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Critiques de Ingeborg Bachmann (42)
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Malina

Je n'ai jamais vraiment réussi à accrocher à cet étrange roman que j'ai abandonné avant la fin. Il m'a semblé comprendre des choses par moment ... mais sans en être vraiment certain ....
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Malina

Comment classer cet ouvrage ? Roman ? Long poème en prose ? Fiction autobiographique?.. Démarche inutile à mon sens : il serait préférable de ne pas faire rentrer cette gemme brute dans un écrin trop réducteur. Car MALINA est avant tout une ode à la liberté de création, l'un de ces objets littéraires se déployant selon leurs propres règles de construction, et qui ne peuvent laisser indifférent aucun lecteur…

Le roman s'ouvre sur une présentation pourtant assez classique de ses protagonistes, qu'on devinerait volontiers impliqués dans l'un de ces scénarii trop souvent rebattus du «triangle amoureux», chacun étant introduit par une brève notice (né à.., domicilié à…, travaille dans…), le tout faisant d'ailleurs drôlement penser aux didascalies initiales d'une pièce de théâtre. Deux personnages masculins sont ainsi présentés, Ivan et Malina (ce dernier bizarrement affublé d'un prénom féminin), Béla et András, les enfants du premier, âgés de 5 et 7 ans, la narratrice enfin, désignée non pas par son prénom, mais par un «Moi» anonyme que l'on suppose pouvoir aussi désigner l'auteure (d'autant que comme celle-ci, « Moi » serait née à Klagenfurt, a les yeux bruns, cheveux blond…). Ingeborg Bachmann insistera cependant, à maintes reprises, à exclure véhément toute dimension autobiographique à son roman…

Après les « Personnages », arrive logiquement le «Lieu» : Vienne. Puis le «Temps», naturellement. Inscrivant tout d'abord, «Aujourd'hui», la narratrice déclare qu'il lui sera toutefois «laborieux», voire par moment impossible, de respecter une telle unité de temps. «Aujourd'hui» étant en l'occurrence, pour celle qui le «traverse en toute hâte», «trop démesuré, trop bouleversant», si bien qu'elle se sent incapable de le circonscrire systématiquement ou de manière linéaire. Et, dit-elle, si elle arrivait malgré tout à écrire quoi que ce soit sur cet « aujourd'hui », encore faudrait-il l'effacer aussitôt, comme on devrait, rajoute-elle, «déchirer, froisser, laisser inachevées, inexpédiées, les lettres réelles, parce qu'étant d'aujourd'hui, il n'est pas d'aujourd'hui où elles puissent être reçues»*

*{ Normal, en 1970 l'on n'était pas encore à l'ère des «mails», pourraient à juste titre retorquer certains d'entre nous !! – Il ne faudrait pas pour autant, je trouve, s'empresser de discréditer cette proposition, sous prétexte d'un progrès technologique majeur intervenu entretemps, l'ayant rendue soi-disant caduque et signant, par la même occasion, l'arrêt de mort à presque toutes les formes postales classiques d'échanges épistolaires (qui écrit encore des lettres personnelles aujourd'hui ??). Dans tous les cas, l'image garde toute sa pertinence quant à la nature et à l'intensité du sentiment d'urgence interne éprouvé par la narratrice, et puis, ne serait-il pas tout aussi illusoire de croire qu'on peut désormais communiquer enfin sa subjectivité «en temps réel», grâce à l'Internet ? Toujours est-il que dans le roman, de nombreuses tentatives épistolaires verront le jour, des lettres à profusion, brouillons froissés, recommencés, courriers inachevés et jamais expédiés, envahissant l'emploi du temps et le bureau de la narratrice, illustrant parfaitement cet impératif paradoxal et vital d'écrire chez elle… Aussi Ingeborg Bachmann laissera-t-elle à sa mort quantité de textes inachevés et un nombre incalculable de feuillets épars qu'on continue encore à ce jour à exhumer et à analyser. Enfin, pour clore cette longue parenthèse postale, dans son roman, l'auteure avouera sa fascination pour la personnalité du célèbre facteur autrichien Otto Kranewitzer, condamné "injustement" pour malversation et abus de confiance après avoir inexplicablement cessé de distribuer le courrier, et l'avoir entassé chez lui pendant des mois alors même qu'il n'avait strictement rien ouvert ou subtilisé.. !}

