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Citations de Jacky Schwartzmann (482)


Nous avons trouvé assez facilement la maison de Beynost, qui était au fond d'un lotissement de maisons toutes identiques. Dans les HLM il y a les mêmes apparts et là, visiblement, c'était pareil. En plus grand, avec un jardin et avec un garage, dans lequel on a vite rangé la voiture de police. Dans ce genre d'endroit les gens se connaissent et le moindre pet de travers ameute tout le voisinage, le front contre les carreaux de la cuisine. Les yeux torves, les yeux de gestapistes qui ne veulent de mal à personne, non, qui n'espionnent que pour protéger le territoire. J'étais un peu en mode parano, et stressé avec ça, j ai tout de suite senti dans l'air l'odeur de la droite. Des gens avec des revenus confortables, sans plus, sans ISF, pas totalement réactionnaires mais pas vraiment modernes non plus. Les bons Français, voilà, c'est là qu'ils sont, là qu'ils se retrouvent, là qu'ils se reproduisent. J'ai eu le sentiment d'être dans un parc animalier, dans le zoo de Saint-Martin-la-Plaine avec une seule espèce vivante domiciliée : la classe moyenne. Des gens avec une vie tiède, un bon vieux 12 sur 20 et « peut mieux faire », des gens qui ont peur des pauvres et qui sont impressionnés par les riches. Ils ne feraient pas de mal à une mouche mais ils ne balancent pas la pièce au manouche du feu rouge. Ils trouvent que les Balkany ne sont pas si mauvais que ça et que les socialistes sont trop honnêtes pour être honnêtes. Ils aimeraient bien qu'on offre une direction à la France sans se questionner sur le non-sens de leur propre vie. Plutôt inoffensifs, par ailleurs. On est parvenu à leur faire croire que s'ils sont dans la merde, ce n'est pas à cause de ceux qui ont tout le blé, non, c'est à cause de ceux
qui n'en ont pas du tout. Dingue ! Ils ont gobé ça tout cru. Ils gobent tout, de toute façon. Y en a jamais aucun qui s'est dit : Tiens, je vais aller péter la gueule à ce député, là, qui me prend pour un jambon depuis cinq mandats. Ou : Tiens, ce chef au bureau, qui me sourit en me demandant comment a été mon week-end, gagne cinq fois mon salaire. Leur ennemi a été désigné, il est sale, il vit dans les banlieues, et il est pauvre. Il se goinfre tellement d'allocs que ça gèle les salaires. C'est à cause de lui... Quoi ? . . . Les actionnaires ? Ah non, ça c'est pas pareil, ferme ta bouche et bouge de là. T'es pas content ? T'avais qu'à mieux bosser à l'école. Pis c'est pas de notre faute si tu t'es pas retrouvé dans la bonne couille.

Pages 135-136, Points, 2018.
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Comme ce matin-là, un samedi, dix heures. Juliane Bacardi, ma conseillère financière, voulait me voir. Le mot conseillère était en trop, dans l'intitulé de son poste. En tout cas pour moi. Le seul conseil qu'elle m'avait jamais donné c'était de fermer ma boutique et de trouver un vrai travail. Salope. Je pouvais pas la blairer. C'était une Française ultra Française, de bonne famille, bien élevée, le genre de meuf qui ne dit jamais par contre mais en revanche. Le genre de meuf qui, dans un bar, vous repère tout de suite et vous évite pour se blottir contre des Clément ou des Benoît, inoffensifs et pas drôles. Pas drôle non plus, la Juliane. Quand je l'ai rencontrée au tout début, pour lancer ma boutique, je l'ai joué mec enthousiaste et enjoué. Je lui ai dit que j'avais un nom de juif et une tête d'Arabe mais qu'en fait j'étais normal. Ce genre de vannes, aux Buers, ça faisait marrer tout le monde. Mais dans la presqu'île, pas du tout, et à la Banque Populaire encore moins.

Page 13, Points, 2018.
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Je m'appelle François Feldman, comme l'aut' con. Mais je suis pas chanteur. Et je suis pas juif. Depuis toujours quand je dis mon nom on me demande : « Comme le chanteur?» Quand je suis énervé je réponds : « Pis ta mère, tapette ? » Et quand je suis calme je dis que oui, c'est mon oncle. Là, les gens ne savent plus quoi dire et ils sourient bêtement. Ils sont écrasés par le poids de la célébrité et ils me regardent autrement. Sinon, on me demande souvent si je suis juif. « Feldman, Feldman... c'est juif, non ? » Quand je suis énervé je réponds : « Pis ta mère, tapette ? » Et quand je suis calme je dis que oui, je suis feuj. Gros silence. Les gens n'ont rien contre les juifs mais ils n'aiment pas être avec eux, ils ignorent ce qu'il faut dire ou ne surtout pas dire, ils sont comme des cons et c'est ça qu'ils n'aiment pas : être comme des cons.

