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Critiques de Imbolo Mbue (197)
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Voici venir les rêveurs

Voici l'histoire de Jende, accompagné de sa femme et de leur fils qui ont quitté le Cameroun pour vivre "le rêve américain". Le récit met en perspective les traditions camerounaises et le mode de vie américain. C'est une fable moderne sur l'immigration, et à laquelle on s'attache sans mal à cette touchante famille.
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Puissions-nous vivre longtemps

Dans les années 1980, Thula, fillette d’une dizaine d’années, se souvient de la mort de nombreux enfants de son village de Kosawa, au Cameroun. Des morts probablement dues à l’empoisonnement de l’eau (et des terres environnantes) par une société pétrolière américaine sans scrupules (Pexton) installée sur des sites d’Afrique de l’Ouest depuis quelques années … Thula se souvient de leur duperie auprès des anciens, qui ont (plus ou moins volontairement …) fermé les yeux sur ces agissements destructeurs. De la trahison du chef du village, Woja Beki. De l’attente angoissée de toute la famille, après le départ du père (Malabo) vers Bézam (avec deux autres villageois) afin d’obtenir réparation. De leur inquiétante disparition. De son besoin de découvrir la vérité. De son immense désir de vengeance, enfin …



Un récit tragique qui dénonce un acte criminel. Semblable à tous ceux régulièrement accomplis par de grands industriels occidentaux (pour qui l’argent prévaut nettement sur la sauvegarde de la planète et de ses habitants les plus vulnérables …) Un incisif pamphlet également, contre l’abjecte corruption des gouvernements concernés, qui n’hésitent pas à envoyer l’armée afin d’intimider – et de neutraliser si nécessaire – les plus récalcitrants …



Sujet brûlant et toujours d’actualité : voir par exemple le méga-projet de Total en Ouganda (qui ne ferait qu’appauvrir un peu plus les paysans … ) Un roman chorale magistral, traité avec une grande intelligence, doublé d’une écriture magnifique et non moins percutante ! L’auteure donne la parole aux différents membres de la famille de Thula (tels que : Bongo l’oncle, Yaya la grand-mère, Sahel la mère, Juba le petit frère …) ainsi qu’à ses camarades de classe. Un émouvant moment de lecture !
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Puissions-nous vivre longtemps

République du Cameroun, une petite ville : Bézam. Une grande multinationale pétrolière américaine : Pexton. Un grand nombre d’habitants spoliés de leur terre par cette société ! Non seulement pratiquement aucun subside en retour de extractions de pétrole, si ce n’est la pollution générée par les pipelines rouillés, les torchères avec leurs norias de fumées, les fuites de pétroles ; et en conséquence, les exactions qui touchent les habitants...



Les membres du petit village de Kosawa résistent, et malgré des pourparlers, n’obtiennent rien. Le maître mot des responsables locaux de la société, devient un leitmotiv impertinent : patience, toujours une indéfectible patience.



Une jeune femme, Thula, sera l’égérie d’une révolte ; pour faire restituer les terres, les dépolluer ainsi que l’air et l’eau ; et enfin, dédommager les habitants du petit village. Son cœur ne tergiversera pas et toujours son regard et ses actes iront vers la justice, pour combattre l’impérialisme et le népotisme...



Un combat inégal, qui met en exergue, la liste sans fin des pays subissant le colonialisme, au détriment des bienfaits que pourraient leur apporter les richesses de leur pays. Mais souvent l’intervention des puissances occidentales usent sans états d’âme à piller celles-ci ; avec bien sûr la complicité des membres de l’intelligentsia locale.



Il est vrai que pour Thula, la faiblesse ainsi que l’absence de connaissance se trouvent être l’incapacité majeure de son pays ; mais elle veut cependant continuer à lutter pour Kosawa, il s’agit de son droit imprescriptible ; et finalement faire sortir son pays des ténèbres et accéder derechef à la lumière.



