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Critiques de Ingeborg Bachmann (42)
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Berlin : Un lieu de hasards

Ce texte très court, 30 pages en ne comptant pas celles occupées par les dessins de Günter Grass, est surprenant et quelque peu énigmatique, notamment pour un lecteur qui ne serait pas familier de Berlin et de l'histoire de la ville.

Nous sommes en 1965, 20 ans après la fin de la guerre, 4 ans après la construction du mur. Bachmann y donne une vision très libre de Berlin, dans un montage de scènes oniriques voire cauchemardesques. Les avions traversent les chambres d'hôpital mais on leur demande de faire moins de bruit afin de ne pas déranger les malades. Quant aux autres habitants, ils se ruent dans les grands magasins qui sont empilés les uns sur les autres ou s'enivrent sans limite (les canettes de bière s'accumulent dans le Wannsee, le lac dont le nom reste associé à la conférence où s'est discutée l'organisation de la solution finale en 1942 ; la rivière de la ville, la Spree, déborde d'eau de vie).

Bachmann mêle différentes temporalités : le passé dramatique (avec les bombardements, les évacuations) ne fait plus qu'un avec le présent (à l'époque de la guerre froide et de la partition de la ville).

Le texte est parsemé de références à la géographie de la ville, celle de la période nazie (la Lützowplatz ou la gare Bellevue très fortement endommagées pendant la guerre, la prison de Plötzensee où des centaines d'opposants furent exécutés) et celle du début des années 60 (avec une référence à Kreuzberg, quartier de la contre-culture et des mouvements radicaux à Berlin Ouest).
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Das dreissigste Jahr

Ce recueil de nouvelles est une partie importante de l’œuvre romanesque d'Ingeborg Bachmann, puisque, avec le roman "Malina" et quelques textes isolés, c'est tout ce qui a été publié de sa prose de son vivant ("Franza" fut publié à titre posthume, comme sa correspondance). Ses projets plus vastes ont été interrompus par sa mort, sans doute aussi par son "mal de vivre", matérialisé par la dépendance médicamenteuse et la consommation d'alcool. Le recueil est paru en 1971 pour la première édition, époque à laquelle elle vivait avec Max Frisch à Rome. La trentième année dont il est question, c'est celle à partir de laquelle on perd son énergie et le goût de la lutte. On retrouve quelques éléments autobiographiques, comme le déménagement à Rome mais surtout la révolte, voire le malaise qui caractérisent l'auteure. Certains tabous se brisent (l'évocation d'une relation lesbienne, celle d'un meurtre dans un bistrot, comme une métaphore de la persistance des idées nazies en Autriche, celle d'un juge qui en a assez de la vérité). Néanmoins, on ne peut qu'observer que les personnages se brisent avec eux : la mort, les maisons de repos, l'exclusion sociale sont les lots de quasiment chacun d'entre eux. En quelque sorte, la vérité tue ceux qui la crient d'une manière ou d'une autre, même silencieusement, que leurs émotions détruisent à petit ou à grand feu.
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Franza

« Franza » est un petit roman qu'Ingeborg Bachmann laisse inachevé lorsqu'elle meurt subitement en 1973. La prix Nobel de littérature a tout de même légué un bijou intéressant, dans lequel on retrouve ses thèmes habituels : l'amour qui se transforme en haine, les relations de couples qui tournent à la violence (plus psychologique que physique, surtout insidieuse) et l'incapacité à communiquer. Peut-être un soupçon de folie, aussi. L'histoire commence avec Franza qui pense à sa jeunesse en Galicie, une région d'Autriche, à son arrivée à Vienne et à son mariage avec le docteur Jordan, un célèbre psychiatre de dix ans son ainé. Mais elle ne se sent pas bien. Son frère Martin la convainc éventuellement de l'accompagner en Égypte. Ensemble, ils voyagent et explorent ce pays exotique. Lui, parle beaucoup. Avec érudition. Elle, écoute distraitement. LeCaire, oui. Les Arabes, oui. le désert, la mer Rouge, oui. La Vallée des Rois et les pyramides, oui. Martin est certain qu'elle ne l'écoute pas vraiment, qu'elle n'est pas toute là. C'est qu'elle a beaucoup en tête, Franza. Mais cette solitude, ce désert, il est propice aux réflexions, à l'introspection. Enfin libérée du joug de son mari, elle se rend compte à quel point il pouvait se montrer méchant. Il la traitait comme une de ses patientes, disséquant ses moindres gestes, ses moindres paroles. Surtout en gardant une froide distance entre eux deux. Maintenant, enfin, elle peut penser par elle-même. Mais, une fois les valves ouvertes, c'est une véritable tempête qui l'engouffre. Elle sombre tranquillement vers les ténèbres. Bachmann réussit à faire évoluer son personnage avec finesse, à la faire passer à des émotions brutes et violentes avec beaucoup de délicatesse. À sonder les profondeurs de l'âme humaine dans toute sa complexité. Attention ! J'ai commis l'erreur de vouloir le lire trop rapidement, je me disais qu'un si petit roman pouvait s'achever en un rien de temps. Il faut plutôt le lire sans presse, s'en imprégner.



