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Critiques de Jean-Noël Orengo (51)
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2017 : L'élection improbable

Vous avez tort. Entre les lignes de ce pamphlet collectif d'anticipation se cachent quelques vérités. A vous de les découvrir en vous faisant plaisir. Car ce livre en donne, ainsi que des frissons.
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2017 : L'élection improbable

Cinq satires de qualité fort inégale. Et hop à la poubelle de l'histoire.
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2017 : L'élection improbable

Assez drôle comme livre. Les auteurs mettent en scène les acteurs politiques actuels en nous décrivant à certains moments des scènes rocambolesques. La politique n'est-elle pas ceci: un jeu improbable?
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2017 : L'élection improbable

Ce que les sondeurs, oracles, et autres statisti-ciens-ciens du jeu politique n'avaient pas encore osé faire (ou faisaient sans nous dire), eux l'ont fait :

battre les cartes, les jeter en l'air, et piocher avec gourmandise et talent pour composer des attelages électoraux peut-être improbables, mais (presque) jamais impossibles.



Les onze auteurs : Marie Desplechin, Jérôme Leroy, Thomas Legrand, Frédéric Ciriez, Arnaud Viviant, Maël Renouard, Jérémy Collado, Basile Panurgias, Johann Zarca, Antoine Bello, Jean-Noël Orengo.



Leurs personnages : pour ne citer que les plus étonnants, Thomas Picketty et Alfred Garcia ; pour tous les autres voir les colonnes politiques de votre quotidien préféré, ou les plateaux des chaînes d'info continue d'ici à mai 2017.



Résultat : un malicieux recueil de onze politiques fictions qui fera un cadeau clin d’œil bien sympa pour la fin d'année ; et pour vous-même bien sûr aussi : vous auriez tort de passer à côté de ce petit plaisir littéraire plein de jolies surprises !



Mention spéciale empathie féminine à Marie Desplechin pour le joli titre et la chute maligne de sa nouvelle : "En attendant Angela".

Dans une petite famille de sans papiers venus d'Europe de l'Est, on choisit les prénoms des enfants en hommage reconnaissant au pays d'accueil... C'est pour ça que le garçon né en 2007 a été baptisé Sarkozy :

“ Vouant un fils à la France, il estimait offrir une preuve convaincante de sa volonté d'intégration, et peut-être même appuyer son dossier de demande d'asile. Cinq années durant, il avait regretté sa précipitation. À sa décharge, rien ne laissait deviner que l'enthousiasme serait si bref, le mandat si court, le président si décrié, et le prénom finalement si embarrassant. Quant à la demande d'asile, on ignorait où elle avait peu se perdre. Sans doute un fonctionnaire sarkozyste zélé l'avait-il égaré dans une poubelle. ”

Une nouvelle naissance est prévue au printemps 2017 !

Pas de chance, elle pouvait pas savoir : Marie Desplechin a tiré une carte faible avec Rocard... La camarde a emporté pour de vrai, après la sortie du livre, celui que l'écrivain imaginait en unique survivant de la caravane politique décimée et sauveur de la république. Peu importe, à ce détail près, son histoire tient la route.



Mention spéciale franche rigolade à Thomas Legrand, éditorialiste politique, pour "Sarko Papillon" où l'on voit Nicolas enfermé dans le scaphandrier du locked-in syndrome harcelé par une Isabelle Balkany en nounou perverse.



Accessits découverte à Jean-Noël Orengo, Johann Zarka, Frédéric Ciriez, Jérémy Collado



Certificats confirmation à Basile Panurgias et Arnaud Viviant.



Une curiosité : l'outsider Maël Renouard qui a été plume chez François Fillon ; il fait "L'hypothèse de l'automne". Sachant que les élections qui ont lieu après l'été sont nettement plus favorables aux sortants que celles du printemps, que faut-il faire pour retarder l'échéance de six mois, se demande le cabinet de Hollande ?



