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Critiques de Jean-Baptiste Naudet (63)
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La blessure

La guerre d'Algérie ?

Un tabou pour tous les appelés qui en reviennent ; c'est ce que ressent leur entourage proche.

Des jeunes gens de 20 ans qui n'ont pas demandé à y aller "pour défendre les intérêts du gouvernement Français" et qui reviennent le visage fermé et incapables de raconter ce qu'ils ont vécus ou faits.

Des familles des deux côtés de la méditerranée qui ont soufferts ou ont été dévastées.

Jean-Baptiste Naudet décrit bien dans son livre, avec des passages très durs et crus, les ravages de cette guerre ; on pourrait dire de toutes les guerres d'ailleurs car il sait de quoi il parle ayant été reporter dans plusieurs pays en guerre.

Dans ce roman il raconte un drame intime, la mort de Robert le premier amour de sa mère, à la guerre d'Algérie.

Celle-ci, quand ses souvenirs reviennent, s'enfonce de plus en plus dans la douleur devant un fils qui assiste impuissant à la déchéance de sa mère ne comprenant pas ce qui lui arrive.

Jean-Baptiste à son tour perd bien et se retrouve en Hôpital Psychiatrique quand son père, pour essayer de le sauver, lui confie la correspondance entre Robert et sa mère.

Après la lecture de leurs lettres il recherche et trouve le demi-frère de Robert à qui il se confie "Je lui raconte mon histoire, la quête de son frère, ma mère, sa folie, ma folie, l'amour, la mort et la guerre. C'était un peu confus parce que je ne comprend pas vraiment tout moi-même, encore aujourd'hui".
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La blessure

1960 Danielle et Robert s'aiment quand survient la guerre d'Algérie et la mobilisation du sergent Robert S.....Avant le départ , défiant les conventions mais laissant parler le coeur, ils "le font", une fois,une merveilleuse fois...Et c'est la séparation. ..

S'instaure alors entre eux une belle et émouvante

correspondance, touchante, belle, pudique, enjouée ou de plus en plus mélancolique au fur et à mesure que le temps passe, que les événements se succèdent, que les horreurs minent le moral.

Et puis, il y a la description de cette guerre qui ne voulait pas dire son nom, cette guerre qui allait faucher des jeunes dont la seule aspiration était de vivre. Attention, âmes sensibles, l'atrocité fait "dégueuler","chier" dans leur froc ces jeunes bleus qui ont si peur de mourir dans des décors de rêve .

L'histoire de Danielle et Robert survivra-t-elle à ces atrocités ?

Jean -Baptiste, lui, vivra plus tard, dans l'ombre de Robert. Reporter de guerre, il sillonne le monde en quête d'informations mais ne pourra jamais échapper aux démons qui l'assaillent,l l'alcool, la drogue et la folie...

C'est l'âme humaine qui est "décortiquée " dans ce roman. Incapable de "voir plus loin que leur bout de leur nez", c'est "la fleur au fusil" que les jeunes se précipitent, au nom de "la défense de la patrie"aux mains des politiques.....

Au delà du conflit en Algérie, ce sont tous les conflits du monde qui sont " montrés du doigt".

Quand donc l'homme civilisé ne se contentera-til plus du tant prononcé ,"quelle connerie,la guerre" ?

C'est un beau roman qui se lit vite tant sont belles les lettres d'amour échangées entre ces deux extraordinaires personnages.Les mots y traduisent une foi touchante en la vie à deux....

Certes, les descriptions des combats, des embuscades, des exactions sont cruelles, dures.Mais si, à force de ne pas vouloir les lire, on les occultait de nos mémoires?

J'aurais aimé pour ce livre une couverture plus émouvante, plus forte, plus belle, comme l'histoire, plus incitative pour le message. Je ne l'aime pas, elle condamne ce livre remarquable.

A défaut de jeter votre dévolu sur ce livre, feuilletez- le chez votre libraire. Ce pourrait bien être plus qu'une simple découverte.
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La blessure

***



Alors qu’ils sont fiancés depuis peu, prêts à se marier, Robert et Danielle sont séparés par la guerre d’Algérie. Âge d’à peine vingt ans, malgré l’optimisme et la naïveté de la jeunesse, Robert a peu d’espoir de revenir... Les deux amoureux s’échangent des lettres passionnées, des missives remplies de tendresse et de douceur... Et elles dont l’oxygène de Robert, au milieu de la violence des montagnes de Kabylie. Plusieurs années après, Danielle souffre toujours de la mort de Robert et son fils Jean Baptiste vit dans l’ombre de cet amour perdu... Pour leur plus grande folie !



C’est dans le cadre de la sélection des 68 premières fois que j’ai lu ce premier roman. Jean Baptiste Naudet nous livre ici une autobiographie crue et violente sur ce qu’il a vécu au sein de sa famille.