Ainsi, brisant volontairement toute unité temporelle, brouillant les pistes et l'étanchéité séparant d'ordinaire les genres narratifs, libre de toutes contraintes, l'auteure semble-t-elle s'autoriser à nous livrer à l'état brut sa voix la plus personnelle et intime ( dont le corollaire musical figurant à différents passages du récit ne sera autre que celle du «Pierrot Lunaire» de Schoenberg, avec son « sprechgesang» particulier, curieux et imprévisible «parlé-chanté»..). Sans retenue donc, sans aucun filet de sécurité non plus, portée par sa narratrice et avatar, «Moi», elle nous invite à quitter abruptement la tranquille vallée des certitudes quotidiennes (« huit heures de travail ou un jour de congé, tel ou tel trajet, quelques courses, la lecture du journal, le thé, un oubli, un rendez-vous..») pour l'accompagner errer dans ces régions de l'esprit où l'atmosphère intérieure se raréfie, quelquefois à la limite du respirable («Le troisième homme»), périple jamais tout à fait balisé, sachant d'emblée l'impossibilité d'en retranscrire son tracé précis, nos vérités les plus personnelles et essentielles, celles qui nous ont façonnés en une monade unique et irréductible étant, n'est-ce pas, celles aussi dont on ne peut justement donner aux autres aucune preuve irréfragable ou définitive…

Chez Ingeborg Bachmann, âme passionnée et à fleur de peau, écorchée, création et destruction paraissaient indissociables. Femme séduisante et séductrice, indépendante et naturellement douée, qui n'aura jamais caché «aimer les hommes», elle aura cherché au travers de ses nombreuses «amitiés amoureuses» masculines - dont le lien qui l'unissait au poète Paul Celan fut sans aucun doute la plus intense -, à la fois un agent indispensable à son inspiration créatrice et une planche de salut à ses tentatives de ramener à la lumière cette partie d'elle-même restée, selon une formule devenue récurrente chez elle, dans le «cimetière des jeunes filles assassinées». Ingeborg Bachmann ne réussira pas en effet, jusqu'au bout, à effacer complètement les séquelles laissées par les traumatismes subis durant son adolescence, liés au rôle funeste joué par l'Autriche durant la Deuxième guerre mondiale et à l'éducation reçue de son père, fervent protestant, admirateur de l'idéologie nazie et adhérent du parti national-socialiste dès le début des années 30, ainsi que par ceux provoqués, au tout début de sa vie de jeune femme, à Vienne, par le silence insupportable autour de l'histoire récente dans lequel son pays natal était plongé, essayant à tout prix de faire passer l'Autriche aux yeux de la communauté internationale pour «la première des victimes de l'Allemagne nazie».

«Un jour viendra où nos maisons s'écrouleront, les voitures ne seront que ferraille, nous serons délivrés des avions et des fusées, nous aurons renoncé à l'invention de la roue et à la fission de l'atome, un vent frais descendra des collines bleues gonfler nos poumons, nous serons morts et nous respirerons, ce sera la vie entière.»

À la lecture de MALINA, pour peu qu'on se soit intéressé à la histoire même et au parcours de son auteure, et ce malgré toutes les mises en garde que celle-ci n'aura cesser d'apporter, il paraît difficile d'éviter de penser et de faire un parallèle entre la vie d'Ingeborg Bachmann et son premier roman. Quid d'Ivan ou de Malina ? le premier ne pourrait-il pas constituer un reflet fictionnel de l'écrivain suisse Max Frisch, avec lequel elle aura entretenu une longue liaison passionnée, avant que ce dernier quitte femme et enfants (deux, comme Ivan..) pour venir la rejoindre à Rome, ville où Ingeborg Bachmann s'était réfugiée depuis plusieurs années, et où, à l'instar de sa narratrice, elle avait certainement dû passer beaucoup de soirées à attendre «le son de sa voix, à côté du téléphone, en fumant cigarette après cigarette».. ? Et Malina, ne pourrait-il incarner le fantôme de Paul Celan, l'âme-frère, son amour le plus inconditionnel et fidèle, initié en 1948, jamais tout à fait accompli, jamais interrompu non plus avant ce jour à Paris où le poète, fatigué de vivre, s'était abandonné dans la Seine (encore un évènement tragique dont Ingeborg ne se sera jamais tout à fait remise), âme-soeur aussi, fusionnelle, reflet toujours disponible à portée de main et de miroir (d'où son prénom féminin, Malina?..).

