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Citations de Jean-Pierre Lefebvre (65)


Paul Celan - PSAUME

Personne ne nous pétrira de nouveau dans la terre et l'argile,
personne ne soufflera la parole sur notre poussière.
Personne.
Loué sois-tu, Personne.
C'est pour toi que nous voulons
fleurir
A ta
rencontre.
Un rien,
voilà ce que nous fûmes, sommes et
resterons, fleurissant :
la rose de Rien, la
rose de Personne
Avec
la clarté d'âme du pistil
l'âpreté céleste de l'étamine,
la couronne rouge
du mot pourpre que nous chantions,
au-dessus, ô, au-dessus
de l'épine.
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Bienvenue et adieu…


Extrait 2

Je t’ai vue, et la joie si tendre
De tes doux yeux m’a inondé ;
Tout mon cœur était près du tien,
Et tous mes souffles étaient pour toi.
Une rose aurore de printemps
Nimbait le visage charmant,
Et la tendresse - ô Dieu – pour moi !
Je l'espérais, mais sans la mériter !

Las, dès le soleil du matin,
Les adieux m'étreignaient le cœur :
Quelle extase dans tes baisers !
Et dans ton regard, quelle douleur !
Je suis parti, tu es restée, les yeux baissés
Et tu m’as suivi, les yeux baignés de larmes,
Quel bonheur, pourtant, d'être aimé !
Et d’aimer, ô dieux, quel bonheur !

6 janvier 1771

Johann Wolfgang von Goethe
(1749 – 1832)
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Rêve surcroît du dormeur…


Rêve surcroît du dormeur
empaquetée de visions
flotte la lettre

Spirale ellipse cercle
nourrissons du temps
membres morts
secoués
dans les tortures les explosions les guerres
croissant à nouveau –
Je t’aime comme tous les nuages qui passent
comme tous les vents du monde –

Figures de ténèbres
balbutiantes hérissées de frissons
persona déchiffrant la poussière
noms obscurs et scellés
tirés du fond du puits
Oural
Tibet
pays atteint du mal du soir
pèlerins cheminant sur autant de linceuls
murmurant dans l’illimité –


//Nelly Sachs (1891 – 1970)
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Cimetière juif de Prague
Pour Paul Celan


Extrait 3

Yeux bouches
de l’écriture,
cortège d’ombres d’un
souvenir, gravé,
sans yeux ici sans bouche.
Frères de la poussière
nos doigts
lisent les noms.


// Eric Arendt (1903 -1984)

/Traduit de l’allemand par Marc Petit
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  Artiste, aime
  
  
  
  
  Artiste, offre-nous ton grand cœur. Entre avec tes ailes
dans le pauvre peuple éteint. Entre dans l’air consumé des
chambres de jeunes mères, dans les hôpitaux traversés par
les cris, bondés de gens qui meurent, qui espèrent, entre
dans le souffle coupé des cachots, dans les casernes trépi-
gnées par les colères, dans les palais de justice et les asiles
des vieillards.

  Souris toujours et pardonne, comme l’ange, celui qu’on
n’a pas reconnu. Et plus ils seront vifs et bas, écrasés et
éteints, que ton chant soit plus beau, plus haut, plus clair.

  Artiste, aime !


// Yvan Goll (1891-1950)

/Traduit de l’allemand par Jean-Pierre Lefebvre
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Le cerisier
  
  
  
  
Le cerisier est en fleur, je suis assis là en silence,
Les fleurs s’abaissent presque à me remplir les lèvres,
La lune aussi descend déjà vers le sein de la terre,
Elle qui brillait si gaie, et si rouge, et si grande ;
Les étoiles indécises scintillent dans le bleu
Et ne souffrent plus de la regarder encore.


// Achim von Arnim (1781 – 1831)

/Traduit de l’allemand par Jean-Pierre Lefebvre
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Questions



Au bord de la mer, la farouche, la mer nocturne,
Un homme est là, un homme jeune,
Le cœur plein de mélancolie, la tête tourmentée de doute,
Et ses lèvres mornes interrogent les flots :

« Ô, dites-moi le secret de la vie,
L’archaïque et cruelle énigme,
Qui plongea tant d’esprits dans le guignon,
De têtes à coiffe d’hiéroglyphes,
À turban et barrette noire,
Têtes emperruquées et mille autres
Pauvres têtes d’humains transpirants –
Dites-moi, que signifie l’homme ?
D’où est-il venu ? Où va-t-il ?
Qui séjourne là-haut dans les étoiles d’or ? »

L’onde murmure son sempiternel murmure,
Le vent souffle, et les nuages s’enfuient,
Les étoiles scintillent, indifférentes et froides,
Un fou attend qu’on lui réponde.


