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Critiques de James Hadley Chase (273)
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La grande fauche

La Grande fauche ( Try this One for Size), l’un des derniers romans de James Hadley Chase (1980) est la parfaite illustration de son talent: un vol spectaculaire, une farandole de malfaiteurs, un recel et une cavale, une nuée de personnages parfaitement croqués en quelques lignes, une intrigue rondement menée et une excellente chute en forme de pied de nez.



Un as de la cambriole projette de voler une icône russe ayant appartenu à la Grande Catherine qui a été prêtée au musée de Washington par le Musée de l'Ermitage, au nez et à la barbe des nombreux gardiens, des agents du FBI et des membres du KGB. L’opération est périlleuse, car les mesures de sécurité sont dignes de celles qui protègent la Réserve Fédérale. En effet, en pleine Guerre Froide, les enjeux politiques sont considérables. Un receleur, antiquaire ayant pignon sur rue, mais qui est également « courtier » en collections mal acquises, a trouvé un acheteur, ainsi qu’un pigeon pour transporter l’icône à son insu. Evidemment, c’est une course à l’échalote, puisque l'oeuvre attise bien des convoitises.



La Grande fauche est un roman très bien construit, teinté d’humour, empreint d’une certaine légèreté, qui nous fait parfois penser à un bon Westlake. James Hadley Chase a laissé derrière lui la noirceur, tout en gardant sa maitrise légendaire dans la construction de la trame, l’entrée de personnages assez hétéroclites dont la présence s’imbrique parfaitement dans l’intrigue. On retrouve sa géographie personnelle, la Floride avec sa ville fictive Paradise City (proche de Miami), petite station balnéaire huppée, qui attire les riches et les voyous quelques mois dans l’année, et où travaille l’honnête inspecteur Tom Lepski, déjà maintes fois croisé dans le romans chasiens. On y retrouve aussi l’horrible Allemand Radnitz, qui s’est enrichi grâce à l’Holocauste toujours flanqué de son tueur Lu Silk et Kendrick, le receleur homosexuel. Inutile d’avoir lu les romans précédents, La Grande Fauche se consomme avec plaisir sans accompagnement. Qui plus est, une petite partie de l’intrigue se déroule en France, comme dans A tenir au frais.

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Délit de fuite

Hit and Run, et sauve -qui-peut, dans cet Hadley Chase classique. Le mari (vieux, mais riche), la femme (jeune et belle), et le pigeon de service (jeune, beau et célibataire), voici le tiercé gagnant de cet imbroglio criminel. Chester Scott, publicitaire ambitieux, est contacté et recruté par le puissant Roger Aitken, qui en fait son collaborateur favori. Aitken, qui s’est cassé une jambe, demande à Scott de passer chez lui, dans sa somptueuse villa, où sa non moins somptueuse épouse tape dans l’oeil du pigeon. La jeune fille est splendide, mais elle a un léger défaut. Elle ne sait pas conduire. Le brave Chester très serviable lui apprend tous les secrets de la conduite. Un soir, alors qu’elle lui a « emprunté «  sa Cadillac décapotable, la beauté fatale écrase le motard de la police qui voulait stopper le véhicule et met les voiles sans lui porter secours. Délit de fuite avec la voiture d’un autre. Chester panique en réalisant qu’il pourrait porter le chapeau pour cet homicide involontaire sur la personne d’un policier et en pensant à la réaction que pourrait avoir son patron s’il apprenait qu’il fréquentait sa femme en dehors des horaires de bureau.

Mais évidemment, chez Chase, rien n’est évident, l’intrigue qui semblait cousue de fil blanc est plus complexe qu’elle en a l’air. Le mari, parvenu au sommet, est forcément plus clairvoyant et malin qu’il n’y parait, le pigeon, bien qu’aveuglé par la beauté de l’épouse n’est pas un veau de six semaines. Quant à la femme fatale, elle n’a pas inventé l’eau chaude contrairement aux petites futées que l’on croise de coutume dans les romans noirs chasiens. Délit de fuite donc, mais gare à la chute.

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Pas d'orchidées pour Miss Blandish

Marcel Duhamel le publia, en français, sous le numéro 3 de la célèbre Série Noire en 1946: Pas d'orchidées pour Miss Blandish.

