AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Jean Molla (162)


Si elle l'avait osé, elle aurait tendu la main pour suivre du bout des doigts le dessin de ses yeux, de ses lèvres, de son menton. Son geste aurait été malvenu et sans doute incompris. Pourtant, revoir ce visage après tant de siècles était l'expérience la plus vertigineuse qu'elle eût connue.
La plus cruelle, aussi.
Quand Jacques était mort, elle était une adolescente, lui un homme. Aujourd'hui, la situation s'était inversée. Quentin était presque un enfant et elle une vieille femme.
La vie, même pour une sorcière, était douloureuse et faite d'autant de regrets et de désirs inaboutis que celle des gens normaux.
Commenter  J’apprécie          10
N'imagine pas que tu es devenu omnipotent. La toute-puissance n'est qu'un rêve d'enfant. Si les hommes sont autant fascinés par les histoires de sorciers, c'est qu'elles les confortent dans leur espoir infantile de réaliser leurs désirs.
Commenter  J’apprécie          40
que justice soit faites !
Commenter  J’apprécie          00
Plus une trace, plus un bâtiment. Plus un corps. Quelques témoins éparpillés. Des bourreaux disparus ou impunis.Une forme de crime parfait ... à la limite Sobibor n'existe pas ou n'existait plus.
Commenter  J’apprécie          30
Au cœur des êtres comme au cœur du temps humain, des secrets que l'on s'efforce d'escamoter. Des abîmes de noirceur. Ce livre pour essayer de les dissiper

