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Critiques de Jean-Luc Coatalem (285)
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Mission au Paraguay : Récit de voyage en Amériq..

Dans les années 90, Jean-Luc Coatalem, journaliste indépendant en mal d'inspiration, mais en recherche d'expiration, ressent le besoin de faire une pause pour se recentrer.

Pensant qu'un voyage peut lui être bénéfique il recherche une destination insolite qui pourrait lui permettre, dans l'isolement, de se retrouver, de faire le point.



Il décide alors pour s'autofinancer de postuler à l'Institut français (Bureau du livre du Ministère des Affaires étrangères à l'époque) pour obtenir une bourse Mission Stendhal ( subvention à un projet d’écriture nécessitant un séjour d’un mois ou plus à l’étranger en contrepartie duquel l' écrivain élu apporte son concours à la programmation et aux actions menées par le réseau culturel français dans son pays de résidence comme l'Alliance française).

Ainsi en 1994, sa candidature retenue, il peut prendre un aller-retour pour le Paraguay direction Asuncion.

Le projet d'écriture de Jean-Luc Coatalem : retrouver les traces ou marcher sur les pas de Domenico Zipoli (1688-1726) compositeur jésuite italien de«l' Orphée des Guaranis » en travaillant sur les missions jésuites, devenues à présent des vestiges d'une théocratie baroque. Il propose en échange des allocutions sur la littérature française, notamment « De Bougainville à Henry Michaux, la notion d'exotisme dans l'imaginaire européen »…



En quelques pages, Jean-Luc Coatalem, nous entraîne avec lui dans sa mission au Paraguay, récit de voyage en Amérique du Sud.

Un petit ouvrage où alterne le ressenti de notre journaliste avec une brève histoire de la colonisation espagnole au Paraguay jusqu'à la Guerre des Guaranis aboutissant en 1767 à l'expulsion des jésuites d'Amérique du sud, mais aussi un panorama rapide des événements de la politique contemporaine paraguayenne (Guerre du Chaco 1932-1935) et un aperçu du régime dictatorial du Général Stroessner (1954-1989) et de ses prédécesseurs.



Un ressenti exprimé de façon poétique au fil des jours qui s'égrainent et des crépuscules qui n'en finissent pas de mourir mais qui n'empêche pas l'auteur de nous faire part avec un brin de cynisme, d'humour, des données actuelles du Paraguay, « un bout de terre, cerné par d'autres terres  comme l'écrivit le poète Ruben Bareiro Saguer ». Données politique, économique, sociale et culturelle qui pointent les particularités de ce pays.



En ce qui concerne l'approche historique de Jésuites et de leurs missions, du passé colonial, elle nous est délivré par petites touches et ne peut que nous rappeler le fameux Mission de Roland Joffé auquel Coatalem fait lui-même référence.



Une lecture détente agréable, une parenthèse sud-américaine, un concentré d'informations instructives qui titille notre curiosité.

Le lecteur trouvera de nombreuses références d' auteurs qui ont fait la littérature paraguayenne (Augusto Roa Bastos, Ruben Bareiro Saguer ) ou sud-américaine (Horacio Quiroga).



Un petit guide très littéraire d 'un pays atypique d'Amérique du Sud, toujours méconnu qui à l'intérêt de montrer les capacités d'une population à oublier l'inoubliable et les richesses culturelles d'une société métisse.

Un clin d'oeil au pays de L'Oreille cassée d' Hergé.



Quant à Jean-Luc Coatalem le pari est réussi, il rentre à Paris requinqué par ce Far West tropical...

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La part du fils

La part du fils est pour moi un roman magnifique de Jean-Luc Coatalem, éblouissant, douloureux aussi. Forcément émouvant parce que cela a aussi réveillé des pans de mon histoire familiale...

Nous sommes sous le régime de Vichy. Début septembre 1943, Paol, un ex-officier colonial, est arrêté par la Gestapo dans un village du Finistère. Motif : "inconnu”. Il semble avoir été dénoncé. Il sera conduit à la prison de Brest, la prison de Pontaniou, puis ce sera l'engrenage vers les camps nazis, en France et en Allemagne, Buchenwald, Dora, puis Bergen-Belsem. Rien ne pourra l'en faire revenir. Il mourra là-bas. De cela, un silence pèsera longtemps sur la famille...

Ce livre ressemble à une sorte d'enquête sur l'histoire du grand-père de l'auteur, Paol.

L'auteur revient sur les pas de ce grand-père qu'il n'a pas connu.

Le narrateur du livre est bien l'auteur, il pèse ici un silence qui cache une douleur transmise d'une génération à une autre, sans que rien ne puisse la soulager. Pierre, fils cadet de Paol et père de l'auteur, demeure muré dans le silence.

Jean-Luc Coatalem nous délivre ce roman avec une immense générosité. Oui c'est bien un roman et non une autobiographie, car l'auteur invente parfois, trébuchant sur les silences, les vides d'une histoire qu'il tente de reconstruire à rebours. Qu'importe si cela l'aide à mieux revenir à son grand-père, aux siens...

Dans cette part du fils, je me suis demandé au travers de cette histoire, qui était le fils et quelle était sa part : Pierre, fils de Paol ou bien Jean-Luc, fils de Pierre.

La part du fils, c'est sans doute la part que le père de l'auteur n'a pas tenue, ce que son père n'a pas fait pour chercher à comprendre... Mais Pierre fut aussi un jour un enfant et attendit impatiemment le retour de son père avec l'attente de cet enfant qu'on imagine... Je suis persuadé que, de cette souffrance muette, il s'est ensuite enfermé dans un silence proche du détachement...

Forcément, habitant le Finistère depuis ma plus tendre enfance, ce livre était fait pour me happer. J'y ai reconnu tous les lieux qui sont cités. Cela ne suffisait pas bien entendu pour m'en faire un coup de coeur. Le coup de coeur est venu dans sa lecture et les choses qui sont venues après, ce retour d'une lecture comme le ressac de la mer, quelque chose qui vous ébranle un peu après... L'histoire de ma famille, aussi...

