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Critiques de Jean-Marie Apostolidès (33)
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Debord: Le naufrageur

Pas une « grande biographie » , un très mauvais livre et non parce qu'il souhaite remettre en cause l'image que Debord a projeté, à travers ses livres, de sa propre vie ce qui serait plutôt sain pour éviter toute forme d'idolâtrie mais bien parce que le contexte dans lequel les combats de Debord ont pris place est systématiquement escamoté voire falsifié au profit d'analyses psychologisantes sans fondement qui couvrent pratiquement l'ensemble de l'ouvrage, et quand ce n'est pas le cas, une incompréhension complète de la part de l'auteur du projet révolutionnaire qui a animé Debord au long de son parcours.
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Les Métamorphoses de Tintin

Programme alléchant, mais décevant au final. Tintin passé à la moulinette psychanalytique, c'est assez ennuyeux et surtout, cela n'apporte rien, ou si peu, à notre compréhension de l’œuvre d'Hergé (on pourrait généraliser le propos : la psychanalyse apporte très peu à notre compréhension de l'individualité humaine).

Cette réserve faite, Apostolidès connaît parfaitement son Tintin. Je dirais même plus : son Tintin, il le connaît parfaitement. Cela se respecte.
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Les Métamorphoses de Tintin

Étonnante cette métamorphose car il n’y a pas des métamorphoses mais, dans le temps, une métamorphose continue sollicitée par la bien-​pensance. doxa du moment.

Du caractère primitif de Tintin et Milou il ne reste pas grand-chose juste du « politiquement correct » Drôle d’époque ou la pensée est formatée par des pensées, même si elles se justifient, minoritaires. Nivelage par le bas, écrémage dans la matière, déshabillage de la pensée et apparition de la novlangue et du formatage du lecteur.

Bon Tintin n’est plus raciste, n’est plus catho, n’est plus d‘extrême droite , n’est plus antisémite, n’est plus misogyne mais c’est toujours un homme (encore que d’après le philosophe Vincent Cespedes Tintin serait une femme) ,blanc ( encore que là aussi je le trouve assez rosâtre, disons saumon, pour être une jeune femme fraîche du nord ) et hétérosexuel (ça on ne sait pas mais d’après certains Tintin et Haddock voir Tchang hum ! Hum! D’ailleurs certains l’appelle « Haddotin ») S’il n’est plus antisémite bon... Trop chaud... quoique si les terroristes juifs de L’Or noir ont bel et bien disparu des versions actuelles rien ne dit que Tintin reste un pro-djihadiste dans la mesure où il l’aurait été !là j’arrête hein…. Si... Si... Si… Ah j’oubliais il est féministe Eh oui il aime la Castafiore il n’est plus misogyne ou macho quoique sur 300 personnages il n’y ait que 30 femmes Si... Si... Si…mais bon c’est Haddock qui a convolé !

Mais Tintin n’est pas Hergé !

Bon d’accord la corde que tient Tintin reflète le lien indéfectible entre Haddock et lui même

Bon d’accord Le rossignol (La Castafiore) s’avère être une vieille perruche et le loup (Haddock) un chien battu

Bon d’accord « La décomposition du social est non seulement due à l’absence de sacrifice mais surtout à la consommation excessive de whisky » Ah là... non en fait je n’ai pas bien compris...

Apostolidès le malaxe bien notre Tintin! Waouh! Et dire que je suis passé à côté de toutes ces belles interprétations : stupide que je suis!



Les qualifications, ci-dessus, ne me seraient même pas venues à l’esprit lors qu’enfant j’ouvrais un album de Tintin. Je voyais un Héro dans des situations dramatiques, l’imagination faisait le reste et je n’avais pas la maturité pour apprécier la portée politico-sociale et je ne savais même que cela existait.