Ce n’est pas une mais trois vies qui ont été brisées ce 9 juin 1960 en Algérie. Avec le sergent Robert Sipière, c’est sa fiancée qui est atteinte en plein cœur... Puis Jean Baptiste Naudet lui-même... Prisonnier de ce passé, il va revivre les folies des guerres... Et se perdre dans la violence des combats, ceux des pays dans lesquels il couvre les batailles en tant que grand reporter mais aussi dans celui qui lui demande le plus de courage : la folie de sa mère...



Un roman qui mêle des lettres, des récits de combats, dès questionnements personnels... Un roman qui évoque les atrocités de la guerre d’Algérie et de la culpabilité de certains face à leur place au sein du conflit... Un roman fort et nécessaire..
Lien : https://lire-et-vous.fr/2019..
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Seul pour tuer Hitler

Voici l’histoire véridique d’un jeune suisse qui en 1938 a voulu tuer Hitler. Catholique convaincu, Maurice Bavaud a trouvé dans sa foi la force et le courage d’essayer de délivrer l’humanité du mal absolu. Cette foi chrétienne forgée dans son enfance et confirmée par un séjour de deux ans dans un séminaire breton, le guide jusqu’à Munich où il traque, maladroitement et surtout en vain, le dictateur. Arrêté par la Gestapo, il est torturé, condamné à mort et guillotiné en mai 1941 à l’âge de vingt-cinq ans.

Chrétien et pacifiste, héros visionnaire et martyr oublié, Maurice Bavaud méritait ce poignant hommage.
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La blessure

Coup de coeur !

09 juin 1960. Algérie. Je meurs de la blessure d'être sans toi. Tu crèves d'une brûlure qui est en moi.

Un livre à fragmentations d'étoiles. Des éclats d'amour, des échardes létales. L'onde d'un choc. Un terrible piège mental.

Quelle connerie la guerre. Quels effroyables crimes.

Quelle force l'amour ! Et quels incroyables possibles!

Vient le temps de refermer les plaies, de remonter le fil d'une histoire saccagée.

Des lettres retrouvées qi forment un recueil d'une juste et très profonde humanité.

Un livre touchant et bouleversant, Jean- Baptiste Naudet nous permet de comprendre un peu mieux ce que " reporter de guerre" signifie.

Opération Furet Du Nord. Club des lecteurs - Rentrée littéraire 2018.

Astrid Shriqui Garain

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La blessure

Ils sont partis nombreux pour un service militaire qui allait se transformer en horreur, vers 1960, tandis que la France commençait à danser sur les rythmes des yéyés. Eux, on leur faisait danser une autre danse, celle de la mort, de la peur, de la torture infligée ou subie, des ventres qui se vident de terreur, des gamins de vingt ans envoyés défendre les intérêts coloniaux de la France.



Parmi eux, un jeune chrétien, instruit, devenu sergent : Robert Sipière. Il est parti après une seule nuit d'amour avec Danielle, la fiancée qu'il chérit et respecte, celle que, dans cinq mois, il va épouser. En attendant, ils s'écrivent des lettres tendres, intelligentes, sensibles. Il est nourri de Baudelaire, Rimbaud, Hugo. Danielle lui répond, l'encourage, l'aime par correspondance.



Et ce premier « roman » réunit la correspondance de ces deux amants fous d'amour, de jeunesse et d'espoir. Une autre voix vient s'intercaler : celle de Jean-Baptiste, fils de Danielle mais pas fils de Robert, tué le 9 juin 1960 dans le Djebel Djurjura, d'une seule balle. Son père, à lui, c'est Gilles, l'ami de Robert, qui épousera Danielle, l'inconsolée, et la verra s'enfoncer dans la dépression puis la folie . Gilles, admirable d'ouverture et de compréhension, qui donne toutes les lettres à son fils, pour qu'il raconte cette bouleversante histoire.



Jean-Baptiste est devenu reporter de guerre. Par quelle obscure filiation ? A son tour, il connaît la peur et les rapports humains épurés par l'urgence. A son tour, il sombre dans un grave trouble psychiatrique et se retrouve en HP.



Il est difficile de restituer l'intensité de ce livre. On peut dire qu'il y a une sorte d'incandescence qui en émane, force des sentiments et des actes, rien n'est doux et apaisé. sauf peut-être la fin, le retour en Kabylie, la tentative de réconciliation avec cette terre et ces gens qui ont, comme les soldats français, vécu l'horreur.



Un très beau premier roman, vrai à défaut d'être absolument véridique.

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La blessure

Les blessures causées par les guerres ne guérissent pas avec l'arrêt de celles-ci.

Jean-Baptiste Naudet, l'auteur, en sais quelque-chose lui qui à parcouru les différents conflits ayant jalonné le globe à la fin du 20e siècle et début du millénaire.

Les couvrant en tant que journaliste, reporter de guerre « jouant » à raconter les dégâts collatéraux et risquant sa vie au plus proche de la mort, là, où et quand, personne n'écoute plus.

Mais ce livre est plus intime car il s'agit en substance du drame vécu par sa mère avant même qu'il soit né.