Enfin, en tête et en ballotage très serré : Antoine Bello et Jérôme Leroy



Bello, pour le piège à double détente tendu au lecteur et l'ironie élégamment maîtrisée de son histoire : "Les Portes-Paroles" ; un jeune surdoué a développé une intelligence artificielle produisant des discours politiques à façon :

“ Devant le journaliste médusé, Saulnier se livra à une démonstration de son joujou. "D'abord, vous choisissez la longueur — disons 3000 mots — et le scrutin. Puis le thème dans un menu déroulant. Nous avons déjà 150 options possibles. Qu'est-ce qui vous ferait plaisir ? Les subventions agricoles ? L'immigration ? Le mariage gay ? Va pour l'immigration. Ici vous sélectionnez votre niveau d'applaudissement. Si vous tenez à développer un raisonnement, mieux vaut ne pas être interrompu trop souvent ; en revanche, si le but est d'être repris dans les médias, je recommande les phrases courtes et percutantes. Ah, cette option est importante : elle permet d'indiquer le niveau socioculturel du public. On ne s'adresse pas à des dockers CGT comme à des profs d'université, n'est-ce pas ? Disons "commerçants et artisans". Vous pouvez de la même façon choisir votre style : lyrique, fleuri, volontaire, empathique, compassionnel, et j'en passe. Compassionnel ? Si vous voulez. Ma foi, c'est presque fini. Comment ? Le parti ? Ah oui, j'allais oublier ! Vous avez une préférence ? Non ? Alors disons "centre droit". ”



Leroy pour Dans la peau d'Alain Juppé ; AJ, défait, rentre à Bordeaux, de nuit, sous une pluie battante :

“ La pluie redouble, une pluie de cinéma. Je vais avoir le temps d'aller au cinéma, moi du coup. Ne sois pas amer. Il y a pire que d'aller voir un cycle Bergman avec Isabelle à l'Utopia de Bordeaux :

"Pensez, chers confidents d'un amour si fidèle,

Tenez-moi compagnie et parlons d'Isabelle"

Tristan L'Hermite... Je n'ai pas lu de poésie depuis un temps fou, moi. Tiens, écrire un roman et puis faire une anthologie de la poésie française aussi, comme Pompidou. Je me demande à qui ça a manqué, de ne pas pouvoir lire de poésie, parmi les candidats de cette élection pourrie. Sûrement pas à Alfred Garcia, ni à Philippot. Ni même à Dufflot. À Mélenchon peut-être. Il doit bien être emmerdé, lui, tiens, ce soir... Une aussi vilaine surprise que la mienne, dans le genre. ”






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2017 : L'élection improbable

J'ai posté deux citations de ce recueil en en finissant la lecture le 25 novembre 2016, mais je n'en ai rédigé la chronique que ce 17 février. Et grand bien m'en a pris !

En donnant à ce recueil de récits de politique fiction, le titre « 2017 l'élection improbable », les éditions La Tengo ont fait mentir les tenants du complot et de la dénonciation d'un système politico-médiatique plus prompt à mettre le couvercle sur la marmite qu'à passer les plats à ceux qui ont réellement faim.

En effet, la réalité que nous vivons va au-delà de ces nouvelles qui, pourtant, au moment de leur parution, semblaient s'être placées sous l'égide de la plus haute improbabilité et de la plus grande iconoclastie.

Au fond, n'est-ce pas là, la preuve que ceux qui conspuent avec force la philosophie de mai 68 ont tort ? La campagne électorale que nous vivons actuellement montre non seulement que « l'imagination est au pouvoir » mais qu'il est aujourd'hui « interdit de s'interdire » toute hypothèse, même les plus farfelues.

D'ailleurs, la victoire du PSG sur le Barça, 4-0, n'est-elle pas à mettre à l'actif de cet air de liberté qui souffle et renvoie à dash les certitudes du passé ?

Ça vous en bouche un coin, non ? Ce retour de slogans que certains n'avaient pas hésité, tout à leur enthousiasme juvénile, à jeter aux orties.

Bref. La vie est vraiment formidable !

11 nouvelles. 11 auteurs. Comme dans une équipe de foot.