Franchement n’a-t-on pas plus de plaisir à s’amuser de Haddock essayant de se débarrasser de son morceau de sparadrap ou cracher sur le lama que de suivre les efforts de Tintin pour l’ amener chez les AAA ?Rire du rossignol milanais qui pousse ses vocalises “Je ris de moi voir si belle en ce miroir » plutôt que de savoir qu’il se compromet, par insouciance, avec les méchants ou encore des dialogues de sourds de Tournesol et Haddock : toutes ces petites scènes n’appelant pas de commentaires psychanalysés mais qui déclenchent spontanément le rire du ventre ?





Donc Apostolidès a une vue étriquée d’adulte, il a par contre oublié, et c’est bien dommage, celle de l’enfant qu’il a été et ses interprétations d’intello doivent être laissées à lui-même. Elles ne donnent qu’une vision bien orientée et réductive de la BD. Il n’y a qu’un intello pour aller chicaner sur les motivations d’un personnage de BD et donner une vision crapuleuse du personnage, d'aller interpréter chaque geste, chaque mot, chaque situation c'est maladif et je ne suis pas sûr que l'autre de Vienne aurait apprécié que sa "science inexacte (très)" serve à psychanalyser des personnages de BD





On appréciera toutefois la relecture factuelle des aventures de Tintin et de tous ses personnages : c’est très (trop) fouillé et cela fait remonter de bons souvenirs au lecteur. Beaucoup de détails oubliés refont surface et donne l’envie de se replonger dans la BD avec le risque toutefois d’être parasité par l’interprétation d’Apostolidès. Même si on est tenté de ne lire, dans ce livre, que ce qui intéresse, en diagonale, car c’est parfois ennuyeux à cause de redites inévitables, on se retrouve à lire beaucoup plus que prévu mais ce n’est pas un mal, c’est instructif.

D’autre part il donne envie d’aller rechercher ses pages d’ origine qui ont disparues de la circulation ou sont rééditées partiellement ne serait-ce que pour apprécier la pertinence de l’analyse d’ Apostolidès qui, quand même, fait référence. A voir! Mais bon où a-t-il vu tout ça Apostolidès ?

Apostolidès et autres essayistes moralistes (de faits) et malsains laissez notre enfance tranquille : on ne lit pas les même BD!

Ne touchez plus à Astérix, à nos Schtroumpfs (oui y’a juste une Schtroumpfette), à Boule & Bill (que des mâles), à Lucky Luke (il est ridicule avec son brin d’herbe aux lèvres), aux moutons du Génie des Alpages (ils sont tous blancs), à Chichille et papa Talon (que des beaufs), ni à Pervers Pépère (un gros dégueulasse), à Wallace et Gromit (un tintin anglophone)

C’est comme ça! la création c’est libre! Y’a rien à psychanalyser !Circulez !

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Dans la peau de Tintin

Bon ouvrage sur Hergé, dans la continuation des Métamorphoses de Tintin.
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Les Métamorphoses de Tintin

Un des livres les plus généreux que j'ai eu à lire, dans la mesure où, pour un prix modique, il m'a ouvert un univers entier : celui de la tintinophilie. Jusqu'à ce livre, je n'étais qu'un lecteur/spectateur attendri des aventures de Tintin ; avec ce livre, je suis véritablement devenu tintinophile, et surtout initié aux nombreux mystères que recèle cet univers génialissime. Toutes les significations psychanalytiques, historiques, biographiques (Hergé) se sont ouvertes à moi, et toutes les réflexions que cet univers à la fois et infini pouvait susciter. Ouvrage passionnant donc, et très agréable à lire.
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Debord: Le naufrageur

Abject.
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L'Archipel Tintin

Le monde de Tintin a fait l'objet de bien des analyses et des publications. Voici l'une des plus réussies. L'exploit éditorial est de taille : réunir dans un petit ouvrage, à peine plus de cent pages, 5 essais rédigés par de fins tintinophiles. Dont deux brillantissimes : Benoît Peeters Le monde d'Hergé et Jean-Marie Apostolidès Les métamorphoses de Tintin.