Page 11, Points, 2018.
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Ce type vient d’énoncer une loi de l’histoire de l’humanité : passé l’émotion, les massacres reviennent toujours.
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Jamais de ma vie je n'ai rêvé d'être riche. Jamais de ma vie je n'ai envié les gens qui Monaco, qui Roland-Garros, qui compte en Suisse. J'ai toujours considéré qu'un conducteur de Lamborghini, par exemple, représentait la lie de l'humanité. Impossible d'être plus abruti. J'ai appris récemment qu'un joueur du PSG s'était fait voler à son domicile une montre d'une valeur de 600.000 euros. Je ne suis pas loin de penser que le plus répréhensible, ce n'est pas de voler une très belle montre, mais de l'acheter. Que se passe-t-il dans la tête de ce con le jour où il conçoit qu'il peut se payer une montre valant quasiment une vie d'ouvrier? Au poteau ça! Au bûcher!
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Un enseignant n'est pas là pour éduquer, il est là pour enseigner.

Dans la vie normale. Sauf qu'ici, c'est Planoise, et vous êtes bien obligés de faire les deux. C'est dur, c'est le réel. Et Pierre, qui écoute et croit les conneries de Fatou, ne lui rend pas service. Pierre est, de toute façon, inadapté à cet environnement. Il a à peu près autant de chances de survie qu'une girafe sur un kayak au milieu de l'océan. Pierre est ce qu'on appelle un toubab faible. À sa décharge, nous sommes tous devenus un peu mielleux. Tous, nous arrondissons les angles afin de ne pas heurter, de ne pas vexer. On ne s'engueule plus, on ne plaisante guère, c'est le règne des chouquettes et du lait d'amande. On est passés de JoeyStarr à Vianney.

