Tout est très bien écrit. Les phrases sont simples, concises, mais très précises. L'auteur use tout de même d'une certaine poétique. C'est-à-dire que dans les scènes de guerre, de mort, de massacre - et il y en a beaucoup - l'auteur parvient à créer une image très précise des viscères tout en protégeant la sensibilité du lecteur.
C'est un numéro d'équilibriste stylistique que Jamal Mahjoub réussi concernant l'Histoire, nous sommes bien en pleine galère : guerre des religions, garde du territoire, nous nous retrouvons dans un vaste désert, presque un charnier, un lieu d'exécution de plusieurs milliers de kilomètres carrés.
Des armées bien organisée aux troupes de fanatiques, il n'y a pas presqu'un pas, dans la motivation meurtrière. Seule la connaissance du terrain change la donne, le sang, la peur, la chaleur, la faim et la soif sont omniprésents.
Il y a donc une inquiétude diffuse palpable qui court dans tout le roman.
C'est un très bon livre. Mais j'ai été bien contente d'arriver au bout. Je pense qu'en effet c'est une grande campagne qui sensibilise aux guerres qui se sont produites et qui, pour le coup, explique bien l'histoire. Mais n'étant pas addict de la Chanson de Roland, j'ai eu du mal à m'y intéresser à fond.
C'est donc un livre très triste, accompagné d'une belle plume poétique, qui aide à comprendre l'Histoire du Soudan, internet sous la main cependant. Il faut pouvoir retracer les guerres et les batailles, qui sont contextualisées, mais personnellement je m'y connais si peu que j'ai eu besoin d'un peu d'aide. A lire ? Vraiment, ma première œuvre de littérature soudanaise mais qui, je pense, mériterais de faire date.
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Parker Bilal est le pseudonyme de Jamal Mahjoub. Il a de nombreux romans policier à son actif sorti en poxhe chez Point et maintenant également chez Folio.
Sous son nom, on peut trouver chez Actes Sud ses romans de litterature général.
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Makana est un privé, originaire du Soudan, vivant au Caire. C'est un personnage récurrent que je retrouverai avec plaisir dans d'autres enquêtes.
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Ce qui m'a plu :
- l'intrigue est profondément ancrée dans les problématiques de la société égyptienne contemporaine, loin des clichés.
Il y a des thèmes qui traversent les frontières : les coupes budgétaires de l'Etat, l'immigration.
- Makana est certes un privé, mais c'est aussi un homme qui porte le poids d'un drame personnel, un exilé qui a fui son pays et qui doit s'intégrer dans une société qui n'en a pas forcément envie.
- l'intrigue se complexifie au fil des pages. C'est aux alentours de la 80e page que cela devient vraiment addictif.
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Troisième enquête de Makana, l'ancien flic soudanais refugié politique en Egypte. Après les bas-fonds du Caire, le voila parti à l'ouest du pays, pas bien loin de la frontière lybienne, dans un coin reculé du désert où Alexandre le Grand fut conforté dans son statut de pharaon par un oracle.
Une vieille ville sur une colline, et à ses pieds, une cité où règnent comme partout en Egypte, la corruption et l'influence grandissante des djihadistes.
La galerie de portraits offerte dans ce roman va du médecin alcoolique au flic un peu pourri et dévoré par l'ambition (des classiques du genre), de pères incestueux au commerçant un peu trop prospère, du simplet au cadi (juge), ces deux derniers ayant un commun d'être sauvagement assassinés…
Mais ce qui se dessine dans ce polar, ce sont surtout des portraits de femmes : veuves misérables, gamines violées et asservies, femmes voilées et soumises, féministes en lutte contre la société ancestrale machiste. Des femmes que l'islam avilit, cache dans les niqabs : aucun jugement pourtant, juste un constat qui donne de la matière à ce polar plutôt réussi !
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Impressions de lecture contradictoires : par moment fascinant, par moment barbant. Trop d'histoires entremélées et saucissonnées alors que le sujet - la construction du barrage sur le Nil et les implications pour les habitants déplacés et les vestiges antiques- offrait de magnifiques possibilités.