Ce roman noir de violence et de folie reste, encore aujourd'hui, le symbole de cette littérature brutale et populaire des États-Unis... Même si James Hadley-Chase était tout ce qu'il y a de plus britannique et n'était, lors de l'écriture du roman, jamais allé aux USA.

Le livre, sous sa couverture cartonnée jaune et noire protégée par une jaquette luisante noire cadrée de blanc, m'a marqué voici quelques 45 ans...

Moins, cependant que La chair de l'orchidée qui lui fit suite.

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Un hippie sur la route

Un très bon James Hadley Chase, miroir noir d'une Amérique en pleine mutation, rongée par la plaie de la guerre du Vietnam.

« There's a hippie on the highway » (titre original) c'est un Highway to Hell, pour Harry Mitchell qui vient de passer trois années dans les rizières. Récemment libéré de ses obligations militaires, Harry a décidé de filer vers le sud, direction Paradise City, Floride, en stop et sans prise de tête.  Livin' easy, Lovin' free, Season ticket on a one way ride, tu parles. Les routes sont infestées de hippies. Mais pas ceux qui sentent le patchouli et rêvent de Katmandou, plutôt des camés cradingues qui ne dépareilleraient pas au sein de la Manson Family. Lorsque Harry est pris en stop par une femme fatiguée par la route qui prendra la tangente à la première occasion, il découvre qu'un mort git dans la caravane accrochée à la voiture, et que la moumoute décollée du crâne chauve du trépassé contient une clé de consigne.

James Hadley Chase, le Britannique qui écrit des romans plus américains que les Américains à l'aide de cartes, de dictionnaires d'argot, et d'encyclopédies, et ce depuis la grande Bretagne restitue fort bien le basculement de la société à la fin des années 60. Son héros finira d'ailleurs par se demander si l'enfer du Vietnam n'était pas préférable à celui qu'il retrouve de retour dans son pays natal. Pour le fond, l'intrigue est solide, et le schéma « chasien »: un homme jeune, désoeuvré et fauché, un coup qui se présente, et une femme belle, futée mais dangereuse.

Bref, chez Chase, la Floride, c'est aussi la jungle.

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Pas d'orchidées pour Miss Blandish

« L’affaire débuta un après-midi du mois de juillet, par une chaleur torride, sous un ciel implacablement bleu et de brûlantes rafales de vent et de poussière. » Incipit.



Pas d’orchidées pour Mis Blandish c’est une ambiance. Dès les premiers mots le ton est donné. Implacable. Rafales. Poussière. Avec ces trois mots, tout est dit. James Hadley Chase savait exactement où il allait m’emmener. Et j’ai suivi. Efficace. Le polar noir brillant.



Deux personnages féminins en noir et blanc, par un jeu de miroir inversé vont être réunis sous un même toit. La blanche colombe que l’odieuse marâtre laisse aux mains de son dégénéré de fils au regard fauve. J’ai adoré ce roman, l’écriture est nette, efficace, les personnages sont campés dans un rôle bien défini, l’auteur choisi de ne pas décrire toutes les vilénies mais laisse suffisamment de petits cailloux pour que le lecteur se fasse son film. Et c’est bien ça le pouvoir de ce roman, c’est fluide, efficace, un scénario qui progresse de manière bien orchestrée jusqu’à la chute de « la chambre vide. » Seuls les pneus gémissent encore à ce moment-là… Splendide.

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Tueur de charme

Calvin, trentenaire cossard, employé de banque sans envergure, se retrouve muté dans un patelin où il n'a aucune envie de s'enterrer. La ville est sans intérêt et même sa collaboratrice, Alice, est tarte et dénuée de charme.

Depuis toujours, Calvin rêve du gros coup miraculeux, du coup de main du destin qui fera de lui un homme riche sans aucun effort. Il a bien songé à épouser une héritière ou à trucider un riche client de la banque après l'avoir escroqué mais il finit toujours par se dégonfler.

Pourtant Pittsville n'est pas une ville dénuée d'attraits. Sa logeuse, Kit, est une veuve très séduisante et la paye des ouvriers de l'usine transite par son agence. Calvin et Kit décident de s'emparer de l'argent du coffre et de faire porter le chapeau à la falote Alice, qui passée de vie à trépas, ne manquera à personne.

I would rather stay poor est un James Hadley Chase impeccable, qui met en scène le trio classique du polar, le malfrat cynique, la maîtresse complice, et le bouc émissaire.

