AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782081214736
265 pages
Flammarion (26/05/2008)
3.97/5   16 notes
Résumé :

" Renoir a beaucoup de talent, mais il n'est pas des nôtres. " Cette appréciation lancée un jour par le grand patron de la Fox décrit avec une concision admirable ce que furent les rapports entre " les gens de la profession " et Jean Renoir tout au long de sa carrière. Dans ce livre dédié aux représentants de la Nouvelle Vague, Renoir évoque les souvenirs les plus marquants d'une vie consacrée au ciné... >Voir plus
Que lire après Ma vie et mes filmsVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
L'amour et l'amitié ont accompagné Jean Renoir. Dans ce livre le cinéaste se confie donc sur les nombreuses rencontres qui ont émaillé sa vie et sur lesquelles il a toujours un bon mot ou une anecdote, avec cette bonhomie qui le caractérisait tout en ayant une intelligence des plus vives. Il n'élude pas pour autant les drames qui ont marqué sa vie ni les difficultés. Il a été grièvement blessé durant la première guerre, échappant de peu à l'amputation, et sa mère est décédée lors de son hospitalisation. Renoir n'a jamais été non plus très à l'aise avec l'industrie du cinéma, il refusait les méthodes et les clichés qu'imposait le cinéma commercial. Celui dont personne ne doutait du talent s'est souvent retrouvé au chômage. Je crois aussi qu'il aimait se sentir lors de ses tournages comme au milieu d'une troupe, entouré par ses acteurs et ses techniciens. Il voulait que ses films soient un tout, ouverts à la vie, à ses couleurs, ses rythmes et ses sentiments. Son réalisme était teinté de poésie et n'excluait ni la fantaisie voire le burlesque, ni le rêve ou l'imaginaire. Son regard était aussi celui d'un peintre. Il évoque souvent dans ces pages la présence de son père et de ses tableaux qui ont baigné son enfance, passée entre Paris, à Montmartre, la Bourgogne et la Provence. En sorte que Jean Renoir s'est toujours senti tout à la fois parisien, bourguignon et méridional. le réalisateur de "French Cancan" a été aussi celui de "Toni" et de "La Marseillaise", ses films les plus méridionaux. S'il cite volontiers Simenon ou Gabin, il n'oublie ni Pagnol, ni Raimu, ni Fernandel. Parmi les acteurs avec lesquels il a le plus collaboré il évoque d'abord sa première femme, Catherine Hessling, l'un des derniers modèles de son père, celle qui fut à l'origine de ses premiers films, "La fille de l'eau", "Nana", "La Petite Marchande d'allumettes", "Sur un air de charleston" et "Tire-au-flanc" et pour laquelle il devint réalisateur, non sans déboire financier, puis Pierre Champagne, son ami, qui se tua à bord d'une Bugatti, accident dont Renoir sorti indemne. "Tire-au-flanc" est le premier film de Renoir avec Michel Simon. C'est l'un de mes préférés, l'un des plus drôles et des plus subversifs de Renoir. Ils tourneront ensuite "On purge bébé", "La Chienne" et "Boudu sauvé des eaux". L'autre grand compagnon sera Gabin qui apparaît à côté de Jouvet dans "Les bas-fonds". Il y aura juste après "La Grande Illusion" et "La Bête humaine", bien avant "French- Cancan". "La règle du jeu" tourné en 1939 marque un tournant, celui de la guerre. Renoir s'exile à Hollywood. Il y croise René Clair, julien Duvivier, Gabin en compagnie De Dietrich, des cinéastes qu'il admirait, Ford, Griffith, Chaplin, etc. , mais son humanité, son sens artistique se heurteront toujours à la logique étroite des producteurs. Les films de cette période sont cependant exceptionnels. Renoir aimait les décors naturels, filmer au bord de l'eau. Il tourna "L'étang tragique" dans le marais d'Okefenokee en Georgie. le sud des Etats-Unis lui inspirera aussi "L'Homme du Sud". Dans ce livre Renoir a une pensée attendrie pour Charles Laughton, étonnant dans "Vivre Libre" tourné alors. Il évoque aussi brièvement Robert Ryan , interprète de "La Femme sur la plage". Il partit ensuite en Inde pour y réaliser "Le Fleuve" en couleur. C'est sans doute l'un des plus grands films que j'ai vu au cinéma, mais il perd beaucoup de sa puissance en DVD. A la fin du livre Renoir renoue avec son enfance, l'impressionnisme hérité de son père. " le déjeuner sur l'herbe" a été tourné à la propriété des Collettes de Cagnes-sur-Mer qui avait appartenu à son père. C'est un hymne vibrant à la Nature, avec ses nymphes et ses satyres. Renoir termine le livre comme il l'a commencé, par un long souvenir de Gabrielle, une cousine de sa mère et modèle de son père, qui fut pour Renoir comme une nourrice et qui l'accompagna toute sa vie. C'est aussi elle qui lui fit découvrir Guignol et le théâtre Montmartre, alors qu'il était enfant.
Commenter  J’apprécie          271
Ces mémoires m'ont aidé à comprendre l'univers du cinéaste. Je me suis posé la question : d'où vient sa manière d'enchaîner les plans avec cette incomparable fluidité ? Et aussi : comment a-t-il survécu à la dictature d'Hollywood ? Des réponses dans ces mémoires - où l'on découvre à chaque page sa franchise, son recul et parfois son sens de l'autodérision.

