giuseppe Tartini et sa trille du diable, que j’adore et qui m’a bercée lorsque j’ai écrit cette chronique.


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Sur le toit de l'enfer

Je suis souvent déçue des livres d'auteurs italiens qui est souvent lié à un problème de traduction à mes yeux et ici cela ne déroge pas à la règle, dès le début il y des problèmes de traduction….



J'ai tout de même persévéré en essayant de passer outre ce souci, j'ai aimé certains points de ce roman la situation géographique dans les montagnes enneigés durant l'hiver, l'inspectrice Teresa Battaglia avec un sacré caractère, j'ai aimé l'originalité de ce tueur qui ne sert pas d'outil pour faire des victimes.



Cependant certains côtés m'on refroidis le problème d'amnésie de Teresa qui est un côté vue et revu, la fin un peu plus que bancale qui ne m'a pas du tout convaincue, le côté historique qui est assez bien expliqué au début mais qui mériterait à mes yeux d'être plus développé.



Je tiens tout de même à souligner qu'il s'agit d'un premier roman et que cela est donc tout de même prometteur, une lecture ou j'ai pris plaisir au début mais qui s'essouffle par la suiteet pourtant le côté historique de ces montagnes du Frioul était prometteur.
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Sur le toit de l'enfer

En voilà un polar bien plaisant. Enfin je ne sais si plaisant est le mot juste... car la situation est plutôt glaçante. Au propre comme au figuré puisque l'action se passe en plein hiver dans la montagne.



Mais ce qui est plaisant est l'aspect psychologique et le personnage principal. Pour une fois qu'une femme est présente... avec ses failles.



J'ai passé un excellent moment. Et je suivrai avec plaisir la suite des aventures de cette commissaire.
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Sur le toit de l'enfer

Un thriller italien au sommet : dans le petit village de Traveni, au cœur des montages du Frioul, le corps d’un homme nu est découvert, les yeux arrachés. Près de lui, on trouve une poupée fabriquée avec du cuivre, de la corde, des branchages et ses propres vêtements ensanglantés. La commissaire Teresa Battaglia, spécialiste du profilage est vite persuadée que le meurtrier réitérera son geste. Escortée par Massimo Marini, un jeune inspecteur fraichement sorti d’école qui enchaîne les bourdes, la commissaire traque sans relâche la bête humaine qui hante les bois…

J’attache beaucoup d’importance aux lieux dépeints dans un thriller, et dans celui-ci j’ai été servie, c’est d’ailleurs ce qui m’a d’emblée séduite ! La montagne sauvage au cœur d’un hiver rigoureux, les forêts sombres et inquiétantes qui entourent un petit village isolé arpenté par une petite bande d’enfants, et cette fameuse Ecole maudite où se trament de si horribles choses… J’en ai dit si peu et pourtant je sens déjà les cœurs battre plus vite… Je vous en dis un peu plus alors : perchée dans la montagne, l’Ecole, au cours du temps, a été tour à tour une résidence de chasse impériale, une Kommandantur nazie et un sanatorium pour enfants tuberculeux, avant de devenir dans les années 70 un orphelinat dans lequel désormais se cache « le Nid« … De nos jours, Mathias, Oliver, Diego et Lucia ont comme terrain de jeu le village et ses abords, voire un peu plus, la forêt alentour, mystérieuse et inquiétante… Jusqu’à ce que leur quotidien soit bouleversé par la découverte d’un cadavre, qui n’est autre que le père de l’un des leurs…



Le premier point fort de ce roman est l’atmosphère qui sous la plume de l’auteure devient vite lugubre et angoissante. Le récit alterne habilement entre le présent et les années soixante-dix. Pas de temps mort dans cette enquête basée sur des faits réels particulièrement sordides, qui rendent le récit captivant de bout en bout. Le second point véritablement remarquable est le personnage de Teresa Battaglia, j’ai d’ailleurs rarement été aussi touchée dans mes lectures par un personnage féminin . Ce petit bout de femme forte en caractère vit une soixantaine difficile et souffre d’une maladie terriblement handicapante pour mener à bien son métier, que même sa détermination à toute épreuve ne peut enrayer. Un personnage terriblement attachant, que j’ai forcément envie de retrouver dans de nouvelles enquêtes. Ca tombe bien, le deuxième roman de l’italienne Ilaria Tuti « La nymphe endormie » est paru en avril 2021. Affaire à suivre donc…
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La nymphe endormie

Une grosse déception du grand retour de Teresa Battaglia sous la plume d'Ilaria Tuti. Un gros pavé pour beaucoup de broderie. Heureusement que le duo d'enquêteur et leur équipe sont passionnants car j'aurais passé mon chemin.

Nous avons des personnages emblématiques, ce qui fait la force de l'auteure italienne.

Une enquête qui s'annonçait addictive au départ. Un tableau retrouvé, peint avec du sang humain mais surtout on peut prouver que la victime était encore vivante…. Une affaire sordide, un cold case qui rentre dans les cordes de la grande commissaire, plus mama que justicière de prime abord. Une commissaire comme on le sait depuis le premier opus, a de gros soucis de santé. Maladie qui est un obstacle pour une enquête policière.

Pour moi cet opus est plus centré sur le passé des personnages. D'ailleurs c'est le point positif de La nymphe endormie. Le duo d'enquêteur est atypique et on a l'impression d'avoir son enfant et sa mère. Ils sont touchants dans leur parcours.

Mais l'auteure a failli me perdre à plusieurs reprises avec son déroulé de l'enquête. Cela prend beaucoup de longueurs et elle passe par beaucoup de chemins de traverses. Et le résultat ne répond pas à mes nombreuses attentes.