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Belle découverte! Ce polar a pour originalité de se dérouler hors des sentiers battus (au Caire, en Égypte). En plus d'être un bon polar, ce roman nous en apprend sur le pays mais aussi sur la condition des réfugiés sud-soudanais dans le courant des années 2000. À conseiller !
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Le style est sec. La lecture de ce n'offre pas grand intérêt (simple opinion)
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Nous suivons Tanner le personnage principal de ce roman, de la Grande-Bretagne au Soudan. De père soudanais, il ne se sent pas vraiment à sa place en Angleterre, son mariage n’a pas marché, et il décide de partir au pays de son père pour s’y installer. Il travaille comme une sorte d’accompagnateur d’expéditions dans une société aux activités mal définies (prospection de pétrole ? d’uranium ? espionnage ?), ses tâches semblent des moins contraignantes. Le pays est au bord du chaos, un couvre feu est en vigueur, le fondamentalisme islamique gagne du terrain. Et la guerre s’intensifie dans le Sud, alors que la sécheresse fait des ravages. A la suite d’une expédition qui a mal tournée (une jeune femme y a trouvé la mort), Tanner se voit proposer d’accompagner dans ce Sud de tous les dangers un mystérieux Américain.
J’ai été déçue par ce roman, à mon sens le moins réussi des quatre que j’ai lu de cet auteur. Les thèmes présents dans ses autres livres sont toujours là, mais développés d’une façon beaucoup moins convaincante, paresseuse aurais-je envie de dire. Nous ne savons finalement pas grand-chose du personnage principal ni de ses motivations, l’accident dans lequel est morte la jeune femme et ses conséquences sont des plus vagues et la fin n’est pas convaincante du tout.
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Je ne sais pas comment ce livre est rentré dans ma liste littérataire mais je suis content de la découverte. Dans cette intrigue policière nous suivons une enquête qui de est de retrouver le joueur de football Adil Romario par le détective privé Makana et en filigrane la disparition d'une petite fille blonde de quatre. L'histoire est fluide et pour une fois nous apprenons à apprécier l'Égypte autre que part les pyramides et le Nil. Le personnage principal est attachant durant ma lecture j'avais l'impression de voir l'inspecteur Pekkala de Sam Eastland. Tout deux ont vécu des drames, Makana a perdu sa femme et sa fille tandis que de Pekkala c'est la mort du roi et de toute sa famille par les révolutionnaires. Tout deux partage la simplicité volontaire, ils vivent sur la corde de raide. Un en aidant Staline et l'autre en aidant un ancien voyou devenir milliardaire. À lire durant la saison estival, si vous cherchez un roman policier à saveur moyen-oriental il est pour vous.
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Un homme, sur le point de divorcer, part à travers l'Europe avec son fils, à la recherche de son histoire et de celle de sa famille. C'est le récit d'une quête, de la paternité et du métissage.
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On ne peut passer qu'un bon moment de détente et de plaisir, quand on découvre -par hasard, dans l'une des librairies de Montolieu, village où Louis XV créa la Manufacture du livre- un roman tel que celui de Parker Bilal, et sa "Cité des chacals".
On sort des "sentiers battus" tracés par les auteurs scandinaves et/ou anglo-saxons, et l'on fait connaissance avec Makana, privé vivant sur un bateau.
L'intrigue est habilement déroulée, et on assiste à sa mise en place, tranquillement, j'oserais dire avec un certain flegme, égyptien ou soudanais.
L'auteur y va également de ses problèmes entre soudanais du nord et du sud, couplés avec ceux de l'Egypte actuel.
Makana n'est pas vraiment un héros, ni un anti-héros, il pourrait être n'importe quelle personne que vous croisez au coin d'une rue, et qui affronte un évènement sortant de l'ordinaire. Et quelque peu seul face au système en place.
Une ambiance "originale", - en Egypte-, une façon de penser et d'agir sortant du quotidien.
Et un autre roman de cet auteur à lire, dès que je le trouve.