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Franza

Franza, roman inachevé, ne paraîtra pas avant la mort prématurée de son autrice, Ingeborg Bachmann, brulée vive dans sa chambre d'hôtel à Rome en 1973. Il devait faire partie d'un ensemble de romans sur le thème de la mort regroupant, outre Franza, Malina et Requiem pour Fanny Goldmann.

C'est surtout le frère de Franza qui est présent au début du livre, un frère universitaire qui doit entreprendre un voyage en Orient, et qui part à la recherche de sa soeur ainée, disparue depuis plusieurs années, après avoir reçu un appel à l'aide sous forme d'un télégramme de trois pages. Martin a oublié sa soeur. Démuni, il essaye de la décrypter avec ses outils et méthodes de géologue.

La silhouette juvénile de Franza apparaît dans les souvenirs de Martin, à la sortie de la guerre notamment, quand elle va, hardiment, à la rencontre des soldats anglais.

Il la retrouve bientôt dans leur maison d'enfance, seule, malade et séparée de son mari.

Nous les retrouvons tous deux en Egypte et c'est la voix de Franza qui prend le relais. Elle relate l'expérience traumatisante vécue avec ce mari, éminent psychiatre viennois, qui la considérait et la traitait comme un cas clinique, rédigeant des fiches sur ses symptômes, et niant sa collaboration à des travaux de recherche et d'écriture. Franza considère qu'elle a été victime d'une tentative de meurtre psychologique, et les faits rapportés évoquent ce que nous appelons aujourd'hui la perversion narcissique.

Frère et soeur déambulent dans des paysages désertiques, en bordure de la mer rouge, dans les monuments de l'Egypte antique, tentant de lire les hiéroglyphes et de percevoir les visages détruits par les pilleurs de tombes. Franza, en proie à une mystérieuse maladie, dans des environnements hostiles, vacille, délire, connait des troubles de la perception, éblouie par le soleil ou ensevelie dans la boue.

Franza échappera-t-elle à sa destinée ? Le désert lui apportera-il des solutions ? Son sort n'est-il pas scellé depuis le départ ?

La fin de l'ouvrage est composée de fragments qu'Ingeborg Bachmann pensait retravailler et incorporer au roman.

Franza est un livre exigeant, énigmatique, dont les clairs-obscurs donnent à entrevoir, de manière poétique les facettes d'une femme confrontée au lourd passé de son pays et aux difficultés de relation avec les hommes. Traitant de thématiques proches, comme les rapports de domination, il complète à merveille Malina, le seul roman achevé de l'autrice.
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Franza

J'ai lu ce livre deux fois dans un intervalle de 10 jours. Devant un tel talent, j'ai le souffle coupé : Bachmann est une grande écrivaine et sculpte la langue comme une artiste : elle procède par affleurements successifs et atteint aux couches géologiques les plus profondes de l'être. Elle embrasse l'histoire sans minorer l'importance de ceux qui la traversent ou en meurent. D'ailleurs ce roman est la relation d'un meurtre.

Il est resté inachevé, mais à mon sens il n'y perd rien : sans chair inutile, sans liens artificiels, ses trouvailles exhumées des profondeurs n'en sont que plus terribles et merveilleuses, mieux éclairées dans leur évidence souterraine.
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Journal de guerre. Suivi de Lettres à Ingebor..

Apparemment, Ingeborg Bachmann (1926-1973) est l'un des écrivains autrichiens les plus célèbres de la seconde moitié du XXe siècle. Pour être honnête, elle m'était inconnue jusqu'à récemment, des amis de livre m'ont signalé l'existence de son œuvre la plus importante 'Malina'. Ceci est apparemment un compte avec son père, qui était un fervent partisan des nazis. On en trouve des échos dans ce journal de guerre de Bachmann. Mais il fait à peine 15 pages, donc on peut difficilement l'appeler un livre. C'est pourquoi cet ouvrage a été complété par des lettres du soldat anglo-israélien qu'elle a rencontré en 1944 et avec qui elle a eu une relation de courte durée. Je soupçonne que ce livre s'adresse principalement aux vrais fans de Bachmann, car en soi ce n'est pas grand-chose. La partie la plus intéressante de cette édition est la postface du traducteur, qui situe l'épisode de guerre dans l'œuvre de Bachmann.
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La trentième année

