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Critiques de Jade Lindgaard (20)
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Paris 2024: Une ville face à la violence olym..

Journaliste à Médiapart, Jade Lindgaard vit à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis où les organisateurs de Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 ont obtenu « carte blanche pour fabriquer la ville rêvée des promoteurs » : sans pauvre. Elle a enquêté sur les chantiers en cours, les réunions à huis-clos, le butin immobilier, la dépossession urbaine, l’expulsion de 1500 personnes, la destruction de jardins ouvriers, la construction d’un échangeur autoroutier à côté d’un groupe scolaire de 600 élèves,… Bienvenue au pays de Vinci, Eiffage et Nexity, côté arrière-boutiques).

(...)

Avec cette enquête, Jade Lindgaard donne un parfait exemple de dépossession et de forme urbaine d’extraction de valeur, du verrou de l’ « utilité publique » contre les communs populaires. L’organisation des JO à Paris aura le mérite d’au moins faire comprendre aux Français la colère provoquée par ceux de Rio, d’Athènes et d’ailleurs.



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Notre-Dame-des-Landes ou le métier de vivre

Des étudiants du master « alternatives urbaines » du lycée Chérioux de Vitry-sur-Seine, proposant d’explorer « des manières délicates d’habiter la surface de la Terre qui prennent au sérieux le réchauffement climatique en cours et ses conséquences », se sont rendus sur la Zad de Notre-Dame des Landes pour réaliser des relevés puis des dessins de ces « constructions édifiées sans architecte ni charpentier », cabanes qui « déployaient des écritures poético-pratiques inouïes et suggéraient des manières de vivre totalement inattendues ». Avec les photographies de Cyrille Weiner et une poignée de textes de présentation, ils constituent cet ouvrage.

(...)

Cette somme représente non seulement une caution scientifique importante, notamment pour répondre aux nombreux clichés colportés sur la Zad et ses occupants, mais constitue surtout une contribution essentielle à la conservation de la mémoire de ces expérimentations afin qu’elles inspirent d’autres luttes sur d’autres territoires.





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Je crise climatique

Ce livre décrit la prise de conscience de l'urgence climatique, du gaspillage effréné à Notre-Dame des Landes.

La journaliste se rend compte petit à petit, à l'occasion de reportages, de rencontres décisives, de la nécessité de freiner le dérèglement climatique, la pollution atmosphérique, l'emprise trop importante de l('homme sur la nature, même à un niveau infime, sans désespérer.

Ce livre, qui énonce clairement ce que nous soupçonnons fortement, est utile pour nous permettre de nous poser les bonnes questions à ce sujet et que nous essayions de trouver les réponses adéquates.
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Éloge des mauvaises herbes

Écrit dans l’urgence de l’expulsion de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, ce livre regroupe les textes de seize personnalités intellectuelles, littéraires et artistiques cherchant à penser l’importance de ce qui se joue là.

(...)

Étrange sensation que de sauter ainsi d’un point de vue à l’autre. L’exercice permet finalement de les confronter tour à tour à son propre avis, d’approfondir ses réflexions, de les porter à ébullition, et donnerait presque envie de jeter quelques notes personnelles sur les pages blanches finales. Malgré quelques bénéfiques divergences, le constat est unanime : c’est bel et bien un épisode de la guerre civile en cours qui se joue là, l’écrasement d’une preuve bien vivante qu’un autre monde est possible. C’est pourquoi, même si cet ouvrage ne le dit pas, il faut rejoindre les Comités de soutien de la ZAD, aller y faire un tour, apporter sa pierre à l’édifice, reconstruire ce qui a été détruit, écouter aussi la parole de ceux qui y vivent.



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Éloge des mauvaises herbes

Rafraîchissant : voilà le mot qui me vient dans l'urgence après la lecture de ce livre. Un livre écrit lui-même dans l'urgence, l'urgence de l'attaque militaire sur la ZAD de notre dames des Landes en avril 2018.

On peut y lire 16 textes de divers auteurs (écrivain-es, journalistes, habitant-es, artistes...), au sujet de la ZAD.