// Heinrich Heine (1797 – 1856)

/Traduit de l’allemand par Jean-Pierre Lefebvre
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La chanson de Mignon

Connais-tu le pays des citronniers en fleur,
Et des oranges d'or dans le feuillage sombre,
Et des brises soufflant doucement du ciel bleu,
Du myrte silencieux et des hauts lauriers droits ?
Ne le connaîtrais-tu point ?
- Oh, là-bas, je voudrais,
Là-bas, ô mon amour m'en aller avec toi.

- Connais-tu la maison ? Son toit posé sur des colonnes,
La chambre aux doux reflets, la salle lumineuse,
Et les droites statues de marbre, qui me regardent
Et demandent : « Que t'a-t-on fait, ô pauvre enfant ? »
Ne le connaîtrais-tu point ?
- Oh, là-bas, je voudrais,
Là-bas, mon protecteur, m'en aller avec toi.

- Connais-tu la montagne, le sentier dans les nuées ?
Le mulet dans la brume y cherche son chemin ;
Dans les cavernes vit l'engeance des dragons ;
La pierre y chute et sur elle les eaux ;
Ne le connaîtrais-tu point ?
- Oh, là-bas, c'est là-bas,
Que mène notre route ! Ô père partons-y !.



Kennst du das Land, wo die Zitronen blühn,
Im dunklen Laub die Goldorangen glühn,
Ein sanfter Wind vom blauen Himmel weht,
Die Myrte still und hoch der Lorbeer steht?
Kennst du es wohl?
Dahin, dahin
Möcht ich mit dir, o mein Geliebter, ziehn!

Kennst du das Haus? Auf Säulen ruht sein Dach.
Es glänzt der Saal, es schimmert das Gemach,
Und Marmorbilder stehn und sehn mich an:
Was hat man dir, du armes Kind, getan?-
Kennst du es wohl?
Dahin, dahin
Möcht ich mit dir, o mein Beschützer, ziehn!

Kennst du den Berg und seinen Wolkensteg?
Das Maultier sucht im Nebel seinen Weg.
In Hoehlen wohnt der Drachen alte Brut.
Es stuerzt der Fels und über ihn die Flut.
Kennst du ihn wohl?
Dahin, dahin
Geht unser Weg.
O Vater, lass uns ziehn!
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La chanson ivre

Homme ! Fais bien attention !
Que dit le profond minuit ?
« Je dormais, je dormais,
Je me suis éveillé d'un rêve profond :
Le monde est profond,
Et plus profondément pensé que le jour.
Profonde est sa douleur ;
Le plaisir, plus profond encore que la peine du cœur :
La douleur dit « Passe ! »
Mais le plaisir veut l'éternité,
Veut la profonde, profonde éternité ! »

Friedrich Wilhelm Nietzsche

O Mensch! Gib Acht!
Was spricht die tiefe Mitternacht?
Ich schlief, ich schlief
Aus tiefem Traum bin ich erwacht:
Die Welt ist tief,
Und tiefer als der Tag gedacht.
Tief ist ihr Weh,
Lust, tiefer noch als Herzeleid:
Weh spricht: Vergeh!
Doch alle Lust will Ewigkeit...,
Will tiefe, tiefe Ewigkeit!
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Fin du monde
  
  
  
  
Le chapeau du bourgeois choit de son chef pointu,
Des espèces de cris résonnent dans les airs.
Des couvreurs font la chute et se cassent en deux,
Et les marées - lit-on – vont submerger les côtes.

L’orage est là, les mers à cloche-pieds féroces
Entrent dans le pays broyer de fortes digues.
Les gens pour la plupart ont attrapé un rhume.
Et les chemins de fer dégringolent des ponts.


// Jacob van Hoddis (1887 – 1942)

/Traduit de l’allemand par Jean-Pierre Lefebvre
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Chant de Mahomet



extrait 3

« Venez, vous tous ! »
Et maintenant il enfle
Plus magnifiquement encore, toute une lignée
Porte le prince bien haut,
Et, dans les roulements du triomphe,
Il donne aux pays des noms, des villes
Naissent sous son pied.