Dans ce recueil de nouvelles rédigé dans les années 60, l'une d'elle "Du côté de Gomorrhe" évoque l'amour d'une jeune fille Mara pour Charlotte, femme d'âge mûr qui vient de donner une réception en l’absence de son mari. Alors que tout le monde est partie, Mara fait sa déclaration …

On retrouve ici deux femmes placés dans des rôles "genrés" que je trouve assez marqué : la jeune fille est inconstante, d'une sentimentalité à fleur de peau. On s'attend à ce qu'elle se « pâme » à chaque coin de phrase. Tandis que Charlotte endosse le rôle de la femme masculine qui voit en sa cadette le moyen d'exister dans une relation en tant que dominant et non plus comme éternelle mineur tout ça indépendamment de tout sentiment amoureux puisque Mara ne réveille chez elle ni amour ni désir.

L’image de ce « couple de femmes » calquée sur le modèle hétéro bien qu’existant forcément est à mon goût trop souvent la seule manière dont on perçoit un couple homosexuel… Comme s’il ne pouvait y avoir qu’une manière d’être en couple.

Que dire aussi du titre, biblique, qui place cette relation sous le sceau de la luxure, des « mauvaises mœurs » pour au final une nouvelle où il ne se passe pas grand-chose et absolument rien de répréhensible.

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La trentième année

Je l’ai déjà écrit et je me répète : je suis toujours embêté quand vient le temps de rédiger une critique sur un recueil de nouvelles. Ça finit souvent en un résumé chacune des histoires qui le composent, j’ai l’impression de ne pouvoir qu’en effleurer l’ensemble. Mais bon, je me suis imposé à nouveau cette tâche puisqu’il n’y avait aucune critique sur cette œuvre, « La trentième année », de la grande poétesse autrichienne Ingeborg Bachmann. Une situation qu’il fallait rectifier !



Souvent, dans tous le recueils de nouvelles, certaines histoires sont moins bien réussies. Mais, dans le cas de Bachmann, elles laissent toujours un souvenir évanescent. Il en reste un petit quelque chose, que ce soit une impression, un vague souvenir. Dans tous les cas, j’aime beaucoup cette oeuvre de Bachmann, comme toutes les autres, et cela pour différentes raisons.



Des intrigues puissantes et simples à la fois. L’auteure décrit des situations de la vie de tous les jours, auxquelles tout le monde peut s’identifier. Le temps qui passe, la trentaine (cette année charnière qui nous amène à réfléchir à nos accomplissements, à notre vie…), les relations parents/enfants, les relations amoureuses, l’amitié entre femmes, le deuil, etc. Bref, des situations qui ne devraient laisser personne indifférent.



Personnages forts, tant féminins que masculins. Je le précise car, selon moi – et s’il-vous-plait, ne me taxez pas de mysogyne ni de sexiste ! –, les écrivains femmes en général réussissent moins bien à rendre réellement justice aux personnages masculins. Certaines, plusieurs, beaucoup y parviennent, bien sur. Mais Bachmann est dans une catégorie toute spéciale. Les nouvelles « Tout » et « La trentième année » en sont la preuve. Mais les personnages féminins ne sont pas en reste, comme dans « Du côté de Gomorrhe », où les deux protagonistes Charlotte et Mara entretiennent une relation poignante toute en tendresse.



Émotions fortes. Mais attention, on ne tombe pas dans le mélo-dramatique ni dans le tragique. Et encore moins dans l’eau-de-rose ou le pathétique. Les personnages sont racontés alors qu’ils traversent des moments-clé de leur existence mais Bachmann réussit à nous transmettre leurs états d’âme sans fard ni mascarade. Sans trompette ni tambour. Des émotions brutes. Mais tellement criantes de vérité. Un peu comme dans la nouvelle « Ondine s’en va », dans laquelle la narratrice crie sa haine des Hans – en fait, des hommes en général – qui l’on trompée, abandonnée. Partout il y a cette intensité qui provient d’une folie subconsciente.



Je ne connaissais pas beaucoup Ingeborg Bachmann. Alors récemment j’ai lu de ses œuvres comme « Franza », puis « Malina ». J’ai voulu poursuivre et je me suis lancé dans le recueil « La trentième année » que j’ai beaucoup aimé. Décidément, une auteure à découvrir.
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La trentième année



La Trentième année c’est, pour reprendre un terme tristement à la mode, un âge pivot, celui où l’on “n'a plus le droit de se dire jeune.”