Drame qu'il a assumé sans même le connaître ou que tard dans sa vie, tout du moins, s'agissant de le comprendre.

Il nous rapporte entre autre, les échanges épistolaires de sa mère, Danielle et de son premier amour, le sergent Robert Sipière, appelé en Algérie pendant les « événements » débutés en 1954.

Il sont alors tous les deux jeunes et follement amoureux, la guerre les sépare physiquement mais allume cette étoile en eux. L'étoile s'éteindra à la mort De Robert un dimanche de 1960.

Danielle ne s'en remettra jamais et plongera inexorablement dans un deuil sans fin et où la folie devient un rempart contre l'oubli de cet amour premier et véritable.

La répétition du fait de ne pas s'appartenir semble guider cet auteur tout du long de sa vie de journaliste, comme le sergent Sipière, mélangés entre dégoût et attraction pour la guerre.

Il y a aussi l'Algérie, belle parmi les belles, témoin malgré elle de la folie des hommes.

Un livre comme aboutissement d'une résilience empreinte de la tragédie et du traumatisme familial qui touche les générations suivantes.

Sensible témoignage sur ces « événements » dont l'incidence, les conséquences ainsi que les réponses ou non-dits rejaillissent peut-être aujourd'hui sur notre société qui semble avoir voulu lâchement oublier.

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La blessure

Ma dernière lecture pour cette session « Rentrée littéraire 2018 des 68 premières Fois : La Blessure de Jean-Baptiste Naudet, un premier roman d’inspiration biographique et autobiographique sur la guerre, la filiation et l’amour…



L’auteur est grand reporter ; c’est peut-être pour cela que son récit prend des allures de témoignage et de documentaire sur le parcours d’un jeune soldat envoyé faire son service militaire en Algérie en 1960 et sur ses propres ressentis de journaliste envoyé dans les pays en guerre.

Jean-Baptiste Naudet a choisi d’emblée de ne pas respecter la chronologie des évènements dans le récit concernant Robert et Danielle avec l’effet d’annonce de la mort et de la folie dès le début. De même, il y aura aussi des allers-retours temporels dans l’histoire de Jean-Baptiste. C’est le personnage de Danielle qui devient le lien féminin de ce livre d’hommes ; elle est à la fois la fiancée amoureuse de Robert et la mère folle de Jean-Baptiste dont les deux prénoms rythment le récit comme titres de chapitre.



Le découpage des récits entrecroisés de la guerre d’Algérie, de la correspondance entre Robert et Danielle, des souvenirs d’enfance et de jeunesse du narrateur et de ses reportages dans les pays en guerre ou sur les champs de bataille m’a un peu déstabilisée ; je perdais la notion de fil conducteur et je prenais trop de distance.

L’émotion m’est venue seulement grâce à l’intertextualité : les chansons de Barbara et de Jean Ferrat pour illustrer la dépression de la mère, les poètes pour dénoncer l’universalité de la guerre : « Le Dormeur du val » de Rimbaud ou encore des citations de Prévert (« Quelle connerie la guerre !») ou d’Apollinaire (« Ah Dieu ! que la guerre est jolie, avec ses chants ses longs loisirs »). Baudelaire est également convoqué quand il s’agit d’«aimer et mourir » ou de parler à sa douleur ainsi que Victor Hugo pour le deuil. Enfin, j’ai retrouvé la célèbre citation d’Albert Camus sur les tortures et représailles durant la guerre d’Algérie…



Je n’ai été sensible à la fascination de Jean-Baptiste Naudet pour la guerre, depuis ses lectures jusqu’à son métier futur de reporter de guerre, tel « un junkie accro à la plus forte des sensations : celle du jeu avec la mort ». Il m’a juste manqué quelque chose pour que mon intérêt soit plus que littéraire.

Je pense avoir saisi le propos et la posture de Jean-Baptiste Naudet. La blessure du titre symbolise la transmission de la destinée sous forme de « piège mental » : le père de l’auteur a épousé la fiancée de son ami mort en Algérie, son fils est approché par l’épouse d’un ami suicidé. La cicatrisation de cette blessure passe par un travail de recherche et de mémoire. Ce livre est « une offrande, comme une supplique, comme un chant à la mort, à l’amour. Comme une étoile dans la nuit, une étoile qui n’a pas de nom mais qui est la nôtre, une étoile qui ne parle que d’amour et qui ne doit jamais mourir. Pour que l’on nous comprenne, pour que l’on nous excuse, pour que l’on nous pardonne ».

Mais ce projet de pardon final tel qu’il apparaît dans le dénouement m’a laissé une drôle d’impression ; j’aurais eu besoin de plus d’analyse psychologique, peut-être de mise en fiction des personnages réels pour leur donner plus de moyens d’expression. Ou alors c’est le format romanesque qui ne m’a pas convenu ; je voyais davantage ce livre comme un essai, une étude.