D'autres niveaux de lecture pourraient certainement être aussi envisagés à la lecture du roman : s'agirait-il plutôt d'élucubrations purement imaginaires d'une femme vivant, pourquoi pas, toute seule dans son appartement ? « En gros le lieu est Vienne », nous apprend la narratrice, cependant «l'unité de lieu» se résumerait en vérité «à une seule rue, mieux que cela, à un fragment de la rue de Hongrie : c'est là que nous habitons, Ivan, Malina et moi » (!) ? D'une fantasmagorie autour de quelques-uns des paradoxes constitutifs du désir, ici dans sa version féminine, entre d'un côté le besoin d'assurance, de protection venant d'une figure masculine fiable et raisonnable - «mari », ou celui qui en ferait office- , et, d'autre part, l'exaltation d'un amour-passion, de cette urgence et de cette dévotion des sens qui ne s'expliquent pas, incarnées dans le roman par le fantasme idéalisé de l'amant auquel on s'abandonne sans concession, «échue sans mots», tremblant d'un désir impérieux et en même temps de l'attente et la peur d'être subitement délaissée? Faire coïncider ces deux images sur un seul et même support, en voilà bien une manoeuvre qui peut s'avérer parfois délicate à négocier pour la psyché féminine... ! La psychanalyse freudienne pourrait également y trouver un terrain favorable à sa grille de lecture, notamment en ce qui concerne la problématique de la triangulation oedipienne (la deuxième partie du roman consiste en une longue succession de rêves autour des figures parentales archaïques, dominés par l'omniprésence terrifiante du père et, accessoirement, la mère), ou encore la dynamique particulière aux déchirures irréparables provoquées dans le tissu psychique par les traumatismes précoces, enfermant le sujet dans un cercle de répétitions incontournables et d'obsessions envahissantes («Je ne peux pas lui parler de pareille insanité, et comme je ne peux pas lui parler de meurtre, j'essaie seulement de crever, de brûler cet abcès, pour Ivan, je ne veux pas rester vautrée dans cette obsession du meurtre, avec lui je devrais parvenir à l'éliminer, qu'il la prenne sur lui, qu'il me sauve », nous confiera la narratrice, pourtant alors en pleine idylle amoureuse).

Comment se reconstruire sans détruire ? Comment ériger du nouveau autrement que sur les ruines d'une autre chose, de quelqu'un d'autre ou de soi-même ? Voilà tout le dilemme, et en même temps la source vive de cette écriture.

Quoi qu'on en pense et analyse, MALINA reste avant tout une oeuvre dédiée à cette impasse, sorte de retable baroque lyrique et ténébreux, un tryptique comportant un panneau central (« Des Fins Dernières») et deux volets mobiles (« le Bonheur » et « le Troisième Homme »), tableaux saisissants à la fois de l'exaltation de la passion amoureuse et créatrice, et des stations de la via crucis personnelle de son auteure : un « Exsultate Jubilate » se terminant par la descente de croix de son corps mystique.

Un roman, en fin de compte, qu'il ne faudrait peut-être pas chercher à tout prix à «comprendre» rationnellement.

Je crois que souvenir que j'en garderai, en tout cas, sera celui d'un essai insensé de sismographie émotionnelle servi par un langage poétique fulgurant et fragmentaire, déployé ici (et superbement traduit par Philippe Jaccottet) sur un fond de ciel noir et tourmenté, certes, mais serti de brillants; le souvenir enfin d'une femme exceptionnelle à la destinée émouvante, emblème mélancolique de toute une époque et génération, de sa force de caractère et de sa grande fragilité, et qui m'aura, moi aussi, fasciné.

Je suis d'ailleurs absolument convaincu, jusqu'à preuve en contraire, que c'est à elle que s'adressait Paul Celan en écrivant ceci : «Si grand était son amour pour elle qu'il aurait suffi à faire sauter le couvercle de son cercueil – si la fleur qu'elle y avait déposée n'avait pas été si lourde.»

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Malina

Emprunté à la médiathèque, Malina dont le titre m'a attiré car il m'a rappelé un film avec Isabelle Huppert, est une vraie expérience de lecture, pas forcément toujours agréable.

Nous assistons, dans ce livre aux accents autobiographiques, aux déboires sentimentaux et existentiels d'un personnage féminin "Moi" qui ressemble beaucoup à Ingeborg Bachmann.