“Il découvrit, au milieu de sa chevelure brune emmêlée, un quelque chose blanc et brillant. Il le toucha, se rapprocha de la glace : un cheveu blanc ! Son coeur se mis à battre dans sa gorge. Il regarda le cheveu bêtement et sans détourner les yeux. Le jour suivant il reprit le miroir, craignit d’en découvrir d’autres, mais il ne vit que celui de la veille et ce fut tout.”



Avoir trente ans, c’est être “encore jeune”. Ce mot, “encore” nous dit tout du passage que constitue cette trentième année, l’insouciance est de plus en plus mal vue, il faut commencer à se tenir, à faire l’adulte, à épargner, faire son repassage. Les générations suivantes sautent aux yeux, elles poussent les vieux trentenaires vers la sortie.



Alors bien sûr, c’est “la force de l’âge”, mais la force pour quoi ? Bâtir une carrière, fonder une famille, travailler, on jette un pont vers le futur sans savoir comment les choses aboutiront, avec le peu d’années que nous pouvons mettre à profit, tous les espoirs sont permis, du moins le croit-on, à ceux qui sacrifient, qui suent, pour leurs succès à venir. C’est l’âge du “faire”. Martin du Gard, bourgeois de son état, avait une belle phrase sur la production : “ne vous illusionnez pas sur l’utilité de la production quand même. Est-ce qu’une belle vie ne vaut pas une belle œuvre ? J’ai cru aussi qu’il fallait besogner. Peu à peu, j’ai changé d’avis…”



Et quand on regarde en arrière, sont-ce vraiment nos plus belles années (merci Pollack, Redford et Streisand… ) ? Marguerite Yourcenar considérait ces décennies, entre l’enfance et la vieillesse, comme “un tumulte vain, une agitation à vide, un chaos inutile par lequel on se demande pourquoi on a dû passer ”. La pression que vivent les trentenaires, tyrannique, vient du fait que l’on a encore l’illusion que l’on peut vivre plusieurs vies, qu’on peut même toutes les vivres et que tous nos choix sont cruciaux pour se faire un destin, comme le résumait Paul Valéry dans son Monsieur Teste “mon possible ne m’abandonne jamais”.



Bachmann me semble tout de même plus optimiste, il y a des moments de prise de conscience, comme si l’existence nécessitait ces petits deuils réguliers de tranches de vie, des moments massue, dont on se relève parfois mieux armés, plus conscients aussi de la finitude des choses, car c’est le privilège de la jeunesse que de pas concevoir aisément la vieillesse.



Au fil de cette longue nouvelle, sinueuse, extra-lucide, jamais nous n’oublions que l’écrivaine, qui partagea la vie de Paul Celan, est aussi poétesse, il y a quelque chose du songe, du rêve éveillé, particulièrement lorsque nous regardons la vie comme en dehors de soi, le personnage s’en fait écho, lui-meme est souvent dépersonnalisé ; on a l’impression qu’il vit les évènements de son existence comme extérieur à eux.



Une réelle attention aux sensations les plus personnelles, comme l’acte même de “penser” , que le personnage découvre au détour d’une librairie, et tout le vertige, l’ivresse que ces acrobaties mentales provoquent. Cela peut rattacher ce texte au courant du flux de conscience, bien que Bachmann donne aussi beaucoup sur le cadre extérieur : les voyages en Italie, dont l’inspiration est sans doute à aller chercher dans la biographie de l’écrivaine autrichienne, tout comme, rétroactivement, le récit glacial et prémonitoire d’un tragique accident de la route.



Une lourde charge contre la mondanité, incarnée par le personnage de Moll, nous connaissons tous un Moll, on ne peut s’en défaire, c’est un “hydre” pour Bachmann, cette incarnation de la vacuité et la fatuité : “Moll plein de mépris pour les ratés et le plus raté de tous”. Une ironie salutaire vis à vis du conformisme comme lorsque le personnage principal rédige une lettre de motivation pour un emploi en terminant par “en espérant que…” et Bachmann d’ajouter : ‘Il n’espérait rien du tout.”



Néanmoins, il y a quelque chose d’hermétique parfois, de rebutant, peut-être pas tant dans l’écriture d’Ingeborg Bachmann que dans l’angle qu’elle choisit, malgré la beauté et la singularité de son angle d’approche littéraire.



“Fuir avec elle (…) vivre avec elle tout simplement, vivre avec son corps, sans contexte et loin de tout. Vivre dans sa chevelure, dans le coin de sa bouche, dans son sein.”