JR se confie, il évoque ses recherches, ses échecs, la genèse de ses films et sa manière de travailler. Au détour d'un épisode apparemment futile il énonce son point de vue sur son art. Il est question de cette énigme qui est l'acte de création ; il est question d'expérimentation, de réalisme, de vérité intérieure. Sans s'appesantir, il reste concret, son propos demeure ancré dans son quotidien de « faiseur de films ». Il expose tout cela en toute humilité, jamais la grosse tête.

Il se rappelle de son travail avec les acteurs : un de ses collaborateurs disait « Renoir, il ferait jouer une armoire ». JR s'interroge également sur le goût du public, sur la paresse (autrement dit le conformisme) du public, sur le rapport art / film commercial, sur les raisons du succès. Sans oublier les moyens techniques qui restent secondaires par rapport à l'inspiration créatrice (p252). Je me rends compte qu'il était bien en avance sur son temps.

Quant à son séjour à Hollywood, on voit bien que ce n'était pas de tout repos. « le métier que j'essaie de pratiquer n'a rien à voir avec l'industrie du film. Je n'ai jamais pu voir le cinéma sous son aspect industriel » (p186)
On lui reprochait de ne pas être commercial. On incriminait sa lenteur qui menaçait de faire dépasser le budget. Lui, qui avait tourné Les Bas-Fonds en 25 jours. (p184) « Bien vite, je compris que la Fox attendait de moi non pas d'apporter mes méthodes personnelles, mais d'adopter les méthodes hollywoodiennes. » (p177). Sa passion du cinéma, sa résilience et son optimisme l'ont aidé à garder le cap.

Avant de refermer le bouquin, je reviens au premier chapitre, où JR parle avec bonheur de l'art de Mack Sennett, une époque de l'innocence. « le délicieux burlesque américain ». Il n'y avait pas de facilités techniques, ni la pression du producteur ; on tournait avec une équipe restreinte, où chacun donnait son avis. « Ces films étaient l'expression directe des rêves d'un faiseur de films et en portaient la marque indélébile ». « Les artistes ne savaient pas qu'ils travaillaient à des chef-d'oeuvre. Ils racontaient de bonnes histoires. » Est-ce que cela aurait comblé JR ? Travailler à la manière de Mack Sennett ? Non, aucune nostalgie dans son propos. Comme je l'ai déjà dit, il était en avance sur son temps.
Commenter  J’apprécie          50
Dans cet ouvrage de 1974 (10 ans avant sa mort) Renoir établit un bilan d'une oeuvre cinématographique achevée mais aussi un retour sur les différents épisodes de sa vie ,ses rencontres (et dieu sait qu'elles furent nombreuses) .Particulièrement intéressant en ce qui concerne la genèse des ses films.
Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Le style américain consiste en partie à soigner la façade .Les quartiers riches y siont plus ostentatoires qu'ailleurs.Ils constituent un maquillage habile de la misère des quartiers pauvres .De même les cover-girls des magazines américains font oublier ce que sont les vrais visages des citoyens non sélectionner.
Commenter  J’apprécie          30
La solitude est un sujet d'autant plus riche qu'il n'existe pas. Ce vide est peuplé de fantômes. Ces fantômes sont ceux de notre passé. Ils sont très forts, assez forts pour façonner le présent à leur image.
Commenter  J’apprécie          20

autres livres classés : cinemaVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (34) Voir plus



Quiz Voir plus

Livres et Films

Quel livre a inspiré le film "La piel que habito" de Pedro Almodovar ?

'Double peau'
'La mygale'
'La mue du serpent'
'Peau à peau'

10 questions
7101 lecteurs ont répondu
Thèmes : Cinéma et littérature , films , adaptation , littérature , cinemaCréer un quiz sur ce livre

{* *}