Et malgré l'apparition de quelques bémols, il ressort de manière unanime que la ZAD et un laboratoire des avenirs viables.

Comme dans tous les laboratoires il s'agit d'expérience, mais ici l'expérience de vie. La force de la ZAD est de s'appuyer sur la grande diversité idéologique de ses habitants ce qui est cause de difficulté mais aussi d'espoir.



Je sort de ce livre tout simplement bien... Il permet d'une part une confrontation positive avec mes propres réflexions sur la ZAD... Mais il donne également de l'espoir, celui qui permet de se dire que tout n'est pas encore mort qu'il reste des îlots de défense populaire et d'entraide malgré les différences.
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Éloge des mauvaises herbes

Tout l'intérêt de ce livre est d'avoir rassemblé des points de vue de sensibilité diverses sur une des expériences politiques les plus intéressantes de ces dernières décennies dans l'hexagone. Entre un Bruno Latour qui en appelle (sans doute très naïvement) à l'Etat afin qu'il s'inspire de NDDL, et un David Graeber qui parle gentiment de combat anarchiste comme il sait si bien le faire, eh bien on trouve un Pablo Servigne qui déroule son maintenant traditionnel couplet sur l'effondrement, un Alain Damasio qui imagine avec sa si jolie langue toujours réinventée des futur-es zadistes, ou plus piquant et surprenant une Amandine Gay qui questionne le privilège blanc dans les luttes militantes. Et il y en a bien d'autres à avoir écrit.



Bref, un bon recueil, pas homogène si sur le fond ni sur le format des textes, et c'est très bien comme cela : après tout la ZAD est diverse, forte justement de cette belle hétérogénéité. Alors vive les mauvaises herbes !
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Éloge des mauvaises herbes

La ZAD, c'est l’imagination comme force politique C'est un assemblage d’hommes et de femmes d' opinions et d'intérêts très divers, qui essaient - pas facile -de vivre ensemble dans une solidarité, malgré les dissensions, en respect des autres espèces, du vivant et de la terre en général.. C'est bien plus qu'une opposition à un aéroport, et cela tente de survivre à l'abandon du projet. C'est une piste pour aujourd’hui, une alternative là où on nous fait croire qu'il n'y en a pas, et peut-être tout simplement une solution pour demain. Un lieu d'espoir pour beaucoup, en tout cas.

Alors pourquoi tant de haine, tant de gendarmes et de grenades? Pourquoi cette disproportion si ubuesque? C'est,  en face, le refus d'un possible identifié comme chaos terrorisant, l'Etat de droit comme radeau salvateur, la puissance économique comme guide.



Les 16 petits textes qui constituent ce livre ont été produits dans l’urgence de l'attaque militaire de la ZAD en avril 2018, et chacun présente son point de vue, sa façon de voir, à sa façon d'écrivain, de sociologue, d'historien, de philosophe, d'architecte, etc... Certains ont séjourné, voire vivent,  dans la ZAD, d'autres se sont  contentés de sympathiser de loin.  C'est sans doute cette urgence, et la forme brève imposée, qui font qu'on a parfois un peu l’impression de tourner en rond, d'un travail peu abouti, d'une naïveté commune voir la victoire à deux pas. L'inconvénient aussi d'un tel ouvrage, et inhérent à son concept (concept dont on se demande si le principal objectif n'est pas de récupérer des fonds, puisque les bénéfices seront reversés aux activités de la Zad, ce qui est louables, mais cette noble cause conduit vite à accepter  le côté moyen du bouquin) c'est le côté hagiographique que vient seule entacher Amandine Gay qui, tout en le respectant,  fustige ce combat de privilégiés blancs



Apothéose finale et poétique, avec la nouvelle d'Alain Damasio. "Hyphe", qu'on peut lire ici : https://www.vice.com/fr/article/bj3b7d/alain-damasio-imagine-la-zad-en-2045. Autrement dit la ZAD en 2045, ce monde magique a survécu,  leurs belles causes et leurs petites querelles, l'utopie se poursuit et résiste malgré Suez et LVMH qui rôdent.
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Occupy Wall Street ! Textes, essais et témoig..

