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Critiques de Ivo Andric (132)
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Le pont sur la Drina

Nous sommes là face à une oeuvre littéraire de grande qualité. Depuis la construction du pont au début du XVIème siècle, jusqu'au début du XXème, l'auteur nous présente la vie d'un village de Bosnie-Herzégovine. Pour son malheur, cette contrée, située à la limite de l'occident et de l'orient, sera revendiquée par les Turques et par les Autrichiens. Musulmans face à Chrétiens.

Le début du livre, portant sur la complexe construction du pont, est magistral. Exploitation des ouvriers, menaces, superstitions, condamnations à mort: au XVIème, rien ne se fait tout seul.

La suite est constituée d'épisodes échelonnés dans le temps, et d'intérêt inégal. Mais les oppositions culturelles sont toujours là.

Il y a le pont, solide, brut, superbe (pourquoi les éditeurs mettent-ils en couverture des photos aussi réductrices alors que le site est majestueux?), et il y a la kapia, si importante dans ce récit: il s'agit d'une petite terrasse avec bancs de pierre, aménagée au milieu du pont, où les habitants des deux rives s'assoient, face au magnifique paysage, et parlementent à l'infini. Le caractère symbolique du pont et de sa kapia ressort de chaque épisode.

Grande littérature, roman inscrit dans L Histoire, ce Pont sur la Nirva est un livre à lire, vraiment.
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Le pont sur la Drina

Attention, preparez vous a un choc, ce livre est magnifique.

J ai decouvert Ivo Andric sur un conseil de ma fille. Elle m avait prete les Contes de la Solitude, un tres joli recueil de nouvelles.

Le Pont sur la Drina est un roman choral, une chronique d une petite bourgade multi etnique aux confins de la Bosnie Herzegovine et de la Serbie. Serbes othodoxes, Croates Catholiques, Bosniaques musulmans, Juifs apatrides, refugies de tous bords, tout un petit monde cohabite dans cette ville sans pretention situee sur les bords de la riviere Drina sur laquelle a ete construit au XVIe un pont magnifique, sur ordre du Vizir de l equipe, une construction divine.

Ce livre est une chronique de la vie de cette petite communeaute au fil des siecles, de l empire Turque a la domination autrichienne. Les grands evenements de l histoire se retrouvent dans la vie de differents personnages tous plus pittoresques les uns que les autres, complexes, parfois tragiques ou ridicules, mais toujours attachants.

Au fil du temps, cette communeaute qui etait tres isolee et repliée sur elle meme, s ouvre davantage au monde et subit les chocs de l Histoire.

A chaque epoque le pont est present, immuable, sa permanence est rassurante et symbolise l esprit du lieux. Jusqu au chapitre final et l arrivee de la guerre de 1914.

Le livre est splendide, c est un art de raconter ainsi par petites touches, par une serie d annecdotes qui s enchainent en douceur avec toute une galerie de personnages observes sans concessions, mais avec toujours beaucoup de tendresse.

Le style est tres beau, la description des atmospheres, de la lumiere, de la nature est magnifique, et toujours au service du recit, pour rendre compte de l atmosphere du moment, c est du tres grand art.

Au final, on a un grand roman, sans intigue particuliere, sans histoire autre qu une chronique d un petit morceau d humanite au fonds d une vallee des Balkans, mais on se retrouve completement pris par le recit et un style si savoureux que l on aimerait lire plus lentement.

Quand on pense que cela a ete ecrit au debut des annees 40, pendant la guerre, c est d une incroyable modernite. C est intemporel. C est une tres grande oeuvre.

Il faut absoluement lire Ivo Andric.

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Le pont sur la Drina

C’était un ouvrage mentionné dans « La bibliothèque idéale » de Boncenne dont je continue à me servir. Un jour je suis allée sur un site de vente de livres d’occasion, j’ai entrepris d’y rechercher des noms d’auteurs du début de l’index alphabétique et j’ai commandé un carton de livres, de quoi m’accompagner tout un été. Le pont sur la Drina en était et j’ai été contente de cette découverte mais quand j’ai voulu le prêter à une amie elle me l’a très vite rendu : pas son genre.

Je ne joins pas le résumé que j’en avais fait alors, il y en a d’excellents ici. Il faisait apparaitre qu’en entamant ma lecture je ne savais même pas si c’était une fiction. Ce n’est qu’à la fin que je me suis préoccupée de savoir si la Drina et la petite ville existaient . Oui. Et j’ai découvert que l’histoire de Visegrad , où se trouve le pont s’était montrée, après le livre à la hauteur du passé : en 1998 3000 musulmans (dont femmes et enfants) y ont été exécutés par la minorité Serbe

Depuis j’ai acheté un atlas historique, je m’offre toujours des cartons de livres mais c’est la réalité que j’y cherche car, à mon avis elle dépasse de loin la fiction. Il me faudra beaucoup de voyages en pages avant de connaitre un peu mieux l’Histoire des Balkans (ou d’ailleurs) mais la traquer à travers de la littérature c’est tout à fait passionnant. Merci à la Bibliothèque idéale et à ses successeurs

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Le pont sur la Drina

Voici un livre dont le héros n'est ni un valeureux guerrier, ni une belle princesse, ni une pauvre orpheline, ni un gamin des rues débrouillard et facétieux, ni même un animal, comme parfois, mais un pont.



