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Citations de Jean-Noël Orengo (40)


Et être blanc est une qualité dans nos pays, vous le savez parfaitement. Nous vous aimons, votre couleur est exotique, ou… comment dire… esthétique, et elle va devenir rare si j’en juge par l’évolution démographique de votre Europe.
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. Il se souvenait du bureau 100 dans les profondeurs du Ratanakiri, du tableau noir, du filet couvert de feuilles en guise de toit, et de Sâr et lui conversant durant des soirées entières tandis que les insectes interprétaient leur partition coutumière vorace sur des feuilles et des chairs, et que les B-52 très haut préparaient leur largage mortel. Avec le temps, tout avait été perverti. Était-ce inévitable, une logique engagée dès leurs lectures marxistes à Paris ? Le communisme avait toujours été un exotisme pour eux, Prasith le prétendait, un prétexte à des clans nationalistes liés à des castes rivales pour s’emparer seuls du pouvoir. Un phénomène s’était produit, le mariage de cette modernité avec des traditions inexpiables, et loin d’être bénéfique, cette union avait accouché d’une progéniture monstrueuse, archaïque et technocratique, magique et fonctionnelle.
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La souplesse, ça s’apprend tous les jours par des plans pour rien. Promener son travelling, s’entraîner aux prises de vues à tout moment. Je le fais dans mon appartement, le parking extérieur de l’immeuble à côté de la piscine, ou le bord de la piscine elle-même, au milieu des palétuviers et des orchidées, l’objectif collé au tronc écaillé des cocotiers. Pas besoin d’aller très loin, je prends, j’allume, je fixe, j’avance, je lève, je descends, je contrôle, je perçois mes muscles façonnant l’image qu’ils cherchent à capter. Les cinéastes ne sont pas assez “porteurs”, ils ne portent pas avec eux l’outil, l’arme, le sabre, l’arc : la caméra.
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Deux types, l’un bon, l’autre mauvais, l’un héros, l’autre anti-héros, échangent leur visage. Le bon officie sous les traits du mauvais, le mauvais sous ceux du bon. À la fin, ils se tiennent en joue, un miroir les sépare, ils hésitent un moment, se regardent, puis ils tirent, rageurs, sur cette atroce image d’eux-mêmes. Ainsi de nous deux. N’oublie pas : tout au fond, nous nous haïssons, tels que nous sommes.
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Chaque étranger au Siam trouve un reflet de ce qu’il est vraiment.
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Au moins ici, on assistait à des histoires d’amour fou, dans ces lieux les plus humains qu’il ait jamais fréquentés de sa vie, un élan singulier du désir qu’il collectionnait à travers tous ces récits de rencontres entre des êtres cherchant à se réinventer par le sexe.
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Je suis un homme de l’ombre. Je hais la célébrité. Un sentiment bien rare désormais, n’est-ce pas ? Mais j’ai aimé tirer les ficelles. Actionner la grande roue de l’Histoire et regarder des marionnettes se croire importantes.
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À partir de traces, il cherche des preuves et remonte vers une source, qui n’est pas un meurtre mais un désir. Encore que. Il pouvait dire que ses pérégrinations savantes lui avaient fait vivre des romans policiers, à cause de clients appartenant à des milieux dont il était préférable de ne pas creuser l’honnêteté, tous ces généraux des dictatures festives et ces « investisseurs » exotiques venant d’Europe, de Chine et d’Arabie.
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On appelle cinéphile l’amoureux du cinéma et on pouvait affirmer de Jean qu’il était un historiophile, un amoureux des histoires. Il était fait pour les préserver, les entretenir, les transformer. Il savait les délimiter, les élargir ou les raccourcir selon son auditoire. Il aimait faire plaisir à sa clientèle par des récits illustrant les œuvres qu’il leur vendait. Il parlait des Malraux à Phnom Penh, des Cambodgiens du Cercle d’études marxistes à Paris, d’Eugène Dejean de La Bâtie, un métis franco-vietnamien gérant du journal anticolonial L’Indochine, dont il possédait tous les exemplaires, des Indochinois de France et des Français d’Indochine. Il s’attardait sur un négociant sino-vietnamien, le père de l’amant de Marguerite Duras, un opiomane richissime, sur une Américaine, « Surabaya Sue », alias K’tut Tantri, née Muriel Stuart Walker, artiste à Bali puis chroniqueuse passionnée dans une radio indépendantiste de la révolution nationale de libération indonésienne contre les Hollandais, et il avait ainsi des anecdotes inédites sur à peu près toutes et tous impliquant n’importe quelle partie du Karmastan.