Imbolo Mbue, avec sa fougue et sa verve nous transporte aisément dans ce beau pays, avec ses lois et ses mœurs qui différent pour beaucoup des nôtres. Un pays où la parole des anciens, l’entraide et la fraternité ne sont pas des vains mots. Une rédemption pour cette auteure peut-être ? En somme une immersion dans un grand voyage et un bon moment de lecture.


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Puissions-nous vivre longtemps

Un petit village en Afrique, des enfants qui meurent trop tôt et trop mal. Les villageois qui comprennent que la compagnie pétrolière qui fore sur leurs terres ancestrales pollue l’eau qu’ils boivent, la terre qu’ils cultivent.

Durant des décennies, ils vont se battre, on voit disparaître des hommes qui sont partis à la ville pour négocier, on voit des fausses négociations, de fausses promesses, des paroles non-tenues ... tout cela pour alimenter la machine capitaliste qui place le profit de quelques uns au dessus des peuples. Un colonialisme économique qui écrase la culture, la nature au nom de l’argent... des journalistes passent, des articles dénoncent, des associations s’agitent mais le pétrole continue de couler à flot, les torchères à brûler l’air pur de l’Afrique. Au milieu de tout cela, la vie de quelques uns éclaire le récit. L’amour, les regrets, la lutte... ne jamais rien lâcher pour vivre debout.
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Puissions-nous vivre longtemps

C’est le deuxième roman qu’Imbolo Mbue nous offre, mais le premier que je lis. Je n’ai pas eu la chance de lire Voici venir les rêveurs, mais il ne saurait tarder puisque je l’ai ajouté à ma wishlist. Je ressors fortement ébranlée par la puissance et la profondeur de ce roman. La plume de cette auteure est exceptionnelle!



J’ai pris mon temps pour lire ce roman. Quelques pages à tous les jours. Je voulais rester le plus longtemps possible auprès des personnages. L’auteure nous présente ce roman sous divers points de vue. Celui des enfants du village, ainsi que Bongo, Yaya, mais surtout Thula, cette jeune femme qui quittera son village pour aller s’enrichir de connaissances en Amérique et revenir par la suite au sein de son pays natal. Elle désire sauver son peuple, rien de moins!



Ce qui m’a principalement bouleversée, c’est la vision de ces grandes puissances de notre planète envers les plus démunis. De générations en générations, ils sont exploités. Tout cela pourquoi? Pour s’enrichir! Ce n’est pas nouveau me direz-vous… mais cela me révolte tellement! Il n’est pas aisé de lire ce roman car parfois devant l’inacceptable, les gens ne savent plus quoi faire sinon utiliser la violence. Et le sang coulera à Kosawa!



L’auteure nous fait découvrir les us et coutumes de ce petit village d’Afrique. Leurs visions, leurs croyances, mais aussi leur sagesse. Je pouvais aisément imaginer toutes ces cases et ces gens qui dansent au son du tambour. Leur résilience m’a également touchée, tandis que l’abus de pouvoir de leur gouvernement m’a profondément choquée. Je n’étais plus la lectrice située en Amérique du Nord, tout à coup je me sentais comme partie prenante de ce village.



Vous l’aurez deviné, je ressors de cette lecture avec un petit coup de cœur. Un roman intense et puissant qui m’a permis de voyager au Cameroun et qui m’aura fait découvrir une nouvelle facette peu reluisante du pétrole et de la colonisation.
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Puissions-nous vivre longtemps

Je le dis d’entrée de jeu, j’ai eu du mal à lire ce livre, j’ai eu du mal à aller au bout de ce livre. Ce qu’il raconte est en effet dur, tragique, parfois insoutenable, d’autant plus insoutenable que l’histoire est cruellement possible.

