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Citations de Jean-Baptiste Del Amo (322)


Le souffle coupé par une douleur thoracique, elle détourne son attention de l’éclipse. Un instant, le monde est plongé dans une lueur vespérale, d’un bleu d’ardoise, épouvantable, une pénombre de tombeau dont la densité l’enserre et la suffoque.
(page 171)
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Les aubes parme succèdent aux nuits étincelantes que le fils n’a jamais connues si pures, avec leurs astres enchâssés dans une obscurité parfaite.
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On se fabrique des drames sans signification. C'est la propension humaine pour la tragédie.
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Il sent l’ours approcher, il peut maintenant respirer l’odeur de sa fourrure humide, bestiale et végétale à la fois, comme si le pelage de l’ours retenait le parfum de mousse du sous-bois. L’animal se tient près de lui, à moins de deux mètres de distance, et le renifle.
(page 232)
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Elle rêve de rencontrer un homme qui l’aimera, dit-elle, comme le père l’a aimée, c’est-à-dire de cet amour tumultueux, impitoyable, qui lui semble être le seul possible, le seul valable.
Puis, dans le même élan, elle prétend que n’importe quel autre amour lui serait préférable, n’importe quel autre homme qui ne l’aurait pas laissée seule avec un gosse sur les bras.
(page 76)
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Ils débarquaient en ville, horde de petits dieux arrogants, querelleurs, se moquaient des règles, du qu’en dira-t-on, animés d’une force de vie qui, aux garçons comme aux filles du coin, semblait extraordinairement enviable.
page (184)
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Si la nudité de la mère lui est familière, désincarnée, la vision du corps du père lui paraît en revanche obscène et fascinante ; il ne peut en détourner le regard. L’homme se savonne avec le vieux pain de savon craquelé qui reposait près de l’évier. Des amas de mousse grise s’écoulent le long de son dos, de ses fesses blafardes, de ses jambes velues, et se posent sur les herbes comme des crachats de coucou.
(page 135)
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Elle sent l'odeur de leurs corps réunis et frénétiques, à eux tous les paysans, l'odeur de leur race vile, de leurs chairs pénibles et harassées, et ils lui semblent soudain terriblement fragiles, vieillards en sursis à quarante ans, corps abîmés, congénitaux, distendus par les couches, goitreux, amputés par les lames, calcinés par le soleil. Ils viennent au monde comme le petit bétail, le temps de gratter un peu la poussière à la recherche d'une maigre pitance, puis de crever dans une triste solitude.
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« T’as remarqué que leur pupille reflète toujours notre visage ? dit Henry. Si tu fais bien attention. C’est un détail, mais parfois, je vois plus que ça. Ca me saute à la gueule. C’est comme regarder dans un miroir sans tain ou au fond d’un puits. Tu te vois, mais tu vois autre chose, autre chose qui s’agite en dessous, comme...Comme si tu voyais aussi de la manière dont eux te voient, avec leurs yeux de bête. (...)
L’œil était dans la tombe et regardait Caïn ».
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Tout autour de l’enfant, offre le spectacle permanent de cette vie lente, régie par des lois énigmatiques dont le mystère l’enveloppe à mesure qu’il s’y attache, s’y fond, en devient familier.
(page 167)
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Au soir, comme elles se déshabillent pour revêtir leurs chemises de nuit, la veuve voit la trace brune sur les dessous de sa fille. Elle s’en saisit aussitôt, la porte à son nez et renifle, avalant l’air par petites goulées, goûtant l’odeur du premier cycle, la preuve irréfutable de sa nubilité. Elle baisse lentement les bras. Ses lèvres tremblent et elle pose son regard sur Eléonore.
«Tu es impure, dit-elle d’une voix blanche. Tu es sale, désormais. Et tu vas pécher.
- Non, dit Eléonore, non, je...
- Tais-toi. Tu auras beau dire, tu pécheras. Oh, oui. Souviens-toi comment Eve a laissé le serpent la séduire. Il te séduira à ton tour. Et le Seigneur lui a dit : « J’augmenterai la souffrance de tes grossesses, tu enfanteras dans la douleur, et tes désirs te porteront vers ton mari, mais il dominera sur toi. »
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La pédérastie était considérée comme une perversion, un vice auquel les hommes se livraient dans l'anonymat, craignant d'être jetés au cachot. Les clients payaient aussi l'assurance de pouvoir s'adonner à leurs penchants en toute sécurité, sans risquer d'être surpris par les rondes du guet, culotte sur les guêtres, dans l'ombre humide d'une rue. Il y avait dans leurs gestes et dès lors qu'ils s'enfermaient avec Gaspard – ou, par extension, tout autre garçon – cet affolement que la fermeté de leurs regards ne parvenait pas à masquer, la certitude qu'eux-mêmes avaient acquise de commettre un acte condamné, attisant en eux une culpabilité dévorante. Leur inclinaison avait sans doute ardemment lutté contre l'idée de cette bienséance avant que, s'avouant vaincus et ne sachant comment apaiser ce feu, ils ne cèdent à l'appel impérieux et ne prennent le chemin des bordels. Certains en concevaient un dégoût personnel, puis le déportaient sur l'objet de leur désir. Gaspard apprit à deviner ces clients dont l'œil brillait de rancœur, comme s'il eût été coupable, lui, Gaspard, de ce sentiment. Ce mépris pour cette partie difficilement contenue de leur identité, ils le reportaient sur Gaspard, car il était plus simple d'accuser le giton que de se désigner, eux, comme responsables.
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Les cloches de l’église Saint-Louis éparpillaient midi sur les hauteurs de Sète. Leur rondeur de métal vibrait dans la moiteur du port et sur les plages où les vagues s’ourlaient et chuintaient, drapaient les cris des enfants.