Autre récit saillant de ce recueil de sept nouvelles, paru au début des années soixante, “Du coté de Gomorrhe”, fragment d’une nuit de combat intérieur que se livre à elle-même une femme essayant d’oser échapper, dans les bras d’une autre, au mensonge d’une vie à l’abri de ses désirs lesbiens. De bons dialogues, une réelle tension, parfois brutale, et un soupçon de sensualité agrémentent ce morceau tranchant de vie. L’auteure fait montre d’une perspicacité audacieuse dans l’étude du personnage de Charlotte, dans le tourment et l’épuisement qu’une homosexualité contrariée peut causer à la psyché.



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Le Bon Dieu de Manhattan : Théâtre

Le début laisse présager une grande histoire pleine de rebondissements et, plus on avance dans ce récit, plus on cherche l'envie de continuer et de comprendre tous les liens qui sont à faire pour tout saisir de la complexité de l'oeuvre d'Ingeborg Bachman.
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Le passeur et autres nouvelles



Le 17 octobre prochain ce sera tout juste un demi-siècle que la virtuose des lettres allemandes, Ingeborg Bachmann, nous aura quitté, dans des circonstances bizarres, à l’âge de seulement 47 ans.



Le présent recueil regroupe une douzaine de textes, parmi lesquels des nouvelles publiées à titre posthume, mais aussi des débuts de romans, comme par exemple "Portrait d’Anna Maria", qui sont malheureusement restés inachevés. On ne peut que regretter que tout ce travail de grande qualité ne verra jamais le jour.

Le dernier texte du recueil "Visite d’une ville ancienne" devait ainsi constituer le début du troisième chapitre de son roman "Marina".



Née le 25 juin 1926 à Klagenfurt dans la Carinthie autrichienne, Ingeborg Bachmann se classe parmi les grands écrivains de son pays, tels un Stefan Zweig, Joseph Roth et Arthur Schnitzler, pour m’en limiter qu’à ces 3 maîtres.



La vie d’Ingeborg Bachmann a été plutôt mouvementée et s’est terminée dans le drame à Rome, le 17 octobre 1973. Morte de ses brûlures. On sait maintenant qu’elle se serait endormie en fumant au lit, à un moment où elle était déjà affaiblie par la prise de psychotropes et calmants.



Il existe une épatante biographie de la main de Hans Höller, traduit en Français par Miguel Couffon "Ingeborg Bachmann" et parue en 2006 chez Actes Sud, que je peux vous recommander vivement.

Il s’agit d’une biographie illustrée qui explique avec une grande tendresse son amour pour le poète Paul Celan (1920-1970) et son mariage avec l’écrivain et architecte suisse Max Frisch (1911-1991).



L’auteure a obtenu un doctorat en philosophie à l’université de Vienne et le Prix Büchner, le prix littéraire allemand le plus prestigieux.

Depuis 1977, chaque année dans sa ville natale de Klagenfurt est décerné un prix littéraire qui porte son nom : le "Ingeborg-Bachmann-Preiss".



Je considère le recueil en rubrique, d’à peine 139 pages et qui se lit très vite, comme un excellent moyen de faire connaissance avec cette grande dame et je salue en passant Miguel Couffon pour son admirable traduction.

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Le temps du coeur : lettres

La correspondance intellectuelle et amoureuse entre deux êtres que tout oppose : Ingeborg Bachman et Paul Celan.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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Le temps du coeur : lettres

Un dialogue d'une autre nature s'instaure dès lors entre les deux poètes, au bord du silence, par oeuvre interposée. Conversation muette, dialogue imaginaire, dont la correspondance établit en creux la trace et qui se poursuivra par-delà le suicide de Celan en 1970 jusqu'à la mort de Bachmann en 1973.
Lien : http://www.lemonde.fr/livres..
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Le temps du coeur : lettres