Pour moi, La palme revient à «Sarko Papillon», de Thomas Legrand qui imagine notre Nicolas, enfermé dans son propre corps après une collision avec la Porsche Cayenne de Didier Barbelivien, qui s'est suicidé au passage. Réveil du cycliste à l'hôpital. Seule Isabelle Balkany est autorisé par lui à lui rendre visite. On craint le pire. Un nouveau choc. Nicolas est resté dans le coma pendant toute la campagne des présidentielles et il faudra prendre des pincettes pour lui annoncer qui est l'heureux élu. Je ne dévoile rien. Il vous faut lire cette nouvelle.

J'ai bien aimé aussi, « En attendant Angela » de Marie Desplechin. Une famille d'immigrés qui donne à ses enfants pour prénom, le nom des Présidents de la République. Sarkozy et Hollande pourraient être frères…et leur soeur Angela… La famille se demande avec angoisse s'il faudra en arriver à baptiser Marine la petite dernière. Heureusement les évènements en décident autrement…

Jérome Leroy a, sans s'y attendre, anticipé la sortie de Juppé. Vainqueur des primaires, il se retrouve candidat face à Alfred Garcia le candidat de l'ESD (l'Eglise de la Sainte Déconne).

On ne peut passer sous silence la mise sur orbite de Rachida Dati par Frédéric Ciriez dans « le Théâtre Ovale », après une éclatante victoire à la primaire de la droite et du centre. Elle installe son QG de campagne dans les tours Les Mercuriales Porte de Bagnolet « Les Twin Towers » du pauvre précise l'auteur.

Que dire de cette soirée électorale dans «Les Quatre Mercenaires» de Jérémy Collado. Marine le Pen est élue au premier tour. Conseil de guerre à l'Élysée. Sarko, Méluche, Hollande et Bayrou continuent à se bouffer le nez, et à se lancer leur responsabilité réciproque au visage. Incapables de saisir la réalité de ce qu'ils sont en train de vivre.

Je ne vais pas passer en revue les 11 nouvelles, qui présentent toutes un intérêt, vues du 17 février 2017.

Au fond, et je ne fais ni de l'antiparlementarisme, ni du « tous pourris », un fil rouge commun à toutes ces histoires, les hommes et les femmes politiques qui prétendent à l'investiture suprême, ont-ils vissé au corps et à l'esprit le désir de servir la France ou simplement le désir de parachever une carrière politique par la plus haute distinction ? Je n'ai toujours pas la réponse, et cela ne m'empêche pourtant pas d'aller voter. C'est cela aussi la Démocratie. Croire en l'incroyable.


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Femmes sur fond blanc

A le couper de son œuvre, le nom de Gauguin n’est plus qu’une identité, offerte aux affres de la réputation, et, autant dire, livrée au seul jugement moral que prétendait dénoncer le roman.
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Femmes sur fond blanc

Bonjour

Dommage j'ai calé à la page 18 , vu que je n'ai rien compris à ce que je lisais pendant ces 18 premières pages.. et de qui de quoi il parlait (homme ,femme, personnage ) important ou non !??

Dommage j'avais bien aimé son précédent roman qui faisait de Pattaya " la Fleur du Capital" , mais l'a cette embrouillamini de début de livre est complètement raté. Pas eu envie d'aller plus loin et préfère rester avec ses personnages de Pattaya et cette description extraordinaire de cette ville humide, chaude , âpre et dégoulinante du sexe.

☆Petite précision je connais Bangkok depuis 35ans , alors j'ai aussi une idée de ma Bangkok que je ne veux peut-être pas l'abîmer par la sienne. 35ans de Thaïlande, mais je ne suis jamais aller à Pattaya. Peut-être cela explique cela que La Fleur du Capital c'est ouverte pour moi..et Bangkok à sombré.
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Femmes sur fond blanc