Le pont sur la Drina est un livre difficile à défendre quand on l'a bien aimé - ce qui est mon cas - même si cela peut paraître complètement paradoxal.



En effet, le pont sur la Drina est l'exemple typique du "livre dans lequel il ne se passe rien" : pas de passion amoureuse contrariée, pleine de larmes et de sanglots déchirants, pas de grande épopée guerrière retentissante du fracas des armes et des cris des blessés, pas de récit fabuleux peuplé de créatures étranges et fantastiques.



Son auteur, Ivo Andric, nous raconte l'histoire d'une bourgade de Bosnie depuis le milieu du XVIè siècle jusqu'aux années de la première guerre mondiale.



Il commence son récit alors que la région est sous la domination des Ottomans et que, afin de contrer les caprices de l'unique passeur permettant de traverser la rivière - la Drina - les autorités turques décident de la construction d'un pont qui permettra de relier les deux rives et sera ainsi le trait d'union entre la Bosnie et la Serbie, entre l'Orient et l'Occident.



C'est la construction de ce pont qui nous est d'abord contée. Pas un simple pont de bois, mais d'emblée un immense pont de pierre, solide et majestueux, au centre duquel un espace - la kapia - tient lieu de place du village : les habitants s'y retrouvent pour flâner, bavarder, rêvasser, profiter de la tiédeur du crépuscule ou de la douceur d'une nuit d'été.



Du reste de la ville, Ivo Andric ne nous dira pas grand chose au fil du roman ; c'est par le biais du pont et de la kapia, qu'il nous narre comment la bourgade devenue ville au fil du temps, et surtout sa population, ont vécu les soubresauts de l'Histoire dans cette région au coeur de l'Europe.



A travers son récit et la vie des habitants les plus singuliers, on découvre comment les communautés (chrétiens, musulmans, juifs) cohabitent - ou se heurtent - et s'adaptent aux évolutions politiques mais surtout culturelles qui impactent le territoire.



Le pont sur la Drina est un livre calme, qui nous change de la fureur de certains ouvrages, pleins des horreurs de la vie et des tourments et du désespoir de leurs personnages.



Cependant, ne vous y trompez pas, le pont sur la Drina n'est pas un livre soporifique pour autant, mais un livre pour se reposer des émotions brutales, peur comme passion, que souvent suscite en nous l'écriture des auteurs de nos lectures habituelles. Un répit bienvenu.









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Contes de la solitude

C est une vraie decouverte grace à ma fille qui me l a conseillé.

Je ne connaissais rien ou presque de la Yougoslavie et n avais jamais entendu parler de cet auteur qui a pourtant reçu le prix Nobel.

Contes de la Solitude est un recueil de nouvelles d une grande poesie. Andric est un grand conteur d histoires, il pose un tres beau regard, un peu moqueur mais aussi plein d indulgence sur ses personnages, tres poetique sur l atmosphere des lieux et des paysages.

C est du grand style, la traduction est tres belle, les nouvelles sont variées, et souvent pitoresques.

C est un plaisir à lire, il est rare de rencontrer un si beau style.

Je m en vais de ce pas lire un autre de ses livres.
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Le pont sur la Drina

Ivo ANDRIC a reçu le prix Nobel de littérature en 1961 pour l'ensemble de son oeuvre mais ce roman est surement le plus connu. ANDRIC est né en Bosnie mais il est d'ascendance croate et il est devenu serbe par choix politique. Voilà un bon résumé de la complexité des cultures et du sentiments d'affiliation dans les Balkans.

C'est grâce à une proposition de lecture sur Babelio.com que j'ai découvert cet auteur dont j'ignorais l'existence.

Ce livre a pour personnage principal un pont construit par la volonté des ottomans au XVIème siècle sur la Drina, une rivière au cours imprévisible et tumultueux. Višegrad (ville où l'auteur a vécu dans sa jeunesse) se trouve désenclavée par la construction de ce pont. La rivière n'est plus un obstacle et la ville devient un passage obligé. Višegrad est situé aux confins de la Bosnie et de la Serbie. Elle est donc une cité multiculturelle peuplée de Bosniaques musulmans, de serbes orthodoxes, de juifs, des tziganes…

Toute les vies des protagonistes de ce roman passent et repassent sur le pont. du vieux pope exécuté par les soldats turcs, à la belle Fata qui se jette dans la rivière le jour de sa noce pour échapper à un sordide mariage arrangé, en passant par l'idylle entre le médecin slovaque et la femme du colonel hongrois dans le cantonnement de l'armée Austro-hongroise ou encore Lotika la tenancière juive d'un hôtel de passe.

