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Citations de Jean Starobinski (119)


Peut-on parler de guérison chez un mélancolique ? demande J. Luys. Non. « La maladie est toujours latente chez lui, et, sous l’influence d’une cause occasionnelle, il est capable de retomber de nouveau. »
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Et le sujet mélancolique attend que lui soit adressé un message d’apaisement, qui réparerait le désastre intérieur et lui ouvrirait les portes du futur. Mais il n’a autour de lui que des êtres qui lui ressemblent, et il désespère de ce déni du regard. Ou plutôt : il ne désespère ni n’espère, il souhaite obscurément avoir l’énergie de désespérer.
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Jean Starobinski
Je ne sais pas si je suis mélancolique. Je suis un lecteur du langage, ou plutôt des discours sur la mélancolie, mais je m'en tiens prudemment à distance.
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Jean Starobinski
Les vrais musiciens, par la manière dont ils attaquent le silence, le rendent plus profond.
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Démocrite, figure emblématique de la mélancolie à la Renaissance, rit et s’isole pour chercher le secret de la maladie en disséquant des animaux. Hippocrate le trouvera sain et plus sage que lui. La question initiale de Montaigne serait : « Une fois que la pensée mélancolique a récusé l’illusion des apparences, qu’advient-il ensuite ? » Dans l’Anatomie de la mélancolie (1621), « synthèse géniale » et « encyclopédie complète » du sujet, Robert Burton, savant bibliothécaire d’Oxford, s’avance déguisé en « Démocrite junior ». Si La Rochefoucauld, qui disait souffrir d’une mélancolie « assez supportable et assez douce », ne quitte pas la vie mondaine, c’est pour démontrer, comme le proclame l’épigraphe de ses Maximes, que « nos vertus ne sont le plus souvent que des vices déguisés ». Baudelaire, « l’expert suprême en mélancolie », s’en sert comme emblème et métaphore pour réfléchir au statut de l’art et de la littérature.
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Écrire, c'est transformer l'impossibilité de vivre en possibilité de dire.
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Le silence n’est jamais plus beau qu’après le passage du chant parfait.
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La journée, dans l'histoire de l'Occident, a été scandée, pendant des siècles, par le rituel religieux. Ce rituel est présent dans Histoire, lié aux souvenirs des années d'école et à l'image de la mère malade. Autour de la mère moribonde se disposent les grands actes religieux sacramentels, messe et communion, pèlerinage, extrême-onction. Les prières journalières, elles, appartiennent à l'ordinaire de la vie scolaire. Les deux cycles se complètent.
Jean Starobinski La journée dans " Histoire", page 17
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Dans le monde chrétien, il devient infiniment plus important de distinguer la maladie de l’âme et celle du corps. La maladie de l’âme, si la volonté y a consenti, sera considérée comme un péché et appelle une punition divine, tandis que la maladie du corps, loin d’entraîner une sanction dans l’au-delà, représente une épreuve méritoire. Il n’est pas toujours facile de savoir si l’on a affaire à l’une ou à l’autre. Et les affections dépressives constituent un problème particulièrement épineux.
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Comprendre, c’est reconnaître que toutes les significations demeurent en suspens tant que l’on n’a pas achevé de se comprendre soi-même.
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Quand je me trouve seul


Quand je me trouve seul, comme au temps de misère,
Quand je fais le café pour le repas du soir,
Quand tu me laisses pour un jour à mes pensées,
Il me semble toujours que je ne pourrais plus,
Jamais plus vivre encor ces nuits tissées de brume
Où je sombrais ainsi qu’un arbre dans la mer.
Douce comme le pain et le vin sur la table,
Je n’avais pas encore cette chaleur en moi,
Ni tes mains sur mes yeux, ni ces mots dits par toi,
Vivants et anciens, ces mots toujours pareils
Et qui rayonnent jusqu’au fond de mon sommeil
Enfin pacifié… Le temps de la misère
Où je me trouvais seul pour le repas du soir,
Conjuré pour toujours n’est plus qu’un arbre noir
Disparu au tournant du chemin, les veillées
S’écoulent doucement près d’une lampe aimée –
Et je me sentirai plus paisible, plus fort,
Moins seul pour affronter les chemins de la mort.