« Occupy Wall Street rejette le fantasme qui prétend que ”ce qui est bon pour Wall Street est bon pour tout le monde” (”What is good for Wall Street is good for Main Street”) et revendique au contraire la séparation qui existe entre Wall Street et ”la rue”, une division qu’OWS désigne comme une injustice, un problème fondamental : le tort de l’inégalité, de l’exploitation, du vol. ”Nous sommes les 99%” met l’accent sur l’écart béant creusé entre la richesses des 1% du haut de l’échelle et nous autres, le reste. Le slogan donne son caractère politique à une statistique qui exprime à quel point le capitalisme repose sur une inégalité fondamentale – ”nous” ne pourrons jamais tous faire partie du 1%. Ce faisant, le slogan affirme l’existence d’une collectivité. Il n’unifie pas cette collectivité sous la bannière d’une identité – race ou origine ethnique, religion, nationalité – , mais bien au contraire il établit la collectivité, le ”nous” d’une population divisée en expropriateurs et expropriés »



Je ne sais si ce recueil de textes est représentatif des débats et commentaires des indignés états-uniens. Il est néanmoins intéressant à plus d’un titre : récits, témoignages, interrogations, « le mouvement s’est rapproché de ce que j’aimerais qu’il soit, un mouvement qui tient compte des inégalités historiques et de celles d’aujourd’hui, des oppressions, des racismes et des relations de pouvoir, un mouvement qui ne se contente pas de renforcer le privilège, mais y fait face, avec courage », recherches, etc… « Il n’y a pas de mal à être indécis. Il n’y a pas de mal à vouloir quelque chose mais à ne pas savoir comment l’obtenir, ni même ce que c’est exactement. »



Débats autour du consensus, des discriminations, des privilèges « Et laissez-moi vous dire ce que ça fait d’expliquer la notion de privilège à un Blanc », des oppressions, de la violence, de la « tolérance généralisée de la violence sexuelle envers les femmes », de l’occupation « La forme même de l’occupation descend en grande part, malgré ou peut-être à cause de la mémoire défaillante de la gauche, de la technique de la ”grève assise” ».



Si la structuration du monde est plus complexe que le slogan « we are 99% », il n’en reste pas moins qu’il existe une profonde division entre eux (1%) et nous (99%).



Le mouvement des indignés aux États-Unis, en Grèce en Espagne, en Égypte, etc., repose à la fois sur un rejet du « système » tel qu’il est perçu, une volonté de se réapproprier des choix collectifs, l’impuissance ressentie des « forces de changement » plus traditionnelles. Il manifeste les espoirs et les limites de protestations tournées vers un futur moins confisqué par une pointe de possédants (1%). Il participe indéniablement d’une force politique en émergence.



Je signale le beau texte de Slavoj Zizek « Ne tombez pas amoureux de vous-mêmes », dont une autre version (un autre texte?) avait été publiée dans Variations sous le titre « Encre rouge ».

Pour terminer, un paragraphe de Judith Butler « Si l’espoir est une exigence impossible, oui, nous demandons l’impossible. Si le droit d’avoir le vivre, le couvert et un emploi sont des exigences impossibles, oui, nous voulons l’impossible. S’il est impossible d’exiger que ceux qui ont bénéficié de la crise redistribuent leur richesses et qu’ils arrêtent d’être aussi cupides, alors oui, nous exigeons l’impossible. »
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Paris 2024: Une ville face à la violence olym..

De quoi sera fait l’héritage de Paris 2024 ? A qui va-t-il profiter ? Telles sont les questions auxquelles tente de répondre l’autrice, qui se demande si une injection d’argent massive dans un temps aussi resserré peut remédier aux carences de la Seine-Saint-Denis.
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Éloge des mauvaises herbes

Plus qu'une critique, une chronique de sa lecture...

Un ouvrage passionnant, foisonnant avec ses 16 auteurs, pour parler de ce que nous devons à la ZAD. C’est peu de dire que s’est joué là le sort d’un avenir prometteur, car il y a des alternatives, des possibles.



Un autre monde est possible.



