Citations de Jean-Yves Le Naour (171)
... C'est la politique du chien crevé au fil de l'eau.
En 1916, on pense donc à la paix tout en faisant la guerre, tandis que d'autres songent à la guerre tout en défendant la paix, et chacun d'hésiter entre la détermination et le compromis... comme s'il était encore possible de choisir. (p317)
Pour avoir seulement exprimé de la compassion à l'égard des victimes et refusé de condamner tel ou tel camp, renvoyant dos à dos le torpillage du Lusitania et le blocus commercial de l'Allemagne, le pape Benoit XV est traité de "Boche" dans la presse française.
En produisant la figure de l'ennemi intérieur, la guerre totale glisse donc vers la guerre terroriste avec la meilleure bonne foi du monde. Chacun est dans son bon droit. Seul l'ennemi, civil compris, est un barbare.
Dans le milieu militaire, on est plus que circonspect sur cette substitution de Briand à Viviani. Foch a ce jugement lapidaire : "C'est, je crois, changer un cheval borgne pour un aveugle."
Qu’on puisse proposer une indemnisation financière à une femme violée pour solde de tout compte est intolérable à Gisèle Halimi pour qui le viol n’est pas « un simple accident d’auto ».
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Celui qui sort de sa tranchée est condamné a de lourdes pertes. Malheureusement, les Allemands n'attaquent pas en 1915, et les Français un peu trop.
De ces héros-là, on en avait honte. S'il était difficile de soutenir le regard des "gueules cassées", au moins le pays s'inclinait devant eux, mais les fous, les hystériques, les déments, il fallait les cacher, les dissimuler parce qu'ils renvoyaient une image terrible de la guerre en complète contradiction avec les lauriers de l'héroïsme dont la société d'après-guerre couvait les poilus et les anciens combattants. La guerre, pourtant, il faut avoir le courage de la regarder dans les yeux.
Il ne fut pas tué par une balle, au cours d'une attaque. Son corps aurait pu être ramassé, identifié, enseveli dans un ossuaire du front, et l'on eût planté sur sa tombe une croix de bois portant son nom, sa classe et le numéro de son régiment. Une mine éclata sous lui, ou bien il fut broyé par un obus, enterré, perdu, ayant peut être gardé seulement un fragment de casque, un pan de capote, un bouton militaire, devant attester plus tard qu'il avait été un soldat français
Une mystérieuse affaire de lettres anonymes, un cadavre, l'émotion de toute une ville, une préfecture paralysée par les rivalités comme par le soupçon, autant d'ingrédients qui ont le don d'attirer ces journalistes spécialistes du crime.
Le juge Richard sait en tout cas à quoi s'en tenir : une fouineuse, une frustrée pleine de haine et de rancune, une femme humiliée qui rêve de vengeance, n'est ce pas là un profil idéal pour devenir "l'oeil de tigre" ?