La qualité de ce titre est remarquable. L'article de Jean-Marie Apostolidès, sur l'organisation du monde de Tintin, frôle le génie.
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Les Métamorphoses de Tintin

Si vous ne devez lire qu'un seul ouvrage sur Tintin, parmi la masse des publications anciennes ou nouvelles, c'est bien celui de Jean-Marie Apostolidès. Tout est dit, c'est brillant, et d'une lisibilité exemplaire. Une réussite totale.
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L'Archipel Tintin

Excellent! 5 spécialistes de Tintin dissertent chacun sur un thème particulier: Albert Algoud réhabilite Séraphin Lampion, Apostilidès décripte les signes présents dans le secret de la Licorne pour tirer des lignes forces sur le monde de Titin...
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L'Archipel Tintin

Ce court ouvrage compile les contributions de plusieurs spécialistes reconnus de l'univers de Tintin recueillies à l'occasion d'un colloque intitulé "les albums de Tintin, une mythologie pour notre temps ?".

Ce colloque, qui s'est déroulé au couvent dominicain de la Tourette, en Rhône-Alpes, en mars 2003 a réuni des grands noms de la tintinologie : Benoît Peeters, Dominique Cerbelaud, Albert Algoud, JEan-Marie Apostolidès et Pierre Sterckx.

Chacune des contributions est passionnante et offre au lecteur, amateur ou fondu de Tintin, une vision nouvelle du corpus des albums de Tintin.

On découvre ainsi le côté christique de Tintin à travers les yeux d'un théologien, ou Séraphin Lampion qui nous est présenté ici sous un jour nouveau et qui se voit ainsi réhabilité.

Une lecture très intéressante qui complète les nombreux ouvrages consacrés à Tintin ou à son auteur.
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Les Métamorphoses de Tintin

Ouvrage majeur sur l'oeuvre d'Hergé.

Sorti un an après la mort de ce dernier, ce livre explore avec une grande intelligence les aventures de Tintin.

L'auteur analyse les évolutions de nos héros et, partant, leurs aventures, selon les axes aussi différents que complémentaires comme la psychanalyse, la religion, la politique, la sémiotique, etc.

Une véritable enquête fine et complète qui ravira le lecteur et lui fera prendre conscience de l'importance de l'oeuvre et de l'auteur.

Un incontournable, indubitablement.
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Les robots aussi croient à l'amour fou

Vous aimez la chaleur au coin du feu, les retours de flamme et le bouillonnement des cassolettes d'escargots ? Passez votre chemin ! C'est la froideur qui guette au détour de l'ouvrage, la tiédeur des sentiments, l'imperturbabilité de la programmation binaire.



Jean-Marie Apostolidès s'attaque au récit d'anticipation, et l'initiative fait froid dans le processeur. RW 2743 J se présente à nous sous le nom de Johnny Bing. Toujours un peu à côté de la plaque, il déchiffre le monde selon une grille de lecture pré-établie. Mais l'amour est plus complexe qu'un programme informatique, Johnny ! Les humains aussi (baptisés "les H"). Il a beau être élaboré pour exceller dans le domaine, difficile de prévoir les réactions naturelles lorsque l'on naît machine. Erreur de lecture, incompatibilité d'humeur, Johnny Bing se débat pour bien faire au milieu de cette équation à multiples variables qu'est la vie. Personnage un peu en marge du monde, comment se débattre lorsque l'on est aveugle aux interactions qui font le ciment du lien social ? Derrière cette mise en abyme, Apostolidès taquine avec intelligence les questions identitaires.



Thématique très en vogue en ce début de siècle, de plus en plus d'artistes s'y adonnent avec brio. Cela m'a évoqué tantôt l'excellente série "Black Mirror" (épisodes indépendants), tantôt le parfait court-métrage "I'm Here" (31 min) de Spike Jonze (jetez-vous dessus si ce n'est fait, un ravissement !).