A chaque chapitre son ou ses narrateurs. Ils alterneront tout au long du récit, parce que certains faits ne pourront être racontés par n’importe qui. Le narrateur peut être un, comme Thula ou Bongo, son oncle, ou Sahel, sa tante. Il peut être choral, comme ce groupe d’enfants qui a le même âge que Thula, ce groupe de survivants, à la maladie, au massacre.

C’est l’histoire d’une multinationale américaine qui s’est installée dans ce village – dans d’autres villages aussi – avec la bénédiction de Son Excellence, qui dirige ce pays d’Afrique de l’Ouest. C’est l’histoire d’une multinationale qui engrange de grands bénéfices, et néglige tout ce qui peut assurer la sécurité des habitants du village. Les terres deviennent stériles, l’eau polluée. Les enfants tombent malades, et parfois, trop souvent même, ne guérissent pas. Le petit frère de Thula aura la chance de revenir à la vie. Un parmi tant d’autres qui seront mis en terre avant leurs parents et leurs grands-parents.

C’est l’histoire d’années qui se transforment en décennies de lutte. Ce sont des tentatives pour faire bouger les choses, pour que réparations soient faites, dans tous les sens du terme. C’est l’histoire de choix, aussi, partir, rester, accepter l’argent, accepter le travail. C’est constater aussi que les employés de la compagnie, s’ils ont accepté de travailler pour la compagnie, ne sont pas forcément mieux lotis.

C’est l’histoire de traditions que les grands-parents, les parents essaient de transmettre. C’est l’histoire du capitalisme qui s’implante tranquillement en terre africaine, c’est l’histoire aussi du colonialisme, de l’esclavage, qui ont laissé des traces sur la terre et dans les mémoires.

Ce n’est pas un livre facile, je l’ai déjà dit, mais c’est un livre important, à lire et à partager.
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Puissions-nous vivre longtemps

Merci à Netgalley et aux editions Belfond pour cette lecture. Imbolo Mbue frappe encore dans ce deuxième roman qui l'a fait entrer définitivement dans la galerie des auteurs contemporains à découvrir !



On fait la connaissance de Thula, jeune villageoise de Kosawa. Depuis sa plus tendre enfance, elle partage avec les autres villageois un vie rythmée par la sociète américaine Pexton. Afin d'exploiter les réserves de pétrole, cette compagnie est prête à tout, peu importe le coût : que des enfants meurent avant l'âge de 6 ans sans raison, ou que des habitants perdent leurs terres cultivables ...rien ne les arrête.



Mais Thula ne va pas restée les bras croisés, envoyée aux Etats-Unis pour poursuivre ses études, elle va déclencher un mouvement qui va dépasser ses espérances, et son contrôle... Mais cette femme hors du commun, va tout tenter pour défendre son village.



L'autrice reprend dans son roman la bataille du pot de fer contre le pot de terre, mais le porte à un niveau proche de l'excellence. Avec sa plume toujours pleine d'humanité et conteuse de traditions, elle s'attaque à la problématique du comportement de certaines multinationales, face à des populations en quête de meilleures conditions de vie , s'attribuant même le droit de vie ou de mort, quoiqu'il en coûte ....



Ce roman est très intense, et très sombre, mais cache dans les coins ce ses chapitres l'espoir et la découverte. Espoir de lendemains meilleurs et du réveil des consciences, découverte de traditions et de cultures qui donnent envie.



Et pour ne rien gâcher, cette lutte est portée par un personnage féminin au caractère très fort, et qui se fait l'écho de toute une génération.



Un roman étourdissant qui je ne peux que vous encourager à foncer acheter.
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Voici venir les rêveurs

Imbolo Mbue est une auteure camerounaise qui vit à Manhattan. Elle y est arrivée aux USA à l'âge de 16 ans comme Chimamanda Ngozi Adichie dont j'ai lu "Americanah". En 2014, à la Foire du Livre de Francfort, les éditeurs font monter les enchères pour éditer ce premier manuscrit d'Imbolo Mbue, non encore terminé.

