Citations de Isabel Allende (740)
Ainsi les services publics ont-ils été impunément bradés à des entreprises privées, et les ressources naturelles telles que les forêts et les mers à des entreprises étrangères qui les ont exploitées sans aucune conscience écologique. On a créé une société implacable dans laquelle le gain est sacré ; si vous êtes pauvre, c'est de votre faute, et si vous vous plaignez, vous êtes forcément communiste. La liberté consiste en ce qu'il existe de nombreuses marques entre lesquelles choisir ce qu'on peut acheter à crédit.
Je connais des personnes pour qui le gouvernement d'Allende représentait ce qui pouvait arriver de plus détestable et dangereux. Pour ces gens-là, qui se flattent de mener une vie en accord avec les stricts préceptes chrétiens, le besoin de l'abattre fut si impérieux qu'ils n'ont jamais remis les méthodes en cause, même lorsqu'un père désespéré, Sebastián Acevedo, s'arrosa d'essence et s'enflamma, s'immolant comme un bonze sur la place de la Conceptión pour protester parce qu'on torturait son fils. Ils se sont arrangés pour ignorer les violations des droits de l'homme – ou faire semblant de les ignorer – pendant de nombreuses années et, à ma grande surprise, j'en rencontre encore qui, en dépit des évidences, nient ce qui s'est passé.
Les Chiliennes sont complices du machisme : elles éduquent leurs filles pour servir et leurs fils pour être servis. Tandis que d'un côté elles luttent pour leurs droits et travaillent sans répit, de l'autre elles servent leur mari et leurs fils, secondées par leurs filles, à qui elles inculquent leurs obligations dès l'enfance.
La vie est longue et repasse souvent les mêmes plats
Un roman merveilleux qui nous emporte sur les traces des habitants de l’Amérique Latine où se mélangent les croyances, les superstitions de tant de peuple. Plein de rebondissements, telle une toile d’araignée ce roman sur les racines familiales et leurs implications est passionnante.
- Je suppose que c'est quelque chose qui ne durera pas ?
- Et moi, j'espère bien que c'est pour toujours.
- Rien n'est pour toujours, ma fille. Sauf la mort.
- Tout ce que tu viens de dire est d’une naïveté confondante. Au cas improbable où ton Naranjo triompherait avec sa révolution, je donne ma main à couper qu’il ne lui faudrait pas longtemps pour abuser du pouvoir, de la même façon que tous ceux qui y accèdent un jour.
- Ce n’est pas vrai, il est différent des autres. Il ne songe pas à lui-même, mais au peuple.
- Pour l’instant, oui, parce que cela ne lui coûte rien. (…)
Seule dans mon lit, j’étreignais mon oreiller en priant que mes seins ne tardassent pas à s’épanouir, mes cuisses à s’arrondir, mais à aucun moment, songeant à Huberto Naranjo, je ne fis le rapprochement avec les planches illustrant les ouvrages didactiques de la Madame, ni avec les commentaires des filles que je parvenais à surprendre. Je ne concevais pas que ces cabrioles eussent quelque chose à voir avec l’amour, elles m’apparaissaient seulement comme une façon de gagner sa vie, à l’instar de la couture ou de la mécanographie. L’amour était celui des chansons et des feuilletons radiophoniques, fait de profonds soupirs, de baisers, de déclarations embrasées.
Cathy lui déclara que la tâche la plus importante dans la vie était de purifier ses propres actes, de s'engager totalement dans le réel, de mettre toute son énergie dans le présent et d'agir au plus tôt, immédiatement.
Nous ne sommes pas vieux parce que nous devenons septuagénaires. Nous commençons à vieillir à l'instant même où nous naissons, nous changeons jour après jour, la vie est un flux continuel. Nous évoluons sans cesse. La seule différence est qu'à présent nous sommes un peu plus près de la mort. Et qu'y a-t-il de mal à cela ? L'amour et l'amitié ne vieillissent pas.
- Les gens âgés sont les plus amusants du monde. Ils ont vu beaucoup de choses, ils disent ce qui leur plaît et se fichent pas mal de ce que l'on en pensera.
La vie est longue et repasse souvent les mêmes plats.
[...] Mi pasado es corto y debería tenerlo claro en la mente, pero no confío en mi caprichosa memoria, debo escribirlo antes de que empiece a cambiarlo o censurarlo [...] p 327
[...] No veía las horas de volver a nuestra isla, donde la vida fluye como un río manso, hay aire puro, silencio y tiempo para terminar los pensamientos [...] p. 375
"Los amantes se olvidan en un pestañeo" (p. 443)
Alex était sûr d'avoir le chien le plus bête de la terre, le seul labrador de quarante kilos à se faire mordre par un cerf. Au cours de ses quatre années de vie, Poncho avait été attaqué par des carcajous, par le chat du voisin, et à présent par un cerf, sans compter toutes les fois où les moufettes l'avaient aspergé de leur liquide infect et où il avait fallu le baigner dans de la sauce tomate pour atténuer l'odeur.
...elle emmenait désormais Blanca dans ses visites aux pauvres, chargée de cadeaux de consolation. «Cela nous aide à avoir bonne conscience, expliquait-elle à Blanca. Mais cela n'aide en rien les pauvres. Ce n'est pas de charité qu'ils ont besoin, mais de justice».
La censure , qui n'enserrait au début que les moyens d'information, bientôt s'étendit aux ouvrages scolaires, aux paroles de chanson, aux scenarii de films et aux conversations privées. Il y avait des mots interdits par décret des autorités militaires, comme "camarade", et d'autre qu'on s'abstenait de prononcer par précaution, bien qu'aucun décret ne les eût éliminé du dictionnaire, comme "liberté", "justice", "syndicat".
Car c'est de nous qu'il dépend que l'amour soit éternel.
Je m'en vais, mais je t'emmène toujours en souvenir.
Chez ces hommes solitaires et brutaux, qui étaient partis en quête de fortune comme des héros mythiques de l’ancienne Grèce, qui se voyaient réduits à l’essentiel, souvent malades, se livrant à la violence et à l’alcool, il y avait un désir inavoué de tendresse et d’ordre. Les chansons romantiques leur tiraient des larmes, ils étaient capables de payer n’importe quel prix pour une part de tarte aux pommes qui leur offrait un instant de consolation et leur permettait de lutter contre la nostalgie de leur foyer. Ils faisaient de longs détours pour passer devant une maison où il y avait un enfant, et restaient là à le contempler en silence, comme s’il s’agissait d’un prodige.