L'ouvrage est atypique (roman graphique basé sur les peintures de Luc Giard), conséquent (174 pages), et malgré une écriture simple et lapidaire (un choix calculé), je ne regrette pas du tout cette lecture-découverte, offerte par l'opération Masse Critique de Babelio et mon contact Nicolas Hecht toujours réactif et bienveillant. Bravo aux équipes de Babelio pour cette initiative promotionnelle généreuse et philanthrope, la lecture est une nécessité et vous défendez cette idée en collaboration avec certains éditeurs, je vous remercie vivement ! Puissiez-vous faire des petits...
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Les robots aussi croient à l'amour fou

Un ‘roman graphique' d‘un nouveau genre : Jean-Marie Apostolidès a choisi, parmi les centaines de dessin de Luc Giard, quelques oeuvres sans rapport les unes aux autres, à partir desquelles il a bâti un scénario. Comme quoi un roman graphique peut aussi être un essai.



« Je suis le robot RW 2743 J. J'ai été fabriqué en Californie en novembre 2083. Ma spécialité est l'empathie artificielle. Mes concepteurs tentent avec moi une expérience unique : ils me chargent de mener la vie des H. Je dois me mêler à la population, trouver un métier, me rendre utile et survivre par mon travail. Jamais auparavant une machine n'avait eu autant d'autonomie. On m'appelle Johnny Bing. »



« Je ne suis qu'un robot mais la sottise des H m'exaspère. Leur pauvre intelligence est incapable de percevoir la complexité du réel. Ils ne peuvent pas régler des problèmes ayant des ramifications planétaires. Ils ne voient rien de leur environnement immédiat.

Il n'est pas difficile de prédire ce qui les guette : un monde gouverné par des machines. Nous, robots, sommes tellement en avance sur eux que nous ne devrions jamais les écouter. Mais notre programme nous oblige à leur obéir. Pendant combien de temps serons-nous encore les esclaves de ces pauvres créatures ? »



« Les H ne cessent de m'étonner par leur insouciance, leur liberté, leur ivresse. Au premier rayon de soleil, les couples se font et se défont comme des fleurs printanières. La légèreté et la joie éclatent partout, créant un étrange contraste avec ma solitude de machine sans amour. Que ne puis-je rire et sauter comme eux ? Qui m'aidera à achever ma mutation ? »



« Ai-je vraiment envie d'être un H ? Je ne crois pas. Leurs capacités sont trop limitées. Par contre, je suis très attiré par les étudiantes de Harvard. Je les appelle des femmes-écriture. Elles m'ont redonné le goût du dessin. »



« 21 janvier 2088. J’ai passé une semaine à errer seul dans Paris. Je pense constamment à Camille. Les H appellent ça l’amour. Si c’est de l’amour, j’aime Camille sans espoir d’en être aimé. Elle m’a prévenu : « Je ne pourrai jamais aimer un robot comme j’aimerais un H. » Elle a ajouté en me fixant dans les yeux : « Même un robot mutant. » J’en faisais, une tête ! »



En cette période du tout à l'intelligence artificielle (2018, je veux dire), un livre sur l'empathie artificielle des robots ne sera pas très longtemps classé en science-fiction.



Evidemment le robot devient excessif et échappe à sa condition de robot, bien décidé à refaire sa vie.



On le verra tour à tour mélancolique, amoureux, cynique, artiste, rêveur (mais comment est-ce possible ?), incompris (souvent), désabusé…



En résumé une fable sur la robotique qui nous dépasse.



Histoire intéressante, surtout grâce au concept de présentation.



Merci à la maison d'édition belge 'Les impressions nouvelles' d'avoir osé cette création.
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Les robots aussi croient à l'amour fou

Parfois, le roman graphique va complètement ailleurs. Il s’interroge et se remet en question. Quand c’est réussi, c’est jouissif.
Lien : https://www.bdgest.com/chron..
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Les Métamorphoses de Tintin

Découvrir Tintin autrement, comprendre toutes les interactions entre les différents personnages d'une même oeuvre complète, complexe - par le biais de ce livre qui est très clair -, Jean-Marie Apostolidès décortique les albums d'Hergé pour nous les montrer sous un angle différent.