Ce roman éveille et visite des lieux que je connais presque par coeur. La presqu'île de Crozon et son splendide littoral, Plomodiern, la mer d'Iroise, le goulet, mais aussi la ville de Brest et l'ancienne prison de Pontaniou évoquée dans ce récit... Je connais et j'adore cette ville, pour y avoir vécu mon existence d'étudiant. Habitant à quelques encablures, de l'autre côté de la rade, un pont me sépare d'elle. Je m'y rend encore presque tous les jours. L'auteur la décrit comme je voudrais qu'on en parle. Oui c'est vrai, cette ville est franchement laide, les façades des immeubles sont grises, hideuses, il se dégage une reconstruction un peu à la façon stalinienne, comme on le disait à l'époque. Et pourtant, et peut-être pour toutes ces raisons aussi, cette ville cache une âme secrète. Chaque pas dans ses rues me fait dire que cette ville d'allure froide et humide recèle des endroits infiniment généreux.

La part du fils, c'est tenter de tourner les pages d'un album de famille, c'est effleurer des existences, des visages, des émotions. C'est remuer la poussière du temps.

Savoir pourquoi... Savoir qui... Les recherches du narrateur sont vaines au début.

C'est un travail de mémoire. C'est son héritage. Cette histoire, l'auteur en devient peu à peu le gardien et le passeur.

C'est aussi le sentiment d'un malaise qui étreint l'auteur et nous étreint aussi. Parce que son père ne veut pas s'en remettre à ce devoir de mémoire, ne comprend pas son fils qui cherche à savoir, à comprendre... L'auteur se heurte au silence de sa famille. C'est un sentiment douloureux.

Les fantômes du passé reviennent avec le vent du large, le ressac de la mer. La mer d'Iroise et son encre étale, entre chien et loup. les voix de Michèle Morgan et de Jean Gabin, venus ici tourner le film Remorques au début de la guerre, effleurent le bord des pages.

Brest, ville détruite d'où a surgi plus tard la vie, d'autres vies. Je me souviens que mon père, résistant, était présent sous les bombardements américains qui ont détruit la ville. Il s'est tu, n'a jamais voulu me raconter ce qu'il a vécu...

Brest, les rues mouillées de pluie et de mélancolie. Brest, lorsqu'on y parvient en train c'est le terminus, le bout du monde. Pour l'auteur, c'est une forme de terminus intime lorsqu'il revient sur les pas de son enfance...

Brest, ville terminus, j'imagine ce train en 1943 qui partit d'ici, traversa la France, traversa la nuit, les nuits, avec ses wagons plombés, jusqu'au camp de Bergen-Belsem où mourut Paol.

Je vais souvent dans ce quartier de Brest ou fut enfermé le grand-père de l'auteur, puisque la nouvelle médiathèque est à deux pas de là construite dans les anciens ateliers de la Navale ; c'est ici que je vais chercher parfois les livres dont j'aime à vous parler. Je longe la rue au-dessous de l'ancienne prison de Pontaniou et de ses façades lépreuses. Sur le mur de la rue il y a cette plaque commémorative « Ce lieu fut le dernier séjour après tant de souffrance d'hommes entraînés par la guerre vers leurs tragique destin. »

J'ai du mal à imaginer que Brest que j'aime fut l'antichambre de l'horreur et de la mort.

La part du fils, c'est aussi pour moi la part d'une sœur, l'une de mes sœurs, ma sœur ainée... La part de cette sœur dont j'ai reconnu dans ce récit une part de son histoire, celle d'où elle vient, sa naissance, en quelque sorte... Elle est née d'une histoire d'amour entre ma mère et un jeune résistant, qui malheureusement fut fusillé par la Gestapo trois jours avant sa naissance... Lui aussi avait été dénoncé comme deux autres de ses camarades... Ma mère se maria en 1947 avec celui qui devint mon père. Ma sœur appris brutalement cette histoire à l'âge de onze ans. Elle porta cela comme un fardeau... Nous autres l'apprîmes bien plus tard...

Ma mère s'était murée depuis longtemps dans le présent, ignorant ce passé qui pourtant lui avait fait connaître son premier amour. Elle est décédée il y a deux ans et ma sœur ainée, à son grand désespoir, jusqu'à l'ultime moment de son existence, jusqu'à son lit de mort, n'a jamais pu faire s'exprimer avec intimité notre mère sur cette épisode de sa vie... Ma sœur, tout comme l'auteur, a dû faire sa propre enquête toute seule, au prix de larmes et de joies...

Les guerres sont cruelles, tuant des gens sur place et continuant de détruire plus tard des familles, avec les secrets immenses, souterrains, creusant des zones telluriques à venir...
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La part du fils

«  Écrire comme un travail de deuil.Une effraction et une floraison . Une respiration entre deux apnées . »

Extrait significatif de cette quête - enquête sur la disparition d’un grand- père ,Paol, mort en déportation pendant la deuxième guerre mondiale.



J’avais lu en 2013 «  Nouilles froides à Pyongyang » Je redécouvre l’auteur qui , avec ténacité ,courage , magie de l’écriture , revient sur les pas de son grand- père et dénoue une histoire familiale , ancrée en Bretagne et en Indochine .



Jean- Luc fait revivre la mémoire de cet homme oublié , une figure tutélaire dont personne ne parlait jamais dans un dialogue singulier avec lui. : «  Je ne l’ai pas connu , un inconnu familier disparu trop tôt et mal .. »

Il veut savoir. comprendre . ....cherche le chemin de la vérité,



Septembre 1943 , sous le régime de Vichy , Paol, ancien officier colonial qui a survécu au carnage de la Première guerre mondiale ,a travaillé dans une imprimerie et une usine de construction .

Installé dans un petit village du Finistère il est arrêté par la Gestapo , une lettre de dénonciation a tout déclenché .....

L’auteur met ses pas minutieusement dans les pas de Paol, , fouille les archives régionales , triture des dossiers poussiéreux , quête des informations oubliées , sillonne les rues de Brest et les prisons, se rend partout dans les zones de transit,, les camps de concentration de Buchenwald - Dora et Bergen Belsen où Paol est mort, bravant les silences de son père, muré dans sa souffrance qui n’approuvait pas ce creusement de l’histoire familiale .

Dans ce pays de vents et de landes, on ne parle pas ....du malheur.....

Un texte fort et émouvant ,à la fois intime et universel , mêlant fiction et faits réels , aussi vibrant que digne !

La littérature sert aussi à ça : «  Et ce que je ne trouverai pas de la bouche des deniers témoins ou dans les registres des archives , je l’inventerai.Pour qu’il REVIVE » .