Je salue cependant l’authenticité de la démarche de Jean-Baptiste Naudet. Il nous donne à lire, avec l’autorisation de son père, de véritables extraits de la correspondance entre sa mère et son fiancé. Il met l’intimité familiale au service de l’Histoire pour qu’on ne ferme plus les yeux, pour que les générations à venir puissent « à temps protester et, si besoin est, résister ».

C’est aussi une démarche individuelle sur l’acceptation de devoir vivre avec la souffrance de ses ancêtres qui peut parler à beaucoup au-delà des symptômes précisément décrits ici.

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La blessure

Un livre empli de violence.

Celle de la guerre d'Algérie vécue par un jeune appelé pour "nettoyer" la Kabylie.

Celle de toutes les guerres couvertes par le narrateur devenu reporter dans les pays en feu.

Celle de la folie qui emporte la mère et que le fils adolescent ne comprend pas, ne supporte plus.

Il faut l'exorciser cette violence, la vivre avec son corps et sa rage, jusqu'à la folie.

Les exactions, les scènes de torture en Algérie ne nous sont pas épargnées.

L'auteur restitue au plus près ce qu'a vécu le jeune Robert en 1960 et ce qu'il a lui-même choisi de vivre.

Deux hommes, deux périodes de l'Histoire.

Et entre elles, les lettres de Robert à sa fiancée, les réponses de Danielle. L'amour qui les unit : si beau, si doux.

La poésie aussi : Rimbaud et une chanson de Barbara.

"Quelle connerie la guerre ".

Jean-Baptiste Nadaud n'épargne ni l'Etat Major, ni les politiques colonialistes, ni les corrompus de tous bords.



Ce livre "comme une offrande, comme une supplique, comme un chant à la mort, à l'amour" se termine par une page écrite par Gilles Nadaud, l'amoureux fou de Danielle, le père du narrateur, le gardien de la mémoire .

Et là, j'ai fondu en larmes.

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Seul face au Führer

En bref :

Coup de cœur pour ce roman/documentaire sur un attentat raté contre Hitler.



+

Les faits réels relatés mais sans être trop factuels.

Le côté roman du livre malgré l'authenticité des faits.

Que le roman soit court.



Mon avis :

Nous suivons l'histoire de Georg Elser, cet homme qui s'est sacrifié dans l'espoir d'arrêter la folie d'Hitler et compagnie. Cet ébéniste, simple et passe partout, qui aurait pu changer le court de l'histoire à 13 minutes près ce 8 Novembre 1939.

Discret, il a berné tout son monde dans l'espoir d'une cause juste et noble, il aurait pu réussir à arrêter le diable en personne. Mais, contre toute attente, Hitler échappe (une fois encore et de très peu) à la mort... Pourquoi cet ébéniste qui vit de chose simple décide de se "sacrifier" pour arrêter les nazis ?



L'auteur a réussi ici un pari plutôt risqué : romancé des faits authentiques, historiques. Il a su m'emmener dans ce monde où Hitler régnait en maître, où le racisme et la délation étaient monnaie courante.

Jean-Baptiste Naudet a réussi, étape par étape, chapitre après chapitre, à me raconter l'histoire de ce grand homme qu'a été Georg Elser. De son projet fou, à la fabrication de cette bombe, jusqu'à sa tentative d'évasion, absolument rien ne manque. C'est factuel, mais pas du tout indigeste. Ca se lit comme on lirait un roman passionnant plein d'action. Mais ici, sachant qu'il ne s'agit que de la plus strict réalité, sincèrement ça m'a fait froid dans le dos...

je connaissais vaguement cette histoire d'attentat raté, mais je ne connaissais ni le nom, ni l'histoire de l'auteur des faits. Assurément, après un tel livre, je n'oublierai jamais Georg Elser, son histoire, sa vie, son sacrifice et sa fin... Il fait parti de ces grands hommes qui ont combattu (à leur échelle) contre une Allemagne devenu ce qu'elle a été, l'enfer sur terre....
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La blessure

Difficile d'entrer dans un roman très personnel, un roman qui raconte une histoire de famille, celle de Jean-Baptiste Naudet qui a vu sa mère sombrer dans la folie au fil des ans.



Jean-Baptiste a 10 ans (si mes souvenirs sont bons) quand Danielle, sa mère, lui parle d'un homme qu'elle a connu avant son mari, père de Jean-Baptiste. Robert.



Danielle et Robert vont échanger une correspondance enflammée, poétique, douce et tendre, amoureuse, pendant les quelques mois que Robert passera en Kabylie. Robert a vite le sentiment d'un gâchis en Algérie. D'une guerre impossible à gagner. Elle lui parle de ses études de pharmacienne, de la vie d'après, de ses mains, de son corps. Il lui parle des fellaghas, de l'ennui, de son quotidien sordide.



On peut s'étonner que la correspondance entre Robert et Danielle ait survécu à la censure des armées. Jean-Baptiste Naudet comble les vides avec un grand talent. Etre proche du sujet, c'est souvent manquer d'objectivité. Et clairement, l'auteur dérape parfois dans l'émotionnel, dans le détail familial inutile. Mais grâce à une écriture serrée, à la limite de l'elliptique parfois, il réussit à éviter les trop faciles effets de manche émotionnels.