Elle finit d'écrire "Voici venir les rêveurs" en 2016 ("Behold the dreamers"). Ce livre a reçu le Prix Pen/Faulkner Award 2017.

Jende Jonga arrive du Cameroun pour obtenir la fameuse "green card" et ainsi vivre le rêve américain. A l'aide d'un mensonge, il devient chauffeur d'un financier de Wall Street, Clark Edward. Seul inconvénient : cet homme travaille chez Lehmann Brothers et nous sommes à l'aube de la crise des subprimes de 2008.

Imbolo Mbue met face à face le monde riche des blancs et la vie difficile des noirs; on côtoie les extrêmes de la société dans ce roman. Les thèmes traités sont : la solidarité, l'amour, l'amitié, la loyauté et la trahison.

J'ai beaucoup aimé la couverture de l'édition Pocket où les motifs ethniques se mélangent aux gratte-ciel de Manhattan.



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Voici venir les rêveurs

Je ne lis pas souvent de littérature "africaine". Je ne saurais pas trop dire pourquoi, je ne m'y dirige pas spontanément, et il faut avouer que ce n'est pas la littérature la plus mise en valeur !

Là, je suis ravie d'avoir découvert ce roman. Je l'ai choisi dans la liste de l'opération "Masse Critique", justement par ce qu'il sortait de mes habitudes, et que j'adore les livres audio.

L'interprète d'abord, Julien Chatelet, est excellent. Ses intonations, son accent afro-américain, tout sonne juste. Il n'en fait ni trop ni trop peu, et on est complètement embarqué dans l'écoute.

Le texte ensuite. J'ai fait une plongée totale dans l'immigration aux Etats-Unis, dans la peau de Camerounais. Jende et Neni sont des personnalités attachantes. On suit avec grand intérêt leurs réussites, leurs échecs, leurs luttes pour une vie meilleure dans ce pays qu'ils ont choisi. Les émotions, les sentiments sont particulièrement bien exprimés. On comprend leurs attitudes, leurs actes, même lorsqu'ils sont contraires à notre morale ou notre culture. Car ce livre c'est cela : la confrontation des cultures, l'occidentale contre l'africaine. Comment intégrer une culture, sans perdre la sienne, son identité. Comment allier les deux. On voit la confrontation de ces deux mondes : la modestie, l'espoir, la générosité de Jende et Neni / le cynisme, la solitude, l'égoïsme des Edwards. Chacun a ses qualités, ses défauts.

Ce que je retiens de cette lecture c'est une meilleure compréhension des différences, des actions même contraires à mes convictions.
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Voici venir les rêveurs

Je mets cinq étoiles c'est mérité ce livre fera partie de mes coups de coeur

facile à lire quelques pointes d'humour , des réflexions sur les femmes les hommes l'Afrique les Américains le travail la cuisine tout le monde en prend pour son compte c'est le monde dans lequel nous vivons

Pour un premier roman SUPER

je vais suivre cet auteur de seulement 35 ans
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Voici venir les rêveurs

Un premier roman remarquable pour une histoire forte et actuelle ; celle d’une famille camerounaise arrivée aux Etats-Unis et qui souhaite obtenir la nationalité américaine. Un livre sur le déracinement et sur l’intégration mais aussi sur le choix d’une vie. Vraiment, j’ai beaucoup aimé ce livre vibrant d’émotions et très bien écrit. Un écrivain à suivre.
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Voici venir les rêveurs

J'ai lu ce livre dans le cadre de l'opération Mass Critique du mois d'août. Je remercie Babélio et les éditions Belfond pour la confiance.



