Citations de Jean-François Nahmias (31)
- Regardes-la bien. C'est l'épée de Spartacus. Depuis treize ans, je ne passe un jour sans venir la regarder. Il me l'a donnée au moment où nous nous sommes séparés, avant la bataille. Elle a été faite avec des chaînes, comme celle de tous ses soldats, car il faisait forger les armes de ses hommes avec les chaînes des esclaves qu'il délivrait. Comprends-tu ce que cela signifie ?
Prends garde au jugement de la postérité car si c'est toi qui fait l'histoire, ce sont les sénateurs qui l'écrivent!
- La caresse est le plus merveilleux des sens, car elle est vouée à la beauté. Tous les autres sens nous dominent ; nous sommes leurs esclaves. Nos yeux nous font voir l'or et les habits de gala aussi bien que les culs-de-jatte et les lépreux ; nos oreilles nous font entendre les cantiques de la messe comme le braillement des ivrognes et le gémissement des mourants ; notre nez nous fait sentir la rose et la merde, et combien de fois nous avons porté à notre bouche quelque chose d'immonde, que nous avons dû recracher ! Mais nous sommes les maîtres de nos caresses ; nous ne caressons que ce que nous avons choisi : la soie, le velours, la fourrure, la chevelure et la peau des femmes. C'est le seul sens qui soit fait uniquement pour notre plaisir !...
- Le pardon est plus facile à demander qu'à mériter...
Tu m'aimais, Titus, sans quoi, toi qui a fait preuve de tant d'intelligence pour découvrir la vérité, tu aurais tout de suite compris ce qui sautait aux yeux.
Le stoïcisme était une philosophie respectable, mais elle était bonne pour les vieillards.
Athènes était une ville d'hommes. Il se demandait comment un peuple, qui rendait un tel hommage à la féminité par les statues admirables qu'on voyait partout, pouvait à ce point la mépriser dans la vie. Mais c'était ainsi: en Grèce, les femmes étaient de marbre, pas d'os et de chair.
De là, on passait à Subure, les bas-fonds de la ville, domaine des brigands et des prostitués des deux sexes, dont la rue principale était surnommée "la rue aux Putains", ce qui en disait plus long que tous les discours.
[...] c'est sa transmission qui fait la grandeur du savoir.
Le peintre trouvère avisa un mur récemment refait à la chaux, sortit de sa besace un morceau de bois charbonneux et commença à dessiner.
- Regardez comment dansent les morts à la manière de Messire Macabré ! Regardez comme ils rient, comment ils frétillent ! [...] Et maintenant, quel titre allons-nous donner à ce chef-d'œuvre ?
Jean, qui était au premier rang, repondit d'une voix calme :
- Triumphus Mortis.
Le trouvère le regarda avec surprise.
- Voyez-vous cela ! C'est tout jeune et tout maigre et cela sait déjà le latin ! Qui donc t'a appris le latin, petit savant ?
- Un moine.
- Et que penses-tu être plus tard, avec toute ta science ?
- Un mort.
[...] il comprit que l'Église n'était à l'abri d'aucune des perversions du monde, car elle n'était composée que d'hommes [...]
- [...] Je fuis les émotions. Elles émoussent l'esprit, tout comme la graisse émousse le corps...
- Titus, je n'aurais pas dû !
- Delicia, comment peut-tu dire cela? Jamais je n'avais connu une chose pareille auparavant.
- Je suis sûre que c'est ce que tu dis à toutes celles qui viennent ici. Tu as la pire réputation de Rome. Tu payes l'impôt sur les célibataires et tu t'en vantes!
- A te regarder, j'ai envie de faire cette économie.
- Je suis mariée, Titus...
C'était peut-être cela, l’héroïsme : Le manque d'imagination. On va au devant de son sort d'un pas ferme parce qu'on ne comprend pas bien ce qui vous attend et quand on comprend enfin, il est trop tard.
- Les nuages sont le spectacle des amants. Ils sont faits pour ceux qui sont couchés le jour...
Ariane, comme sa compagne du mythe, avait le fil pour symbole et il ne pouvait s'empêcher de penser qu'il en était ainsi de toutes les femmes. Elles cherchent à attacher au foyer l'homme de leur cœur, en usant de tous leurs charmes, de tous leurs sortilèges. Dans un sens, comme Calypso, qui retint longtemps Ulysse dans son île, elles sont toutes magiciennes. Les hommes, au contraire, ne rêvent que de partir vers d'autres horizons, d'autres aventures.
- Il vaut mieux mourir libre que vivre dans les fers. As-tu idée de ce qu'est la vie d'un gladiateur ?
- C'est un sort cruel, mais c'est la destinée.
- La cruauté se combat, Flaminius, la destinée se change...
Qui était cette femme, à la fois sanguinaire et respectueuse de la vie d'autrui?
Qu'avait-il fait de bien, d'intéressant ou de beau, depuis qu'il était venu au monde? Rien, rien du tout ! Il avait coutisé les filles, fréquenté la jeunesse dorée de Rome, mené une vie de patricien désoeuvré. Sa vie n'était que frivolité,vanité, inanité !
Néron était là, assis juste devant lui. Il fit un geste de la main.
- Prends place!
La surprise de Lucius Gemellus se transforma en stupeur: il s'agissait des toilettes impériales! Celles-ci étaient collectives, comme toutes les autres, avec le luxe en plus. Un banc de porphyre rouge, dans lequel étaient percés quatre trous, en faisait le tour. Pour éviter un contact trop froid, des coussins, percés également, y avait été disposés. À côté de chacun d'eux, etait placée une corbeille d'or remplie de plumes d'oiseau multicolores destinées à s'essuyer. En dessous, un filet d'eau coulait avec un bruit harmonieux... Lucius ne revenait pas de l'honneur qui lui était fait. On ne partageait ses cabinets qu'avec sa famille et ses amis les plus intimes. C'était une marque d'estime bien plus grande qu'une invitation à dîner.