Critique de Benoît Legemble pour le Magazine Littéraire



Le poète Paul Celan rencontre à Vienne en 1948 une jeune femme, Ingeborg Bachmann (à droite sur la photo). Il entretiendra avec la poétesse une relation amoureuse épistolaire sur près de 20 ans. «Ne m’écris pas de façon trop vague, n’hésite pas à me dire que le rideau de notre fenêtre a de nouveau brûlé et que les gens nous regardent de la rue.» Nous sommes en 1951 - la troisième année d’un échange épistolaire qui s’étendra sur presque vingt ans - lorsque l’étudiante autrichienne Ingeborg Bachmann adresse ces mots au poète Paul Celan, l’apatride qui a subi l’horreur de l’histoire. Et déjà, le feu semble saturer le palimpseste amoureux. D’une main brûlée, il s’agira d’écrire sur la nature du feu. Sur les charbons ardents d’une langue morte, en réinventer une autre délivrée des discours de pouvoir. Car les amants maudits sont de merveilleux aveugles, c’est-à-dire des voyants et des voleurs de feu, dans l’acception rimbaldienne du terme. Ils sont ces poètes en quête de «clarté», dans une époque où l’indifférenciation et l’apparence servent à dissimuler le «crime derrière la bienséance» dénoncée par Bachmann. Celan verra ainsi en elle l’absolu, la justification de sa propre parole, l’avènement d’un pouls battant « à contretemps », au-delà de l’inspiration. La jeune femme représentera pour lui cette légitimation éthique et poétique recherchée, comme elle sera le souffle souterrain de Pavot et mémoire. Inversement, il sera pour elle au coeur de l’autobiographique Malina. C’est dire que ce dialogue exprime quelque chose d’essentiel dans la nécessité, pour tout auteur, d’être en dialogue avec une altérité exemplaire. Cette perspective trouve son paroxysme dans les lettres écrites à l’occasion des célébrations organisées en l’honneur de Heidegger : la conversation distanciée dévoile la quête d’un excentrement intellectuel plus que jamais nécessaire pour Ingeborg Bachmann, qui lui consacra sa thèse.

Le poète, qui vit prisonnier de sa «cloche de détresse», se radicalise et devient peu à peu l’accusateur des critiques qui lui font offense - allant jusqu’à voir dans les commentaires des détracteurs de «Fugue de mort» l’expression de profanateurs de tombes. Cet épisode désastreux marquera un tournant. Si hypersensible soit Celan, le procédé reste injustifiable aux yeux de Bachmann, qui semble s’éloigner dès la fin des années 1950. Désormais, Celan s’inscrit à distance des idéologies qu’il dénonce. Son entourage se fait plus rare, tandis qu’il doit faire face à une crise de vocation poétique. Les lettres adressées à Ingeborg Bachmann à ce sujet sont l’occasion de pénétrer dans l’atelier du traducteur au service des oeuvres d’Éluard, de Mandelstam ou d’Apollinaire. Une communauté restaurée, en somme, qui réactualise également l’éternel débat du «traducteur, traître». C’est-à-dire l’angoissante question de la corruption et de la perte du sens. Telle fut certainement l’obsession de Celan, que l’on découvre à la lecture de cette correspondance étonnante (et émouvante, souvent). Les amants se le répétèrent maintes fois : ce qui s’était passé une fois ne pouvait plus advenir. Mais ensemble ils n’ont eu de cesse de rythmer cette absence. De dire le ravissement de celle qui « guide les bouches », ainsi que le rappelle Celan dans le poème « Une main ». Un texte à l’image de ce dialogue inachevé, où la parole n’a précisément de valeur que parce qu’elle est tout entière suspendue à une table « en bois d’heures ».
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Le temps du coeur : lettres

L'obscurité, l'opacité de la poésie de Celan ne sont pas de celles contre lesquelles on se heurte et on renonce, mais de celles qui vous happent, vous enveloppent et vous portent.
Lien : http://www.telerama.fr/criti..
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Le temps du coeur : lettres

La correspondance majeure et éclairante de deux immenses poètes, Bachmann et Celan, leur amour impossible, mélangé de fiertés et de fractures, intense, aussi brûlant que chacun d'eux l'était.
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Leçons de Francfort

Cycles de conférences données par Ingeborg Bachmann sur les rapports de la création littéraire et de la vie à travers ses réflexions sur les écoles avant-gardistes surréalistes et futuristes. Elle poursuit par l'étude des renouveaux poétiques allemands et autrichiens après la seconde guerre mondiale, pour tenter d'en extraire ce qui en constitue la nature profonde et ne peut se limiter à un travail purement formel : il s'agit d'exprimer un rapport au monde irrémédiablement modifié par l'histoire et de mettre à jour une nouvelle sensibilité, une nouvelle compréhension de ce monde.

Elle mesure ensuite sa théorie à l'aulne des apports successifs au renouveau littéraire d'Italo Svevo, Franz Kafka, Marcel Proust, James Joyce, William Faulkner et Samuel Beckett : leurs personnages, face aux situations inédites où les jette la modernité, sont condamnés à explorer sans cesse de nouveaux chemins pour exprimer des subjectivités qui ne soient pas des entités figées mais malléables et modifiées par l'aventure humaine. Jusqu'au glaçant : " Je vais continuer, il faut dire des mots, tant qu'il y en a, je vais les dire, jusqu'à ce qu'ils me trouvent (...)" de Beckett ( l'Innommable).
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Malina