Ce premier roman d'une américano-camerounaise, Imbolo Mbue, très bien accueilli par la critique (et par les membres de Babélio) avait tout pour plaire : la fraicheur d'une écriture nouvelle sur la scène littéraire, un sujet d'actualité et une critique du système américain basé sur la méritocratie et la réussite par le travail. Et pourtant. Et pourtant la mayonnaise ne prend pas. Du moins, elle n'a pas pris pour moi. Le sujet était donc prometteur mais les ficelles sont trop grosses. D'un côté un couple camerounais policés dont le souhait le plus cher est de devenir citoyens américains pour réaliser ce rêve tant espéré mais qui n'obtient pas les papiers nécessaires à sa réalisation. De l'autre, une famille américaine respirant la réussite, en apparence, puisque le père de famille est un cadre dirigeant de Lehman Brothers.

Nous sommes en 2007, à la veille de la plus grave crise que connaîtra les Etats-Unis (et le reste du monde) en ce début de millénaire : la crise des subprimes.

L'éclatement de la bulle va venir chambouler les équilibres. Jende, le jeune père de famille camerounaise, qui a réussi à trouver, malgré sa situation de clandestin et quelques petits mensonges, un travail comme chauffeur de Clark Edward, le riche banquier de la Lehman va rapidement perdre ses certitudes sur le modèle américain lorsque pour une raison inconnue, son patron se voit obligé de se séparer de lui. Ce licenciement correspond peu ou prou à l'ordonnance du ministère de l'immigration de leur expulsion du territoire américain. La douce Neni va alors tout faire pour rester jusqu’à exercer un odieux chantage. Las, le courage n’est pas suffisant pour ce couple de rêveurs. L’Amérique ne veut pas d’eux.



L’écriture et le style utilisé par l’auteur sont très simples. Beaucoup de dialogues – trop ?! – viennent rythmer l’histoire. On peut reconnaitre un certain talent à l’auteur (et peut-être aussi au traducteur) d’avoir réussi, dans les expressions des expatriés africains, à retranscrire cette façon particulière de parler. Pour autant, l’analyse psychologique des personnes est plate voire inexistante. Les clichés sont très gros : la riche famille américaine qui respire la réussite en apparence mais qui, en privé, ne correspond pas vraiment à ce que les autres voient d’eux. On se croirait parfois face à J.R. et Sue Helen dans un mauvais épisode de Dallas. La présence d’un fils en rupture avec le modèle patriarcal qui fuit en Inde est également particulièrement ridicule. Bien entendu, dans le monde ignoble des banques américaines, Clark Edwards est le seul à tirer la sonnette d’alarme sur la situation de Lehman Brothers quand ses collègues lui demandent de glisser la poussière sous le tapis. Les portraits de la famille Jonga sont plus intéressants car moins caricaturaux. Neni plus particulièrement – y’a-t-il un peu d’Imbolo Mbue dans ce personnage ? – qui, prête à tout pour devenir pharmacienne aux Etats-Unis va s’avérer beaucoup plus retorse que son mari, au fil des pages.

Bref, au final, j’ai attendu en vain qu’il se passe quelque chose dans ce roman. Mais l’étincelle n’est jamais venue.

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Voici venir les rêveurs

Ah, l’Amérique, les Etats-unis, une destination qui fait rêver bien des migrants de toutes origines ! Jenda Jonga en a rêvé, il l’a fait. Il y est allé, il a fait venir sa femme, son fils. Habiter un logement délabré dans Harlem mais avoir un bon travail, de quoi payer les études de sa femme Neni qui veut devenir pharmacienne.



Mais Jende a menti pour avoir son poste. Il est sans papier. Il doit vivre sans faire de remous. Mais les remous vont venir à lui à travers la crise des subprimes qui est en train d’éclater. Son employeur est un riche banquier de Lehman Brothers, touché de plein fouet. Malgré les liens qui se créent entre eux pendant les trajets quotidiens, Jende va être aux premières loges.