Ne lâchons rien, comme si nous étions déjà libres, disait Graeber…



« Si l’action directe consiste pour les activistes à relever avec constance le défi qui consiste à agir comme si l’on était déjà libre, la politique préfigurative consiste à relever avec constance le défi de se comporter les uns vis-à-vis des autres comme nous le ferions dans une société véritablement libre. » David Graeber



J’avais déjà pensé que la « Jungle » de Calais avait été un laboratoire, une expérience de vie, même si cette vie en commun était contrainte. Comme un microcosme d’une organisation différente.



Le PEROU nous en proposait une lecture de ville-monde.



Ce qu’écrit Patrick Bouchain ici à propos de la ZAD était tout aussi pertinent quand il s’agissait de la « jungle de Calais » :



« On ‘arrête pas de se plaindre qu’il n’y a plus de services publics, de commerces dans les petits villages, qjue la grande distribution a tout appauvri. Et là, vous avez des gens qui disent qu’ils veulent faire une boulangerie, une brasserie, une bibliothèque. Ils démontrent qu’à une autre échelle, on peu recréer de la vie dans un hameau. C’est magnifique. Ce qu’ils font est innovant. »



Cette expérience fut, elle aussi, interrompue en Octobre 2016.



« S’auto-organiser pour rester libres, construire sa maison pour vivre avec les autres, produire collectivement mais pas pour vendre, habiter avec les animaux et les végétaux pour apprendre d’eux, échapper aux normes pour fuir la violence des dominations. Alors que la légitimité des institutions et de la politique représentative vacille et que l’économie produit les inégalités à la chaîne, la ZAD fabrique des réponses à un monde qui s’écroule. » Jade Lindgaard



Décidément et quelqu’en soient les raisons le système ne veut pas que l’on puisse entrevoir qu’une autre vie est là, qu’un avenir en commun est possible (celui qu’on nous impose, de compétition et d’exclusion ne peut mener qu’à notre propre disparition).



« On a tendance à croire qu’en étant vigilants, qu’en étant informés, qu’en étant cultivés, qu’en faisant appel à son intelligence critique – on se protègerait de la propagande.



(…)



La propagande attaque nos cerveaux par l’arrière – dans l’angle mort, on croit la tenir à distance -, elle nous traverse, elle nous occupe » Virginie Despentes



Mais je reste persuadé que cette forme (ZAD) ou même d’autres formes de résistances se rendront incontournables, impossibles à soumettre, même par la force (la violence, telle qu’elle fut déployée à Notre-Dame-des-Landes).



Dans l’ombre, les forces se fédèrent, apprennent des échecs



« Notre-Dame-des-Landes invente des formes de vie, des styles de vie différents. Ce n’est pas seulement une « biovariété » qui est menacée et écrasée aujourd’hui, c’est la possibilité même, constitutive du « politique », de mettre au coeur de la cité la pluralité des manières d’interpréter la vie. C’est ce processus d’uniformisation que Pasolini vitupérait dans sa colère contre tout ce qui saccage les styles, les formes de vie qui faisaient jadis parler les villes et les nuits de son pays, et dont il mesurait déjà l’écrasement. »



« En néerlandais, la flibuste signifie « libre butinage ». Les boucaniers formaient une société multiraciale de rescapés, de proscrits et de dissidents. Ils avaient appris des Indiens à boucaner, sécher la viande et tanner le cuir, ainsi que l’usage des plantes médicinales. C’est que, dans les nouveaux mondes, tout est offert à profusion par la divine Providence. On pourrait aller jusqu’à dire que ces boucaniers avaient rouvert certaines formes très archaïques des sociétés de cueillette et de chasse, qui se figurent le monde en termes d’itinéraires, de butinages racontés et de pactes, et non d’espaces enclos. On n’est plus dans une économie de l’échange, ni même du don, mais de la « prise ». C’est d’ailleurs aussi ce que décrit Richard White dans « Le Middle Ground », ce livre singulier où il évoque les grands lacs et plaines nord-américains au temps du délicat mélange entre les Indiens et les trappeurs. C’est là une des tiges majeures de l’invention démocratique, et la source d’un droit vif, un droit différentiel qui pourrait apporter, au droit sédimenté et plat des contrats, à la fois le respect des usages, des droits coutumiers, et l’invention d’alliances inédites. Notre-Dame-des-Landes est un laboratoire d’alliances, de pactes fragiles, entre des acteurs hétérogènes dont aucun ne prétend avoir le dernier mot, justement parce qu’ils lancent entre eux un archipel de promesses à tenir ferme dans un océan d’incertitudes.