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La part du fils

Sur les pas de Paol



En creusant l’histoire familiale, celle de son père et surtout celle de son grand-père, Jean-Luc Coatalem nous offre son roman le plus personnel, mais revient aussi sur les conflits du siècle écoulé.



Commençons par dire quelques mots du titre du nouveau roman de Jean-Luc Coatalem. Dans La part du fils, il est en effet question d’un fils, le narrateur derrière lequel l’auteur ne se cache nullement, cherchant à découvrir qui était vraiment Pierre, son taiseux de père. Mais le récit va au-delà de cette génération et s’attarde encore davantage sur la part de Paol, le grand-père. D’où le titre de cette chronique et les premières pages, qui nous livrent en guise d’introduction, les éléments biographiques connus: «Paol est né en 1894, à Brest. Il vient d’une famille finistérienne où les hommes sont généralement employés à l’Arsenal, la base militaire et navale. Il a fait la Première Guerre. Il a épousé Jeanne. Trois enfants, Lucie, Ronan et Pierre, mon père. Officier de réserve, il a été muté en Indochine, dont il est rentré en 1930. Dans le civil, il a travaillé ensuite pour une imprimerie et dans une entreprise de construction. Puis, comme la plupart des Français, il a été mobilisé de nouveau, en 1939, au grade de lieutenant. Je ne l’ai pas connu. Parti trop tôt, trop vite, comme si le destin l’avait pressé. Mais il nous reste sa Bretagne à lui qui est devenue la nôtre.»

C’est à partir de ces indices que la quête va pouvoir commencer et nous réserver, comme dans les meilleurs romans policiers, quelques fausses pistes et quelques avancées remarquables, accompagnées d’émotions à intensité variable. Car remuer le passé n’est pas sans risques, d’autant que la vérité peut se cacher derrière bien des non-dits ou être à géométrie variable. Alors ne vaut-il pas mieux se taire?

C’est le choix qu’a fait Pierre: «Tout juste nous aura-t-il lâché un peu de son enfance saccagée, la morsure des dimanches pensionnaires, la veilleuse bleue des dortoirs au-dessus des cauchemars, l’odeur humide des préaux, cette dévastation initiale que le temps n'entama pas. Il lui avait fallu être ce fils courageux qui dut porter le poids de l'absence sur ses épaules, grandir quand même, et que les heures de la Libération ne libéreront pas, creusé par ce gouffre, au final le constituant, sans soupçonner que sa souffrance serait un jour, pour moi, son ainé, un appel.»

Après les bribes d’informations soutirées presque contre son gré à ce père, il faut élargir le champ des recherches, se rendre aux archives, chercher dans les dossiers, recouper des informations souvent parcellaires. Et quelquefois se contenter de l’histoire des autres, compagnons de régiment, de tranchée ou de captivité, qui ont cheminé aux côtés de Paol.

Jean-Luc Coatalem a compris que cette communauté de destin soude les hommes et que tous ceux qui se sortent de conflits aussi meurtriers que le fut la Grande Guerre se forgent une «opinion sur la peur, la mort, et entre les deux, ce qu’est la viande humaine sous un déluge de fer ou dans les volutes de l'ypérite.» Avant d’ajouter, fataliste: «Une histoire banale de soldat français. Paol n’a que vingt-cinq ans, Paol a déjà mille ans.» Et passer d’une guerre à l’autre, dont il ne reviendra pas.

Si j’ai beaucoup aimé suivre le voyage qu’effectue l’auteur sur les pas de ses aînés, c’est parce qu’il ne nous cache rien de ses tâtonnements, de ses doutes, de ses interrogations, obligé de concéder que «plus les choses se ramifiaient, plus elles se complexifiaient. Un témoignage venait en contredire un autre, les dates ne se recoupaient plus, il manquait des pièces et des interactions. Tout aurait-il été embrouillé? A qui s’adresser? Il aura beau faire, aller jusqu’à Buchenwald et Bergen-Belsen, le puzzle restera incomplet.

Mais ici ce n’est pas la résolution de l’énigme qui compte, c’est le chemin emprunté. Cette tentative de ramener à la lumière le destin d’un homme oublié, de «tenter de nouer ce dialogue singulier avec lui». Ce beau roman – plein de fureur et de pudeur – y parvient avec talent.


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Le gouverneur d'Antipodia

« Cette ile est un paradis, cette ile est un enfer ». Antipodia, ile perdue, loin de tout. Deux hommes en mission Le chef de poste dit Le Gouv. et Jovic. Deux hommes que tout sépare. Ici rien à faire ou presque. Jovic découvre une drogue qui l’embarque dans des rêves de plus en plus inquiétants, Le Gouv., malgré des soucis de santé lui tente de garder un brin de lucidité et de montrer un semblant d’autorité. Jean-Luc Coatalem dans ce court roman, nous offre un dépaysant mais aussi terrifiant voyage dans le conscient de deux êtres en rupture. Il installe petit à petit les pièces de son puzzle avec malice, cette endroit sauvage devient vite inquiétant, le quotidien primaire, ces deux personnages de tristes pantins. Deux solitudes au bord de la folie remarquablement décrites pour un roman qui tient ces promesses.





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Nouilles froides à Pyongyang

Petite visite guidée au pays de la pensée unique.



Sous couvert d'une fausse identité et flanqué de son ami Clorinde pourtant peu enclin au voyage, notre témoin va consigner jour après jour ses impressions dans son petit carnet à spirale grands carreaux histoire de conserver un souvenir ému de ce périple liberticide.

Une fois le passeport et les portables provisoirement confisqués, le temps est venu de faire plus ample connaissance avec ses guides attitrés très rapidement surnommés Kim 1, Kim 2 et Kim 3 pour des raisons évidentes d'évocations patronymiques un poil de panda facétieuses. Et autant s'y habituer tout de suite car ces trois cerbères mono-expressifs ne les lâcheront jamais d'une semelle, attachés et dressés qu'ils sont à la voix de leur maître Kim Jong-un, parfaite incarnation du dictateur omniscient.



La Corée du Nord, une évocation pressante au voyage, un vibrant appel de la mère patrie surnommée " Le Paradis Rouge ", comment ne pas succomber ?

Rien de neuf sous le soleil.