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Au fil de ses romans, Parker Bilal a fait de son héros Makana, un des détectives « exotiques » les plus reconnus de la thrillersphère. Au même titre qu’Oussama Kandar, le qomaandaan de Cédric Bannel dans ses romans sur l’Afghanistan (Kaboul express, Baad) et bien d’autres. Makana qui vit d’enquêtes au Caire est un ancien policier soudanais, chassé de Khartoum par la révolution et des collègues peu scrupuleux. Il y a perdu sa femme et sa fille, mais il a toujours espoir que l’une ou l’autre ou les deux soient toujours vivants. Cette obsession le suit dans tous les romans de Bilal. Son intelligence, sa probité, sa curiosité le mènent à résoudre des énigmes qui, de prime abord, sont très complexes voire insolubles surtout grâce à une philosophie très différente de celle des personnes qu’ils côtoient en Egypte.
Dans cet (ancien) opus, il est amené à enquêter sur une jeune fille, soi-disant morte accidentellement dans l’incendie de son magasin. Il n’en croit pas un mot d’autant que le père de la victime, un ancien truand et djihadiste serait revenu d’un voyage lointains en Europe. Les pérégrinations et le flair de Makana vont le conduire dans une ville éloignée Siwa. L’hostilité des habitants, des commerçants, d’une police corrompue même vont aller de pair avec des disparitions mystérieuses dont on va lui donner la paternité. Mais l’homme a plus d’une corde à son arc et d’une ruse dans sa besace. Malgré tout le monde ligué contre lui, il va résoudre les meurtres de Siwa et celui de Karima la jeune fille, pour un final surprenant.
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Un bon début pour ce roman policier dont l'intrigue se déroule au Caire mais ça se gâte assez vite par des dialogues plaqués, des personnages aux traits caricaturaux et des ficelles grosses comme le bras. L'auteur, qui a étudié à Khartoum et vécu dans la capitale de l'Égypte, connaît bien le pays, son histoire et sa politique; à mon avis, le seul élément valable et intéressant de cette lecture.
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Ce livre est une sorte de road moavie. Le personnage principal, Yasin ressemble par certains aspects à l’auteur, il est issu comme lui d’un couple mixte, père soudanais et mère anglaise. Il a vécu son enfance au Soudan et fait ses études en Grande-Bretagne, il s’y est marié, il a un fils. Il travaille comme journaliste littéraire à la radio, il a publié un roman. Nous le rencontrons au moment d’une grande crise dans sa vie. Son mariage traverse des moments difficiles, et au moment d’une réunion familiale au Danemark d’où sa famille est originaire, Hélène sa femme annonce publiquement son intention de divorcer. Elle demande à Yasin de prendre leur fils et de partir, pour lui permettre de retrouver ses racines et de réfléchir. Yasin va traverser une partie de l’Europe en voiture avec son fils Léo, avec comme destination peu claire au début, puis de plus en plus évidente au fur et à mesure, l’Espagne, d’où il a reçu il y a quelques mois une carte postale de son frère, qu’il n’a plus vu depuis un moment, et avec qui ses relations étaient devenues très conflictuelles. Ce voyage sera aussi pour lui une façon de se remémorer sa vie, son enfance au Soudan, son mariage, le décès de ses parents, sa vie professionnelle, son éloignement progressif de son frère et de sa sœur. Et aussi une occasion de se rapprocher de son fils, dont il sent qu’il risque de s’éloigner après le divorce. Yasin fait le bilan de sa vie, de ses choix, des valeurs qui ont mené sa vie, et aussi il fait le constat de l’état du monde, dont il est un observateur privilégié de par ses origines multiples.
J’ai été très séduite par ce roman, et par son personnage principal Yasin. Jamal Mahjoub nous fait le portrait d’un homme en pleine incertitude, qui se pose des questions sur lui et sur le monde dans lequel il vit. Il évoque son père, journaliste que s’est engagé pour l’indépendance de son pays, et qui ensuite s’est battu pour dénoncer la corruption et toutes les dérives du régime en place au Soudan, qui voulait faire de ses enfants des personnes cultivées et prêtes à défendre les mêmes valeurs que lui. Or son pays se trouve plongé de plus en plus dans le chaos, la dictature politique et l’intégrisme. Sa fille épouse le fils d’un riche homme d’affaires et devient ultra religieuse. Son plus jeune fils devient drogué et dealer. Et l’aîné Yasin, semble à ses yeux avoir gâché sa vie et toutes ses possibilités, avec un petit travail confortable et dépourvu d’ambition, très loin des urgences du monde. En fait le grand malheur de Yasin est d’être dépourvu de toutes les certitudes qui semblent guider les autres et donner sens à leur vie, la religion, la politique, l’appartenance à une groupe, qu’il faut défendre à tout prix. Il entrevoit toutes les illusions et les mensonges de tous les camps, et se retrouve seul.