L'envers du décor, mêlé à la psychanalyse des protagonistes comme antagonistes, l'évolution du héros dans ses actes comme dans son rapport au monde... tout est traité (chaque rêve "hergéen" est analysé également), pour le plus grand plaisir de lecture. A la fin des "Métamorphoses de Tintin", on a qu'une envie : se replonger dans les aventures de Tintin...
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Lettres à Hergé - Actualité : 30 ans de la dispar..

Bon livre d'APOSTOLIDES sur Tintin.

Son intérêt majeur réside avant tout sur l'analyse des trois Tintin, le Tintin-Lutin de Rabier, celui d'Hergé et enfin celui de Spielberg.

L'auteur décrète qu'Hergé s'est en son âme et conscience approprié la prime jeunesse du Tintin-Lutin de Rabier.

Cela me semble très contestable, mais respectable.

C'est une hypothèse.

Qu'inconsciemment Hergé l'ait fait, vraisemblablement. Je ne crois pas en la création humaine ex nihilo, toute création prend source d'inspiration consciente ou non dans le passé.

C'est le seul bémol de ce beau livre.

L'auteur replace Tintin dans son espace temporel de création et de son lecteur-spectateur.

Certes, la lecture de cet ouvrage nécessite d'avoir lu au préalable d'autres ouvrages plus accessibles. Je me permets de vous inviter à vous référer notamment à la liste que j'ai proposé à cet effet sur ce sujet.

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L'Archipel Tintin

Excellent, vraiment excellent.

C'est évidemment si bien écrit (mais avec ces auteurs on a l'habitude !), érudit, le fruit de réflexions profondes, parfois truculent, j'en tiens pour preuve l'opération périlleuse "il faut sauver l'assureur Lampion".

Cet ouvrage se lit si bien ! et offre des pensées novatrices.
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Debord: Le naufrageur

Il est une triste catégorie d'individus dont le plaisir semble consister à tenter de salir tout ce qui les dépasse. Ils ne reculent donc devant aucune bassesse, calomnie ou mensonge quand il s'agit de nuire à ce qui fait de l'ombre à leur pesante médiocrité.

L'auteur de ce pitoyable ouvrage semble en être la parfaite illustration.

Ne s'encombrant d'aucune véracité (les morts ne portent pas plainte pour diffamation ni ne peuvent se défendre par eux-mêmes), ils déversent donc leur venin par tombereau, supposant sans doute que la quantité remplacera la qualité et qu'ils réussiront bien ainsi à semer le doute.

Car ces laudateurs du spectacle régnant espèrent bien également quelque récompense de leurs maîtres.

Mettre tant d'énergie à tenter de décrédibiliser l'auteur de la théorie critique la plus pertinente de notre temps n'a bien sur rien d'innocent et c'est bien cette pensée là qui dérange et qu'il faut à tout prix faire oublier. En détourner surtout les jeunes générations pour que celles-ci ne puissent distinguer aucune alternative au triste destin que l'on veut leur faire.

Il se trouve heureusement encore quelques personnes, sachant fort bien de quoi elles parlent, pour dire leur fait à ces rebuts de l'humanité : https://blogs.mediapart.fr/lechatetlasouris/blog/150116/argent-sexe-et-pouvoir-propos-d-une-fausse-biographie-de-guy-debord
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Les Métamorphoses de Tintin

Ce personnage au visage rond d'ébauche immuable auquel tout garçon pourrait s'identifier, que Michel Serres "voit comme un classique du XXe siècle, un monument 'inusable' " n'a-t-il donc jamais changé en cinquante ans ? Est-il véritablement un modèle plutôt fruste dans sa morale manichéenne et passablement fasciste ? Est-il un héros seul avec Milou (bien qu'accompagné d'un groupuscule de personnages secondaires dont certains récurrents) sans âge, sans famille, sans origine, sans sexualité, sans nuance ni doute ni interrogation ? Sa tartuferie idéologique n'est-elle pas du même acabit que celle de son auteur, qui n'eut de cesse qu'il polisse son ouvrage maintes et maintes fois, dans les éditions successives, de tout ce qu'il avait de plus colonialiste, raciste, antisémite, antilibéral, catho-réac ?