Lire un Chase, c'est s'étonner de la maestria avec laquelle l'auteur saisit « l'american way of life » sans y avoir jamais mis les pieds pendant des années. On s'émerveille en constatant qu'une fois de plus il décline le même schéma narratif (un loser fauché, l'héroïne aussi instable qu'une grenade dégoupillée, le « gros coup » pour se sortir de la panade) en se renouvelant à chaque fois. Et on attend de voir de quelle manière cette fois-ci le petit grain de sable, personnage secondaire, femme ingérable, viendra gripper la machine.
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La chair de l'orchidée

James-Hadley Chase fut un des auteurs-phare de l'illustre Série Noire. Cette Chair de l'orchidée, je l'ai d'abord vu au cinéma, dans le film glaçant de Chéreau. La cruauté des tueurs, ces sinistres oiseaux de malheurs que sont les frères Sullivan dans le livre, y est impressionnante... Comme la folie incarnée par Charlotte Rampling.

Mais le livre m'est apparu tout de même un cran au-dessus du film: une histoire qui se déroule dans ces "States" plus vrais que nature que Chase savait restituer sans y avoir mis les pieds: cette terre de violence où les Sullivan sont envoyés par un gangster pour retrouver et éliminer un traître...

Mais les tueurs vont tomber sur autre chose que leur proie: une folle dangereuse et imprévisible...

Un de ces noirs de noirs, qui m'ont laissé une trace prégnante dans la mémoire.



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Simple question de temps

Un roman noir ? Non, un roman gris. Gris comme les fins de vie (même et peut-être surtout pour les millionnaires), les plans foireux, les projets avortés, les ambitions auxquelles on renonce la rage au coeur, les désillusions, les rêves inaboutis et les espoirs déçus. Aucun meurtre ici, une seule mort violente - et pourtant la violence est partout, feutrée, latente, menaçante.

Et la mort attend, patiente, elle sait bien qu'elle aura le dernier mot, c'est juste une question de temps...

Entre Irish, Goodis et Westlake (côté obscur), un chef d'oeuvre, l"un des meilleurs romans de ce grand écrivain méconnu qu'était James Hadley Chase (dont presque aucun des 90 romans n'est aujourd'hui réédité, ce qui est tout simplement un scandale).

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Pas d'orchidées pour Miss Blandish

Eteignez les lumières, c’est Cinéclub ce soir :



Gangsters en chapeau noir méchants comme des teignes et bêtes à manger du foin, jolies pépés, buick déglinguée, cabarets et hôtels glauques à Kansas City, fermes lugubres au milieu de nulle part ; enlèvement, gang doublé par un autre, fusillades, règlements de compte, belle héritière au main d’un malfrat psychopathe, matrone chef de gang, police dépassée, détective futé, apothéose finale.



Et au vu de ce qui lui arrive, on ne peut qu’adhérer à la réflexion partagée par nombre de protagonistes au cours de l’histoire : il eut en effet mieux valu que Miss Blandish soit morte…



Pas de temps mort dans ce roman noir dans lequel on retrouve tous les ingrédients du film de gansgter américain années 50 : pas moins, mais pas plus non plus.

Plaisant mais pas inoubliable, une lecture qui m’aura permis d’apprendre qu’il est inspiré de « Sanctuaire ». Qui sait, cela va peut-être me décider à enfin réessayer Faulkner ?

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Pas d'orchidées pour Miss Blandish

Depuis le temps que Miss Blandish m'attendait ....

Voilà je ne suis ni spécialiste de Faulkner -à ma grande honte- ni spécialiste des polars série noire , mais oserais-je dire que je me suis régalée ? Oui ! bien sûr la narration est à replacer dans son contexte temporel -le Kansas dans les années 1935- bien sûr les personnages sont de petits voyous violents, psychopathes, alcooliques, bref la lie des petits malfrats , bien sûr M'man Grisson vieille, forte, qui dirige ses hommes de la voix et du regard, est un personnage hors du commun, bien sûr le langage est "typique" , mais est ce que cela suffirait à assurer la survie dans les mémoires d'un polar si celui-ci n'avait pas quelque chose en plus ?

Deux personnages émergent du lot: Eddie Schultz parmi la bande des Grisson et Fenner l'ex-journaliste reconverti en privé .