J'avoue qu'il y avait tout pour me déplaire dans ce livre. le titre me séduisait, la 4e me rebutait. La prostitution en Thaïlande, quelle horreur... Mais quand l'écriture est là, je me rends. On ne peut pas nier la puissance de cet auteur. C'est fou. Il y a des phrases d'une telle force ! Et là, je reste admirative, même si je désapprouve totalement ce sujet. le point de départ est original : faire naître Paul Gauguin en 1968 et non plus au XIXe siècle. L'auteur remplace Tahiti par Bangkok. On suit ce peintre dans cette ville gigantesque semble-t-il. Je connais un peu l'Inde et le Cambodge pas ce pays que j'ai toujours évité à cause de tout ce qu'on sait de lui. J'ignore s'il restitue l'ambiance réelle mais sa reconstitution est extraordinaire. On la voit. On sent littéralement la chaleur, la promiscuité. On est dans une mégapole et ses bruits, avec ses odeurs. C'est formidable. Son personnage tombe amoureux d'une très jeune fille et là j'ai franchement failli dire non. Mais encore une fois, il y a une telle humanité dans la manière de la peindre (c'est le cas de le dire ) que ce serait malhonnête de l'occulter. Aucune surenchère, aucune gratuité, pas d'apitoiement facile. L'auteur nous montre un être humain trop jeune qui cherche à s'en sortir par n'importe quels moyens. C'est beau, terrible. Je pense à toutes ces filles qui n'ont pas le choix pour sauver leurs parents et leurs enfants. Je ne vous en dis pas plus mais elle finira par vaincre ! C'est un livre long, qui vous prend au ventre et qui vous marque. Evidemment, le livre se termine par une exposition polémique de ce peintre avec la jeunesse d'aujourd'hui qui lui tombe dessus. Bon, ça, c'est la transposition de Gauguin chez les woke. C'est intéressant, moins intense que la vie là-bas. J'ai appris énormément aussi sur l'histoire de ce pays. le roman est d'une très grande richesse, avec des moments plus historiques, d'autres philosophiques et surtout des moments très poétiques. Pour moi c'est un grand roman et je le conseille vivement !
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Femmes sur fond blanc

Paul Gauguin, peintre du XXIe siècle, raconte son obsession pour l’Asie du Sud-Est et ses femmes qui l’ont inspiré et sauvé. Fascinant.
Lien : https://www.lefigaro.fr/livr..
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L'Opium du ciel

Une occasion pour moi de découvrir un auteur, Jean-Noël Orengo, qui s’est fait connaître avec son premier roman, « La Fleur du capital », Prix Sade et Prix de Flore en 2015.

« L’Opium du ciel » est-il un « mélange d’archéologie, de science-fiction et d’actualité » ? (cf sa quatrième de couverture)

Le côté Science-fiction ? C’est certain.

Le narrateur est en effet… un drone, qui a été reconstitué à partir des restes d’un drone civil et un drone militaire abattus lors de guerres au Moyen orient.

Par l’entremise de ses parents « adoptifs » archéologues de profession, il est doté d’une intelligence de haut niveau qui lui confère un esprit d’analyse.

Un esprit bien singulier, car fortement inspiré par la fréquentation des amis de ses parents, Jacques Brégier, Louis Pauwels, Martin Bernal, qui réapparaissent (entre autres) dans ce « conte »; des esprits non conformes aux dogmes de leur discipline d’expertise.

Enfin, il dispose d’une large autonomie, qui va lui permettre une exploration vaste de notre monde, et des observations vues du ciel.



Je penserai plutôt à un essai, d’une forme originale, qui puise son style dans une hybridation des codes:ceux des récits psychologiques, des thrillers et du roman initiatique.

Les faits d’actualité sont revisités sans concession, en particulier concernant la France et le Moyen Orient; mais aussi des aspects religieux majeurs, avec la remise en question des dogmes fondateurs des religions monothéistes, avec l’éradication, dans les Temps Anciens, du Féminin au profit du Dieu unique Masculin.



Le texte est dense, avec une érudition parfois poussée; des fulgurances (évocation de H.P. Lovecraft).

Si les émotions des personnages et les touches d’humour l’éclairent, le rythme est lent et le ton, sombre qui en rendent sa lecture exigeante.



Une lecture, qui se révèle intéressante par l’ambition des questions abordées et par la réflexion qu’elles suscitent chez le lecteur, mais que j’ai trouvée… déroutante avec une préférence pour le premier roman de l’auteur.



