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Citations de Javier Marías (275)


"Aujourd'hui on s'épouvante de rien et les gens sont très peu libres dan leur vie personnelle, et de moins en moins dans l'éducation de leurs enfants. Avant, on apprenait beaucoup de choses aux enfants dès qu'ils avaient l'âge de raison, ce n'était pas pour rien que ça s'appelait comme ça. Des choses qui pourraient leur être utiles quand ils seraient grands, parce qu'on ne perdait jamais de vue qu'un enfant finissait par devenir grand. Pas comme maintenant, où ce qu'on cherche, plutôt, c'est que les adultes continuent à être des enfants jusqu'à leur vieillesse, et des enfants idiots et pusillanimes, en plus. C'est pour cela qu'il y a partout tant de bêtise."
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La bureaucratie financière est irrationnelle, contre-productive, absurde, elle n'aide en rien, c'est un poids mort, et entre ces agents le mécontentement finit toujours par se répandre, ils ont l'impression d'en faire plus qu'on ne leur reconnaît, de se salir les mains et souvent de mener une vie de chien pour protéger une société qui ignore non seulement leurs sacrifices et leurs actes de bravoure ou de sauvagerie occasionnels, mais, par définition ou par principe, jusqu'à leurs noms.
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Les gens aiment les châtiments cruels, et les revers de fortune sarcastiques, et le dépouillement soudain de ceux qui ont tout eu, ne parlons pas de ce dépouillement absolu qu'est la mort inattendue, et plus encore si elle est sanglante.
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- Personne, ou presque, n'imagine quoi que ce soit, du moins quand on est jeune, et on est jeune bien plus longtemps qu'on ne le croit. La vie entière semble irréelle, quand on est jeune. Ce qui arrive aux autres, les malheurs, les calamités, les crimes, tout ce là nous est étranger, comme si cela n'existait pas. Même ce qui nous arrive semble étranger une fois passé. Il y en a qui sont ainsi toute leur vie, éternellement jeunes, une catastrophe.
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Elle l'attendit vingt minutes assisse à une table de restaurant, étonnée mais sans crainte, jusqu'à ce que le téléphone sonne et que son monde s'achève, et plus jamais elle ne l'attendit.
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—Si tu ne m’avais rien dit, ajouta-t-il, si tu m’avais maintenu dans l’illusion… Quand on décide quelque chose, il faut s’y tenir. À quoi bon sortir un jour de l’erreur et révéler soudain la vérité ? C’est encore pire parce que cela désavoue ou du moins invalide tout le passé, on se trouve forcé de raconter à nouveau ce qui a été vécu, ou de le nier. Et pourtant on n’a pas vécu autre chose : on a vécu ce que l’on a vécu. Et qu’est-ce qu’on en fait alors de tout ça ? Devrait-on revoir sa vie, annuler rétrospectivement ce que l’on a ressenti et cru ? Impossible, pas plus qu’il n’est possible de garder cela intact, comme si tout avait été vrai, une fois que l’on sait que tel ne fut pas le cas.
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Être élu ne vaccine pas contre le fait de devenir aussi un dictateur.
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Certains se plaisent à tromper, ruser, simuler, et font preuve d’une incroyable patience pour tisser leur toile. Ils sont capables de vivre le présent qui traîne en longueur, un œil rivé sur un avenir imprécis qui arrivera quand il arrivera, ou seulement quand eux-mêmes auront décidé qu’il doit se muer enfin en présent, puis, sitôt après, en passé.
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Toutefois, quand vous y repensez, vous vous souvenez des visages et des conversations, des chopes qui s’entrechoquent, des chansons qui retentissent, des sourires et des regards naïfs, des phrases amicales, des tapes sur l’épaule et des caresses que vous ne méritiez pas. Et aussi d’un corps nu qui, croyant étreindre l’un des siens – un héros en puissance -, étreignait celui qui entraînerait sa perdition prochaine. Et petit à petit, vous vous demandez si tout cela est bien nécessaire, chaque action, chaque promesse, chaque argutie, chaque mensonge ; suit alors le tourment qui vous mine et vous écrase. Vous vous réveillez au milieu de la nuit, moite des sueurs de la douleur, ébranlé par le remords, irrémédiablement pris dans la toile d’araignée que vous avez tissée. Le seul moyen de vous en sortir c’est de redevenir ce que vous étiez et de faire ce que vous avez fait, de récidiver et de continuer à vous battre contre des ennemis concrets et insignifiants qui sont l’incarnation de l’ennemi abstrait, celui qui nous anéantira si nous ne le devançons pas ou ne le châtions pas. Vous comprenez alors qu’une fois que vous commencez, qu’une fois que vous avez fait le premier pas et que ça dévie, vous n'avez plus qu’à avancer sur ce chemin tortueux et l’aplanir.