Enquillant les visites touristiques au parcours et à la durée préalablement établis histoire de bien rester dans les clous balisés par le " Grand Successeur " , et tout comme nos deux acolytes qui font là où on leur dit de faire sans possibilité d'y déroger, le lecteur médusé et impuissant subit un décorum factice assorti d'une propagande un brin agressive pour finalement hésiter à ne pas résilier son billet au profit de la République ( bonne vanne ) de Djibouti, pays à la dictature débonnaire et épanouissante. C'est vrai quoi, le totalitarisme, ça va un moment...



Sur un ton cynique et désabusé, Coatalem déroule sur la RPDC sans vraiment surprendre, confirmant férocement l'obstination d'Amnesty International à toujours lui refuser le prix orange du gouvernement le plus fun de ces 70 dernières années...
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Le sel de la Bretagne

Le sel de la Bretagne est une invitation à voyager dans le temps et dans les souvenirs d’auteurs du terroir.

Quand un collectif partage ses souvenirs, ses anecdotes, ses histoires. Tout vit, s’empreint de nostalgie, d’humour, de beauté.

Jusque là, la Bretagne c’était une terre de légendes, Brocéliande, l’ankou, les druides, le Triskel. Mais aussi l’océan, ses tempêtes, ses marées ( quel mystère pour une méditerranéenne). Et ensuite, Pêcheurs d’Islande, Bécassine, la musique.

Mais le temps de cette lecture, j’ai découvert une autre bretagne, grâce à ce collectif, ce pays s’est matérialisé avec ses peintres au printemps, son millefeuille du Faou,… je ne cite pas tout. Et le fou-rire que m’a fait prendre Yann Queffélec avec Météo.

J’en ressors avec l’envie de visiter tout ces lieux, qui m’ont séduite, à travers les récits de ces auteurs

Merci Les Presses de la Cité pour ce dépaysement.

#Le sel de la Bretagne#NetGalleyFrance

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Rien de neuf à Fort-Bongo

Que faire sous ces ingrates latitudes ? Qu'espérer ainsi dégoûté de soi et du relent des autres ?

Face à lui-même, Raoul Cordier s'enivrait comme on s'ensevelit, buvant pour s'assommer, se réduire.

Et, anéanti, roulant sur son bat-flanc, il disparaissait, soustrait de l'écœurante palpitation du monde, oublié des métamorphoses...

p11



J'ai ramassé cette BD suite confusion entre Fort-Bongo et le Fort-Gono

suite des tribulations de Ferdinand Bardamu en Afrique du temps des Colos....

Loin s'en faut, j'ai trouvé une autre transition

j'avais dans le livre de Céline un marque page en forme de papillon,

c'est la quête du Graal, le lépidoptère "Nosferatus Carminé" de cette illustration...

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Nouilles froides à Pyongyang

Sous le prétexte mensonger d'un voyage de repérage pour son agence de voyage, le journaliste Jean-Luc Coatalem obtient son visa, précieux sésame pour pénétrer dans le pays le plus fermé du monde : La République populaire démocratique de Corée. Flanqué de son ami Clorinde, un dandy casanier qui n'a jamais quitté la France, le voilà au pays des Kim pour un voyage surréaliste, sous la surveillance constante d'un guide, d'un traducteur et d'un chauffeur. Triste périple dans un pays gris où chaque visite est programmée, chronométrée, sans aucune place pour l'imprévu, l'improvisation, l'échange, les rencontres. Chaque jour, le journaliste consigne, dans un carnet caché dans la doublure de sa valise, ses impressions sur un voyage ennuyeux, sauvé de la dépression par la lecture du génial ‘'Mardi ‘' de Melville.



Rien de nouveau sous le ciel de Pyongyang. Jean-Luc Coatalem brosse un portrait sans concession d'un pays exsangue qui subit la dictature des Kim depuis que Kim Il-sung, le ‘'Président éternel'', le ‘'Professeur de toute l'Humanité'', a pris le pouvoir en 1949. Quand les deux amis s'y rendent, c'est son fils Kim Jong-il, le ‘'Dirigeant bien-aimé'', qui préside aux destinées de ses concitoyens, main de fer dans un gant qui l'est tout autant. La famine sévit, l'électricité est souvent coupée, tout comme l'eau courante, les rues sont vides et la population mal nourrie, mal vêtue, visages fermés, regards vides, essaie de survivre à ce régime liberticide, paranoïaque, absurde.

Rien ne trouve grâce aux yeux du journaliste qui promène son regard d'occidental condescendant sur les gens, la nourriture et même les paysages. On ne lui reprochera pas de rester insensible à l'usante propagande du régime mais on pourra s'étonner qu'il critique les portions qu'on lui sert à l'hôtel quand il sait pertinemment qu'il a le privilège de pouvoir se nourrir dans un pays où le plus gros de la population ne mange pas à sa faim. Moqueur et fier de ne pas être dupe du décor théâtral qu'on lui présente, il voudrait peut-être qu'on pousse le vice jusqu'à lui proposer des buffets à volonté ??

Instructif peut-être pour ceux qui ne sont pas du tout au courant de la situation en Corée du nord, ce livre n'apporte aucun élément nouveau à qui s'est déjà un peu renseigné sur le pays. Au contraire, c'est une suite de poncifs alignés sur un ton ironique, sans empathie, sans compassion. Malgré la surveillance des guides, l'ennui mâtinés d'un soupçon d'angoisse, les deux amis ont pu rentrer en France sains et saufs, retourner à leurs banquets gastronomiques et à la douceur de vivre d'un pays libre…Le peuple nord-coréen est, lui, condamné à vie.

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La part du fils

Jean-Luc Coatalem a pris à bras le corps cette histoire douloureuse qu’il raconte à la fois pour lui et pour sa famille. Cette histoire, c’est celle de son grand-père paternel qu’il n’a jamais connu, car mort en déportation. Une chape de silence a recouvert le destin de cet homme dont on refuse de parler dans la famille. La douleur est toujours là, tapie dans le souvenir et le vide creusés par l’absence d’un père pour ses deux fils et d’un époux pour la grand-mère de l’auteur.

Mêlant ses propres souvenirs de vacances en Bretagne, berceau de la famille Coatalem, l’auteur revient sur les traces de ce passé étouffé. Il cherche à comprendre la sidération et la souffrance provoqués par l’arrestation sur dénonciation, puis la déportation et la mort de Paol.