Pas étonnant que ce roman fasse partie des 200 œuvres élues par le journal Le Monde en1999 comme incontournables et représentatives du XX ème siècle.
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Miss Shumway jette un sort

Cette lecture aura été source de surprises.



Surpris de lire dans la description de l'auteur au début du livre qu'il "reste un monument au nom omniprésent dans la mémoire collective". Soit je ne fais pas partie de ce collectif, soit c'est un collectif uniquement anglais... soit la description est légèrement exagérée.



Surpris de commencer la lecture, et de se rendre compte que la plume est sympathique, l'humour bien présent, le style bien original, basé surtout sur des échanges de dialogues caustiques et des scènes d'action et de bagarre.



Surpris de découvrir en fait une sorte de San Antonio anglais, avec un héros volontiers frimeur, des colosses au gros bras, parfois sans cervelle et parfois au grand cœur à l'image d'un Bérurier, évidemment des jolies filles, parfois un peu folles, plutôt pleine de caractère en tout cas. Un peu moins grivois que la plume de Frédéric Dard, un peu plus "barré" dans un absurde totalement anglais.



Déçu ensuite parce que les promesses du début ne sont pas toutes tenues : l'humour finit par sonner creux à force d'emprunter trop longtemps les mêmes chemins, les dialogues qui donnaient le rythme au récit finissent par l'alourdir à force de s'éterniser, l'absurde devient parfois un peu trop ridicule, les rebondissements soit prévisibles soit artificiel.



Surpris enfin de constater à quel point la couverture de mon livre (édition folio policier de 2007) est bien différente de celle des années 70 que nous présente Babelio. Je n'aurais peut-être pas voulu lire la version 1970... et j'aurais eu finalement tort car je n'aurais pu découvrir un auteur si omniprésent dans la mémoire collective !
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Un lotus pour Miss Chaung

Très bonne histoire policière dans une ambiance chinoise des années 1960. La découverte d'un petit trésor en diamants est le début d'une course multiple pour récupérer ces belles pierres. Le personnage principal est face au choix entre partir avec la femme qu'il aime (à cet instant présent) ou choisir la richesse en l'abandonnant. Il faudra attendre avec suspense et retournements de situations la fin du roman pour peut-être avoir la réponse. Un genre bien différent des classiques Chase sans personnage révoltant, à part 2 ou 3, mais qui sont secondaires.
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C'est le bouquet !

J'ai beaucoup apprécié ce roman policier. Certes il date mais j'aime beaucoup, ça a du charme le côté suranné, ça sent le cuir patiné et le whisky avec de jolies pépées et la Cadillac noire, garée devant la demeure et bien sûr le détective, fier et brave qui a le goût de l'honneur et concourt à la découverte de la vérité. Une histoire de kidnapping, de trafic de stupéfiants, d'une riche héritière et d'un joueur (tricheur aussi sur les bords). J'ai trouvé que c'était très bien écrit et que les scènes d'action étaient prenantes, faut dire j'ai jamais aimé les rats.
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Présumé dangereux

Guerre froide, espionnage, invention ultra-précieuse, savant convoité, le contexte a bien vieilli et je me demande ce qu'un millenial en penserait...



Sinon, c'est jubilatoire : ça bute à tout va, les femmes sont fatales (quoique pas toujours de leur plein gré), les espions sont des ordures, la mécanique est impitoyable, tous les personnages systématiquement dépassés par la situation.



En fait, je l'avais déjà lu, ça ne m'est revenu qu'aux deux tiers. Coup de bol, j'avais oublié la fin.



Moralité : haletant, brutal et efficace, donc jouissif. Mais pas inoubliable.
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Au son des fifrelins

Des personnages variés dans leur caractères dont le principal qui se veut chevalier sauveur d'une pauvre fille, mais la réelle raison est l'appât du gain, et la pauvre fille n'est qu'une sale garce complètement accro à la drogue. Le scénario de ce roman dramatique est palpitant avec des imprévus relançant l'histoire. On retrouve des classiques malfrats pourris, des maîtres chanteurs et une seule femme bien pure par rapport à son mari et ses mauvaises fréquentations. Bien que dans l'entourage de ce mari architecte se trouvent des gens "normaux" assez rares dans les romans de Chase où le vice est la norme.
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Une bouffée d'or pur

