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Critiques de Ivo Andric (132)
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Omer pacha Latas

Après Mara la courtisane et autres nouvelles, Titanic et contes juifs de Bosnie, j'avais envie de me plonger dans un roman pour continuer à explorer l'univers d'Ivo Andric.



Omer pacha Latas raconte en 18 chapitres le règne de ce pacha, seraskier (chef suprême des armées ottomanes), sabre du Sultan, venu rétablir l'autorité turque en Bosnie, sur les beys et les knez qui prenaient trop d'indépendance. Le livre s'ouvre avec l'arrivée du pacha à Sarajevo en 1850 à la tête d'un corps d'armée impressionnant en une parade éblouissante et se terminera un an plus tard en 1851 par le départ des troupes. Pour commencer le seraskier terrorise toute la Bosnie, par une occupation militaire aussi implacable qu'arbitraire. Les grands ne sont pas épargnés, au contraire, enchaînés, ils sont déportés à Istanbul quand on ne leur confie pas des tâches dégradantes en public. Puis une véritable occupation de l'armée et de la cour du pacha s'installe dans la durée dans la ville.



Chaque chapitre va décrire minutieusement comme dans une miniature orientale des tableaux vivants centrés autour d'un ou plusieurs personnages. Excellent dans les nouvelles, l'auteur écrit chaque chapitre, une nouvelle ou un micro-roman. On feuillette donc toute la collection de tableaux avec un point de vue différent : l'entourage immédiat des officiers, l'intendant pourvoyeur de chair fraîche, la femme du pacha, le cuisinier fou d 'amour, la carrière d'Omer pacha Latas....Plaisir retrouvé et renouvelé que j'avais découvert dans la lecture des nouvelles. Ivo Andric - Prix Nobel - est un grand maître!



A la lecture d'Ivo Andric, je prends conscience de toute la complexité balkanique. Omer pacha le "sabre du Sultan" est un "islamisé", fils d'un militaire autrichien, orthodoxe. La plupart des officiers qui l'entourent sont aussi des "islamisés" polonais, hongrois, grands buveurs et mécréants, patriotes déçus dans leur contrée d'origine. Saïda Hanum, la femme d'Omer pacha , est une pianiste roumaine. Roumain aussi le cuisinier, ou macédonien, c'est un peu mélangé. Le pouvoir turc, l'autorité d'Abdul Hamid est donc représenté par une mosaïque d'individus, mosaïque de cultures. Les Bosniaques qu'on doit réduire à l'obéissance sont de bons musulmans, mais aussi la raïa, population chrétienne orthodoxe, ou communauté juive. La scène où Omer pacha tente de séduire le voïvode Zimovitch, en rappelant ses origines à Iania Gora (Croatie), est une bouffonnerie.



j'ai pris grand plaisir à lire cet ouvrage qui est vraiment un grand livre!




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Mara la courtisane et autres nouvelles

Ivo Andric (1892-1975) est né à Travnik, en Bosnie dans une famille croate mais il s’est défini comme serbe et comme yougoslave. Prix Nobel 1961. Merci à l’ami FaceBook, qui m’a recommandé cet auteur!



Mara la Courtisane est un recueil de 10 nouvelles, de longueur variable. La nouvelle qui a donné le titre au livre est la plus longue. Si elles se déroulent toutes sur les mêmes lieux, aux environs de Sarajevo, elles se succèdent dans le temps, du 18 ème siècle au début du 20 ème siècle . L’Histoire s’égrène, de l’empire ottoman qui se délite, à l’entrée de l’Autriche en Bosnie, l’arrivée de la modernité, le chemin de fer, la Première Guerre mondiale….



C’est une galerie de portraits , chaque nouvelle présente un personnage singulier, Bonneval Pacha, l’aventurier français, qui a servi le roi de France avant de se rallier à son ennemi à Vienne et finalement se convertir à l’Islam pour profiter de la protection de Constantinople….agité et violent, désinvolte.