Rassemblant des bribes de l’histoire, il va remonter les traces de l’aïeul, cheminer à ses côtés pour tenter de comprendre. « Longtemps je ne sus quasiment rien de lui, hormis ces quelques bribes arrachées, ces miettes »

Né en 1894, Paol va connaitre l’enfer de 14-18. Officier de réserve, il partira deux ans en Indochine, laissant femme et enfants à Brest. Puis, en 1943, il est arrêté sur dénonciation et jeté dans les geôles de la Gestapo. Ensuite, après la prison à Brest, le camp de triage à Compiègne, suivra la déportation vers les camps de Buchenwald, Dora et Bergen Belsen.

Ce livre d’un destin fracassé, l’auteur le porte en lui depuis longtemps. Il va entreprendre un long travail de recherche et de documentation, chercher des témoins, afin de retracer le parcours de Paol. Son père Pierre ne comprend pas cette obstination, et la souffrance de la disparition d’un père est encore là, à fleur de peau.

Malgré la difficulté de l’entreprise, Jean-Luc Coatalem poursuit sa quête, allant même visiter ces lieux de mémoire que sont les camps, en particulier Dora. Creusé dans la montagne, Dora abritait l’usine de fabrication des V2. Les prisonniers, qui vivaient sous terre nuit et jour, travaillaient à creuser des galeries dans des conditions inhumaines. Rares ont été les survivants.

Au-delà du travail de recherche, la beauté du roman tient à cette approche imaginée de la vie de Paol, tous ces manques que le petit fils tente de combler d’une plume vibrante et sensible. Partant de quelques photos retrouvées, il remaille les trous de l’histoire et nous offre un récit troublant.

Je me suis laissée embarquée, à la fois par l’écriture, poétique, évocatrice, et par le récit émouvant.





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Le grand jabadao

Polar thriller autour du monde de l'art et de la Bretagne, rade de Brest...

Style original, dynamique et caustique.

Ensemble bien ficelé, avec des rebondissements arrivant au bon moment.

Personnellement, c'est juste la fin qui m'a laissé sur elle (ma faim).

Mais c'est quand même une lecture sympathique.
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Mes pas vont ailleurs



J’étais très curieuse de connaître la vie de Victor Ségalen, poète aux multiples facettes dont je dois avouer que je savais bien peu de chose.

J’ai découvert sous la plume de Jean-Luc Coatalem un personnage hors norme et totalement fascinant.

Bien qu’ un peu déroutée dans la première partie par une foultitude de citations, dates et autres informations qui m’ont obligé à un regain d’attention et à prendre quelques notes au passage, je me suis petit à petit laissée transporter.

J’ai aimé l’écriture élégante de l’auteur, j’ai lu de belles descriptions sur Brest en particulier. La longueur des phrases ne m’a pas gênée.

J’ai également apprécié le mode de narration choisie par l’auteur. En employant le « vous » pour présenter son personnage, il créait à mon sens une certaine proximité entre lui et son sujet, mais également avec le lecteur, qui en devient ainsi le témoin direct.

J’ai regretté par contre le manque de linéarité dans la relation des évènements.

Je me suis quelque peu perdus, mes pas ont parfois eu du mal à se mettre dans ceux de Ségalen, tantôt en Chine, tantôt en Polynésie, pour un retour dans la forêt de Huelgoat en passant par Brest.

Mis à part ce léger bémol, j’ai lu un livre passionnant, parfaitement documenté et qui m’a donné une grande envie de faire plus ample connaissance avec Ségalen.

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La part du fils

Paol est né à Brest en 1894. Il a épousé Jeanne et a eu trois enfants, Lucie, Ronan et Pierre le père du narrateur. Sous Vichy, une lettre de dénonciation a suffi, Paol a été arrêté par la Gestapo. On lui a retiré ses papiers, ses lacets, sa ceinture. Il est conduit à la prison de Brest, interrogé, puis transféré à Compiègne, un camp de transit où il est fiché et numérotisé, puis le voilà dans un wagon en partance pour les camps en Allemagne, direction Buchenwald.



À l'église de Kergat, son nom est inscrit sur la liste des victimes de la guerre. Au cimetière, il est gravé en lettres dorées sur le caveau familial qui ne le contient pas. le narrateur décide de partir à la rencontre de Paol son grand-père, résistant, déporté politique, disparu en Allemagne.



Jean-Luc Coatalem nous offre un récit très intime, celui de sa quête pour retrouver la trace de son grand-père disparu en Allemagne.

« J'avais le sentiment d'être à ma place, en phase, cette quête n'était pas une simple recherche, mais bien un pan de ma vie vraie. »



Contre l'avis de son propre père, Pierre qui ne s'est jamais remis du poids de cette absence, ne s'apitoyant jamais ni sur les autres ni sur lui-même, un taiseux qui a enfoui son drame et sa peine. Un deuil inachevé, le poids du silence.

« J'étais-là pour l'accompagner à rebours, le tenir à bras-le-corps, lui rendre ses contours et son allure. Un petit-fils devenu archéologue. »



Jean-Luc va donc fouiller les registres de la mairie, du département, de la préfecture, des services de police, à Paris, en Allemagne. Une quête pour retrouver n'importe quelle bribe sur un inconnu jeté au milieu de millier d'autres dans un convoi de la mort. Il manque presque toutes les pièces du puzzle, les témoins qui ne veulent pas parler ou qui ont disparu.



Ce livre m'a intéressé bien au-delà de cette recherche familiale de l'auteur. Bien au-delà des portraits d'hommes qu'il dessine Paol, le grand-père, Pierre le père, Ronan l'oncle. Il aborde en effet lors de sa visite à Dora, " au pays des bourreaux ", le camp qui devait fournir douze mille missiles pour inverser le cours de la guerre, le sort des anciens criminels nazis. C'est dans ce camp comme dans d'autres que des prisonniers vont fournir une main-d'oeuvre gratuite et corvéable à merci, des esclaves pour la machinerie nazie sous la houlette de Wernher von Braun. Personnage trouble, devenu citoyen américain en 1955, avec ses équipes venues de l'ancienne Allemagne Hitlérienne il est le père de la fusée Saturne pilier de la conquête spatiale. Les premiers pas de l'homme sur la lune ont été faits en partie sur les cadavres de ces milliers de prisonniers. Ce qui relance le débat sur ces industriels qui ont bâti leur empire en profitant de cette main-d'oeuvre bon marché, renouvelable en permanence, les nouveaux débarqués des trains remplaçants les morts à l'infini. Terrible et glaçant.