Les personnages sont si nombreux qu'il serait trop long de tous les citer mais chacun d'eux permettent au lecteur de comprendre l'histoire, les moeurs en perpétuelle évolution combinées à une façon d'être au monde qui ne semblent appartenir qu'aux habitants De Višegrad

La domination turque s'effrite progressivement sous les coups de l'empire Austro-hongrois et des Serbes. le tropisme des habitants de la ville va peu à peu se détourner de l'Orient pour se tourner vers l'Occident et la modernité (l'arrivée du train est décisive à cet égard)

La force de ce roman est de nous décrire cette évolution par une succession de petits et de grands évènements qui, s'ils sont examinés séparément ne semblent pas décisifs, alors que dans une vision d'ensemble, ils forment le tableau saisissant de 400 d'histoire de cette région et dont le pont est le témoin omniprésent et silencieux

Ivo ANDRIC clôt ce roman avec brio quand le pont est partiellement détruit en même temps que meurt un personnage important du roman qui tient un magasin tenu avant lui par ses ancêtres dans le bazar de la ville. Nous assistons ainsi à la fin d'un monde au moment où éclate le premier conflit mondial

Cet immense roman est la preuve que la littérature pratiquée à ce niveau nous en apprend parfois plus sur l'histoire de cette partie des Balkans que bien des ouvrages savants.

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La chronique de Belgrade

Dans un premier temps, je me suis questionnée sur la vision qu’Ivo Andrić avait des femmes… Les deux nouvelles qui ouvrent le recueil mettent en scène des tyrans domestiques aux traits presque caricaturaux, dont le physique repoussant n’a d’égal que la laideur de leur caractère.

Cela donne lieu à de féroces descriptions certes savoureuses…



L’une est affublée de "courtes jambes, (d’un) triple menton (et d’une) petite moustache drue, de strates de graisse abondantes en quantité peu commune et à des endroits inattendus", l’autre, également courtaude, pourvu d’un "visage blême et adipeux", déploie une "énergie agressive malgré ses jambes éléphantesques".



… mais le recours à ces viragos, dont on comprend rapidement qu’il est prétexte à mettre en évidence, en créant une opposition entre ces héroïnes et leurs discrets époux, les qualités a priori invisibles de ces deniers, est aussi un peu vexant pour une lectrice, d’autant plus que cela ne s’arrange pas vraiment par la suite. La troisième nouvelle met en scène un couple dont le mari passe outre la lâcheté et la frayeur de sa conjointe pour dissimuler un de leurs proches poursuivi par la milice allemande. Dans la suivante, bien que "bonne et toujours souriante", l’héroïne a "une cervelle de moineau" et est "fidèle comme un chien" !



Ma lecture terminée, j’ai constaté avec surprise que la postface de l’ouvrage est justement dédiée à "L’image de la femme dans La chronique de Belgrade". Le traducteur du recueil, après y avoir analysé le comportements de ses héroïnes notamment à l’aune du contexte social dans lequel elles évoluent, la conclue en écrivant qu’on pourrait en déduire qu’Ivo Andrić était misogyne (je confirme...), idée contredite, réfute-t-il aussitôt, par le reste de son œuvre, précisant par ailleurs que le caractère détestable des épouses des deux premières nouvelles rend d’autant plus évidentes les qualités des figures féminines lumineuses qui apparaissent, discrets personnages secondaires, dans certains de ses textes. Soit.



Les principaux protagonistes de ces histoires sont donc des hommes discrets et soumis, portant leur lourde croix conjugale avec fatalité et dignité. Ils ont parfois, dans leur jeunesse, montré quelque talent qui aurait pu leur ouvrir les portes d’une destinée plus gratifiante, mais le contexte -historique, familial- les a ravalés au rang d’individus dont la vie ne compte pas. De ces êtres insignifiants, invisibles, l’auteur révèle les forces et les qualités.



C’est criant dans la deuxième nouvelle, Zeko, qui avec ses plus de cent vingt pages, charpente le recueil, et dont le titre est aussi le surnom attribué au héros. C’est un petit homme calme, en qui "tout est docilité et civilité". En le suivant sur plusieurs années, nous assistons à la lente maturation qui le mène à une forme d’émancipation à la fois intime et intellectuelle, notamment grâce à des rencontres. Il fréquente ainsi une petite communauté hétéroclite, populaire et joyeuse vivant sur les bords de la Save, composée "d’êtres comme les autres, mais moins gênés aux entournures et plus libres". Et surtout, il renoue des liens réguliers avec la famille de sa belle-sœur, qu’il a toujours appréciée, et qui est revenue vivre à Belgrade après plusieurs années d’absence. Il entretient avec ses neveux et nièces une affection pudique mais profonde, et se rapproche bientôt du cercle qu’ils constituent avec de jeunes gens entrés en résistance contre l’occupant.



