Citations de Jean d` Ormesson (2583)
Le monde n'a peut-être aucun sens :
"Life is but a tale told by an idiot, full of sound and fury, signifying nothing."
Ce qu'il y a pourtant de surprenant, c'est que tout ce qui s'y passe, et même la souffrance et le mal et la sottise et l'absurdité, ait l'air de faire un tout et d'avancer cahin-caha.
Lorsque Macbeth, sur le point de périr, s'écrie que le monde est un tumulte dépourvu de tout sens, il donne, mieux que personne, un peu plus de sens au monde.
p428
C'est quand il y a quelque chose au-dessus de la vie que la vie devient belle.
Avec son passé qui n'est plus, son avenir qui n'est pas encore et sont éternel présent toujours en train de s'évanouir entre souvenir et projet, le temps est la plus prodigieuse de toutes les machineries. Aucun phénomène de la nature, aucune invention humaine, aucune combinaison de l'esprit, aucune intrigue de roman, de cinéma, de théâtre ou d'opéra, si compliquée qu'elle puisse être, ne lui parvient à la cheville.
Selon une division quatripartite, qui rivalise avec la division tripartite chère à Georges Dumézil et dont on retrouve les traces en Inde, en Chine et jusque chez les Wisigoths, les cochers étaient répartis en quatre groupes qui correspondaient à la fois à une division géographique, à une division religieuse et cosmique et à une division sociale : les Bleus, les Verts, les Blancs et les Rouges. Les Bleus et les Blancs représentaient les quartiers riches, favorables à l'orthodoxie et au gouvernement d'un petit nombre. Les Verts et les Rouges représentaient les quartiers populaires à tendance démocratique et inclinaient vers l'hérésie. Le célèbre Palio, la course qui se déroule à Sienne sur la Piazza del Campo incurvée en coquille vers le Palazzo Pubblico et où chaque cavalier est le champion d'une contrade, c'est-à-dire d'un quartier, peut donner, en petit et, malgré sa splendeur, en modeste, une idée de ces courses de chars de Byzance qui laissaient loin derrière elles la passion populaire de nos matches de football ou de rugby. Les deux groupes principaux étaient les Bleus et les Verts. Démétrios était Vert.
p364
"Un écrivain doit faire attention à tout ce qu'il écrit, à tout ce qu'il dit. Et il doit faire attention à la façon dont il meurt. C'est très mauvais pour un écrivain de mourir en même temps que Piaf"
Ne vous laissez pas abuser. Souvenez-vous de vous méfier. Et m'eme de l'évidence: elle passe son temps à changer. Ne mettez trop haut ni les gens ni les choses. Ne les mettez pas trop bas. Non, ne les mettez pas trop bas. Montez. Renoncez à la haine: elle fait plus de mal à ceux qui l'éprouvent qu'é ceux qui en sont l'objet. Ne cherchez pas à être sage à tout prix. La folie aussi est une sagesse. Et la sagesse, une folie. Fuyez les préceptes et les donneurs de leçons. Jetez ce livre. Faites ce que vous voulez. Et ce que vous pouvez. Pleurez quand il le faut. Riez.
J'ai beaucoup ri. J'ai ri du monde et des autres et de moi. Rien n'est très important. Tout est tragique. Tout ce que nous aimons mourra. Et je mourrai moi aussi. La vie est belle.
Je n'ai pas la foi mais j'ai l'espérance.
Le temps est la seule chose au monde que tout le monde connaît et éprouve et qu'on ne peut ni voir, ni sentir, si toucher, si diriger, ni modifier, ni définir... il devrait être interdit d'en parler.
L'islam est une belle et grande religion. Son prophète est l'un des hommes très rares qui ont bouleversé le monde et transformé de fond en comble le destin des hommes. (« La Chronique du temps qui passe », Le Figaro Magazine, nº 13827, 11 février 1989, p. 9)
Qu'ai-je aimé dans cette vie que j'aurai tant aimée ? C'est une question que chacun de nous, à moins de se résigner à passer pour un veau, doit bien finir par se poser. Il y a dans toute existence au moins deux interrogations auxquelles se mêle un peu d'angoisse. L'une au début : "que faire" ? Elle m'a tourmenté jusqu'aux larmes. L'autre à la fin : "qu'ai-je donc fait" ?