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L'Opium du ciel

Le défi de voir à travers les "yeux" d'un drone est assez original, et l'écriture s'en voit forcément un peu inégale, confuse, mais avec une certaine réflexion sur le monde, plutôt variée. D'abord peut-être un pari pour parler de certaines personnalités comme Jacques Bergier et Louis Pauwels, Martin Bernal, ou encore Philippe Sollers et H.P. Lovecraft, ce livre au début un peu laborieux à lire, souvent explicite et cru, nous emporte finalement au gré des pérégrinations du drone, avec aisance.



A la fois spirituel et assez terre-à-terre, parfois un peu plat et ensuite bien piquant, ce récit donne à réfléchir sur l'humanité, l'avenir des machines, leur potentielle prise de conscience et leur impact.



(voir la critique intégrale sur le blog)
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L'Opium du ciel

Voici sans doute l'un des romans les plus stupéfiants que j'ai lu. Originalité du sujet et beauté du style sont les deux qualités que je veux d'abord retenir. Et je vais être franche : n'attendez pas ici une lecture pépère ! Nous sommes bombardées de sensations, d'informations, de descriptions. Et pour cause : le narrateur est un drone "vivant", qui tourne autour de la terre et se gave de ce qu'il écoute et voit. Il s'appelle Jérusalem ( référence, j'imagine, à la Jérusalem céleste ??), et il nous narre son histoire, qui croise la grande Histoire. Je ne vais pas résumer ce roman, je n'aime pas ça. Disons que vous y découvrirez les portraits saisissants de plusieurs de ses possesseurs, civils ou militaires. Que vous voyagerez dans l'espace et le temps actuels (guerres au Moyen-Orient notamment, Inde, Asie), mais que vous découvrirez aussi des récits du passé très peu connus en France. Car c'est l'une des autres forces de cet ouvrage : nous faire découvrir une autre Histoire. Dans celle-ci, à l'origine, ce n'est pas le meurtre du père qui la déclenche, mais celle de la Mère, la Déesse mère, au profit du Dieu patriarcal, le nôtre. Ce n'est pas une thèse je vous rassure mais un étrange roman, depuis le "meurtre des déesses" comme le dit Jérusalem, jusqu'à maintenant, et j'avoue que c'est franchement éclairant, quand on pense à cette situation des femmes. La chute commence avec la nôtre, la destruction de la vie débute avec notre fragilisation dans la société, notre rôle secondaire. On croise des personnages réels, des universitaires américains dont les travaux archéologiques ont porté sur cette déesse autrefois dominante et aujourd'hui déchue. Comment se fait-il qu'en France, nous n'ayons que des informations partielles sur cette affaire ? Notre féminisme me semble un peu pauvre d'un coup, et pas très curieux ! Voilà, je vous en dis assez peu, mais il y a aussi, et surtout, de superbes passages sur mille choses : Venise (Les façades succédaient aux quais, qui succédaient aux canaux, où s'agençait la mer. Façades hautes, rectangulaires, verticales entre des rues maigres, leurs surfaces rongées d'arcades, de chapiteaux, de linteaux creusant des mondes de bêtes, de madones et de christs tétant leur sein, de fenêtres aux vitres cannelées, avec la pupille du souffleur en guise de cible.) la pluie (La pluie glisse derrière la vitre, imprimant d'innombrables petites virgules sur le verre entre lesquelles s'incrustent tous les mots du paysage.) Voilà, c'est un roman d'une densité exceptionnelle qui restera dans ma bibliothèque, et qui fera partie des livres que je relirai encore.
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L'Opium du ciel

Pas un roman facile, mais qui opte pour un point de vue très original, puisque le narrateur est un drone. Un drone qui a pris son indépendance, a acquis des émotions, du désir mais aussi la solitude. C'est un observateur privilégié de notre monde depuis le ciel. Une fable cruelle et érudite frôlant la SF sur la naissance du patriarcat, l'influence néfaste du monothéisme et l'effacement de la femme que son avènement a provoqué.
Lien : http://appuyezsurlatouchelec..
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L'Opium du ciel