L’esclave, razziée en Herzegovine dans un village détruit, est farouche. Je ne suis pas arrivée à préciser la date de l’exaction. Jusqu’à quelle époque cette pratique abominable a-t-elle été pratiquée dans les Balkans? Dans l’empire ottoman, c’est seulement en 1871 que l’esclavagiste tomba sous le coup d’un emprisonnement (un an seulement)Wikipedia. lire aussi ICI



Au temps du cantonnement présente une série de dignitaires et militaires ottomans, cadi, mullahs, pachas et imams dans toute leur diversité. Au sein des armées turques les origines étaient diverses, les cantonnements éloignés aussi bien en Arménie, en Anatolie, à Brousse ou Constantinople…Sarajevo ou pire Travnik n’étaient pas des postes très prisés. Le Mullah Jusuf qui accompagne le pacha est un triste personnage, poète, muezzin, mais aussi violeur.



Après la lecture de ces deux nouvelles où le sort des femmes est particulièrement cruel, je comprends mieux Lalé la Blanche – recueil de nouvelles – d’Ömer Seyfettin, auteur turc du début du 20ème siècle. J’avais trouvé ces nouvelles d’une cruauté presque insupportables détaillant un viol et d’autres abus.



A l’auberge du monastère : le personnage principal est un moine, Marko, plutôt simplet, dont la foi s’exprimait le mieux quand il jardinait :



« allez pousse! avec l’aide du ciel » exhortait-il le plan de betterave dont il arrachait les feuilles.



On retrouve Marko dans une autre nouvelle : autour de l’alambic. Même si la Bosnie est sous la loi ottomane, la rakia y joue un rôle principal. Turcs comme chrétiens en font une consommation déraisonnable et nombreuses violences et crimes lui sont imputables.



Plusieurs nouvelles se déroulent pendant l’année troublée 1878 pendant l’insurrection des Serbes de Bosnie Herzegovine Très ignorante de l’histoire de cette région, j’ai été un peu perdue entre les protagonistes : Le Lieutenant Murat, lieutenant de l’armée turque se trouve entraîné dans des événements qui le dépassent..



A ces courtes nouvelles succède Mara la courtisane , environ 50 pages d’une histoire tragique. Courtisane? l’adolescente, fille du boulanger enlevée par un noble turc qui quittera le pays à la faveur des troubles. Recueillie dans une famille de notables chrétiens, elle partage la vie des femmes qui est bien difficile.



L’histoire du kmet Siman est celle du métayer qui se rebelle contre l’aga propriétaire de la ferme. A la suite de l’annexion par l’Autriche de la Bosnie, il croit pouvoir ^detre le maître de son sort, et le seul bénéficiaire des récoltes. Mais ‘Autriche n’a pas aboli la propriété ni les lois turques régissant le métayage…Siman sombre dans l’alcoolisme après avoir perdu ses procès, mais toujours persuadé de son bon droit



Les personnages de la dernière nouvelle sont les Montagnes de Rzav. Les montagnes sauvages voient arriver les Autrichiens, les scieries, les Italiens qui construisent la voie ferrée. On fore des tunnels puis c’est la guerre et l’affrontement entre Serbes et autrichiens….



Moi qui n’aime pas spécialement les nouvelles, j’ai lu ce livre comme le roman de la Bosnie. Et je vais continuer sur ma lancée. j’ai encore deux livres du même auteurs dans ma PAL tout en haut de la pile!




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L'éléphant du vizir

Un recueil de nouvelles de Ivo Andric, prix Nobel de littérature 1961.



Avis mitigé pour ce recueil de nouvelles très inégales. La première "L'éléphant du vizir" est intéressante car il y a cette transposition de la colère et de la haine des villageois, terrorisés par un vizir cruel, contre ce pauvre éléphant appartenant au vizir en question. L'auteur y décrit aussi la vantardise et la couardise des hommes face à ce qui leur fait peur.



L'écriture est soignée et agréable, mais le contenu des nouvelles ne m'a pas inspiré. Il y a un arrière-fond de violence, d'instabilité, d'égoïsme, un monde essentiellement masculin, sans héro, sans beauté; rien qui me fasse rêver, rien qui me parle. C'est le deuxième recueil que je lis de cet auteur, je pense que c'est mon manque de connaissance des Balkans et de leur culture qui m'empêche d'apprécier Ivo Andric autant qu'il le mérite.
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Titanic et autres contes juifs de Bosnie

Si j'en crois l'éditeur, Ivo Andric fut un des personnage clés de son époque et de son pays ayant publié des œuvres majeurs de littérature slave contemporaine.

Personnellement, ces contes et nouvelles m'ont laissé de marbre.