« N'en déplaise à von Braun et à son sourire triomphal, sa conquête des étoiles avait dû franchir d'abord la porte des enfers. Les prisonniers de Dora en firent les frais, Paol parmi eux. Comment l'oublier en regardant le ciel ? »







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La part du fils

L'auteur raconte l'histoire de son grand-père, disparu dans un camp de concentration nazi.

En incessants aller-retours, il remonte le temps, il passe de la grande boucherie que fut la guerre de 1914-1918, décrite en phrases percutantes, à l'arrestation de Paol, puis suivent une description de l’atmosphère brestoise et une visite en Indochine à l'époque de la colonisation française.

Après quelques pages, ces sauts dans le temps et dans l'espace ne m'ont pas dérangée.

Nous suivons aussi Jean-Luc Coatalem dans ses recherches auprès des archives départementales de Quimper, puis dans la campagne bretonne et jusqu'en Allemagne, à Buchewald, Dora et Bergen-Belsen où son aïeul a terminé sa vie.

Cette quête est pour lui l'occasion de mettre à jour les non-dits dans sa famille, de comprendre pourquoi il en savait si peu et de découvrir enfin son nom sur des registres et des monuments. La grande Histoire est bien présente, celles de toutes les guerres françaises du XXème siècle, y compris la guerre d'Algérie qui a vu la brouille entre son père et son oncle se concrétiser.

Ce livre est écrit pour partie pour son père, qui refusait d'en parler.

La visite des camps est poignante, l'auteur ne pouvant même rester dans le tunnel construit pour abriter les missiles de Von Braun (futur concepteur de la fusée qui se posera la première sur la lune) et dans lequel travaillait son grand-père. On voit là encore que l'être humain est capable du pire comme du meilleur.

C'est un livre d'introspection (et si...), il est moyennement épais (quelques 260 pages) mais chacun des chapitres est riche de réflexion, d'interrogations et d'évocation d'ambiances et de paysages. D'ailleurs, j'avais apprécié d'autres romans de cet auteur, tel celui sur Gauguin, qui tous se référent plus ou moins à son histoire familiale.

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Le sel de la Bretagne

Un recueil de divers textes écrits par 36 auteurs ayant tous un lien avec la Bretagne : des souvenirs pour la plupart, des poèmes, des récits d'odeurs, de sons et d'images mais aussi sur des objets et des goûts qui la représentent !



Nul besoin de connaître la Bretagne pour être touché par ces mots qui respirent l'amour, le bien-être, l'apaisement ou l'envie d'y retourner et s'y lover ! La Bretagne me manque et j'ai plongé avec délectation dans ces récits qui pour la plupart m'ont parlé !



Ne vous attendez pas à un fil conducteur narratif, ce sont textes d'émois et de sensations personnels et n'ont pas la prétention de donner dans la littérature, uniquement celle de partager la passion pour un pays, si beau et si riche !



#Leseldelabretagne #NetGalleyFrance
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La part du fils

A mes deux grands-pères, tous deux déportés, et l'un même lors des deux guerres. Ils en parlaient très peu.

A mon papa, ex-inspecteur de français, qui s'en va doucement à mots comptés.

A mon plus jeune frère, professeur de français dans les hautes écoles, qui m'a donné ce livre à lire.





Un livre à découvrir. De quoi parle-t-il donc ce livre de silences ? Des dommages collatéraux de la guerre dont l'onde de choc se répercute sur des générations ? Ou bien la guerre n'est-elle que le détonateur à cet assourdissant silence ? Indicibles non-dits nid des secrets de famille en fouillis, enfouis. "Le silence était une pâte transparente qui avait durci jusqu'à nous immobiliser dedans." p.206





J'ai de la littérature l'idée, l'espoir, le rêve de nous approcher au plus près de notre humanité. Si j'étais professeur je le proposerais en lecture à ma classe, je leur ferais comparer cette phrase de la p.16 "Des années après, en dépit du temps passé, j'irais à la recherche de mon grand-père. Comme à sa rencontre". avec celle de la quatrième de couverture "Des années après, j'irai, moi, à la recherche de cet homme qui fut mon grand-père. Comme à sa rencontre." A la rencontre de ce moi qui s'est effacé, et de ce simple "s" soulignant une condition indéfinie. Condition humaine. Indéfinie marge de liberté.





Et puis ce qui frappe c'est ce Pierre, certes beau prénom s'il en est, mais qui ne saurait remplacer un papa qui ne s'exprime pas.

Un livre à la rencontre de soi.

Un livre beau comme un homme.
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Nouilles froides à Pyongyang

Eh bien quelle lecture originale !! Une immersion en Corée du Nord comme je n'en avais jamais vécu auparavant! Jean-Luc "Monsieur Jean" & son ami Clorinde vont prendre des risques fous pour voir l'envers du décors en Corée du Nord! Là-bas, le civils les traitent comme des pestiférés, les étrangers attirent les ennuis... Le moindre livre (hormis le journal présidentiel) coûte un bras en plus d'être écrasé par la censure. "Les Kim" vont servir de guide aux Français. On essaye le plus possible de les "contrôler" bref à ce qui parait on en sait moins sur la Corée du Nord que sur le système solaire... Le culte de la personnalité, quelle chose atroce!

En revanche, j'ai peur que les information soient un peu datées (2013!!), c'est pour ça que je l'ai eu pour une bouchée de pain... En plus même le style fait "daté"...
Lien : https://vella.blog/
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Le dernier roi d'Angkor

Lucas le narrateur décide de partir à la recherche d’un jeune cambodgien ? habitué des réunions familiales de leur enfance. Bouk (surnom du jeune garçon) a disparu du jour au lendemain, sans explications des adultes. Devenu adulte lui-même, Lucas, entre deux histoires d’amour, se lance dans une improbable quête, retrouver ce frère de cœur.

Jean-Luc Coatalem que je découvre avec ce livre, à une petite musique intérieure qui m’a séduit. Un roman tout en douceur, empreint de mélancolie, Coatalem installe son histoire, avec un style plein de poésie et de délicatesse. Certains lui reprocheront un manque de rythme, mais ces voyages dans la mémoire et dans la mystérieuse Angkor ne manquent pas de charme. Jolie découverte, qui me donne envie de retrouver cet auteur prochainement.