L'idée que notre naissance est une condamnation à mort est difficile à supporter. Aussi les hommes ont-ils imaginé comme une solution de rechange. Ils se sont mis en tête qu'une espèce de seconde vie, mais cette fois éternelle, sans dettes, sans souffrances, .....
Les religions servent à ça : donner l'espoir que tout ne sera pas fini après notre fin inévitable.
Dans une interview :
Jean d'Ormesson expliquait pourquoi il ne fallait pas mourir en même temps qu' une star en expliquant qu'Edith Piaf avait éclipsé la mort de Jean Cocteau, en mourant quelques heures après lui, le 11/10/1963.
L'écrivain doit faire attention à tout ce qu'il écrit, il doit faire attention à tout ce qu'il dit. Il doit faire attention à la façon dont il meurt.
«Personne ne sait jamais ce qu'on gagne avec une naissance. On n'y gagne que des espérances, des illusions et des rêves. Il faut attendre la mort pour savoir enfin ce qu'on perd.» - (Le vagabond qui passe sous une ombrelle trouée)
Tâchons de dépasser ce qui nous oppose et de multiplier ce qui nous unit.
Le train de la vie
À la naissance, on monte dans le train et on rencontre nos parents.
Et on croit qu’ils voyageront toujours avec nous.
Pourtant, à une station, nos parents descendront du train,
nous laissant seuls continuer le voyage…
Au fur et à mesure que le temps passe,
d’autres personnes montent dans le train.
Et elles seront importantes : notre fratrie, nos amis, nos enfants,
même l’amour de notre vie.
Beaucoup démissionneront (même éventuellement l’amour de notre vie),
et laisseront un vide plus ou moins grand.
D’autres seront si discrets
qu’on ne réalisera pas qu’ils ont quitté leurs sièges.
Ce voyage en train sera plein de joies, de peines, d’attentes,
de bonjours, d’au-revoirs et d’adieux.
Le succès est d’avoir de bonnes relations avec tous les passagers
pourvu qu’on donne le meilleur de nous-mêmes.
On ne sait pas à quelle station nous descendrons,
donc vivons heureux, aimons et pardonnons.
Il est important de le faire car lorsque nous descendrons du train,
nous ne devrons laisser que de beaux souvenirs à ceux qui continueront leur voyage.
Soyons heureux avec ce que nous avons et remercions le ciel de ce voyage fantastique.
Aussi, merci d’être un des passagers de mon train.
Et si je dois descendre à la prochaine station,
je suis content d’avoir fait un bout de chemin avec vous.
Les honneurs, je n'aime ça qu'au singulier. Au pluriel, ce n'est pas intéressant, même si je ne les méprise pas.
"La vie est belle parce qu'elle a une fin."
Je compris encore une fois combien Proust avait raison quand il écrivait, avec ce génie fulgurant qui n'est pas toujours, comme on le répète, interminable et diffus, mais très souvent percutant : " On est moral dès qu'on est malheureux."
Les "Fables" de La Fontaine constituent, pour au moins 2 raisons, un monument impérissable : d'abord elles sont destinées aux enfants qui ne cesseront pas, plusieurs siècles après leur auteur, sous les régimes les plus divers, monarchie ou république, de les apprendre par coeur et de les réciter, les jours de fête, aux parents épanouis; et puis elles sont pleines de charme, de grâce, de drôlerie et de beautés.
Ecrivains, mes frères, et écrivaines, mes soeurs, si vous voulez durer, écrivez de belles choses avec simplicité et arrangez-vous surtout pour que les jeunes gens les lisent. Car le monde, vous savez bien, n'est pas fait de souvenirs : il n'est fait que de promesses, de matins et d'enfants.
Si l'on imaginait la souffrance avec assez de vivacité, on n'aurait plus le courage de faire du mal à personne ...