Alors, oui, c'est très bien écrit et construit mais je n'ai fait que survoler des lignes sans avoir pu en faire une bonne lecture. Dommage.
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Le pont sur la Drina

La plus navrante et la plus tragique de toutes les faiblesses de l'homme est sans doute son incapacité totale à prévoir, une incapacité qui est en contradiction avec ses nombreux talents, aptitudes et connaissances.
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La Chronique de Travnik

Une page d'histoire oubliée. Passionnant, des personnages finement ciselés et sans doute réels (je n'ai pas vérifié).
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Visages

Ce volume rassemble 21 nouvelles, qui se déroulent pour la plupart dans la Bosnie d'avant la seconde Guerre mondiale. Dans les montagnes, mais aussi dans le village en bas dans les vallées où les personnages s'arrêtent, au-delà, Sarajevo, la grande ville. Une vie simple, la chasse au grand tétras, parfois angoissante, comme ce couple terré dans une cave pendant les bombardements de la dernière guerre mondiale, la grève à la manufacture de tapis, la place du sel dans ces campagnes, la mort d'une épouse malade, des femmes qui chantent la nature dans une prison de Sarajevo, les visages multiples de la société défilent au fil de ces nouvelles.
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La chronique de Belgrade

Dans un premier temps, je me suis questionnée sur la vision qu’Ivo Andrić avait des femmes… Les deux nouvelles qui ouvrent le recueil mettent en scène des tyrans domestiques aux traits presque caricaturaux, dont le physique repoussant n’a d’égal que la laideur de leur caractère.

Cela donne lieu à de féroces descriptions certes savoureuses…



L’une est affublée de "courtes jambes, (d’un) triple menton (et d’une) petite moustache drue, de strates de graisse abondantes en quantité peu commune et à des endroits inattendus", l’autre, également courtaude, pourvu d’un "visage blême et adipeux", déploie une "énergie agressive malgré ses jambes éléphantesques".



… mais le recours à ces viragos, dont on comprend rapidement qu’il est prétexte à mettre en évidence, en créant une opposition entre ces héroïnes et leurs discrets époux, les qualités a priori invisibles de ces deniers, est aussi un peu vexant pour une lectrice, d’autant plus que cela ne s’arrange pas vraiment par la suite. La troisième nouvelle met en scène un couple dont le mari passe outre la lâcheté et la frayeur de sa conjointe pour dissimuler un de leurs proches poursuivi par la milice allemande. Dans la suivante, bien que "bonne et toujours souriante", l’héroïne a "une cervelle de moineau" et est "fidèle comme un chien" !



Ma lecture terminée, j’ai constaté avec surprise que la postface de l’ouvrage est justement dédiée à "L’image de la femme dans La chronique de Belgrade". Le traducteur du recueil, après y avoir analysé le comportements de ses héroïnes notamment à l’aune du contexte social dans lequel elles évoluent, la conclue en écrivant qu’on pourrait en déduire qu’Ivo Andrić était misogyne (je confirme...), idée contredite, réfute-t-il aussitôt, par le reste de son œuvre, précisant par ailleurs que le caractère détestable des épouses des deux premières nouvelles rend d’autant plus évidentes les qualités des figures féminines lumineuses qui apparaissent, discrets personnages secondaires, dans certains de ses textes. Soit.



Les principaux protagonistes de ces histoires sont donc des hommes discrets et soumis, portant leur lourde croix conjugale avec fatalité et dignité. Ils ont parfois, dans leur jeunesse, montré quelque talent qui aurait pu leur ouvrir les portes d’une destinée plus gratifiante, mais le contexte -historique, familial- les a ravalés au rang d’individus dont la vie ne compte pas. De ces êtres insignifiants, invisibles, l’auteur révèle les forces et les qualités.



C’est criant dans la deuxième nouvelle, Zeko, qui avec ses plus de cent vingt pages, charpente le recueil, et dont le titre est aussi le surnom attribué au héros. C’est un petit homme calme, en qui "tout est docilité et civilité". En le suivant sur plusieurs années, nous assistons à la lente maturation qui le mène à une forme d’émancipation à la fois intime et intellectuelle, notamment grâce à des rencontres. Il fréquente ainsi une petite communauté hétéroclite, populaire et joyeuse vivant sur les bords de la Save, composée "d’êtres comme les autres, mais moins gênés aux entournures et plus libres". Et surtout, il renoue des liens réguliers avec la famille de sa belle-sœur, qu’il a toujours appréciée, et qui est revenue vivre à Belgrade après plusieurs années d’absence. Il entretient avec ses neveux et nièces une affection pudique mais profonde, et se rapproche bientôt du cercle qu’ils constituent avec de jeunes gens entrés en résistance contre l’occupant.