Jusqu'à présent cantonné à la science-fiction, voici qu'en 2017, après avoir fait son entrée comme livreur chez un gros commerçant du web, il surgit en personnage principal d'un roman de littérature française. Après Emma Bovary, Swann, Zazie, voici Jérusalem, le drone ! Même si dans "L'opium du ciel", il sert surtout de prétexte pour faire réfléchir les lecteurs sur le fait religieux et ses tendances à occulter la moitié féminine de la planète, il n'en demeure pas moins qu'il s'impose tout de même comme une belle idée romanesque.

Jérusalem, objet volant et espionnant, au départ banal jouet acheté sans doute à la FNAC sera le propriétaire d'une jeune fille bien de chez nous qui l'emportera avec elle lorsqu'elle fera son djihad. Récupéré par un couple de doux intellos décalés, archéologues du religieux mais aussi fin bricoleurs, il sera réparé grâce à l'apport des pièces d'un autre drone, américain et militaire cette fois. Objet devenu hybride, une super intelligence lui sera en plus offerte, le rendant capable de réflexion voire de sentiments. Après avoir survolé de façon froide et glaciale la France et le Moyen-Orient, il continuera ses périples aux côtés d'un jeune couple, observant le monde avec une toute nouvelle acuité.

Ce personnage, qui nous sort des salons bourgeois dans lesquels se complaît le roman français, reste avant tout le prétexte à une fiction qui vire très vite à un quasi essai sociologico/politique, embarquant ainsi de grands thèmes actuels que sont, en vrac, les effets de la religion sur les masses ou la violence et la guerre qui en découlent, mais surtout, et cela court tout le long du livre, l'éradication du féminin dans les religions monothéistes, réduit le plus souvent à un rôle essentiellement maternel et interdit de divin. Le drone, doté d'une sensibilité indo-sémite, relira le monde au travers de ce concept, attelage original des deux plus vieilles religions du monde qui, pour l'un d'elle ( le judaïsme), n'avait pas, à l'origine, renié la femme. Mais le roman ne se contente pas d'être le vecteur d'une thèse assez ardue, il tacle pas mal sur nos petites manies actuelles et ne se gêne pas non plus pour y introduire des personnages réels, parfois pour s'en moquer ( Philippe Sollers).

Roman franchement ambitieux, "L'opium du ciel" s'est révélé, pour moi, à la lecture, plutôt chaotique.

La fin sur le blog
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La Fleur du capital

Pattaya stade terminal de la misère sexuelle occidentale ? On nous a déjà fait le coup, notamment Houellebecq. Thématique paresseuse et aussi vieille que le voyage exotique. Seul François de Negroni (Old is Beautiful) a su montrer que, dans la "ville-bordel", se dévoilait d'abord un rapport de classe qui renvoie aux pays d'origine et à l'inégalité sociale face aux injonctions du marché du désir. Les élites mondialisées - si promptes à condamner le touriste sexuel - ont d'autres terrains de jeux et d'autres pratiques transgressives.
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La Fleur du capital

Un grand roman et une écriture splendide.

Construit à la manière d'une pièce de théâtre en 5 actes, autour de 5 personnages qui s'entrecroisent autour d'un ladyboy à Pattaya, ville noire, mystérieuse, magique et somptueuse.

Félicitation à Jean-Noël Orengo !
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La Fleur du capital

Alors que le thème m'intéresse (la prostitution en Thaïlande), je n'ai pas pu lire ce livre en entier (j'ai sauté une partie qui m'ennuyait). La ville de Pattaya m'était inconnue et son univers aurait pu me fasciner mais malheureusement ce roman est beaucoup trop long, on peut y lire des phrases (pas particulièrement belles) qui durent plusieurs pages, les effets typographiques ne sont pas intéressants et tout cela donne l'impression que l'auteur cherche à impressionner le lecteur ou les critiques. Je n'ai pas accroché.
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La Fleur du capital