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Fermer sa gueule était encore le meilleur moyen de se protéger, se taire en français, en anglais ou en thaï revenait au même, le silence étant l’espéranto parfait, compris des flics et des truands du monde entier.
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C’était la réalisation et le dérèglement, la confirmation et la sortie de l’unique réelle superpuissance sans frontière : le système économique : il n’avait qu’à tout copier. C’était la seule chose originale de son temps, inconnue des anciens, il n’avait qu’à copier ça, et non plus, comme eux, rêvasser, imaginer, romancer.
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La beauté d’un lieu m’intéresse si et seulement si à l’intérieur se trouvent des gens. Et réciproquement, un visage, une silhouette, un vêtement, deviennent des rencontres à cause du lieu dont ils sortent pour entrer chez moi, en moi.
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Le vide, le grand. En genre et en nombre. Les règles d’école, l’enfance livresque. Syntaxe de quelques mots. Au-delà c’est friche. Un mal dingue. Après, traduire. En thaïglish. Se faire comprendre. On me comprend de moins en moins. On me parle peu. Mon français s’épuise. Il fond dans la chaleur. S’assèche en syllabes floues. Mélangées à d’autres. Créaturelles. Néologisme. Français d’exil. Orthographié expat.
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L’Asie du Sud-Est est une machine à écrire, la machine d’où Malraux tape ses premières lignes d’auteur.
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- Do you know Narcisse ? dis-je à Tip.
- I know Narcisse bar on Nana, dit-elle.
- Ok, but do you know who is Narcisse ?
- The owner ?
- No, Narcisse was a guy who loved himself more than anyone else.
- I don’t want him for customer.
- He loved only himself and he’s dead.
- Not by HIV if he loves himself. Can’t have HIV if u fuck yourself
- Yeah, true
- Don’t say « yeah, true », like if I am stupid !
- Hey hey !… Keep calm !… I just talk about a guy named Narcisse. It’s just a story.
- I don’t care.
- Each time I want to teach you something, you get mad.
- Who care what you teach ? Can I eat what you teach ? If people make money with that in school, good for them. Not you. Don’t waste your time and mine. Let’s go Patpong disco. I want dance.
- Ok ok, we finish dinner. You know, Narcisse was interesting…
- I fuck him and I fuck you OK !
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L'erreur est humaine trop humaine, diabolique facteur d'une condition d'homo-precarius surestimée sur l'échelle de l'évolution, théorie d'ailleurs courte en matière d'aventure génétique.
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Pourquoi ces flashs ? D'où ces flashs ? Trauma ? Si trauma existe d'une expérience où je n'étais qu'à l'état de robot chosifié, cela signifie-t-il qu'une âme déjà, trempait dans cet amas d'électronique végétative ? Attendant le souffle, la ligne de code qui donnerait moins la vie que la révélation de cette âme, la conscience d'en être une, et la conscience d'être en vie ?
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Le ton résultant de mes prises de parole donnait de moi l'idée d'un être infantile, dilettante, traversant les thèmes importants et douloureux de son époque pour en faire de l'esbroufe un peu vaine, et d'un goût presque ridicule. Moi qui volais, j'avais l'impression de n'être jamais à la hauteur, et que je valais mieux tout en y arrivant pas.
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Ils avaient tous les deux laissés des livres célèbres dans les domaines de l'archéologie et de l'anthropologie, à vrai dire leurs travaux croisaient plusieurs disciplines, la linguistique, les arts pariétaux, la mythologie, et cela enrageait leurs collègues universitaires d'autrefois pour qui on ne peut pas venir comme ça d'une science dans une autre faire son nid sans le cursus et la reconnaissance habituels, c'était intolérable, ça mettait en relief leur inertie et leur soumission à professer dans les clous, sans imagination ni vague ni passion, rien, calme mou, séminaire et dodo.
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Marly pourrissait lentement dans la fiction que les autres se faisaient de lui.
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