(Là, je réalise que mon billet part dans tous les sens, et qu’il devient urgent de le recentrer…)



Comme l'annonce le titre de l’ouvrage, le recueil, résultat de la compilation par la Fondation Ivo Andrić de huit nouvelles de l’auteur écrites entre 1946 et 1951, a pour cadre la ville de Belgrade, mais ce qu’il est surtout important de préciser, c’est qu’elles se déroulent principalement entre 1941 et 1944, dans une ville subissant l’occupation allemande puis les bombardements alliés, avant d’être libérée par l’Armée Rouge et les Partisans de Tito. C’est une période de ténèbres, au cours de laquelle les Belgradois font l’expérience de la destruction, de la souffrance et de la peur, qui bouleverse les êtres, "met les vies intérieures sens dessus dessous" et arrache les masques, révélant des traits inattendus y compris pour soi-même : bassesses et cruauté, mais aussi grandeur et beauté.



"La chronique de Belgrade" est ainsi le portrait de résistants, non pas tant de ceux dont l’engagement est évident, démontré, que de ceux qui, avec humilité mais détermination, agissent à la mesure de leurs moyens, portés par un sens du devoir plus instinctif que moral ou politique. On y croise aussi ceux qui, focalisés sur leur propre survie et la sauvegarde de leurs biens, ont tiré profit de l’occupation allemande, ou qui ont laissé leurs domestiques à demeure pour éviter les pillages pendant qu’eux-mêmes fuyaient les bombardements en s’exilant à la campagne… Il y est, enfin, question de l’immense majorité qui pendant l’occupation s’est efforcée de continuer à mener une vie normale en fermant les yeux, mangeant, buvant aux terrasses des cafés, se préoccupant de ses soucis personnels, pendant qu’on pendait nombre de ses concitoyens.



Ivo Andrić dépeint comment la survenance de la menace concrète de la mort et de la perte de la liberté soumet soudain les individus à des impératifs plus grands qu’eux, décortiquant les mécanismes psychologiques à l’œuvre dans les différentes réactions qui en découlent, tout en se faisant le chroniqueur à la fois tendre et féroce des relations intrafamiliales.


Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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La chronique de Belgrade

J'avais été enchantée par Un pont sur la Drina et la Chronique de Travnik qui raconte si bien cette région de Balkans ! j'avoue avoir été un peu déçue par ce récit passablement misogyne ,les femmes y sont pour la plupart des mégères avec des maris ,la plupart du temps, soumis. .La chronique de Belgrade pendant la seconde guerre mondiale ,sous les bombardements, est intéressante mais je n'ai pas retrouvé la magie des romans précédents.
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Le pont sur la Drina

C'est avec beaucoup d'enthousiasme que j'ai débuté la lecture du pont sur la Drina, qui narre l'histoire d'un pont (on aurait pu s'en douter) reliant les deux rives de la ville de Visegrad, située aujourd'hui en Bosnie-Herzégovine.



Ce vaste édifice en pierre est le témoin des siècles qui passent, et le point de départ d'un long conte que nous partage Ivo Andric, faisant défiler de multiples personnages (notables, étudiants, soldats, commerçants, jeunes femmes, tenancières, amoureux, bosniaques, serbes, autrichiens, ottomans...) et de nombreuses époques... ... ...rendant ce bouquin malheureusement un peu (beaucoup) chiant. Le temps y est comme suspendu, presqu'immuable, rendant les milliers de petites vies grouillantes autour du pont bien insignifiantes.



Au-delà de cette narration soporifique, on capte toute de même quelques éléments sur la place des femmes dans les Balkans, l'évolution des rapports en Serbes et musulmans (ou plutôt entre orthodoxes et musulmans, ou entre Serbes et Bosniaques), la longue domination ottomane et celle plus courte et moins connue mais non moins importante des Autrichiens, ou encore sur les idéologies naissantes de la fin du XIXe et du début du XXe siècle et leur propagation depuis les grandes capitales jusqu'aux tréfonds des Balkans.



Une longue fresque sur l'histoire de la Bosnie-Herzégovine, accessible à condition de se faire un peu violence face aux longues descriptions de l'auteur.
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La chronique de Belgrade

Andric aime les gens, cela transparait dans son écriture, simple et soignée. Dans ces portraits de gens modestes et de “perdants” se laisse voir toute une époque, la guerre. Elle agit comme un révélateur des profondeurs humaines, comme le ferait le vent chassant le sable pour faire apparaitre des reliefs enfouis et oubliés. Une belle leçon de littérature humaine.
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Contes au fil du temps

"J’écoutai longuement deux Tsiganes – une trompette et un violon – qui avaient soudain surgi comme s’ils tombaient du ciel, et qui jouaient et chantaient des airs hongrois et des valses viennoises suivis de chants bosniaques et macédoniens avec l’accent de Voïvodine."

La voilà, la poudrière des Balkans : un mélange de cultures, de langues, de traditions, concentré sur un petit espace montagneux où la vie pourrait être aussi douce que dans l’Italie d’en face.

Mais non, faut que ça conquiert, que ça se batte, que ça se venge, faut succomber les armes à la main.

Désespérant.