De multiples et riches regards se croisent. La société américaine décrite à travers les yeux de ces immigrés camerounais est très intéressante. Elle fait rêver. Elle fait miroiter un bel avenir, mais on est conscient, même si certains se voilent la vue, que derrière le vernis des hautes sphères peut se cacher une réalité bien plus crue. Ne pas se fier aux apparences. Jende est conscient, tandis que Neni est prête à toutes les extrémités pour avoir des papiers. Sans oublier les intermédiaires, ceux qui prétendent défendre ces migrants, leur promettant papiers et merveilles contre de l’argent sonnant et trébuchant.



Il n’y a guère de place pour les rêveurs, en Amérique. Le retour au pays peut-il être envisageable ? Et dans ce cas, avec quel statut ?



Un livre à lire, un regard lucide d’une auteure née à Limbé au Cameroun, comme ses personnages, avant de venir elle aussi s’installer aux Etats-Unis, avec beaucoup de sourires et d’humour provoqué par les décalages sur lesquels l’auteure met le doigt avec manifestement un grand plaisir.

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Voici venir les rêveurs

Jende et Neni ont laissé leur Cameroun natal, à la fois pour se marier et pour une vie meilleure. Comme tant et tant, ils se sont laissés griser par la promesse de travail à foison et de pluie de dollars pour ceux qui travaillent. Ils travaillent donc beaucoup, Neni reprend ses études. Tout va pour le mieux (ou presque, une vague histoire de papiers et de visas pas trop trop en règle), jusqu'à l'écroulement de Lehman Brothers et la crise des subprimes.

Cela commence avec un léger manichéisme : les immigrés pauvres mais heureux parce qu'ils sont en famille et réalisent leurs rêves et la famille américaine riche qui malgré son argent et les apparences se déchire. La crise économique sera le moment de bascule, où les apparences se fissurent et où les rêves et les priorités sont revus (pas à la baisse mais sont plus réalistes).

Un roman bien écrit, des dialogues qui rendent la syntaxe et les expressions camerounaises (l'auteur des Camerounaise). Ce ne sera pas le grand roman de la rentrée mais il offre une vision nettement moins idéale de la société américaine et des ses mirages, qui pourtant éblouissent encore beaucoup d'entre nous.

Merci à Babelio et aux éditions Belfond pour cet envoi.
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Puissions-nous vivre longtemps

(...) Imbolo Mbue (1982) revient aujourd’hui avec Puissions-nous vivre longtemps (2021), un roman engagé et nécessaire sur les ravages du capitalisme à outrance que je ne peux que très vivement vous conseiller de lire.



Dans son deuxième roman, l’autrice camerouno-américaine dénonce les nombreux abus des sociétés transnationales et les graves conséquences qui en résultent pour l’environnement et les êtres humains. A travers la lutte acharnée d’un petit village africain contre un géant du pétrole américain, Imbolo Mbue livre un réquisitoire vibrant contre le capitalisme sauvage et l’impunité crasse dont bénéficient quasi systématiquement les transnationales qui polluent et tuent sans scrupules.

(...)

Le petit village de Kosawa se meurt depuis qu’une multinationale du pétrole s’est implantée dans le pays et a commencé à exploiter les champs pétrolifères situés à proximité immédiate du village. La terre et les rivières, irrémédiablement souillées, empoisonnent et tuent à petit feu des villageois de plus en plus désespérés. Suite à une énième fausse couche de sa mère, la jeune Thula jure de faire payer aux différents responsables ce qu’ils ont infligé à sa famille et son village. Prête à tout pour survivre, elle ne reculera devant rien, quitte à prendre les armes et user de la violence. Mais que peuvent réellement de simples villageois contre une entreprise toute puissante?



Si elle brosse un très beau portrait d’une femme forte, déterminée à se battre et se sacrifier pour que justice soit rendue, Imbolo Mbue choisit le roman choral pour élargir les thématiques (les ravages de la colonisation par exemple) et mettre en exergue les nombreuses tensions prévalant au sein du village de Kosawa qui est loin d’être unanime sur la stratégie à adopter.