(Là, je réalise que mon billet part dans tous les sens, et qu’il devient urgent de le recentrer…)



Comme l'annonce le titre de l’ouvrage, le recueil, résultat de la compilation par la Fondation Ivo Andrić de huit nouvelles de l’auteur écrites entre 1946 et 1951, a pour cadre la ville de Belgrade, mais ce qu’il est surtout important de préciser, c’est qu’elles se déroulent principalement entre 1941 et 1944, dans une ville subissant l’occupation allemande puis les bombardements alliés, avant d’être libérée par l’Armée Rouge et les Partisans de Tito. C’est une période de ténèbres, au cours de laquelle les Belgradois font l’expérience de la destruction, de la souffrance et de la peur, qui bouleverse les êtres, "met les vies intérieures sens dessus dessous" et arrache les masques, révélant des traits inattendus y compris pour soi-même : bassesses et cruauté, mais aussi grandeur et beauté.



"La chronique de Belgrade" est ainsi le portrait de résistants, non pas tant de ceux dont l’engagement est évident, démontré, que de ceux qui, avec humilité mais détermination, agissent à la mesure de leurs moyens, portés par un sens du devoir plus instinctif que moral ou politique. On y croise aussi ceux qui, focalisés sur leur propre survie et la sauvegarde de leurs biens, ont tiré profit de l’occupation allemande, ou qui ont laissé leurs domestiques à demeure pour éviter les pillages pendant qu’eux-mêmes fuyaient les bombardements en s’exilant à la campagne… Il y est, enfin, question de l’immense majorité qui pendant l’occupation s’est efforcée de continuer à mener une vie normale en fermant les yeux, mangeant, buvant aux terrasses des cafés, se préoccupant de ses soucis personnels, pendant qu’on pendait nombre de ses concitoyens.



Ivo Andrić dépeint comment la survenance de la menace concrète de la mort et de la perte de la liberté soumet soudain les individus à des impératifs plus grands qu’eux, décortiquant les mécanismes psychologiques à l’œuvre dans les différentes réactions qui en découlent, tout en se faisant le chroniqueur à la fois tendre et féroce des relations intrafamiliales.


Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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La chronique de Belgrade

Andric aime les gens, cela transparait dans son écriture, simple et soignée. Dans ces portraits de gens modestes et de “perdants” se laisse voir toute une époque, la guerre. Elle agit comme un révélateur des profondeurs humaines, comme le ferait le vent chassant le sable pour faire apparaitre des reliefs enfouis et oubliés. Une belle leçon de littérature humaine.
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Contes au fil du temps

A l'occasion de la réédition d'un autre de ses livres de nouvelles, je me suis enfin intéressée à cet auteur d'Europe orientale. Certes, je connaissais son existence, sa carrure (Prix Nobel 1961, tout de même ! ) mais je n'avais pas encore franchi le pas. Pour sonder, j'ai opté pour ces "Contes au fil du temps". Idée lumineuse, je me suis régalée !

Certes, j'ai lu une traduction, mais on n'y pense pas tant le style est fluide et plein de vie. Ce sont des nouvelles indépendantes, avec un art de la chute qui n'en est pas vraiment une. Prodigieux ! Quelques lignes suffisent à brosser un portrait, à créer une ambiance, à décrire un paysage. L'Histoire de la Bosnie au début du XXème siècle nous balade dans l'empire austro-hongrois, la Serbie (slave), sous le joug ottoman. Une richesse culturelle passionnante.

Et, sur Babelio, je me dois de signaler l'extraordinaire nouvelle "Le livre" , où l'on découvre le statut quasi sacré de l'objet-livre pour un adolescent de cette époque... qui ne connaissait donc pas internet et les jeux vidéo.

