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Citations de Jean-Marc Parisis (98)


Tout crime est perpétré en connaissance de la saloperie de la vie.Le mal n'est pas conçu par l'homme,il n'appartient qu'à la vie.Le bonheur,le malheur,les joies,les peines qui nous traversaient ici bas,on ne pouvait les tenir pour des châtiments ou des récompenses,ils n'étaient que le fruit insensé du hasard.
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En général,il n'y a pas d'amour heureux.L'amour est inquiet,mendiant,il devient vite un droit à tyranniser l'autre.Nous,nous étions toujours riches de nous voir,dans un bonheur limpide et confiant.
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Elle n'était fanatique en rien, mais elle vouait une sorte de passion à Marilyn Monroe.Une sainte de chair, vibrant d'un mystère inavouable,encombrée de sa beauté,la portant comme une croix,sacrifiée à toutes les ordures.
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Ava n'eut jamais qu'une ambition,une ambition qui requérait autant d'orgueil que d'humilité:se battre contre les jours,ne pas les voir passer.Elle était vraiment résolue à inventer l'éternité,du moins à la postuler.C'est sans doute ainsi qu'elle voyait l'amour,sans le nommer.Tout,toujours.Ou rien,jamais.
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Ancien professeur de français et de latin, Béatrice n'aimait pas le mot start-up.
- Ça fait pin-up, huppé. Les trois quarts des gens ne comprennent pas
- Ils devront s'y faire. Les start-up ne datent pas d'hier. IBM était une sorte de start-up en 1911. La France manque de culture managériale. Qu'en dis-tu, Quentin ?
- Pour start-up, il n'y a malheureusement pas de synonyme.
- Bien sûr que si, dit Béatrice. Il y a « jeune pousse ».
Crâmon pouffe comme un collégien.
- Pourquoi pas « engrais » ou « arrosoir » ?
Gros yeux de Béatrice.
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(Les premières pages du livre)
Je me souviens, l’appartement de la rue de la Chaise, près du Bon Marché. Les murs blancs à moulures, l’odeur de café et des smoothies à la fraise. La fontaine et le jardinet dans la cour intérieure. Le quartier général pour la campagne des primaires du Parti socialiste en 2006. Un petit groupe de garçons et filles, 20-30 ans, dévoués corps et âme à l’ancien Ministre, au Professeur, à l’Agrégé, à l’Économiste, à notre « dieu », Richard Eleski.
Il débarquait, le costume froissé, le cheveu en bataille, se posait, les reins lourds, dans son fauteuil Empire. Vidait un grand verre d’eau, nous fixait de ses yeux pochés et pénétrants… « Il faut chercher les angles morts, mes petits. Les prélèvements obligatoires et les impôts, cela n’a rien à voir. » On prenait des notes, raturait, surlignait. Parfois, ça chauffait… « Si je n’ai pas ce rapport demain, je vous coupe les couilles. » Au bout d’un moment, il regardait sa montre, se levait de toute sa masse, repartait, on ne savait où. Laissant des deux côtés du fauteuil ses mentors en communication, la fashionista rusée Pénélope Pradat et l’intellectuel Claude Lécharpe de la Fondation Léon-Blum. Deux salariés du groupe BHVA, experts en ventes de discours et placements d’idées, qui rivalisaient d’ingéniosité… « Ne jamais parler de la réalité. Ne jamais parler de la vie. Bien les connaître, ne jamais en parler. Les contourner. Prendre la parole, jamais le sujet. — Inverser, déplacer, colorer, éluder, biaiser, dilater, mentir sans mentir. » Pourquoi mentir ? On pouvait toujours faire mieux.