L'auteur nous parle de la guerre d'Algérie, mais aussi de toutes les guerres. Elles se ressemblent toutes. Il a été correspondant de guerre, grand reporter, et le Timor, la Tchétchénie, les Balkans défilent aussi dans la tête de Jean-Baptiste, alors qu'il entame un cheminement vers sa mère (morte quelques années plus tôt) et ce Robert qu'elle a connu avant son mari.



Il m'a manqué du lien entre les époques. Le patchwork monté par Jean-Baptiste Naudet est rempli de trous, de non-dits, de vides. Je n'ai pas trop adhéré à ce parti-pris. La concision du récit m'a souvent posé des problèmes. J'aurais voulu en savoir plus sur la vie après Robert. Sur les conflits couverts en tant que grand reporter. Sur la folie de Danielle... Roman trop court, pour moi.



C'est digne, humble, respectueux, décent. La notion de pardon domine celle de faute et de responsabilité. C'est franc et parfois cru dans le langage. Mais nécessaire.
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La blessure

En se faisant reporter de la guerre d’Algérie plusieurs décennies après les faits, Jean-Baptiste Naudet nous replonge dans l’atrocité de cette guerre d’usure où torture et massacre sont les maîtres mots. Ajoutées à ces descriptions vivaces, les lettres échangées par Danielle et son fiancé, Robert, ne font que renforcer le sentiment d’injustice, de gâchis et d’inutilité de cette guerre contre les « fellouzes ». Dans ces lettres pleines d’innocence et d’espoir, les deux fiancés envisagent la fin de la guerre, prévoient leur vie au retour de Robert, alors même que celui-ci a bien conscience qu’il est probable qu’il n’en revienne pas. Un amour rendu impossible à cause d’un gouvernement français incapable d’assumer ses torts et de mettre un terme à cette guerre coloniale perdue depuis longtemps – le fardeau d’une génération traînée de guerre en guerre, d’Indochine en Algérie, pour la seule fierté d’un Etat français en mal d’empire.



Jean-Baptiste Naudet nous livre sans ambages ses traumatismes de jeune homme, face à une mère dévastée par un passé impardonnable et puis ceux, plus récents, nés de la culpabilité d’avoir condamné ou compromis tant de gens pendant ses reportages à haut risque. Il nous laisse entrevoir la réalité du métier de reporter de guerre, l’attractivité addictive du danger et la fatigue morale des situations impossibles. Il ne nous cache rien des difficultés rencontrées sur son chemin : la dépression violente et expansive de sa mère, sa propre descente aux enfers et ses épisodes d’internement pour tenter de lutter contre son syndrome post-traumatique. C’est un récit extrêmement personnel, un exorcisme de ce que l’auteur a vécu, une quête de sens pour retrouver l’origine de cette vocation inhabituelle, mais c’est aussi un récit à vocation universelle : un message de paix à destination des générations futures pour que jamais ne soient reproduites les atrocités de la guerre d’Algérie.



Mention particulière à Gilles Naudet, sans qui ce livre n’existerait pas, et qui synthétise brillamment son message dans les dernières pages – merci, vous m’avez émue aux larmes.
Lien : https://theunamedbookshelf.c..
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Seul pour tuer Hitler

En novembre 1938 un homme seul tente d'assassiner le führer.



Cet ancien séminariste de 22 ans est prêt à tout, au risque d'y laisser la vie.



Hitler a été la cible de nombreuses tentatives d'assassinat hélas non abouties.



A partir d'éléments d'archives, Jean-Baptiste Naudet construit un récit prenant pour restituer le contexte et le destin de Maurice Bavaud.



chronique complète en ligne sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2022/06/06/seul-pour-tuer-hitler-jean-baptiste-naudet/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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La blessure

C'est un récit autobiographique que nous livre ici Jean-Baptiste Naudet. Robert, le fiancé de sa mère Danielle est mort en Algérie en 1960 trois mois avant son retour, à l'âge de vingt ans. La date du mariage de Robert et Danielle était fixée... Vingt ans plus tard, mariée avec Gilles, le meilleur ami de Robert, mère de trois enfants, Danielle sombre dans la dépression et la folie. Personne ne sait pourquoi, Gilles ne comprend rien, Jean-Baptiste adolescent est désespéré de voir sa mère dans cet état....