Dans cette quinzaine de nouvelles, Ivo Andrić nous éclaire sur la source de cette furie guerrière : une longue histoire de haine, de nationalismes, de revanches ; des histoires de provocations et d’honneur bafoué, des histoires bien virilistes dans lesquelles les armes et la violence semblent une composante des personnalités masculines.

Et puis il y a les femmes.

Dans "Le tapis", c’est une mère qui rappelle à son fils où devrait se placer sa dignité. Dans "Les voisins", mademoiselle Mariana cesse brutalement de servir la soupe à son vieil ami vaniteux, et ça fait des étincelles.

Et les enfants ! En quelques pages, Ivo Andrić nous immerge dans le sentiment d’injustice ("La fenêtre") ou dans l’angoisse de la punition à venir ("Le livre").

Autant j’ai eu du mal avec les nouvelles "masculines", autant celles des enfants m’ont touchée. Mademoiselle Mariana m’a fait rire aux larmes, et une certaine paire de mocassins rouges ("Le jeu") m’a bien égayée aussi.

Impossible en tout cas de rester insensible à l’univers d’Ivo Andrić.

Traduction de Jean Descat.



Challenge Globe-trotter (Serbie)

Challenge Nobel

LC thématique novembre 2023 : "Videz vos PAL"
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Le pont sur la Drina

Prix Nobel de Littérature 1961.



Il a fallu les hasards d’un voyage et d’un séjour au Monténégro pour que je découvre un fabuleux écrivain, conteur hors pair, complètement inconnu en ce qui me concerne. Nous étions à Herceg Novi, près de l’entrée des fameuses Bouches de Kotor et voilà que sur un dépliant touristique, on parle de la maison d’un Prix Nobel de Littérature : Ivo Andrić.

Bien sûr, la visite s’imposait et l’envie de lire cet écrivain aussi. Pas facile, toutefois, de trouver son livre le plus connu : Le Pont sur la Drina. Heureusement, notre fils, Simon, put mettre la main dessus dans une bibliothèque de Grenoble car les médiathèques, avec leurs fameux désherbages, se débarrassent bien trop vite de chefs-d’œuvre… manque de place !

Hélas, mille fois hélas, Ivo Andrić est méconnu en France, même si Le Pont sur la Drina a été réédité à plusieurs reprises. Motivé comme jamais, je me suis lancé à la découverte de cette bourgade de Bosnie-Herzégovine, Višegrad, au bord de cette Drina, un sous-affluent du Danube.

Ce pont long de 179,50 mètres, large de 6 mètres, doté de deux terrasses au milieu, la fameuse kapia, se révèle un lieu où les habitants aimaient à se retrouver car doté de sièges et même d’un cafetier. C’est le grand vizir Mehmed pacha qui l’a fait construire et c’est pourquoi il se nomme aujourd’hui « Pont Mehmed Pacha Sokolović ».

Justement, après avoir décrit Višegrad et la Drina avant le pont, quand un bac assurait la traversée, souvent aléatoire, Ivo Andrić passe à la construction. Mais il parle d’abord des rafles, en Bosnie orientale, des enfants chrétiens de dix à quinze ans, emmenés à Constantinople pour intégrer les fameux janissaires. C’est justement un de ces garçons qui devint Mehmed Pacha Sokolović. Nommé vizir, il ordonna une construction qui dura cinq ans.

Cet énorme chantier vient bouleverser la vie des gens mais il faut retenir le nom de l’architecte : Tossun efendi. À partir de là, l’auteur démontre tout son talent de conteur, mêlant anecdotes, dialogues et réflexions dans un récit passionnant. On ne dira jamais assez toutes les souffrances endurées par les ouvriers et leurs familles au cours de la réalisation d’un tel ouvrage sans oublier ceux qui sont tués en plein travail comme cela se passe encore aujourd’hui, hélas.

Au passage, Ivo Andrić livre une description détaillée et, j’ose dire… vivante d’un supplice atroce d’un certain Radisav qui s’ingéniait à saboter l’ouvrage… Quand les échafaudages sont enlevés, au bout de cinq ans, la population qui était hostile au pont, est très fière. Une inscription, en turc indique l’an 1571 pour la fin des travaux.

Le Pont sur la Drina regorge d’événements heureux, souvent malheureux mais ce formidable roman est un excellent moyen pour comprendre le grand problème des Balkans, ces guerres civiles qui ont tant fait de victimes.

Ivo Andrić, au plus près de la vie des gens, le montre très bien avec l’empire ottoman s’étendant jusqu’aux portes de Vienne puis son recul sous la poussée de l’empire austro-hongrois. Seulement, les Turcs laissaient derrière eux des populations converties à l’islam, des gens, vivant mêlés aux Juifs ainsi qu’aux Chrétiens orthodoxes ou catholiques. Toutes ces frictions religieuses ne sont que prétextes à annexions, spoliations, exterminations et même nettoyage ethnique, drames qui se sont perpétués bien après la disparition de l’écrivain, en 1975…

On coupe des têtes, on démolit les constructions annexes comme cette hostellerie bâtie avec la même pierre que celle du pont. En dehors de ces événements historiques, Ivo Andrić me régale avec les précisions concrètes, les anecdotes éloquentes, son style profondément humain. Il ajoute une analyse très pertinente des sentiments des Serbes et des musulmans vivant ensemble mais espérant la victoire d’un camp sur l’autre. Il ajoute des réflexions philosophiques sur le pouvoir de la nuit mais voilà qu’apparaît l’éclairage public, ces lanternes qu’il faut éclairer une à une.