Commenter  J’apprécie          30
"est ce qu'on peut savoir ce qu'on ignore"
Commenter  J’apprécie          40
« Je ne sais pas si je dois essayer de suivre la chronologie des faits ou m’abandonner aux souvenirs. Peut-être ferai-je un peu des deux, jusqu’à ce que quelque chose jaillisse. Peut-être vais-je essayer de vomir en mots ce que j’ai des mois durant vomi en silence. Nourritures à peine digérées me lacérant la gorge, me laissant épuisée, douloureuse. Nourritures avalées comme une forcenée, pour me faire taire, ou pour remplir ce vide immense au-dedans de moi. Vide trop grand pour mon corps de jeune femme. Vide qui me mangeait de l’intérieur, qui menaçait de m’engloutir. Vide qui creusait mes joues et mes côtes. Vide qui se nommait « Sobibor », et que j’ignorais.
Mais je vais trop vite. Je dois refaire le chemin inverse. Pour moi.
Pour les autres. Je n’ai jamais vécu ce qui va suivre, je n’en sais que l’essentiel. »
Commenter  J’apprécie          10
-Je n'ai pas l'allure d'une fille de toubib, peut-être ? Ça va changer quoi de toute façon ? Vous ne poursuivez que les pauvres ?
Il a soupiré, a posé ses mains à plat sur son bureau encombré de documents et m'a regardée. C'était un homme jeune, plutôt mignon, avec une tête de bon élève. Le genre costume-cravate, comme mon père. Sa maman devait être fière de lui.
Il a ouvert la bouche, l' a refermée. Je crois que je commençais à lui taper sur les nerfs. C'est ce que je cherchais, après tout.
- On poursuit aussi les riches, mais dans un cas comme dans l'autre, on essaie d'abord de comprendre pourquoi il volent.
Commenter  J’apprécie          20
Alors, un livre de plus sur les camps? entendra-t-on peut-être. On en a déjà tellement parlé...Ce n'est pas qu'un livre sur les camps, précisément. C'est un livre sur l'après. Sue la mémoire. Sur le mensonge. Sur cette lame de fond qui n'en finit pas d'avencer. Sur le silence.
Commenter  J’apprécie          30
- Je n'ai pas le choix, Alexis. Derrière chaque "oui" que je profère, un "non" se dissimule. C'est comme s'il y avait deux personne en moi. La première, celle qui s'est construite peu à peu - parfaitement libre-, pense, juge et critique. La seconde, celle qui prime, celle qu'on m'a imposée, est soumise. Socialisée, si tu préfères.
Commenter  J’apprécie          10
C'était un des quartiers où vivaient les plus modestes des Citoyens, ceux qui tiraient leurs revenus d'emplois temporaires et des allocations présidentielles. Le Bonheur obligatoire n'était ici qu'une rumeur assourdie, presque irréelle, un spectacle sirupeux et lénifiant dont on entrevoyait le reflet à travers les écrans de télévision et les attractions des parcs de loisirs.
Commenter  J’apprécie          00
À ce jour personne n'aurait pu s'en passer, même si certains économistes avaient pointé les effets pervers induits par l'arrivée des parumains sur le marché de l'emploi : baisse générale des salaires les plus faibles, augmentation du chômage dans les milieux modestes, fragilisation de certaines catégories socio-professionnelles.
Commenter  J’apprécie          00
- Cinq minutes de plus et Quentin était à moi, bougonna Anne avec une pointe de ressentiment. Si seulement tu nous avais débarrassés de cette maudite sorcière...
- Ça fait vint fois que tu le répètes, s'agaça Simon. Mais Quentin n'aurait pas été à toi, il aurait été des nôtres. Nuance !
Commenter  J’apprécie          20
- Écoute ! ordonna Nicolas. Tu n'entend rien ?
Quentin dressa l'oreille.
- Non. Qu'est-ce qu'il y a ?
- Je ne sais pas. Il, m'a semblé percevoir un bruit, une espèce d'appel étouffé.
- Tu te fiches de moi ! s'agaça Quentin. Et puis ce genre de blague, c'est ma spécialité, pas la tienne !
Commenter  J’apprécie          40
J'ai envie de rire. Le seul thé que j'ai l'habitude de boire, c'est celui de la mère d'Hamid. A la menthe. Avec quinze kilos de sucre minimum par verre.
Commenter  J’apprécie          60
Le coup de foudre. Moi pour lui, lui pour moi. Mon ciel était devenu bleu. Il me plaisait, m'attendrissait, me faisait rire. Dans ses yeux, je me voyais exister.
Commenter  J’apprécie          40
Un beau jour d'avril, je lui ai demandé, par bravade, comment il me trouvait vraiment. (...)
- Tu es peut-être un peu ronde...
Je l'ai haï.(...) Je lui ai jeté comme un défi que, bientôt, il ne me reconnaîtrait plus. J'allais perdre mes kilos superflus, mes bourrelets. Et je le ferais pour lui ! (...)
J'ai minci très rapidement. Ma métamorphose était spectaculaire. Je suis devenue svelte, conforme à l'image de celle que j'avais rêvée. (...) J'éprouvais un plaisir indicible à maîtriser mon appétit. Ce tiraillement constant du côté de mon estomac était devenu une véritable présence, un vide consenti, une brèche que j'ouvrais dans mon corps, avec le sentiment aigu de tout dominer, de savoir exactement ce que je faisais et où j'allais. Ne plus manger ou manger moins me procurait une brûlure exquise au ventre (...) Bientôt, la brûlure m'est devenue plus délicieuse que la satisfaction. J'avais le sentiment d'être habitée. (...)

Rapidement, c'est devenu ma drogue : j'avais besoin de manger rien. (...)J'éprouvais une jouissance démesurée à me laisser remplir de cette absence. Mon estomac vide était le signe de ma liberté. Je n'étais plus asservie à cette dépendance animale qui me faisait horreur.(...)

Je n'avais évidemment pas conscience que la situation m'échappait...Je n'ai pas su m'arrêter. Mon poids ne n'est pas stabilisé et j'ai continué à fondre. En quelques semaines, mes seins se sont effacés, mon visage s'est creusé, mes désirs se sont affadis. (...)J'avais voulu entreprendre ce régime pour plaire à mon ami. Maintenant que j'avais atteint mon but, je sentais que je me détachais de lui, que je ne l'aimais plus.(...)