Jean-Baptiste va devenir grand reporter de guerre et côtoyer la mort dans différentes zones de guerre en Afghanistan, en Bosnie, au Kosovo... Victime de stress post-traumatique il recherche les origines de son cheminement et réalise qu'il s'est inconsciemment identifié à Robert dont il a longtemps ignoré l'histoire. Il va alors reconstituer l'histoire de Robert et prendre connaissance des lettres que les deux fiancés ont échangées de février à juin 1960, date de la mort au combat de Robert en Kabylie. Des lettres dans lesquelles Robert confie tout à Danielle, le départ la fleur au fusil, le voyage en bateau à partir de Marseille, l'arrivée en Algérie, la première attaque, les opérations de "nettoyage", les soldats qui perdent les pédales, les exactions commises de part et d'autre, la torture dans cette "pacification " aux allures d'extermination... Des lettres dans lesquelles transparaissent l'amour de ces deux jeunes gens et leur confiance en leur avenir commun.



" La guerre, ce n'est pas seulement la "drogue du combat", cette addiction aux sensations fortes, cette soif d'action qui l'emporte sur la peur, ce concours idiot de machisme. C'est surtout une irremplaçable intensité des rapports humains, portés à leur incandescence."



Les histoires de Robert, Danielle et Jean-Baptiste sont entrelacées tout au long de ce récit très puissant. Jean-Baptiste nous apporte son regard particulièrement affûté de reporter de guerre pour nous immerger dans les horreurs des conflits avec des scènes très réalistes, très dures. Il nous fait ressentir la peur que le soldat a de prendre goût à la violence, de se laisser griser par les salves des mitraillettes. La crainte de se durcir, de se laisser séduire par le côté cow-boys de la guerre est la même pour Robert et pour lui, le combat qu'ils livrent contre eux-mêmes pour ne pas devenir des monstres est identique. Le contraste est saisissant entre les passages sur les combats et les très belles lettres d'amour de Robert et de Danielle dont l'auteur a eu la bonne idée de parsemer son récit. Ce roman empreint de rage donne une impression d'urgence, il évoque des destins tragiques, il raconte le lourd héritage pour Jean-Baptiste qu'aura été l'histoire de sa mère, le poids qu'aura été pour lui ce secret de famille. Il est aussi beaucoup question de culpabilité dans ce récit, culpabilité de Danielle envers le peuple algérien, culpabilité de Gilles envers son ami...

Ce roman est une sorte de cri qui, je l'espère, permettra à l'auteur d'accéder à la résilience, de se délivrer de ce passé qui l'obsède. J'ai eu l'occasion de l'entendre parler de son livre à Nancy et ai été impressionnée par l'émotion qui l'étreint encore quand il parle de son histoire familiale.
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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Seul face au Führer

Georg Elser est ébéniste, un homme simple, sans prétention, sans conviction profonde sauf une, ancrée, persuadé que la machination mise au point par Hitler et le parti nazi au pouvoir est désormais en ordre de marche pour déclencher la Seconde Guerre mondiale.



Le 8 novembre 1938, Georg Elser est à Munich, là où va se tenir la commémoration annuelle du putsch raté d’Hitler des 8 et 9 novembre 1923. Georg Elser est là, seul, discret mais plus que jamais motivé pour préparer son acte, « un acte qui peut bouleverser l’Histoire ».

On se croirait dans un roman policier, on aimerait qu’il en soit ainsi d’ailleurs, mais nous savons que quelques minutes suffiront à anéantir les efforts, les risques pris, l’abnégation dont a fait preuve Georg Elser.

Après « Seul pour tuer Hitler » et le combat mené par un autre loup solitaire Maurice Bavaud, Jean-Baptiste Naudet, sur les bases de documents d’archives, de témoignages et de nombreuses recherches en général, met en lumière ces hommes, isolés, mus par une volonté de fer et dont on ne parle jamais, qui ont payé de leur vie dans l’espoir d’en sauver tant d’autres !



Mais pourquoi ne communique-t-on pas davantage sur ces livres ? Ces témoignages ne valent-ils pas pages d’histoire et ces hommes ne méritent-ils pas titre de héros ?

Amis lecteurs (trices), dans votre librairie, déviez de votre trajectoire habituelle et oeuvrez à la reconnaissance de Maurice Bavaud et de Georg Elser, en lisant et en proposant à la lecture « Seul pour tuer Hitler » et « Seul pour abattre le Führer».

Merci à Babelio et aux éditions NOVICE.


Lien : https://mireille.brochotnean..
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La blessure

Jean-Baptiste est grand reporter. Pendant trente ans, il couvre les conflits en Yougoslavie, Tchétchénie, Irak, Afghanistan, Bosnie, Kosovo ou Rwanda. Un jour, il vacille et se retrouve en hôpital psychiatrique. Sa dépression traumatique déclenche chez lui un besoin vital de comprendre. Et c'est ce qui va l'amener à écrire ce livre fait de destins croisés.

Le récit commence en janvier 1980. Les premiers mots sont : « Ma mère devient folle. » On est immédiatement plongé dans un naufrage moral. Personne ne comprend cette grave névrose, ni le père ni le fils.

Le livre de Jean-Baptiste Naudet est puissant, intense. Une lecture qui prend à la gorge, aux tripes, au cœur.