Je me vois obligé à laisser passer ce livre pour une deuxième lecture, et - à en juger par les critiques sur ce site - apparemment je ne suis pas le seul. Je suis totalement d’accord que Bachmann a écrit un roman de la douleur féminine intériorisée, un portrait hallucinatoire d'une femme à Vienne dont la psyché est à la merci de différents hommes. La première partie était relativement facile à suivre, avec une savante évocation d'une femme qui oscille entre l'« aventureux » Ivan et le « roc » un peu ténébreuse Malina. Mais ensuite la deuxième partie, avec une succession de ce qui semble être des hallucinations de la même femme, admise dans un institut psychiatrique et avec des scènes bizarres dans lesquelles l'inceste est explicitement évoqué. Je dois avouer que j'ai abandonné au cours de la troisième partie, après un autre enchaînement de scènes à peine sensées. Peut-être que des circonstances extérieures étaient en jeu lorsque je l'ai lu, mais je ne pouvais tout simplement plus me mettre dans le monde masochiste de cette écrivaine. Je sais que Bachmann est considéré comme la source d'inspiration de Thomas Bernard, et une grande partie de cela était reconnaissable. Mais personnellement je pense qu'un lien avec Elfride Jelinek est beaucoup plus évident. Comme je l'ai dit, je mets cela de côté pour une deuxième lecture, car le fait est que ce livre, cette lutte, ne vous lâche pas.
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Malina

Il arrive que durant ce roman, qui par moments flambe et réjouit, on se demande ce que Ingeborg Bachman a voulu nous dire. Dès lors, entrer dans cette fiction ne laisse pas intact : ou bien rebuté par ce qui s'apparente à une tentative de déstabilisation de vos repères, vous laissez le livre là, défait, ou bien, éperonné, vous tenez à connaître les motivations non-conformistes, folie ou révolte, qui ont poussé cette autrichienne à déverser ses luttes et ses cauchemars dans un livre déconcertant. Peu avant de reconduire Malina incomplètement lu en bibliothèque, un article1 de Pierre Assouline m'a donné la résolution d'aller au bout et d'entreprendre une quête approfondie. "Au nom de l'énigmatique beauté du texte" et avec le sentiment stimulant de ne pas être seul en difficulté, le sens échappant parfois à Philippe Jaccottet lui-même, car "il est vrai que cette histoire autrichienne n'aurait pu être écrite dans une autre langue que l'allemand."



Beaucoup de clichés et de légendes circulent à propos d'Ingeborg Bachman, et c'est seulement depuis une trentaine d'années que la critique scientifique explore cette œuvre majeure de la littérature en langue allemande de la seconde moitié du vingtième siècle. Elle est peu connue en France, sans doute en partie parce que sa traduction est difficile : Françoise Rétif est parmi ses biographes et traductrices francophones les plus compétentes et on trouvera dans ses publications un éclairage sur l'étonnante autrichienne.



Ingeborg Bachman est née à Klagenfurt en 1926 et à l'âge de dix-huit ans, elle est une écrivaine prolifique avec des poèmes, des nouvelles, des lettres fictives, un drame et un journal de guerre. Étudiante en germanistique et philosophie, elle soutient une thèse brillante sur la philosophie existentielle de Heidegger qu'elle n'hésite pas à critiquer. Elle est tôt invitée à faire partie du prestigieux Groupe 47 et reçoit le prix qu'il décerne en 1953. La publication de son second recueil de poèmes et deux pièces radiophoniques lui valent une célébrité définitive, d'autant plus marquée qu'à cette époque, l'Allemagne en reconstruction s'empressait de reconnaître la poésie belle et émotive, riche de sa langue, qui faisait oublier la shoah et renouait avec la tradition. Mais l'autrichienne dérange par sa féminité provocante et ses liaisons nombreuses, difficiles et scandaleuses. Partagée entre Rome, Zurich et Berlin, liée à des créateurs connus tels Paul Celan, Max Frisch, Henze, Weigel, elle manifeste une pensée critique à l'égard des pays germaniques et des hommes. Tout cela, sa mort accidentelle dans un incendie à Rome, ses silences prolongés, contribuèrent à construire un mythe autour de son nom.



Si on dépasse les jugements superficiels, on découvre dans l'œuvre une quête continue, des thèmes récurrents. Très engagée, elle n'a cessé de stigmatiser, dans tous ses poèmes comme en prose, tout ce qui s'apparente au drame autrichien de l'Anschluß, alourdi par l'implication de son père dans les violences nazies. Elle continuera à dénoncer le fascisme là où elle le voit, dans les sociétés capitalistes, colonialistes et patriarcales. Elle n'a cessé de considérer que l'écrivain a une mission à accomplir pour le progrès de la société. À cela s'ajoute le rôle de la femme auteur, trouver sa place et son identité dans une tradition dont elle hérite et qu'elle veut transformer. Sa soif d'écriture et d'idéal l'amèneront avec opiniâtreté et lucidité à adopter des formes littéraires nouvelles, de conception esthétique audacieuse. Elle démystifie un art intouchable, sacré, avec une écriture subtile, changeante, innovatrice. On touche là au caractère évident de Malina : transgression au plan de la forme et des idées.