Au fil du vaste Femmes sur fond blanc qui alterne les narrations et les perspectives, Jean-Noël Orengo donne à voir, à entendre et à sentir. Le lecteur se doit de plonger dans les vagues successives pour en goûter tout le sel et en conserver les images marquantes.
Lien : https://www.transfuge.fr/202..
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La Fleur du capital

Il y a des livres qui ont un destin puisque cet ouvrage de Jean-Noël Orengo a obtenu le prix de Flore



(déesse des fleurs et du printemps), couronné la même année par le prix Sade (le célèbre marquis) ce qui tombe plutôt à pic pour un livre traitant de Pattaya, la station balnéaire thaïlandaise dédiée à la luxure, au stupre le plus débridé et aux désirs les plus inavouables.



"La lutte des passes"



Un livre titanesque de près de 800 pages conçu comme une pièces de théâtre. Cinq personnages, cinq voix qui découpe le livre en cinq actes.



Le livre démarre sur les chapeaux de roue sur la déliquescence d'un monde occidental anéanti par la crise, les désillusions, la frustration et la déprime, où les perspectives s'amenuisent, ce que l'auteur appelle "La France qu'on quitte ".

S'y oppose un nouvel horizon, un Orient toujours mystérieux, envoûtant et la promesse d'une nouvelle respiration en cet ailleurs fantasmé, champs de tous les possibles. Et puis Pattaya, bordel à ciel ouvert, station balnéaire plus moche qu'un pou avec ses plages de sable gris et sa pollution endémique où viennent se désaltérer des nuées de touristes venus des quatre coins de la planète. Farangs en "mâles" d'expériences inédites parce qu'ici aucune limite n'existe pourvu que le micheton paye. Beaucoup en deviennent toxico et entament des allers et retours incessants entre l'Ouest et l'Asie, cherchant par tous les moyens à dégoter sur place un business rentable qui leur permette de rester à vie, de se fondre pour toujours, croyant au mirage d'une Asie naïve et accueillante.



Cinq personnages, cinq voix pour nous conter Pattaya.



Kurtz, déjanté et pervers qui pratique la "lutte des passes".



Harun, sortie tout droit d'une banlieue qui vend des appartements aux illuminés occidentaux qui veulent s'installer.



Marly qui s'amourache de Porn, une Lady-boy à la beauté indescriptible.



Scribe (l'avatar de l'auteur) qui caressent le rêve de décrypter Pattaya sous toutes ses coutures.



Porn, le transsexuel bijoutier qui gère avec application son épargne qu'il cachetonne à ses amoureux fous.



Un livre-monde, inventif, touffu et parfois brouillon, où les mots s'entrechoquent, un roman vertigineux fait de sons et de couleurs, d'odeurs et de goûts. Orengo utilise toute la palette de nos sens pour au final nous faire toucher Pattaya, capitale mondiale du sexe, mais avant tout, des illusions perdues.
Lien : https://www.bertrandpeillard..
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La Fleur du capital

Encore un écrivain français captivé par la capitale planétaire du tourisme sexuel : Pattaya. Jean-Noël Orengo nous gratifie d'un pavé de 750 pages. Agrémenté d'une construction narrative alambiquée (et fastidieuse) et d'incessantes (et gratuites) coquetteries typographiques. Tout ça pour quoi ? Pour enfoncer les stéréotypes les plus éculés. On a droit à l'inévitable, fascinant et impénétrable "katoy" (transsexuel), produit d'appel patenté de la prostitution thaïlandaise. A la déchéance du client européen, engagé dans une double démarche de perdition/rédemption. Au thème ressassé d'un Occident décadent et las, venu par charters entiers se régénérer au contact de la jouvence low-cost extrême-orientale. Etc, etc...Aucune mise en perspective, autre qu'égotiste, de l'économie libidinale mondialisée. Au vu du titre de l'ouvrage, pourtant, on imaginait presque accompagner Samir Amin au pays du sourire. On se retrouve avec un Claude Farrère déluré et prétentieux....Sur le même sujet, mieux vaut lire (ou relire) "Pattaya beach", de Franck Poupart ou, surtout, "Old is Beautiful", de François de Negroni..
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