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La part du fils

La part du fils Jean-Luc Coatalem Stock. Août 2019

#LaPartDuFils #NetGalleyFrance



"Dans ce pays de vents et de landes, on ne parle pas du malheur. Des années après, j’irai, moi, à la recherche de cet homme qui fut mon grand-père. Comme à sa rencontre. Et ce que je ne trouverai pas, de la bouche des derniers témoins ou dans les registres des archives, je l’inventerai. Pour qu’il revive. "

Presqu'île de Crozon, en face de Brest, juillet 1943 un homme est arrêté par la Gestapo. Cet Homme c'est Paol Coatalem, le grand-père de Jean-Luc. Il ne reviendra pas.

Le silence fait le deuil ou le deuil est fait de silence, une seule chose est sure le choc a été brutal, Pierre le fils de Paol et le père de Jean-Luc s'est muré dans le silence.

Jean-Luc veut savoir, comprendre le pourquoi, le comment, qui était cet homme dont il descend. Le chemin sera long quasi obsessionnel, la route le mènera des côtes bretonnes à Compiègne puis en Allemagne ... Une route douloureuse mais indispensable à celui qui veut savoir. Connaitre mieux ce grand-père trop tôt disparu n'est-ce pas à la fois lui rendre la place qu'il n'a jamais cessé d'occuper et en même temps apprendre qui l'on est d'où l'on vient ?

Un texte fort et émouvant. Mêlant faits avérés et fiction Jean-Luc Coatalem retrace la vie de ces nombreux hommes et femmes qui, un jour , ont pris ces trains pour nulle part.

Merci aux éditions Stock pour ce partage.
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Mes pas vont ailleurs

L'HOMME QUI CHERCHAIT LES LICORNES...



Avant d'entamer quoi que ce soit ici, je tiens à remercier très chaleureusement Soazcongar sans laquelle je n'aurais sans doute jamais pris le temps de lire ce très joli texte de Jean-Luc Coatalem et qui a eu la gentillesse parfaitement inattendue de m'offrir son exemplaire. Grâce lui en soit rendue !



«Je ne prétends point être là, ni survenir à l'improviste, ni paraître en habit et chair, ni gouverner par le poids visible de ma personne ,

Ni répondre aux censeurs, de ma voix ; aux rebelles, d'un oeil implacable ; aux ministres fautifs, d'un geste qui suspendrait les têtes à mes ongles.

Je règne par l'étonnant pouvoir de l'absence. Mes deux cent soixante-dix palais tramés entre eux de galeries opaques s'emplissent seulement de mes traces alternées.

Et des musiques jouent en l'honneur de mon ombre ; des officiers saluent mon siège vide ; mes femmes apprécient mieux l'honneur des nuits où je ne daigne pas.

Égal aux Génies qu'on ne peut récuser puisqu'invisibles, - nulle arme ni poison ne saura venir où m'atteindre.»



Ainsi s'exprimait Victor Segalen dans l'une de ses plus belles "Stèles", l'une des plus complexes aussi sans nul doute, nommée par lui d'un épigraphe signifiant "Éloge de l'invisible". Ce Royaume de l'invisible, du merveilleux, ces lieux où règnent Empereurs mythiques et animaux fabuleux - Dragons anciens, bien sûr, mais aussi ces si étranges et mystiques licornes - le brestois l'aura probablement cherché toute sa vie durant. L'aurait-il découvert par une grise journée de mai 1919 - le 21 ? le 23 ? Nous ne le saurons jamais avec exactitude -, lui dont le corps sans vie, «étendu, son manteau plié sous sa tête, les yeux lavés de pluie, grands ouverts» dans cette antique forêt du Huelgoat, - possible trace éparse de la légendaire Brocéliande -, fut retrouvé sur ce belvédère où sa femme Yvonne et lui se retrouvèrent parfois pour lire et faire l'amour, cette petite avancée sur-plongeant le "gouffre", cet invraisemblable chaos de pierres énormes qui fait aujourd'hui la joie des touristes et du promeneur.



C'est à partir de cette mort mystérieuse, possiblement codée, accidentelle selon les autorités de l'époque, suicidaire à en croire ses fidèles, ses proches que le grand voyageur Jean-Luc Coatalem déroule les pas d'une bien étrange recherche biographique au cours de laquelle le lecteur croisera tout aussi bien André Breton et quelques uns de ses amis, le "Pape" du surréalisme ayant toujours éprouvé grande estime pour l'oeuvre complexe, difficile, riche et belle de cet écrivain, poète, essayiste, arpenteur, médecin, militaire, sinologue, archéologue, musicien, esthète, intellectuel et, enfin, ou peut-être surtout, rêveur de génie ; mais aussi le grand poète - complètement et si injustement oublié - Saint-Pol Roux, que ses pas amèneront du côté de l'aride presqu'île de Crozon et que l'on croise ici ; c'est encore Gauguin qu'il aurait presque pu rencontrer du temps où il se trouvait en Polynésie tandis que le peintre se mourrait sur son îlot, n'étaient les hasards contraires de l'existence, Gauguin dont la découverte de l'oeuvre lui causa un choc esthétique inouï ; c'est encore Paul Claudel, un ami sincère mais pesant avec son catholicisme triomphant dont vil n'avait que faire, lui, converti à une sorte de paganisme personnel ; impossible de ne pas signaler d'autres noms aujourd'hui oubliés bien que du premier cercle des fidèles : Augusto Gilbert de Voisin, écrivain à succès aujourd'hui presque totalement oublié, dont les subsides quasiment inépuisables permettront à Segalen de monter de rocambolesques quoi que fort sérieuses expéditions et de s'adonner à son goût pour l'archéologie dans cette Chine éternelle presque entièrement méconnue, y compris des chinois eux-mêmes ; c'est aussi Jean Lartigue pour lequel vous éprouvez une amitié si forte, si complice qu'elle laissera planer à jamais un doux soupçon d’ambiguïté amoureuse ; c'est, bien entendu, Maurice Roy, ce fascinant jeune homme tant intégré dans la société chinoise de Pékin qu'il passerait presque pour un autochtone, qui permettra d'enrichir tant le chinois que l'imaginaire de Segalen, fait de magie, de chimères, d'Empereurs empoisonnés et de concubines innombrables, au point qu'il lui suggérera l'un de ses meilleurs textes, sinon le meilleur, l'inclassable Simon Leys ; Il y aura aussi son épouse Yvonne, fidèle par-dessus tout, malgré les infidélités, de toutes sortes ; il y aura cette longue et douloureusement fantasmagorique pratique de la "Fumée d'opium", que vous aviez en commun avec nombre de vos relations dont celle de Claude Farrère ; il y eut aussi les ombres tutélaires et bienveillantes de Nietzsche - votre «philosophe de chevet" explique Coatalem -, de Rémy de Gourmont - latiniste, écrivain et essayiste aujourd'hui trop oublié mais qui marqua de son empreinte toute une génération d'écrivains et de poètes - , de Rimbaud, un modèle inépuisable sur les pas duquel vous irez à l'occasion d'une longue escale dans la Corne de l'Afrique, de Shakespeare dont il ne se séparait plus, de son Hamlet surtout, en ces dernières lugubres journées... et de tant d'autres qu'il serait vain de citer in extenso mais qui importèrent au cours de sa "vita brevis"...