A l’heure où nous tentons de comprendre Mai 68, d’en démêler les effets multiples, il nous faut faire place, dans notre monde, à tous ceux qui se refusent à la réalité « réaliste » telle qu’elle va, qui veulent s’en sortir. Ces marques de la société, ces « zones du dehors », pour reprendre le beau titre du roman d’Alain Damasio, personne n’aurait songé à l’époque à les désigner comme des zones de non-droit. Nos sociétés modernes se sont construites sur la liberté de partir ailleurs. Mais aujourd’hui le monde est fini, on ne peut plus aller « ailleurs ». Où se retirer, alors ? Si l’on veut résister aux terribles processus d’exclusion, de bannissement des uns, et d’érection de murs terribles qui empêchent les autres d’entrer, il nous faut inventer la possibilité de faire dissidence et sécession « sur place », ici, là où l’on est. Ne nous trompons pas sur le sens de cette « sécession » : ce n’est ni un isolement autosuffisant ni une rupture définitive. Car je ne peux résilier mon consentement à la société, m’en retirer dans ma cabane, que si plus profondément je m’associe avec ceux qui y demeurent. En réalité, même si je proteste contre cette société telle qu’elle va, je donne mon assentiment au fait d’être en société. Mais pour pouvoir entrer dans le monde, et y rester sans burn-out, sans en être écrasé, ne faut-il pas pouvoir s’en retirer ? Pour refaire le pacte, ne faut-il pas pouvoir le rompre ? » Olivier Abel



Partout les tentatives se mettent en place.



Souvent ce sont les laissés pour compte du système libéral, les rejetés surnuméraires, ceux qui n’ont plus rien, qui tentent de regagner leur droit de vivre. Tentatives libertaires, squats, paumés, comme cette friche Saint-Sauveur et ses vingt-trois hectares en plein coeur de Lille, qui incarne les enjeux lillois de la préservation de la nature en ville, dans une commune en manque de végétation comme de logements. Depuis quelques mois, des sans-papiers et des sans domicile fixe y organisent leur quotidien. Entre protection des personnes et de la nature, plusieurs causes cohabitent dans cette zone à protéger unique en son genre.



Nous avons croisé la route de l’un de ces fous par le biais de couchsurfing, l’un de ceux, nombreux si on sait regarder, qui tentent une autre vie. Erik vivait à Limans dans cette communauté appelée Longo maï. D’origine belge, il parcourait le monde de « canapé en canapé ». Lorsque nous l’avons rencontré il revenait d’un séjour de plus de 6 mois en Chine, il était passé par la Russie où il avait passé quelques mois, là aussi. Il pratiquait je ne sais combien de langues (français, flamand, russe, espagnol, allemand, chinois…).



C’était un vrai citoyen du monde, vivant de (très) peu et heureux, plein d’espoir. Comme en contrebande…Comme un pirate, un flibustier, justement.



Les « Longo maï » (« Que ça dure » en occitan) qui existent depuis près de 50 ans, sont partis d’un constat, celui que beaucoup d’entre nous font, que la chasse au profit à court terme détruit notre planète. La nature souffre. L’humanité perd le sol sous ses pieds.



Que nous devons réfléchir et changer de cap.



Longo maï prouve avec des petits pas concrets qu’un autre chemin est possible. Des nouvelles formes de vie solidaires et écologiques sont nécessaires afin de laisser une chance aux générations futures.