Il nous révèle rapidement le secret familial. « Ce jour-là, ma mère me raconte une étrange histoire. Avant de se marier avec mon père, elle avait été fiancée à un de ses amis. Il a été tué au combat pendant la guerre d'Algérie...Je n'ai pas compris non plus pourquoi on m'avait caché cette histoire pendant des années. » (p.27) Danielle, sa mère, n'a jamais fait son deuil, malgré son mariage avec Gilles, le meilleur ami de son fiancé.

Longtemps, Jean-Baptiste s'est identifié, inconsciemment, au fiancé de sa mère. Il doit aller à la guerre et y mourir. Ce n'est qu'après trente ans qu'il comprend que son histoire et celle de sa mère sont étroitement liées. Dans son enquête, il découvre les lettres que s'écrivaient sa mère et le sergent Robert Sipière. On y lit un amour bouleversant, poétique, et on voit aussi la lente métamorphose de Robert, non-violent, humaniste et généreux, qui se dénature peu à peu face aux atrocités de la guerre. Il sait qu'il ne pourra pas s'échapper.

Un livre en clair-obscur, tanguant entre tendresse et violence, entre amour et brutalité, entre l'Algérie au printemps 1960 et les conflits récents vécus par l'auteur. Et toujours la mort aux trousses.

Magnifique, sans concession, plein d'humanité et de respect, « La blessure » est un roman à découvrir !

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La blessure

La blessure, de Jean-Baptiste Naudet, c’est le roman de trois vies qui n’en font qu’une, de tant de guerres multiples et cependant uniques, un roman de mort, d’amour, de vie.

Année 80, la mère de l’auteur, la douce Danielle, sombre dans la folie, un chagrin, une culpabilité, la rongent et la détruisent peu à peu. Son mari, Gilles, n’aura d’autre issue que de la placer en hôpital psychiatrique, pour sauver son fils de cette relation destructrice, intime, douloureuse. Mais pourquoi cette folie précisément à ce moment de sa vie, pour cette femme mariée qui a élevé ses trois enfants ?

En 1960, Robert l’alpiniste est en Grande Kabylie, en Algérie, impliqué dans cette guerre, qui fera tant de morts inutiles. Entre Danielle et Robert, c’est l’amour fou, celui des étoiles qui brillent la nuit, celui d’un avenir serein à deux, celui de la douceur et du bonheur. Alors Danielle attend le retour du conscrit qui se bat et s’efforce de rester un Homme sur ces terres de l’AFN (Afrique Française du Nord). Attendre et s’écrire, souvent, des mots d’amour et de vie, d’espoir et de projets, de caresses et de baisers tendres… Mais Robert ne rentrera pas, Robert est mort là-bas comme tant d’autres jeunes hommes de vingt ans à peine.

Et Jean-Baptiste, qui ne sait pas va vivre des années de douleurs, à se chercher, à tenter de comprendre qui il est. Reporter de guerre, il part sur les fronts les plus sanglants, les plus dangereux, pour affronter sa propre mort. Avant de comprendre enfin que c’est la mort d’un autre qu’il a inconsciemment endossée, recherchée, espérée.

A travers les mots de Robert, si puissants dans leur humanité et qui montrent son désir profond de rester un homme droit, humain, mais aussi à travers son expérience de journaliste, l’auteur parle de la guerre dans ce qu’elle a de plus absurde, de plus violent, de plus inhumain, de plus stupide.

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La blessure

Un récit qui m’a profondément marquée, un réquisitoire contre la guerre né d’une blessure, celle de la mort de Robert, jeune appelé durant la guerre d’Algérie. Celui-ci était le fiancé de la mère de l’auteur, Danièle. Une blessure qui se transforme en folie lorsque les souvenirs de sa mère sont insurmontables.

Jean-Baptiste NAUDET subira cette blessure de plein fouet et partira sur des zones de guerre en reportage, frôlant la mort, narguant le danger, spectateur de tueries d’une sauvagerie inouïe. Il affrontera sa propre folie, interné à son tour pour affronter ses démons.

Pour remonter le temps et comprendre l’origine de ce gâchis, l’auteur publie les lettres échangées entre sa mère et Robert. Pour une fois, le conflit algérien est vécu de l’intérieur, et donne la parole à un jeune appelé, sacrifié comme beaucoup d’autres dans une guerre absurde et perdue d’avance.

J’ai rarement lu de telles pages, pas seulement émouvantes mais aussi terriblement lucides. Dans ses lettres à Danièle, Robert s’interroge et ses doutes résonnent en chacun de nous. D’un côté, il déborde d’amour pour Danièle, un amour qui le fait tenir. Mais il fait aussi le douloureux constat qu’il est capable lui aussi de tuer par peur, par réflexe, pour sauver ses camarades.

La guerre peut transformer chacun d’entre nous en tortionnaire ou une sorte de héros prêt à se sacrifier pour les autres.

Seul bémol à ce récit : à un moment, j’ai vraiment eu un trop plein de cadavres, de putréfaction, de tripes à l’air, de sang et de massacres, la lecture est devenue alors très éprouvante. Pourtant, je n’ai pas envisagé d’abandonner tant cette lecture est nécessaire.