J’avais 20 ans. Ma famille habitait dans le Loir-et-Cher. Blois. Mon père, blésois de souche, enseignait la philosophie dans un lycée de la ville. Ma mère travaillait dans une compagnie d’assurances avec du sang espagnol dans les veines ; sa grand-mère antifranquiste, réfugiée à Blois pendant la Retirada, avait épousé un infirmier des Grouëts. Après le baccalauréat, j’étais venu à Paris pour étudier à Sciences Po. C’est là où j’avais rencontré Richard Eleski, on discutait parfois avec lui à la fin de ses cours d’économie politique… « Je suis socialiste. Je suis social-démocrate de conviction. Si j’étais président ?… Eh bien, je ferais porter l’effort sur la formation, j’ouvrirais un droit nouveau, permettre à chacun de se reformer à un moment de sa vie. » La rue Saint-Guillaume et la rue de la Chaise se touchaient presque. Un jour, j’avais sonné à la porte du QG d’Eleski. Julien Bidard, l’un de ses assistants, m’avait reçu. Trente ans, bien plus âgé que moi, Bidard, mais encore assez jeune pour se distancier du socialisme social-démocrate, formateur ou non… « De vieux mots, rassurants par leur usage, leur usure. Le débat public réclame des références, même obsolètes. Mais Richard Eleski, c’est bien autre chose, de plus aventureux, de plus excitant. Crois-moi. » Eleski avait le corps, la voix, l’intelligence, la culture, la profondeur d’un homme qu’on pouvait croire. Un Européen, parlant l’anglais, l’allemand, l’espagnol, l’italien. Un Moderne, précurseur du blog politique en France, malgré ses 50 ans bien tassés. Ça nous allait bien, nous, millénials du troisième millénaire, décidés à sortir de la sale histoire du XXe siècle par les nouveaux outils numériques.

Malgré les meet-up entre blogueurs et militants et les discours de la méthode Lécharpe et Pradat, Eleski s’est crashé à la primaire socialiste. Aplati par la présidente de Poitou-Charentes, Mme Démocratie-Participative. Si participative qu’elle avait refusé de débattre avec lui. Si mauvaise que Mathieu Carchère a gagné la présidentielle et soutenu la candidature d’Eleski à la direction du Fonds monétaire international. La bande de la rue de la Chaise s’est dispersée. Bidard a rejoint son Ardèche natale pour se relancer dans la politique locale. Moi, j’ai passé mes diplômes à Sciences Po, entrepris un voyage d’études à Barcelone, fréquenté l’université Pompeu-Fabra, l’une des meilleures en matière de sciences politiques et de communication. À mon retour à Paris, je suis entré chez BHVA (sur recommandation de Lécharpe), où j’ai gravi tous les échelons du conseil. Wording, drafts, story-telling, rapports pour patrons du CAC 40, coaching de chefs d’État du tiers-monde, etc. Ma petite amie de l’époque, interne en médecine, me traitait gentiment d’imposteur… « Tout ça, c’est de la pub, de la com, de l’enfumage. — La pub, c’est la poésie des pauvres. La com, celle des cadres. Rien à voir avec mon job. Je m’occupe d’Expertise et de Stratégie. »

La stratégie consistait à ne pas lâcher Eleski, de plus en plus socialiste de droite à Washington, de plus en plus déroutant aussi dans sa gestion du désir et de l’ennui loin de Paris. Pradat a pris le premier vol pour déminer l’affaire de l’économiste danoise harcelée au FMI. J’ai fait ce que j’ai pu pour distraire la presse à Paris : recadrage du contexte, attente dilatoire d’éléments nouveaux, rappel de la présomption d’innocence, sanctuarisation de la vie privée. Malgré ses dragues sauvages, Eleski restait la personnalité politique préférée des Français pour la présidentielle de 2012. Et cette fois, le terrain de la primaire était dégagé, la grande famille sociale-démocrate ne proposant qu’un panel de seconds couteaux, dont Henri Boulende, l’ex-concubin de Mme Démocratie-Participative. Pour fêter les 60 ans d’Eleski, on lui a offert une photo du président américain de la série The West Wing dédicacée par l’acteur : « Au futur vrai président de France. Good luck ! » On pouvait toucher Martin Sheen, on pouvait toucher n’importe qui avec la carte Eleski. Il allait bouffer Boulende puis Carchère. Bidard et moi, on le voyait déjà à l’Élysée, et nous avec.
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Ce n'était pas la mort qui avait pris Ava. C'est Ava qui avait tué la mort. Après quoi, elle avait été rendue à ce qui la fascinait, à ce dont elle se faisait la servante au grand coeur, l'éternité.
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Pour Ava, un corps n'était jamais sûr, jamais glorieux. Le corps était risqué. Il s'offrait moins au plaisir qu'à la provocation du néant, il tentait un diable sans nom. "Comment peut-il y avoir quelque chose et puis plus rien?" La question tombait de ses yeux ronds, elle croisait les doigts pour en conjurer le scandale.
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Accoudée au balcon, elle fumait en passant une main dans ses cheveux.La première fois que je l’ai vue, je ne l’ai pas vue, je l’ai aimée de dos. Je savais que lorsqu’elle se retournerait, ce serait pire.
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Il ne jouait pas ses rôles, il les vivait. Il était acteur, la caméra l’aimait, et il les emmerdait.