Les Autrichiens envahissent Višegrad et voilà des soldats Tchèques, Polonais, Croates, Hongrois, Allemands pour réorganiser la vie quotidienne du peuple. On numérote même les maisons avant que les hommes soient mobilisés ici aussi.

Sous l’empereur François-Joseph, on parle de liberté universelle, d’épanouissement mais aussi de travail, de profit, de progrès. Ceux qui dirigent la ville sont des étrangers, ni agréables, ni aimés qui font payer des impôts, utilisant une méthode indolore contrairement à la brutalité des Turcs. Ce sont vingt ans d’occupation, de paix et de progrès matériel mais des soubresauts se font sentir en Europe avec un attentat à Genève pendant que la rakia coule à flot dans l’auberge de Zarije et un peu partout dans la ville. Le chemin de fer arrive même à Višegrad et cela modifie la vie locale car les jeunes, étudiant à Sarajevo rentrent plus souvent et rapportent une conception plus libérale de la société.

Ivo Andrić n’oublie pas les amours. Après l’histoire dramatique de Fata, voici le Docteur Balach au piano et Madame Bauer au violon, plus deux jeunes hommes, le vaniteux Stiković et le consciencieux Glasinčanin qui rivalisent d’arguments pour conquérir le cœur de la belle Zorka. C’est un magnifique double duo entre les deux jeunes rivaux et le couple de musiciens. L’auteur démontre ici une autre facette de son talent pour parler de l’amour et des tourments amoureux.

Hélas, nous le savons, l’assassinat du duc François-Ferdinand et de sa femme, à Sarajevo, le 28 juin 1914, déclenche la tempête. À Višegrad, c’est la chasse aux Serbes et aussitôt une potence est dressée devant le pont pour trois pendaisons d’un citadin et de deux paysans qui ne comprennent pas ce qui leur arrive. La canonnade de part et d’autre de la Drina menace sérieusement le pont. Autrichiens et Serbes se font la guerre de chaque côté de la rivière devenue une frontière. C’est l’occasion, pour Ivo Andrić, de livrer une belle leçon de philosophie sur la vie et ses moments les plus durs avant de conter une anecdote savoureuse sur le baptême de Peter Gatal.

Cette immense page d’histoire et de vie quotidienne qu’est Le Pont sur la Drina s’achève sur un trou béant d’une quinzaine de mètres brisant pour la première fois ce fameux monument, devenu indispensable, qui connaîtra d’autres dommages mais Ivo Andrić n’était plus là pour nous le conter.

C’est la postface signée Predag Matvejevitch qui conclut cette édition en rappelant que le Prix Nobel de Littérature 1961 était avant tout un Yougoslave. Ses deux chefs-d’œuvre, Le Pont sur la Drina et La Chronique de Travnik, excellemment traduits par Pascale Delpech, s’ils parlent d’un temps déjà lointain, doivent être lus aujourd’hui car ils permettent d’éclairer l’histoire des Balkans sans apporter de solution toute faite.


Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Le pont sur la Drina

Ce texte retraçant l'histoire d'une ville et de ses habitants sur plusieurs siècles à travers l'histoire du pont de cette ville me donnait très envie, mais j'en ressors avec un sentiment de déception. Le pont sur la Drina, construit en bordure de la ville de Višegrad, ville de l'actuelle Bosnie-Herzégovine, est construit au XVIème siècle alors que la région faisait partie de l'empire Ottoman, et c'est son histoire qui nous est retracée dans ce livre. A travers l'histoire de ce pont c'est surtout l'histoire de la ville, de ses habitants et de la région secouée au fil des ans par les multiples guerres et changements de souveraineté qui sont chroniqués. Et bien que le pont soit au centre de cette histoire, c'est les portraits de différentes personnes sur plusieurs générations, les récits de plusieurs ''légendes'' liées à ce pont qui vont servir à dérouler l'histoire au fil des siècles.