Si je connaissais déjà le sujet et la problématique pour avoir travaillé dans une ONG engagée en faveur de la mise en oeuvre de normes internationales contraignantes sur les sociétés transnationales, je ne peux que me réjouir et acclamer la parution de ce roman qui aborde de façon simple des réalités complexes dont il est plus que jamais nécessaire de parler.



A lire absolument!


Lien : https://livrescapades.com
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Puissions-nous vivre longtemps

Le pot de terre contre le pot de fer. C’est à cette fable de La Fontaine que me fait penser ce roman qui relate la lutte entre un petit village au bord d’un fleuve dans un pays d’Afrique de l’oues où sévit depuis plusieurs années un dictateur sanguinaire et une compagnie pétrolière du nom de Pexton qui exploite un gisement sur les terrains proches du village. L’histoire commence avec la prise de conscience que les nombreux décès d’enfants qui surviennent depuis quelques années sont dus à la pollution engendrée par l’exploitation du pétrole : air vicié, eau empoisonné, sols toxiques sont les maux subis par les villageois impuissants. La narration est confiée à plusieurs protagonistes, multipliant ainsi les points de vue, ce qui permet de rendre compte de la complexité d’une situation emblématique : l’affrontement d’un groupe de villageois contre les intérêts tout puissants d’une entreprise pétrolière profitant d’un régime corrompu. Le constat est amer, ni l’appel au dialogue, ni la voie juridique ou politique ni le recours à la violence n’aboutiront.
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Voici venir les rêveurs

Imbolo Mbue nous conte avec talent l'histoire d'un couple camerounais qui réussit à quitter le pays pour tenter le "rêve américain". Ce n'est pas un roman qui veut décrire le problème des immigrants africains dans son ensemble, mais qui met en scène une famille bien précise. C'est vrai, tous ceux qui débarquent à New-York n'ont pas un cousin avocat déjà bien implanté aux USA, qui les aide sur les plans financier et administratif. Tous non pas la chance de Jende -le mari- de décrocher un emploi de chauffeur pour un des patrons de Lehman Brothers . Tous n'ont pas sa chance d'être à la fois bien payé et bien considéré. Et tous n'ont pas la chance de Neni -l'épouse- de pouvoir poursuivre des études. Il n'empêche: l'auteure montre bien que le rêve américain n'est qu'une illusion et que les mondes américain et africain sont vraiment opposés. Jende est un homme bon, très fier, qui doit mettre son honneur au second-plan pour ne pas froisser son employeur blanc. Neni, plus volontaire, veut jusqu'au bout rester à New-York et "réussir", c'est-à-dire vivre à la façon des blancs riches, aveugle aux réalités de la vie à Harlem. Féministe convaincue, elle n'ose quand même pas s'opposer à son mari car au Cameroun, l'homme est le chef à qui l'on doit obéir.



Ce livre n'est pas un chef-d'œuvre, mais il se lit avec plaisir du début à la fin, sans temps mort, dans un style classique des plus corrects.

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Voici venir les rêveurs

Coup de cœur pour ce roman d’Imbolo Mbue !



Ce roman retranscrit avec justesse et humour le destin d’une famille à laquelle on s’attache énormément. J’ai aimé leur énergie dévorante. Leur façon de décrire les choses sans les juger, même si parfois la tentation pour Neni est grande. Globalement, le ton est juste : l’auteure a évité un manichéisme facile entre méchants américains et gentils immigrés, chacun porte son fardeau.



Les difficultés d’intégration sont tout de même dénoncées, et le choc des cultures apparaît. Celui-ci prend tout son sens lorsque Cindy, véritable Desperate Housewife, embauche la femme de Jende à son service. Les échanges entre les deux femmes et l’étonnement de Neni sont savoureux.



Personnellement, je savoure ce genre de roman à la fois profond et facile à lire, qui suit le destin de personnages à travers l’histoire.



