Citations de Jean Renoir (69)
Les destructeurs sont ceux qui, ne reconnaissant pas la marche du temps, veulent appliquer des solutions anciennes à des problèmes nouveaux.
D'habitude on regarde quelqu'un dans les yeux pour savoir s'il est sincère. Renoir regardais les mains.
Je suis né au Château des Brouillards le 15 septembre 1894 un peu après minuit. La sage-femme me présenta à ma mère qui dit : "Dieu, qu'il est laid ! Enlevez-moi ça !". Mon père dit : "Quelle bouche ! C'est un four ! Ce sera un goinfre". Hélas ! Cette prédiction devait se réaliser. Abel Faivre, qui était venu passer la nuit avec Renoir, déclara que j'étais un excellent modèle pour lui.
c'est avec des détails, des détails qui ont à voir avec la chair, avec les sens, avec les gens, avec la vue, avec l'odorat, avec la joie sensuelle de sentir les formes, les couleurs ; pas avec des idées, pas avec le cerveau. Après tout, le cerveau, c'est une vieille prostituée. Le cerveau, qu'est-ce qu'il fait ? Mais il profite exactement de ce que les autres sens ont honnêtement accumulé. Il le prend pour lui et se l'attribue. Eh bien ! Il faut lutter contre cela, mes chers amis. À bas le cerveau, vivent les sens !
Quand j'intérrogeais celle-ci sur cette période de sa vie, ses réponses étaient plus que vagues. Non pas qu'elle voulut rien me cacher. Mais comme tous les êtres vraiment forts, elle vivait dans le présent.
Le style américain consiste en partie à soigner la façade .Les quartiers riches y siont plus ostentatoires qu'ailleurs.Ils constituent un maquillage habile de la misère des quartiers pauvres .De même les cover-girls des magazines américains font oublier ce que sont les vrais visages des citoyens non sélectionner.
Pour un être humain la principale fonction est de vivre, le premier devoir est de respecter la vie.
Moi du génie ? Quelle blague ! Je ne prends pas de drogues, n'ai jamais eu la syphilis et ne suis pas pédéraste ! Alors ?...
Il eût trouvé indécent de faire part de ses sentiments à qui que ce fût, même peut-être à lui-même.
Il se rattrapait devant son chevalet. Alors là plus de retenue. De son pinceau aigu et tendre ils s'en payait à cœur joie de caresser les fossettes du cou, les petits plis des poignets de ses gosses, et de crier à l'univers tout son amour paternel.
Ma passion des véhicules propulsés par des moteurs à combustion interne dépassait la raison. Il s'agissait d'un culte. J'avais dix-huit ans et je subissais l'attraction irrésistible de cette mécanique sacrée. Je ne rêvais que pistons, carburateurs, allumage par magnéto, changement de vitesse à double baladeur et cardans. Je ne prévoyais pas que mon idole allait devenir un monstre. Comment une soupape serait-elle capable de changer notre mode de vie, nos nourritures, la nature de nos plaisirs, notre façon de faire l'amour?
[ p. 10]
"Ce qui est terrible sur cette terre, c’est que tout le monde a ses raisons." [ Jean Renoir, dialogue du
film français "La règle du jeu" ]
L'amitié avec un homme ? Mmm... (Petit rire sceptique.)
Ah, autant parler d'la lune en plein midi !...
(p.47)
Tout ce que j'appelle grammaire ou première notion de l'art se résume en un seul mot : irrégularité.
Il faut être fou pour arrêter la marche du temps. D'ailleurs ce sont ceux qui prétendre respecter les traditions qui les détruisent.
Sa théorie était qu'on ne doit pas forcer la destiné : Un bouchon, disait-il : il faut se laisser aller dans la vie comme un bouchon dans le courant d'un ruisseau.
Pour Renoir il n'y avait pas de petits et grands événements, pas de petits ou de grands artistes, pas de petite ou grande découverte. Il y avait les animaux, les hommes, les pierres ou les arbres qui accomplissaient leur fonction et ceux qui sont "à côté".
Cette idée que la vie est un état et non pas une entreprise me semble essentielle dans l'explication du caractère, donc de l'art de Renoir. J'ajoute que pour lui cet état était un état joyeux, dont chaque étape se marquait par des découvertes émerveillées. Chaque regard sur ce monde lui procurait un étonnement sincère, une surprise qu'il ne cherchait pas à dissimuler. J'ai vu mon père souffrir le martyre. Je ne l'ai jamais vu s'ennuyer.
Il y a une chose effroyable, c'est que tout le monde a ses raisons.
La solitude est un sujet d'autant plus riche qu'il n'existe pas. Ce vide est peuplé de fantômes. Ces fantômes sont ceux de notre passé. Ils sont très forts, assez forts pour façonner le présent à leur image.
Il avait la certitude que le progrès abaisse l'être humain en le libérant des besognes matérielles, plus nécessaires à l'esprit qu'au corps.