Irrésistible et mugissant, il passe,
Laisse les sommets des tours enflammés,
Et les demeures de marbre, création
De sa plénitude, derrière lui.

Cet Atlas porte sur ses épaules de géant
Des demeures de cèdre, mille
Voiles pleine emportent en gémissant
Sur sa tête, vers le ciel,
Sa puissance et sa splendeur.

Ainsi porte-t-il ses frères,
Ses trésors, ses enfants,
Au géniteur qui l’attend pour les serrer
Sur son cœur, dans un hurlement de joie.


//Johann Wolfgang von Goethe (1749 – 1832)

/Traduit de l’allemand par Jean-Pierre Lefebvre
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Jean-Pierre Lefebvre
Comme si, dans l’obscurité impénétrable de notre condition, s’ouvraient des passages, je ne puis mieux dire, des espèces de fenêtres, de perspectives par où pénétraient de nouveau un peu de lumière, un peu d’air.
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Venise



J’étais accoudé au pont,
Voici peu, dans la nuit brune.
J’entendais un chant au loin :
Goutte dorée qui s’échappait
Sur la surface tremblante.
Gondoles, lampes, musique –
Tout s’est évanoui, ivre, dans le crépuscule...

Mon âme, guitare effleurée
D’une invisible main y ajoutait
En secret une barcarolle,
Frémissant d’un bonheur multiple
– Quelqu’un l’a-t-il écoutée ?...


// Friedrich Nietzche (1844 – 1900)

/Traduit de l’allemand par Jean-Pierre Lefebvre
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C'est l’heure…



C'est l’heure planétaire des fugitifs.
C’est la fuite arracheuse des fugitifs
vers le haut mal, vers la mort !

C’est la chute astrale hors de l’arrestation magique
du seuil, du foyer, du pain.

C’est la pomme noire de la connaissance,
la peur ! Soleil d’amour éteint
qui fume ! C’est la fleur de la hâte,
aspergée de sueur ! Ce sont les chasseurs
issus de rien, rien que de fuite.

Ce sont des pourchassés, qui portent dans les tombes
leurs cachettes mortelles.

C’est le sable, effrayé
de guirlandes d’adieu.
C’est la percée de la terre vers l’espace libre,
son souffle court,
dans l’humidité de l’air.


// Nelly Sachs (1891 – 1970)

/ Traduit de l’allemand par Jean-Pierre Lefebvre
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Navigation


Extrait 2

Et au petit matin ce fut un grand tumulte ;
Et le matelot nous tire du sommeil en hurlant de bonheur :
Tout grouille, tout vit, tout s’entrecroise
Pour embarquer à la première brise bienfaitrice.

Et les voiles s’épanouissent dans la brise,
Et le soleil nous séduit d’un feu d’amour ;
Les voiles passent, comme les hauts nuages,
Sur la berge tous les amis chantent allègrement
Des chansons d’espérance dans le joyeux tumulte,
Songeant à des joies de voyage, comme celle
Du matin e l’embarquement, ou des premières nuits
  sous la voûte étoilée.
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Tour de voiture


Belle lune de Mariampol ! Sur la lisière
de chaume, ma petite cité,
derrière les baraques
elle monte,
lourde, pesante et comme
parfois retombant un peu. Ainsi va
le marchande de chevaux, il achète
pour sa mère un foulard à frange.

Le soir,
tard,
ils ont chanté tous les deux. Nous sommes
rentrés chez nous en traversant la rivière,
sur le bac on entendait, comme l’eau,
passer, légers, des mots échangés
de gens se hélant, s’appelant –
nous l’avons entendue longtemps
au-dessus de la ville
là-haut dans les clochers, nous l’avons entendue,
la lune juive. Elle est
comme dans le coin du jardin la petite
herbe de larmes et de baisers
la rue * odorante, nos filles
la cueillent.

Viens, Joneleit, ne perds pas
ton foulard. Les vieux dorment.
Encore une nuit,
qui a fini de chanter.

* : plante aromatique et médicinale


//Johannes Bobrowski (1917 – 1965)
/Traduit de l’allemand par Jean-Pierre Lefebvre
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Papillon


Quel bel Au-Delà peint dans ta poussière.
Par le noyau de flammes de la terre,
par son écorce de pierre
tu as été offert,
voile d’adieu dans la mesure des périssabilités.