Ma relation avec cet auteur ne fait que commencer.
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Le pont sur la Drina

Très beau roman d’un écrivain méconnu, prix Nobel de littérature en 1961. La lecture du « Pont sur la Drina » nous révèle pourquoi. C’est une grande aventure qui nous est racontée, depuis la construction de ce pont qui relie l’orient et l’occident ; jusqu’à la guerre de 14 qui ; les siècles que traverse le pont, nous offrent de belles histoires, des tranches de vie, des émotions, et surtout un roman d’une grande beauté, magnifiquement écrit.
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Le pont sur la Drina

Si nos dirigeants politiques avaient lu ce livre ils auraient fait tout leur possible pour éviter explosion de l'ex Yougoslavie car tout est dit ici du caractère instable de cette région que Bismarck a laissé à l'empire austro-hongrois comme une épine dans le pied. Mais savent ils utiliser les leçons de l'histoire?
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Le pont sur la Drina

Il s’agit d’un roman historique sur une période plusieurs centaines d’années. Pour moi, c’est plus un recueil de nouvelle qu’un roman. On retrouve rarement les mêmes personnages. Ce sont des histoires différentes qui se passe au même endroit. L’histoire racontée est intéressante mais tout est en longueur. C’est pas celui que je vous recommande le plus sauf si vous aimez les romans historiques.
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La Chronique de Travnik

Je viens d'achever la lecture de ce magnifique livre d'Andric dont j'avais déjà lu Un pont sur la Drina, magnifique dans sa description des caractères, je suis moins sensible à la fresque historique qu'à cette plongée dans une société complexe mais parfaitement décrite.

Un voyage dans le temps mais surtout dans la psychologie humaine...
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Le pont sur la Drina

Conçu à la manière d'une chronique, ce roman historique d'Ivo Andrić retrace l'évolution du pont sur la Drina à travers les époques, de sa construction au XVIe siècle sous les ordres du vizir turc Mehmed Pacha à sa destruction partielle durant la première Guerre mondiale. le pont sert de prétexte pour décrire les épisodes mouvementés qui ont jalonné l'histoire de la petite ville de Višegrad, située non loin de la frontière entre la Bosnie et la Serbie, dans une région tour à tour dominée par les Ottomans, les Autrichiens et les Serbes. Chaque chapitre nous fait faire un bond dans le temps et, à peine placés dans le contexte historique, nous voilà replongés dans de nouvelles histoires avec de nouveaux personnages et d'autres déjà rencontrés dans les chapitres précédents mais devenus plus âgés.



Dépaysant de par son cadre et superbement traduit par Pascale Delpech, le roman comporte plusieurs scènes brutales et sanglantes, si parfaitement décrites qu'elles font littéralement froid dans le dos. Mais le pont est également le théâtre d'histoires d'amour heureuses et malheureuses, d'amitiés et de rivalités, de déceptions et de fêtes. Autant de tranches de vie racontées à travers des personnages souvent hauts en couleur.



Lauréat du prix Nobel de littérature en 1961, Ivo Andrić est né en Bosnie de parents croates, mais a fait le choix de prendre la nationalité serbe. Il est donc extrêmement bien placé pour décrire sans parti pris les différents groupes ethniques qui peuplent la région et leur perception souvent diamétralement opposée des événements.



Le pont sur la Drina est une lecture qui demande pas mal de concentration car il y a beaucoup de personnages, aux noms parfois similaires, et beaucoup de références aux chapitres précédents. L'effort en vaut toutefois la peine, car on se retrouve alors immergé dans cette ville de Bosnie profonde, d'où l'on peut observer les personnages évoluer, un peu comme si nous étions nous même assis sur la « kapia » au milieu du pont.
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Omer pacha Latas

Psychose individuelle de chaque personnage. La perception du Turc comme incarnation du Mal, emblématique, des Balkans y est omniprésente.

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Le pont sur la Drina

livre yougoslave incontournable s'il en est....!
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Contes de la solitude

un ouvrage rare et universel.
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L'éléphant du vizir

Ivo Andric est un conteur hors pair. C'est ce qu'on nous promet dans la préface, et ce que l'on comprend très vite lorsqu'on lit ces sept précieuses histoires, délectables tant elles vous projettent dans un univers dépaysant et pittoresque, au carrefour mouvementé des civilisations et des empires, plein d'un charme légèrement désuet et tendre-amer.