J’ai été un peu déçue par la fin à cause des non-dits et quiproquos entre personnages. On s’est tellement pris d’affection pour cette famille qu’on ne peut s'empêcher d'être frustré!



Quoi qu’il en soit, ce roman se lit avec plaisir, les personnages sont bien brossés et, malgré les conditions difficiles, sa gaieté ambiante et son énergie dévorante sont communicatives.

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Voici venir les rêveurs

Très beau livre, fait de pudeur, de tendresse et d'amour. On s'attache à ces personnages qui nous font sourire, rire, pleurer. Un roman qui nous réconcilie avec l'humanité, malgré ses travers...
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Voici venir les rêveurs

Voici un roman qui porte parfaitement son titre car, malgré la rudesse de son sujet, il est empreint de bienveillance et se révèle beaucoup moins violent que bien d’autres romans sur le même sujet. Jende et Neni sont en effet deux Camerounais venus chercher en Amérique une vie meilleure que celle qu’ils pourraient espérer connaître dans leur propre pays, qui ne leur offre pour tout horizon qu’un petit emploi sans envergure, une maison exiguë et sans confort, mais surtout aucun espoir d’ascension sociale. Au Cameroun, explique Jendé, si vous faites partie des plus pauvres, vous pouvez être certain de le rester. Le rêve américain, celui dont les maisons de production américaines abreuvent le monde, fonctionne alors à plein.

Jende a économisé et, sitôt qu’il a obtenu un visa, il s’est envolé pour les Etats-Unis, espérant pouvoir y faire venir au plus vite sa femme et son fils, âgé de 6 ans environ.



Lorsque s’ouvre le roman, ils sont tous trois installés à New York. Jende est taxi; quant à Neni, elle cumule un emploi dans un établissement de santé avec des études à l’université pour réaliser son rêve ultime : devenir pharmacienne. Tout semble fonctionner pour le mieux : lorsque Jende décroche un emploi de chauffeur bien rémunéré pour un riche dirigeant de Lehman Brothers, tous les espoirs deviennent enfin permis. Même s’ils habitent un tout petit appartement de Harlem, ils peuvent s’offrir des biens de consommation courante et même économiser afin de pouvoir, dans quelques années, accéder à un bon logement dans un quartier moins défavorisé.

Neni aime passionnément New York. Elle y a des amis, elle y fait des études, les bons résultats scolaires de son fils permettent d’envisager pour lui un avenir brillant, et l’employeur de son mari se montre très correct. Toute la famille Edwards est d’ailleurs charmante. C’est ce que Neni découvre bientôt, lorsqu’elle passe un mois en son sein pour remplacer la domestique partie en congés... Neni apprécie particulièrement madame Edwards, qui se révèle compréhensive et généreuse à son égard. Et puis, elle est la preuve vivante que l’Amérique a tout à offrir : partie de rien, sans père et dotée d’une mère ne lui ayant prêté aucune attention, élevée dans la misère, elle vit désormais dans le luxe et fréquente le gratin mondain...



Pourtant, cette magnifique façade va peu à peu se lézarder. Et lorsque Lehman Brothers implose, au moment de la crise des subprimes, c’est tout l’univers de ces richissimes Américains qui va voler en éclats, jusqu’à atteindre Jende et les siens.



Roman sur l’immigration, sur le déracinement volontaire, sur la volonté de se construire un avenir, sur la recherche d’un ailleurs plus clément, il révèle l’impasse dans laquelle se retrouvent bien trop souvent les candidats à une vie meilleure.

C’est un roman que l’on lit sereinement, calmement, dont on ne sort pas éreinté. C’est ce qui en fait la singularité et le charme. Les personnages sont attachants et, malgré les revers, ne s’installent jamais dans le ressentiment. Cependant, loin d’être angélique, ce roman renvoie les personnages à leur statut de clandestins sans les violenter, mais sans les épargner, réduisant à néant le fameux rêve américain...




Lien : http://delphine-olympe.blogs..
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