Papillon
bonne nuit de tous les êtres !
Les poids de la vie et de la mort
s’affaissent avec tes ailes
sur la rose
qui fane avec la lumière mûrissant vers le pays.

Quel bel Au-Delà
peint dans ta poussière.
Quels signes royaux
dans le secret de l’air.


//Nelly Sachs (1891 – 1970)
//Traduit de l’allemand par Jean-Pierre Lefebvre
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Chant de Mahomet



extrait 2

Rien ne l’arrête pourtant, ni vallon ombreux
Ni fleurs
Qui lui enlacent les genoux
Ou l’enjôlent de regards tendres ;
Il est poussé vers la plaine
En un sinuant voyage.

Des ruisseaux s’accolent
Aimablement à lui.
Et voici qu’il arrive
Dans la plaine, resplendissant d’argent,
Et la plaine resplendit avec lui,
Et les fleuves de la plaine
Et les ruisseaux des montagnes
Poussent des cris de joie et l’appellent : « Frère,
Frère, prends tes frères avec toi ;
Emmène-nous chez ton vieux père,
Jusqu’à l’éternel océan
Qui nous attend
Et déploie ses vastes bras,
Qui s’ouvrent en vain, hélas,
Pour saisir ceux qui se languissent de lui,
Car dans le désert aride nous dévore
Un sable avide,
Nous suce le sang,
Une colline
Nous arrête et fait de nous des étangs,
Frère,
Emmène tes frères de la plaine,
Emmène tes frères des montagnes
Avec toi retrouver ton père.



//Johann Wolfgang von Goethe (1749 – 1832)

/Traduit de l’allemand par Jean-Pierre Lefebvre
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Musique de village



Dernier bateau que je prends
sans chapeau sur mes cheveux
blanc dans quatre planches de chêne
avec ma brassée de rue
et tous mes amis autour
        l’un soufflant dans la trompette
        et l’autre dans le buccin.
Bateau ne me sois pas trop lourd
écoute les autres parlent fort :
tel a construit sur du sable – crie

de l’arbre du puits la corneille,
de l’arbre sans branche crie : malheur !
de l’arbre nu sans écorce :
enlevez-lui son cadeau
prenez son rameau de rue
        mais la trompette résonne
        mais résonne le buccin
personne ne m’a attrapé
tous disent : il quitte le temps
et ne s’en va pas bien loin

Donc je le sais et je pars
sans chapeau sur mes cheveux
lueur de lune sur barbe et sourcil
ayant vécu, épuisé toute moquerie
j’écoute un coup aussi là-haut
        car la trompette retentit
        car retentit le buccin
et la corneille crie de loin
je suis là où je suis : dans le sable,
mon brin de rue dans la main


//Johannes Bobrowski (1917 – 1965)

/Traduit de l’allemand par Jean-Pierre Lefebvre
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Eduard Mörike

Le phare magique

La petite fille du magicien était assise
dans sa chambre en verre;
elle tourna à la lueur brillante des bougies
et y chanta aussi brillant qu'une cloche.
La salle, comme une sphère claire, était
suspendue en l'air
sur une tour sur les hauteurs du rocher, la
nuit au- dessus de la mer sauvage,
et suspendue
par un long bras dans la tempête et le temps gris .
Or, quand un navire pouvait à peine
voir des conseils ou des secours de nuit ,
le pilote tordait l'épaule,
le capitaine criait à tous les démons,
le marin aussi voulait désespérer:
Oh mon pauvre ventre de couenne!
Soudain, une lumière brille de loin
comme une étoile brillante du matin;
l'équipe crie fort:
Heida! maintenant c'est l'heure de la peau sèche! De toutes vos
forces vous vous
dirigez maintenant vers la lumière chère,
qui grandit et grandit et brille presque
comme un verre de soleil magique,
en elle une petite fille s'assied et tourne,
sa chanson se plie dans le vent;
les hommes se tiennent comme ravis,
chacun regarde
et écoute et étonne avec constance après le miracle ,
le timonier laisse tomber la main,
personne n'a plus d'attention au navire;
il craque avec un sur la falaise,
l'air est déchiré par un cri de lamentation:
Seigneur Dieu au ciel, aide-nous!
Alors la sorcière éteint sa lumière;
une fois de plus, la
douleur sort de la bouche et disparaît des profondeurs ;
puis le navire tressaille et coule vers le bas.
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