La narratrice, dont la personnalité est fragile, nous relate dans les première et troisième parties de l'ouvrage ses relations amoureuses avec deux hommes, un amant hongrois et un compagnon, qui, tous deux, ne semblent pas répondre à ses aspirations. Elle est dépendante d'eux, en quête d'une réassurance et d'une identité qu'elle ne parvient pas à trouver.

La deuxième partie du livre, plus obscure et mystérieuse est consacrée à des souvenirs d'enfance avec un père violent et incestueux. Elle nous donne des clés de lecture pour comprendre le mal être et les difficultés de la narratrice.

Nous sommes à Vienne après la guerre, dans un pays qui a vécu les traumatismes du IIIème Reich. Ingeborg Bachmann, dont le père était nazi, nous amène à partager avec elle une expérience de décomposition et de morcellement, au travers d'un récit fragmenté composé de prose, de dialogues, de lettres inachevées. Son écriture froide et dépersonnalisée est émaillée de fulgurances poétiques.

J'ai beaucoup aimé au début du livre la description fantasmée de Vienne et l'absence de frontières entre la ville et le psychisme de l'autrice.

Le tout est déroutant, assez rude mais il donne envie d'en savoir plus sur Ingeborg Bachmann.

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Malina

Traduit par Ph Jacottet et claire De Oliveira. C’est le 2 eme que je lis de Bachmann de Klagenfurt. Après Franza. Je n’ai pas vu le film. J’ai lu un livre de Jelinek. j’ai très moyennement aimé. O vieux parfum vaporisé. Sa chambre est la dernière. Il n’y a pas de cadeau. Je ne connais pas ce livre. J’ai fabriqué plus au restaurant Linde. L’ omo la lessive qui lave plus blanc que blanc. Ce n’est pas forcément pour toute la vie. Les gyerekek puisque tels est leur nom. Celan ce poète roumain de langue allemande. Je suis à Venise. Le ciel est d’un noir profond. Mettre du calme dans ton inquiétude. Il est vain de feindre l’indifférence. Note dame des remedes.
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Malina

Cela fait déjà quelques jours que j’ai fini ce roman ( ?), mais j’ai énormément de mal pour écrire un commentaire sur cette lecture. Il s’agit d’une œuvre hors-norme, difficile à cerner, que je ne suis pas sûre d’avoir vraiment comprise, et de laquelle il m’est donc assez difficile de parler d’une façon relativement cohérente et construite.



C’est un récit à la première personne, un monologue, d’une femme, qui ressemble forcement très fort à Ingeborg Bachmann, enfin pour ce que je puis en imaginer. Cette femme vit à Vienne, et se partage entre l’écriture et deux hommes, un avec qui elle habite et un autre qui habite à quelques pas, et qu’elle voit le plus souvent possible. Mais le monde de la narratrice semble pouvoir à chaque instant dérailler, devenir une sorte de cauchemar éveillé dans lequel les choses et les gens deviennent étranges voire menaçants. Et il y a les récits qu’elle écrit et qui s’intègrent à certains moments au récit du roman. Il y a par moments des descriptions très réalistes, qui alternent avec des moments où les choses ne sont plus réalistes du tout.



Le livre semble décrire le monde intérieur de la narratrice-auteur, un monde chaotique, peu rassurant, dans lequel il faut à chaque moment apprivoiser le réel pour qu’il ne vous avale pas. On dirait qu’elle cherche en permanence des points d’appui qui se dérobent, rien n’est vraiment certain, sauf peut être la souffrance.



Même le langage, défense suprême se dérobe, le livre contient un certain nombre de lettres inachevées, comme si aller jusqu’au bout était impossible. Par exemple, une lettre au notaire, dont la narratrice essaie de composer plusieurs versions, jamais finies, et dont le sens semble s’éloigner de plus en plus de ce qu’elle semblait vouloir dire au début. Ces lettres sont de brillants morceaux d’ailleurs, écrits d’une façon éblouissante, avec des formules toutes faites, comme dans bon nombre de lettres, et Bachmann semble les détourner, comme si toutes ces formules tuaient la communication, la rendaient impossible. Là, il y a sûrement une brillante étude à faire sur l’utilisation du langage chez Bachmann, sur l’échec du langage qui mène à sa propre fin et à la mort, j’imagine que cela a du être écrit par des brillants spécialistes.