Et si, au lieu de placer les aventures dans le contexte historique de leur parution, on utilisait la "méthode synchronique" en partant de l'hypothèse qu'il existe une "évolution interne d'un univers fictif qui est aussi cohérent et clos sur lui-même que le monde de Balzac." (p. 11) ?

C'est à cet exercice que nous convie Apostolidès, en mobilisant l'outillage herméneutique de l'ensemble des sciences humaines, de la politologie à la linguistique structuraliste, de la sémantique à la cinématographie, mais avec une prépondérance fondamentale de l'apport psychanalytique. De cette manière, et surtout en couplant le héros avec Milou, puis avec Haddock, enfin avec l'"univers Lampion", il construit une structure cohérente d'évolution, d'album en album (chacun l'occupant approximativement sur un chapitre), qui fournit des éléments de réponse à tous ces "manques" que l'on a pu dénoncer au départ. Manques et manquements, quand ce ne sont pas des actes manqués.

Du paradigme freudien, on retrouve principalement des concepts tels la gémellité, la quête du Père, la peur de la castration, la Mauvaise Mère, les mythes de l'enfance (quête des origines) et surtout la dichotomie entre les valeurs du bâtard (incarné surtout par le capitaine Haddock) et les valeurs de l'enfant trouvé (Tintin et ensuite d'autres aussi). Le monstre possède aussi un rôle complexe, comme les bijoux, le monde animal, etc. Les analyses les plus spectaculaires reposent sur les quelques scènes oniriques qui se trouvent dans les différents albums et qui sont les seules à être reproduites graphiquement dans le texte.

Mais la mobilisation d'un appareil critique aussi riche peut facilement laisser deviner le foisonnement, la rigueur et la profondeur de ces quelques 300 pages d'analyse littéraire au sens le plus large. Souvent des corpus littéraires ont été passés au tamis de la psychanalyse ; parfois, et à mon sens assez abusivement, leurs auteurs aussi. Mais rarement j'ai lu des résultats aussi probants et, compte tenu aussi de ma passion pour le corpus en question, aussi jouissifs.



La première phrase de la conclusion me semble être opportune à clore mon propos, pour sa pertinence :

"Les aventures de Tintin racontent, sous la forme d'un mythe, l'histoire d'une éducation qui est à la fois politique et psychologique" (p. 291)

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Debord: Le naufrageur

Il convient de dire tout de suite que ce livre, en plus d'être d'un ennui mortel, n'est pas une biographie... Ce n’est point une biographie de Debord, mais bien un morceau prolixe de journalisme d’investigation contre Debord, où ne sont rapportés que des « témoignages » à charge, où on ne dit rien de son œuvre, de son art et de son temps, de son cinéma, de son courage, à son époque presque solitaire. Donc ce livre n’a aucune valeur pour les historiens, il n’est surtout pas un document. Et l’usage des documents fait par son auteur est parfaitement malhonnête, car il ne choisit que ce qui pourrait être à charge.

Une biographie est un travail d’archiviste, de philologue, d’érudit et d’historien, et elle n’est jamais un travail de supporter, qu’il soit favorable ou hostile.

Avec l’ouvrage d’Apostolidès, nous nous trouvons face au paradigme même d’un mauvais travail, mou, médiocre et faux : mauvais dans l’intention, mauvais dans la méthode et donc très mauvais dans le résultat.

Cette prétendue biographie nous éclaire en fait bien plus sur les obsessions, les petitesses et les bassesses de son auteur lui-même que sur celles qu'il prétend découvrir chez Debord.

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