Mais pas ici. Pas à Planoise. Encore moins au collège. Farid ne prend pas de précautions de langage, il est dur, ferme, il chambre lorsque la situation l'exige et y va fort. C'est la seule et unique façon de se faire respecter, et se faire respecter représente la survie en milieu sinon hostile, du moins acide. L'acide de ces rues de cités où invectiver et se foutre de la gueule des autres est naturel. Si on ne charrie pas, on est mort.
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Financièrement, je n’existe pas en France. Je suis un fantôme. Je ne touche que de l’argent en cash que j’envoie dans de bêtes enveloppes, par coursier, dans la capitale du grand-duché. C’est si simple, de dissimuler des capitaux au Luxembourg. Je paie une société fiduciaire qui réceptionne mes plis et injecte l’argent liquide dans le système bancaire international. Ainsi, à l’instar de tout bon salopard en col blanc qui se respecte, je suis à la tête de quelques sociétés écrans, grâce auxquelles mon argent ne m’appartient pas.
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Dans la vie, les étrangers qui se frottent les uns aux autres pour le boulot ne s’arrêtent jamais pour se dire : « Eh mais, qu’est-ce qu’on fout là, nom de Dieu ? » On a tous envie de faire des pauses et ça nous saoule tous de faire semblant de croire à ce qu’on dit, mais on y va. On se dit que tout ça c’est des conneries et que la vraie vie on la manque et puis un jour on comprend : y a pas de vraie vie. La vraie vie, c’est justement ça : faire semblant de croire à ce qu’on dit, à ce qu’on fait.
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- Ah. Mais sinon tu... tu fais quoi ?
- Je suis médecin.
- Cool ça ! Tes patients sont contents de toi ?
- Aucun ne s'est jamais plaint : je suis légiste.
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La moindre relation sociale est régie par un contrat, explicite ou tacite. Nous sommes tous maqués à un papier, à des tonnes de papiers. Des millions de notaires virtuels se baladent au-dessus de nos têtes et nous cornaquent en permanence. Mon contrat SFR. Le Coran. La Constitution. Le dictionnaire. Le cul. La règle du hors-jeu. La mode. Apple. Les règlements intérieurs. La copro. La salle de sport. L’ostéopathe. Instagram. Même l’apéritif répond à un protocole : on trinque, interdit de croiser, on se regarde dans les yeux. Quoi que vous fassiez, partout et toujours, vous obéissez à un deal que vous avez contracté, souvent sans même le savoir. Citez-moi un seul homme réputé totalement libre et je vous montrerai ses chaînes, l’obsession d’être totalement libre étant la première d’entre elles. L’amour, l’amitié, les conventions sociales.
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Toujours très compliqué de converser avec des gens qui utilisent des formules comme K€. Ils placent plein de « juste » dans leurs phrase, singeant le just de l’anglais. Ils se noient dans la boue des anglicismes crétins et ne manquent jamais, par exemple, de dire que quelque chose fait sens. Ils croient qu’adopter des tics de langage anglo-saxons fait d’eux des sortes de super Français, alors qu’en réalité ils se muent en super blaireaux.
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Victor Hugo est né à Besançon, il n'y est resté que les vingt-quatre premières heures de sa vie et la ville en fait tout un foin, avec sa maison natale transformée en musée et force marketing autour de cet accouchement miraculeux.
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J’ai toujours été persuadé que l’on ne pouvait pas devenir corse. Il est des statuts qui ne se décrochent pas, c’est comme être marseillais, breton ou lyonnais. C’est le problème des identités fortes. Ce que je comprends, d’ailleurs.
Il y a en arrière-plan une sorte de gymnastique de l’éthique, que l’on pourrait résumer ainsi : si tu veux devenir ce que je suis, c’est que tu ne respectes pas ce que tu es, et si tu ne respectes pas ce que tu es, tu ne mérites pas de devenir ce que je suis. Enfin, quelque chose dans ce goût-là. Et c’est vrai. Les types qui ne sont pas fiers de leur ville ou de leur pays, qui errent apatrides de l’âme et qui se cherchent un autre drapeau, une autre histoire, eh bien ces types sont des chiens culturels. Parce que toi, c’est toi, c’est pas l’autre qui brille, là-bas, à mille kilomètres de toi et des tiens.
On n’est pas corse, on naît corse.
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Une chose est sûre: les hommes politiques, quelle que soit leur appartenance, sont des crevures qui n'ont pas la moindre idée de la vraie vie et des relations qu'entretiennent les Français entre eux. Les interpeller? Cela reviendrait à appeler Jeff Bezos pour lui demander où est passé votre colis Amazon: il ne saurait même pas de quoi vous parlez.
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C’était nouveau chez Arema, toute notre comptabilité était gérée en Inde. Oui, Monsieur : c’étaient des Indiens avec des noms tout pourris qui enregistraient les factures de nos fournisseurs. Ils ne comprenaient rien à nos contraintes, ils faisaient chier pour une virgule ou un centime et ils ne parlaient pas français. Nous, les Français, on parlait anglais grâce à Google traduction, alors se téléphoner pour s’expliquer, vous imaginez même pas.
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Les enfants sont les pires des salauds pour tout ce qui touche au physique, c’est injuste, c’est comme ça.
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Pas d’avenir, on s’en fout, l’avenir c’est pour ceux qui n’ont pas de présent.
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Un léger taux d’alcool dans le sang est certainement la meilleure solution pour supporter le boulot d’enseignant à Planoise. Claude répondrait que oui, en tout cas. Je ne crois pas l’avoir jamais vu à jeun. Claude déplace avec lui un petit nuage anisé, une aura, une fragrance. Les roulées qu’il fume sans discontinuer achèvent de donner à son haleine la puissance d’un chiotte de camping deux étoiles. Autre effet sur Claude : un sourire permanent. Il aurait pu faire politicien ou présentateur de jeu télévisé, ces deux métiers ne nécessitant finalement qu’une même compétence : raconter des conneries en souriant.
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C’est ça la famille, la fratrie. On diverge, on s’engueule, mais lorsqu’il y a du grabuge, on ne se tourne vers personne d’autre.
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Le CAP ? Il y a l'épreuve de soudure, entre autres. Vous devez souder toute une série de tuyaux. Lorsque vous avez terminé, l'examinateur ouvre une vanne, l’eau passe dans votre œuvre et il constate les fuites.

Pour s'assurer une bonne note, Joe a soudé une pastille de métal à l'intérieur du robinet : l'eau n’a jamais coulé, il n’y a eu aucune fuite. Tout Joe, tout Planoise tiennent dans cette histoire.

Si tu viens m'emmerder pour me noter avec ta tête de con, je souris, je te baise, je te soude une pastille dans le cerveau qui empêchera l'oxygène de passer, tu ne vas rien comprendre, petit professeur. T'es pas équipé.
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