La première nouvelle est celle qui prête son titre au recueil. On y figure Travnik, petite ville de Bosnie, dont les habitants attendent avec une angoisse et une fébrilité croissantes le nouveau vizir. Celui-ci s'est construit une réputation effroyable, et a pour mission de mater les beys et autres puissants locaux. Il s'installe dans sa résidence et, comme beaucoup de ses prédécesseurs, fait venir un animal extraordinaire: un éléphant (le filj). La population de Travnik est d'abord figée dans sa stupeur, mais les dégâts occasionné par cet hôte inattendue va devenir le point de cristallisation de toutes les angoisses, les incompréhensions et la haine se fera jour. Mais venir à bout d'un éléphant, qui plus est l'éléphant d'un cruel vizir, n'est pas chose facile.



La deuxième nouvelle, tout aussi savoureuse, emmène le lecteur dans une contrée, Osatitsa, une "ville sur la hauteur, mais cette hauteur elle-même entourée de tous cotés par de hautes montagnes" . Comme dans tous le pays, il y a à Osatitsa une communauté musulmane et une communauté Orthodoxe. Et la totalité de ses habitants a un caractère fanfaron, du moins le type de caractère qui incite à l'escalade, à l'ascension tant physique que sociale, et de préférence sous les regards à la fois admiratifs et envieux. C'est ainsi que les habitants de la ville haute voulurent donner à leur église un apparat digne de leur rang, en s'endettant pour construire un dôme et y ériger une croix dorée. Et c'est également ainsi que, l'alcool aidant aidant, deux mystérieux ivrognes vont escalader l'église. Pour éviter un incident diplomatique grave avec son supérieur, le pope de la ville demande à ce qu'une enquête soit menée.



La troisième histoire "Une année difficile" représente un usurier puissant et réputé, Me Yevrem qui est un homme autoritaire et redouté de tous les habitant de la bourgade où il exerce. Me Yevrem est féroce, et férocement attaché à sa fille adoptive, Gaga, tzigane de 15 ans. Jusqu'à ce que l'armée turque vienne occupé la région. Arriveront avec cette armée les fléaux si courants des temps de guerre, en dépit des nombreux efforts des civils pour sauver leurs biens.



"Yelena, celle qui n'était pas", est le quatrième récit, celui d'un homme épris ... d'une hallucination récurrente.



J'ai adoré ces nouvelles, celle d'un peuple qui demeure spectateur plus ou moins résigné des évènements, des changements de régime, des armées qui passent. On finit par avoir l'impression que, dans ce perpétuel mouvement propre à ce pays, les gouvernements changent, les frontières changent, mais le peuple reste le même. C'est un vrai message, mais qui a l'élégance d'être sorti des contingences politiques et historiques, et qui revêt la forme de contes absolument charmants.



Dans "figures" (cinquième récit) où Andric se tient en équilibre entre l'iconoclaste et l'amoureux des figures; "Entretien avec Goya" (sixième récit ) où Andric, de séjour vers Bordeaux, dialogue de façon imaginaire avec le peintre espagnol notamment sur la société et ses puissants et "Histoire japonaise", on se rapproche plus ouvertement de la réflexion abstraite ou symbolique.
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Le pont sur la Drina

C’était un ouvrage mentionné dans « La bibliothèque idéale » de Boncenne dont je continue à me servir. Un jour je suis allée sur un site de vente de livres d’occasion, j’ai entrepris d’y rechercher des noms d’auteurs du début de l’index alphabétique et j’ai commandé un carton de livres, de quoi m’accompagner tout un été. Le pont sur la Drina en était et j’ai été contente de cette découverte mais quand j’ai voulu le prêter à une amie elle me l’a très vite rendu : pas son genre.

Je ne joins pas le résumé que j’en avais fait alors, il y en a d’excellents ici. Il faisait apparaitre qu’en entamant ma lecture je ne savais même pas si c’était une fiction. Ce n’est qu’à la fin que je me suis préoccupée de savoir si la Drina et la petite ville existaient . Oui. Et j’ai découvert que l’histoire de Visegrad , où se trouve le pont s’était montrée, après le livre à la hauteur du passé : en 1998 3000 musulmans (dont femmes et enfants) y ont été exécutés par la minorité Serbe

Depuis j’ai acheté un atlas historique, je m’offre toujours des cartons de livres mais c’est la réalité que j’y cherche car, à mon avis elle dépasse de loin la fiction. Il me faudra beaucoup de voyages en pages avant de connaitre un peu mieux l’Histoire des Balkans (ou d’ailleurs) mais la traquer à travers de la littérature c’est tout à fait passionnant. Merci à la Bibliothèque idéale et à ses successeurs

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