Un livre donc très cérébral, mais qui en même temps qu’il est complètement désespéré peut être étrangement drôle. Drôle, touchant, effrayant, incompréhensible aussi, ce livre est tout cela à la fois. Une expérience de lecture très particulière, qui demande un certain effort, qui apporte un certain plaisir, qui trouble et intéresse, mais par moments agace aussi. Quelque chose de complexe en somme. Et difficile à résumer.
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Malina

Je pense que je n'aurai jamais lu ce livre si il n'était pas au programme de ma licence... je n'ai pas beaucoup apprécié le style du roman sauf quelques passages.
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Oeuvres ouvertes, numéro 1 : Apparitions

Œuvres ouvertes, c’est d’abord un site de littérature créé au tournant des années 2000 qui a accueilli de nombreux textes d’auteurs dont la plupart étaient eux-mêmes actifs sur le web. Site à la fois personnel et collectif, Œuvres ouvertes est une espèce de chantier d’écriture permanent, un work in progress à la vue de tous, avec notamment de nombreuses traductions. Les Grains de pollen et d’autres fragments de Novalis traduits par mes soins, mais aussi plus d’une centaine de récits de Kafka, et une édition critique en cours de ses journaux et cahiers. La littérature allemande – aussi contemporaine – y est donc amplement représentée.



Aujourd’hui, Œuvres ouvertes franchit un cap : revue web aux nombreuses ressources (4000 fichiers en ligne, soit plusieurs dizaines de milliers de pages imprimées), elle sera aussi une revue numérique et papier une fois l’an.



Pour ce premier numéro, un thème s’est imposé à moi : Apparitions. Le sommaire s’est en effet dessiné à partir d’une nouvelle traduction d’un récit de Kafka que je venais d’achever. Y surgit dès la première page un enfant fantôme avec lequel le narrateur engage aussitôt un dialogue. Comme une parabole de la littérature elle-même, épreuve intérieure au cours de laquelle des personnages, des lieux, des situations hantent littéralement celui ou celle qui écrit, jusqu’à le transformer. Kafka déclarait devant des amis, à propos de l’écriture de La Métamorphose : « Ce fut une chose horrible », comme s’il s’était agi d’un événement qu’il avait réellement vécu et qui l’avait marqué en profondeur.



On pourra donc lire ici des auteurs qui, pour la plupart, laissent surgir sur le web leurs propres apparitions (pas forcément spectrales !). Qu’ils soient ici vivement remerciés d’avoir accepté de participer à cette aventure d’Œuvres ouvertes.



Sommaire:



http://oeuvresouvertes.net/spip.php?article3980

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Requiem pour Fanny Goldmann

Court roman inachevé retraçant le cannibalisme amoureux : comment on se nourrit de l'autre, comment on l'abandonne sans cesser d'en exploiter le souvenir à travers la création littéraire.
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Requiem pour Fanny Goldmann

c’est la 3 fois ou plus que je lis un livre de cet auteur. Ce livre inachevee a été traduit par Miguel Couffon Ele a jeté sur le papier un certain nombre d’idées. J’ai lu Malina. Vivait une certaine Fanny Wickenewski, fille d’un colonel autrichien. Il s’était suicide un jour par patriotisme. Elle devint actrice et joua des pièces comme Iphigenia ou Merci pour les roses. Elle passa l’hiver chez sa mère. Fanny s’élevait bien plus haut. C’est quelque chose qu’elle n’a jamais dite. Qu’elle aimait. On but à la santé de Fanny et Goldman. Ils souriaient toujours.

Fanny avait un joli appartement. La Gebauer dit : Ces deux-la sont merveilleux. Vous habiterez encore ensemble. Quand tout sera fini. Il lui fit un récit détaillé.Sa tendresse s’évanouit. Sa condition de juif le taraudait. C’ était l’émigration qui le préoccupait. Elle était ridiculement belle. Il parlait d’italo Svevo.

Passez moi les épines.
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Requiem pour Fanny Goldmann

Première lecture de cette écrivaine autrichienne assez mystérieuse à mes yeux.

Mystérieuse par cette propension qu'elle a à happer son lecteur sans avoir recours à des procédés perceptibles.

Mystérieuse par son parcours intellectuel et artistique .

Mais aussi mystérieuse par la manière dont elle a fini de vivre.



Malgré un thème narratif rebattu , Ingeborg Bachmann parvient à emmener son lecteur dans les méandres psychologiques, existentiels et affectifs de Fanny Goldmann.