Malina, à fois journal intime et chronique fragmentaire, est le roman de trois êtres: une narratrice, nommée Moi, sa part masculine Malina, compagnon non amant, et enfin Ivan, l'homme aimé pour qui le livre doit être écrit. Il s'agit du seul roman achevé de la trilogie "Façons de mourir" (parfois traduite "Genres de mort", maladroitement selon moi), car la mort brutale en 1973 écourta le projet. Malina, que l'on prend pour un nom de femme et c'est voulu, représente le père sévère, le surmoi social. Il tente de réconcilier la narratrice avec le monde ordonné, bien agencé, très masculin, qui s'oppose à une nature fantasque, rêveuse et passionnée. À la fin du roman, Moi s'efface, entre dans le mur et s'y enferme. Suicide symbolique mais aussi assassinat où on lira la contrainte exercée par les hommes pour intégrer la femme dans un processus de socialisation qu'ils structurent.



Françoise Rétif interprète plus avant la décision de disparaître dans le mur. Elle consiste, pour Moi, à se refuser à poursuivre l'écriture lorsque écrire signifie accepter de renoncer à tout ce qui constitue une écriture indissociable de la passion, de la volonté de la femme d'écrire pour l'homme aimé, Ivan. Car ce dernier l'a quittée. Dans Le livre à venir, Maurice Blanchot évoque l'idée de l'écriture comme une décision de s'y clôturer, une limitation en quelque sorte. C'est autour de cela que gravite Malina, à savoir — je cite Rétif — "la thématique centrale de l'œuvre bachmanienne: qu'est-ce qu'écrire, si écrire signifie renoncer à la vie ? Qu'est-ce que l'art s'il faut lui sacrifier la vie ? Qu'est-ce que l'art s'il fait de la mort son œuvre ? Et qu'est-ce que l'art quand c'est une femme qui écrit ?" La question de la femme écrivain est posée en terme de sexe (de genre): une femme peut-elle entrer dans le système symbolique sans renoncer à une partie d'elle-même ? Sur ce sujet, je préfère renvoyer au chapitre Art féminin, art paradoxal que développe Françoise Rétif dans le bon ouvrage paru chez Belin, collection Voix Allemandes.



Le rapport des sexes est envisagé sous deux aspects dans cette fiction. D'une part, la dénonciation de la violence d'une réalité à travers l'image du Père, auquel Bachman consacre la seconde partie du livre, Le troisième homme, amalgame d'autorité brutale et d'inceste rapporté dans une narration onirique effrayante: "Ce n'était pas mon père, c'était mon assassin." À côté de cela, il y a l'utopie de la réconciliation. Androgynie ou bisexualité qui abroge la séparation des sexes sans renoncer à leur complémentarité et à leurs différences. Une relation idéale avec Ivan qui abolirait la schizophrénie dont souffre la narratrice. Un moment, c'est Ivan et moi; un autre moment nous; tout de suite après toi et moi. Rapport amoureux dans l'harmonie de la complémentarité, accord du corps et de l'esprit qui rendrait possible alors une écriture en tant que fruit de l'amour et trace de celui-ci. Opposition avec Lacan pour lequel, quand on ne peut avoir la chose perdue, on la tue en la symbolisant par la parole, de sorte que la parole serait meurtre de la chose. Au contraire chez Bachman, l'écriture serait la trace de la fécondité de l'amour. Forme de venue à l'écriture par la passion amoureuse, écriture qui n'est donc pas réparation de la perte mais gain d'amour, à l'opposé de la conception occidentale courante selon laquelle l'art est une forme de sacrifice.



Intégrer significativement ce roman, vous l'avez compris, est exigeant. Il convient de dépasser une lecture superficielle pour entamer un travail de documentation qui porte rapidement ses fruits et devient passionnant. Outre l'ouvrage chez Belin mentionné plus haut, j'ai trouvé des informations considérables dans la revue mensuelle Europe d'août septembre 2003. Saluons aussi la publication de trois œuvres chez Actes Sud.


Lien : http://www.christianwery.be/..
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Malina

Je n'ai jamais vraiment réussi à accrocher à cet étrange roman que j'ai abandonné avant la fin. Il m'a semblé comprendre des choses par moment ... mais sans en être vraiment certain ....
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