Henry Sherman a des ambitions politiques. Afin de mettre toutes les chances de son côté, il a envoyé sa fille compromettante de l'autre côté de l'atlantique. Mais elle n'a pas dit son dernier mot. Après avoir goutté aux paradis artificiels, elle s'envoie en l'air devant une caméra. Il faut bien que jeunesse se passe, me direz-vous. Certes, mais la fifille est aussi rancunière. Elle se propose d'envoyer à la presse ses films éducatifs. Papa panique. Transpire à grosses gouttes, lui qui pense devenir président des Etats-Unis. Il contacte son ami John Dorey, responsable de la CIA, section française, afin de récupérer discrètement les pellicules gênantes. Girlend, un homme de main qui n'a pas froid aux yeux, fera le travail. Il serait capable en pleine guerre froide d'aller piller le tombeau de Lénine. Radnitz, un homme d'affaire qui a tout misé sur le futur président, a une solution plus radicale. Envoyer un tueur à gages pour effacer du paysage la fille et le cinéaste. Ainsi plus de film possible ! Pour compléter le tableau, le KGB toujours aux aguets, va s'inviter dans la danse.



En 1969, James Hadley Chase nous avait concocté ce roman policier plein d'action sans pour autant être très original, d'autant que certaines scènes rocambolesques manquaient de réalisme. Ce n'est pas le livre à ouvrir en priorité si vous voulez apprécier cet auteur britannique.
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Traquenards

Roman commençant en roman noir dramatique avec deux personnages atypiques. Au cours du roman, avec un troisième personnage principal rejoignant les deux premiers nous rentrons en plein dans le roman policier à suspense avec une intrigue machiavélique du genre de celles de William Irish ou de Boileau - Narcejac. Le revirement de situation ne survient qu'à la toute fin sans que l'on ait pu prévoir le détail du dénouement. Roman dont l'intrigue se situe en Angleterre avec des caractères moins stéréotypés habituels tels, un looser, des escrocs, des femmes exploitées ou qui exploitent les quidams avec des flics honnêtes ou bien pourris, et le tout dans un patelin des USA. Roman parmi les incontournable selon Deleuze.
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Pas d'orchidées pour Miss Blandish

Pas d'orchidée pour Miss Blandish - James Hadley Chase, Ed Gallimard, Série Noire 1961, traduit par Marcel Duhamel

Une descente aux enfers sans une seconde de répit, lente, longue, douloureuse et sûre, et la très jolie et richissime Miss Blandish n'aura pas d'orchidée pour son mariage, mais elle ne le sait pas encore.

Le harpon de Chase accroche le lecteur sans difficulté et le tient, jusqu'à la dernière page.

Une bande de malfrats kidnappe Miss Blandish mais comme ils ne sont pas très doués, et légèrement hésitants, ils se font piquer la belle par une autre bande, des professionnels de la terreur, dont le cerveau est M'man Grisson. La noirceur de l'atmosphère se fait vite sentir, Chase trempe dans toute la profondeur du noir.

Le réalisme, sec et dur, mélange la brutalité et le pessimisme avec force et désespoir.

L'auteur se tient à l'écart, ne juge pas, n'intervient pas, n'essaie de rien démontrer, les personnages, décrits sommairement, sont la plupart du temps paumés, nourrissant leur rage et leur haine de leur misérable et basse condition.

Il y a une faille dans la bande, et elle se creuse entre la rivière de diamants de Miss Blandish et le béguin qu'éprouve pour elle le psychopathe de fils de M'man Grisson.

L'écriture, très cinématographique, mouvements, déplacements, arrêts sur image, gros plans et hors champ, installe immédiatement une atmosphère poisseuse, la psychose grandit, l'air devient irrespirable :

"M'man faillit exploser, mais elle se contint.

- Donne-moi ce collier ! ordonna-t-elle

Slim glissa à bas du lit et défia sa mère, les yeux étincelants.

- Je le garde.

Pour M'man, c'était une expérience absolument nouvelle. Pendant un instant, sa stupeur fut telle qu'elle en fut désorientée, puis sa fureur l'emporta et elle s'avança sur Slim en brandissant ses poings monstrueux.

Nom de Dieu ! Donne-moi ça ou je te fous une trempe ! rugit-elle, le visage convulsé et marbré de plaques rouges.