Mais il existe autant de ZAD (qui n’est même plus un acronyme) que de lieux de résistance, je pense aussi à ces lieux qui tissent des rapports humains différents, et leurs relations avec le monde qui les entoure. Ces résistances qui se vivent en faisant « un pas de coté ». C’est ainsi que se vit ce lieu de partage et de vie culturelle où la porte d’entrée porte l’invitation « entrez libre » : « Le Channel », notre scène nationale. Les rapports, les liens, les « hyphes » dirait Alain Damasio, entre êtres hétérogènes, où artistes, spectateurs voire même badauds, se rencontrent et fabriquent une vie en commun, un « être ensemble » – je n’aime pas cette phrase galvaudée par les manuels pour DRH – mais ici, elle est vraiment à sa place. (Par parenthèse Patrick Bouchain, que je cite ici à plusieurs reprises, est l’architecte de ce lieu, ce que semble oublier le recueil qui l’omet dans les lieux qu’il a réhabilités)



Il appartient à chacun, seul ou en groupe, d’inventer d’autres formes de ZAD, pas forcément contre la société mais de toute façon, dans la société. Comme l’écrit Patrick Bouchain « Leur acte n’est pas une désobéissance à l’ordre républicain, mais à la stupidité républicaine ». Pour préfigurer un autre monde de demain. Cela veut aussi dire parfois, oublier la sacrosainte propriété privée pour la remplacer par un droit d’usage.



Car il y a d’autres possibles.
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Je crise climatique

Enquête à la première personne sous la plume de Jade Lindgaart, journaliste à Médiapart. Elle se penche sur nos modes de vie et nos habitudes en termes de consommation d’énergie. Ce livre foisonnant d’informations se lit comme un roman, mais malheureusement, ce n’est pas une fiction ! La réalité est bien là : nous continuons à vivre comme si de rien n’était, à gaspiller nos ressources énergétiques dans un état d’inconscience que l’auteure tente de sonder. A l’heure de la mondialisation et de l’avènement du numérique, il est difficile de maîtriser sa consommation d’énergie : déplacements, surabondance d’écrans et de réseaux, surconsommation… Saviez-vous, par exemple, que nous dépensons plus d’énergie pour transporter des données électroniques que pour nous déplacer nous-mêmes ? Ce livre au ton enlevé et non dénué d’humour fourmille d’informations qui souvent vont à l’encontre de bien des idées reçues.

Virginie, toquée du doc
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Occupy Wall Street ! Textes, essais et témoig..

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Paris 2024: Une ville face à la violence olym..

« L'immobilier des JO, c'est aussi transparent que les arrangements entre Lafarge et Daesh en Syrie. »



Les bases sont posées. Vous étiez indigné•es des étudiants à qui on a filé 100 balles et un mars ?



Destructions de jardins ouvriers, construction d’un échangeur routier à côté d’une école, expulsion de 1500 personnes…

Bienvenue dans le monde de Nexity, Eiffage et Vinci !



Quand « l’utilité publique » s’attaque aux pauvres, encore. En même temps, c’est pas vendeur un pauvre.
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Paris 2024: Une ville face à la violence olym..

Et si l'obtention des JO 2024 n'était pas une bonne nouvelle pour tout le monde, à commencer par les habitant·es des lieux d'implantations de l'événement.

Dans ce livre Jade Lindgaard, nous plonge dans la réalité locale mais aussi globale de ces jeux imposés en dépit de la réalité climatique.

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Paris 2024: Une ville face à la violence olym..

La journaliste montre les effets du rouleau compresseur des JO en Seine-Saint-Denis.
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Je crise climatique

La planète, ma chaudière et moi



Jade Lindgaard est journaliste à Mediapart. Dans cet ouvrage elle étudie l'impact de nos consommations quotidiennes sur le changement climatique et cherche à comprendre pourquoi il est si difficile de se comporter différemment. L'ouvrage date de 2014, les chiffres les plus récents sont de 2013 donc il y aurait sans doute besoin de mises à jour mais cela n'invalide pas la réflexion qui en découle.