L'auteure comme dans son précédent opus, veut traiter de l'origine du mal mais son clap de fin ne donne pas le même effet que Sur le toit de l'enfer. Je m'attendais à une lecture plus vivante, plus palpitante et surtout plus intense. Mais Ilaria Tuti tâtonne trop et il faut plus de la moitié du roman pour que celui prend le bon rythme pour moi.

Donc j'ai un nouvel opus en demi-teinte. J'en attendais beaucoup du nouveau roman d'Ilaria Tuti. A savoir si elle rentrerait dans ma wish list chaque année. J'abandonne cette idée pour le moment.

Par contre, l'auteure a l'art et la manière de nous embarquer dans des belles contrées d'Italie. A chaque roman, elle nous apprend un pan du passé. Chapeau pour ce travail de titan.
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Fleur de roche

Ilaria Tuti a choisi la fiction pour rendre hommage au courage des ces femmes audacieuses qui participèrent avec leurs modestes moyens aux combats de 1915 sur le front du Frioul, à la frontière entre le Royaume d'Italie et l'Empire austro-hongrois. Des faits historiquement reconnus, mais plutôt méconnus.

L'éclairage est mis sur cinq jeunes femmes, dont Agata, la plus jeune d'entre elles et la narratrice de ces évènements. On les appelait "les porteuses" car, à partir de leur village frontalier, elles étaient montées chaque jour pendant de longues semaines, y compris l'hiver, jusqu'à la ligne de front située en altitude. Elles apportaient dans leurs hottes (qui servaient dans la vie ordinaire de porte-bébé) des munitions, des lettres, des médicaments, du linge propre. Bientôt elles s'étaient vues confier le transfert sur civière des cadavres qu'il fallait enterrer dans les cimetières de la vallée.

Agata avait 20 ans en 1915. le capitaine Colmann la surnommait "Fleur de roche" car, disait-il avec admiration, elle ressemblait à "une fleur alpine agrippée avec ténacité à cette montagne". Le récit d'Agata dit en effet tout de l'attachement de ces jeunes femmes à leur pays et tout de leur détermination dans la défense de leur terre natale. Il raconte leur souffrance au quotidien, à la fois physique et morale, dans l'accomplissement de leur tâche au péril de leur vie et dans l'incertitude de leur avenir. Agata, quant à elle, va connaître une destinée bien différente de celle de ses compagnes. En croisant fortuitement la route d'Ismar, un jeune tireur d'élite autrichien qu'elle va grièvement blesser, son combat va prendre une autre dimension et un autre sens en parcourant un long chemin intérieur vers une forme d'humanité retrouvée et vers sa propre liberté.

Au delà de ces évènements propres à la 1ère guerre mondiale, l'autrice célèbre toutes les femmes qui, directement ou indirectement, participent aux conflits armés, et qui souvent sont oubliées par la Grande Histoire. Communément "la guerre n'a pas un visage de femme", ainsi que le titrait dans la version française l'excellent ouvrage de Svetlava Alexievitch, relatant l'engagement actif de nombreuses femmes soviétiques dans les combats de la 2ème guerre mondiale, alors même qu'elles n'en avaient reçu que peu de reconnaissance officielle. le roman d'Ilaria Tuti exprime lui aussi ce constat, mais peut-être met-il également en avant, à travers l'histoire personnelle d'Agata, l'idée de l'existence possible d'un autre "visage".
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Fleur de roche

Un énorme coup de cœur pour ce roman italien, dont il m’est arrivé de lire plusieurs fois la même page tant l’écriture est poétique, sensible, évocatrice.

L’auteur s’intéresse à l’histoire des Porteuses, ces femmes du nord-est de l’Italie qui, pendant la première guerre mondiale, ont gravi les cimes de la Carnie, tous les jours, par tous les temps, pour fournir aux soldats vivres et munitions. Au péril de leur vie, dans des conditions extrêmes, leur hotte chargée d’un poids égal au leur.

Agata Primus, la narratrice, est une de ces femmes. Magnifique personnage, solaire, lumineux, elle vit seule avec son père grabataire, qu’elle masse, nourrit, caresse et soigne inlassablement. Elle raconte la neige, l’escalade, les brûlures laissées par les lanières de la hotte sur les épaules, les crevasses aux mains et engelures aux pieds, la faim qui fait défaillir, le bruit des canons qui assourdit. La hotte lourde à la montée et les brancards des soldats tombés sous les balles au retour. Mais aussi l’extraordinaire complicité de ces femmes, souvent endeuillées, qui doivent assumer l’ensemble des tâches du quotidien du fait de l’absence des hommes.

Courageuse, Agata n’hésite pas à dire au Capitaine Colman ce qu’elle pense de cette guerre, de son coût en vie humaine, son amertume et sa colère de ces destins ravagés, de cette jeunesse fauchée et sacrifiée par des politiciens ou gradés sans conscience. Honneur, héroïsme, bravoure, patriotisme, des mots vides de sens quand ils condamnent tant de jeunes hommes à une mort certaine.

Et pourtant, Agata et ses compagnes aideront leur armée à défendre pied à pied chaque bout de cette frontière, prenant même le fusil contre les autrichiens.

Un très grand roman sur la guerre vue par les femmes, porté par un style d’une extrême maîtrise. C’est également un chant d’amour pour les montagnes italiennes, leur rudesse, leur indifférence à la souffrance des hommes, qui les rend impériales. A lire sans hésiter.

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