Lecture idéale pour prendre contact avec l'oeuvre de cette énigmatique artiste.







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Sämtliche Gedichte

Ingeborg Bachmann a aussi écrit des poèmes et ce avec une technique et un rythme remarquables, malgré le propos souvent très direct. Cette constatation est à nuancer : en 1963, elle dit arrêter d'écrire des poèmes parce qu'elle s'est aperçue qu'elle peut en écrire même sans en éprouver le besoin, c'est-à-dire sans que cela ne puisse être autre chose que des poèmes. En 1971, elle dit qu'elle n'a plus rien à dire sur ses poèmes, maintenant qu'elle n'en écrit plus. Et il est vrai qu'elle en a très peu écrit de 1964 à 1971 et assez peu dans l'ensemble, puisque ce recueil rassemble tout ce qu'elle a publié de son vivant en 180 pages. Il ne contient pas les poèmes publiés à titre posthume (publication controversée) en 2000.

Au final, on a presque l'impression d'une partie mal-aimée de son œuvre. Peut-être estimait-elle sa prose plus spontanée, plus directe. Néanmoins, je ne peux m'empêcher de relever que des poèmes comme Mirjam rappellent Celan (allusion au judaïsme, à la Shoah, une étonnante sensualité en plus, une forme plus maîtrisée) avec qui elle a entretenu une longue correspondance et mériteraient la même renommée. Par ailleurs, les thèmes sont souvent les mêmes que dans le reste de son œuvre : la mort, le désespoir, les crimes (nazis), un peu moins de féminisme peut-être. Noter le splendide poème écrit à Prague en janvier 1964, alors qu'elle essaye de se remettre de la rupture fin 2012 avec Max Frisch, sur le retour à la vie. Malheureusement, Ingeborg Bachmann revint à Rome et vécut dans la dépendance à l'alcool et aux médicaments, jusqu'à sa mort dans un incendie en 1973, à 47 ans.
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Sämtliche Gedichte

Obsession du pouvoir de mots comme dans ce poème d'hommage à Anna Akhmatova et omniprésence des femmes.

Un très beau recueil de poésie !
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Toute personne qui tombe a des ailes

Je n'avais jamais rien lu d'Ingeborg Bachmann, jusqu'à ce qu'une amie férue de littérature allemande attire mon attention sur cette poétesse d'origine autrichienne. Tout le long de sa carrière, elle a connu bien d'autres auteurs, dont Paul Celan. En 1964, elle a reçu pour son oeuvre poétique le prestigieux prix Georg-Büchner. Elle est morte tragiquement en 1973.



Ce gros recueil donne un large aperçu sur son oeuvre poétique, dans sa continuité, entre 1942 (elle avait alors 16 ans) jusqu'en 1967; une partie a été publiée seulement en 2000, à titre posthume. Je trouve que ces textes sont souvent très difficiles d'accès, mais certains suscitent non seulement ma curiosité, mais aussi mon admiration.

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Toute personne qui tombe a des ailes

Je feuillette depuis quelques jours ce recueil d'Ingeborg Bachmann - amante et muse de mon bien-aimé Paul Celan- féministe, rebelle, agitatrice infatigable, à la mort tragique - elle succombe à ses brûlures dans une chambre d'hôtel romaine- et je cherche dans ses vers quelques éclats de cette colère, quelques morsures de cette intransigeance, quelques oracles de cette recherche- la belle était philosophe de formation, thèse sur Heidegger, etc...-mais les quelques pépites trouvées me déçoivent un peu..

C'est un peu trop lourd, un peu trop germanique pour mon goût...

Non que ce soit trop "dit" -ce qui tue, à coup sûr, la poésie- mais les images ne me parlent pas, le mystère est de plomb, opaque....pas de fulgurants trous d'air, comme chez Celan...

Il faut sûrement chercher encore, mais en poésie ce n'est pas comme en prose: on se fait vite une opinion. L'intuition nous guide plus que la raison, la sensation plus que l'idée.

La poésie d'Ingeborg reste pour moi comme son rude prénom: une gangue rugueuse dont je n'ai pas su extraire l'or...
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Toute personne qui tombe a des ailes

Quelle force poétique incontestable !



Auteure autrichienne dont le père était nazi et qui en souffrait assez pour nous offrir une poésie pleine de souffrance mais tellement belle.