Nos consommations quotidiennes : Le chauffage domestique (il y a une intéressante histoire du chauffage où j'apprends que "le confort thermique est une notion très récente, apparue en Europe après la seconde Guerre Mondiale") ; les déplacements en voiture ou en avion ; l'utilisation des écrans ("les usages d'internet en 2013 consomment autant d'électricité que toutes les dépenses mondiales d'éclairage en 1985") ; nos courses à l'hypermarché, le gaspillage alimentaire et le tri des déchets sont étudiés successivement et leur impact sur l'environnement et les populations rappelé : nous émettons deux fois plus de rejets de gaz à effet de serre que notre écosystème peut en absorber et le changement climatique accroit systématiquement les risques de conflits.



Pourquoi c'est difficile de changer ses consommations ? Parce que nos consommations participent de notre identité et que ceux qui nous fournissent les biens et services que nous utilisons font tout pour que nous ne nous posions pas trop de questions. Il n'existe pas de classification des chaudières pour savoir lesquelles sont plus écologiques car les vendeurs d'électricité et de gaz veulent que le consommateur oublie comment il se chauffe et même combien il consomme. Cela passe par l'illisibilité des factures et les prélèvements mensuels.



De son côté l'industrie automobile a su créer un besoin de voiture artificiel qui n'est même plus interrogé. Si on tient compte du temps que nous passons à travailler pour nous payer la voiture, l'essence, l'entretien, l'assurance... alors les autos roulent moins vite que les bicyclettes.



Le déplacement en avion, scandale écologique et social (il est l'apanage des plus riches, seuls 11,5% des Français prennent l'avion pour partir en vacances à l'étranger) est au coeur de la résistance individualiste à la morale écologique. La possibilité de voyager est vue comme une liberté à laquelle il apparaît douloureux de renoncer. Pourtant l'autrice nous dit que les seuls moyens de transport écologiques sont le train, le vélo et les pieds.



Qu'est-ce qu'on peut faire ? Les responsabilités des entreprises à qui profite le crime sont clairement montrées. Pour autant Jade Lindgaard ne dédouane pas le consommateur de base de ses propres responsabilités. Il ne s'agirait pas de dire, comme je l'ai parfois entendu, que nos actions individuelles ne sont d'aucun poids à côté des gros pollueurs de la planète. Au contraire, pense-t-elle, les écogestes fabriquent de la société en développant une culture alternative au consumérisme passif et à la dépendance individuelle. Car c'est bien un projet de société alternatif que nous propose l'autrice quand elle nous invite à interroger toutes nos consommations, surtout celles qui semblent aller de soi. La question de la difficulté à faire la différence entre nécessaire et superflu, vrais et faux besoins est posée. En conclusion elle reprend le propos de la philosophe Agnès Heller qui propose de faire changer les gens en s'appuyant sur "le besoin fondamental qu'a l'homme des autres hommes".



J'ai trouvé cette lecture fort intéressante. Elle est facile d'accès parce que l'autrice s'appuie sur son cas personnel et sur des anecdotes qui rendent son propos vivant. J'ai ce désir d'une existence plus autonome qui, pour moi interroge aussi la place du travail dans nos vies et la façon dont nous occupons notre temps. Finalement, alors que je suis très pessimiste sur l'avenir proche de la vie humaine sur terre, il m'a semblé qu'il y avait là des raisons d'espérer. D'un point de vue très concret cela me convainc de m'occuper enfin sérieusement de faire installer un chauffage d'appoint au bois chez moi, de renoncer à acheter un smartphone dans l'immédiat et de me contenter de mon vieux dumbphone tant qu'il fonctionne, d'éteindre la veille de mon téléviseur (si vous regardez la télé trois heures par jour, sa dépense d'électricité en veilleuse dépasse celle de votre usage actif).
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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Éloge des mauvaises herbes

La ZAD ou la nouvelle utopie en action, ce n'est pas ce que j'aurais pensé en écoutant les infos à la radio ou à la TV. L'impression était plutôt qu'on avait affaire à un ramassis d'activistes voulant provoquer l'Etat.