-Arrête ! (Le couteau de Slim jaillit brusquement dans sa main. Il entra la tête dans les épaules et regarda sa mère d'un air féroce). Arrête !"

Tous des monstres, déshumanisés et fous, tristes rebuts d'une société.

Dans la traduction de Marcel Duhamel le roman noir de Chase n'a rien perdu de son atmosphère pesante, repoussante et gluante où les névroses les plus extrêmes et la violence sont de mise.

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Alerte aux croque-morts

À la fin du roman, le journaliste de "Faits Divers", Chet Sladen met à profit ses talents de fouineur et parvient à démasquer la/le coupable des méfaits qui l'ont mobilisé 300 pages durant.

James Hadley Chase y déploie tout son talent pour bâtir une histoire où la cupidité le dispute à la turpitude, l'imbécilité à la naïveté et l'inconséquence à la déraison.

Il a le chic pour dévoiler l'immense misère humaine de ses personnages vêtu des oripeaux d'un rêve américain dont ses détectives improvisés sont les plus grands et les premiers contempteurs.

Liberté de la presse :

"-Votre magazine fait du bon travail (...) vous présentez les choses de notre point de vue et c'est ce qui me plait.

- Si nous ne nous mettions pas bien avec la police (...) nous ne pourrions pas bouffer. Mais si vous entendiez dire ce que nous pensons de vous, quand nous ne sommes pas devant notre machine à écrire..."

Liberté de la femme :

"- J'en connais une autre qui va avoir à bien se tenir, riposte Bernie en regardant fixement une rousse au joli visage fardé, figé par l'ennui. J'ai toujours rêvé de passer à tabac une entraîneuse."

Témoins éliminés :

"- Je n'ai pas vu son nom sur les boîtes à lettres.

- Il n'y est pas. D'ailleurs elle n'est pas là non plus. Si vous voulez vraiment la voir, vous n'avez qu'à aller au cimetière de Welden. C'est là qu'elle est maintenant."

Accidents louches :

"- Je savais qu'elle était tombée (...) mais c'était un accident, n'est-ce pas ?

- le coroner le prétend ; la police le pense, mais moi je n'en suis pas certain. Quelqu'un peut l'avoir poussée."

Cadavres enveloppés de béton :

"- C'est-elle dit-il. J'ai vu les paillettes de son costume. Vas-y Joe, défonce-

nous çà.

Encore quelques coups de marteau et la gangue de ciment s'ouvre en deux comme un oeuf de Pâques. Je jette un coup d'oeil et je décampe aussitôt. (...) Elle était morte quand on l'a mise dans le ciment."

Flics ripoux :

"- La police de Welden m'a demandé de découvrir tout ce que je pourrai sur elle. On croit, là-bas, que la police de Tampa City n'aimerait pas qu'on ouvre officiellement une enquête."

Découvertes macabres :

"C'est le valet philippin de Hartley. Sa main se cramponne à la rampe. Un filet de sang rouge vif descend du coin de sa bouche jusqu'à son menton. Sur le côté gauche de sa veste blanche s'étale une tache de sang large comme le poing."

Chasses gardées :

"- Elle est ici ?

- Non, et si vous voulez un bon tuyau, laissez tomber. Elle a des copains très susceptibles et qui n'aiment pas qu'on la demande."

Et les vannes à la James Hadley Chase dont on ne se lasse jamais

"- Peut-être aurez-vous besoin de ma photo ?

- Dangereux pour son appareil, s'il n'est pas assuré (...)"

et encore

" Si tu ramène ta sale gueule ici, je t'aplatis et te fous dans la pâtée de mon clebs !"

Ou alors :

"Le moteur fait un tel bruit que nous sommes obligés de nous hurler mutuellement dans les oreilles. (...) L'autoroute à quatre voies est aussi droite qu'une règle à dessin et aussi noire qu'une cheminée."

Ou bien :

"J'ai l'impression d'avoir été caressé par un menhir et j'ai soudain les genoux en pâté de foie."

Quand on aime JHC, on est rarement déçu...

Avis aux amateurs !





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Le démoniaque (À tenir au frais)

Aucun temps mort dans le scénario qui évolue au cours du récit par des enquêtes policières qui se croisent, s'enchevêtrent sans pouvoir prédire le dénouement. Du suspense dans toutes les scènes clé; le film est à voir pour prolonger le plaisir de ce roman excellemment bien construit.
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