Fin octobre, le cancer de Mamouchka s'est brutalement aggravé et mon indifférence à l'égard de la nourriture a viré à l'aversion. J'étais fatiguée, déprimée, inapte à fournir le moindre effort physique ou intellectuel.(...) Pour la première fois, on a nommé ma maladie. (...)

Un matin de novembre, le téléphone a sonné. Mamouchka venait de mourir. (...) La panique m'a envahie. Il fallait que je me calme, que je fasse taire mon chagrin, n'importe comment. J'ai couru au frigo. J'ai avalé des cornichons, du chocolat, de la mayonnaise, du fromage, du jambon, les restes du repas, tout ce qui me passait à portée de main. J'ai englouti.
Bientôt, j'ai dû m'arrêter, au bord de l'explosion. J'ai senti une nausée irrépressible monter. (...)J'ai couru aux toilettes. J'ai introduit deux doigts dans ma bouche, le plus loin possible et j'ai poussé très fort.
Je me suis libérée.(...)
Ma grand-mère était morte. Une part de moi le savait avec une lucidité déconcertante, me laissant écrasée de tristesse.
Mais dans le même temps, une découverte fortuite venait de m'ouvrir de nouveaux horizons. J'avais trouvé le moyen de me délivrer de mes craintes, de mes angoisses. J'avais trouvé le moyen d'exercer un contrôle absolu sur moi-même. J'avais trouvé le moyen de maîtriser ce qui entrait et sortait de moi.
J'étais libre : mon corps m'obéirait désormais.
Commenter  J’apprécie          270
On a séparé les hommes, les femmes et les enfants. On a détaché de ses bras Simon, qui ne voulait pas l'abandonner. J'imagine leurs pleurs, leurs cris, les ordres aboyés. L'odeur de sueur, la peur sur les visages, les coups, le désespoir. Eva a vu son fils partir avec une petite colonne de gamins. Mais, comme ils tournaient au coin d'un bâtiment, Simon s'est sauvé et a couru vers elle. Eva s'est précipitée et l'a pris dans ses bras. Un homme s'est avancé alors en jurant et leur a ordonné de retourner à leurs places respectives. Ce n'était pas un Allemand. Eva, machinalement, a relevé son accent étranger. Elle a supplié l'inconnu de ne pas les éloigner l'un de l'autre. Simon s'accrochait à elle comme un qui se noie. L'homme a arraché l'enfant à sa mère, a sorti son arme et, sous les yeux de celle-ci, l'a abattu.
Il souriait.
J'imagine Eva. Je la vois. Je suis Eva. Au-dedans d'elle, il y a un grand vide soudain. Le monde s'est tu. Devant elle, il y a une petite forme recroquevillée qui était son amour, sa vie. Devant elle, il n'y a plus rien.
Commenter  J’apprécie          210
Ataraxie, anorexie, oubli. Mon tiercé gagnant.
Je suis debout face au miroir de la salle de bains. Je l'essuie pour en ôter la buée puis je me dégage de ma serviette qui tombe à mes pieds. J'observe mon reflet...
... Je ne possède rien à cacher. Je me suis débarrassée de ce qui parasite un corps de femme : l'excès de chair, la graisse, la peau qui se modèle en courbes tendres et le sang qui coule, chaque mois. Seule l'ombre brune, obscène, au bas de mon ventre témoigne de ma féminité.
Commenter  J’apprécie          80
Ces théories sur la race, tu y as souscrit parce qu'elles flattaient ton ego, parce que tu éprouvais une immense satisfaction à t'imaginer différent. Tu jubilais d'appartenir à une espèce supérieure : la race aryenne, destinée à régner sur l'humanité. Mais d'autres, à la même époque, n'y ont jamais cru. D'autres se sont battus contre les nazis ou, plus simplement, ont refusé de les suivre. (p. 160)
Commenter  J’apprécie          160



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Jean Molla (2552)Voir plus

Quiz Voir plus

Quiz autour de "Sobibor"

Comment se prénomme le narrateur ?

Emma
Angelina
Vladimir

10 questions
445 lecteurs ont répondu
Thème : Sobibor de Jean MollaCréer un quiz sur cet auteur

{* *}