En lisant ce livre j'ai découvert qu'on pouvait agrandir sa réflexion en élargissant la perspective. Certes aller résister les pieds dans la boue ne me paraissait pas vraiment glorieux pourtant en lisant cet ouvrage qui collecte des articles de personnes d'horizons différents, un éclairage inattendu titille la curiosité. le néo-paysan fait place à l'utopiste révolutionnaire qui cherche à créer un monde non autoritaire non polluant non sectaire, un espace ou autre chose est enfin possible, collectif réunissant chercheurs en vie alternative. Est-il possible de faire une société différente ? La tentative renvoie à d'autres comme en Rojnava (partie de Syrie occupée par les kurdes où les communistes sont revenus sur leur idéologie pour créer un système égalitaire hommes-femmes, tolérant, social, respectueux des religions fondé sur la démocratie au niveau communal puis local et régional).

Lutter pour la zad c'est lutter pour l'avenir des "communs" (le bien public). Comment créer des solidarités et pas l'inverse, c'est bien notre problématique actuelle....

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Je crise climatique

"Je crise climatique" un titre qui claque et qui interpelle. "La planète, ma chaudière et moi" en sous-titre annonce la couleur. Il est question de NOUS et de notre relation à la terre, à la planète mais surtout de notre EGO. Jade Lindgaard, journaliste à Mediapart, mène l'enquête. Elle interroge et s'interroge sur le rapport "intime, paradoxal, névrotique" que nous entretenons à nos modes de vie et aux menaces qu'ils font désormais peser sur la planète. Elle nous parle d'écogestes, de lombrics qui fabriquent du compost dans les appartements, des écologistes, qui passent souvent pour des originaux. Elle nous parle d'automobile, d'avion, d'internet, de supermarché et d'émission carbone. Elle rencontre des fans de tuning et de course de moto qui parlent de leur passion pour la vitesse. Elle nous parle de notre goût du voyage, des destinations lointaines et de ses répercussions. Elle essaie de comprendre pourquoi il nous est si difficile de changer alors que nous allons droit dans le mur, pourquoi nous attendons toujours que ce soit les autres qui le fassent pour nous. Captifs de nos désirs, de nos envies chargées de CO2, nous continuons à polluer sans culpabilité. Jade Lindgaard tente de résoudre l'énigme psychologique, mais aussi politique et anthropologique de notre temps qui fait que les parties de la planète les plus démunies, à l'empreinte écologique la plus faible, paient le plus cher la facture de la dette environnementale.

Un livre intéressant. Des réflexions alimentées de chiffres et de multiples références historiques, littéraires et factuelles. le livre date de 2014 et certaines choses ont évolué depuis comme les études sur les panneaux photovoltaïques ou le projet d'aéroport de Notre-dame des landes et sa ZAD. Mais la réflexion générale reste d'actualité . Une écriture plaisante, des informations à prendre qui tordent le cou à bien des idées reçues (un vrai plus) mais j'ai eu du mal à rester accrochée malgré tout.
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Éloge des mauvaises herbes

Bonjour la Zone A Défendre

Adieu L’aéroport de Notre- Dame- des- Landes



Bonjour la violence

Adieu la solidarité,

Adieu l’hospitalité,

Adieu la beauté,

Adieu les chaussures pleines de boue,

Adieu le politiquement incorrect,

Adieu la bidouille,

Adieu les « terrestres » ,

Adieu les communs,

Adieu le vivre ensemble,

Adieu la vie en marge



Au revoir la ZAD

Rendez-vous en 2041.

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Je crise climatique

reflexion sur l'impact sur l'environnement de nos modes de vie, poste par poste (chauffage, transport, informatique) , et sur la psychologie des pollueurs.
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Quand les enquêteurs parlent...

— Il s’en est fallu d’un cheveu ! Sans son regard rapide, sans ses yeux de lynx, XXX XXXX, en ce moment, ne serait peut-être plus de ce monde ! Quel désastre pour l’humanité ! Sans parler de vous, Hastings ! Qu’auriez-vous fait sans moi dans la vie, mon pauvre ami ? Je vous félicite de m’avoir encore à vos côtés ! Vous-même d’ailleurs, auriez pu être tué. Mais cela, au moins, ce ne serait pas un deuil national ! Héros de Agatha Christie

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Thèmes : romans policiers et polars , humour , enquêteursCréer un quiz sur cet auteur

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