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Clément, dirait Delon, lui enseignait sa « science » : « Le regard. » « Tout doit se passer dans les yeux. » Sur la mer d’huile brûlante de Plein Soleil, les yeux de Delon levaient le vent de violence de Genet : « Je nomme violence une audace au repos amoureuse des périls. On la distingue dans un regard, une démarche, un sourire, et c’est en vous qu’elle produit des remous. Elle vous démonte. Cette violence est un calme qui vous agite. » Comme les traits du héros du Journal du voleur, ceux de Ripley-Delon « étaient d’une violence extrême. Leur délicatesse surtout était violence ». Cette délicatesse tranchait comme le couteau qui trouait Greenleaf puis remettait le couvert : après avoir pris sa vie,
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...« il sait qu’il est trop beau, qu’il a trop de chance, trop de succès, qu’il roule trop vite dans une voiture trop blanche, qu’il reçoit trop de cadeaux, trop de lettres parfumées » et « il comprend qu’on puisse lui envier tout cela mais il ne comprend pas qu’on puisse le haïr, car ce bel indifférent ne supporte pas d’être mal aimé ».
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La caméra lui découvrait une vie qu’il ne soupçonnait pas, généreuse, idéale, réveillant, rameutant, libérant les êtres qui le composaient, tous ces moi que l’on a en soi, qui ne se connaissent pas entre eux et entre lesquels on ne croit pas devoir choisir. La caméra ferait de la place à tout ce monde. Il s’agissait bien d’amour puisque ce sentiment le grandissait, le multipliait, et d’un amour réciproque, la caméra l’aimant pareillement, éclairant, découpant, exaltant ses traits, suscitant, épousant ses mouvements, lui procurait un plaisir nouveau, toujours différent. Ce serait toujours la première fois quand la caméra le filmerait.
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  «Un comédien apprend son métier, « un acteur, c’est une personnalité, forte, qu’on prend et qu’on met au service du cinéma », « un acteur, c’est un accident ».
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Et si l’existence précédait l’essence comme répétait ce Sartre, il serait le premier dans l’existence, et d’une essence rare, car il en avait déjà vu pas mal, en savait beaucoup plus que ces zazous gommeux et pommadés. Eux sortaient en bande, lui était seul, mais entre solitaires, on se comprenait : dans la faune germanopratine claudiquait Zizi, une jolie fille des îles, qu’il portait parfois dans ses bras jusque chez elle.
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On croit rencontrer des personnes par hasard sans savoir qu’on honore un rendez-vous fixé par un regard des années avant.
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Depuis toujours, le jeune Delon composait avec le cinéma familial. Avant de s’occuper du Régina, Fabien, bricoleur de caméras, avait décroché des emplois de « silhouettes » dans des films. Silhouette au cinéma, figurant dans la vie, du moins pour son fils. Préparatrice en pharmacie, Édith avait troqué ses rêves de vedette contre un emploi d’ouvreuse, puis les étalages de la charcuterie-comestibles Boulogne. Mais lui, vers 14 ans, il avait déjà tenu un vrai rôle dans Le Rapt, un petit film d’amateur tourné par le père d’un camarade. En chapeau de gangster, il courait, un bambin dans les bras, puis s’effondrait, touché par une balle, une main sur le cœur.
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« Après Bardot et Belmondo, dont on savait ce qu’ils nous disaient en gros, vint Delon, qui les dépassa sans que l’on puisse cerner paisiblement sa signification. »
Olivier Todd.
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Enfant, elle avait subi une lourde intervention chirurgicale, la mort s'était approchée, elle l'avait repoussée de toutes ses forces. Elle en avait gardé une longue cicatrice vernissée entre les omoplates et, surtout, une étrange hantise du corps. La mort pénétrait le corps pour tout emporter. Du corps, il fallait donc se méfier. Pour Ava, un corps n'était jamais sûr, jamais glorieux. Le corps était risqué.
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C'étaient les années quatre-vingt, les "années-fric", comme on a décidé de s'en souvenir aujourd'hui. Un racheteur d'entreprises à tête de clébard, un président qui sentait le renard, une génération qui se prétendait "morale" pour mieux cacher sa vilenie. Les penseurs les plus pessimistes parlaient de confusion, de décadence, mais aujourd'hui cette époque m'apparaît presque douce, encore assez humaine. La névrose n'avait pas complètement gangrené les corps et les cerveaux. Dans sa confusion, justement, cette décennie laissait passer un peu du désordre, du romanesque, de la bonhomie des années soixante-dix. On pouvait encore se jouer de soi et des autres sans violence ni mépris.
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