Mais Jean-Luc Coatalem ne s'arrête pas seulement à cette succession de noms, de faits, avérés, déjà longuement mentionnés, expliqués, compilés à l'occasion d'autres biographies souvent fort savantes de l'auteur des Immémoriaux, voire de thèses pointues, fastidieuses, inestimables, incontournables sans doute. Il ne peut s'empêcher, lui aussi breton de Brest, de "Brest même" pour être parfaitement précis, voyageur impénitent, amoureux des ailleurs et, plus particulièrement, de cette Polynésie où Segalen fit, pour ainsi dire, ses premières armes en tant qu'écrivain mais où il découvrit et réfléchit, avec une tension, un à propos très annonciateurs des réflexions contemporaines sur l'exotisme, sur l'autre dans ses différences culturelles, religieuses, artistiques, sociales, ce qui fait que nous sommes tous humains d'une même planète, aussi.



Ainsi, plus qu'à une véritable biographie nous emmenant, de manière plus traditionnelle, d'une naissance à une mort, moins encore de ces lourdes et fastidieuses, énormes biographies "à l'américaine" ou l'on apprend parfois jusqu'aux détails les plus inutilement triviaux, c'est à un essai entremêlant savamment et délicatement biographie et autobiographie que l'auteur de "La Consolation des voyages" nous convie. Il ne dit d'ailleurs pas autre chose dans un entretien accordé à Babelio : «Je voulais écrire une sorte de livre hybride qui est à la fois une évocation biographique et un parcours dans la vie de Victor Segalen». De fait, la forme peut surprendre, décevoir peut-être, à qui s'attendait à tout découvrir de ce grand poète un peu trop oublié, même en Bretagne, y compris des étudiants de Brest qui traînent leurs guêtres sur les bancs de cette université qui porte son nom... Il faut alors seulement se laisser bercer par cette plume emprunte d'une douce nostalgie et d'un amour commun pour cet ailleurs jamais parfaitement assouvi, possiblement inassouvissable, car comme le rappelle avec poésie le titre de ce bel ouvrage, Mes pas vont ailleurs pourrait être le mot d'ordre de tout vrai voyageur - lequel n'a décidément pas grand chose à faire avec le consommateur touriste -.

Bien entendu, l'exercice connait ses propres limites. Celle de laisser à la porte le lecteur n'ayant qu'une connaissance faible de l'oeuvre de Victor Segalen, voire qui le découvre à cette occasion, ou même celle de Jean-Luc Coatalem, ce qui est cependant moins indispensable car alors les éléments autobiographiques de l'ouvrage peuvent passer pour des moments de respiration interne à ce dernier, des moments de pause, de mise en perspective à l'aune d'un regard contemporain porté sur un être et une oeuvre qui sonne son siècle et quelque, désormais. Avec ces étrangetés que peuvent avoir les souvenir d'un inconnu qui se raconte et que l'on découvre. La mise en scène de l'altérité.



Mes pas vont ailleurs débutent par cette bizarre mort - où Coatalem pense découvrir une véritable mise en scène des derniers instants de Segalen. Un peu à la manière d'une enquête policière, très largement contingentée par le terrain (que le romancier connait bien, tant leurs parcours ont pu se croiser à plusieurs décennies de distance, de la Bretagne originelle - il faut prendre le temps de lire ces troublantes et justes évocations de Brest ou de Huelgoat, saisissantes de vérité... Pour qui connait ces lieux - à la Chine et au Pacifique), l'auteur de "Je suis dans les mers du sud" (qui évoque Gauguin, autre point commun) déroule sans ordre apparent - ce qui peut désarçonner - les moments les plus essentiels de cette vie digne d'un roman. Afin d'aller chercher au fond de cet intense moment créatif, d'un imaginaire abyssal et lumineux à la fois, que Victor Segalen rédigea, tel un immense rhizome, en une quinzaine d'année à peine, Coatalem déroule, déplie, aplani mais sans jamais essayer d'amidonner, de défroisser cette carte vénérable d'un continent large et inaccoutumé. Et comme toute enquête, celle-ci débute par un cadavre et se termine, faisceau d'indices après faisceau d'indice, par l'exposé des hypothèses les plus plausibles concernant cette fin plus concentrique qu'excentrique, mais sans que rien puisse désormais jamais être résolu.



Le résultat, c'est cet essai hybride, ce texte parfois fulgurant, parfois énigmatique, prenant ici le risque d'une certaine répétition, là du flou important, qui manquera parfois d'un peu de densité, du moins de détails ou d'approfondissement, mais c'est là le parti pris fort respectable de l'auteur.

Servi par ce style amoureusement mélancolique et langoureux par instants, délicat toujours, amoureux lorsque c'est indispensable, à la manière d'une longue, très longue adresse envoyée à travers les limbes du temps à un poète révéré, porté en soi - et sur soi, au sens propre - depuis les années de formation, Jean-Luc Coatalem sert-là un livre délicieux, à part (comme tous ses textes, d'ailleurs), poursuivant ainsi sa longue pérégrination à travers le grand mystère humain du monde. Chacun cherche sa Licorne...
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