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On réfrène au fil de la vie ses élans et ses attentes, on se conforme à des versions caduques de ce que l'on a voulu atteindre ou cru atteindre, à tous les stades de la vie on admet des baisses et des défaillances, on laisse peu à peu de côté les exigences : " Tant pis, ça n'a pas pu se faire" reconnaît-on, " mais il reste encore assez, assez pour compenser et pour donner le change, il serait pire de ne rien avoir et que tout ait tourné court."
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Que de choses non dites au cours d'une vie, d'une histoire, d'un récit, parfois sans le vouloir ou sans préméditation ! Non seulement j'avais tu tout ce qui ce que j'ai déjà énuméré, mais surtout le malaise et les pressentiments de désastre qui m'accompagnent depuis mon mariage, depuis près d'un an déjà. Ils se sont atténués maintenant et peut-être finiront-ils par disparaître, un certain temps. Je les avais tus à Luisa, à Berta aussi, et à mon père, évidemment à mon travail, à Custardoy cela va de soi. Les amoureux gardent très souvent le silence, y compris ceux qui ne sont qu'entichés. Quiconque a déjà quelque chose et peut le perdre garde le silence, pas qui l'a déjà perdu ou est sur le point de l'obtenir.
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[...] les choses n'existent pas tant qu'on ne les a pas nommées, tout le monde le sait ou le devine.
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"Je ne sais pas comment tu peux encore aller à tes affaires avec Juana malade. Je ne sais pas comment tu fais pour ne pas te mettre à prier ou à croiser les doigts chaque fois que ta femme prend un rhume. Tu en as déjà perdu deux, mon fils." Je me souvins ou crus me souvenir qu'aussitôt après ma grand-mère porta la main à sa bouche, la bâillonna un instant comme pour s'empêcher de dire les mots qu'elle avait dits et que j'avais entendus sans y porter alors la moindre attention, ou peut-être l'avais-je fait uniquement - comme il apparaît maintenant - parce qu'elle avait fait ce geste pour les supprimer.
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La littérature nous permet de voir les êtres tels qu’ils sont, bien qu’il s’agisse là de gens qui n’existent pas ou qui, osons l’espérer, existeront pour toujours, si bien qu’elle ne perdra jamais complètement son prestige.
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C'est l'inconvénient de tout événement non enregistré, ou pire, ni su ni vu ni entendu, car il n'y a plus aucun moyen de le restituer. Le jour où nous n'étions pas ensemble ne nous verra jamais réunis, ce qu'on allait nous dire au téléphone que nous n'avons pas décroché ne sera jamais dit, pas la même chose et pas dans le même esprit ; et tout sera légèrement différent ou radicalement, faute d'avoir osé répondre, par indécision. Mais même si nous étions ensemble ce jour-là, si nous étions à la maison quand on a appelé, ou si nous nous sommes décidés à répondre en faisant taire nos craintes et en oubliant le risque, rien de tout cela ne se répétera, et viendra le moment où avoir été ensemble équivaudra à ne pas l'avoir été, avoir décroché le téléphone à ne l'avoir pas fait, et s'être décidé à répondre à s'être tu.
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Assumer l'image parternelle ou maternelle est un don du temps, sans doute un devoir du temps. Cela requiert adaptation et concentration, c'est quelque chose qui vient.
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Quel sens tout cela peut-il avoir si la fin de ce trajet me réserve le reniement et qu'on me dépouille de mon identité, de ma mémoire et de tout ce qui m'est arrivé après ma mort.
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Mon père nous conta plusieurs anecdotes inconnues de moi, comme celle d'un faussaire vénitien de petites vierges romanes d'ivoire sculpté, qu'une fois achevées avec talent, il plaçait dans le soutien-gorge de sa femme, un énorme soutien-gorge; les sécrétions de sa poitrine (abondantes) et la transpiration des aisselles (forte) donnaient à ces statuettes une patine parfaite.
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Comme il est facile de croire que l'on sait quelque chose alors qu'on ne sait rien", pensais-je." Comme il est facile d'être dans l'obscurité, à moins que ce ne soit notre état naturel. Tomas doit sûrement être lui aussi dans l'obscurité, pas juste moi, pas juste moi. Il est lui aussi dans son monde d'angoisse et de turpitude, il est lui aussi dans l'obscurité en ce qui me concerne
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[...] le temps est un continuum et on y est toujours, de toute façon, jusqu'à ce qu'on cesse d'y être.
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Ils ont écrit sur des écrivains....

Ronsard a écrit trois volumes de vers pour trois femmes différentes. La première et la dernière, Cassandre et Hélène, ne l’approchèrent point ; l’une parce qu’elle était trop belle et l’autre parce qu’elle était hideuse. C’est du moins ce qu’en disent ceux qui les ont connues ; mais Ronsard, ne voulait rien d’elles que leurs noms à mettre en sonnets, fit Cassandre plus belle encore que Cassandre, et daigna donner à Hélène tout ce que Dieu lui avait refusé. Aussi nous les voyons toutes deux incomparables.

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