Apres un début introductif de deux chapitres, l'histoire commence vraiment, et elle commence avec la construction du pont, son chantier, ses problèmes, et j'ai trouvé cette partie passionnante. Mais plus le temps passait, plus les pages se tournaient, plus les histoires s'enchaînaient et plus je me détachais de l'intérêt que je portais au livre, bien que j'ai eu parfois des regains d'intérêt mais trop brefs pour me captiver à nouveau, et mon impression globale reste comme je l'ai dit en début de critique assez décevant. Je ne saurais trop dire pourquoi j'ai fini par m'ennuyer durant cette lecture, sans doute parce que c'est parfois trop court pour de nombreux passages ce qui fait qu'on a pas le temps de s'attacher aux personnages, parfois un peu confus aussi dans les croisement d'histoires, dans les réflexions, dans la chronologie aussi, ce qui fait que j'ai fini ce livre dans une certaine indifférence. 3.5 étoiles tout de même car tout n'est pas à jeter, loin de là, je n'oublie pas les passages passionnants ou du moins intéressants du livre, et j'aime beaucoup l'idée de départ au final plutôt bien exploitée, bien qu'assez souvent ennuyeuse surtout sur la seconde moitie.
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La chronique de Belgrade

Il faut vraiment être tombé dans le chaudron des Nobel de littérature pour aller chercher celui-là, compilation toute récente et bienvenue de nouvelles d'Ivo Andric. Pour ceux qui chercheraient à découvrir cet auteur autrement que par le mieux connu, "Le pont sur la Drina", c'est une bonne approche de commencer par ses chroniques de Belgrade, ville dont Andric nous fait sentir l'atmosphère sur plusieurs décennies avec en point d'orgue les années de guerre, d'occupation et des terribles bombardements de 1944, sujet obsédant sur lequel revient dans toutes les courtes nouvelles qui terminent ce recueil.

Son point d'orgue pourtant est la plus longue, presque un court roman : Zeko. A travers le parcours de vie de ce citoyen serbe d'abord introverti et asservi à son épouvantable femme, puis découvrant dans les quartiers populaires du fleuve qu'une autre vie est possible pour enfin connaître l'exaltation de l'engagement auprès des partisans pendant la guerre, c'est à une vaste peinture de la société belgradoise de la première moitié du 20ème siècle que l'auteur nous convie, avec ses strates sociales marquées et ses aspirations politiques contrastées. On sent dans cette nouvelle comme dans les autres, la douleur et la frustration de l'écrivain composant son récit national sous les bottes de l'occupant et sous les bombes, acerbe contre la partie la plus bassement bourgeoise de ses concitoyens en même temps qu'attiré par les moins conventionnels.

J'avais beaucoup aimé la manière dont Andric donne à vivre l'histoire dans Le pont sur la Drina, expérience renouvelée en plus intimiste avec ce recueil.
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Contes de la solitude

Très beau recueil de nouvelles de l’écrivain yougoslave Ivo Andrić. Auteur inconnu pour moi, mais que j’ai découvert avec beaucoup d’émerveillement grâce à ce livre.

Comme le titre l’indique, il s’agit de contes ou de nouvelles qui seront tantôt philosophiques, historiques (personnages ayant existé) ou même existentialistes.

C’est l’histoire d’un homme qui reçoit chez lui à Sarajevo, ou plutôt qui ‘’subit’’ les visites de nombreux personnages décédés, des fantômes en quelque sorte, qui veulent absolument lui raconter l’histoire de leur vie, leurs tourments, soucis et tracas avant de disparaître définitivement en paix.

Peut-être le message de ce livre est-il que la vie est faite de rencontres, plus ou moins souhaitées et qu’il faut prendre le temps d’écouter. Écouter les personnes, prêter attention à leurs comportements ainsi qu’à ce qui se dit, parfois dans un langage inaudible, écouter la ville, écouter le silence.

Dans le destin souvent tragique des personnages rencontrés, l’auteur sait malgré tout mettre au jour une part d’humanité et d’humour. J’ai aussi adoré le style vraiment magnifique.

Cerise sur le gâteau, ce livre m’a permis de réviser mes connaissances géographiques lacunaires sur cette portion d’Europe.

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Le pont sur la Drina

Au départ, je me suis dit, que prendre pour cet été? Qu'il soit sur les Balkans avec un peu de géographie et de l'histoire pour mieux comprendre les peuples de la région...

Alors j'ai pris ce livre sans connaître l'auteur!

Et finalement, il s'avère être un prix nobel littérature de la moitié du XXème siècle ayant grandit à Visegrad, la ville ayant le pont sur la Drina.

Si au départ, on peine à accrocher, ce roman historique est prenant et très instructif sur les peuples de confessions différentes qui vivaient ensemble.

Très bien écrit, les 350 pages se lisent sans trop de difficulté, la traductrice a ses mérites!
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La demoiselle



Peu après la sortie à Sarajevo de son chef-d'œuvre "Le pont sur la Drina" en 1945, qui lui a valu le Prix Nobel Littérature en 1961, Ivo Andric a écrit un roman relativement méconnu : "Gospođica", paru en Français sous le titre charmant de "La Demoiselle".



Cette demoiselle, qui s’appelle Raïka Radakovic, n’est dans la version originale en serbo-croate, publiée la même année 1945, pas exactement une héroïne charmante.



Sur son lit de mort, Obren Radakovic, un riche commerçant en fourrures et brasseur de bière qui a pourtant fait lamentablement faillite, conseille à sa fille unique de ne jurer que par l’épargne. Les revenus, lui explique-t-il, ne dépendent pas que de toi, mais aussi d’autres personnes et de circonstances, tandis que ton épargne ne dépend que de toi.