//Jean-Pierre Schlunegger (1925 – 1964)
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Les psychiatres de 1900 ont consenti à reconnaître que la guérison n’est que pour une faible part l’œuvre du médecin : elle est l’acte arbitraire et mystérieux par lequel l’organisme, à sa guise, répond aux secours qui lui sont apportés.
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Feuilletez le grand inventaire que Burton nous en donne : vous verrez que l’arsenal thérapeutique de la mélancolie mobilise des ressources empruntées à toutes les parties de l’univers.
Une telle richesse de médicaments devrait rassurer et ragaillardir le mélancolique, lui donner le sentiment d’être entouré, protégé, prémuni. Il peut y trouver l’image d’une Nature aussi foisonnante que bienveillante. Tout se passe comme si les médecins de la Renaissance s’ingéniaient à offrir au mélancolique, jusque dans la multiplication des drogues, le spectacle d’une diversité heureuse et d’une inépuisable productivité. N’est-ce pas là un bienfait pour l’existence mélancolique, qui est monotone, et qui s’enferme dans la conviction de sa pauvreté et de sa stérilité ? Sans que les thérapeutes y aient véritablement songé, leur polypharmacie et leur polypragmasie réalisaient une sorte d’antidotisme psychique, opposant les trésors d’un vaste univers au dénuement du mélancolique.
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La mélancolie est une maladie de l’être sensible. Pour les auteurs du XVIIIe siècle, elle se caractérise fréquemment par des alternances d’hyperesthésie et d’hébétude. La définition qui prévaudra finalement sera tout intellectuelle : la mélancolie est l’empire démesuré exercé sur l’esprit par une idée exclusive.
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Le mal qui nous travaille n’est pas dans les lieux où nous sommes, il est en nous ; nous sommes sans force pour supporter quoi que ce soit, incapables de souffrir la douleur, impuissants à jouir du plaisir, impatients de tout. Combien de gens appellent la mort, lorsque après avoir essayé de tous les changements, ils se trouvent revenus aux mêmes sensations, sans pouvoir rien éprouver de nouveau, et au sein même des délices, ils s’écrient : Quoi ! toujours la même chose !

-Sénèque, De tranquillitate animi-
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Jean-Jacques Rousseau, à vingt-six ans, saisi d’une « noire mélancolie » et convaincu d’avoir un « polype au cœur », quitte Mme de Warens et se rend à Montpellier : il se présente à ses compagnons de voyage comme un Anglais du nom de Dudding. Pourquoi ce déguisement et ce pseudonyme ? Rousseau, qui venait de lire les romans de l’abbé Prévost, savait que le vrai mélancolique est nécessairement un Anglais. Ce nom d’emprunt l’aidait à construire la personnalité et la maladie prestigieuses qu’il souhaitait avoir.
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Si Baudelaire reste fidèle à l’organisation rimée, ce n’est pas seulement par docilité esthétique, mais bien davantage parce que les contraintes traditionnelles de la versification lui permettent de surmonter des pulsions destructrices et déstructurantes, d’en différer la menace par le seul fait de lui donner forme. Dans la forme rigoureuse du sonnet, dire la destruction bâtit un objet indestructible ; dire le vide se développe en un discours sans lacune.
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[…] Que devenir, si celui dont on attend le secours a lui-même besoin de secours ?
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La mélancolie souffre sous le fardeau de son propre pouvoir ; l’ironie assume l’impuissance avec une supériorité joyeuse. […] La mélancolie éprouve comme un poids écrasant le savoir qu’elle possède de la fugacité périssable, laquelle ne peut absolument pas se mesurer aux dimensions illimitées du Tout. L’ironie connaît la puissance du non-savoir, qui éclaire de façon égale le savoir et le non-connaissable.

Wilhelm Szilasi
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Dès le milieu du siècle [19e], les apôtres du traitement moral s’étaient tournés vers les possibilités d’une thérapeutique sociale, d’une « sociothérapie ». […] Brierre de Boismont recommande avant tout la « vie de famille ». Non pas le retour du malade dans sa famille, mais l’organisation familiale du milieu thérapeutique et, en l’occurrence, de la clinique privée.
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