Hasard du calendrier, j’ai commencé ce livre le jour même où le Président de la République reconnaissait la responsabilité de l’Etat français dans l’usage de la torture en Algérie ; une amorce d’excuses au peuple algérien qui permettra un travail de mémoire et de réconciliation.

Les derniers mots sont ceux du père de l’auteur ; ils résonnent fort comme une mise en garde adressée aux nouvelles générations pour les inciter à réfléchir sur la politique, les encourageant à protester à temps et résister à toute forme de barbarie.

Un texte remarquable tant les intervenants sont lucides et humains.





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La blessure

Difficile de ne pas être bouleversé par cette lecture. Par les images de guerre tout d'abord, terribles, choquantes, plongeant le lecteur dans une réalité dérangeante, que ce soit dans l'évocation de ce que vit Robert, jeune appelé de 20 ans, quelque part en Kabylie, envoyé là comme beaucoup d'autres pour le « maintien de l'ordre » lors des « événements » d'Afrique française du Nord, ou à travers les souvenirs de Jean-Baptiste qui a couvert en tant que reporter les conflits les plus terribles de la planète.



Mais également en découvrant les lettres que s'écrivent Robert et sa fiancée Danielle, des missives émouvantes, poétiques, voire lyriques, pleines d'espoir et d'amour, mais aussi de peur, de doutes, Robert ayant l'intuition qu'il ne sortira pas vivant de l'enfer de cette guerre qui ne dit pas son nom, qu'il ne comprend pas, persuadé d'être un intrus qui affronte ceux qui défendent la cause la plus juste.



Les allers-retours sont fréquents dans l'espace et le temps, le récit débutant à Fontainebleau des années après la mort du jeune Robert. Danielle, qui a cru pouvoir oublier son premier amour et refaire sa vie avec Gilles, l'ami fidèle, l'épaule sur laquelle elle a pu s'appuyer pour fonder une famille dont fait partie Jean-Baptiste, est rattrapée par son passé et sombre dans une profonde dépression. Elément à l'origine - peut-être – du choix de son fils, apprenant l'existence de ce fiancé tragiquement disparu, de parcourir de façon addictive, presque maladive, les endroits les plus dangereux pour un journaliste, l'amenant lui-même aux limites psychologiques du supportable.



Un texte d'une grande puissance émotionnelle, dans lequel on ressent la nécessité pour l'auteur de mettre sous forme de phrases cette histoire familiale, comme une sorte de thérapie, et son besoin de dénoncer en son nom, celui de sa mère, de son père, sans oublier Robert, l'absurdité de la guerre qui les a meurtris, de la guerre en général et de la folie des hommes qui la provoque, et de rendre hommage à Danielle en citant Prévert : « Quelle connerie la guerre ! »



Difficile de ne pas être bouleversé par cette lecture, avec comme le sentiment troublant de s'immiscer dans l'intimité de personnes dont les mots étaient uniquement destinés à l'être aimé.
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La blessure

Jean-Baptiste Naudet est reporter de guerre , il a vécu l'horreur de la guerre au Kosovo , en Bosnie , en Afghanistan ou en Iraq , à tel point qu'il en garde un traumatisme .

Tout comme sa mère , qui sombre d'une façon inexplicable dans la folie . Elle aussi a vécu un conflit , par procuration certes : en 1960 , elle a échangé des lettres pendant un semestre avec Robert , son amant d'une seule fois , engagé malgré lui dans la guerre d'Algérie . On retrouve cet échange épistolaire dans ce roman , mot pour mot .

Nourri de Baudelaire , de Victor Hugo , de Rimbaud et de chansons de Barbara , Robert vit mal les exactions , les viols , l'incendie des maisons des Algériens et la torture , appliquée sans discernement . Il raconte toute cette horreur dans ses lettres . Danièle , la mère de l'auteur , n'en est pas sortie indemne , d'autant plus que Robert est tué au cours d'une mission par un jeune fellagha . C'est l'amour de sa vie qu'elle perd pour toujours .

En définitive , Danièle épouse le meilleur ami de Robert , Gilles , il est en quelque sorte le père de substitution de l'auteur .

Ce roman nous plonge dans les tréfonds de l'âme humaine , il nous fait toucher du doigt l'horreur de la guerre , surtout celle du colonialisme , il condamne l'oppression d'un peuple qui aspire à son indépendance .

Quand donc ces guerres et ces massacres d'innocents cesseront-ils ? Peut-être jamais , car la guerre a aussi à voir avec l'économie : les ventes d'armes sont une source inépuisable de revenus pour les nations qui vivent en paix .

J'ai vraiment beaucoup apprécié ce roman qui raconte une période que nous connaissons mal et une guerre dont personne ne veut parler , certainement à cause de la honte qu'elle représente .

Peut-on vraiment obtenir le pardon pour tous les crimes que notre armée a perpétrés ?
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