Sérieux bémol, le vocabulaire utilisé en français semble parfois plat et la rime manque. Le plaisir doit être d'autant plus grand pour le lecteur qui pourra lire le texte original de cette édition bilingue. Car en allemand, il est visible que tout rime et chante davantage. Difficile de traduire la poésie bien sûr.



Ceci n'empêche pas de s'imprégner de cette oeuvre notable. J'en recommande la découverte en tout cas !
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Toute personne qui tombe a des ailes



J'avoue avoir bien du mal à traduire mon ressenti , après lecture de cette anthologie très complète de l'énigmatique Ingeborg Bachmann. Autrichienne née en 1922, son traumatisme sera que son père a adhéré au parti national-socialiste. Amante de Paul Celan, elle n'aura de cesse de dénoncer les guerres, les injustices, à travers ses poèmes mais aussi ses oeuvres en prose. Elle mourra tragiquement et précocement de brûlures accidentelles, à 47 ans.



Je n'ai pas été touchée, ou très peu, par ses poèmes. Quelques-uns écrit dans sa jeunesse, où la recherche de lumière est pure, et d'autres, empreints d'une tristesse profonde m'ont plu mais je suis restée de marbre devant l'ensemble de sa production poétique. De marbre, j'utilise volontairement le terme car j'ai eu l'impression d'un bloc de pierre impénétrable, sans affects. Mais bien sûr, c'est une impression toute personnelle. Et peut-être que la traduction, si difficile en poésie, n'arrive pas à rendre la profondeur des mots.



La rencontre n'a pas vraiment eu lieu pour moi, j'espère qu'elle se fera pour d'autres lecteurs car la poésie d'Ingeborg Bachmann est exigeante, en quête d'absolu et mérite qu'on s'y attarde...
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Toute personne qui tombe a des ailes

Son «lyrisme» féminin chante l’amour magnifiquement, mais aussi son versant noir.
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Trois sentiers vers le lac

C’est le 4ème livre de cet auteur que je lis. Il a ete traduit par Hélène Belletto. Boje moi. Dieu , qu’elle avait froid aux pieds. C’était sûrement Paestum. Je suis en traduction simultanée. j’aime ce livre. Il ou elle baillait. Il fallait aller voir dans les nouveaux hôtels.Quelle excitation de pouvoir parler ainsi:

Non jamais elle ne se marierait. quand elle s’arrêtait au Lido de Paestum. A son âge, il ne pouvait souffrir d’artériosclérose comme Nadja. Les sarrasins encore les sarrasins dit elle. Elle ne pesait presque rien. C’est la mer c’est merveilleux. Je vois Dinard est-ce normal docteur? Le miracle est comme la foi. Il lui fut impossible de finir cette phrase. Mme Mihailovics ne pouvait s’arranger avec elle. Je pense que la combinaison n’était pas la meilleure. J'ai le covid. Je ne l’avais jamais attrapé avant. J’étais vacciné 3 fois comme il est prévu. Miranda ne le voudra jamais. Miranda et incorrigible. Miranda est tombee amoureuse d’un pied de table. Elle déambulait Prinz-Eugen strasse. Johannes est sexuel.

ca ne me déplaît pas de travailler pour une canaille.

Elle aime comme ma tante, les voix. je me rappelle cette tendresse infinie de mon père. Suffoquant, elle dit à son père.

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Trois sentiers vers le lac

Peut-être le plus beau, le plus bouleversant des recueils de nouvelles jamais écrit.
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Trois sentiers vers le lac

Ce recueil de cinq nouvelles a été publié en 1972 : l'époque en était aux expériences d'écriture : je pense au "Nouveau Roman" à la revue Tel Quel et aux auteurs de cette mouvance.

Le style d'écriture de Bachmann m'y a fait penser (longues phrases sans ponctuation, entremêlement des points de vue). La lecture en demande un effort de concentration et de suivi (ne pas l'interrompre au risque de perdre le fil) ; on est récompensé de cette disposition au point de pénétrer dans l'intellect de ces cinq femmes.

Mais l'ennui, car il vient vite, c'est que ce discours intérieur ne dépasse pas le moi ; tout est égocentré - hormis le passage, d'ailleurs passionnant, le meilleur du recueil parce qu'il nous éloigne de l'égo des personnages, sur la guerre d'Algérie.

A réserver aux fans d'Ingeborg Bachmann sans doute.
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