Jamal Mahjoub soulève la plupart des questions brûlantes qui traversent notre société, celle de l’identité dans un monde de plus en plus mélangé, mais pas plus tolérant à l’autre pour autant. La question de la laïcité, de la place et du rôle de la religion, de la culture, de la démocratie et de l’évolution des pays du tiers monde.
Mais sans qu’à aucun moment cela ne devienne pesant ni ennuyeux, le voyage de Yasin est un voyage ouvert à l’aventure, à l’inconnu, au cocasse et à l’inattendu. Et s’il évoque un certain nombre de références comme Joseph Roth par exemple, il reste aussi sensible à un paysage, à une ambiance, aux sensations.
Un très beau voyage, d’où l’on sort un peu triste, un peu inquiet à l’idée du monde qui s’annonce, mais en même temps heureux d’avoir partagé toutes ces idées et toutes ces sensations de voyage. C’est le deuxième roman de l’auteur que je lis après le très beau Le Télescope de Rachid, et j’ai bien intention de continuer à découvrir son univers.
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Une lecture fine de la manière dont les intérêts occidentaux déforment encore plus un pays à la dérive, et ce, des années avant "l'invention" du Sud Soudan...
Le premier roman de Jahmal Majoub, écrivain soudanais vivant en Angleterre, écrit en 1989, s'appuyait sur des éléments autobiographiques pour construire une exploration de l' "interférence" cynique des intérêts occidentaux dans un pays à la dérive.
Tanner, un métis anglo-soudanais, qui n'a jamais vécu en Afrique, vient travailler, pour des raisons qui lui échappent, comme « fixer » pour une société de prospection pétrolière à Khartoum. Il va être confronté, à travers les visiteurs qu'il doit accompagner sur le « terrain », à certaines réalités contemporaines plutôt dérangeantes, notamment au cours de son voyage "final" au Sud-Soudan.
Un des meilleurs exemples de littérature africaine construite sur un « regard d'expatrié », et une manière douce, lente, et forte de mettre en scène les ingérences business occidentales (en l'espèce au Sud-Soudan, dès les années 80, avec vingt ans d'anticipation sur les derniers développements politiques de la région...).
« A son retour, Nina serait partie. La situation était aussi simple que cela. Ils ne s'étaient pas réellement dit au revoir. Il avait du mal à admettre qu'elle était probablement à jamais sortie de sa vie. Il avait pris la résolution, lors du vol de ce matin, que lorsqu'il rentrerait ce serait pour la dernière fois. Ensuite il quitterait ce pays, pour de bon. Il lui avait consacré trois, presque quatre années de sa vie. Il était clair que ce qu'il espérait y trouver lui échappait de plus en plus. Rester plus longtemps n'avait pas de sens. Il semblait qu'il serait toujours un touriste, ici, ou du moins un étranger. S'il était un étranger à la fois ici et en Grande-Bretagne, alors il serait un étranger partout, et par conséquent il pourrait aller n'importe où. L'idée de retrouver les plafonds bas et les murs couverts de suie de l'Angleterre ne le séduisait guère. Désormais, il n'avait de foyer nulle part, alors toute destination lui conviendrait. Il n'avait plus qu'à partir. »
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Parker Bilal réussi magnifiquement bien à nous mener par le bout du nez tout au long du roman. Plusieurs histoires se côtoient et semblent sans aucun rapport l'une avec l'autre. Et meme si en tant que lecteur, on se doute bien que l'ensemble forme un puzzle parfait, il m'a été très difficile d'esquisser ne serait-ce qu'une idée. Et à cela je dis bravo.
Dans ce troisième tome des enquêtes de Makana, celui-ci se voit confier pour mission d'enquêter sur le suicide d'une jeune fille. Ses investigations vont le mener à Siwa où il se retrouve malgré lui impliqué dans une autre enquête, celle du meurtre d'un important officiel local.
Série Makana Tome 3/4
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