(C'est mauvais, hein ? Ma critique sur bibliolingus.over-blog.fr)
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Il y a des choses qu’un homme, s’il veut rester un homme, ne peut accepter et il appartient à chacun de définir où se situe son honneur, laquelle de ces choses lui est acceptable et laquelle ne l’est pas, où se situe en somme la limite infranchissable de sa dignité.
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Elle rêve de rencontrer un homme qui l’aimera, dit-elle, comme le père l’a aimée, c’est-à-dire de cet amour tumultueux, impitoyable, qui lui semble être le seul possible, le seul valable. 
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C'est un homme sans vertu, sans conscience. Un libertin, un impie. Il se moque de tout, n'a que faire des conventions, rit de la morale. Ses mœurs sont, dit-on, tout à fait inconvenantes, ses habitudes frivoles, ses inclinations pour les plaisirs n'ont pas de limites. Il convoite les deux sexes. On ne compte plus les mariages détruits par sa faute, pour le simple jeu de la séduction, l'excitation de la victoire. Il est impudique et grivois, vagabond et paillard. Sa réputation le précède. Les mères mettent en garde leurs filles, de peur qu'il ne les dévoie. Il est arrivé, on le soupçonne, que des dames se tuent pour lui. Après les avoir menées aux extases de l'amour, il les méprise soudain car seule la volupté l'attise. On chuchote qu'il aurait perverti des religieuses et précipité bien d'autres dames dans les ordres. Il détournerait les hommes de leurs épouses, même ceux qui jurent de n'être pas sensibles à ces plaisirs-là. Oh, je vous le dis, il faut s'en méfier comme du vice.»
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S’ensuivent les jours d’une lente dérive automnale, à la clarté maussade, aux heures indistinctes, aube et crépuscules se succèdent en une variation de lumières monochromes sous un crachin continu, la montagne engloutie au matin par un linceul de brume.
(p226)
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Cette impassibilité, cette indifférence durement acquise à l'égard des bêtes, n'est cependant jamais parvenue à estomper chez Joël le sentiment d'une aversion confuse, l'impression d'une anomalie : celle de l'élevage au coeur même d'un dérèglement bien plus vaste et qui échappe à son entendement, quelque chose d'un mécanisme grippé, fou, par essence incontrôlable, et dont le roulement désaxé les broie, débordant sur leurs vies et au-delà de leurs frontières ; la porcherie comme berceau de la barbarie du monde.
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«  Et la rage des pères revivra chez les fils à chaque génération » …

SÉNÈQUE, THYESTE .
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La neige tombe, pèse sur les arbres et brise les branches en claquements d'arme à feu qui font sursauter dans leur lit les paysannes, amenant à leur porte le fantôme de la guerre.
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