Une recommandation que Raïka prendra pendant toute son existence obstinément à cœur. Elle organise sa vie et celle de sa pauvre mère malade loin de toute dépense inutile. Ainsi, elle ne réchauffe pendant les rudes hivers qu’une pièce de la maison et décide qu’un seul repas par jour doit suffire. Sortir et s’amuser ne figurent absolument pas dans son programme.



Lorsqu'elle reçoit une forte somme d’argent d’une assurance de son père, elle se lance dans le négoce. Avec l’aide de Veso Ruzic, un ancien collaborateur de son papa, et de Rafo Konforti, un Juif séfarade peu sérieux, dans une petite boutique de Sarajevo, elle prête de l’argent à des conditions et à des tarifs exorbitants.



Avec l’attentat de Sarajevo du 28 juin 1914 et l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand, héritier de l’Empire austro-hongrois, et de son épouse Sophie Chotek, par un étudiant serbe de 19 ans, nommé Gavrilo Princip, commence une longue période de guerres, de troubles et de nombreux nécessiteux !



Notre demoiselle fait donc pendant un certain temps de très bonnes affaires et se voit déjà propriétaire de son premier million de ducats-or, lorsque les choses se gâtent sérieusement et irréversiblement...

Je vous laisse suivre notre Raïka dans sa fuite de Sarajevo à Belgrade, où elle va finalement mourir, début 1935.



La description de la situation dans cette partie du Balkan pendant cette période de la Première guerre mondiale et les années suivantes de crises politiques, ainsi que les tensions entre Croates, Serbes, Bosniaques, Slovènes et Dalmates est magistrale.



Ce que j’ai cependant admiré le plus dans ce récit, c’est l’art avec lequel l’auteur a réussi à construire une intrigue autour d’un personnage foncièrement désagréable, sans décourager le lecteur pour autant. Je présume que pour arriver à un tel exploit, il faut avoir des qualités littéraires rares, comme l’a souligné, par ailleurs, dans la préface du livre, l’écrivain serbe Danilo Kiš (1935-1989), qui y fait une référence à Madame Bovary de Gustave Flaubert.

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Contes au fil du temps

A l'occasion de la réédition d'un autre de ses livres de nouvelles, je me suis enfin intéressée à cet auteur d'Europe orientale. Certes, je connaissais son existence, sa carrure (Prix Nobel 1961, tout de même ! ) mais je n'avais pas encore franchi le pas. Pour sonder, j'ai opté pour ces "Contes au fil du temps". Idée lumineuse, je me suis régalée !

Certes, j'ai lu une traduction, mais on n'y pense pas tant le style est fluide et plein de vie. Ce sont des nouvelles indépendantes, avec un art de la chute qui n'en est pas vraiment une. Prodigieux ! Quelques lignes suffisent à brosser un portrait, à créer une ambiance, à décrire un paysage. L'Histoire de la Bosnie au début du XXème siècle nous balade dans l'empire austro-hongrois, la Serbie (slave), sous le joug ottoman. Une richesse culturelle passionnante.

Et, sur Babelio, je me dois de signaler l'extraordinaire nouvelle "Le livre" , où l'on découvre le statut quasi sacré de l'objet-livre pour un adolescent de cette époque... qui ne connaissait donc pas internet et les jeux vidéo.

Ma relation avec cet auteur ne fait que commencer.
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Le pont sur la Drina

Très beau roman d’un écrivain méconnu, prix Nobel de littérature en 1961. La lecture du « Pont sur la Drina » nous révèle pourquoi. C’est une grande aventure qui nous est racontée, depuis la construction de ce pont qui relie l’orient et l’occident ; jusqu’à la guerre de 14 qui ; les siècles que traverse le pont, nous offrent de belles histoires, des tranches de vie, des émotions, et surtout un roman d’une grande beauté, magnifiquement écrit.
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Le pont sur la Drina

LC avec Bellonzo :-)



La première partie raconte la construction au 16ème siècle de ce pont situé dans une région entre Turquie, Autriche, Serbie et Bosnie. L’auteur sait retranscrire l’ambiance d’une place grouillante de monde, d’un pont à la fois lieu d’échange mais aussi de séparation. La nature ne se laisse pas dompter si facilement et la construction sera longue et laborieuse.



L’écriture m’a intéressée mais l’histoire moins : en effet il s’agit plus de chroniques (qui s’étendent du 16ème siècle au 20ème siècle) que d’un roman avec des personnages que l’on prend plaisir à suivre (d’autant plus que les personnages mis en avant meurent souvent jeunes et dans des circonstances tragiques : empalement, suicide, tortures…)



Turcs, musulmans, chrétiens, juifs se croisent sur la kapia (terrasse sur le pont où est installé une sorte d’auberge), à la fin du 19eme siècle l’occupant se fait autrichien.
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